Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

boys will be boys

 Commentaires fermés sur boys will be boys
Mai 072019
 

De Ingouvernables.info

À nos amis,

On vous écrit aujourd’hui à la suite de nombreuses discussions, réflexions personnelles et communes, qui suscitent des émotions et des tensions contradictoires: voilà, on vous aime mais vous nous faites chier, des fois*.

On vous écrit aussi, à la place de vous parler – et ce, pour différentes raisons. La principale annonce l’essence de notre critique, elle concerne cette difficulté de créer des espaces de communication et de réflexions critiques (avec vous) dans lesquelles on se sent safe et crédibles…

Lire (PDF)

On va tous mourir!

 Commentaires fermés sur On va tous mourir!
Avr 232019
 

De Décivilize!

À l’occasion de leur Journée de la Terre (comme si toutes les autres jours ne devraient pas l’être!), une traduction du texte de Black Oak Clique

Une lettre ouverte et contre-manifeste envers Offensive Climatique, Extinction Rebellion, Earth Strike, et d’autres mouvements non-violents

Quand la fin du monde viendra, les gens sortiront de leurs appartements et rencontreront leurs voisins pour la première fois; il-elles partagent bouffe, histoires, camaradeie. Personne n’a plus à aller au travail ou au lavoir; personne ne se souviendra de regarder dans un miroir ou se mesurer, ni regarder ses email avant de quitter la maison. Les artistes de graffiti vont s’emparer des rues; les étranger-ères s’embrasseront, riant aux larmes. Chaque moment prend une forme immédiate pour ce qui jadis prenait des mois à réaliser; les fardeaux s’écroulent, les gens se confessent leurs secrets et s’accordent le pardon, les étoiles percent le ciel de New York City… et neuf mois plus tard, une nouvelle génération est née. (Crimethinc)

“La Terre ne se meurt pas, elle se fait tuer, et ceux qui la tuent ont des noms et des adresses. » Mais nous -moi, toi, et mêmes ceux qui tuent la terre? Nous allons tous mourir.

Dans le pire des scénarios, tu te noies, tu meurs de faim, ou bien tu souccombe à un arrêt cardiaque. Pas figurativement. Tu vas te noyer, crever de faim ou bien succomber d’un arrêt cardiaque. Peut-être y a la mince chance que vous survivrez la migration de masse vers les derniers confins de terres habitables près ou sur les pôles.

Peut-être!

Mais soyons réalistes ici : vous avez toutes les chances de mourir! Une mort lente, horrible, pénible, ça en sera une. On souhaiterait pouvoir affirmer que c’est un futur vers lequel on se rue à un rythme accéléré. Mais ce ne l’est pas : il s’agit du présent, matériel et palpable. Des îles coulent dans l’océan. Les pauvres se gèlent à mort dans les rues (dans les deux sens de l’expression). Des gens brûlent à vif dans des feux de forêt. La chute de la civilisation ne peut être qu’un simple événement. C’est un processus, présentement en cours.

Dans le meilleur des scénarios, la mort est la libération. Peut-être que le vrai “moi” – votre corps, votre conscience, votre âme, quoi d’autre – ne va pas mourir; à la place de cela, c’est votre “moi” abstrait – votre façon de vivre, vos relations sociales sous le capitalisme, votre système de signification qui martelé dans votre tête depuis le départ – qui va mourir.

“Pouvons-nous pas réformer le système?”

Non, nous pouvons pas. Le système est le problème, et ses racines sont profondes. Le problème n,est pas que le capitalisme. C’est aussi l’État, tout comme ce n’est pas seulement que l’État. C’est l’idéologie de la consommation elle-même; voulant que les êtres -plantes, animaux (incluant les humains désignés comme sous-humains), champignons et même les « ressources » naturelles inanimées- sont des objets à acheter, vendre, éventuellement consommés. Cette idéologie est peut-être la plus profonde idéologie que nous ayons. Elle pénètre tout forme de connaissance; de la science, aux arts, à la politique. Elle pénètre dans nos relations. Elle est aux fondements même de nos sociétés, si on ne peut la confondre pour la société elle-même – ce groupe d’humains au “h” majuscule, qualifés d’avoir suffisamment de valeur pour être circonscrits par l’abstraite communauté, laquelle se construit en opposition avec, littéralement, tout le reste.

Votre politicien-ne favori-e n’est pas immunisé-e à cela. Ni Trudeau ni GND, ni les Verts ni Mélenchon. Ni QS, ni le PS, ou l’Internationale Socialiste, pas même le Parti Communiste (révolutionnaire ou non). Peut-être (on en doute) que leurs coeurs sont à la bonne plance – mais hélas, ce n’est pas assez. Pour citer le splendide ouvrage de Peter Gelderloos, Anarchy Works :

Il y a des gens qui opposent le capitalisme par cause environementale, mais croient qu’une forme ou une autre d’État est nécessaire pour prévenir l’écocide. Mais l’État lui-même est un outil d’exploitation de la nature. Les États socialistes tels l’Union soviétique et la République Populaire de Chine se sont révélé parmi les régimes les plus écocidaires imaginables. Que ces deux sociétés n’aient jamais échappé aux dynamiques du capitalisme est en soi un caractère typique à la structure de l’État – nécessitant des relations économiques hiérarchiques et exploitatives, de commandement et de contrôle, et dès qu’on se met à jouer ce jeu, rien ne bat le capitalisme.

“Et puis la non-violence?”

Au sujet de la non-violence : il est criminel d’enseigner à une personne de se défendre elle-même lorsqu’elle est constamment victime d’attaques brutales. (Malcolm X)

La lutte contre l’écocide n’a jamais été non-violente, et ne le sera jamais, car elle ne peut simplement pas l’être. C’est parce que l’écocide est violence; violence contre moi et toi, contre les animaux sauvages et domestiques, contre les arbres, les herbes, les eaux et les montagnes. L’insurrection climatique de l’autodéfense.

L’adhérence stricte à la non-violence – étant le rejet total de la violence – est la complicité face à la destruction environnementale. Ce n’est pas une « offensive », ni une « rébellion », et ce n’est pas une « coup » porté au changements climatiques. Plusieurs d’entre nous n’ont pas le privilège d’être non-violent-es; notamment les gens parmi nous étant déjà marginalisé-es. Nous serons les premiers-ères à y passer. Nous sommes les travailleur-euses des fermes rurales et leurs familles qui se font gicler dessus des pesticides. Nous sommes les sans-abris se gelant à mort dans les vortex polaires. Nous sommes les indigènes dont les maisons se font engloutir par la mer. Nous sommes les pauvres qui n’auront pas le capital nécessaire pour le long périple vers des terres habitables dans le Nord. Si nous ne sommes pas violent-es – si on ne se rebelle pas contre le système qui nous opprime – nous serons écrasé-es. Ne soyons pas complices de notre propre mort, à travers la vôtre.

“C’est quoi l’insurrection climatique”

Peut-être le seul espoir que vous et moi avons. C’est de détruire ce qui nous détruit, par tous les moyens possibles

“Ça ne va pas heurter le mouvement?”

Non. Une meilleure question serait : qu’est-ce que les manifestations « non-violentes » nous ont fait gagner sur le long terme? La réponse étant : absolument rien. Plusieurs mouvements soi-disant « non-violents » tels le mouvement des Droits civiques, furent d’une violence inouïe. Il y eut des centaines à travers les États-Unis, et bien-sûr, l’existence de groupes paramilitaires armés tels les Black Panters et les Brown Berets. On pourrait affirmer la position que ce discours sur la non-violence est mis de l’avant par les même personnes dont le pouvoir serait susceptible d’être menacé par la violence, car la violence équivaut à un changement (possiblement immédiat) de situation. Voilà pourquoi ces gens célèbrent la Journée Martin Luther King au États-Unis, une journée reconnue au niveau fédéral; mais par la Journée Malcolm X. Même l’exemple le plus cité de résistance non-violente, le mouvement d’indépendance Indien, ne l’était pas tant. Bhagat Singh, qui après son exécution est devenu un héros populaire de la cause, fut inspiré par l’anarchiste français Auguste Vaillant pour son attaque à la bombe de l’Assemblée législative du Raj Britannique. Moins d’un an auparavant, il avait assassiné un officier de police Britannique en riposte pour la mort du chef nationaliste Lala Lajpat Rai.

“Ça ne serait pas contre-productif?”

Contre-productif à quoi? À faire passer des réformes insigifiantes? D’avoir des victoires à la Pyrrhus à travers le circuit légal? De performer des marches impotentes à travers des villes d’importance qui ne font rien d’autre que d’avoir une couverture tiède dans des journaux de second degré?

Demandez aux poules d’abattoir, libérée de leurs cages étroite, ou aux forêts natives protégées indéfiniment par des saboteurs contre les coupes d’arbres ou les développements (ainsi que tous les animaux pour lesquels ces forêts sont leur maison) : est-ce que l’action directe est productive?

L’action anarchiste – patiente, cachée, tenace, impliquant des individus, rongeant les institutions comme des vers mangent un fruit, comme les termites bouffent des arbres majestueux de l’intérieur – de telles actions ne se prêtent pas aux effets théâtraux de ceuxelles qui ne cherchent qu’à attirer l’attention.

Pour citer le grand maître de l’illusion George Méliès, « je dois avouer, à mon plus grand regret, que les trucs les plus faciles sont ceux qui ont le plus grand impact ».

“Si l’insurrection c’est si grandiose, pourquoi les gens ne sont pas en train de la faire?”

Des gens le font. Vous n’en avez seulement pas entendu parler car les médias sont assez rusés pour le cacher (le plus souvent). D’entendre les histoires héroïques de ceuxelles qui rispostent pourrait s’avérer trop dangereux d’être entendu par la majorité des gens – on coure le risque de les voir se radicaliser. Mais des mouvements tel la ALF et ELF msont en guerre contre l’écocide depuis les années ‘70.

“Je veux pas aller en prison.”

Nous sommes des gens qui rêvent d’un monde sans prisons.

“J’ai peur.”

Nous avons peur aussi. On aura peur, même si, aussi, on se doit d’être fort-es.

“Qu’est-ce qu’on peut faire?”

Laissons le grand activiste Keith Mann répondre:

Laboratoires envahis, serrures engluées, arbres cloutés, dépôts pillés, vitres cassées, constructions suspendues, visons libérés, clôtures déchirées, taxis en feu, bureaux en flammes, pneus taillés, cages vidées, lignes téléphoniques coupées, slogans barbouillés, boue tartinée, dommages commis, électricité en panne, sites inondés, chiens de chasse volés, manteaux de fourrure découpés, édifices détruits, renards libérés, chenils attaqués, compagnies dévalisées, colère, révolte, outrage, truands masqués…

“Et si je n’ai pas l’habileté de combattre?”

Vous l’avez, même si peut-être pas physiquement. Malgré le ton de cette lettre, nous ne sommes pas complètement opposé-es à l’action à découvert. En fait, dans certains cas, nous le jugeons nécessaire. Des groupes comme Earth Liberation Prisoners Support Group et Animal Liberation Front Supporters Group sont actifs pour représenter et défendre des militant-es. Comme le Sinn Féin,

Le Sinn Féin tout comme l’IRA jouent des rôles différents mais différents dans la guerre pour la libération nationale**. L’Armée Républicaine Irlandaise mène une campagne armée… le Sinn Féin maintient une guerre de propagande et est le « public » et la voix politique du mouvement.

“Qu’est-ce qui se passera par la suite?”

