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La Mauvaise Herbe vol.18

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Jan 052020
 

De La Mauvaise Herbe

Le volume 18 de La Mauvaise Herbe (décembre 2019) vient de paraître.

Sommaire des articles:
– 2019, l’année où la merde a pogné dans l’ventilo
– L’intelligence artificielle; Quand des entrepreneurs essaient de nous faire avaler des couleuvres
– Book review; Race Traitor, by Elisa Hategan
– Ctrl-Alt-Del

Vous pouvez le télécharger sur le lien ci-dessous:

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Retours sur la grève des stages

 Commentaires fermés sur Retours sur la grève des stages
Déc 132019
 

Au cours de l’automne, des militant.e.s des CUTE (Comités unitaires sur le travail étudiant) ont publié sur la plateforme Dissident.es une quantité impressionante de réflexions et de récits de la grève des stages du printemps dernier. En voici quelques extraits intéressants, avec les liens vers les articles complets.

De « Ne nous représentez pas, on s’en charge! » (article complet) :

Les étudiant.e.s de l’université ne sont pas représentatif.ve.s de l’ensemble de la société : tout au long de la campagne, il a été question du rôle de l’université, en tant qu’institution, dans la reproduction des inégalités déjà présentes dans la société, à laquelle participent les stages non rémunérés. Nous avons voulu rompre, justement, avec une vision idéale de l’université non marchande, qui alimente le mythe selon lequel la gratuité scolaire nous rendrait tout.e.s égales et égaux.

Plus encore, il y a là un paradoxe d’exiger une forme de représentativité au sein des comités autonomes : les militant.e.s ne représentent qu’elles et eux-mêmes et ne prétendent pas autrement. Pour y être représenté.e, il faut donc s’y impliquer. C’est pour cette raison que les structures permettaient, en théorie, à toutes les personnes impliquées de participer à la définition de la lutte et à la prise en charge du discours. La voie était ouverte pour que d’autres groupes politiques autonomes, comme les groupes de personnes racisées déjà organisés sur les campus, participent à la réflexion et à la mobilisation. Cependant, le réflexe d’aborder l’inclusivité en tant que demande n’est pas surprenant : il s’agit d’une conséquence de la façon dont s’est traditionnellement organisé le mouvement étudiant, et plus largement le mouvement syndical et la politique en général, c’est-à-dire par la démocratie représentative.

***

De « Rétroactif, en espèces, partout, pour tout et maintenant » (article complet) :

Durant la campagne, certain.e.s profs et étudiant.e.s de gauche ont affirmé que de lutter pour l’obtention d’un salaire allait à contresens de la lutte pour l’élimination des rapports marchands qui lient les individus au sein du capitalisme. Tantôt plus à gauche, tantôt plus conservatrice, on a entendu une critique de la marchandisation de l’éducation qui défend l’éducation comme une institution publique à préserver hors des rapports marchands. C’est le cas, par exemple, de Stéphane Chiarello, enseignant en gestion des ressources humaines de l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui a publié une lettre ouverte au moment de l’annonce d’un financement pour compenser le stage final en éducation. Selon lui, cette nouvelle mesure « continue lentement, mais sûrement, à assimiler la population à une logique de marché. Il ne reste qu’un pas à franchir pour choisir la privatisation plutôt que la gratuité »[7]. Cette position, quasi hégémonique dans la gauche étudiante durant la grève de 2012, illustre bien le mythe qui persiste selon lequel sans salaire, le secteur de l’éducation serait « hors du marché ».

Les plus « syndicalistes » proposent plutôt de se concentrer à l’amélioration des conditions de travail en emploi (avec la campagne pour un salaire minimum à 15$/heure par exemple). Un autre groupe de l’UQAM d’inspiration appelliste préfère frapper l’imaginaire en proposant la « destitution » du travail (dans ses rêves ou par le sabotage, c’est selon) sans pour autant quitter l’école. Dans un des zines qu’il a produit à l’hiver 2019, on pouvait lire que l’université demeure « un terreau fertile au développement de nouvelles idées, à la redécouverte d’anciennes pratiques de soin qui brassent, pour rencontrer d’autres gens un peu paumés qui veulent autre chose ». Dans l’édito du même zine, on défend l’université comme un lieu d’échanges et de partages de connaissances qui sert à « nous rendre plus brillant.e.s collectivement »[8]. Cette posture, que l’on pourrait qualifier au mieux de candide, ne rend ainsi compte que d’une réalité très partielle de l’éducation.

Bien souvent, cette critique de la marchandisation contre le salaire étudiant s’accompagne de l’idée qu’un salaire accentuerait l’aliénation de l’activité étudiante. Comme si, du jour au lendemain, l’obtention d’un salaire signifierait l’aliénation immédiate. Comme si, parce qu’ils reçoivent un salaire, les stagiaires en génie seraient plus aliénés que les stagiaires en soins infirmiers – ces dernières exécutant leurs tâches gratuitement. Ou encore, comme si la gratuité du travail représentait un espace hors de la pression à la productivité et des rapports de domination qui encadrent le monde du travail, ou comme si les étudiant.e.s contrôlaient les finalités et les conditions de leur activité parce qu’elle n’est pas salariée.

Les réactions face à la grève des stages ont pourtant démontré toute la pertinence de concevoir les études comme un travail alors que le traitement des grévistes se rapprochait fortement de celui réservé à des employé.e.s. Les exemples frôlent parfois le ridicule. Comme lorsque, durant la grève, un enseignant dans une école primaire s’est retrouvé dans l’embarras parce qu’il avait pris des engagements envers des collèges en comptant sur la présence du stagiaire qu’il supervisait pour pallier son absence en classe. Un autre stagiaire, cette fois dans un organisme communautaire, s’est vu offrir un emploi rémunéré au même endroit pour contrer son absence durant la grève des stages. Et dans les universités, plusieurs directions de programmes ont exigé de manière non uniforme la reprise des heures de stage manquées pour se comparer aux « conséquences dans une situation d’emploi où il y aurait perte de salaire ».

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De « Une apparence de contradiction » (article complet) :

Les coalitions, qui réunissaient des groupes et des militant.e.s de différentes affiliations et de différentes tendances politiques autour d’une revendication comme la rémunération des stages, présentaient un mélange d’unité et de pluralisme. Certes, la revendication centrale conférait un aspect unitaire à l’organisation, mais cette unité s’est articulée à travers une multiplicité de tendances politiques privilégiant des tactiques et des stratégies différentes, et qui sont parfois entrées en contradiction les unes avec les autres. Plus la revendication ou la plateforme unitaire est large, plus la diversité des tendances est susceptible de déboucher sur des contradictions – et éventuellement des conflits – entre différentes tactiques et stratégies.

Or les débats et les luttes de tendances qui découlent de la double nature (unitaire et pluraliste) des coalitions de type décentralisé ne sont pas des écueils qu’il faut chercher à éviter. Bien au contraire, ils sont garants du dynamisme politique essentiel à toute organisation qui veut se développer en fonction de la lutte et de ses besoins. Par exemple, les coalitions pour la rémunération des stages n’ont adopté aucune plateforme officielle stipulant qu’elles étaient des organisations féministes. Néanmoins, les tendances les plus féministes parmi celles qui se sont impliquées au sein de cette campagne unitaire ont mené une lutte de chaque instant pour défendre la conception selon laquelle la revendication de rémunérer les stages présuppose une analyse féministe de la société et de la division du travail, et que cette analyse comporte des implications directes concernant les discours, les tactiques et les stratégies à privilégier pour faire valoir cette revendication dans le contexte d’une lutte politique comme la grève. Force est de constater que la lutte menée sur ce plan par les tendances féministes des coalitions a eu un effet important sur l’alignement politique de ces dernières depuis leur création. Force est aussi de constater que cela s’est fait à travers des débats et des confrontations, et non pas parce qu’une coexistence passive et dénuée de conflictualité entre les différentes tendances a magiquement débouché sur un consensus quant à la centralité irréductible du féminisme dans la campagne.

***

De « L’autonomie réellement existante » (article complet) :

Pour celles qui en ont posé les bases, il était impensable de se lancer dans un projet de campagne large sans que celle-ci ne soit fondée sur une analyse féministe. Et il semblait impossible, pour se faire, de s’organiser autrement qu’en autonomie. En effet, la conception de l’autonomie telle qu’on l’a appliquée était en phase avec les principes d’organisation des traditions féministes les plus à gauche. Ces dernières s’organisent sur une base antiautoritaire, décentralisée, communautaire et indépendante des partis politiques. Elles privilégient les décisions par consensus et la rotation des tâches, se passent de la figure paternaliste du leader et jouissent même d’une autonomie au sein des organisations de masse, en opposition aux structures verticales sur lesquelles se fondent les sociétés patriarcales.

