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Nouveau sabotage contre Northvolt – Aucun capitaliste n’est à l’abri

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Mar 082024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette semaine marquait le retour des oiseaux migrateurs en Montérégie et le début de la nidification pour plusieurs espèces. Le chantier Northvolt est désormais engagé dans une course contre la montre afin de remblayer un maximum de milieux humides d’ici le 10 mars avant d’être empêché par la réglementation fédérale protégeant les oiseaux migrateurs. Si les travaux de déboisement sont terminés du côté de Saint-Basile-le-Grand (8700 arbres abattus) des travaux similaires s’amorcent désormais dans la partie Est du terrain appartenant à McMasterville. C’est dans cette section que se trouve le dernier boisé encore intact, peut-être préservé de la coupe en raison des actions répétées de spiking qui y ont eu lieu.

Afin de freiner le saccage des milieux naturels, des militant·es se sont attaqués à la carrière Mont-St-Hilaire du groupe Michaudville, responsable jusqu’à maintenant du remblayage de plus d’une dizaine d’hectares de zones marécageuses essentielles à la survie d’espèces vulnérables comme le petit blongios, la tortue molle à épines et la chauve-souris rousse. En raison de l’artificialisation des sols et de l’étalement urbain, il ne reste plus, aujourd’hui, que 5% de milieux humides dans ce bassin versant. Non seulement ce projet industriel n’aidera en rien à la décarbonisation de notre économie (comme le prétendent nos ministres), mais il se fera, en plus, aux dépends de la biodiversité locale. Rappelons que la crise écologique n’est pas seulement une crise climatique, mais aussi une crise de la biodiversité toute aussi menaçante. C’est grâce à nos relations avec d’autres espèces si nous vivons, mangeons et respirons. Nous sommes entièrement dépendent·es de ces écosystèmes.

En début de semaine, une centaine d’engins cloutés ont été répandus sur le chemin menant à la carrière afin de cibler les camions transportant la terre et le gravier servant au remblayage. Dans les dernières semaines, ce sont au-delà de cent allers-retours qui s’y sont produits quotidiennement avec un passage de camion aux 3 minutes. Toute action qui perturbe la circulation et entrave l’unique voie d’accès à la carrière cause des pertes financières affectant la rentabilité du projet. Chaque heure de travail perdue est une victoire pour les opposants à Northvolt.

Le projet Northvolt ne sera jamais écologique. Avec la filière batterie, le gouvernement caquiste profite du dérèglement du climat pour faire des affaires. Tandis que l’État injecte aujourd’hui des milliards de dollars pour sauver l’industrie automobile, ces investissements nous obligent à assurer, pour les décennies à venir, la croissance d’un secteur économique tout aussi destructeur que l’économie fossile. L’électrification massive des transports et le tout-à-l’auto nécessitent la multiplication des mines dans les pays du Sud et sur le territoire des Premières Nations. Partout, les terres agricoles, les cours d’eau et les populations qui en dépendant seront empoisonnés par des rejets toxiques. Des forêts entières seront jetées à terre, des montagnes éventrées. La crise écologique est insoluble dans le capitalisme : notre unique voie de sortie passera par l’entraide, la création de communautés résilientes et la décroissance.

Aux entreprises qui collaborent avec Northvolt : personne n’est à l’abri!

Attaquons Northvolt, toujours, partout

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Fév 282024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Des anarchistes ont encore attaqué la machine de destruction capitaliste sur le site de Northvolt. Des pics d’acier ont été mis en place sur les différents chemins utilisés par la machinerie. En plus, de nouveaux clous ont été mis dans des arbres, cette fois sans les identifier, pour maximiser le potentiel de destruction sur la machinerie écocidaire. Les personnes ayant fait l’action n’ont pas peur de se faire prendre. Même si c’était le cas, elles demanderaient d’être jugées par leurs pairs. Par les tortues molles à épines, les petits blongios et les chevaliers cuivrés. Par toutes les espèces qui meurent parce que la destruction de la planète, c’est payant en crisse.

En effet, pour maintenir la croissance économique capitaliste, ça prend des bungalows de banlieue pitoyables de plus en plus grands et des chars de plus en plus gros. Pendant ce temps, on se ferme les les yeux et on se laisse bercer par les comptines des capitalistes qui prétendent que les chars électriques réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Sous le prétexte hypocrite de la protection de l’environnement, L’État et ses amis des industries tentent un sauvetage désespéré de l’industrie automobile. Pour qu’elle survive après 2035, le moment où le fédéral interdira la vente de chars au gaz, ils remplacent les chars au gaz par des chars électriques. Les gouvernements s’arrangent alors pour réduire le prix des chars électriques, par des subventions directes et indirectes, pour qu’ils restent accessibles à la classe moyenne. Bref, la filière batterie, c’est le pillage des fonds verts par les gouvernements pour financer la croissance économique, pour permettre à l’industrie automobile de survivre aux changements climatiques qu’elle a causés. Le développement de la filière batterie, c’est pour qu’on continue de vivre dans des villes bruyantes, désagréables, dangereuses, où les centres-villes ont été transformés en autoroutes et en stationnements. Les anarchistes ne veulent rien savoir de leur monde, et c’est pour ca qu’iels tenaient à crisser une pelletée de sable supplémentaire dans ses engrenages.

Et il faut se rappeller que le char électrique, ce n’est qu’en ville qu’il peut prétendre être vert. Tout autour, ce sont les mines, toujours sur des terres autochtones, partout dans le monde. C’est la raffinerie toxique de Rouyn-Noranda. Ce sont les extensions de ports le long du fleuve Saint-Laurent. De l’Afrique à l’Amérique du sud, ce sont les exécutions contre les syndicalistes et les défeuseur·euse·s de la nature effectués au nom des minières canadiennes. À défendre la nature ici, on ne risque pas la mort. Se servir de nos privilèges pour défendre les plus vulnérables, ça veut dire agir ici. C’est un problème causé par les blancs, et il est grand temps qu’on prenne nos responsabilités.

C’était un moment triste pour faire une action. Sur le site de Northvolt, il reste à peine quelques arbres, dont ceux qui étaient identifiés comme ayant été la cible de cloutage la dernière fois. C’est donc dire que l’action directe fonctionne. En effet, ces clous ont probablement fait plus pour la protection de la biodiversité que la COP15, et toute la ribambelle d’autres COP. On voit clairement en action les mécanismes de compensation ridicules pour la biodiversité: d’un côté, on déboise massivement, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on plantera une monoculture d’épinette noire sur 20 hectares, une armée de petits arbres en rangées qui seront coupés – de quoi faire du papier toilette à peine assez solide pour qu’on puisse se torcher avec, ne vous demandez pas pourquoi vos doigts passent en travers. D’un côté on remblaie les milieux humides, alors que dans 4-5-6 ans, ou quand on aura le temps, on creusera un trou dans un spot de sable pour y mettre deux-trois poissons et algues, pour se donner une tape dans le dos. On créera un étang à un autre endroit pour les animaux déjà emportés. Des animaux morts dans une flaque d’eau, c’est au mieux une soupe, ça ne pourra jamais compenser un écosystème vivant. Et ça, c’est s’il y a effectivement compensation, parce que c’est la première chose qui sera coupée si la rentabilité est menacée.

La lutte contre Northvolt ne fait que commencer. Il reste encore 2 ans avant la mise en service de l’usine. Les marges de profits ne seront pas extravagantes. Les coûts en sécurité, en relations publiques, en gestion de crise commencent déjà à s’accumuler. Déjà, l’image de la compagnie est fortement entachée, et il y a fort à parier que les investisseur·euse·s déchantent. Il reste encore 2 ans pour lutter et l’ennemi est vulnérable. On entre encore sur le terrain comme dans une passoire: on ne peut pas protéger plus d’un kilomètre carré avec quelques clôtures rouillées ainsi qu’un garde de sécu immobile qui joue à 2048 et qui fait dodo dans son auto. Les sous-traitant·e·s risquent de reconsidérer leurs relations étant donné les dangers encourus. Il ne faut pas les laisser aller. Le site de Northvolt avait été saccagé pour l’usine de CIL, mais la nature a repris ses droits. Continuons le combat jusqu’à ce que la vie revienne.