On sait pas. Mais avec un peu de chance, nos options ont été dévoilées…

———————-

* re-contextualisation Franco-Québécoise, pour les lecteurices

** on sait que l’exemple de la IRA/Sinn Féin est problématique, pour leurs politiques autoritaires nationalistes crasses. La traduction de cet exemple n’est pas un endossement de ces visions.

Chassons le PCR de nos milieux

 Commentaires fermés sur Chassons le PCR de nos milieux
Avr 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il est à noter que cet article traite du dossier de la section montréalaise du Parti Communiste Révolutionnaire qui a été expulsée du PCR canadien en 2017. Les deux groupes continuent néanmoins d’utiliser le même nom. Ce texte ne vise pas à faire une critique des doctrines maoistes, mais à mettre en lumière les actions du PCR-Montréal.

Le PCR-Montréal est malade, achevons-le !

Si le PCR a longtemps pacifiquement cohabité avec la gauche anticapitaliste montréalaise, c’est loin d’être le cas depuis quelques années, Longtemps toléré, y compris par les anarchistes, il semble que son côté folklorique et rigolo (voire pathétique) a finit par tomber dans le sectarisme et même le conservatisme social.

En effet, le parti n’arrête pas d’enchaîner les coups d’éclat les plus malaisants. Son aile jeunesse (ou ce qu’il en reste) joue un rôle particulièrement toxique en essayant de jouer aux gros bras, en agissant violemment avec les militant.e.s progressistes autour d’eux. Pourtant, quand de véritables néonazis viennent les confronter, allant même jusqu’à leur voler une bannière, ces derniers ne réagissent pas et se laissent faire. Ça en dit long sur ce qui les anime…

Pendant ce temps, la vieille garde du parti continue de produire des textes tous plus illisibles les uns que les autres tout en laissant la jeunesse agir à sa guise. S’il est sensé régner une discipline de fer au sein des groupes maoistes, force est de constater que l’establishment du parti n’a plus aucun contrôle sur sa jeunesse, ou encore qu’elle considère ses actions comme bénéfiques.

Voici une chronologie non exhaustive des derniers événements liés au PCR et qui nous apparaissent problématiques :

– 4 Mars 2017 : Le PCR essaie d’aller contre-manifester contre La Meute à son lieu de rassemblement secret, sans avertir les autres groupes antifascistes mobilisés cette journée-là. Résultat, La Meute peut facilement manifester dans le Vieux-Montréal alors qu’elle aurait pu être stoppé à cet endroit si le mot s’était passé aux autres groupes.

– 4 mars 2017 : Le PCR Montréal expulse violemment de la Maison Norman Bethune des militants anglophones du même parti. Ils les accusent d’êtres des « révisionnistes petits-bourgeois » parce que ces derniers veulent prendre position pour l’inclusion des personnes trans. À la suite de cette attaque, la section montréalaise est expulsée du PCR Canada. Pourtant, les vieux stalinistes montréalais continueront d’utiliser le même nom et prendront aussi le contrôle du site web de l’organisation ainsi que de la Maison Norman Bethune.

– 8 mars 2017 : Le PCR scinde la manifestation féministe pour se mettre en avant d’un second contingent comprenant une majorité de personnes qui ne sont pas au courant de la manoeuvre. Leur bannière de tête est tenue par une majorité d’hommes. Depuis, le parti a été expulsé de la coalition qui organise la manifestation annuelle.

– 28 mars 2017 : Un membre du PCR Montréal agresse un employé du Café Aquin de l’UQAM directement sur son lieu de travail.

– Été 2017 : Le PCR Montréal est expulsé de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC). Ce sont les actes transphobes du parti ainsi que leur entêtement à ne pas respecter les décisions prises en coalition qui motivent ce geste. À partir de 2018, le PCR Montréal organisera seulement des manifestations autonomes et utilisera des plans de caméras avantageux pour faire croire qu’il mobilisent les masses, alors qu’en fait, le parti n’a jamais été aussi petit en nombre.

– Été 2017 : Dans le cadre de la campagne du PCR Montréal sur les 100 ans de la Révolution russe, des membres effectuent une activité de tractage dans le métro. C’est alors qu’un membre des Soldiers of Odin (groupe néo-nazi), seul, décide d’aller les intimider et leur vole leur bannière. Celle-ci servira éventuellement comme tapis à l’entrée d’un concert d’Atalante Québec. Les membres qui s’étaient montrés si prompt à utiliser la violence face aux militant.e.s de gauche décident de se coucher devant un véritable néo-nazi.

– 23 février 2018 : Le MER-PCR (Mouvement Étudiant Révolutionnaire, un sous-groupe du PCR) s’invite au sein du Cégep St-Laurent pour prononcer une conférence « féministe ». Le hic, c’est que suite aux événements transphobes liés au PCR Montréal, une assemblée générale étudiante prend position pour refuser l’accès au groupe (au même titre que les autres partis politiques). S’en suit des échauffourées durant lesquelles les membres du MER filment et essaient d’identifier publiquement les militantes qui les interpellent. Le MER sera expulsé du Cégep par la sécurité.

– 16 avril 2018 : Deux membres du PCR Montréal sont licenciés par leur employeur, l’association étudiante du Collège Lionel-Groulx. Une enquête subséquente prouvera que les deux employés, dont un important cadre du parti ont détourné plusieurs dizaines de milliers de dollars vers les caisses du PCR. L’association étudiante était reconnue pour être gangrenée et infiltrée par le PCR depuis de nombreuses années.

– Août 2018 : Une nouvelle scission frappe le PCR Montréal encore sur le thème de la transphobie affichée par l’organisation. Une dizaine de personnes quittent alors le parti et fonderont éventuellement un autre collectif.

– Septembre 2018 : Ça chauffe à l’UQAM pour le PCR Montréal qui envahit une assemblée générale de l’association étudiante de sciences-humaines (AFESH) pour y exhiber une bannière contre les élections. Ils seront éventuellement expulsés, une bagarre s’en suivra et ils y perdront une autre de leurs bannières. Par la suite, les mêmes membres continueront d’aller imprimer les affiches du parti dans les locaux de l’AFESH et iront même jusqu’à agresser une militante qui les interpelle en l’expulsant physiquement du local. Suite à ces événements, les membres du PCR sont persona non grata dans les locaux de l’association étudiante.

– 1er Octobre 2018 : Le PCR Montréal organise une manifestation contre les élections provinciales à Montréal. Deux trolls de l’Alt-Right sont sur les lieux et exhibent un drapeau du Kekistan pour narguer les communistes. Le PCR, si rapide sur la gâchette quand vient le temps de s’en prendre à des groupes de gauche, ne fait strictement rien.

– 28 novembre 2018 : Une dizaine de membres du PCR Montréal agressent deux militants syndicaux pour ensuite les livrer à la police en pleine manifestation de solidarité avec les employé.e.s en lock-out d’ABI.

– Printemps 2019 : Des membres du PCR commencent l’affichage de leur manifestation autonome du 1er mai. Ils en profitent pour recouvrir les affiches des autres groupes militants comme la CLAC et l’IWW qui appelle à un 1er mai féministe intersectionnel. Certains membres en profitent aussi pour arracher les autocollants du groupe Montréal Antifasciste.

En bref, attitudes sexistes et transphobes, vols et fraudes d’organismes collectifs, violence envers la gauche et aplaventrisme face à la droite, collaboration avec la police pour faire arrêter des militant.e.s, propagande douteuse, autoritarisme, sectarisme, dogmatisme, incapacité à prendre la critique, la liste est longue de ce qui est reproché au PCR.

En ce moment, il semble que le parti est plus faible que jamais. Ses membres ont été éjectés de la plupart des coalitions auxquels ils participaient. C’est le cas de la CLAC et de la coalition qui organise la manifestation du 8 mars. Résultat, le groupuscule n’attire guère plus qu’une vingtaine de personnes dans ses actions devenues de facto autonomes puisque plus personne ne veut rien savoir d’eux.

Ils trouvent quand même le moyen de flatter leur égo stalinien en parlant de reconstruction et en citant Lénine… Ça pourrait presque être triste si ce n’était pas si drôle. Préférant rester doctrinaires plutôt que d’admettre que le PCR Montréal ne fait plus que de la merde, ses membres n’auront d’autre choix que de se regarder dans le miroir lorsque le parti s’éteindra une bonne fois pour toutes et qu’ils chercheront les coupables. Ils pourront en profiter pour faire leur autocritique…

Le PCR est à terre, il est temps d’agir pour qu’il ne se relève plus jamais. C’est pourquoi nous appelons à une diversité d’actions visant à ne plus tolérer leur présence dans nos activités, dans nos milieux et même dans nos villes. Il est temps de faire le ménage et de ne plus accepter ce groupe qui fait figure d’anachronisme dans le paysage politique. Il est temps de ne plus les laisser salir l’opposition au capitalisme et souiller les idées révolutionnaires. Il est temps de les traiter comme n’importe quel autre secte transphobe, autoritaire et à la limite de la théorie du complot.

Arrachons leurs affiches et autocollants, sortons les des manifestations, fermons leur la gueule quand ils essaient de faire leurs beaux discours, détruisons leur matériel, recouvrons leurs graffitis, ne leur laissons plus ne serait-ce qu’un centimètre pour agir.

Détruisons le PCR-Montréal.

– Des militant.e.s anarchistes, communistes, socialistes, révolutionnaires, féministes, queers, antifascistes et syndicalistes

Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste

 Commentaires fermés sur Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste
Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Il eut suffi d’un clin d’œil pour passer à côté de cette histoire en novembre dernier, celle de Stéphane Dufresne (proche des III % Québec et du Front patriotique du Québec), de sa discussion privée au sujet de la nécessité d’un « fake attentat terroriste » et de ses nombreuses allusions à « des plans concrets ». Même si l’histoire est d’abord apparue en ligne en mars 2018, la seule mention de cette affaire dans les médias de masse est arrivée six mois plus tard dans un article de la Gazette. Montréal Antifasciste a par ailleurs été en mesure de tracer un lien direct entre Stéphane Dufresne et un homme soupçonné par la GRC d’avoir voulu importer des armes au Canada dans un dessein terroriste. Le contexte entourant ce fait divers étant pour le moins préoccupant, nous avons cru bon nous y pencher un peu plus attentivement.

La fuite du groupe de discussion

Tout a commencé en mars 2018, lorsque le compte Twitter Le Troupeau révélait le contenu d’une discussion privée impliquant un certain nombre d’individus actifs dans différents groupes d’extrême droite québécois. Le salon de discussion en question s’appelait « Patriotes du Québec » et était hébergé sur la plateforme MeWe (une sorte d’imitation de Facebook). Au fil de la discussion, l’utilisateur « Phénix le Patriote » (qui a plus tard changé son pseudonyme pour « Stéphane le Patriote ») laisse tomber : « Il faudrait un fake Attentat [sic] terroriste pour réveiller les crisses d’endormis question de leur fourrent [sic] la trouille », ce à quoi l’utilisateur Heinrich Himmler répond : « Ouan mais au [sic] ultra grosse précaution ». Il est bien sûr souvent difficile de différencier les paroles creuses des authentiques menaces d’action dans les réseaux sociaux, mais la réponse de « Phénix » à cette mise en garde suggère l’existence de vrais plans : « Oui, évidemment!!!! Mais t’inquiète, plusieurs actions s’en viennent ».

« Phénix le Patriote » exprime un point de vue étonnant sur le terrorisme.

