Montréal Contre-information
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Retour sur la manifestation de la CLAC du 1 mai 2018

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Mai 082018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La CLAC amorçait cette année la manifestation annuelle du 1er mai sur le thème du G7. Les plus puissants de la planète se réuniront le 8 et 9 juin pour une réunion d’ampleur dans la région de Charlevoix.

Cette année, le 1er mai avait une allure particulière, les syndicats acceptant de s’accommoder au calendrier du patronat ont décidé de faire une manifestation le samedi 28 avril en réunissant plusieurs milliers de personnes.

La journée du 1er mai, trois manifestations étaient appelées à Montréal soit celle de la CLAC au parc Lafontaine, celle du Parti Communiste Révolutionnaire dans le Golden Square Mile et celle des IWW dans Parc-Extension.

Environ 200 personnes se sont rassemblées vers 18h au coin sud-ouest du parc Lafontaine pour la manifestation de la CLAC. Un dispositif policier impressionnant était déployé tout autour avec les poussins à vélo ainsi que de nombreux bus d’anti-émeute. Le SPVM était bien décidé à ne laisser personne manifester en ce 1er mai. La foule s’agglomérant peu à peu, on a pu observer la présence d’une quarantaine d’individus qui ont commencé à se vêtir en noir pour former un black bloc plus conséquent que lors des dernières manifestations à Montréal. L’anti-émeute a donc décidé de se rapprocher pour ne laisser aucune marge de manœuvre à la petite foule.

Juste avant le départ, quelques discours ont eu lieu sur les ravages du capitalisme ici et ailleurs. La marche s’est alors élancée vers 18h30 sur la rue Sherbrooke en direction ouest. Les flics ont alors décidé de prendre le trottoir côté nord afin de mettre en cage la manifestation. Un petit black bloc bien déterminé ne voulait pas leur laisser cet espace si chéri par la Brigade urbaine qui lui donne un avantage tactique considérable. En prenant le trottoir, la Brigade urbaine arrive à contrôler l’ensemble de la manifestation, car elle peut décider où se dirige la foule et cela limite grandement l’attaque contre des symboles du capitalisme, telles les banques. Prendre le trottoir devrait être un réflexe collectif de la manifestation, car avoir une manifestation encagée par le SPVM est un problème pour tout le monde. Si tasser les flics du côté se limite à une petite portion de la manifestation, il sera alors toujours très difficile de tenir la rue à Montréal de façon plus combative.

Protégé par des bannières le black bloc a donc décidé de vider un extincteur, lancer des briques, des roches des feux d’artifice sur les policiers afin de les contraindre à battre en retraite. Bien que les flics aient reculé un peu, certains à l’avant ont du se cacher derrière des voitures par peur, la stratégie ne fut pas aussi efficace qu’escompté et la manifestation s’est retrouvée scindée en deux avec l’arrivée d’une deuxième brigade urbaine de l’autre côté qui a repoussé l’arrière de la manifestation vers l’est et a fait une arrestation. À ce moment les policiers ont pu rapidement reprendre le contrôle de la situation en déployant l’anti-émeute sur les rues au nord et au sud de Sherbrooke. Les gens n’ont eu d’autre choix que de se disperser ou de retourner vers le parc Lafontaine à peine 5 minutes après le départ. Ce n’est pas le conflit avec les flics qui a forcé la dispersion, mais bien une arrivée massive de flics de tous les côtés.

Les liens entre les gens dans la manifestation n’étaient pas assez denses ce qui a facilité la dispersion. Arriver à garder une unité beaucoup plus compacte aurait pu limiter les dégâts causés par l’intervention des flics. Garder un rythme plus lent et s’assurer que personne ne soit isolée à l’arrière ou à l’avant aurait peut-être permis de manifester un peu plus longtemps. Les manifestations annuelles comme le 1er mai sont préparées des mois à l’avance par les flics et ils cherchent à nous disperser le plus rapidement possible. Arriver à joindre les intentions de chaque personne qui vient manifester est difficile, mais reste la clé de la solution pour continuer à tenir la rue.

Ceci est un texte qui en appelle à d’autres pour savoir comment les gens ont perçu ce 1er mai et comment faire pour continuer à se retrouver dans la rue.

ANNULATION : Forum anarcho-syndicalisme et intersectionnalité

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Avr 072018
 

Du Collectif d’éducation et de diffusion anarcho-syndicaliste (CEDAS)

Suite à un faible nombre de confirmation dans les événements Facebook pour le 28 avril, nous annulons l’événement. Nous organiserons des événements dans le futur.

Samedi 28 avril 2018
12h30 à 16h30

Bibliothèque anarchiste DIRA, 2035 Boul. Saint-Laurent, Montréal.

S’intéresser aux luttes de la classe ouvrière sur une base anarchiste anti-oppression est-il possible aujourd’hui?

Comment intégrer l’émancipation des groupes opprimés aux luttes des mouvements populaires et plus particulièrement dans les luttes/groupes anarcho-syndicalistes?

Peut-on développer une perspective révolutionnaire anarcho-syndicaliste au sein des luttes spécifiques?