Réflexions anarchistes sur la grève en milieu scolaire

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Déc 292023
 

De l’Organisation révolutionnaire anarchiste

Trop souvent les professionnel·les de l’enseignement sont méprisé·es, déconsidéré·es, pris·es pour acquis·es par l’État québécois et son ministère de l’Éducation. Le travail éducatif, comme les autres emplois du soin et de la reproduction sociale, a une position particulière dans le système capitaliste. C’est un travail dévalorisé parce qu’il ne participe pas directement à la création de profits. Le travail éducatif est aussi une bonne illustration du patriarcat dans la société contemporaine: il est dévalorisé parce qu’il est considéré comme un « féminin ». En même temps, la profession est instrumentalisée et détournée par l’État pour assurer la reproduction du système tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Cette exploitation du travail, surtout des personnes femmes, doit cesser : nous espérons que la lutte syndicale actuelle offrira des possibilités de libération pour ces traveilleur·euse·s. 

Nous proposons ici quelques réflexions afin d’élargir ces possibilités libératrices de la résistance du milieu scolaire dans la grève actuelle. Nous considérons qu’il n’est pas suffisant de revendiquer de meilleures conditions de travail pour les travailleur·euses : nous croyons nécessaire de chambouler le système scolaire dans son entièreté en reconnaissant l’autonomie de toutes les personnes qui y participent. En plus des revendications salariales, les conditions des classes, particulièrement concernant le nombre d’élèves par classe, le soutien à l’enseignement et le budget pour le matériel scolaire, doivent rester à l’avant-plan des demandes des regroupements des travailleur·euses. D’autant plus que celles-ci ne  concernent pas qu’elleux, mais aussi les élèves. À notre sens, c’est cette relation entre les travailleur·euses de l’enseignement et les personnes avec lesquelles illes travaillent qui permet de redonner aux luttes syndicales des perspectives révolutionnaires. 

Les revendications syndicales actuelles effacent certains enjeux centraux au fonctionnement de la classe et de l’école. Le mouvement anarchiste nous a laissé en héritage plusieurs pistes d’analyse pertinentes provenant de pédagogues et d’écoles ayant des projets de libération commune au personnel des écoles et aux élèves. Ces expériences nous amènent à souligner deux autres problèmes dépassant les conditions salariales et le sous-financement du système : les fonctionnements prescrits par un État de plus en plus incompétent et méconnaissant des conditions d’enseignement ; le recours constant à l’autorité qui passe de l’État, aux directions, aux enseignant·e·s et, enfin, aux élèves.

Au regard de ces problèmes, nous considérons que la résistance doit commencer dans chaque classe par la collaboration des élèves et des enseignant·e·s et dans chaque école en résistant à l’ingérence de l’État et en créant des structures plus autonomes.

Le rôle de reproduction de l’école actuelle

Les programmes actuels sont, à notre sens, beaucoup trop prescriptifs et restrictifs. Ils assument que les élèves se développent à un rythme régulier et similaire pour toustes. Or, comme il est possible d’observer facilement dans les classes, ce n’est pas du tout le cas. Les atteintes à remplir de ces programmes imposent un stress continu sur tout le système. Le personnel enseignant surchargé n’arrive pas à transmettre et à évaluer tous les éléments du programme ; les élèves se sentent peu à peu de plus en plus incompétent·e·s ou ne sont pas assez stimul·é·s par l’école. 

En plus de ce stress, ces programmes restreignent la liberté des enseignant·e·s et des élèves dans les apprentissages. Ensemble, ces derniers·ères devraient être en mesure de choisir un cheminement adapté à leurs besoins et à leurs intérêts en reconnaissant leur expertise commune (celle des enseignant·e·s sur l’éducation et celle des élèves sur leur connaissance d’elle-eux-mêmes). Cela vient nécessairement avec une redéfinition des critères de réussite et d’une définition subjective de la réussite.  

Sans cela, nous considérons que l’école ne se voit qu’attribuer la fonction centrale de la reproduction des systèmes oppressifs de la société. Les curriculums structurent l’école autour de pratiques qui servent à classer les élèves selon leur atteinte de la «réussite». Il faut se questionner sur ce que cette réussite sous-entend comme objectifs. À notre sens, elle soutient surtout le système de travail actuel. En évaluant les élèves et en les mettant en compétition, l’école détermine qui aura accès aux emplois les plus valorisés et les plus payés plus tard. Ainsi, on assure une restriction à l’accès à la richesse aux élèves les plus performant·es (encore provenant majoritairement des classes priviligées). Du même coup, on justifie la perpétuité de la misère des classes opprimées. Les élèves intériorisent par coups d’échec et de dévalorisation qu’illes seraient moins méritant·e·s en raison de leur manque de performance scolaire aux tests standardisés et aux évaluations arbitraires. Dès le plus jeune âge, on leur inculque la notion de dominance et de soumission à un système classiste et capitaliste. 

Le système québécois à trois vitesses (avec les écoles publiques, privées et les programmes spécialisés) ne fait qu’accentuer les écarts entre les élèves. On ajoute à cela le manque de personnel spécialisé dans les écoles, le manque de ressources matérielles et le trop grand nombre d’élèves : aucune chance que l’école publique puisse réellement remplir son mandat d’éducation. Les élèves n’ont pas non plus la chance d’atteindre leur potentiel. Un potentiel qui ne serait pas défini par un État pour répondre aux besoins du marché, mais par ses intérêts et ses besoins. Pensons ici comme alternatives les pédagogies par projet qui centrent l’élève dans des processus qui lui permettent de participer activement à sa communauté. À travers ces projets, les apprentissages se réalisent selon les besoins qui surviennent, et non selon des impositions externes que l’élève ne comprend pas.  

Les systèmes d’oppression dans le système scolaire 

Dans un autre ordre d’idées, il faut s’intéresser à la question des élèves en difficulté d’apprentissage et en situation de handicap. Les syndicats revendiquent actuellement un meilleur équilibre du « nombre de cas » dans les classes. Pourtant, cette mesure n’est pas une solution suffisante pour aider autant le personnel enseignant que les élèves. Nous soutenons que la situation de handicap n’est pas un problème individuel, mais un problème créé par le système en place qui assume que les élèves doivent s’adapter à la « norme ». à des critères de réussite abstraits et arbitraires. Malgré le projet d’inclusion que le gouvernement tente de mettre en place depuis quelques années, le fonctionnement des classes et les curriculums n’ont pas reflété de changements permettant que ce projet se concrétise. À la place, le système fait porter la responsabilité au personnel enseignant et aux élèves sans leur donner le réel pouvoir de changer les choses. Nous proposons de décentraliser l’image de l’élève modèle porté par la vision des curriculums en passant par une réappropriation des attentes et des curriculums par le milieu scolaire. Créons plus de chemin de réussites, plus de parcours d’apprentissage selon les besoins réels des élèves et des personnes enseignantes. La prise de décision sur les apprentissages devrait se faire le plus proche possible des élèves. 

Il nous apparait aussi essentiel de ne pas garder sous silence quels savoirs et quelles transmissions de savoir sont priorisées par l’État dans les curriculums. En valorisant la transmission des savoirs dominants, l’école reste un projet colonial et raciste. En s’appuyant toujours sur l’autorité présumée de l’adulte pour transmettre les savoirs, l’école soutient indirectement, et parfois même directement, les différents discours oppressifs : raciste, sexiste, queerphobe et capacitiste. En effet, au lieu de donner les outils aux élèves pour analyser les réalités sociales et réfléchir par elleux-mêmes, on primerose de leur présenter les savoirs déjà prémâchés en faisant référence à l’autorité de la personne experte. Cela les empêche d’entrer dans des discussions constructives où illes se sentiraient aptes à remettre en question des « faits établis ». Illes apprendraient à chercher à comprendre plusieurs analyses possibles selon des postures sociales diverses, pas seulement la perspective des hommes blancs cis hétérosexuels qui continuent à prédominer à l’université et dans nos gouvernements. Les élèves doivent être vus comme des personnes capables de produire du savoir aussi, non seulement de le recevoir. Cela est d’autant plus le cas des élèves vivant différentes formes d’oppression qui devraient en mesure d’être entendu.e dans un système où leur communauté est parfois sous-représentée. 