Dans le même salon de discussion, « Phénix » se vante de ses prouesses au champ de tir (image 2cibles chat.jpg) et mentionne qu’il s’entraîne au Krav Maga (un assemblage de différentes techniques d’arts martiaux).

« Le Patriote » exhibe ses cibles de pratique de tir.

« Le Patriote » s’entraîne au KravMaga.

Qui participait à cette discussion?

Qui donc se trouvait dans ce groupe de discussion à l’abri des regards indiscrets? « Phénix Le Patriote », qui a changé son pseudo pour « Stéphane Le Patriote » au courant de la discussion, laisse une série d’indices exposés dans la fuite du Troupeau. Le plus flagrant de ces indices est la photo de lui-même que « Le Patriote » affiche dans le groupe de discussion, car il a eu la maladresse d’afficher une autre image de lui portant les mêmes vêtements sur son compte personnel (Stéphane Dufresne) sur Facebook:

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, dans le groupe de discussion MeWe.

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, sur le compte Facebook personnel de Stéphane Dufresne.

En jetant un coup d’œil au compte Facebook de Stéphane Dufresne, on s’aperçoit d’ailleurs assez vite que son profil d’utilisateur reprend le surnom « Le Patriote », tout comme son compte MeWe:

Son nom d’utilisateur Facebook est « Stéphane Dufresne (Dit Le Patriote) »

Et qu’il suit des cours de Krav Maga à Joliette:

Dufresne “feeling awesome at Dojo Yosanryu”, à son cours de Krav Maga.

La mention de Joliette correspond également avec les photos des cibles mentionnées ci-dessus, qui sont marquées du logo du Club de tir de Lanaudière, précisément situé à Joliette, Québec:

Le logo des cibles de pratique du « Patriote » correspond à celui du Club de Tir de Lanaudière.

Le blouson distinctif de Dufresne est aussi un indice clé permettant de le détecter dans les nombreuses manifestations auxquelles il a participé (voir ci-dessous), puisqu’il porte invariablement le même écusson du tricolore patriote sur le bras gauche et le drapeau du Québec sur le bras droit, comme ici, lors de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ », à Montréal, le 23 avril 2017.

Dufresne, à droite, avec le même blouson que dans le groupe de discussion sur MeWe. On reconnaît sur la même photo Robert Poulx, à gauche, et le bonehead Philippe Gendron, pantalon rouge, dans le service de « sécurité » de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ » du Front patriotique du Québec, le 23 avril 2017.

Voilà qui règle le cas de Dufresne, mais qui sont les autres individus qui prennent part à cette discussion? La personne se cachant derrière le pseudo « Heimlich Himmler » (l’un des membres dirigeants du parti nazi, numéro un des SS et principal maître d’œuvre de l’Holocauste), qui conseille à Dufresne de prendre de « grosses précautions » est lui aussi assez facile à identifier, puisque Dufresne s’adresse à lui par le nom d’Alan Kovak:

Dufresne réfère à « Heinrich Himmler » comme Alan Kovak.

Alan Kovak (de son vrai nom Martin Minna) a traîné pendant un temps avec des militant-e-s d’Atalante, comme on peut le constater dans cette photo qu’il a lui-même publiée sur Facebook, avec Shawn Beauvais-MacDonald et d’autres bozos racistes, lors d’une soirée d’affichage à Montréal ciblant des personnalités « de gauche », en janvier 2017:

La publication Facebook de Martin Minna (à droite), alias Alan Kovak.

Le voici encore qui exhibe ce qui semble être ses propres tatouages nazis – zéro points pour l’originalité, soit dit en passant:

Les (présumés) tatouages nazis de Martin Minna.

Il a aussi utilisé une photo de sa face de marde dans le salon de discussion MeWe:

L’image de profil de « Heinrich Himmler » correspond à la photo de Minna/Kovak sur Facebook.

… et fait certainement référence à la bévue épique dont il s’est rendu responsable en publiant une photo de son groupe de tarlactivistes d’Atalante lorsqu’il dit : « Me su fait prendre quand j’ai fait une job ak atalante .. next time c ultra secret [sic] »:

« Himmler » évoque sa besogne bâclée pour Atalante.

Des captures d’écran montrent aussi que Lucien Lalonde et Carl Blanchette participaient à la discussion sur MeWe; ces deux personnages sont membres ou sympathisants du Front patriotique du Québec. Lalonde a un penchant évident pour la posture macho, par exemple dans cette capture datant d’août 2017 où il suggère d’utiliser un AK-47 comme « remède » aux migrant-e-s (pour la plupart des réfugié-e-s d’origine haïtienne) qui traversaient la frontière à ce moment-là:

Lucien Lalonde est membre du Front patriotique du Québec.

Lucien Lalonde propose d’utiliser un AK-47 contre les migrant-e-s.

Carlito (Carl) Blanchette est membre du Front patriotique du Québec.

Portrait de Stéphane Dufresne

En y regardant de plus près, il y a beaucoup à apprendre sur Stéphane Dufresne à partir de ses activités en ligne.

La page « À propos » du compte Facebook de Stéphane Dufresne.

On peut voir ci-dessous qu’il travaille pour la Société de reconstitution du Bas-Canada, à « reconstituer » la Rébellion des Patriotes de 1837-1838, et qu’il gère une entreprise de construction « Constructions Stepco » à partir de son adresse résidentielle à Saint-Charles-Borromée, à proximité de Joliette:

Constructions Stepco est enregistrée comme appartenant à Stéphane Dufresne à son adresse résidentielle.

La vie est belle à Saint-Charles-Borromée, bien qu’il semble irrité par la maison bâtie à côté de chez-lui, au point d’être « a veille d’y mettre le feu » [sic]:

Dans son jacuzzi, Dufresne parle de ses projets pour la maison de ses voisins…

La liste de ses intérêts sur Facebook révèle qu’il est un partisan du nationalisme québécois « dur », du Front patriotique du Québec (le groupe où il s’implique le plus) jusqu’aux néonazis de la Fédération des Québécois de souche, ainsi que pas un, mais quatre groupes de milice : la Milice du Québec, la Milice Québecoise [sic] des Droits et Liberté du Québec, la Milice Patriotique Québécoise et la Milice Patriotique du Québec (sans parler du groupe III % Québec dont il fait partie). (Cliquez sur l’image pour l’agrandir). Ça ne l’empêche pas d’être également partisan du Parti Québécois, tout comme la plupart des autres membres du FPQ.

Un échantillon des intérêts de Dufresne sur Facebook.

Dufresne n’est pas un simple membre du Front patriotique du Québec, il est aussi administrateur de son groupe Facebook. La faible participation aux événements du FPQ et le profil démographique vieillissant des participant-e-s expliquent peut-être en partie pourquoi il réitère constamment l’urgence de « réveiller » la population.

Dufresne est l’un des administrateurs de la page Facebook du Front patriotique du Québec.

Dufresne est aussi devenu très proche des III % Québec; il se présente régulièrement pour participer à leurs contingents de « sécurité » lors de différents événements organisés par la droite identitaire, piétinant autour de manifestations dégarnies, accoutré en militaire de pacotille et prenant part à des photos de groupe… À un moment donné, il semble même s’essayer à reproduire le signe de main distinctif des III %:

Dufresne (tout à gauche) avec les GI Joe d’opérette des III % Québec.

Qui sont les III% Les III %, ou Three Percenters, sont une milice armée fondée aux États-Unis en 2008. Une bizarre imitation de leurs congénères étatsuniens, les III % canadiens, même s’ils se décrivent comme des « patriotes défendant nos droits », sont principalement obsédés par deux choses : ce qu’ils s’imaginent être une invasion de l’Islam au Canada (comme la plupart des groupes d’extrême droite), et les armes à feu. La plupart des sections locales exigent de leurs membres qu’ils aient un permis de possession et d’acquisition, et le groupe fonctionne suivant une organisation hiérarchique imitant celle de l’armée. Les III % se mobilisent généralement pour assurer la « sécurité » pour des personnalités ou des événements d’extrême droite, comme Faith Goldy ou La Meute. Au Québec, en novembre 2017, plusieurs membres ont signifié leur intention de participer à un rassemblement pro armes à feu (annulé) au site d’une commémoration de l’attentat antiféministe de Polytechnique, lors de l’anniversaire du massacre des 14 victimes (l’organisateur de cet événement manqué, Guy Morin, était aussi membre du groupe Facebook des III % Québec).

L’ironie n’échappe probablement pas à Dufresne qu’il fait maintenant partie d’un groupe « patriote » pancanadien (les III %) qui est patriotique… à l’égard du Canada! On ne peut qu’imaginer la grimace qu’il devait faire, debout sur le parterre du parlement canadien avec ses fiers congénères threepers, derrière un drapeau du Canada, alors que toute sa raison d’être semble se résumer à l’espoir d’un soulèvement armé pour réaliser l’indépendance et la séparation du Québec!

Le patriote québécois Dufresne devant le parlement canadien et derrière le drapeau du Canada. Malaise.

Dufresne est aussi membre du groupe secret de La Meute, même si le grand « manie-tout » de La Meute, Sylvain Brouillette a dit que Dufresne « n’est pas le genre de personne que l’on recherche comme membre », dans l’article de la Gazette mentionné ci-dessus.

Dufresne était toujours membre du groupe secret de La Meute au 1er janvier 2019.

Des manifs, et encore des manifs

Dufresne est certainement l’un des individus les plus présents, voire LE plus assidu, aux manifs d’extrême droite au Québec au cours des quelques dernières années. Même s’il a commencé comme une espèce d’agent libre, s’affichant autant auprès de La Meute (« Contre la motion M-103 ») que des Soldiers of Odin (pour essayer d’intimider les participant-e-s à l’événement « Learn to Resist » à l’Université Concordia) ou d’autres islamophobes random (à l’extérieur de la mosquée Ahlillbait à Montréal), il semble avoir trouvé sa place définitive avec les services de « sécurité » des III % (« Unis pour la protection des frontières », au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, « Dehors les libéraux », à Montréal, ou contre le « Pacte mondial sur les migrations de l’ONU », à Ottawa).

Dufresne a participé à au moins dix événements publics d’extrême droite au cours des dernières années.

Le bavardage en ligne de Dufresne

Il devient vite évident, lorsqu’on examine les publications de Dufresne, qu’il est amèrement déçu de l’état actuel du mouvement indépendantiste. L’échange ci-dessous, suivant la manifestation contre le projet de loi M-103, est un exemple éloquent de cette frustration : « C’est Fini le Quebec [sic] j’ai l’impression…. ils ont trouvé le moyen de Nous [sic] écraser », « On est mal foutu ». Plus loin dans la même discussion, il dit : « va falloir sortir les “teasers” pour en réveiller une crisse de gang » (le « teaser » étant vraisemblablement un pistolet à impulsion électrique « taser »).

Dufresne croit qu’il faut sortir les “teasers” [sic] pour en réveiller « une crisse de gang ».

Il ne cache pas son islamophobie, un sentiment universellement répandu dans les cercles de la droite national-populiste, comme en fait foi l’échange ci-dessous où il déclare : « Ma religion m’interdit de me faire servir par quelqu’un qui ne respecte par [sic] mes valeurs fondamentales et qui veux [sic] m’imposer les siennes dans MON PAYS!!!!!! », suivi de : « Moi je dis : si tu n’es pas content DÉCRISSE Mais à voir ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient … on est [sic] pas sorti de l’auberge et nos estis de gouvernements qui les laissent rentrer à pelleter [sic] ».