**********************************************

Horaire

12h30
Ouverture des portes

13h00
What is anarcho-syndicalism? (en anglais)
(Traduction chuchotée sur place)

La présentation sera une vidéo-conférence. Plus d’informations à venir.
Suivi d’une discussion et d’une pause.

14h15
Introduction à l’intersectionnalité (en français)
par Irina Badita et Nicolas Johan Leport Letexier
(Whispered translation available)

Cette formation sera d’une part l’occasion d’une définition et d’une mise en contexte du concept d’intersectionnalité d’un point de vue historique et selon un contexte global. Nous réfléchirons ensemble aux différentes formes d’oppression et de privilèges au sein de la société ainsi qu’à des pistes et orientations futures en vue d’un activisme inclusif et intersectionnel. D’autre part, nous nous demanderons comment combattre les oppressions multiples, ou tout au moins alléger le fardeau qui pèse sur les épaules de celles qui sont malgré tout victimes de racisme, de sexisme, de toute forme de discrimination.

Suivi d’une discussion et d’une pause.

15h30
Discussion  » Anarcho-syndicalisme et Intersectionnalité »
Commentaires et échanges autour des textes du cahier de réflexion.

Pour lire les textes qui seront discutés en troisième partie, cliquez ici

16h30
Fin

17h00
Fermeture du DIRA

Événement Facebook

1er mai anticapitaliste 2018 – coin Sherbrooke/Amherst, 18h

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Mar 292018
 

De la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC)

Hier comme aujourd’hui, ils sont riches parce qu’on est pauvres.

Les maîtres financiers de l’Occident et sept de leurs pantins politiques se rencontrent cette année à la Malbaie. Ils vont se battre pour continuer l’exploitation des pays du Sud et le pillage des ressources naturelles. Le G7 sera un beau cirque, financé à même notre exploitation. Financé par ceux et celles qui s’échinent au travail, par les coupes dans nos programmes sociaux, dans l’éducation, dans la santé, dans la dignité humaine. Un cirque qui encouragera le travail gratuit fourni par nos stages non rémunérés, qui supportera les profits faramineux des promoteurs immobiliers qui nous chassent de nos quartiers, qui fera la promotion d’un statu quo immoral. Impérialisme et colonialisme seront célébrés, aux dépens de ceux et celles qui produisent la majorité de la richesse.

Mais il n’est pas trop tard pour les faire reculer. On ne peut cesser de rêver à un monde meilleur. Il y aura de l’espoir tant qu’il y aura des personnes qui rêvent de solidarité entre tous les peuples. Notre devoir est d’étouffer les flammes de la haine, et de porter ce rêve à toutes et à tous. Car face au désespoir, il peut être facile de se tourner les uns et les unes, contre les autres. Après tout, nos voisines et voisins sont plus faciles à atteindre que nos exploiteurs.

Cette facilité est exploitée par des « cheufs » sans scrupules qui profitent des divisions créées entre nous touTEs pour s’enfuir avec le magot. On publie des fake news pour se faire du capital politique sur le dos des personnes migrantes, en cachant l’exploitation éhontée qui se fait à l’étranger par les compagnies québécoises et canadiennes. On fait des déclarations ronflantes pour les droits des peuples autochtones, mais personne ne s’offusque quand ceux-ci se font assassiner en plein jour par des racistes notoires. On déchire sa chemise pour la liberté d’expression lorsque des gens tentent de dénoncer ce qui sont essentiellement des appels au génocide. On relaie des ramassis de mensonges écrits par une extrême droite qui se présente avec un sourire, mais cache son fusil d’assaut.

Ils sont riches parce qu’on est pauvres. Il y a deux ans, 130 personnes possédaient autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. L’année dernière, cette richesse était entre les mains de 85 personnes. Cette année, ils ne sont plus que cinquante. Cinquante misanthropes, isolés, qui essaient de nous rentrer leur vision du monde dans la gorge. Cinquante contre l’ensemble du monde. Nous sommes peut-être pauvres, mais nous le sommes ensemble.

Après 132 ans, il y aura, encore et toujours un 1er mai anticapitaliste, car la justice n’est pas encore de ce monde. Mais à la différence de ses dirigeants pourris, il sera solidaire.

Le mardi 1er mai 2018, on se rencontre à 18h au coin Sherbrooke et Amherst !

Date et heure: 
Mardi, 1 mai, 2018 – 18:00

Affiche et tract: 
PDF icon affiche_v3.pdf
PDF icon tract.pdf

G7 : Jus Parabellum – Le Teach-in !

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Mar 262018
 

Du Réseau de résistance anti-G7

Samedi, avril 21, 2018 – 09:30 to 17:00
2149 Mackay

La journée d’ateliers aura lieu le samedi 21 avril, de 9h30 à 17h00 au SCPA, 2149 Mackay (près du métro Guy-Concordia). L’horaire prévu est :

  • 9h30 : Ouverture des portes ;
  • 10h00 : Salle 1 : Anticapitalisme et G7 ;
  • 12h00 : Dîner;
  • 13h00 : Salle 1 : Atelier d’introduction pour médics de manif (« street medics ») / Salle 2 : Atelier d’introduction à l’autodéfense juridique ;
  • 15h00 : Salle 1 : Atelier de sécurité en manifestation ;
  • 17h00 : Fin.