Nous soutenons toutes les approches de plus en plus populaires qui redonnent aux  élèves du pouvoir dans leur apprentissage et qui les invitent à penser par elleux-mêmes. Or, quiconque souhaite voir une possibilité de changement social dans le projet scolaire verra ses espoirs mitigés par l’expérience et la brutalité des exigences de l’État qui priorise l’atteinte de compétences servant le système au bienêtre des élèves.  

L’autorité : une violence partagée 

 Comme nous venons de le montrer, l’État joue un rôle dans l’instrumentalisation de l’école. L’État impose des curriculums, des examens ministériels, des processus de prise de décision hiérarchiques. Ces mesures restreignent grandement la liberté des enseignant·es à faire des choix pédagogiques et structurels qui pourraient modifier le système. Les personnes enseignantes doivent aussi faire subir les décisions de l’État à leurs élèves, limitant ainsi leur liberté dans leurs apprentissages. Le fonctionnement du haut vers le bas repose sur le recours constant à l’autorité enseignante, soutenu par les méthodes managériales des directions. En plus, en refusant de financer convenablement l’école publique, l’État met le personnel du milieu dans des situations de plus en plus difficiles, ce qui les contraint à assoir une autorité toujours plus grande pour que le système survive. 

D’autant plus, l’État vient de passer, en pleine mobilisation syndicale, la loi 23 qui lui octroie encore plus de pouvoir sur le système scolaire. Nous devons reconnaitre que les personnes professionnelles de l’enseignement ne sont que très peu consultées par l’État quand il est temps de prendre des décisions structurelles sur le système. Et quand elles le sont, il est rare qu’elles soient réellement écoutées. C’est une autorité illégitime que se donne l’État alors que le gouvernement n’a pas du tout les connaissances du terrain. En plus, en priorisant la recherche universitaire pour la prise de décision, cela restreint encore la construction du savoir à une classe privilégiée sans considérer toutes les démarches et les analyses qui sont faites dans les classes par le personnel et les élèves. Ces personnes sont à même de choisir ce qu’illes ont besoin et ce qui les aide à réussir, pas les personnes au pouvoir de plus en plus éloignées des écoles. 

Il faut aussi souligner les conséquences de l’autorité sur les élèves. L’autorité est souvent utilisée comme moyen de conserver le contrôle d’une classe en vue de transmettre du savoir. Cela a tendance à enlever aux élèves leur confiance dans leur capacité à faire des choix sur le long terme. Les élèves veulent apprendre, mais, quand les apprentissages sont toujours imposés par le haut, illes perdent leur motivation intrinsèque. Il est normal que les élèves questionnent l’autorité et veuillent avoir une prise de parole. En associant toujours cette résistance à de l’indiscipline et en y proposant plus d’autorité comme solution, cela ne fait qu’habituer les élèves à prioriser une personne « supérieure » à elleux pour prendre des décisions. Cela ne leur apprend pas l’autonomie ni à résister aux injustices de la société. Nous soutenons que cela ne fait que les préparer à respecter l’autorité de l’État et de leur patronat.  

En ce sens, il est nécessaire que les luttes enseignantes et les luttes des élèves se rejoignent. Il nous faut nommer les ennemis communs : l’État et son système scolaire. Nous proposons aux enseignant·e·s de résister à l’autorité de l’État sur leur travail et de résister à l’autorité éducative que l’école essaie de leur faire imposer aux élèves.

Une lutte syndicale porteuse de changements sociaux 

À la lumière de cette analyse, il semble aujourd’hui risible que l’école québécoise se donne comme objectif de favoriser le « vivre ensemble » alors qu’elle abat toute sa violence sur le dos de ses élèves et des personnes y travaillant. Les mauvaises conditions de travail ont des impacts de plus en plus importants sur le bienêtre de toute la communauté scolaire. Le racisme et le capacitisme restent des problèmes largement gardés sous silence dans les écoles, et la situation actuelle ne fait que les empirer. Les comportements des enfants racisé·es continuent d’être de plus en plus policés et punis ; les élèves en situation de handicap ont de moins en moins de ressources pour atteindre leur potentiel. L’école actuelle ne fait qu’assurer l’individualisme de survie dans la jungle capitaliste.

Et les personnes enseignantes sont en première place du spectacle des conséquences de ce système sur les enfants et leur famille n’arrivant pas à répondre à leurs besoins. Les inégalités sociales ont des impacts réels sur les conditions de travail des écoles. Devant ces problèmes systémiques, le personnel éducatif doit s’unir à toutes les luttes qui veulent remettre de l’avant le prendre soin collectif, le partage des ressources selon les besoins de toustes et la destruction des systèmes  d’oppression. 

On dit souvent que le travail éducatif fait partie des différents emplois du soin. Le soin collectif et l’aide mutuelle sont parmi nos meilleurs outils de résistance au système capitaliste qui veut nous séparer avec l’individualisme et la consommation. Dans nos classes, on voit cette résistance qui s’opère en recherchant à promouvoir le travail d’équipe et l’entraide dans l’apprentissage. Dans les écoles, on voit des communautés de parents et d’élèves plus larges se former pour accompagner le personnel sur les lignes de piquetage. Ainsi, les communautés des écoles et autour des écoles doivent se solidariser. Par exemple, nous proposons de ne pas limiter les revendications sur l’indexation des salaires à l’inflation aux personnes syndiquées, mais pour toustes parce que cela est aussi pour le bien de nos élèves.   

Autogestion et libération pour toustes

Les problèmes que nous venons de souligner ne seront pas résolus par l’intervention de l’État, surtout pas devant le mépris qu’il utilise sur les tables de négociation. Nous pensons que le changement doit passer par la mobilisation du personnel enseignant en collaboration avec les élèves. Pour que cela soit possible, nous devons changer l’école pour que les élèves puissent prendre la parole et revendiquer pour elleux-mêmes leurs conditions d’étude. Les syndicats représentent les travailleur·euses; qui représente les élèves? Si les enseignant·es se réclament une indépendance en réponse au paternaliste de l’État, illes ne peuvent en bonne conscience que refuser les mêmes outils pour les élèves. Peu importe ce qu’on essaie de nous faire croire sur l’incapacité des élèves à faire des choix engageants quant à leurs existences, nous devons rejeter ce discours qui engendre des conséquences violentes sur les élèves. Il faut reconnaitre aux élèves leur liberté pour qu’illes aient un réel pouvoir sur leur éducation.

Les élèves devraient pouvoir s’organiser pour présenter des revendications en dehors du regard autoritaire des adultes et de l’État. De cette façon, nous rejetons l’autoritarisme comme seule manière de faire fonctionner une classe, une école, une société. Sans le contrôle imposé de l’État, nous pourrons explorer  de nouvelles avenues pour vivre ensemble à l’école, et plus largement dans la société. 

L’école devrait être un milieu qui favorise la construction d’une communauté qui prend des décisions collectives en considérant l’autonomie des enfants et des travailleur·euses. Un milieu antioppressif qui combat activement les outils qui soutiennent le système en permettant une remise en question constante des discours sociaux racistes, capacitistes, sexistes  et queerphobes. Pour que cela soit possible, la parole de toustes se doit d’être considérée en développant de nouvelles structures réellement démocratiques à l’école et avec les communautés qui l’entourent. Nous rejetons l’idée que l’école soit mise à part de la sphère politique et de ses décisions : les élèves doivent être considéré·es comme des sujets politiques actifs, en reconnaissant les différents besoins et prises de parole.

En ce sens, chaque école devrait mener sa propre lutte selon des demandes conjointes et uniques au contexte des traveilleur·euses et des élèves. Revendiquons l’autodétermination de chaque milieu par rapport à l’État. Redonnons le pouvoir aux communautés de travailler ensemble pour assurer la libération de toustes à travers une éducation populaire. Une éducation qui appartient aux communautés pour les communautés en vue de construire un monde meilleur.