Dufresne : « si tu n’es pas content DÉCRISSE ».

Dufresne est aussi clairement acquis à l’idée que le Québec a besoin d’une milice. La discussion ci-dessous reprend quelques-uns de ses thèmes préférés : sa déception quant à l’état actuel des choses, ses « plans » qui sont en chantiers, et la nécessité d’une milice. Il commence ainsi : « Et boy, on en est vraiment rendu à se justifier dans notre pays?!?!?! C’est rendu grave. » De nouveau, il suggère d’acheter « des teasers » parce que « y en a qui dorment en crisse ». Plus loin dans la discussion, il dit : « Il serait temps d’une brigade (milice) Québecoise [sic] ». Plus loin encore, Martin Bédard affiche une vidéo de la Milice patriotique québécoise, une milice armée aujourd’hui défunte dirigée par un militant d’extrême droite, le Major Serge Provost. Dufresne répond : « J’ai vu tout ça déjà jsi [sic] essayé de joindre Serge provost [sic] l’automne dernier. »

Dufresne au sujet des milices.

Il a aussi publié sur la page Facebook de la Milice du Québec , qu’il « et prêt » et que « des structure [sic] sont déjà en place ».

 

Il fait par ailleurs souvent mention de ses « plans », comme dans l’échange ci-dessous où Alf Turcotte dit : « En pré élection, on croise le fer plus souvent », ce à quoi Dufresne répond : « Je l’espère .. on a plusieurs actions en branle !!!!! Ces prochaines élections auront très [sic] grande influence sur notre existence même. Et le monde dors [sic] encore au gaz!!! Chu en TBNK. »

Dufresne dit avoir « plusieurs actions en branle ».

Ou comme dans cet échange avec Dave Tregget (l’ancien leader de Soldiers of Odin Québec et fondateur de Storm Alliance) révélé par Le Troupeau, où il dit : « Dave, on a des projets-clé [sic] en mains… Voyons ce que cela donnera », ce à quoi Tregget répond : « Il faut en parler Stéphane… ». Dufresne dit alors : « très bientôt ».

Une autre référence de Dufresne à ses projets en chantier.

Des discussions ci-dessus, on constate que Dufresne est désabusé par le déclin du mouvement indépendantiste, qu’il veut donner un choc électrique aux gens pour les « réveiller », qu’il souhaite créer une milice québécoise et qu’il fait plusieurs fois allusion au fait qu’ils a « des plans ».

Liens de proximité avec un individu arrêté en vertu d’accusations liées au terrorisme

En 2017, la GRC a été alertée par les autorités américaines à l’effet qu’un Montréalais répondant au nom d’Alexandre Louis Fallara essayait de faire entrer des armes au Canada à partir des É.-U. Une enquête plus approfondie a révélé que Fallara n’était pas un simple nationaliste, mais une espèce de « National Bolchévique, ou « Nazbol », qui publiait un grand éventail de commentaires où il disait notamment être prêt à tuer ou à sacrifier sa vie pour le Québec.

Qu’est-ce qu’un « nazbol »? Bien qu’historiquement, le national-bolchévisme désigne une tendance particulière à l’intérieur du mouvement communiste international, dans le contexte de la lute antifasciste contemporaine, ce terme (souvent abrégé sous la forme « nazbol ») est une souche du néofascisme qui a surgi après la chute de l’Union soviétique, en partie sous l’influence d’éléments issus des services de sécurité de l’État soviétique. Les « nazbols » reprennent les symboles et s’identifient avec certaines parties de l’histoire des mouvements communistes et anti-impérialistes, souvent avec un accent marqué sur la période stalinienne et s’appuyant sur un antisionisme grossier. Le contenu social et internationaliste des mouvements communistes est minimisé, déformé ou éliminé, alors que les aspects conservateurs et xénophobes de leur histoire sont accentués et souvent recadré dans une perspective raciste. Le national-bolchévisme est une idéologie très éclectique; ses principales manifestations aujourd’hui présentent un nationalisme extrême, une opposition à « l’immigration de masse » (surtout celle des musulmans en Europe), un antiaméricanisme violent et une hostilité à l’égard de la « décadence » et du « libéralisme occidental », ce qui se traduit généralement par une haine des Juifs et des personnes LGTBQ. Sans y être identique, le national-bolchévisme se rapproche de l’idéologie de la « quatrième position » d’Alksandr Dugin, et les deux ont été soutenus par certains éléments de l’État russe sous la gouverne de Vladimir Poutine.

Comme La Presse l’a rapporté dans un article daté du 22 juillet 2017, la GRC a appréhendé Fallara en vertu de l’article 810.2 (3) du Code criminel, qui donne à l’État le pouvoir d’imposer des conditions à une personne soupçonnée d’avoir l’intention de commettre un crime violent, même si la personne n’a encore commis aucun geste criminel. Ses conditions lui interdisent d’avoir en sa possession des armes, des explosifs ou ce que la Couronne décrit comme « du matériel terroriste ». (Même si nous sommes complètement opposés à ce que nous connaissons des orientations politiques de Fallara, les possibles répercussions de cet instrument de contrôle en matière de répression ne devraient pas échapper aux lecteurs et lectrices…)

Enterré dans le dernier tiers de l’article, on apprend que Fallara s’est aussi vu interdire de parler avec son ami, Stéphane Dufresne. Cela soulève évidemment la question : serait-il possible qu’il s’agisse du Stéphane Dufresne qui fait l’objet de cet article?

Par chance, les comptes Facebook et VK de Fallara sont toujours en ligne et non censurés (il lui est interdit d’utiliser les médias sociaux, mais ses comptes sont restés intacts depuis la date de son procès). Sur son profil VK.com, sous le pseudonyme Vladimir-Velikayavich Zaytsev-Zorrov, on peut le voir avec le même déguisement que sur la photo illustrant l’article de La Presse.

Une photo de Zaitsev/Fallara avec le même costume que dans l’article de La Presse.

Son profil VK.com compte encore un grand nombre de statuts de type « appels aux armes », comme celui-ci, où il indique : « je m’en fou [sic] si je vais en prison ou [sic] si je me fais tué [sic] ou si je me fais éxécuté [sic]. (…) J’en serais fier si le people Québécois [sic] se lève enfin ». Il mentionne également, assez mystérieusement : « Cependant je ferais un autre souhait. Notre deuxième en commande [sic] prendra ma relève si quelque chose devrait [sic] m’arriver. » Plus tard dans ce même statut, il écrit : « Si ce que j’ai l’intention de préparer se produit et que j’arrive à avoir de quoi (je ne vais rien élaborer icitte sur FB) sâches [sic] que notre révolution commencera avec un gros BOOM. »

Un statut de Fallara qui a probablement attire l’attention de la GRC.

Il a raccourci son nom à Vladimir Zaitsev sur Facebook, et son compte est encore tel qu’il l’a laissé quand ses conditions lui ont été imposées. Son mur est tapissé d’un mélange toxique de nationalisme québécois, d’islamophobie et d’homophobie.

Quelques unes des centaines de photos haineuses que Fallara a relayées sur Facebook.

Il se trouve Que Falarra était bel et bien ami avec notre Stéphane Dufresne : on peut voir qu’il a commenté une photo de la façade de son domicile que Dufresne a publié en privé.

Vladimir Zaitsev (Alexandre Fallara) affichant un commentaire encourageant sous une photo privée de Dufresne.

Il semblerait que les deux soient en fait de très bons amis, se référençant mutuellement sur de nombreux statuts, comme dans celui-ci où Dufresne est taggué, qui semble indiquer une espèce de lien d’amitié (les deux s’appellent « tovarisch » à tours de bras, ce qui signifie camarade, ou ami).

Amitié évidente entre Dufresne et Fallara.

Dans un autre statut, Fallara indique qu’il est « avec Stéphane Dufresne et 3 autres personnes » et il appelle Dufresne « l’un ne nos camarades patriotes les plus déterminés ».

Fallara et Dufresne s’échangent des bons mots.

Comme l’on pourrait s’y attendre, ils discutent également d’éventuels soulèvements violents, comme dans l’interaction suivante, où Fallara demande en russe, « Quand est-ce qu’on va à la guerre… », ce à quoi Dufresne répond, « Actuellement ».

Fallara demande « Quand est-ce qu’on va à la guerre… »

Dufresne est aussi taggué dans une vidéo super louche où Fallara fait des katas dans son salon avec un couteau de cuisine, sous laquelle il dit que « ça sera pratique en combat rapproché ».  Dufresne « like »la vidéo…

Fallara se fait aller le couteau, ce que “like” Dufresne.

Dans un autre statut de Fallara, où il vante les vertus du soulèvement armé (et où il taggue à nouveau Dufresne), on constate que Dufresne rétorque peu après avec le commentaire laconique : « milice citoyenne ». Commentaire apprécié en retour par Fallara.

Stéphane Dufresne et Alex Fallara semblent tous les deux avoir une affection particulière pour les milices et les soulèvements armés.

Fallara a finalement été cueilli par la GRC et est visé par des accusations liées au terrorisme, et l’une de ses conditions est de ne pas s’associer  avec son ami Stéphane Dufresne. Cela soulève immédiatement des questions : pourquoi Stéphane Dufresne a-t-il été nommé dans le dossier de Fallara? Et était-il impliqué dans le même type d’activité qui a valu à Fallara les soupçons de la police et ces graves accusations?

Conclusion

Lorsque la fuite de la discussion privée a été révélée par Le Troupeau, nous avons appris que Stéphane Dufresne parlait de la nécessité de faire un faux attentat terroriste pour « réveiller les crisse d’endormis » et qu’il avait « plusieurs actions en branle ». C’est en soi assez préoccupant, mais un examen plus attentif de son activité en ligne permet de dégager le portrait d’un homme présentant d’autres signes alarmants : qui répète constamment qu’il veut réveiller les gens, qui se pratique au tir et aux techniques de combat à mains nues, qui cherche la parfaite formule pour une milice québécoise (mais qui en attendant s’est associé à une organisation de milice pancanadienne), et fait plusieurs allusions à de mystérieux « plans ».

Nous sommes bien conscient.e.s que cette histoire est trouble : nos propres convictions politiques s’inscrivent directement contre le programme répressif et soi-disant antiterroriste de l’État, c’est d’ailleurs pourquoi nous éprouvons le besoin de mener nos propres enquêtes. Bien que nous ne soyons pas en mesure d’exploiter les sources de l’État, nous ne pouvons pas exclure ce que nous apprenons de leurs enquêtes et manœuvres. Dans un contexte où les actes violents de l’extrême droite « révolutionnaire » se multiplient, nous devons rester vigilant.e.s, tout en cherchant à répondre aux difficiles questions : quoi faire et comment intervenir efficacement.

Voilà par ailleur un autre exemple de la pollinisation croisée et de la socialisation entre les différents groupes d’extrême droite au Québec : nous voyons de plus en plus les miliciens des III % assurer la « sécurité » dans les manifestations des groupes nationalistes « durs », et dans ce cas-ci on voit un néonazi impénitent (Martin Minna) discuter secrètement de plans indéfinis avec des « patriotes » (Dufresne et Lalonde). L’extrême droite locale continue de se fragmenter et de se reconfigurer de différentes manières, et doit être confrontée sous toutes ses formes à chaque occasion.