Un atelier d’autodéfense (Muay Thai) sera aussi organisé, mais vous devez confirmer votre présence au rrag7-legal@antig7.org

« Jus para bellum » ou, littéralement, « justes, préparez-vous à la guerre ». Si on ignore pour le moment les coûts totaux du sommet du G7 des 7-8-9 juin 2018 à La Malbaie, on estime à plus de 300M$ les coûts liés à la seule sécurité du sommet. Alors qu’on aurait pu supporter nos malheureux services publics, comment peut-on réagir en voyant que tout cet argent sera finalement dépensé en répression et contrôle contre nous ?

Nous ne pouvons qu’espérer que la contestation du sommet se passera bien, que les leaders du G7 n’auront d’autre choix que de nous entendre et prendrons pour une fois au sérieux la préséance de l’humanité face aux gains de capitaux collossaux des businessmen et businesswomen qui leur collent aux souliers comme une veille crotte de chien. Mais à voir tout cet argent dépensé dans un arsenal de guerre, d’espionnage de la population, et de propagande pour justifier la répression, ce souhait d’un heureux G7 n’est que voeu pieu. Les leaders du G7 se préparent pour la guerre, il n’y plus de place pour la naïveté, faisons de même.

Le Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7) organise donc une journée d’ateliers pour les personnes intéressées à contester le sommet. L’objectif de cette journée est d’informer toute personne intéressée sur ses droits et sur ce qu’elle peut faire pour se protéger. Nous serions heureuses et heureux de pouvoir transmettre les outils de base en vue de faire face à l’État et à ses deux bras droits : la police et le système judiciaire.

Les leaders du G7 nous font la guerre, guerre aux leaders du G7,

Les leaders du G7 nous font la guerre, jus para bellum.

Hamilton: Retours sur la balade ingouvernable du 3 mars dernier à travers l’un des quartiers les plus riches de la ville

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Mar 182018
 

De North-Shore.info. Traduit par Sans Attendre Demain.

[Voici deux textes au sujet de la nuit émeutière du 3 mars dernier dans un quartier riche d’Hamilton.]

Hamilton : Ingouvernables et pleurs de bobos : un samedi soir à Locke Street.

Chaque jour, que ce soit les propriétaires qui touchent de plus en plus de loyers pour des apparts toujours plus merdiques, des patrons qui vous poussent à travailler toujours plus ardemment, des associations de commerçants qui militent pour davantage de flics, ou juste l’Audi qui vous coupe aux heures de pointe… Les riches nous pourrissent la vie. Chaque jour, nous devons faire face à leurs attaques mais de temps en temps, nous pouvons trouver un moyen pour rendre les coups.

Samedi soir, j’ai retrouvé un groupe de gens dans le quartier ‘Durand’ : nous avons flâné le long ‘d’Aberdeen’ et dans certaines rues du secteur, en attaquant des véhicules de luxe et des hôtels particuliers qui étaient sur notre chemin, en faisant du bruit avec un sound system portable des feux d’artifice. La balade s’est ensuite rabattue sur ‘Locke’ en attaquant le maximum de commerces de bobos que nous pouvions avant de prendre la décision de se disperser. La police a dit que nous avions fui, mais je n’ai pas vu un seul flic après qu’ils ont été chassés ‘d’Aberdeen’.

Pour tous les anti-capitalistes indubitablement sincères qui, sur Internet, se demandent pourquoi les Starbucks n’ont pas été détruits, contrairement aux petites entreprises et commerces locaux, c’est seulement parce que ceux-ci étaient situés juste un peu trop au nord. Mon seul regret de la soirée.

Comme le camarade Kirk Burgess [1] l’a expliqué sur twitter :

« Imaginez que vous êtes si fâchés vis-à-vis de la gentrification, que vous vous rassemblez avec quelques potes en galère, que vous vous masquez le visage, et que vous déchaînez dans l’un des quartiers les plus riches de la ville. En jetant des pierres sur les maisons et les entreprises. Vous êtes répugnants. »

C’est plus ou moins ça Kirk, moi et mes ami.e.s galériens.

Tous mes pires patrons ont été propriétaires de petites entreprises. Le problème ne réside pas dans la taille de l’entreprise, mais bien dans la relation d’exploitation. Quand une personne décide d’être capitaliste, de faire de l’argent par le biais de ses investissements plutôt que par son travail, sa position par rapport aux changements dans la ville devient fondamentalement différente. La gentrification, par exemple: lorsque les loyers augmentent, cela signifie qu’ils gagnent plus d’argent (plutôt que de perdre leur maison); quand les prix montent et que les riches emménagent, cela signifie une chance de vendre des produits de luxe (alors que nous travaillons au salaire minimum); quand davantage de police et de surveillance arrivent, cela sécurise votre investissement (pendant que nous sommes harcelés et expulsés). Ils deviennent riches parce que nos vies se détériorent.