Ça brasse partout!

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Déc 162023
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Tract distribué lors des différentes manifestations de l’automne 2023

C’est l’fun de vous voir manifester! On écrit ce document parce que les politiques des gouvernements nous forcent à marcher souvent pour dénoncer les injustices et plein de mouvements s’activent. Ça brasse pas mal dans plein de secteur de la société; ça faisait longtemps qu’on avait pas vu autant de manifs aussi populeuses, des grèves, des blocages et des actions directes aussi fréquentes. C’est une opportunité exceptionnelle de rejoindre des luttes conviviales et combatives, si vous avez le temps et l’énergie. C’est non seulement plus d’opportunités de faire du trouble à Legault et à Trudeau, mais une manière de créer des liens entre les luttes, de s’informer, de créer des solidarités et de trouver des gens qui nous ressemblent. C’est pour ça qu’on vous présente d’autres luttes qui se passent entre autres à Montréal.

La CLAC est un collectif anti-autoritaire réuni sur la base de la lutte contre toute les oppressions et dominations.

Autre collectif intéressant : l’ORA est une nouvelle Organisation Révolutionnaire Anarchiste ouverte et publique à Montréal.

Attaques contre les locataires

L’agenda de la CAQ n’est pas compliqué: on prend aux pauvres pour donner aux riches. En terme de logement, ça veut dire de s’attaquer aux dernières mesures qui permettent de garder quelques espaces pas trop cher pour nous. Une de ces attaques est le projet de loi 31, qui vise entre autres ầ empêcher la cession de bail, une pratique qui permet de garder le loyer au même prix entre deux locataires. Bien que les propriétaires n’ont pas le droit d’augmenter le loyer de plus qu’un taux déterminé par la régie du logement, les cessions de bail sont la seule façon d’empêcher les hausses excessives qui se produisent lors d’un changement de locataire.

Le FLIP (Front de Lutte pour une Immobilier Populaire) organise plusieurs événements pour lutter contre ce projet de loi, dont une grande manif le samedi 2 décembre à midi au métro Parc!

Le SLAM (Syndicat de Locataires Autonomes de Montréal) a une approche anarcho-syndicaliste du droit au logement.

Génocide à Gaza

La bande de Gaza, depuis le milieu des années 2000, faisait l’objet d’un blocus économique, empêchant l’importation de plusieurs biens essentiels et empêchant les gens de sortir du territoire, et même d’aller pêcher dans la mer. Plusieurs expert·e·s ont qualifié Gaza de prison à ciel ouvert et ce longtemps avant l’attaque du 7 octobre. Les attaques Israëliennes sur les populations civiles de Gaza ne sont pas une guerre: Gaza ne possède pas d’armée à proprement parler. C’est pourquoi le terme de génocide est plus approprié pour la situation. De très nombreuses manifs se produisent en solidarité avec les gazaouis. Voix Juives Indépendantes, et Palestiniens et Juifs Unis organisent des manifestations pour que cessent le génocide.

Destruction environnementale

Pendant ce temps, les gouvernements coupent dans le transport en commun et visent à continuer le tout-à-l’auto, au dépend de la survie de la planète. En tête de liste des choix douteux du gouvernement, l’investissement de 7 milliards de dollars dans une usine de batteries au lithium qui désire s’implanter à McMasterville, au dépens de l’écosystème local, au profit des minières canadiennes, et aux dépens d’un plan de transport raisonnable. Dans le mouvement écolo, Rage Climatique lutte contre ce projet d’usine.

Lutte contre la transphobie et l’homophobie

L’extrême droite s’en prend désormais de plus en plus droits des enfants et personnes trans-, queer et non-binaires en tentant d’empêcher l’éducation sexuelle inclusive, comme celle effectuée par des personnes trans. Heureusement, ces attaques ne sont pas sans réponses grâce aux efforts incessant du P!nk Bloc Montréal.

Attaques contre les travailleur·euse·s

Les conventions collectives pour le secteur public arrivaient à échéance le 31 mars 2023, au même moment où continuait la mauvaise foi du gouvernement Legault. Une fermeture à discuter des conditions de travail ou à offrir des augmentations qui s’approche de l’inflation a amené des votes de grève historique dans les nombreux syndicats, avec des votes de grève atteignant parfois 100%. Plusieurs journées de  grèves sont prévues dans les prochaines semaines.

Donc ça va très mal, mais au moins on résiste! Pour avoir plus d’informations sur tout les événements organisés dans le cadre de ces différents mouvements, consultez le calendrier de Résistance Montréal au https://www.resistancemontreal.org/calendrier

Québec : Action contre PL31

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Déc 052023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

PL31 /// Dénis des droits fondamentaux

Le projet de loi de la CAQ et de sa ministre Duranceau est une attaque directe envers les classes les plus vulnérables de notre société.
La ministre, ses petits amis lobbyistes et sa partenaire d’affaire Annie Lemieux doivent être bien heureux de pouvoir exploiter librement les locataires pour se remplir les poches.
Pour lui envoyer un message, nous avons redécoré la porte de son ministère à Québec.

Le PL31 est un coup bas pour le droit au logement.

Pour qui la ministre travaille-t-elle vraiment?
Pour les promoteurs immobiliers ou pour la population?

Nous répliquerons sans relâche aux actes de ces rapaces.

Nous sommes partout.
Nous sommes anarchistes.

Nuit du démon contre les proprios

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Nov 172023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du démon est traditionnellement un moment de malice et d’activité subversive, saisissant de peur l’ordre des choses et leurs protecteur·ices. Cette nuit là, durant la fin de semaine précédant Halloween, nous avons pris la forme de créatures maléfiques et avons décidé de hanter le manoir du haut Westmount appartenant au patron de l’immobilier Stephen Shiller. Stephen représente la moitié de la compagnie Shiller Lavy et son fils Brandon Shiller dirige Hillpark Capital. Ces firmes sont responsables de la rénoviction et de l’augmentation abusive des loyers pour de nombreux·ses locataires à Montréal ces dernières années, mettant à la rue des centaines de personnes.

L’action était simple, n’importe quel petit fourbe pourrait le faire : nous avons inséré un boyau d’arrosage laissé dehors dans la fente à courrier de la porte avant puis allumé l’eau, avant de disparaître dans la nuit.

Nous invoquons d’autres dans la lutte contre le projet de loi 31 à joindre les incantations des paroles anti-proprios à des rituels nocturnes d’actions contre elleux.

Bien que nous ayons visé Stephen Shiller pour être un proprio particulièrement horrifiant, nous reconnaissons que l’autorité doit être lavée à grande eau partout où elle apparaît.

Des goules anarchistes

Compte-rendu du campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda

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Sep 042023
 

Du Campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda (Page Facebook)

Dimanche matin (le 27 août) nous avons mis fin à la première édition du campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda. Ça aura été une expérience enrichissante et épanouissante humainement et politiquement! On a créé de nouveaux liens en se mettant en action pour le bien-être collectif. Le combat continue, faisons fleurir la révolte! Cette lutte continuera jusqu à l’atteinte de nos objectifs de justice, d’égalité, de liberté. Nous levons le camp, mais nous sommes indéracinables et nous résistons à la destruction.

Les raisons de venir lutter à Rouyn-Noranda sont personnelles et diverses, mais le collectif qu’ensemble nous avons formé aura été impressionnant! Ça a été un immense privilège de converger vers un endroit pour exiger fermement de Glencore et des gouvernements la transparence et des mesures radicales afin de réduire les émissions toxiques qui nous empoisonnent à mort et déséquilibrent l’écosystème. Notre gratitude envers vous toutes et tous est immense! Nous nous reverrons!