Bilan d’action de la veille de solidarité/contre-manifestation du 16 mars 2019

 Commentaires fermés sur Bilan d’action de la veille de solidarité/contre-manifestation du 16 mars 2019
Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Le samedi 16 mars, au lendemain de la tuerie de Christchurch, Montréal Antifasciste a organisé un rassemblement de solidarité envers les victimes, qui s’est aussi avéré être un contre-rassemblement antiraciste, étant donné la présence d’islamophobes notoires, dont un s’étant publiquement dit « reconnaissant » envers le terroriste.

En voici un bilan :

Au lendemain de l’attentat terroriste commis par un suprémaciste blanc ouvertement fasciste en Nouvelle-Zélande, nous étions sous le choc. En plus de la nature profondément abjecte de l’attaque — le tueur a pris soin de filmer la mise à mort de 50 personnes fréquentant deux mosquées — deux choses nous sont apparues évidentes. D’une part, le terroriste s’était inspiré du discours « écofasciste » pour la rédaction de son manifeste, ce qui n’est pas sans rappeler les idées portées par Atalante Québec et d’autres organisations néofascistes. D’autre part, il avait, en inscrivant son nom sur une de ses armes et sur un chargeur, dédicacé son attaque au terroriste québécois Alexandre Bissonnette.

Nous étions également choqué.e.s par les publications de la fachosphère québécoise, qui au mieux ne croyait pas à la véracité de cet attentat, et au pire s’en réjouissait. Comble d’infamie, nous avons rapidement réalisé que plusieurs de ces individus islamophobes avaient prévu de se rassembler le samedi 16 mars dans le cadre de la manifestation hebdomadaire des (faux) « gilets jaunes » devant l’édifice du réseau TVA à Montréal.

Souhaitant honorer la mémoire des personnes assassinées, tout en empêchant des racistes qui s’étaient réjouis du massacre de s’installer devant TVA, nous avons fait le choix d’appeler à un rassemblement de solidarité à l’endroit précis où ils se réunissent habituellement. Nous étions pris par le temps et ne savions pas encore que près d’une dizaine d’initiatives de solidarité allaient suivre la nôtre, dont certaines ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Nous avons osé espérer que notre rassemblement ferait hésiter les islamophobes et qu’ils et elles ne se présenteraient pas devant TVA afin de respecter cette notion élémentaire et universelle qu’est le deuil.

Nous avions sous-estimé leur indécence…

Le samedi matin dès 11 h, c’est près d’une centaine de personnes de toutes allégeances qui ont répondu à l’appel de Montréal Antifasciste pour se regrouper devant les portes de TVA et derrière la banderole « Contre le racisme et la haine ». Des personnes présentes sur place se sont alors relayées au micro. Vers 11 h 30, des personnes vêtues de gilets jaunes se sont présentées sur le trottoir devant nous. Quelle n’a pas été notre (désagréable) surprise de découvrir que le premier d’entre eux n’était nul autre que Pierre Dion, militant islamophobe, récemment interdit de médias sociaux pour une série de menaces et d’agressions verbales. Un peu moins d’une vingtaine de « gilets jaunes » se sont finalement rassemblés. Nous savons que parmi ceux-celle-ci, plusieurs n’avaient pas conscience d’être entouré.e.s d’islamophobes, nous ne les blâmerons donc pas tous et toutes. Nous croyons toutefois que cet article doit leur servir d’exemple.

Voici une liste non exhaustive des militants d’extrême droite qui étaient présents :

Pierre Dion, islamophobe notoire, homophobe et conspirationniste, qui se veut le leader d’un gang hétéroclite de zinzins nationalistes qui feraient paraître La Meute pour de fins diplomates.
Michel Meunier, alias Mickey Mike, Mickey Mayer et Mickey Myers, islamophobe et apologiste du terrorisme (il a, par exemple, souhaité qu’un nouvel attentat islamophobe ait lieu dans une mosquée du Québec et s’est dit « reconnaissant » pour le geste du terroriste de Christchurch).
Michel Ethier, alias “Le Piratriote”, islamophobe vulgaire adepte des injures en CAPS LOCK et membre du Front patriotique du Québec.
Mario Dallaire, islamophobe ayant été plusieurs fois aperçu dans les rassemblements de Storm Alliance et contingents de « sécurité » des manifs d’extrême droite.
Robin « Le prophète » Simon, membre du Front patriotique du Québec et de son groupe de sécurité, le GSP, aujourd’hui associé à la milice III %.
Claude Roy, islamophobe et bricoleur, connu pour ses créations en styromousse au goût douteux et ses lamentations répétées à l’effet que personne n’en veut…
André Boies, propagandiste islamophobe et conspirationniste, propriétaire du site de désinformation Les Manchettes et traducteur du manifeste du terroriste de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. (Boies dit avoir été là “par hasard”, mais permettez-nous d’en douter.)

Sans trop se forcer, on en arrive donc à 7 militants connus pour leurs propos islamophobes et racistes présents sur place, dans un rassemblement d’à peine 20 personnes. Il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur ce pseudo mouvement des « gilets jaunes » du Québec!

Évidemment, en tant qu’antifascistes et antiracistes, nous ne pouvions pas garder les bras croisés ni le silence de rigueur lors d’une veille. Entre 12 h et 15 h, heures prévues du rassemblement des « gilets jaunes », nous avons couvert leurs voix et leurs invectives grâce à des slogans, et les avons empêché.e.s de traverser la rue à deux reprises, malgré la présence d’un dispositif policier musclé.

Ce fut également pour nous l’occasion de découvrir avec stupéfaction ce mouvement des « gilets jaunes » ainsi que ceux et celles qui le composent. À dire vrai, nous nous étions jusqu’alors peu intéressé.e.s à eux et elles; autant dire que nous avons appris des choses intéressantes…

On le sait maintenant avec l’expérience, depuis 4 ans les groupuscules de l’extrême droite québécoise islamophobe (d’abord PEGIDA Québec, puis La Meute, Storm Alliance, le Front patriotique du Québec et tous les groupuscules boiteux qui en sont issus) ont systématiquement besoin d’une date de manifestation, comme un rituel pour justifier leur existence et nier leur propre insignifiance, telle une fuite en avant de plus en plus risible. Cette prochaine manifestation rituelle est nommée la « Vague bleue » et annoncée pour le 4 mai… Une fois encore, devant les locaux de TVA. C’est décidément une obsession! Tous les groupes islamophobes, réels ou virtuels, à l’exception de La Meute, semblent appeler à participer à cette « Vague bleue ».

On le voit également depuis bientôt 4 ans, à chaque fois qu’on empêche l’extrême droite de manifester, celle-ci s’affaiblit…

Bilan critique :

Nous en sommes conscient.e.s, le rassemblement du samedi 16 mars dernier a davantage pris les allures d’une contre-manifestation que d’une vigile consacrée au recueillement. Nous aurions aimé nous recueillir, mais la présence de plusieurs islamophobes de l’autre côté de la rue nous en a empêchés. Heureusement, dans la semaine qui a suivi, de nombreux autres rassemblements ont eu lieu à l’image de Montréal : dignes et diversifiés.

Nous sortons malgré tout renforcé.e.s d’une telle expérience. Nous avons su mobiliser rapidement (en moins de 24 h) et en nombre (plus de 100 personnes au total) nos allié.e.s immédiats ainsi que des membres de plusieurs communautés de Montréal.

Fait notable et encourageant, nous avons bénéficié d’un soutien populaire assez flagrant, bien que l’emplacement choisi — devant TVA, sur Maisonneuve — soit un lieu de passage peu fréquenté et peu accueillant : on peut penser au groupe de personnes faisant leur jogging et qui ont fait un doigt d’honneur bien haut en direction de Pierre Dion, aux cyclistes et taxis qui nous ont encouragé.e.s toute la journée, aux voisins et voisines qui nous ont apporté des gallons de café et de chocolat chaud, a celui qui est venu nous remercier, excédé par des semaines de commentaires islamophobes et racistes sous ses fenêtres, ou encore aux rares passants et passantes qui se sont arrêté.e.s quelques minutes ou plus pour discuter et échanger avec nous ou envoyer une volée de noms d’oiseaux bien sentis à la gang de Pierre Dion. Nous les remercions tous et toutes de leur appui! La solidarité est aussi une affaire de petits gestes concrets.

– Montréal Antifasciste

///

P.-S. Du rififi chez les «Gilets Jaunes»

Lors de notre passage devant TVA le 16 mars dernier, il eût été impossible de ne pas remarquer la présence et les frasques comiques d’Anderson Dufresne, qui toute la journée gesticulait dans tous les sens sur son “hoverboard”, dansait, chantait, faisait des culbutes… et servait de parade bien commode aux accusations de racisme (Dufresne étant noir). Les faux gilets jaunes, Pierre Dion en tête, ont bien dû répéter 50 fois en trois heures «qu’il ne peuvent pas être racistes», puisqu’ils ont un ami noir avec eux! Or dans les semaines qui ont suivi ce rassemblement, les choses se sont envenimées entre Anderson Dufresne et la pourriture raciste Michel Meunier, dont il est question ci-dessus. Meunier a multiplié les appels à purger Dufresne des «Gilets Jaunes», les esprits se sont échauffés, et Meunier a finalement laissé libre cours au racisme le plus grossier, avec les encouragements de quelques autres «Gilets Jaunes», mettant ainsi au jour les contradictions internes qui minent ce pseudo-mouvement. Lisez ce billet de Xavier Camus  pour les détails.

Ctrl-Alt-Delete : Le développement de l’intelligence artificielle à Montreal

 Commentaires fermés sur Ctrl-Alt-Delete : Le développement de l’intelligence artificielle à Montreal
Avr 052019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nos vies sont de plus en plus affectées par les algorithmes qui influencent nos relations des uns avec les autres et avec le monde qui nous entoure. En analysant nos comportements, nos préférences, nos réseaux et plusieurs autres aspects de nos vies, celleux qui exercent du pouvoir sur nous se gardent toujours une longueur d’avance. Ce qui est en jeu, c’est notre capacité d’avoir des secrets, de résister, d’agiter, d’attaquer ce qui détruit tout ce que nous aimons et qui protége tout ce que nous détestons. On doit lutter contre le nouveau panoptique.

Depuis quelques années seulement, Montréal est devenu une plaque tournante du développement en la matière, reconnu mondialement. Des centaines de milliers de dollars ont été alloué à multiples entreprises qui offrent maintenant des tonnes d’emplois pour jeunes professionnels branchés spécialisés dans ce domaine. À la fin de 2018, une entente de principe concernant le développement de l’IA à Montréal a été rédigée. Ces principes ont été écrits par quelques-un des plus gros joueurs en IA dans l’intention d’adresser les préoccupations du publique quant au potentiel de ces nouvelles technologies. Le document ayant pour titre La déclaration de Montréal, énumère dix principes ridicules et inatteignables telles que: « Le développement de l’IA devrait ultimement viser le bien-être de tous les êtres sentients ». Ces maigres tentatives de manœuvres de relations publiques par les ingénieurs du contrôle social ne sont pas surprenantes. L’IA pourra être intégrée sous peu à presque toutes les sphères; santé, sécurité, industries, finance, etc. Dorénavant, n’importe quelle entreprise qui désire être compétitive sur le marché devra intégrer l’IA à son fonctionnement. Toutes les sphères de l’État en feront usage également. Nous entendons par cela que les capacités de contrôle, de surveillance et d’intervention militaire seront rapidement accentuées. Nous croyons qu’il peut être utile de mettre en lumière différents projets dans la ville afin de démontrer l’intention de certains joueurs importants. Dans l’objectif de susciter la conversation et de développer des idées d’interventions, nous avons choisi de cartographier l’industrie de l’IA à Montréal ainsi que ses alliés.