Les expériences passées dans les associations étudiantes étaient convaincantes en ce sens. Le mouvement étudiant ne sert pas les intérêts des étudiantes, surtout pas de celles inscrites dans les programmes techniques et professionnels. Même les positions centrales de la gauche étudiante, comme la critique de la marchandisation, servent les intérêts d’une élite intellectuelle à laquelle peu de femmes ont accès. Cela transparait dans la culture et les pratiques syndicales qui demeurent, somme toute, verticales et virilistes. Des comités femmes sont créés dans à peu près toutes les associations étudiantes, locales et nationales, et doivent consacrer le plus gros de leurs efforts à en atténuer les effets : gestion des comportements machos et des violences, langage de domination et tours de parole, accessibilité des espaces, prise en compte des dimensions affectives des luttes, etc. On s’était habituées à aborder les enjeux féministes en tant que lutte secondaire. C’est pour dépasser ce rôle que le Comité femmes de l’ASSÉ s’était scindé de cette dernière en 2012 pour devenir le Comité femmes GGI[2]. Cette fois-ci, on inverserait le paradigme en inscrivant une lutte étudiante dans le mouvement féministe et, par conséquent, un mode d’organisation proprement féministe s’imposait. Plus encore, pour reconnaitre la pluralité des féminismes, il fallait des espaces d’organisation flexibles qui respectaient les particularités, incluant leur mode d’organisation[3].

Évidemment, on n’a pas pour autant pu éviter la tâche de torcher derrière les militants. À quelques reprises, des comités féministes et des étudiantes ont contacté des militantes des CUTE pour dénoncer des violences sexuelles commises par des militants impliqués dans la lutte des stagiaires. En non-mixité à l’InterCUTE, rencontres regroupant les différents comités autonomes, les militantes ont pris la décision d’exclure les militants concernés de tous les espaces d’organisation de la campagne. Et puisque ces espaces, ce sont elles qui les avaient créés et elles qui les occupaient, l’exclusion des hommes était beaucoup moins remise en question et se trouvait légitimée de facto. Les violences sexuelles ont été identifiées comme du sabotage en raison de la désorganisation qu’elles ont causée sur différents campus et de la charge de travail supplémentaire qu’elles impliquaient pour les militantes qui portaient déjà à bout de bras la mobilisation. Tout cela a bien sûr joué pour beaucoup quant à l’opposition spontanée de plusieurs d’entre elles aux partys et aux bed-in proposés à plusieurs reprises durant la campagne par les militants dans et autour des associations étudiantes.

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De « Tu travailles pour qui? Une grève, trois récits » (article complet) :

Une vingtaine de personnes entrent dans les bureaux de la direction. Elles ont bien réussi leur coup : la porte n’était pas barrée. Les employé.e.s ne savent pas où se réfugier. Ce n’est pas long que les Gardas se pointent, suivis du vice-doyen, en panique. Les représentant.e.s des syndicats des profs et des chargé.e.s de cours se joignent aussi à la mêlée.

Le personnel tente de désamorcer la situation usant de stratégies de négociation infantilisantes peu subtiles. Les occupant.e.s sont relativement calmes pourtant. Seulement, iels exigent qu’aucun.e stagiaire en grève ne soit mis.e en échec ou n’ait à reprendre les heures de stage débrayées, comme c’est le cas pour les cours. Iels ne quitteront pas les bureaux sans un engagement écrit. Le vice-doyen se porte à la défense de l’institution, insistant sur le respect de la durée des stages et sur les objectifs fixés. De leur côté, les représentant.e.s des syndicats essaient de comprendre pourquoi une telle occupation a lieu. Alors que la discussion arrive à un cul-de-sac, le vice-doyen mentionne qu’il y a une rencontre, en après-midi, avec les directions de programme et l’administration – une autre ! – pour discuter de la situation des stagiaires qui ont fait la grève. Un bon moment pour se faire entendre, selon une représentante syndicale.

Après quelques heures d’occupation, voilà qu’un exécutant débarque nu bas, un peu nerveux. On pourrait croire qu’il répond à un appel d’urgence. Il réclame une mise à jour des stagiaires et étudiant.e.s : comment se déroule l’occupation, quels sont les derniers développements, la nature des échanges avec le vice-doyen, les demandes formulées ? C’est qu’il ira à la rencontre tout à l’heure. Il veut bien les représenter ; il mettra même des chaussures pour l’occasion. Quels intérêts défendra-t-il ? Il est difficile de le savoir. « Et c’est quand que vous allez mettre fin à l’occupation ? »

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De « Cachez ce travail » (article complet) :

Vouloir élargir la catégorie des travailleur.euse.s n’équivaut pas à en revendiquer l’identité ni à adopter une posture productiviste. Bien sûr, il faut admettre que la construction d’une identité de classe à travers la figure de l’ouvrier de masse se fait souvent au détriment des enjeux de genre, de sexe, de race et de colonisation. L’idée selon laquelle la classe ouvrière correspond aux hommes blancs qui travaillent sur des chaines de montage a toujours été une lubie, qui survit encore aujourd’hui dans le seul intérêt de certains milieux de gauche et syndicaux qui la véhiculent. Le point de la lutte n’est pas de porter le prolétariat en triomphe : elle doit aussi mener à son abolition en tant que classe inscrite dans les rapports capitalistes. Les mouvements syndicaux des secteurs ouvriers traditionnels, comme l’industrie de la construction, montrent bien comment le corporatisme et le nationalisme, au lieu de contribuer à l’établissement d’une conscience et d’une solidarité de classe, nourrissent les préjugés et la discrimination envers les personnes immigrantes, racisées et envers les communautés autochtones. En élargissant la définition du travail, en s’organisant sur une base non corporatiste et sans palier national, on peut au contraire tenter « de mettre fin aux divisions créées au sein de la classe ouvrière par le développement capitaliste »[4], pour reprendre les mots de Silvia Federici.

Extinction Rebellion, le Black Friday & l’environnement

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Déc 082019
 

De Contrepoints

«On aurait dû rentrer dans le H&M et tout choper!»

Coin Peel et Ste-Catherine, en plein centre-ville de Montréal, le 29 novembre 2019.
Drôle de journée: après mes trois heures de cours, j’avais prévu aller faire un tour à la manif étudiante pour l’environnement, même si mon cégep était pas en grève, même si je savais que le métro serait bondé en plein Black Friday. Après tout, c’était une journée symbolique contre le capitalisme, ça semblait logique d’y participer.

Arrivée sur place un peu en retard, j’étais plutôt surprise de constater qu’au lieu d’une manifestation étudiante, j’étais plutôt entourée d’une ribambelle de drapeaux d’Extinction Rebellion, accompagnés d’une poignée de militant-es arborant les mêmes couleurs qui criaient dans un mégaphone. De chaque côté de la rue, des masses de gens étaient amassées, et scandaient des slogans en direction des magasins. «Ah, enfin, un peu d’action!» me dit alors mon ami, enthousiaste. Mais rapidement, on se rend compte qu’en terme d’action, on allait être déçu-es: la foule, statique, exprimait son soutien à une douzaine de jeunes militant-es aux mains collées sur les vitrines, à travers une ligne de policiers. Ces derniers, quand on balayait la scène du regard, étaient très nombreux aux alentours; une tasse de café à la main, plusieurs d’entre eux se préparaient lentement à décoller les protestataires, le sourire aux lèvres.

«On va bloquer le magasin?» demande mon ami, plein d’espoir, à sa voisine. «On dirait pas» répond-t-elle, en nous pointant les flots d’acheteurs qui continuent d’entrer et de sortir de la boutique, des sacs de vêtements à la main. «Mais ça sert à quoi alors ce spectacle-là?» lui lance-t-il, abasourdi. Elle hausse les épaules, désinvolte, et s’éloigne pour rejoindre une petite bande enjouée qui danse au milieu de la rue. «This music is really commercial» me glisse un passant, les sourcils froncés. J’éclate de rire, le bonhomme n’a visiblement rien compris, car l’ambiance est de plus en plus lit. Traversant la foule, j’accoste alors une militante qui distribue du chili vegan, pour lui demander ce qui se passe exactement. «En ce moment, XR fait son show: on était supposé-es arriver ben plus tôt au square Dorchester, mais y font rien qu’à leur tête, y’ont complètement take over la journée. Là, on attend juste que leur grande mise en scène de jeunes martyrs soit finie pour aller faire le party au square. Sont tous-tes mineur-es, ceux qui ont les mains collées dans les vitrines, savais-tu? Y paraît que ça fait plus cute dans les médias» me dit-elle, ironique. «C’est quand même une drôle de stratégie, quand on y pense, pour contrer la catastrophe écologique, envoyer des jeunes se coller les mains sur des magasins de grandes chaînes. Ça crée des martyrs, c’est juste bon pour faire un show, mais ça change rien en bout de ligne. Nous, on aurait voulu que ça brasse un peu plus, mais on s’est même fait rabrouer quand on criait des slogans anticapitalistes tantôt!» ajoute-t-elle, un peu amère. Au moment où elle me dit ça, la musique arrête, et une militante portant le dossard d’Extinction Rebellion nous informe au micro que la première militante vient de se faire relâcher par les policiers, provoquant une salve d’applaudissements. La soirée a continué au rythme des jeunes relâché-es, jusqu’à ce qu’on se déplace finalement au square Dorchester, à moitié transi-es de froid, pour boire une bière avant de quitter. «On aurait dû rentrer dans le H&M et tout choper!» beugle un garçon hilare, visiblement prêt à en découdre avec les policiers. C’est drôle, me dis-je alors: la soirée (et donc l’action d’éclat d’Extinction Rebellion) était tellement inoffensive que les policiers l’ont laissée se dérouler longuement, sans lui mettre les bâtons dans les roues une seule fois.