Bien sûr, les propriétaires de petites entreprises peuvent travailler de longues heures, mais même si je mets 12 heures à côté de mon patron, et que nous nettoyons les toilettes, le fait qu’ils possèdent et que je travaille signifie que notre relation au travail est totalement différente. Quand les affaires sont bonnes (ou quand ils réussissent à faire du financement collectif), ils entérinent un nouveau bail sur une voiture ou signent une hypothèque sur une propriété d’investissement alors que mon chèque est mangé par le loyer, les factures et le magasin d’alimentation. Je n’ai pas d’autre choix que de me présenter demain alors que leur capacité à s’enrichir augmente.

Fuck les riches. Fuck les capitalistes (même ceux qui vendent des produits de boulangerie haut de gamme). Et à tous ceux qui veulent se plaindre de la violence, souvenez-vous que la seule raison pour laquelle ces parasites parviennent à garder leurs mains propres est que, le plus souvent, leurs attaques ressemblent à des affaires des plus banales.

Devrions-nous continuer à écrire des lettres en espérant que Jason Farr [2] « Je-veux-un-magasin-Apple » fasse quelque chose? Ou croire que d’une façon ou d’une autre, Andrea Horwath [3] arrêtera de lécher le cul du BIA de Locke Street [4] ? Ou nous pourrions nous perdre dans le fait que la solution à l’oppression économique résiderait dans des start-up plus innovantes, ou bien dans la charité? Est-ce que je devrais garder le sourire face au connard de riche en espérant qu’il me donne un pourboire plus important?

La rue Locke a été la première rue embourgeoisée du centre-ville, sa « success story », comme pourrait le dire le maire Fred, les quartiers environnants étant les premiers à voir les hausses de loyers qui finissent par dominer tant de nos vies. Retourner des tables et finir par contre-attaquer samedi soir m’a aidé à me débarrasser de la peur et de la frustration qui s’accumulent lorsque vous êtes embourbés dans une situation désespérée. Que les riches se rappellent qu’ils sont toujours à la portée de toutes les personnes qu’ils écrasent.

NdT:

[1] Il parait que Kirk Burgess est un quidam qui a posté ce commentaire marrant sur twitter que l’auteur du texte a décidé de résumer parfaitement la nature de l’action.

[2] Jason Farr c’est un membre du conseil municipal, un vrai opportuniste qui ne fait que courir après les riches pour les attirer dans notre quartier (y compris le apple store).

[3] Andrea Horwath c’est la cheffe du parti de gauche au niveau provincial, qui est venue poser des messages de solidarité sur les façades fracassées.

[4] Un BIA c’est un « Business Improvement Area », une association appuyée par le gouvernement municipal qui réunit les propriétaires et les petits patrons pour coordonner les affaires des quartiers. Assez dégueu.


Après la balade émeutière de Locke Street de samedi 3 mars, le Centre Social Anarchiste The Tower à Hamilton (Ontario, Canada) a eu sa vitrine défoncée dans la nuit de dimanche et la porte pétée la nuit de mardi.

Communiqué de The Tower sur les événements récents

Nous avons attendu jusqu’à maintenant pour écrire un communiqué public, car ce n’est vraiment pas notre volonté d’avoir des conversations sur internet, un endroit si toxique et aliénant. Mais puisque notre local a été attaqué deux fois dans les derniers jours, nous pensons qu’il est important de partager quelques réflexions et d’être clairs sur notre position.

Tout d’abord, non, les actions qui ont eu lieu samedi soir sur les rues Locke et Aberdeen n’ont pas étés organisés par The Tower, mais oui, nous soutenons ce qui s’est passé et nous sommes solidaires de ceux/celles qui l’ont fait. La guerre de classe se poursuit chaque jour dans cette ville, avec des attaques constantes contre les pauvres et les travailleurs. C’est consternant de voir que de si nombreuses personnes se fassent du souci seulement lors de rares occasions où un peu de rage se retourne contre la domination. Les effets permanents de la gentrification dans cette ville sont déchirants : vagues de déplacements, violence croissante et pauvreté grandissante. On ne peut pas simplement s’attendre à que tout ça reste caché sous le tapis des mots. Nous n’avons aucune larme à déverser pour Locke Street.

Nous ressentons qu’à chaque famille qui se fait expulser de sa maison c’est bien pire que tout ce qui s’est passé sur Locke Street, même si on croit que tenir des boutiques de luxe est un acte neutre. Et le niveau d’indignation est particulièrement odieux, considérant que ces dernières jours il y a également eu deux femmes lambda qui ont étés poignardées. C’est plus que dégoûtant de voir que les discussions sur les pâtisseries artisanales dégradées ont la priorité sur les discussions à propos de la violence sur les femmes.

Ce n’est pas simplement du jemenfoutisme, cela veut dire choisir son camp. Quand les choses tournent mal, nous ne sommes pas du côté des riches et de la classe des affaires. Nous sommes solidaires de tous ceux qui résistent aux pouvoirs dominants dans cette ville et si nous avons des critiques sur la tactique nous les faisons en privé. Nous nous opposons à toute répression et à toute collaboration avec la police.