Le milieu de l’IA à Montréal est extrêmement interconnecté. Des dizaines de compagnies travaillent ensemble pour développer simultanément des systèmes d’IA pour une variété de fins économiques, sociales et politiques. L’institut québécois en intelligence artificielle (Montreal Institute of Learning Algorithms- MILA), rattaché à l’Université de Montréal (UdM), est l’une des plus importantes institutions en terme de recherche et de coordination de projets. D’après Valérie Pisano, la présidente du MILA, « aujourd’hui, il y a un buzz autour de Montréal et l’intelligence artificielle, nous sommes un des leader mondial en terme de création, de production et d’inspiration de talents ».

La mission du MILA, d’après leur site internet, est de fédérer les chercheur.euse.s dans le domaine du Deep Learning et du Machine Learning (voir FAQ pour les définitions). Ils veulent partager leurs infrastructures, leurs connaissances et leurs savoirs avec de multiples entreprises pouvant bénéficier des opportunités ouvertes par leurs recherches.

« Le laboratoire de Machine Learning à l’Université de Montréal est dirigé par quelques professeurs, Prof.Yoshua Bengio, Prof. Aaron Courville, Prof. Pascal Vincent, Prof. Roland Memisevic, Prof. Christopher Pal, Prof. Laurent Charlin et Prof. Simon Lacoste-Julien, qui sont tous des experts internationaux en Machine Learning et plus spécialement dans le champs du Deep Learning qui se développe rapidement. » Le MILA a aussi des bureaux dans le O Mile-Ex, situé dans le quartier Parc-Extension, au 6666 Saint-Urbain.

Le O Mile-Ex fait partie de la stratégie du MILA de mettre en place une plateforme pour la collaboration, le partage des infrastructures et pour fournir l’accès aux résultats de leurs recherches à un ensemble de compagnies. Cet espace accueille de nombreuses entreprises spécialisées en recherche et en développement dans les domaines du deep learning, de la défense, de la sécurité et du transport.

Des institutions telles que Thales, QuantumBlack, l’Institut de la valorisation des données (IVADO) et Element AI ont leurs bureaux au O Mile-Ex. Cet immeuble, dont les plans architecturaux avaient été conçus par la firme Lemay (connue pour avoir dessiné les plans de postes de police, d’une prison pour migrant.es, etc) est une force hostile aux résident.es de Parc-Ex. Non seulement ces projets vont sans doute affecter négativement les vies des gens qui y vivent, mais ils contribuent à l’embourgeoisement de ce quartier à forte population immigrante dans l’objectif d’accommoder les développeurs techno et les étudiant.es qui y travaillent.

Yoshua Benjio, professeur et directeur au MILA, est l’un des pionniers reconnu internationalement dans la recherche en intelligence artificielle. Son expertise a été sollicitée par plusieurs institution depuis une dizaine d’années. Bien que Benjio et son équipe prétendent être fermement opposés à l’utilisation de l’IA pour le développement d’armes, le MILA semble collaborer avec Thales. Thales Canada développe et offre des systèmes d’information pour la défense et la sécurité, l’aérospatiale et le marché du transport au Canada et à travers le monde. Ils offrent des systèmes de commande, de contrôle, de communication et de systèmes informatiques intelligents de surveillance et de reconnaissance, des produit de protection des forces armées, des radars et des appareils de vision nocturnes. Thales a ouvert son propre laboratoire privé dans le O Mile-Ex. Cette proximité physique du MILA laisse croire qu’il y a de la collaboration entre les chercheurs.

Le MILA a aussi accepté 4,5 millions de dollars en trois ans de la part de Google – qui nous amène à nos prochains joueurs dans l’industrie de l’IA à Montréal : Hugo Larochelle, Shibl Mourad et Aaron Brindle. Hugo est le directeur de recherche en intelligence artificielle de Google à Montréal et il travaille au laboratoire Google Brain; Shibl est l’ingénieur techno en chef des bureaux de Google à Montréal; et Aaron est le responsable des communications chez Google Canada. Google planifie doubler ses capacités d’opération à Montréal d’ici 2020, alors qu’ils déménageront leur bureau actuel du 1253 McGill College vers un espace deux fois plus grand au 425 Viger ouest.

Google fourni sa technologie d’IA au département de la défense des États-Unis pour le ciblage des attaques de drones. Ils ont tenté de faire de l’ombre sur cette collaboration en passant par un intermédiaire, une compagnie de tec du nord de la Virginie nommée ECS Federal. Ils utilisent le deep learningpour aider les analystes de drones à interpréter les nombreuses données d’images prises par les flottes de drones militaires dans des pays tels que la Syrie et l’Irak. Que ce soit le député américain et secrétaire de la défense Robert Work qui parle de travailler avec ECS/Google sur la guerre algorithmique développée pour « accélérer l’intégration du big data et du machine learning dans le département de la défense » et de « transformer l’énorme volume de données accessibles au département de la défense en renseignements rapidement exploitables, » ou bien les appareils Google qui normalisent l’usage des traces numériques telles que les empreintes vocales, la localisation GPS, les historiques de recherches, les préférences et beaucoup plus, ces types de développement ainsi que les futurs projets de Google devraient être reconnus pour ce qu’ils sont: des outils de contrôle fait pour réinventer les façons de faire circuler le capital et de gouverner le monde. Il n’est pas évident de savoir quels projets sont spécifiquement développés à Montréal, mais les avancées technologiques faites dans un champ peuvent facilement être recyclées et adaptées à plusieurs autres champs. Cet arsenal de domination est développé par des compagnies et des personnes qui travaillent ici à Montréal. De tels développements sont utilisé partout dans le monde pour surveiller les communautés, pour faire taire la dissidence et pour limiter la capacité des gens d’attaquer l’ordre existant.

Google, une filiale de Alphabet, est si omniprésent qu’il fait maintenant parti de notre langage en verbe. Mais derrière son image techno cool du 21e siècle, se cache un modèle d’entreprise basé sur le capitalisme de la surveillance. Les exemples incluent :

Depuis le début de 2017, les téléphones Android collectent les adresses des antennes de téléphone à proximité – et cela même lorsque le service de GPS est désactivé – puis envoie ces données à Google. Le résultat est que Google, l’unité d’Alphabet derrière Android, a accès à des données de localisation et de mouvements des individus allant bien au-delà de ce à quoi les utilisateurs s’attendent en termes de vie privée.

À Toronto, Google est impliqué dans le projet de ‘Smart City’. Sa compagnie-sœur Side Walk Labs est spécialisée en la matière. Ce terme cool désigne une ville où le mobilier urbain est équipé de capteurs pouvant détecter, analyser et collecter les informations en temps réel, se trouver à tous les coins de rues, installés dans le sol ou attachés aux murs. Tous le monde sera surveillé, dans l’intérêt de l’efficacité ou de la réduction des coûts.

Les machines prennent de plus en plus de décisions qui influencent tous les aspects de nos vies. Les gens sont devenus de simples numéros : qui peut avoir accès au crédit, combien coûte les assurances, qui a le droit de prendre l’avion, qui se fait tuer par un drone? Cela peut seulement être possible par la collecte d’informations par des compagnies comme Google.

(de FuckoffGoogle.de, site web de lutte contre Google en Allemagne)

Tous les suspects habituels sont aussi très actifs à Montréal. Pour l’instant, le projet de recherche en intelligence artificielle de Facebook (FAIR) dirigé par Joëlle Pineau, travaille activement sur le projet de l’Internet des objets (voir définition), et Microsoft possède le laboratoire Maluuba spécialisé en deep learning et a pour objectif de doubler sa taille d’ici 2020 pour accueillir 80 ingénieurs. Le président de Microsoft, Brad Smith, « est enthousiaste de s’engager avec des facultés, des étudiants et avec la communauté tec en générale à Montréal, qui devient une plaque tournante mondiale de recherche et d’innovation en IA. »

Plusieurs entreprises autant gigantesques mais moins connues, travaillent aussi à Montréal. CGI est une compagnie basée ici, avec des centaines de bureaux à travers le monde. Fondée en 1976 par Serge Godin et André Imbeau en tant que firme de consultation en technologie de l’information, ils ont rapidement étendu leurs activités vers de nouveaux marchés et ont acquis d’autre compagnies. Ils possèdent de la clientèle dans un vaste éventail d’industries dont plusieurs dans le service financier, la sécurité publique (les forces policières) et la défense. CGI développe aussi des produits et des services pour les marchés de la communication, de la santé, manufacturiers, pétroliers, gaziers, de la poste et de la logistique, de la vente au détail et du service à la clientèle, des transports et des services publics. Sur leur site web, CGI dit travailler au développement du deep learning, de l’internet des objets, de la réalité augmentée, de villes intelligentes et d’outils d’analyse de données automatisés.

Une autre firme, Deloitte, a des bureaux à Montréal et des clients de San Diego à Buenos Aires en passant par l’Inde. Ils s’inspirent de cas d’étude dérangeants de prédictions policières et de répression par la foule. Voici quelques exemples venant de leur site web :

Les émeutes de 2011 à Londres fut un moment incroyablement chaotiques. Il y a eut plus de 20 000 appels d’urgence à la police, soit une hausse de 400% par rapport à un jour normal; et presque 2200 appels au London Fire Brigade, ce qui est quinze fois plus qu’à l’habitude. Pour faciliter l’arrestation des personnes impliquées, l’aide d’une application de téléphone intelligent était de mise. La police métropolitaine de Londres a pu identifier 2880 suspects dans la foule. Les autorités ont demandé aux citoyens de télécharger l’application Face Watch ID et de les aider à identifier les personnes dans les images captées depuis les caméras de surveillances. Si une image leur était connue, les citoyens écrivaient le nom ou l’adresse de la personne, qui était envoyé à la police immédiatement et en toute confidentialité. Cela a effectivement permis à la police d’appréhender les suspects et de déposer des accusations contre 1000 personnes.

Dans une ville de plus de 4 millions d’habitants avec un niveau de crime ayant augmenté en 2015, toutes catégories confondues, le département de la police de Los Angeles a su qu’il devait agir. Pour aider à la lutte contre le crime, Los Angeles a piloté un nouvel outil en incorporant l’un des meilleur outil de la pensée sécuritaire intelligente (Smart Security) : PredPol. La mission de PredPol est simple: positionner des officiers au bon endroit au bon moment pour leur donner la meilleur chance de prévenir le crime. Cet outil, piloté par les départements de la police de Los Angeles et de Santa Cruz, utilisent trois points de données – les types, les emplacement et les heures de crimes passés – dans le but de prédire le comportement criminel. Ces points de données alimentent un algorithme unique qui incorporent les modèles de comportements criminels. Les forces de l’ordre reçoivent ensuite des prédictions de crime adaptées, générées automatiquement pour chaque quarts de travail dans leur juridiction. Ces prédictions sont extrêmement spécifiques et révèlent les lieux, cartographiés à coup de 500 par 500 pieds et les moment desquels les crimes sont les plus susceptibles de survenir. Bien qu’il ne soit qu’un projet pilote, PredPol a déjà fait baisser le niveau de crime de 13% dans une de ses divisions.