Avec un peu d’ambition, pourtant, une manifestation au centre-ville pendant que la rue Sainte-Catherine débordait de client-es aurait pu porter un bon coup au capital, envoyer un message clair au gouvernement, réellement enrayer le pouvoir. L’heure n’est plus à la sensibilisation, le consensus est là: on court à notre perte. Ce qu’il faut, dorénavant, c’est s’inspirer des manifestations un peu partout dans le monde, et bloquer l’économie. Occuper des places, des squares, des rues, les tenir envers et contre les assauts de la police, et prendre les choses en main, sans attendre que l’État nous protège du désastre écologique. Êtes-vous game?

Qu’est-ce que la propriété ?

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Déc 042019
 

De subMedia

[sous-titres français]

 

Des distributeurs de billets mis hors service dans le métro de Montréal

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Déc 032019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis quelques jours, l’appel de grève internationale contre les tarifs de transport a encouragé quelques actions de sabotage. Les distributeurs de billets de quelques stations de métro ont été mis hors service en bloquant leurs lecteurs de carte débit/crédit et les fentes à monnaie.

La STM continue d’augmenter les tarifs de transport et de déployer des « inspecteurs » wannabe-flic pour harceler et tabasser des gens pour $3.50. Présentement, la STM cherche même à donner à ses inspecteurs plus de pouvoirs pour arrêter et détenir les gens et avoir accès aux fichiers de la police. Tout effort pour maintenir et étendre le contrôle du mouvement des gens se doit d’être opposé. Heureusement, on ne manque pas d’inspiration d’ailleurs dans le monde, et surtout de la révolte au Chili.

Ces actions étaient des expérimentations pour trouver des manières simples, efficaces et relativement discrètes de saboter la collection de tarifs. Pour l’instant, la méthode la plus efficace semble être de mettre de la colle sur les deux côtés de cartes cadeaux non activés et de les insérer complètement dans les lecteurs de carte débit/crédit, et ensuite de mettre de la colle dans la fente à monnaie après l’avoir fait ouvrir comme si on voulait payer un tarif en argent comptant. Nous espérons que cette technique pourra être reproduite largement en parallèle avec d’autres moyens pour mettre hors service les divers dispositifs de la STM.

Live free, ride free.

Le vendredi 29 novembre : personne ne paie ! Un appel international pour une grève contre la hausse du coût de la vie

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Nov 212019
 

De CrimethInc.

Tout le monde paie pour que les riches s’enrichissent. Nous payons avec notre labeur, en travaillant pour remplir leurs poches. Nous payons des loyers dont les prix augmentent de façon vertigineuse au fur et à mesure que la gentrification nous jette hors de chez nous. Nous payons également avec la destruction de l’environnement, l’effacement de nos communautés, et le stress de la vie quotidienne. Nous payons pour des choses qui auparavant étaient gratuites, tel que l’eau. Nous payons des impôts pour qu’ils puissent engager plus de flics afin de nous terroriser. Tout le monde paie, mais eux seuls en profitent.

Nous pourrions parler du coût élevé de la vie – mais qui vit réellement ?

Le 29 novembre, personne ne paie. Ceci est un appel à la grève et à s’attaquer à tout ce qui nous étouffe, à tous les moyens qu’ils mettent en œuvre pour nous empêcher de vivre.

Il y a un appel à Seattle pour organiser une grève contre le coût des transports en commun. À Portland, un rassemblement est prévu le 29 novembre à Pioneer Square ; le même jour à San Francisco, un autre rassemblement est également prévu à l’intersection de la 16ème rue et de Mission. Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des manifestations à New York contre la mise en application de nouveaux tarifs dans les transports publics, et d’autres actions sont déjà prévues pour cette semaine. Chicago suit également le mouvement. Où que tu sois, tu peux organiser quelque chose et mener une action avec tes ami·e·s.

Une grève revient à donner un coup. Ce n’est pas seulement un boycott; cela signifie interrompre le système, l’empêcher de fonctionner. Tout au moins, tu pourrais dans ton coin éviter de payer les transports en commun dans ta ville. Mais il vaut mieux rendre notre refus public et collectif. Sauter par dessus les tourniquets tou·te·s ensemble. Forcer et ouvrir les portes et intervenir si des agents de sécurité essaient d’harceler ou d’arrêter quelqu’un. Saboter les différentes machines. Faire en sorte que les murs proclament « Personne ne paie ! » avec des affiches ou des tags. Installer une table d’information et distribuer des textes sur pourquoi personne ne devrait jamais avoir à payer quoi que ce soit. Ou encore créer un syndicat des fraudeurs comme cela a été fait en Suède.

Partout dans le monde, les gens se révoltent contre l’augmentation du coût de la vie. En Équateur, les gens ont occupé le parlement et ont forcé le gouvernement à annuler toutes les nouvelles mesures d’austérité mises en place. Au Chili, une fraude des transports en commun massive a donné naissance à une révolte nationale que même l’armée n’a pas réussi à étouffer. De Paris à Beyrouth, en passant par Hong Kong, les gens reconnaissent que notre seul espoir est de résister ensemble.

Le 29 novembre prochain survient à la veille du 20ème anniversaire des manifestations qui ont perturbé et interrompu prématurément le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Seattle en 1999, montrant par la même occasion le pouvoir de l’action directe pour changer le cours de l’histoire. Aujourd’hui, l’opposition au capitalisme s’est largement répandue, mais c’est à nous qu’il incombe de répandre les pratiques de résistance qui nous rendront ingouvernables.

Le mouvement de fraude des transports en commun au Chili.

Personne ne paie – parce qu’ils dépenseront des millions pour des flics, mais ils tueront quelqu’un pour simplement avoir refusé de payer un ticket à deux dollars. Personne ne paie – parce que l’infrastructure qu’ils construisent n’est pas destinée à nous servir, mais bien à nous contrôler. Personne ne paie – parce que nous ne voulons pas seulement de quelques réformes fragmentaires, nous voulons montrer que nous sommes assez fort·e·s pour changer le monde nous-mêmes. Personne ne paie.

Grève climatique : reprendre le temps!

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Oct 202019
 

De Les temps fous

Au matin du 27 septembre, les rues de Montréal et du Québec ont été prises d’assaut par une marée humaine historique. Par centaines de milliers, jeunes et moins jeunes, ont battu le pavé et ont répondu à l’appel international de la Global Climate Strike. Cet appel à la grève planétaire a fait son chemin dès le printemps 2019 jusqu’au Québec, alors que les premières associations étudiantes et syndicats d’enseignant-es votaient un débrayage pour le 27 septembre. Au cours de l’été, les administrations collégiales, menacées par la tenue de grèves illégales par le corps enseignant, ont décidé de faire de la journée du 27 septembre une « journée institutionnelle » et d’aménager en conséquence le calendrier. Les journées institutionnelles, tel un « capteur de grève », ont peu à peu contaminé l’ensemble du réseau d’éducation québécois, des écoles primaires aux universités. Si, a priori, on pouvait être satisfait que plus de 600 000 personnes soient « libérées » par les autorités afin de participer à la manifestation du 27 septembre, on ne peut qu’être dubitatif quant à l’avenir du mouvement et à son autonomie. La grève comme interruption volontaire et collective du quotidien a été travestie par les directions scolaires qui se sont assurés avec les journées institutionnelles de garder le contrôle de l’agenda et de la temporalité de la lutte.

Le 17 septembre la direction de la CSDM faisait parvenir une lettre aux parents afin de les informer qu’une journée pédagogique serait déplacée afin de permettre la participation des élèves à la manifestation du 27. Au-delà du changement de calendrier, cette lettre a été l’occasion pour la CSDM de menacer ouvertement les élèves qui voudraient faire grève au-delà du 27 septembre :

2. Aviser votre enfant qu’en aucun cas, il ne peut empêcher les autres élèves de l’école d’assister à leurs cours, puisque la scolarisation des élèves est un droit fondamental qui doit être respecté ;

3. Rappeler à votre enfant qu’il doit faire preuve de civisme et ne pas participer à bloquer l’accès à l’école de quelque façon que ce soit, à l’égard de quiconque, car cela pourrait constituer un méfait au sens de la loi.

Tout en aménageant le calendrier pour permettre de manifester le 27 septembre, la CSDM s’assure ainsi que les grèves du vendredi ayant affecté plusieurs écoles au printemps dernier ne se reproduisent pas. Elle nous rappelle ainsi que les journées institutionnelles décidées par le haut permettent justement aux pouvoirs intermédiaires que sont les commissions scolaires, cégeps et universités, de délégitimer les journées de grève décidées par le bas.

Au niveau universitaire, la situation à Polytechnique a dévoilé avec lucidité les craintes du pouvoir quant à la suite du mouvement. Malgré un vote électronique des étudiant-es à plus de 78 % en faveur d’une levée de cours, l’administration de polytechnique a refusé de répondre positivement à la « demande » de levée les cours. Le directeur général de Polytechnique, Philippe A. Tanguy — un ancien ingénieur de la pétrolière française Total — a justifié le refus d’accepter la demande de levée de cours en affirmant que :

« Polytechnique soutient cette cause, mais nous sommes aussi conscients que, malheureusement, cette journée mondiale ne sera pas suffisante pour résoudre les enjeux climatiques ; il y en aura d’autres et nous ne pourrons pas lever invariablement les cours pour toutes ces journées.

Cette justification démontre bien la limite de demander aux autorités en place de lever les cours. Malgré l’adoption de journées institutionnelles dans plusieurs établissements, on ne peut se permettre d’oublier qu’une grève n’a jamais attendu l’approbation des patrons et autres autorités pour se dérouler et qu’il est tout à fait normal que celle-ci perturbe le calendrier et le quotidien de l’institution et plus globalement de la société.