Ces derniers jours, nous avons reçu plusieurs menaces de la part de groupes d’extrême droite, présageant les attaques contre notre espace. Sans surprise, la classe commerçante locale et les suprématistes blancs qui ont organisé des manifestations anti-immigrés en ville l’année dernière se sont retrouvés du même côté.

Tout le théâtre à propos de Locke Street montre qu’ils ne s’attendent pas seulement à se faire de l’argent en suivant leurs intérêts et en ignorant leurs impacts sur d’autres, mais qu’ils s’attendent aussi bien à être aimés pour cela. Nous ne sommes pas « choqués et horrifiés » d’être attaqués, puisque nous n’avons jamais pensé que les puissants de cette ville et leurs larbins pouvaient nous remercier de s’opposer à eux.

Nous savons que ce ne sont pas les boutiques qui sont le principal facteur d’embourgeoisement et des souffrances qu’il entraîne: ce sont plutôt les investissements immobiliers, la spéculation et les politiques municipales qui les encouragent. Les petits magasins sont souvent sous le feu des projecteurs, mais ce ne sont pas eux qui réaménagent les blocs d’immeubles entiers ou mènent des expulsions massives. Cependant, ce qu’ils ont fait, cela a été de se mettre du côté des spéculateurs et des proprios, se positionnant de manière à profiter des forces qui portent préjudice à la plupart de leurs voisins. Nous avons choisi de les critiquer et de nous y opposer par le passé, à cause de leur alliance aux riches et aux gros capitalistes, et même s’ils ne sont pas les plus responsables, leurs actions ont des conséquences réelles.

Pour être clairs, nous ne remplirons pas des formulaires de police en lien à ces événements, mais nous les gérerons plutôt de façon autonome, en nous appuyant sur des réseaux d’entraide. The Tower continuera à héberger le même type d’événements et de groupes qu’il a toujours fait, en mettant des ressources en commun et en partageant des idées. Les événements des derniers jours ne changent rien pour notre projet ou nos choix et nous faisons appel à tous/toutes ceux/celles avec qui nous avons partagé des moments par le passé à prendre le temps de souffler et à considérer que même si les choses sont plus intenses en ce moment, rien n’a changé au fond.

Une nouvelle victoire Réclame ta paye!

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Fév 172018
 

Du SITT-IWW

Bonjour à toutes et à tous!

J’ai envie de vous partager une petite victoire « Réclame Ta Paie » qui s’est passée il y a quelque temps, parce que ces victoires-là sont tout autant importantes. Parfois, il faut faire avec les moyens qu’on a, et même s’il ne sont pas nombreux, on PEUT faire quelque chose. L’histoire est un peu complexe à expliquer par écrit, ça va être long, restez avec moi, j’apprendrai à faire bref éventuellement.

Je me suis retrouvé à démerder un employeur dans une situation d’urgence, tout en me faisant promettre un contrat de travail. Chaque semaine, il y avait une bonne excuse pour remettre à plus tard notre rencontre (qui devait se jumeler avec un training) : horaire trop chargé, oubli, déménagement, grippe, etc. Pendant ce temps, je continue à faire le travail qui est attendu, la paie prend du temps à arriver, et l’employeur me demande de faire des commissions qui ne font pas partie de ma liste de tâches, mais puisque c’est une situation d’urgence et que la cliente est à l’hôpital depuis des semaines, j’ai pilé sur mon coup de gueule…

Cette semaine, cela faisait 21 jours que je n’avais toujours pas reçu de paie. Lundi, j’ai encore contacté l’employeur, en lui expliquant très clairement que financièrement je ne serai plus en mesure de me déplacer pour le travail, que j’ai des comptes (astheure en retard, thanks to you!) à payer, un besoin fondamental de 3 repas par jour, et que je n’ai aucune garantie de me faire payer d’ici la fin de l’année (if ever!), et que tout ce stress quelques semaines avant les fêtes (mélodrame), ben, c’est vraiment inutile. Je me suis fait répondre que la cliente n’avait pas d’autres moyens que de faire un chèque puisqu’elle est encore à l’hôpital alors, « pourrais-tu aller chercher ton chèque à l’hôpital? » Et tant qu’à me faire faire ses commissions, je devais aussi : apporter des effets personnels à la dame, lui faire remplir le contrat, envoyer les signatures digitalisées, encaisser le chèque et lui faire le virement e-Interac des taxes.

…Ok.

Non, mais, ok. J’ai faim, pis j’tannée, caliss.