L’outil d’évaluation du risque et des sentences ( Risk Assessment and Sentencing Tool or RAST) est un moteur complexe d’analyse de données qui aide à classifier les délinquants en tant que risque faible, moyen, ou haut, et suggère des recommandations de sentences ciblées basées sur une foule de facteurs spécifiques à chaque cas. Le RAST explore une vaste mine de données à travers de multiples États et juridictions, en comptant autant sur les facteurs statiques que dynamiques. Les facteurs statiques sont des circonstances inchangeables liées aux crimes et aux délinquants, comme le type d’offense, l’age actuel, l’historique criminel et l’age de la première arrestation. Les facteurs dynamiques, appelés parfois les facteurs criminologéniques, peuvent être influencés par des interventions et incluent l’attitude, les associations, les substances utilisées et les types de personnalités antisociales. Le RAST est plus avancé et plus utile pour les juges, les jurées et agents de libération conditionnelles de trois façons spécifiques. D’abord, depuis que l’institut de la Justice du département de la justice nationale l’administre au niveau fédéral, il compte sur un ensemble particulièrement large de données à l’échelle nationale. Ensuite, les données sont continuellement réévaluées pour leur validité prédictive : elles sont révisés annuellement pour déterminer à quelle fréquence RAST classifie correctement les délinquants, s’il compte sur les facteurs dynamiques et statiques et s’il prend des décisions de sentence efficaces par la mesure du taux de récidive. Finalement, RAST diffère des outils traditionnelles d’évaluation des risques parce qu’il tient compte de plus d’éléments que les réponses de questionnaire. Les facteurs statiques et dynamiques sont utilisés en combinaison avec les données spécifiques en temps réel comme par exemple le comportement d’un délinquant et la localisation.

D’ailleurs, le barreau canadien discute présentement de l’application de l’intelligence artificielle dans le domaine juridique. L’expert de la question, Karim Benyekhlef est responsable du laboratoire en Cyberjustice, à l’UdM.

La compagnie Fujitsu se fait aussi remarquer dans la ville. Montréal prévoit signer un contrat de 2 millions $ avec la compagnie japonaise pour rendre la ville plus intelligente. Fujitsu est sensé développer un système qui aiderait à ordonner la circulation dans l’objectif d’améliorer le temps de réponse en cas d’urgence. La compagnie mettra en réseau toutes les caméras de circulation de la ville afin d’analyser les flux dans le but d’augmenter leur efficacité et de surveiller de près les mouvements.

Pourquoi toutes ces institutions choisissent Montréal? En partie à cause de la recherche en cours et de la main d’œuvre qualifiée qui s’est établie depuis plus de dix ans, mais aussi grâce à la promotion créée par l’État et les ONG. En septembre 2016, le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada a alloué 84 M$ à l’université McGill pour leur initiative Healthy Brains for Healthy Lives (HBHL) et 93,5 M$ à l’Université de Montréal pour l’Institut de valorisation des données (IVADO). En mars 2017, 40 M$ des 125 M$ de la stratégie pan-canadien d’IA du gouvernement du Canada administrée par l’Institut canadien pour la recherche avancée (CIFAR) ont été alloués à Montréal. Au printemps 2017, 100 M$ ont été alloués par le gouvernement du Québec pour la création d’un nouvel institut québécois pour l’IA. En mars 2018, le gouvernement du Québec a annoncé un don de 5 M$ pour l’établissement d’une organisation internationale sur l’intelligence artificielle et de 10 M$ sur les prochains cinq ans à NEXT.AI et à CLD, des initiatives du HEC Montréal. SCALE.AI, maintenant partenaire de NEXT.AI, est un nouveau consortium qui formera une plate-forme mondiale de châines logistique fonctionnant avec l’IA. En décembre 2018, le Gouvernement du Canada a remis 230M$ à ce nouveau géant dirigé par Hélène Desmarais, épouse de Paul Desmarais – président de PowerCorp. Cette dernière est aussi présidente exécutive d’IVADO.

Allons un peu plus loin

Cette recherche du réseautage des joueurs importants en intelligence artificielle à Montréal n’est absolument pas complète. Cette liste se rallonge et l’industrie n’a pas fini de se développer. Cela peut servir de point de départ pour continuer à approfondir le sujet. Bien que la portée de ces projets semblent couvrir tous les domaines, les chances sont que la plupart des développements et des applications de ces technologies sont encore à leurs débuts et assez vulnérables. Néanmoins, la possibilité que ces projets atteindront leur aboutissement dans un futur proche est très probable. Nous aimons penser que par nos actions, nous pouvons inspirer les gens à attaquer ces nouveaux systèmes de domination et de contrôle social. À travers les conversations et la recherche, nous pouvons trouver les faiblesses de ces architectes de la complaisance et attaquer.

– des individus contre l’autorité

Avril 2019, Montréal // Tio’ti:ake

 

FAQ

Qu’est-ce que le l’apprentissage automatique (Machine Learning ou littéralement apprentissage machine)?

L’apprentissage automatique est un champ d’étude de l’intelligence artificielle dans le champs de l’informatique qui se fonde sur des approches statistiques pour donner auxordinateurs la capacité d’«apprendre» à partir de données, c’est-à-dire d’améliorer leurs performances à résoudre des tâches sans être explicitement programmés pour chacune.

Si l’apprentissage automatique est souvent décrite comme une sous- discipline de l’IA, c’est mieux de la penser comme sa forme actuelle. C’est le champ de l’IA qui aujourd’hui promet le plus et qui fournit les outils que l’industrie et la société peut utiliser en ce moment.

Qu’est-ce que l’apprentissage profond (deep learning)?

L’apprentissage profond est un sous-ensemble particulier de l’apprentissage automatique. Alors que cette branche de la programmation peut devenir très complexe, elle commence par une question simple : « Si nous voulons qu’un ordinateur agisse de façon intelligente, pourquoi ne pas le modeler d’après le cerveau humain? » Cette seule pensée a engendrée de nombreux efforts dans les dernières décennies pour créer des algorithmes qui miment la façon dont le cerveau humain fonctionne – et qui peuvent résoudre des problèmes de la manière dont le cerveau humain peut le faire. Ces efforts ont donné lieu à des outils d’analyse de plus en plus compétents qui sont utilisés dans de nombreux domaines différents.

Qu’est-ce que l’Internet des Objets?

L’Internet des Objets, c’est le concept de connecter n’importe quel appareil avec un interrupteur ouvert et fermé à internet (et/ou les uns aux autres). Cela inclut n’importe quoi; téléphones portables, cafetières, machines à laver, écouteurs, lampes, technologie portable et presque n’importe-quoi d’autre à quoi on peut penser. Cela s’applique aussi aux composantes de machines comme par exemple le moteur d’un avion ou la foreuse d’une plateforme pétrolière. Le point est que les données circulent dans un réseau d’items interconnectés pour rendre le tout « intelligent ».

Exemple:

Vous rentrez chez vous le soir. Votre maison intelligente vous reconnaît et règle automatiquement éclairage, température, ambiance sonore. Tous vos objets jacassent entre eux. « Quoi de neuf ? », demande votre ordinateur à votre téléphone portable, votre appareil-photo, votre MP3 et tous vos objets nomades intelligents, qui lui communiquent leurs données du jour. Votre frigo intelligent, lui, note que vous mangez le dernier yaourt, et passe aussitôt commande via Internet. Il vous propose les recettes réalisables avec vos provisions. Vos enfants sont rentrés, mais vous le saviez déjà grâce au message reçu sur votre mobile, lorsqu’ils ont scanné leur cartable en arrivant à la maison. Ils sont occupés avec leur lapin électronique qui leur lit un livre intelligent, scanné lui aussi grâce à sa puce RFID. Un coup d’œil à l’un de vos écrans vous rassure sur votre vieille maman qui vit seule : les capteurs de son habitat intelligent sécurisé ne signalent rien d’anormal du côté de sa pression artérielle et de sa prise de médicament, elle n’a pas besoin d’aide. Bref, votre vie se déroule comme il faut, sans vous. C’est tellement plus pratique.

(IBM et la société de contrainte)

La bonne cible?

 Commentaires fermés sur La bonne cible?
Avr 022019
 

De Chlag.info

Peu importe les tactiques employées, celleux qui s’opposent à la gentrification sont souvent pointé.es du doigt ou accusé.e.s de « s’attaquer à la mauvaise cible ». Une accusation qui sous-entend habituellement que les petits commerçants indépendants font ce qu’ils peuvent, comme ils le peuvent pour survivre face aux grosses chaînes, qui seraient, elles, les « seules vraies ennemies ».

Une telle affirmation est problématique. Il n’est pas nécessaire d’être une multinationale pour causer des dommages à un quartier et à une communauté. L’exemple de Bigarade illustre parfaitement la situation et peut à lui seul justifier la lutte.

Implanté dans le quartier depuis environ quatre ans, Bigarade vit de l’exploitation de ses employé.e.s. Non paiement des salaires, harcèlement psychologique, menaces, intimidation, mensonges, violence verbale de la proprio… qui ont conduit à plusieurs plaintes aux normes du travail.

Fausse publicité, provenance et qualité mensongères des produits pour un prix élevé sont monnaie courante. Bigarade collabore aussi avec les développeurs de OSHA Condos afin de promouvoir un lifestyle luxueux dans leur salle de mon(s)tre.

Les commerces comme Bigarade ne sont dans Hochelaga que pour s’enrichir, attirés par les loyers encore plus bas qu’ailleurs et déterminés à réussir par tous les moyens, incluant la violence. Faisons savoir à Bigarade que ses actes ont des conséquences. Faisons savoir à la communauté que la violence et les abus doivent cesser.

OSHA-Condos, Bigarade : décâlissez du quartier!!

Pour télécharger et imprimer le tract

La statue de la reine Victoria à Montréal attaquée à la peinture verte avant la Manifestation contre le racisme et la xénophobie

 Commentaires fermés sur La statue de la reine Victoria à Montréal attaquée à la peinture verte avant la Manifestation contre le racisme et la xénophobie
Mar 242019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, le 24 mars 2019 — Une statue en bronze emblématique de la reine Victoria, inaugurée en 1900 et située sur la rue Sherbrooke sur le campus de l’Université McGill, a été vandalisée hier soir, en avance de la prochaine manifestation contre le racisme et la xénophobie.

Les statues de la reine Victoria à Montréal ont déjà été visées au moins trois fois en 2018: la veille de Noël par les Lutins rebelles du père Noël, le jour de la fête de Victoria par la Brigade Henri Paul contre la monarchie, et le jour de la Saint-Patrick (2018) par la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin

Séamus Singh, de la brigade, a déclaré: « Cette année, nous avons décidé d’attendre une semaine après le jour de la Saint-Patrick afin de mieux planifier notre action juste avant la manif antiraciste d’aujourd’hui. » La brigade souligne cependant qu’elle ne participe ni directement ni indirectement à l’organisation de la marche antiraciste.

Lakshmi O’Leary, également membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, a expliqué: « En fait, nous avons dû passer un temps considérable à enlever le épais revêtement de plastique qui a caché la statue depuis décembre après une attaque de peinture rouge la veille de Noël. » Elle a ajouté: « Nous avons laissé la cagoule sur le visage de la reine Victoria, car si les rebelles irlandais et indiens du siècle dernier avaient réussi, elle aurait été bien pendue pour sa criminalité. »

Selon la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin, la présence de statues de la Reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.

Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.

Le règne de la reine Victoria a représenté une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne a représenté un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.