Le rôle des centrales syndicales dans la disparition de la grève du discours public a également été prépondérant. Alors que plusieurs syndicats commençaient à adopter, au-delà du cadre légal du Code du travail, des mandats de grève pour le climat, les centrales syndicales sont explicitement entrées dans le mouvement en exigeant que les organisateurs de la manifestation arrêtent d’appeler à la grève des travailleurs et travailleuses. Au collectif la « planète en grève », formé de travailleurs et travailleuses de la base, s’est substitué le collectif « La planète s’invite au travail », coordonné par les directions des centrales syndicales. Alors que la Planète en grève visait à bousculer le droit de grève au Québec en assumant à la fois la nécessité et l’illégalité de la grève, le collectif la planète s’invite au travail avait pour objectif de mobiliser le monde du travail en faisant disparaître des affiches, tracts et communications toutes références à la grève. Durant la conférence de presse du 27 septembre, Serge Cadieux, porte-parole du collectif « la planète s’invite au travail » et secrétaire général de la FTQ, nous a rappelé le manque de courage politique des centrales en refusant de faire mention de la dizaine de syndicats ayant décidé de faire grève et en réaffirmant la soumission des centrales syndicales au Code du travail. Au-delà du manque de courage politique des centrales syndicales à se réapproprier la grève hors du cadre légal, Serge Cadieux nous a aussi rappelé la dépolitisation du syndicalisme contemporain. Il a ainsi affirmé « qu’il n’y a pas d’opposition entre l’économie et l’écologie » et que le monde syndical travaille notamment avec « le monde patronal » et « le monde de la finance » afin de faire face à la crise climatique.

Le copinage entre les centrales syndicales et le pouvoir économique et politique ne date pas d’hier, cependant on aurait pu s’attendre à ce que dans le contexte actuel de crise climatique les centrales assument la nécessité d’une rupture avec le système économique capitaliste. Il n’en est rien ! Nous ne nous faisons d’ailleurs aucune illusion sur le rôle des centrales syndicales dans le mouvement de grève climatique qui en a été et en sera un de pacification et de récupération.

En appuyant le mouvement, les administrateurs, politiciens ou patrons s’efforcent de saper tout le caractère politique de la question environnementale. On en fait une « lutte » lisse, sans conflictualité, ou il n’y a ni coupables ni responsables. On s’entend tous et toutes sur l’importance de l’environnement et on marche ensemble pour le souligner, comme si le développement des énergies fossiles, l’appropriation et la destruction des territoires ou le saccage des mers et rivières étaient des processus naturels qui échappent à notre contrôle. Desjardins, la Banque Nationale et la CIBC mettent en place des mesures permettant à leurs employé-es de quitter le travail pour prendre part à la marche, MEC ferme boutique, ainsi qu’une panoplie d’entreprises allant d’un cabinet d’avocat à une agence de publicité. Alors qu’ils se joignent aux manifestant-es, les chefs d’États, ministres ou PDG sont des citoyen-es comme les autres, qui s’engageront à ne plus acheter de pailles en plastique pour l’avenir de leurs enfants. Ils renient le caractère politique du mouvement écologiste, comme si l’avenir de la planète dépendait plus de la bonne volonté de tout un chacun que des décisions qu’ils prennent. En aplanissant et pacifiant ainsi ce qui devrait être une lutte, on assure que la cause environnementale ne sorte pas du carcan de la consommation individuelle, où chacun-e doit faire sa part, et que les 500 000 manifestant-es ne réalisent pas la puissance collective qui pourrait se dégager de leur rencontre.

La récupération des luttes environnementales par le « capitalisme vert » est bien rodée depuis plusieurs décennies. Et c’est peut-être bien parce que ces luttes pourraient avoir la capacité de remettre en question le monde colonial et capitaliste qu’elle a été neutralisée avec autant d’efficacité. Mais pour une fois, le discours de la récupération sonne drôlement faux. La génération qui a grandi bercée par ces mensonges — qui voudraient la voir étudier, recycler, travailler, manger local et s’appauvrir, pour un avenir de plus en plus incertain — refuse de continuer à jouer le jeu. Au cours des derniers mois, on a vu surgir des votes de grèves qui passent avec des majorités écrasantes dans des cégeps inattendus, des prises de mandat de grève illégale par des syndicats locaux ou l’organisation de grèves et de manifestations hebdomadaires s’étalant sur plusieurs mois par des élèves du secondaire.

Derrière la « grève pour la planète » se trament des questions qui débordent largement les enjeux dans lesquels la grève syndicale est légalement circonscrite. La grève pour la planète n’est pas un « moyen de pression » en vue d’obtenir de meilleures conditions de travail ou de bloquer une hausse des frais de scolarité. On demande aux politiciens d’en « faire plus », mais les rares tentatives de définir ce qu’on pourrait entendre par-là tombent à plat. Aucune revendication ne semble être à même de contenir l’ampleur des enjeux soulevés par le mouvement. C’est la condition même du sujet travailleur, ou étudiant, qui pourrait être remise en question par cette grève : pourquoi continuer à étudier, travailler et investir dans ces REER alors que le monde s’écroule sous nos pieds? La grève pour la planète a la capacité de s’assumer pour ce qu’elle est, une grève politique à même d’interrompre la temporalité de ce monde mortifère, une temporalité où la croissance du capital et du monde colonial est imbriquée avec l’accélération de la catastrophe écologique. À l’heure de l’urgence climatique, il ne s’agit plus de quémander aux autorités une libération, mais bien de « Faire Grève » au sens le plus politique qui soit, c’est-à-dire destituer notre quotidienneté en reprenant collectivement chaque moment de nos existences. Il ne s’agit plus de suivre la cadence d’une contestation clôturée par l’État, mais par la grève, par l’interruption, transformer radicalement notre rapport au monde et au temps.

Entre deux

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Oct 092019
 

De Lisières

MISE EN CONTEXTE

Je suis en cours et tout autour de moi les gens discutent d’agroécologie. Ils et elles nomment des concepts écologiques, citent des ouvrages, des articles… rien d’anormal, mais justement un peu ennuyant. J’ouvre mon agenda et je tombe sur l’appel à contributions de « lisières ». Je voulais pourtant écrire quelque chose, mais l’école. L’École me prend tout mon temps, calvaire! Je m’enfonce un peu plus dans mes pensées. Les discussions me semblent lointaines, étouffées, mais j’entends la conférencière parler d’un truc qui capte mon attention. Elle a une diapositive d’une forêt, bordée par un champ. Elle parle de lisières. Mind explosion. Je continue à me perdre dans ma tête et je crache un texte d’idées, comme en écriture dynamique avec les mots que j’entends autour de moi. J’ai l’impression de sculpter ce que je reçois et de lui donner une toute autre image et de faire le parallèle entre les mondes écologiques et anthropiques… Je m’amuse donc à être la lisière entre ce monde académique et celui que j’habite, à faire des analogies entre le monde biologique et politique.

LISIÈRE : endroit de transition où des mondes se rencontrent.

En agroécologie, on réfère souvent aux lisières comme étant des endroits de rapprochement, d’interaction entre différentes communautés (ex. l’endroit où la forêt laisse place au champ agricole). Les lisières sont des endroits riches, dans lesquels la diversité est foisonnante et unique. Ces lisières permettent l’existence des animaux et végétaux de deux écosystèmes différents. C’est, entre autres, dans les lisières que se créent de nouvelles associations. Une lisière peut également être nommée écotone, une région définie par son caractère transitoire entre deux mondes biologiques et physiques. Tout comme le brassage génétique à l’intérieur d’une population qu’elle soit animale (humaine ou non) ou végétale, la confrontation de nos idées crée de nouveaux assemblages, de nouvelles combinaisons qui confèrent une force de résistance aux individus. Parfois, ces nouvelles combinaisons sont gagnantes. Les interactions qui en découlent peuvent ainsi créer des liens commensalistes, symbiotiques et mutualistes qui nous rendent plus fort.es et plus résilient.es aux changements de notre environnement. En effet, une capacité de résilience permet aux organismes d’user de diverses stratégies afin de « retomber sur leurs pieds » suite à un changement majeur les affectant. Cependant, la quête simultanée d’une même niche écologique, d’un même territoire, donc de mêmes ressources à s’approprier individuellement mène souvent à la perte, à l’appauvrissement, à la compétition. Les lisières, ces espaces de co-construction biocuturels sont dynamiques, vacillant entre une multitude d’états (composition, abondance, interactions) en fonction du climat (qu’il soit bioclimatique, ou politique) et des déplacements des espèces qui les habitent (insectes prédateurs, parasites, amphibiens, petits mammifères, humains, etc.).

On sait que dans le sous-sol forestier, les arbres d’une même espèce (population) et inter-espèces (communauté) s’échangent, à travers leur système racinaire, les nutriments, l’eau et les sucres nécessaires à la survie des plus fragiles. On sait également que les comportements de soins tel que le toilettage ou le partage de ressources alimentaires entre les individus d’une même espèce de Desmodus rotundus, une chauve-souris hématophage (qui se nourrit de sang), s’orchestrent de manière à offrir ce service aux individus avec qui illes partagent une forme de parenté qui sort du modèle nucléaire. À tous les jours, ces chauves-souris bénéficient des soins de leur famille élargie et intentionnelle pour survivre. Mais encore, on sait qu’il y a des animaux marins bioluminescents, comme la seiche Euprymna scolopes, qui le devient grâce à l’association qu’elle maintient avec une bactérie (Vibrio fisheri), mais que ni une ni l’autre ne l’est lorsque séparées. Une identité nouvelle émerge alors de leur partenariat.