Il y a eu beaucoup d’actions symboliques fortes, la grande manifestation aura entre autres été époustouflante, l’accueil du bus, décidé le matin en Assemblée Populaire aura allumé une certaine flamme collective sous la pluie, autant que le fût le fameux quiz contre Glencore. En soit, tout ça a été riche de sens. Un millier de personnes dans les rues de notre ville avec toute cette énergie nous a stimulé comme un nouveau grand souffle sur les braises de notre révolte, et toutes ces belles personnes qui ont fait cette longue route par solidarité ajoutent du combustible à notre colère que nous sauront mettre à bon escient!

Nous savons que nous avons formé des alliances nouvelles et que nous pouvons compter sur les forces et l’intelligence de nos camarades campeurs et campeuses pour continuer la lutte et agir avec force quand le moment sera venu.

Seuls deux événements ont assombri la fin de semaine: Les klaxons des pro-fonderie qui ont dérangé tout le quartier chaque nuit et un vol: deux policiers ont pris la bannière ACAB sur laquelle avaient œuvré trois filles de 13 ans avec tout leur cœur. Heureusement, nous avons l’acte sur film (que nous avons publié sur fb.) Les adolescentes se préparent à porter plainte.

La fin de semaine qu’on vient de partager s’insère dans une séquence d’escalade des moyens de pressions. Nous venons d’affirmer notre position. On refuse toute cette violence capitaliste. Nous continuons à construire notre rapport de force!

Pour terminer, on veut remercier encore toutes les personnes qui ont organisé le campement et la marche, les personnes qui ont accepté des tentes chez elles et tous les organismes et individu.e.s qui auront pris la peine de se déplacer, de Rouyn-Noranda, Montréal et ailleurs dans la province, merci infiniment à toutes et tous!

Grève des loyers 2023 à Montréal : Pourquoi et comment

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Août 162023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour s’engager à participer à la grève, remplissez ce formulaire rapide. 5 000 engagements sont nécessaires. De plus amples informations, y compris des lettres types, des graphiques, des fichiers PDF et des événements, seront publiées ici. Pour soutenir la grève, accroche une bannière sur ton balcon. Un événement à venir, un BBQ au Parc Lafontaine (coin Panet/Sherbrooke), à 12h, ce samedi (19 août) abordera les points suivants en détail. Pour toute question sur la grève, envoyez un courriel à slam.matu@protonmail.com.

Le 2 août, le Syndicat des locataires autonomes de Montréal (SLAM) a lancé un appel à une grève des loyers à l’échelle de la ville. La grève est contre le nouveau projet de loi 31 du gouvernement, contre les hausses de loyer et pour le logement pour toustes. L’appel comprenait un formulaire d’engagement qui exigeait que 5 000 locataires à travers l’île s’engagent à se joindre à la grève avant que celle-ci ne puisse officiellement commencer.

Pour plusieurs, l’appel à une grève des loyers de 5 000 locataires montréalais.es peut sembler ambitieux et risqué. L’objectif de ce texte est de répondre aux préoccupations de nature juridique et politique. Nous espérons que ce texte aidera les sympathisant.e.s à mieux comprendre la grève. Une liste de moyens pour soutenir la grève est fournie à la fin du texte. Vous pouvez aussi communiquer avec nous immédiatement si vous êtes intéressé.e.s.

Des centaines de locataires sont actuellement en grève des loyers à travers l’Ontario. Au cours des six dernières années, les grèves de loyers se sont répandues de Los Angeles à Parkdale, ainsi qu’à New York, et, pendant la pandémie de COVID-19, dans toute l’Amérique du Nord. Ces grèves ont prouvé que le refus de payer le loyer est notre arme la plus efficace en tant que locataires. Une grève générale des loyers à Montréal ne ferait pas exception à la règle en contribuant à déclencher un mouvement social et en menaçant les intérêts des gouvernements et des entreprises.

Par conséquent, nous pensons qu’il faudrait mettre de l’avant le large consensus sur le fait que si nous pouvons organiser une grève de cette ampleur et la gagner, ce serait une bonne chose. Nous pensons que la plupart des désaccords portent sur la question de savoir si une telle grève est possible ou sans risque pour les locataires.

Le texte qui suit est long. Il se veut le plus complet possible à l’heure actuelle. Vous pouvez le parcourir en vous arrêtant aux sujets qui vous intéressent particulièrement. Il est probable qu’il manque des réponses à certaines questions ou que certaines parties manquent de clarté. N’hésitez pas à nous faire part de vos réflexions et de vos recommandations pour la suite de nos travaux. Pour trouver un résumé beaucoup plus court, nous vous recommandons de consulter notre guide sur la grève, disponible sur Instagram.

Ce qui détermine si une telle grève des loyers est possible ou sûre, c’est essentiellement l’intégrité et le sérieux de nos plans de grève, les précédents historiques de ce type de grève, et le risque d’expulsion auxquels les locataires pourraient être exposés. 

Résumé du plan de grève des loyers

Notre plan décrit comment plus de 5 000 personnes pourraient faire la grève des loyers à Montréal sans qu’aucune ne soit expulsée. Une grève des loyers de cette ampleur permettrait d’accroître considérablement le pouvoir des locataires, jetterait les bases de futures grèves des loyers dans la ville et serait notre meilleure chance de contrer le projet de loi 31 et la hausse rapide des loyers.

Principaux éléments : La grève des loyers que nous projetons a quatre composantes principales : 1) un engagement en ligne à se joindre à la grève des loyers; 2) des bannières sur les balcons contre le PL 31 et en faveur d’une grève des loyers; 3) des assemblées de grève régulières des signataires de l’engagement et l’élection de capitaines de grève pour chaque quartier de Montréal; 4) des activités régulières d’éducation populaire, des brochures et des affiches sur la manière de faire la grève en toute sécurité et sur les précédents historiques; 5) un fonds de grève pour soutenir les locataires en grève.

L’engagement en ligne est un formulaire (comme un formulaire Google mais sur cryptpad) que les gens signent pour s’engager à faire la grève des loyers si 5 000 autres personnes signent l’engagement. Si moins de 5 000 personnes signent, il n’y aura pas de grève des loyers. Le formulaire recueille des coordonnées, notamment le numéro de téléphone et l’adresse électronique, ainsi que le quartier de résidence. Une fois qu’une personne s’est engagée, nous la contactons pour l’inviter à participer à des activités préparatoires à la grève.

Les bannières sur les balcons (ou les pancartes sur les fenêtres) : Une activité est organisée pour encourager et aider les gens à accrocher sur leurs balcons des bannières “Contre le projet de loi 31 / Pour une grève générale des loyers”. C’est une bonne tactique de mobilisation générale contre le projet de loi et cela encouragerait les gens à s’informer sur la grève des loyers. La distribution de tracts à l’extérieur des stations de métro, la tenue de tables d’information, les médias sociaux et les activités de fabrication de bannières servent à encourager les gens à accrocher des banderoles à leur balcon ou à placer des pancartes à leurs fenêtres.  

Les assemblées de grève rassembleront les signataires du formulaire d’engagement. Nous comptons annoncer bientôt notre première assemblée de grève pour les signataires. Ces assemblées se tiendront régulièrement à partir de septembre, et une assemblée de grève majeure aura lieu lorsque 1 000 promesses auront été reçues, et une autre assemblée majeure lorsque le chiffre de 4 000 aura été atteint. Les assemblées de grève serviront à coordonner 1) la distribution de tracts, 2) l’installation de bannières; 3) le partage sur les médias sociaux; 4) les ateliers sur la grève des loyers; 5) l’affichage; 6) l’organisation dans les quartiers, les rues et les immeubles pour discuter du projet de loi 31 et de l’augmentation du coût des loyers; 7) à l’approche de la grève, une campagne d’appels téléphoniques pour reconfirmer auprès des personnes qui ont rempli le formulaire d’engagement qu’elles souhaitent toujours participer à la grève des loyers. Des mandats de “capitaine de grève” et des comités pour chaque quartier de Montréal seront organisés dans le cadre de ces assemblées. Une fois la grève commencée, les assemblées de grève auront la responsabilité de coordonner l’entraide entre grévistes, la collecte de  fonds pour la grève (pour payer les intérêts et les frais de justice) et de cibler les propriétaires et les tribunaux qui essayent d’expulser les locataires.    