Ce matin-là, je me rends donc quêter mon argent de bonne heure à l’hôpital. La dame m’explique qu’elle a DÉJÀ rempli un contrat, qu’elle a demandé une COPIE du contrat, mais que l’employeur lui a dit qu’elle ne lui avait pas encore envoyé parce qu’il est dans les boîtes du déménagement. L’employeur ne m’ayant aucunement avisé de cette réalité, ça m’a profondément emmerdé drette là. Je tente de lui expliquer que de mon côté les informations que j’ai étaient de remplir le contrat et de prendre les signatures, mais elle refuse, et ne comprends toujours pas pourquoi c’est impossible de lui fournir une copie d’un contrat déjà rempli, signé et daté. Elle pas a faux. On fait quand même les signatures, mais on ne remplit pas le contrat puisqu’elle veut en discuter avec l’employeur directement. Pour le chèque, elle refuse de me le faire à mon nom personnel puisqu’elle fait affaire avec l’employeur/compagnie et qu’un contrat a été signé de toute façon. Encore une fois, elle a pas faux. Alors, le chèque est adressé à l’employeur. Je tente de le rejoindre par téléphone, tous mes appels sont envoyés directement à la boite vocale. Mes messages demeurent « non lu ». Impossible pour moi d’avoir mon dû. Je repars bredouille, et en crisse.

Je laisse un énième message à l’employeur pour lui dire de venir prendre son chèque chez moi pour que je puisse enfin avoir mon salaire. L’employeur me répond (après un gros délai) qu’il va vérifier avec son institution bancaire si je peux quand même encaisser le chèque. Sans surprise : non. J’essaie de rejoindre par téléphone, et je me fais dire « peux-tu arrêter de m’appeler lol » et l’employeur refuse de se déplacer, il veut que je lui envoie le chèque par la P O S T E (je niaise pas). Mais y’a plusse encore : il me donne son adresse civique P E R S O N N E L L E!!!!! Jackpot!?!

Après avoir pété un plomb, j’ai appelé 2 fellow workeuses qui sont dans le même domaine que moi pour discuter des meilleures alternatives compte tenu de ma situation. Comme je n’ai pas de contrat d’établi avec l’employeur et que je suis travailleuse autonome, je n’ai qu’une seule bonne option avant de réellement entamer un Réclame Ta Paye : me présenter sur place à l’adresse de l’employeur (merci de me l’avoir donné si gentiment hinhin), et d’exiger le versement de mon salaire live dans ma face. Je fait ma petite YesMan ™ et je demande si ça ne serait donc ben pas plus simple que je vienne lui déposer allègrement le chèque à son humble demeure « on est juste à 20 minutes l’un de l’autre lol ». L’employeur a dit OUI. Jackpot, #2?!?!

Pendant que j’étais en route, il commençait à argumenter (par messages) sur les sommes dues sur mon salaire, « j’enlève un 40$ ici pour X-Y-Z raison vraiment cave, et un 20$ pour Z-Y-X raison encore plus cave », que j’ai totalement refusé (lel). Il voulait aussi me soustraire un 40$ de mon salaire parce que l’employeur le devait à l’employée qui m’a référée à cet employeur (WtF). Je lui ai dit que l’argent des autres ne me concernait pas, et que je voulais être payé pour le travail que J’AI FAIT durant ces 21 jours. Vu que j’ai pas le temps de niaiser et que mon partenaire était disponible, je me suis présenté chez l’employeur avec lui. Il a attendu dans la voiture, question de faire prestance efficace (les rares fois que jouer la carte du patriarcat peut être favorable!), pendant que je sonnais à la porte, facture en main.

L’employeur me devait 460.00$, je suis repartie avec 540.00$.

STAY STRONG, FWs!

We can do it all even when the possibility seems bleak!

Euphorie Vagabonde

G7 : Rapport sur la lutte présente et à venir

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Jan 272018
 

De Pour un temps libre

Ce 8 et 9 juin, La Malbaie recevra les dirigeant.e.s des sept États (capitalistes) les plus puissants de la planète pour traiter de problématiques planétaires qui ont toutes pour réponses le perfectionnement de notre exploitation et de notre domination. Ce n’est pas par hasard que c’est dans un tel lieu isolé des grandes concentrations urbaines – en tant qu’elles sont aussi des concentrations de misère – que se tient cet événement abject, c’est précisément pour fuir la révolte qu’il provoque (pensons notamment à Seattle 1999, Québec 2001, Toronto 2010, etc.)

La présence pestilentielle des représentant.e.s étatiques oblige, les sbires de l’État ont anticipé le coup et quelques « 7000 policiers et militaires [seront] déployés dans la ville et ses environs. Tireurs d’élite positionnés sur les toits, utilisation de drones et de caméras de surveillance », rien ne sera laissé au « hasard » des situations imprévisibles que représente l’éclatement violent de la lutte des classes. Une seule question se pose maintenant : où ferons-nous la fête?

Ce n’est qu’en réfléchissant sur le rapport qu’entretient le capital avec l’espace que la réponse peut être dégagée : en s’universalisant, le capital s’est rendu par là même universellement vulnérable, c’est-à-dire que là où il y a exploitation, lutte il y a. À La Malbaie, Québec, Pékin ou à Athènes, le contenu de la lutte des classes reste identique – malgré les formes particulières qu’elle prend – c’est une lutte contre le capital et le monde qu’il détruit à son image. S’attaquer au capital ici ou , c’est matérialiser notre refus pratique de reproduire, peu importe où, une existence sociale genrée, aliénée et déchirée telle qu’elle n’incarne plus qu’un simple rôle imposé.