Ces modèles de collectivité inter et intraspécifique, de mise en commun, de mobilisation, de construction de famille intentionnelle sortant du modèle nucléaire souvent théorisé et étudié dans les communautés anarchistes se trouvent partout autour de nous. À celle ou celui qui ose observer, la subvercité du monde naturel est à couper le souffle : l’abolition des frontières, le compostage d’éléments et d’énergie, la capacité d’adaptation et de réaction à des mondes qui font violence. Il ne s’agit ni d’une initiative humaine, ni d’une nouvelle pratique. C’est dans cette perpétuelle déstabilisation du monde biologique, chimique et social que l’existence évolue. Que notre existence évolue. Nous avons tous ces beaux modèles devant les yeux, mais nous continuons de déchirer la vie quand même, de chercher à posséder plus, en prenant la part des autres. Dans cette illusion du « survival of the fittest », et du progrès unitaire, on érige des clôtures, des murs frontaliers, on achète du territoire volé qu’on cherche à délimiter et protéger.

PROTÉGER DE QUOI AU JUSTE ?

À force de vouloir tout pour toi, à vouloir te réserver ton espace privilégié « bien mérité » par ton salaire durement gagné, eh bien tu perds. Nous perdons. D’ailleurs, le concept de lisière peut avoir une tout autre signification lorsque confronté à ce délire structurel possessif de la propriété privée. On le nomme justement « l’effet lisière », ce phénomène se résume par une perte de biodiversité, de richesse et d’abondance d’interactions lorsqu’un écosystème est fragmenté par une structure anthropique (route, pont, immeuble, mine, pipeline, pylônes d’Hydro-Québec). Un écosystème dépourvu de ses interactions perd de facto son intégrité écologique. La perte de diversité découle principalement de la perte de territoire, de son fractionnement, de sa privatisation.

Alors toi, toi qui invente des frontières arbitraires, qui fractionne par ton béton, par ta haie de cèdre, par ta maison Bonneville pareil comme celle de ton voisin, par les routes construites, de l’endroit où on y a coupé la forêt qui a construit ta maison, à celles que tu empruntes tous les jours pour aller au travail. Par tes envies de villégiatures et de conquérir tous les espaces et par ton voyeurisme environnemental. Tous ces obstacles au monde naturel que tu construis (et il y en a d’autres) qui coupent le territoire de propriété privée en propriété privée, en lots, en cadastres, en droits de destruction.

Ces obstacles anthropiques à la vie et aux rencontres effacent les lisières offrant de nouvelles niches écologiques, empêchent les déplacements, le brassage génétique, la confrontation d’idées, de manières et de savoirs. Ils participent à créer de petites cellules sociales hermétiques, stables et aseptisées à l’image du traitement qu’on réserve à nos restant d’écosystèmes forestiers du soi-disant Québec. À force de se chicaner à savoir qui possède quoi, pis de vendre au plus offrant un territoire qui ne nous appartient pas, les diversités, tant animale que végétale, que linguistique et culturelle dégringolent. Les organismes vivants se retrouvent isolés, les rendant de ce fait plus « rares », ce qui justifie ensuite au gouvernement de « protéger » des territoires avec interdiction de passage ou chasse pour les communautés locales, nuisant ainsi à la diversité culturelle.

Je possède
Tu possèdes
Il/elle possède
Nous possédons
Vous possédez
Ils/Elles décèdent

 

« L’écologie a à voir avec l’amour, la perte, le désespoir et la compassion. Avec la dépression et la psychose. Avec le capitalisme et ce qui pourrait exister après le capitalisme. Avec l’étonnement, l’ouverture d’esprit et l’émerveillement. Le doute, la confusion et le scepticisme. Les concepts d’espace et de temps. Le ravissement, la beauté, la laideur, le dégoût, l’ironie et a douleur. La conscience et la perception. L’idéologie et la critique. La lecture et l’écriture. La race, la classe et le genre. La sexualité. L’idée du moi et les étranges paradoxes de la subjectivité. Elle a à voir avec la société. Elle a à voir avec la coexistence » – Timothy Morton

Comme la seiche, les chauve-souris vampires, les racines et le mycélium, les lisières cultivent la subversion, la confrontation, les associations. Elles sont des lieux de haute créativité qui défient le narratif scientifique évolutif de compétition, étouffant tout autre mode d’interaction coopératif. À cet effet, l’autrice Donna Haraway souligne judicieusement le concept de co-constitution et de socialité inter-espèces qui vient également brouiller cette croyance néolibérale du progrès évolutif unitaire au profit de l’autre, représentant une entité biologique à combattre plutôt qu’à connaître et accueillir. Haraway prône ainsi le compost de substance, ce que je compare dans ce texte au compost humain et aux nouvelles possibilités créées dans les lisières. Justement, il nous faut cultiver une diversité à l’image de celle qui nous constitue en tant qu’être humain. Cette diversité qui est à la base de notre métabolisme et elle nous maintient en vie. Si ce n’était pas de cette étrangère communauté qui habite notre estomac, notre intestin, notre système lymphatique, nous ne serions pas ici. Une communauté solide et résiliente est une communauté qui sait maintenir une richesse spécifique et qui repose sur la présence de traits fonctionnels et compétences complémentaires. Traduit au monde humain, il s’agit de décentraliser son milieu, démontrer une certaine plasticité et créer des liens associatifs innovateurs.

Cultivons la pluricité. Détruisons la propriété privée.

Vers un mouvement environnemental révolutionnaire

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Oct 052019
 

De la CLAC

Ce texte a été produit par la CLAC, l’IWW et Montréal Antifasciste et a été distribué lors du manifestation pour le climat qui a eu lieu le 27 septembre 2019 à Montréal. On peut aussi télécharger la brochure pour imprimer ici.

 

1. LES GOUVERNEMENTS NE NOUS SAUVERONT PAS

Ceux qui profitent de la destruction des écosystèmes et de l’exploitation des gens qui nous tiennent à cœur ne seront pas « réformés ». Ils prétendront entendre nos voix et, par moments, mettront en place de grandes entreprises spectaculaires pour apaiser temporairement notre colère. Ils nous encourageront à canaliser notre anxiété dans des gestes inutiles qui ne font que renforcer l’individualisme. Pendant que certain.es d’entre nous s’efforcent de prendre des douches plus courtes ou de réduire les déchets qu’iels produisent, les représentants des gouvernements, des universités et des entreprises investissent sans aucune gêne dans de nouveaux pipelines, organisent des conférences académiques dépourvues de toute critique systémique ou s’envolent vers de luxueuses rencontres pour faire des promesses creuses.

L’impact humain des émissions de gaz à effet de serre sur le climat est connu depuis la fin du 19e siècle. L’impact du dioxyde de carbone sur le réchauffement climatique est largement reconnu depuis les années 70. Depuis les années 80 et 90, les études et les modèles informatiques démontrent de façon accablante l’impact de l’activité humaine sur les changements climatiques. Cela fait plus de 30 ans que l’Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) a été fondé dans le but de compiler de l’information et de conseiller les gouvernements sur la façon de minimiser les changements climatiques anthropiques (produits par l’humain) qui ont déjà causé la perte d’innombrables vies humaines et l’extinction de plusieurs autres espèces animales. Ce panel affirme maintenant qu’il ne nous reste que 10 ans avant d’atteindre un point de non-retour vers la mort de la planète. Ce sont les pays du Nord global qui consomment la majeure partie des ressources de la planète. Et pourtant, nous voici encore à demander aux gouvernements coloniaux et à la classe politique qui ont causé cette catastrophe de bannir les pailles de plastiques et d’augmenter la taxe sur le carbone. Cela fait des décennies que nous les supplions. Il est grand temps que nous reprenions le pouvoir sur la situation.

 

2. LE CAPITALISME ET LA CRISE CLIMATIQUE

Le capitalisme est un système socioéconomique et politique qui implique qu’une poignée de privilégiés possèdent ce dont le reste d’entre nous a besoin pour survivre. Cela signifie que la valeur des êtres sensibles est déterminée selon leur capacité à générer du profit. Les terres, les lieux de travail, les arbres, les animaux, les habitations et l’eau sont la propriété privée d’individus et d’entreprises, leur donnant ainsi le pouvoir de les exploiter comme bon leur semble, sans égard de nos préoccupations, de nos besoins et de notre bien- être. C’est ce système économique qui permet aux entreprises d’exploiter les hydrocarbures sur des territoires autochtones non cédés alors que les gouvernements étouffent toute forme de résistance en employant des forces policières militarisées.

Pour assurer son existence, le capitalisme doit maintenir en place la hiérarchie, le pouvoir et l’obéissance. C’est ce qui explique que nos actes de rébellion soient traités différemment de leurs actes de violence systémiques (ex. voler de la nourriture au Wal-Mart ou voler les terres des communautés autochtones). Les actions que l’on pose en vue d’un meilleur futur n’ont aucun sens sans une rupture radicale avec le système qui a érigé la violence et la destruction comme l’état normal (et légal) des choses.