L’éducation populaire sera régulièrement encouragée pour donner aux gens plus de détails sur la grève, répondre aux questions les plus fréquentes et échanger des informations sur les activités et événements à venir.

Un fonds de grève, que nous comptons établir et rendre fonctionnel sous peu, servira à soutenir les locataires en grève qui font face à des procédures d’expulsion. Il servira également à aider les locataires confrontés au harcèlement ou à l’attitude conflictuelle de leur propriétaire parce qu’iels soutiennent la grève avant et pendant celle-ci. 

Mais que se passe-t-il si je suis le ou la seule locataire de mon propriétaire en grève des loyers? Même avec 5 000 personnes en grève des loyers, il y aura toujours des locataires dont les voisins du même propriétaire ne sont pas en grève. L’un des objectifs des réunions de grève serait de coordonner l’organisation des immeubles et l’organisation de la rue dans le cas des duplex et des triplex, afin que les gens puissent attirer leurs voisin.e.s. Il est beaucoup plus facile de convaincre le voisinage de suspendre le paiement du loyer si le mouvement est visible à l’échelle de la ville et si des centaines de personnes ont des bannières contre le PL31 sur leurs balcons. Même si vous êtes seul.e, dans les grèves des loyers, y compris pendant la pandémie, on a souvent vu des locataires individuel.le.s se joindre à des milliers d’autres en grève sans que leurs voisin.e.s ne soient nécessairement engagé.e.s dans le mouvement. Les protections légales restent les mêmes (tant que vous payez votre loyer avant qu’un juge ne rende une décision, il est beaucoup plus difficile de vous expulser, surtout le premier mois). Avec 5 000 personnes ou plus en grève des loyers, le système des tribunaux serait considérablement encombré. Il pourrait s’écouler plusieurs mois avant la tenue d’une audience. Les propriétaires auraient également peur de demander l’éviction. S’ils le faisaient, le comité de grève en entendrait parler et organiserait des actions contre tout propriétaire qui tenterait d’évincer des locataires durant la grève des loyers. Des actions pourraient également être organisées au TAL pour condamner la procédure d’éviction. Si le pire se produisait, ce dont nous doutons, le comité de grève aurait des fonds pour couvrir les frais de déménagement et les frais juridiques et subventionner une partie du loyer. 

Que se passe-t-il si des gens ne font pas la grève des loyers mais s’engagent à la faire? Cette question est sujette à discussion, mais une campagne d’appels jouerait un rôle important. Si le chiffre de 5 000 promesses est atteint, nous convoquerons une assemblée générale. Nous coordonnerons alors une campagne d’appels pour confirmer auprès des gens s’ils sont toujours intéressés par une grève des loyers à présent que cette possibilité se concrétise. Si 5 000 personnes sont toujours prêtes à participer, la grève des loyers aura lieu le 1er jour du mois suivant (à condition qu’il y ait suffisamment de temps pour se préparer). On peut s’attendre à ce qu’un bien plus grand nombre de personnes se joignent à la grève des loyers si la grève se poursuit pendant un deuxième mois.

L’histoire des grèves des loyers et lutter “seul-e” contre le pouvoir 

La victoire de la grève des loyers de 2017 à Toronto, menée par 300 locataires contre MetCap Living, est un exemple important de la manière dont les grèves des loyers peuvent permettre d’obtenir bien plus que ce que nous concède le système judiciaire. Les grèves des loyers se poursuivent à Toronto, avec 300 autres locataires en grève des loyers recensés au mois de mai de cette année. D’autres exemples récents dans des villes comme Los Angeles montrent indéniablement que les grèves des loyers sont notre meilleure chance d’obtenir collectivement des concessions majeures.

Le problème est que la grève des loyers que nous proposons couvrirait un grand nombre de propriétaires différents. Selon notre modèle, même si nous encourageons et aidons les locataires d’immeubles à s’organiser, il est possible que certain.e.s locataires soient les seul.e.s à faire grève contre leur propriétaire. Toutefois, une telle situation n’est pas rare dans l’histoire des grèves des loyers réussies. 

En fait, l’histoire de grèves des loyers importantes semble montrer qu’une masse de locataires en grève contre un propriétaire commun, comme à Parkdale, est une exception. Les grèves des loyers ont souvent été des mouvements sociaux généralisés contre divers propriétaires. Un bref rappel historique des grèves des loyers est disponible ici

Des exemples liés à la pandémie de COVID-19 illustrent bien ce qui précède, puisque des milliers de locataires de différentes villes se sont mis.es spontanément en grève des loyers. Nous avons plusieurs exemples de locataires montréalais.es ayant mené des grèves des loyers et ont réussi en solitaire pendant la pandémie (et, en fait, des locataires ont fait la grève des loyers en solitaire après xxle pic de la pandémiexx, sans un contexte plus large d’organisation, et ont gagné). Aux États-Unis, par exemple, une association de propriétaires a estimé que 31 % des locataires ont fait la grève des loyers au mois de mars 2020. Parkdale Organize, qui a organisé la grève de 2017 à Toronto, a également organisé des grèves analogues contre plusieurs propriétaires. Selon Keep Your Rent Toronto, 100 000 personnes ont utilisé leurs formulaires pour informer leur propriétaire de leur intention de retenir le loyer, c’est-à-dire de garder l’argent du loyer de côté. Ces grèves ont permis d’éviter aux locataires d’avoir à payer leur loyer au pic de la pandémie, même dans les villes où il n’y avait pas de moratoire sur les expulsions. Les grévistes ont eu recours à des systèmes d’entraide et ont occupé les audiences des tribunaux pour les locataires provenant de différents immeubles. Ces grèves ont été marquées par l’unité des grévistes, bien qu’iels n’aient pas le même propriétaire. C’est à cela qu’il faut s’attendre lorsque des milliers de personnes se retrouvent dans le même bateau de la grève des loyers. 

Autres exemples : la grève des loyers de Harlem en 1963, le mouvement italien d’autoréduction dans les années 1970, la grève des loyers de Barcelone en 1931 et la guerre agraire (Land Wars) en Irlande. À Harlem, par exemple, les locataires de plus de 50 immeubles de logements délabrés ont lancé une grève des loyers. Une grande victoire a été remportée par de nombreux locataires, dont le loyer a été temporairement fixé à 1 dollar par mois. Pendant la grève des loyers à  Barcelone, les locataires bloquaient les rues pour empêcher les expulsions et réintégraient les locataires dans leur logement, en faisant appel aux comités de quartier et aux comités de travailleur.euse.s.

À New York, la défense contre les expulsions est actuellement un outil populaire qui a été utilisé pour empêcher l’expulsion de locataires. Les exemples les plus connus sont ceux de locataires qui ont résisté par des blocages physiques à l’extérieur de leur appartement. Ces blocages sont défendus par des réseaux de défense contre les expulsions (et généralement pas par d’autres locataires du même propriétaire). Bien qu’elle repousse bien plus loin les frontières imposées par le cadre légal et se situe dans une zone plus grise sur le plan juridique, cette stratégie de défense contre les expulsions a connu un énorme succès à New York et ailleurs.

Dans le monde du travail et dans celui des locataires, les grèves sauvages, les boycotts, la désobéissance civile, le refus de travailler dans des conditions dangereuses, les débrayages et les grèves comme la grève générale d’Oakland en 2011, ont permis à des travailleur.euse.s spontané.e.s, voire isolé.e.s, d’entrer en grève contre leur employeur.euse ou leur école, avec la protection d’un syndicat ou d’un mouvement de masse plus large, malgré la diversité des employeur.euse.s visé.e.s. À Montréal, vous pouvez vous adresser à l’IWW si votre employeur vous vole votre salaire. L’IWW peut alors mobiliser ses membres pour communiquer avec votre employeur.euse. Le syndicat s’appuie sur le soutien collectif de travailleur.euse.s provenant de différents lieux de travail pour aider des gens qui, autrement, seraient seuls face à leur patron. 