Considérant le suicide stratégique que représente l’idée de perturber le G7 à La Malbaie, c’est à Québec que se tiendra le véritable contre-sommet parce que c’est que se présentent les conditions réelles d’une lutte victorieuse. Victorieuse au sens où nous faisons de cet événement une occasion de subvertir le rapport social capitaliste là où il se concentre, de perturber logistiquement le séjour des dignitaires contraint.e.s de loger à Québec, tout en produisant un temps et un espace momentanément libérés du capital – un temps nôtre. C’est un rapport social très matériel qu’il s’agit de combattre et non pas de stupides « têtes d’affiches » à la Trump; c’est à ce qui les rend possibles que nous nous attaquerons.

Nous préférons l’odeur d’un brasier urbain à celle d’un potentiel cadavre d’un.e membre du G7.

Question de goût.

– Temps Libre, janvier 2018

 

Salaires impayés pour deux travailleurs sans-papiers : Une victoire pour lancer l’année!

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Jan 242018
 

Du SITT-IWW

Une nouvelle année s’est terminée et encore une fois, elle fut synonyme, pour nombre de travailleuses et travailleurs, de salaires impayés, de congédiements déguisés et dintimidation de la part de leurs employeurs. Trop souvent, ces patrons malhonnêtes tentent de sen tirer impunément.

Ce fut le cas récemment pour deux travailleurs sans-papier. De passage au Canada pour quelques mois, ils furent embauchés comme plongeurs dans un restaurant branché et fancy du quartier St-Henri. Payés sous la table, ils devaient recevoir leurs derniers chèques par le biais de ladresse dune amie et ce, une fois repartis dans leurs pays dorigine respectifs.

Évidemment, les chèques nont jamais été envoyés. Difficile de mettre de la pression quand on est pas dans la région, quand ni le français ni langlais sont nos langues dusage.

Contacté par lamie de nos deux camarades, le syndicat sest mis en branle. Nous avons premièrement appelé leur ancien patron pour lui faire part de la situation. Le chef-cuisinier a vite fait de nier connaître ses deux anciens employés et tenté de dévier la conversation, pour finalement admettre à demi-mots que si ses deux personnes lui écrivaient sur son courriel personnel il tenterait de clarifier « la situation ».

Nous avons donc rédigé un petit message en notre nom et celui des deux travailleurs lésés que nous lui avons envoyé. À lui ainsi qu’à ladministration du restaurant, et ce sans omettre de mentionner quavenant une réponse négative de leur part, nous entamerions une campagne publique à leur endroit. La réponse ne sest pas faite attendre. Soudain, les patrons du restaurant se souvenaient du travail effectué par nos camarades et tenaient à régler ce simple « malentendu ». Les chèques étaient prêts le lendemain et les patrons sexcusaient.

Si nos employeurs aiment utiliser les frontières comme prétexte de malversation ou dintimidation, la solidarité syndicale se doit de les abolir. Les Normes du travail sont supposées nous protéger, mais elles tiennent peu compte de la réalité que nous vivons au quotidien. Cest dire que si souvent les boss sessayent à voler des salaires, il nen tient qu’à nous, travailleuses et travailleurs, pour réclamer ce qui nous est du! Nous continuerons en 2018 à aider nos collègues et camarades à faire valoir leurs droits, mais aussi à sorganiser.

Bonne année de luttes syndicales!

Explosion de solidarité pour l’ancienne employée d’Antidote

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Déc 222017
 

Du SITT-IWW

Après deux ans à m’impliquer bénévolement au Comité communication des IWW, je n’avais jamais vu cela. La petite histoire de Sarah, congédiée du comptoir végane Antidote à quelques jours de Noël, et ce après avoir vécu de l’intimidation et des abus de pouvoir, est devenue virale.

En moins de 24 heures, les mots d’espoir et les gestes de solidarité ont afflué de toute part. Une dizaine de milliers de views sur notre blog, j’avais presque l’impression de travailler pour Vice ou Ton Petit Look, à la différence près que dans la section commentaire, c’était un amour à couper le souffle que Sarah recevait au lieu des traditionnels hate mails.

On assiste à une version moderne du Drôle de Noël de Scrooge. En 2017, à quelques jours du réveillon, une jeune entrepreneure aussi dynamique que imbue d’elle-même, propriétaire d’un restaurant branché dans un quartier en plein processus de gentrification, congédie son employée.

Mentionnons-le avant d’aller plus loin : congédier un-e employé-e de restauration en plein mois de décembre, outre que de lui souhaiter un Noël sans cadeau à offrir ou petit plats à apporter au réveillon, c’est lui souhaiter un joyeux trois ou quatre mois de chômage, pas de chômage, le temps que les bassins de l’industrie rouvrent à l’arrivée du printemps.