 

3. COLONIALISME, RACISME ET DESTRUCTION

Être vert, c’est aussi s’opposer au colonialisme et au racisme. Ces systèmes d’oppression sont intégralement imbriqués dans la crise climatique.

La pollution atmosphérique ne peut être comprise sans prendre en compte le passé et le présent des réalités coloniales. Notre compréhension des contributions respectives de divers pays aux changements climatiques doivent rendre compte de l’émission historique des gaz à effet de serre et, encore davantage, de qui profite de la destruction. Des entreprises et des empires ont été bâtis sur l’exploitation des Noirs, des communautés autochtones et d’autres personnes de couleur. Des entreprises canadiennes et américaines assassinent des militant.es pour la protection de la terre en Amérique latine et en Afrique, empoisonnent l’air et les courants d’eau en Asie et expédient nos ordures par bateau pour les déverser loin de nos regards.

À plusieurs moments dans l’histoire canadienne, la dévastation écologique a été utilisée comme une arme à l’encontre des communautés autochtones. Au 19e siècle, la surchasse des bisons par les colons dans les Prairies a mené à des famines, alors que la pratique était encouragée en toute connaissance de cause par le gouvernement canadien de John A. McDonald comme outil génocidaire visant à « clear the West ». De telles pratiques continuent toujours aujourd’hui. Dans la communauté autochtone de Grassy Narrows, située près de la frontière de l’Ontario et du Manitoba, l’eau a été contaminée par du mercure déversé dans leur source d’approvisionnement en eau par une usine de papier en amont. Une étude estime que 90 % de la population souffre d’un empoisonnement au mercure, qui peut causer entre autres des changements émotionnels, des troubles cognitifs ou des pertes de auditives. Le métal lourd peut être transmis d’une mère à son enfant durant la grossesse, ce qui en fait une problématique qui s’étale sur plusieurs générations. C’est l’héritage du colonialisme et du génocide canadien: pour plusieurs personnes la catastrophe écologique a déjà eu lieu il y a plusieurs centaines d’années.

Les personnes les plus opprimées sont toujours celles qui payent le prix des modes de vie occidentaux et de la croissance effrénée qui les accompagne. Les sécheresses, les inondations et les famines sont de plus en plus communes et créent des réfugiés climatiques de plus en plus nombreux. Pendant qu’on se bat contre les changements climatiques, on doit aussi se battre contre le système de frontières qui accorde plus d’importance à certaines vies qu’à d’autres. On doit se battre contre la police qui entre chez des migrant.es au beau milieu de la nuit pour enlever les parents. On doit se battre contre la construction de la prison de migrant.es à Laval où des enfants grandissent derrière des barreaux. On doit se battre contre les guerres du pétrole, qui laissent dans leurs sillages des pays entiers détruits. On doit se battre contre la suprématie blanche, qu’elle prenne la forme de milices néofascistes, de chroniqueurs conservateurs ou de l’État colonial réclamant la souveraineté sur des territoires autochtones. Au bout du compte, on doit aussi confronter quiconque accepte cette situation sans en ressentir une profonde colère. On ne peut pas accepter que les privilégiés de cette planète utilisent des termes comme « surpopulation » ou « crise migratoire » parce qu’ils sont trop apeurés ou égoïstes pour s’opposer aux réels coupables de la destruction de notre monde.

 

4. REFUSER LES BOUCS ÉMISSAIRES ET L’EXTRÊME-DROITE

Suite à l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléan en 2005, des suprémacistes blancs ont profité du désastre pour assassiner, au hasard, des personnes noires qui tentaient de survivre aux inondations. Plus récemment, en 2019, que ce soit à Christchurch, en Nouvelle-Zélande ou à El Paso, des néonazis ont commis des massacres tuant des dizaines de personnes de couleur en affirmant explicitement vouloir « sauver l’environnement ». Partout sur la planète, des pressions sont faites pour que les pays riches, ceux qui sont à l’origine de la crise écologique, resserrent leurs frontières et limitent l’immigration au nom de la protection des ressources naturelles. Parallèlement, des racistes s’en prennent aux minorités visibles ou aux populations du Sud global à coût de mesures coercitives de « contrôle de population » dans le but de limiter la croissance de la population mondiale. Au Québec, les membres des groupes d’extrême-droite anti-immigration se sont parfois retrouvés les bienvenus dans les espaces de mobilisation pour l’environnement, alors que les problématiques liées aux personnes de couleurs et à l’antiracisme ont été mises de côté.

Cet héritage de l’écofascisme doit être adressé et confronté. Autrement, les mouvements écologistes sont à risque de se faire manipuler et transformer en instrument d’oppression envers les populations qui subissent déjà le plus directement les catastrophes engendrées par le capitalisme

 

5. CE QU’ON PEUT FAIRE !

  • Rejeter la légalité, particulièrement quand les lois ont été faites par des États coloniaux (comme le Québec et le Canada) et ne sont pas reconnues par les communautés autochtones.
    • Écouter et faire place aux voix des communautés autochtones au sein des luttes contre la destruction coloniale et capitaliste des écosystèmes.
    • Être à l’affût de la récupération de nos luttes par les partis politiques ou les entreprises dans le but de gagner de la sympathie ou du capital.
    • Éviter les partis politiques, les organismes ou quiconque prétend se battre contre la domination tout en reproduisant des systèmes hiérarchiques de pouvoir.
    • Apprendre des façons alternatives (anarchistes, communistes, féministes, anticoloniales) d’organiser la vie sociale.
    • S’attaquer aux symboles du pouvoir capitaliste : les banques, les compagnies minières, les corporations multinationales.
    • Prioriser la lutte contre toutes les formes d’oppression, et s’assurer que le poids lié aux problèmes causés par les changements climatiques ne retombe pas sur les épaules de celleux qui sont attribué.es par le patriarcat à des rôles de soin.
    • Mettre en pratique des méthodes de prise de décision par consensus et établir des relations consensuelles.
    • S’informer, se sortir de l’isolement en trouvant des allié.es dans nos communautés et construire des réseaux de résistance avec celleux qui veulent lutter contre le pouvoir en place.
    • Ne prendre que des risques calculés et adopter des pratiques sécuritaires.
    • Et bien sûr, si on est pour se faire arrêter, que ça en vaille la peine!

Ce pamphlet a été écrit et distribué sur des terres autochtones non cédées et sur un lieu de rassemblement appelé Tiohtiá:ke (Montréal) par la nation Kanien’kehá:ka (Mohawk).

 

AUTRES GROUPES ET RESSOURCES DINTÉRÊT

Chasser Atalante: pour qui travaillent les fachos?

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Oct 022019
 

De Montréal Antifasciste

En décembre 2018, Montréal Antifasciste a fait paraître un dossier sur l’organisation néofasciste Atalante retraçant à la fois l’historique du groupe et le parcours de certains des individus qui se trouvent au cœur du projet, dont les membres du gang Québec Stomper Crew et du groupe Légitime Violence. Une série d’articles annexes sont parus depuis exposant différents personnages évoluant dans la sphère d’influence d’Atalante.

Nous sommes maintenant en septembre 2019, et si les activités d’Atalante ont quelque peu ralenti au cours des derniers mois, les militant-e-s du noyau dur ne montrent aucun signe de vouloir raccrocher leur faisceau, et il nous faut encore augmenter la pression pour leur faire comprendre ainsi qu’à leur entourage que nous n’avons pas l’intention de lâcher le morceau.

Pour rendre insupportable le coût social d’être fasciste ou nazi dans nos collectivités et communautés, la plus efficace des tactiques est encore d’exposer les fachos à leurs communautés, collègues et employeurs, familles et voisins, à qui ils et elles cachent généralement la vraie nature de leurs activités ou utilisent des euphémismes comme « nationalistes » pour ne pas dire qu’ils et elles sont fascistes. Puisqu’ils et elles ont fait le choix d’être des nazi-e-s et de persister dans cette voie, nous avons la ferme intention de leur en faire subir les conséquences. L’histoire nous montre que les idéaux fascistes conduisent toujours tôt ou tard à la violence -parfois jusqu’au génocide- contre différentes catégories de personnes qui subissent déjà leur lot de misère et d’oppression dans la société capitaliste soi-disant démocratique, et il n’est pas question que nous laissions cette histoire se répéter.

En nommant les différents emplois des fachos d’Atalante, notre intention est assurément de chasser les fascistes de leur lieu de travail, car les projets qu’ils portent en privé mettent en danger à la fois leurs collègues et les membres du public qu’ils y côtoient, tout particulièrement les personnes racisées, musulmanes, juives, queers et/ou identifiées à gauche.

Nous croyons que les campagnes visant à les isoler, à les expulser et à cibler les entreprises qui les soutiennent et les abritent sont nécessaires tant du point de vue de la sécurité publique que de la solidarité de la classe ouvrière.

Ceci est un rappel que les fascistes ne sont pas et ne seront jamais bienvenu-e-s dans nos milieux de vie et de travail.

 


Roxanne Baron, infirmière auxiliaire

Roxanne Baron

Roxanne Baron

Hôpital de l’Enfant-Jésus (Centre Hospitalier Universitaire de Québec)
1-418-525-4444
info@chudequebec.ca
https://www.facebook.com/HEJQc

Roxanne Baron, la seule femme du Québec Stomper Crew, n’est pas la moindre de ses membres. Elle est aussi une figure centrale d’Atalante ayant participé à quasiment toutes les actions de l’organisation depuis ses débuts.