Dans la situation actuelle, l’avantage est que, contrairement à ce qui s’est passé au moment de la pandémie, nous avons quelques mois supplémentaires pour préparer la grève des loyers. Nous pouvons organiser des comités de quartier pour coordonner l’entraide et la défense contre les expulsions. Nous pouvons proposer d’autres actions pour intensifier la lutte. Nous pouvons également nous réunir en personne et nous sommes plus souples dans notre capacité à mener des actions de rue. Cette fois-ci, les réunions de masse et de quartier de celleux qui participent à la grève des loyers seraient possibles. 

Protections juridiques 

Ce n’est pas comme si nous étions dépourvus de protections juridiques pendant la grève des loyers. L’une des protections qui existe au Québec, Article 1883 du Code Civil, est analogue à celle sur laquelle se sont appuyé.e.s les locataires qui ont fait grève à Toronto en 2017. Si un.e locataire avait un dossier ouvert contre lui, il ou elle ne pourrait pas être expulsé.e pourvu qu’il ou elle rembourse son loyer avant qu’un juge soit en mesure de rendre une décision. Une tactique consiste à rembourser tous les loyers impayés à la date du procès. Une autre façon de faire consiste à demander à une association sans but lucratif ou à un avocat de garder l’argent en fiducie et de le payer à cette date. 

Cette stratégie juridique a ses limites. Nous comprenons que des retards fréquents, s’ils causent un préjudice sérieux au propriétaire, peuvent constituer un motif légal justifiant l’expulsion d’un.e locataire. C’est pourquoi il peut être idéal de ne faire une grève des loyers que pendant un mois. Cette décision sera prise par l’assemblée de grève. Nous nous assurons que les locataires et nos membres connaissent le fonctionnement du TAL en matière d’éviction.

Des juristes, notamment Seema Shafei, ont également soutenu que le droit de grève des loyers est incorporé dans notre droit constitutionnel à la grève ou dans des protections associatives analogues. La grève au travail, par exemple, est reconnue comme étant protégée par la Constitution.

Protections pratiques

Au-delà des protections juridiques, il y a les questions pratiques auxquelles un propriétaire devra faire face s’il tente d’évincer un.e locataire en grève des loyers. Si 5 000 personnes sont en grève des loyers, et capables de se coordonner et de s’organiser entre elles, il pourrait s’avérer … difficile de tenter d’évincer un.e locataire. Si les capitaines de grève de quartier et le comité de grève principal sont suffisamment organisés, le public saurait qui sont les propriétaires essayant d’expulser un.e locataire en grève des loyers. Nous pourrions tirer parti de la puissance du nombre pour faire comprendre à chaque propriétaire qu’iel devrait attendre la fin de la grève au lieu de demander l’expulsion. Le SLAM a utilisé avec grand succès un ensemble d’actions de rue et d’actions collectives pour faire pression sur les propriétaires et ce, avec des groupes beaucoup plus petits. 

Une autre protection concrète est l’engorgement des tribunaux. En effet, il serait difficile, voire impossible, pour les tribunaux de traiter 5 000 demandes d’expulsion. Les audiences prendraient beaucoup plus de temps que prévu. 

Comme dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les propriétaires sauront que les grévistes ont l’intention de payer les loyers dus éventuellement. Iels connaissent leurs locataires qui, en temps normal, paient leur loyer. Contrairement au contexte habituel d’une éviction, les défauts de paiement n’ont pas une cause financière, mais sont un geste politique. Bien que plusieurs propriétaires aimeraient trouver n’importe qu’elle raison pour évincer un.e locataire, plusieurs autres propriétaires préféreraient garder un.e locataire qui va recommencer à payer son loyer régulièrement une fois que la grève des loyers est terminée. 

Enfin, même si nous avons mis l’accent sur le cas d’un locataire qui ferait la grève des loyers sans ses voisin.e.s, l’un de nos principaux efforts consistera à étendre les grèves des loyers dans les immeubles où se trouvent des locataires désirant entrer en grève. Une fois qu’un locataire d’un immeuble s’est engagé à faire la grève des loyers, il est beaucoup plus facile de convaincre les autres. C’est possible grâce à la stratégie habituelle du syndicat des locataires de Montréal, qui consiste à organiser les immeubles et des actions dans la rue (réunions communes, porte à porte, rencontres individuelles), et parce que les gens seront plus optimistes à propos de la grève des loyers s’ils savent que 5 000 autres personnes et au moins un voisin sont en grève des loyers. Les bannières sur les balcons, les manifestations de rue et la couverture médiatique inspireraient également une plus grande confiance. Si plusieurs locataires d’un immeuble font la grève des loyers, la réaction “Mais je ne peux pas tous les évincer en même temps!” est la plus prévisible parmi les propriétaires (pour citer un propriétaire pendant les grèves menées durant la pandémie de COVID-19).

Faible participation

Il est possible que la participation à la grève des loyers soit faible. Ce problème ne concerne que les organisateur.ice.s de la grève, plutôt que les sympathisant.e.s. Si 5 000 locataires ne s’engagent pas à faire grève, il n’y aura tout simplement pas de grève. Nous mènerons une campagne d’appels téléphoniques et de SMS si le chiffre de 5 000 est atteint pour confirmer que l’intérêt se maintient et que les 5 000 promesses ne sont pas un chiffre fantôme. Toutefois, même si le nombre de 5 000 grévistes n’est pas atteint, l’éducation populaire, la distribution de tracts, le partage d’informations, la menace d’une éventuelle grève pour le gouvernement ne disparaîtront pas. En fait, si le chiffre de 5 000 grévistes n’est pas atteint, nous aurons tout de même réussi à faire connaître les tactiques de résistance et à donner de l’assurance aux locataires. Si l’échec d’un vote de grève peut être démoralisant, cela peut également être une excellente occasion de faire de l’éducation populaire et de former de nouvelleaux organisateur.ice.s. Bien que la représentation sous sa forme actuelle ne nous inspire aucune confiance, permettons-nous de rappeler que la stratégie des partis politiques de lancer des campagnes qui risquent fortement de ne pas leur permettre de remporter une élection est utilisée avec succès par eux pour se constituer progressivement une base. Mais là encore, le succès ou l’échec des 5 000 promesses de grève est l’affaire des organisateur.ice.s, non des autres locataires. 

Une fois que 5 000 personnes se sont engagées et ont confirmé leur intérêt pour une grève des loyers, si la grève dure plus d’un mois (une décision qui revient aux comités de quartier et à l’assemblée des grévistes), on peut certainement s’attendre à ce que d’autres locataires se joignent à la grève. Dans toutes les grèves dont nous connaissons l’histoire, le nombre de locataires en grève a augmenté de manière important au deuxième mois de grève.

Mais la grève des loyers est-elle risquée ?

Faire la grève des loyers présente certainement des risques. Les tactiques décrites ci-dessus pourraient ne pas fonctionner, la répression gouvernementale pourrait être trop forte contre la grève, les protections juridiques en place pourraient tomber à l’eau et un certain nombre de personnes, voire plusieurs dizaines, pourraient être évincées. Les relations entre locataires et propriétaires pourraient prendre une tournure négative, ou les propriétaires pourraient sortir des limites de la légalité ou exploiter leurs privilèges juridiques en représailles contre les grévistes. Ce sont des possibilités. Nous avons décrit ci-dessus les nombreuses raisons pour lesquelles nous pensons que ces risques peuvent être atténués. Cependant, ce qui est probable, c’est que sans un mouvement organisé de locataires qui acceptent de prendre certains risques en utilisant des tactiques plus audacieuses, Montréal sera le prochain Toronto ou le prochain Vancouver. Nos loyers dépasseront nos revenus, les personnes âgées et les pauvres seront toujours plus nombreux à être harcelés et expulsés de leur logement. L’itinérance continuera d’augmenter. Dans dix ans, nos loyers actuels sembleront une chimère. Tout cela pour dire que nous sommes devant des risques contradictoires : le risque d’une action audacieuse contre le risque de l’inaction. L’un et l’autre pourraient être synonymes d’éviction, de pauvreté, de déplacement forcé et d’embourgeoisement des quartiers. Pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, nous pensons qu’il peut être extrêmement payant de prendre le risque d’être audacieux.se. Nous pouvons vraiment atténuer les risques. Il est tout à fait possible, et cela s’est déjà produit, que 5 000 personnes fassent la grève des loyers et qu’il n’y ait aucune éviction. Nous prenons des risques pour nous rapprocher d’un monde meilleur et pour éviter les risques de nous retrouver dans un monde pire que celui-ci. 