L’action d’hier est motivée et inspirée par des mouvements à travers le monde qui ont fait tomber et ont autrement ciblé des monuments par actes anticoloniaux et antiracistes: Cornwallis à Halifax, John A. Macdonald à Kingston (Ontario) et à Victoria (Colombie-Britannique), le mouvement Rhodes Must Fall en Afrique du Sud, la résistance aux monuments racistes de la Confédération aux États-Unis, et plus.

Selon Udham Connolly, un autre membre de la Brigade de Solidarité Anticoloniale Delhi-Dublin: « Notre action est une simple expression de la solidarité anti-coloniale et anti-impérialiste, et nous encourageons d’autres à entreprendre des actions similaires contre les monuments racistes et les symboles qui devraient être dans les musées, et non prendre de l’espace dans nos lieux publics. »

Séamus Singh conclut: « Cette fois, cependant, nous ne demandons pas que cette statue en particulier soit enlevée; tant qu’elle reste vandalisée avec de la peinture verte, avec la tête de la reine Victoria sous une cagoule, elle peut rester debout. »

Mondes à détruire, mondes à créer

 Commentaires fermés sur Mondes à détruire, mondes à créer
Mar 222019
 

De Ingouvernables.info

Pas une semaine sans que ne sorte une nouvelle alarmante concernant le climat. La planète court à sa fin. C’est entendu. C’est tellement entendu que la plupart du temps, on n’y porte même plus attention. Pourtant, parfois l’information se glisse jusqu’à notre cerveau et on est pris.e de panique. Il faut faire quelque chose. Il faut agir, on peut pas juste attendre que tout s’écroule autour de nous. Mais ces élans de panique ne vont jamais bien loin. On ne manque pourtant pas de motivation: quoi de plus motivant que d’espérer pouvoir continuer à vivre? Mais c’est juste tellement gros ce qui nous fait face. Un genre d’hydre à 1 milliard de têtes. Surement le plus gros défi de notre époque.

Sauf que pour répondre à ce défi titanesque, on nous propose des solutions tellement insignifiantes. Un petit jardin par ci, quelques pailles en plastique en moins, une petite réduction de l’augmentation des gaz à effet de serre… On a un monde à sauver et on nous propose des solutions minables, sorties de la tête de gestionnaires, qui une fois finie leur journée de boulot, rentrent en VUS hybride dans leur bungalow à Brossard. Chaque nouvelle solution proposée par les gouvernements ou l’industrie, présentée comme l’apothéose écologique, nous laisse sidéré.es. C’est tout? Tout ce que vous proposez? Vous croyez vraiment qu’un marché du carbone va renverser la vapeur? Devant si peu de sérieux, on se sent un peu clueless sur ce qu’on devrait faire. Alors on fait rien. Ou si peu. Les petits gestes qu’on peut faire par soi-même: la récup, les emballages plastiques, le compost. Mais au fond de nous, on sait que c’est de la bullshit.

On sait que ça peut plus continuer comme si de rien n’était. Que c’est pas d’une nouvelle ligne de métro dont on a besoin, mais de beaucoup plus. On a envie de sortir la nuit et de brûler des chars. Bloquer les ponts le matin, pour empêcher les gens de continuer à venir travailler à des kilomètres de chez eux et elles. On a envie de foutre assez le bordel pour que la petite routine habituelle soit brisée, qu’on se sorte la tête du cul et qu’on accepte la dure réalité. Le monde dans lequel on vit n’est pas compatible avec la survie de la planète. C’est ça qui est ça. On le sait au plus profond de nous, on attend juste le moment où ça va pêter pour se joindre au party.

Mais ça pète jamais. Parce qu’on nous propose toujours les mêmes vieilles solutions. Celles qui changent si peu de choses qu’au fond rien ne change, et c’est justement pour ça qu’elles sont proposées. Business as usual. On nous noie sous une tonne de micros projets plus futiles les uns que les autres, qui nous font oublier la panique qui nous prend parfois. Et le monde continue de tourner et le cash de rentrer. Sauf que c’est ça le fond du problème, c’est le cash. C’est à cause de lui qu’on pollue. C’est pour lui que tous les jours les gens font une heure de char pour se rendre au boulot. C’est pour lui qu’on détruit les terres ancestrales des communautés autochtones de partout dans le monde. C’est pour lui qu’on nous enfonce dans la gorge que boire de l’eau dans des bouteilles c’est donc ben mieux que dans un verre et qu’il y a un 7e continent de plastique dans les océans.

Est-ce qu’on peut vraiment espérer changer les choses sans questionner le rôle du profit et du travail dans nos vies? Voilà la vraie question, celle qui nous fait peur. On sait qu’on devrait pas travailler 45h par semaine pour payer notre cell 20 fois trop cher. Qu’on ne peut plus se permettre de rêver de posséder son petit condo, son chalet dans les Laurentides, de mener sa petite vie en travaillant jusqu’à la retraite et de passer nos vacances à Cuba. Le monde s’écroule littéralement sous nos pieds.

Espérer sauver la planète implique espérer s’affranchir du cash et du travail. On parle pas ici de simplicité volontaire. On parle de refuser la valorisation, l’accumulation et le travail comme force motrice de nos vies. En d’autres mots, le système économique et l’État. Un monde réellement écologique ne peut advenir que si on arrive à repenser l’organisation sociale, sans que le profit motive nos actions. Car il sera toujours plus profitable de polluer que de ne pas le faire.

Gros projet direz-vous. Yeah right, mais au moins à la hauteur de l’enjeu. Un projet qui se prend crissement au sérieux. Travailler à l’écroulement du monde capitaliste et du colonialisme, ça se fait pas du jour au lendemain. Ça demande de travailler sur des fronts multiples. Le comment est pas toujours clair. Ça fait 500 ans que des gens s’y essayent, que les stratégies se renouvellent. Ce qui est sûr, c’est que ça commence avec les rencontres que l’on fait. Trouver des ami.es ou des camarades avec qui s’organiser. Le mouvement de grève pour le climat est un bon terrain pour commencer ou continuer à le faire. La grève par elle-même est un moment où l’on refuse le train-train de la vie quotidienne, où l’on se permet de rencontrer des nouvelles personnes parce que le temps libre abonde subitement. Quel qu’en soit le chemin, il implique que la lutte soit collective et qu’elle ne puisse pas être récupérée par l’État et le capitalisme. C’est à nous de trouver les chemins qui seront victorieux.

Ça demande de faire des alliances. De se poser la question de qui souffre de l’organisation actuelle du monde. Qui est opprimé.e ou exploité.e et qui en profite? C’est con à dire, mais adresser la question du climat implique avant tout de reconnaître que le désastre actuel est le fruit du capitalisme, du colonialisme et de l’État, mais aussi du racisme, du patriarcat et d’autres systèmes d’oppression. Ce sont les communautés les plus marginalisées qui sont les premières victimes des désastres écologiques et les conséquences de la crise environnementale ne sont pas vécues de manière égale. Il faut arriver à s’opposer à la catastrophe dans son ensemble, à comprendre que les problématiques sociales, économiques et environnementales sont le résultat du rapport au monde fucked up que nos sociétés entretiennent. Il n’y a pas de demi-mesure possible pour répondre à la destruction en cours de la planète. Ensemble faisons grèves, manifestons, bloquons les infrastructures et imposons le seul monde qui puisse être réellement écologique, un monde sans travail, sans classes, sans racisme et sans patriarcat.

Quelques notes sur notre 15 mars

 Commentaires fermés sur Quelques notes sur notre 15 mars
Mar 182019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Je veux me souvenir du sentiment d’être ébranlé.e par la beauté de la foule. La peur et l’anxiété se dissipent quand un black bloc d’une centaine de personnes prend la rue, réalisant sa force collective qui oblige les flics à rester loin. C’est maintenant que ça se passe. On peut y arriver.

D’attaquer des voitures de luxe, des hôtels, et des banques quand la police est incapable de les défendre est une attaque contre la police, qui doit montrer son habileté à défendre la loi et l’ordre pour être respectée par les bon.nes citoyen.nes et crainte par les exclu.es. Des échos de vitrines fracassés se font entendre sur la rue Peel, alors que des rafales de projectiles volent en direction des banques. Pas besoin de s’inquiéter, des roches, des flares, et au moins un feu d’artifice de qualité sont aussi réservés pour le SPVM.

La spontanéité, ça fonctionne bien parfois. C’est cool quand des gens sortent un dumpster d’une ruelle, que d’autre y balance un flare allumé pendant que quelqu’un y tag un « ACAB », et que finalement, plusieurs personnes utilisent le tout pour charger les flics devant la manif, presque comme une chorégraphie. Notre temps ensemble est limité, mais riche en possibilités.

Des anti-émeutes sont arrivés par derrière sur Maisonneuve et nous ont rapidement balancé des lacrymos, ce qui a eu l’effet escompté sur cette manif relativement petite. Deux arrestations ont eu lieu, et des gens ont été blessé.es. Ce qui nous amène aux suggestions tactiques pour la prochaine fois:

Rendre la dispersion dangereuse (pour les flics) : quand une manif se sépare après que les flics l’aient attaqué, on devrait essayer de rester calme, de voir qui est encore avec nous et où nous sommes rendu, et de voir si on peut se regrouper avec ceux et celles qui ont pris le même chemin. On a beau être moins nombreux.euses, mais l’attention des flics est divisée, et ils auront moins de chances d’être en position pour nous attaquer encore immédiatement. On peut même croiser un groupe de flics isolé qui ne sont pas prêts à faire face à une foule hostile. L’état utilise des armes chimiques et des coups pour anéantir une initiative qui diverge joyeusement de la routine dévastatrice d’une société-prison, et ça, en blessant nos ami.es. Répliquons à la hauteur de leur aggression.

Des fluides combustibles : amenons-en/utilisons-les? Le dumpster dont on a parlé plus tôt aurait pu être un meilleur bélier si il avait été complètement en feu.

Retour au Manuel du black bloc, 13e édition, chapitre 12 : Choisir les bons outils. Tout objet n’est pas forcément une alternative pour un bon marteau. Deuxièmement, mettre un masque ne suffit pas pour être anonyme. Si votre masque ou d’autres vêtements sortent de l’ordinaire par rapport aux autres casseurs, ça pourra aider la police à vous trouver (soit par des agents en civil, des livestreams, ou des vidéos accessibles après les faits), ce qui peut être dangereux pour vous vers la fin de la manif ou par après.

L’arrière de la manif : Les tactiques de dispersion de vendredi et du soir de la dernière élection étaient identiques: les anti-émeutes arrivent un coin de rue derrière la manif et balancent des lacrymos. La panique qui s’en suit leur donne l’opportunité de foncer dans la foule avec leur véhicules, et d’accélérer la dispersion. Qu’est ce qui serait possible si il y avait un crew combatif à l’arrière de la manif? Pas de propositions spécifiques ici mais nous pensons que c’est une question à se poser pour la prochaine fois.

Salutations chaleureuses à tous les autres groupes affinitaires et individus qui sont venus, et à tout le monde qui était là en esprit. Prenons soins les un.es des autres et détruisons toutes les formes d’autorité. On aimerait bien entendre d’autres récits de ce 15 mars.

Une petite pensée pour tou.tes les rebelles qui sont derrière les barreaux. Feu aux prisons.

Finalement, on se souvient du sacrifice de Anna Campbell, une anarchiste qui a combattu avec le YPJ au Rojava et qui a été tuée avec quatre camarades par l’armée fasciste turque il y a un an, le 15 mars 2018.

On se voit le premier mai ou plus tôt! Nique la police.