Son rôle précis au sein d’Atalante n’est pas clair, mais nous savons qu’elle faisait jusqu’à tout récemment office d’influenceuse sur Instagram en partageant un très grand nombre de photos d’elle et de ses camarades en pleine action à Québec et Montréal, par exemple, ou en pèlerinage en Italie auprès de la « maison mère », CasaPound. (Son indiscrétion sur Instagram a d’ailleurs coûté leur anonymat à quelques-uns de ses camarades… oups.)

Fait particulièrement sidérant à plusieurs égards, Baron n’a pas hésité à mentionner à de nombreuses reprises au fil des mois et des années les lectures douteuses qu’elle faisait à même son lieu de travail : l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Elle a affirmé y lire à l’insu de ses collègues et usagers des ouvrages de l’organisation néofasciste CasaPound, du nazi belge Léon Degrelle, de l’historien fasciste Robert Brasillach, de l’intellectuel ultranationaliste Charles Maurras et de l’auteur antisémite français Jacques Ploncard. Elle s’est même carrément vantée de faire passer ses lectures nazies inaperçues au travail :

« Journée tranquille… Quand on croit que tu lis de petits romans comme tout le monde au travail (MDR) »

Nous savons aussi de son compte Instagram que Baron s’est fait tatouer un certain nombre d’images appartenant à l’iconographie fasciste et néonazie (voir le caroussel d’images ci-dessous), dont : un faisceau, le symbole à l’origine du mot ‘fascisme’; la croix celtique, la marque universellement reconnue du mouvement « White Power »; l’inscription « le diable rit avec nous », une référence aux paroles de l’hymne nazi SS marschiert in Feindesland; l’inscription « presente per tutti camerati caduti », un salut traditionnel du fascisme italien; et un mjölnir, ou marteau de Thor, une illustration qui n’est pas foncièrement raciste, mais qui est systématiquement arborée par les odinistes suprémacistes blancs. Pour compléter l’arbre de Noël, ce qui n’est pas sans intérêt pour les contempteurs de « signes religieux ostentatoires » en milieu de travail, Baron porte au cou un pendentif représentant le sonnenrad, ou soleil noir, un symbole occulte commun à l’ensemble des courants néonazis contemporains.

Il est pour le moins alarmant de penser que cette personne, qui dans sa vie privée adhère ouvertement à un projet politique foncièrement raciste, antisémite, islamophobe et homophobe, travaille dans un établissement du réseau de la santé et est donc quotidiennement au contact du grand public, dont une partie considérable appartient forcément aux différents segments de populations désignés comme groupes à éliminer par l’idéologie nazie.


Antoine Mailhot-Bruneau

Antoine Mailhot-Bruneau

Antoine Mailhot-Bruneau, paramédic

Dessercom
1-418-835-7154
https://www.dessercom.com/nous-joindre/
https://www.facebook.com/dessercom/

Alias « Tony Stomper ». Après avoir grandi à Mont-Laurier avec son frère cadet Étienne (lui aussi membre central d’Atalante), Antoine Mailhot-Bruneau amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers, qui forment déjà un gang de rue se rapprochant des idéaux ultranationalistes et d’extrême droite. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandonne rapidement.

Lors d’un voyage en Italie il découvre le Blocco Studentesco, une organisation étudiante néofasciste qui est en fait la branche jeunesse de CasaPound (voir le caroussel d’images ci-dessous). Petit à petit, il devient l’idéologue d’Atalante et dirige selon toute vraisemblance l’écriture du pamphlet Saisir la foudre sous le pseudonyme Alexandre Peugeot, lequel signe également quelques articles dans le journal Le Harfang de la Fédération des québécois de souche.

Beaucoup plus discret que son ami Raphaël Lévesque, Antoine a toujours pris grand soin de garder secret son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant son visage dans les rares photos et vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes. Malheureusement pour lui, c’est à partir d’une entrevue qu’il a lui-même accordé en août 2017 à Zentropa Serbie (un satellite de CasaPound), sous le pseudonyme « Alexandre », que nous avons pu déterminer sans difficulté le rôle prépondérant qu’il joue dans Atalante.

Malgré sa grande circonspection, nous avons par ailleurs pu confirmer qu’il est paramédic sur la rive sud de Québec, dans la région Chaudière-Appalaches, à l’emploi de l’organisation Dessercom de Lévis.

Comme dans le cas de Roxanne Baron, les fonctions professionnelles d’Antoine Mailhot-Bruneau, un militant fasciste et membre d’un gang violent, l’amènent nécessairement à côtoyer des membres du public appartenant à des catégories stigmatisées et victimisées par les fascistes.

Imaginez si vous le pouvez le sentiment d’un immigrant de première génération, d’une musulmane ou d’un Juif souffrant d’un arrêt cardiaque ou d’un autre malaise voyant débarquer comme premier répondant un militant et idéologue fasciste, foncièrement raciste, antisémite et islamophobe. Imaginez que votre vie dépende des soins prodigués par cet individu qui adhère sans réserve, par exemple, à la nécessité d’une « remigration » de toutes les personnes migrantes ne faisant pas partie de la population de vieille souche canadienne-française et catholique.

Nous croyons quant à nous que cette situation est intolérable et s’inscrit contre les principes éthiques et les normes professionnelles à la base même du métier de paramédic.


Yan Barras

Yan Barras

Yan Barras, travailleur social (non membre de l’Ordre des travailleurs sociaux)

Habitations Meta Transfert inc.
1-418-649-9402
metatransfert@hotmail.com

Dans la nuit du 31 décembre 2006 au 1er janvier 2007, un petit groupe de Stompers et d’associés, dont Raphaël Lévesque et Yan Barras, faisait irruption au café-bar L’Agitée de Québec, une coopérative de solidarité réputée pour être administrée et fréquentée par des militant-e-s antiracistes. En moins de temps qu’il ne vous faudra pour lire cette fiche, les boneheads avait saccagé le bar et Yan Barras avait poignardé pas moins de six personnes avec un x-acto avant de déguerpir.

Malgré le caractère sordide de l’incident, les Stompers ont tiré une certaine fierté de cette agression sauvage, allant même jusqu’à y faire référence dans les paroles de la chanson éponyme Légitime Violence :

« Ces petits gauchistes efféminés,
qui se permettent de nous critiquer,
ils n’oseront jamais nous affronter,
on va tous les poignarder! »

Après avoir plaidé coupable d’agression armée, Yan Barras a été condamné à deux ans de prison ferme. Le juge l’avait même invité à suivre une thérapie en prison pour soigner ses tendances à la brutalité aveugle. À sa sortie de prison, Barras a d’ailleurs fait mine de rentrer dans le droit chemin en s’inscrivant au programme de travail social du CEGEP de Sept-Îles.

Mais loin de s’amender, Barras s’est plutôt fait tatouer l’inscription « No Remorse » dans le front, sous la représentation d’un crâne mordant les trois flèches symbolisant l’antifascisme (voir le caroussel d’images ci-dessous), et s’est empressé de regagner les rangs de son crew raciste, dont les membres allaient plus tard créer Atalante. Non seulement Barras ne s’est-il jamais éloigné de Raphaël Lévesque, des frères Mailhot-Bruneau et consorts, il a à maintes reprises participé aux activités d’Atalante au cours des dernières années, en plus de continuer à provoquer et intimider la gauche de Québec, notamment en défilant avec les Stompers au milieu d’une petite manifestation pour le droit à l’avortement, en août 2015, et plus récemment en narguant les participant-e-s de la manifestation du 1er mai 2019 avec ses frères, dont l’un s’est même fendu d’un salut hitlérien.

Barras travaille aujourd’hui pour l’entreprise de réinsertion sociale Habitations Méta Transfert inc., à Québec, où il est « coordonnateur de liaison ». Il va sans dire que cela le place dans une position d’autorité auprès d’une clientèle vulnérable, une position dont il peut se servir pour recruter quiconque correspond à ses fantasmes de « race supérieure » ou refuser des services à ceux et celles qu’il juge « inférieur-e-s ». Il est d’ailleurs permis de se demander combien d’autres néonazis cette entreprise emploie…


Shawn Beauvais-MacDonald. La citation est d'Adolph Hitler.

Shawn Beauvais-MacDonald. La citation est d’Adolph Hitler.

Shawn Beauvais-MacDonald, agent de sécurité; étudiant au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME)

Securitas (banque CIBC du Chinatown, Montréal)
**Il est très possible qu’il ne soit plus à cet emploi depuis quelques mois ou ne l’occupe désormais qu’à temps partiel.**

1-888-935-2533
info@securitas.ca
https://www.facebook.com/Securitasjobs.ca
https://twitter.com/Securitas_Group

Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité (CIMME)
1-514-364-5300
https://www.facebook.com/cimmelasalle/
https://twitter.com/csmbcimme
Commissaire : Joanne Bonnici

Shawn Beauvais-MacDonald a souvent été mentionné sur ce site. Il a d’abord accédé à la notoriété en août 2017, lorsqu’il a été aperçu parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage jusqu’à Charlottesville pour participer au rassemblement « Unite the Right »[1]. Il s’est avéré à peu près au même moment qu’il avait joué dans les mois précédents un rôle stratégique dans l’organigramme de La Meute, notamment en tant que gestionnaire « anglophone » de la page Facebook de l’organisation islamophobe (voir le caroussel d’images ci-dessous).