Nous ne sommes pas des professionnel.le.s. Cela devrait être clair. Nous avons des organisateur.ice.s expérimenté.e.s issu.e.s de différents milieux. Cependant, nous n’acceptons pas la responsabilité des professionnel.le.s. Notre objectif est de fournir une stratégie au mouvement des locataires : la grève des loyers. Si elle est acceptée par les locataires de la ville, nous ferons de notre mieux en utilisant certains des objectifs et tactiques décrits ci-dessus. Mais tout ce qui se fera dépendra des locataires .e.s. Nous aiderons à organiser les assemblées, les activités d’éducation populaire et les actions. Comme dans n’importe quel soulèvement, nous ne serons responsables ni de toutes les victoires obtenues ni de toutes les erreurs commises en cours de route. Lors du soulèvement étudiant de 2012 au Québec, plus de 3 000 personnes ont été arrêtées, des personnes ont été soumises à des mesures disciplinaires par leur université, des personnes ont subi des blessures graves et plus de 400 ont fait l’objet d’accusations criminelles. Mais les organisateur.ice.s de la grève de 2012 ne sont en rien responsables de cette répression. Nous ne pouvons même pas dire que “cela en valait la peine”. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que parfois les gens se lèvent, acceptent les risques ou décident de les ignorer. Ce sont des décisions prises en toute connaissance de cause, par des adultes. Ce sont des risques nécessaires au progrès social, que tout mouvement social prend. En d’autres termes, nous ne pouvons pas éviter les risques et il est sain pour un mouvement social de prendre des risques; par contre, nous sommes responsable de les atténuer autant que possible.

Conclusion

Nous vous remercions d’avoir lu notre proposition de grève générale des loyers à Montréal en 2023. Voici les moyens proposés par le syndicat des locataires pour soutenir leur travail:

Si t’es dans un organisation, il peut se joindre à notre syndicat de locataires dans l’appel à la grève et ajouter leur nom aux organisations favorables à la grève des loyers à Montréal. Pour ce faire, envoyez-nous un courriel à : slam.matu@protonmail.com

Le plus simple : Vous pouvez partager nos événements Facebook, en particulier l’événement à venir sur le thème “Pourquoi et comment” faire la grève des loyers contre le projet de loi 31 (samedi 19 août, de 12 h à 14 h). En ce moment, notre jeu sur Facebook a besoin d’un coup de pouce.  

Tu peux te joindre à nous lors de notre prochain événement sur le thème “Pourquoi et comment” faire la grève des loyers contre le projet de loi 31. Il aura lieu au Parc Lafontaine, le samedi 19 août, de 12h à 14h, coin Sherbrooke/Panet. Il y aura un BBQ!

Tu peux personnellement signer l’engagement.

Tu peux accrocher une bannière à ton balcon contre le projet de loi 31 et en solidarité avec la grève des loyers. Nous avons des bannières supplémentaires, envoyez un courriel à slam.matu@protonmail.com pour en obtenir une.

Le texte ci-dessus n’est pas une publication officielle du SLAM. Il s’agit d’une lettre rééditée, reçue par de nombreuses organisations radicales, expliquant la grève.

Rouyn-Noranda : L’Hydre et le dragon

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Août 042023
 

Du Campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda

Il y a près d’un siècle, sur la rive septentrionale du lac Osisko, en territoire Anishinaabe non cédé, émergeait d’un sol riche en cuivre, la Noranda mine, qui deviendra l’épicentre économique d’une ville en gestation, Rouyn-Noranda. Quelques années plus tard, s’y greffera une fonderie qui sera construite aux abords des quartiers ouvriers. La compagnie avait, à l’époque, menacé de cesser ses opérations si elle était dans l’obligation de construire son usine aux émanations mortelles à une trentaine de kilomètres de la ville naissante, lui occasionnant des frais de transport qu’elle ne désirait pas assumer. La ville, intoxiquée par les rejets délétères du dragon cracheur d’anodes, d’acide et de métaux lourds se développa donc autour des cheminées, comme d’innombrables cancers et autres maladies incurables, . 

Encore aujourd’hui, Glencore, l’hydre corporative présente dans 50 pays, génére plus d’une centaine de milliards de dollars annuellement, accumule les méfaits pour corruption, évasion fiscale et contamination de l’environnement, et fait planner le spectre de la fermeture pour faire plier les gouvernements à leur demandes. En 2018, une étude de biosurveillance menée sur des enfants de deux à cinq ans du quartier Notre-Dame, qui gît au pied de la fonderie, a permis de constater des taux alarmants d’arsenic dans leur organisme et en 2022 un rapport du CISSSAT nous apprend que Rouyn-Noranda enregistre des taux de cancers du poumons, de MPOC, de maladies neurologiques et de naissances de bébés de petits poids beaucoup plus élevés qu’ailleurs au Québec, ainsi qu’une espérance de vie de cinq ans plus courte. 

La population de la ville est abandonnée par toutes les autorités qui devraient intervenir, le gouvernement du Québec accorde des assouplissements à des mesures déjà complaisantes, les élues municipaux et les membres de la chambre de commerce s’inquiètent pour l’attractivité et voudraient enfouir le dossier au plus vite pendant que la tension monte parmi la population laissée à elle seule contre une des multinationales les plus puissantes du globe. 

En plus de la honte qu’elles devraient ressentir, les institutions politiques en place ressentiront le tremblement de notre rage collective, car pour nous c’en est fini de la complaisance avec la multinationale écocidaire et corrompue, nous en avons assez de la destruction de nos écosystèmes et ne tolérerons plus d’être empoisonnés•es à mort par les émanations toxiques de la Fonderie Horne. 

Unissons-nous à partir du 24 août 2023 pour que cesse la violence de cette multinationale écocidaire! 

Action contre une agence immobilière de luxe montréalaise

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Juil 122023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À Montréal, le 1er juillet est le jour du déménagement. Ca a toujours été chaotique, mais les menaces posées par les réformes sur le logement du projet de loi 31 risquent d’empirer excessivement la situation.

On nous dit qu’il y a une crise du logement, mais ce terme est utilisé pour éviter de nommer les responsables. Pourquoi les logements sont-ils rares, insalubres, dispendieux et précaires à Montréal?

  • Des propriétaires verreux qui rénovincent, demandent des dépôts de garantie et des frais d’intermédiation
  • La conversion des logements en locations court-terme (AirBnB) pour éviter les lois sur le logement et augmenter les profits, allant jusqu’à causer plusieurs morts au printemps.
  • La construction de nouveaux logements pour les investisseurs, pas les résidents. Des dizaines de tours de luxes sont construites et vendues à des investisseurs pour rester vides et prendre en valeur pendant que les logements abordables sont dits “impossibles”.

Plus de 500 personnes sont nouvellement sans-abris depuis le jour du déménagement. L’éviction des personnes qui habitent en tente sous l’autoroute Ville-Marie est imminente. Ils construisent des grattes-ciels pour de riches investisseurs urbains pendant que le monde dort dur. La loi 31 fait partie de ce plan. Le lobby des propriétaires, développeurs immobiliers, gestionnaires immobiliers et agences immobilières fait du profit sur un Montréal où il faut désormais payer ou se pousser. Les pouvoirs en place veulent une ville faite pour les riches – loyers élevés, bouffe inabordable, gentrification yuppie – les riches s’enrichissent.

On dit fuck la crise du logement, y’a du logement partout. Luxury MTL, aussi connu sous le nom de Immeubles Montria, fait partie du problème. Le développement immobilier de luxe crée un monde pour les riches. On va l’attaquer. Leurs fenêtres ne sont que le début.

Solidarité avec celles et ceux en grèves des loyers À Toronto. Squattons le monde!