Mais Beauvais-MacDonald n’avait pas fini de nous réserver des surprises! Il s’est plus tard avéré qu’il était un membre très actif du salon de discussion « Montreal Stormer Book Club », sous le pseudonyme FriendlyFash, et du petit club social néonazi qui essayait à l’époque de s’organiser à Montréal. Beauvais-MacDonald ne cachait d’ailleurs pas ses penchants nazis sur Facebook ou ses autres comptes de médias sociaux.

Dans la foulée d’une manifestation d’extrême droite à Québec, à l’automne 2017, il a commencé à se faire voir de plus en plus souvent auprès d’Atalante et dans les différentes actions du groupuscule néofasciste. Il a participé à plusieurs campagnes d’affichage, distributions de denrées et autres actions de visibilité d’Atalante à Québec, Montréal et Ottawa. Il est vite devenu évident que Beauvais-MacDonald militait désormais activement pour Atalante, et ce, jusqu’à ce jour.

Lors de sa participation au podcast This Hour has 88 Minutes, le 4 janvier 2018, Beauvais-MacDonald a parlé des conséquences du doxxing dans sa vie quotidienne. Il a dit avoir perdu un de ses deux emplois (comme portier dans un bar), mais que les gens qu’il côtoyait dans son autre emploi trouvaient ça « hilarant » :

« The other job, I work with Chinese people and they find it hilarious, so whatever. »

Malgré qu’il ait été très largement dénoncé et exposé en août 2017, il semble que Beauvais MacDonald soit resté jusqu’à très récemment employé par la firme Securitas comme gardien de sécurité, notamment à la succursale de la CIBC située dans Chinatown à Montréal. La question se pose si la compagnie Securitas est restée aussi longtemps ignorante des activités de son employé (malgré de très nombreuses mentions dans les médias traditionnels et sur les sites antifascistes), ou si elle a sciemment fermé l’œil sur ces activités.

Il est aussi légitime de se demander si son job de gardien de sécurité (pour une entreprise cotée en bourse, soit dit en passant) n’a pas donné à Beauvais-MacDonald l’accès à du matériel ou à des données privilégiés qu’il aurait pu faire profiter à son réseau de néonazis[2]. Aurait-il eu accès à des bases de données informatiques ou à d’autres ressources grâce à son emploi chez Securitas?

Nous ignorons à ce stade-ci si Beauvais-MacDonald est toujours à l’emploi de Securitas, mais nous savons en revanche qu’il est aujourd’hui inscrit au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité, à LaSalle.

Reste maintenant à savoir comment l’administration de l’école et la communauté étudiante réagira à la présence régulière de ce nazi notoire dans leur enceinte.


Étrienne Mailhot-Bruneau

Étrienne Mailhot-Bruneau

Étienne Mailhot-Bruneau, graphiste

Sunny Side Up Creative
1-418-522-8541
info@sunnysup.com
https://www.facebook.com/SunnySideUpCreative/
https://twitter.com/sunnysideupcrea
https://www.instagram.com/sunnysideupcreative/

Frère cadet d’Antoine, Étienne Mailhot-Bruneau est un autre acteur important d’Atalante et membre en règle du Québec Stomper Crew. Finissant en 2017 au bac en art et science de l’animation à l’Université Laval, Étienne est le graphiste de facto d’Atalante, dont il a réalisé des dessins, logos et affiches sous le pseudonyme « Sam Ox ». Suite à la sortie du dossier « Démasquer Atalante » qui a établi le lien entre lui et son avatar, Étienne s’est fait discret et a désactivé tous ses comptes sur les principales plateformes professionnelles.

Malgré la tache « brune » sur son CV, il semble avoir trouvé un emploi auprès de la compagnie Sunny Side Up Creative de Québec.


Vincent Cyr

Vincent Cyr

Vincent Cyr, boucher

Fruiterie Milano
1-514-273-8558
info@fruiteriemilano.com
https://www.facebook.com/FruiterieMilano/

L’un des militants les plus actifs d’Atalante dans la région de Montréal, Vincent Cyr participe à de nombreuses activités du groupe et à la plupart des sorties d’affichage nocturne. Originaire de la rive sud de Montréal, il a longtemps traîné dans la scène hardcore et punk longueilloise avant de se radicaliser au contact de boneheads, pour finalement s’assumer pleinement comme facho. Très isolé dans son milieu (il est fils d’un militant syndical!), il semble s’être trouvé une famille avec Atalante.

Cyr est boucher à l’emploi de la fruiterie Milano, une épicerie de quartier située dans la Petite Italie à Montréal, où son frère travaille également.


Jean Mecteau

Jean Mecteau

Jean Mecteau, tatoueur

1-418-265-5222
https://www.facebook.com/jhanmecteau/
1709, rue Bergemont, Québec

Bassiste de Légitime Violence, le groupe phare d’Atalante, Jean Mecteau est issu de la scène hardcore.  Adepte de « grandeur nature », il partage sa vie entre le cosplay, son rôle de second violon dans un pitoyable band néonazi, et son business de tatoueur sous la bannière Jhan Art.

Mecteau est l’un des tatoueurs réguliers de l’entourage d’Atalante et des Stompers, ce qui explique peut-être pourquoi il a retrouvé  son salon de tatouage quelque peu « entaché » à son retour d’un récent séjour à Bicolline (le plus important site de GN au Québec)… 


Sven Côté

Sven Côté

Sven Côté, cuisinier

Restaurant Le Fin gourmet
1-418-682-5849
https://www.facebook.com/LeFinGourmet/
https://www.instagram.com/lefingourmet_qc/

« Svein Krampus » sur Facebook, Sven Côté est un bonehead de longue date proche de la scène NSBM (black métal national-socialiste). Il milite dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Protégé de Raf Stomper, avec qui il échange des publications ouvertement antisémites sur les réseaux sociaux, il est resté fidèle au groupe et n’hésite plus aujourd’hui à montrer son visage dans les activités d’Atalante. Il a grandi et vit toujours à Québec, dans la basse ville. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018. Nous pensons que cette attaque faisait office de rite de passage pour être admis dans le Québec Stomper Crew, groupe dont il a reçu les couleurs le soir même de l’attaque.

Il est cuisinier au restaurant Le Fin Gourmet, dans le quartier Saint-Sauveur de Québec.

 

D’autres révélations suivront…

 

Virer les fachos : une tâche qui incombe à nos communautés

Les militants et militantes fascistes ne sont pas de simples quidams avec qui nous sommes en désaccord sur des points de détail : ce sont des individus haineux qui souhaitent réaliser un nouvel ordre social partiellement déterminé par l’oppression, la persécution et l’élimination de millions de personnes. Leur idéologie en tant que telle constitue un danger immédiat et une forme de violence contre un grand nombre d’entre nous : queers, racisé-e-s, « de gauche », musulman-e-s, Juif-ve-s, et bien d’autres identités encore.

En même temps, le capitalisme en soi constitue une forme de violence contre un grand nombre des personnes ciblées par l’extrême droite. En tant qu’anticapitalistes, nous ne reconnaissons pas l’autorité des patrons, de l’État ou des ordres professionnels, et ne leur cédons en rien la responsabilité d’expulser les fascistes de nos espaces de vie et de travail. Cela dit, nous reconnaissons que très souvent, les travailleuses et travailleurs doivent s’unir et prendre les mesures nécessaires pour forcer les employeurs à garantir leur sécurité.

L’exclusion des fascistes et autres militant-e-s d’extrême droite est une tâche qui incombe avant tout aux travailleurs et travailleuses ainsi qu’aux membres du public qui sont mis en danger par leur présence et leur activité. C’est dans cet esprit que nous partageons ces renseignements.

Ami-e-s, il est temps de nous mettre au travail.

 

 

 

 

 


[1]               Cette mobilisation se voulait une démonstration de force de tout ce que l’Amérique du Nord compte de suprémacistes blancs, de nationalistes « ethniques », d’identitaires, de néonazis et autres néofascistes alignés sur le courant « Alt-Right » américain. Les événements du 11 et du 12 août 2017 à Charlottesville sont passés à l’histoire comme un fiasco historique pour l’Alt-Right, notamment parce que le suprémaciste blanc James Alex Fields a choisi l’occasion pour perpétrer un attentat à la voiture-bélier entraînant la mort de la militante antiraciste Heather Heyer.

[2]              Il y a quelques années à peine, il a été révélé que la société de sécurité HESS en Allemagne fournissait des gardes d’extrême droite à Amazon pour surveiller les travailleurs étrangers dans les entrepôts de l’entreprise, où ils intimidaient et maltraitaient les travailleurs. Plus près de chez nous, dans les années 1980 au Canada, William Lau Richardson, le chef de la “Klan Intelligence Agency” du KKK, était employé par la société de sécurité Centurion, un poste qu’il occupait pour mener des opérations contre la gauche. Dans les années 1990, il a été allégué que le détective privé néonazi Al Overfield a également utilisé son accès aux bases de données informatiques de la police pour fournir des renseignements sur les antifascistes à ses amis du Heritage Front, et Bryan Taylor, chef du Ku Klux Klan en Colombie-Britannique, a utilisé son poste chez ADT Security Systems pour diffuser de la propagande raciste.