Par le biais d’une amie, Sarah est entrée en contact avec le fantôme du Syndicalisme de Combat qui a accepté de partager son histoire. Vous connaissez la suite, l’histoire est devenu virale et les médias sociaux se sont enflammés. Si nous étions dans un conte de Noël, au bout du troisième acte, la patronne se serait repentie, mais la réalité des relations patrons-employé-e-s étant ce qu’elle est, elle publia plus tôt un texte larmoyant pour expliquer que du fin fond de sa réussite professionnelle, c’est un peu elle la victime en fait.

Tout y était, elle est jeune et a tellement à apprendre, elle ne savait pas qu’on ne pouvait pas moralement congédier quelqu’un-e par texto. Elle était obligée de la congédier maintenant, en cheap shot par texto, parce que l’avertir deux semaines d’avance et laisser le temps à l’employée de se préparer (comme les boss nous le demandent), ça fitait pas dans ses priorités. On aurait dit une caricature tout droit sortie du Module sur les réactions patronales dans le Formation d’Organisation 101 de l’IWW.

En parallèle des larmes de crocodile de la patronne qui, à en croire ce qu’on peut voir sur Facebook, n’ont pas ému personne d’autres que deux ou trois propriétaires dans des situations similaires ou des amis proches, ce sont d’ancien-nes employé-es qui nous ont contacté pour nous faire part d’expériences similaires, l’histoire d’un petit producteur de la Gaspésie qui avait de la difficulté à se faire payer est remonté, et de nombreux et nombreuses autres travailleurs et travailleuses de la restauration expliquant se reconnaître dans cette situation tellement trop fréquente. Mais peut-être plus important encore, des gens de partout à Montréal nous ont écrit pour faire part de leur sympathie et offrir leur solidarité à Sarah.

Entre les mots d’encouragement, une telle a une chambre de libre, celui-là a un divan disponible si nécessaire, celle-là a de la nourriture pour le chien, un autre a entendu parler d’une offre d’emploi et ceux-là ont des contrats temporaires, voir des offre d’emplois permanents à offrir. Conscience de classe, ras-le-bol des conditions de travail infernales de l’industrie de la restauration ou tout simplement l’esprit de Noël? Peu importe pour le moment, la solidarité dépasse toute nos attentes et pour cela, de la part de Sarah, mais aussi de tous et toutes les membres de l’IWW, nous vous offrons nos plus sincères remerciements et vous souhaitons un excellent temps des fêtes.

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Crédit Photo: Katerine-Lune Rollet, février 2015.

Noël au resto vegan Antidote: Abus de pouvoir et congédiement par textos

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Déc 202017
 

Du SITT-IWW

Noël approche peut-être à grands pas, mais ça ne va pas dire pour autant que nos boss vont arrêter de nous traiter comme de la marde. Sarah nous a envoyé le texte suivant suite à son congédiement et c’est avec toute notre solidarité que nous le publions, car comme elle le dit : « On doit se serrer les coudes. »

Bonjour, mon nom est Sarah et je suis étudiante. On est une semaine avant Noël et au lieu de me réjouir pour le temps des fêtes, j’angoisse à l’idée de me retrouver à la rue pour l’hiver.

Jusqu’à mercredi dernier le 13 décembre 2017, je travaillais comme plongeuse au restaurant « Antidote Bouffe Végane» et j’adorais ça. Je faisais bien mon travail et je m’entendais très bien avec chacun-e- s des employé-e- s. Lorsque j’ai été engagée le 18 septembre 2017, j’étais juste tellement heureuse à l’idée de ne plus avoir à vivre dans ma voiture avec mon chien et enfin pouvoir me trouver un loyer, et ce même si j’étais payée au salaire minimum. Mon ancienne patronne, Élise Bellerose, dirige ce restaurant à l’aide de son bras droit, Arielle La Jardinière. Environ un mois avant mon congédiement, cette Arielle s’est faite donner comme mission par Élise de prendre le restaurant en charge lorsqu’elle est absente ou au spa. Je crois qu’elle a vu par là une façon d’acquérir un certain pouvoir ainsi qu’une
bonne réputation aux yeux de la patronne.

Tranquillement, Arielle s’est mise à installer un climat d’intimidation dans le restaurant, quasiment tou-te- s les employé-e- s ont commencé à recevoir des menaces de congédiement pour des raisons qui n’étaient pas valables ou même vraies. Tout ce qu’on faisait ou disait pouvait être retourné contre nous. Lorsqu’Élise venait nous parler, c’était pour nous reprocher des choses dont elle n’avait connaissance que par les ouï-dire d’Arielle. On marchait sur des œufs. Certain-e- s d’entre nous allaient même jusqu’à faire semblant de sympathiser avec Arielle par peur de perdre leur emploi, même si à plusieurs reprises des employées et moi-même (une fois) se sont faites traiter de « salope » par elle, sous prétexte que c’était une blague. Un autre plongeur adoré de tou-te- s a donné sa démission parce qu’il refusait de se faire parler comme un moins que rien. On a essayé d’en parler à Élise, mais elle n’a rien voulu savoir.

Environ une semaine avant mon congédiement, je suis sortie de la cuisine pour voir s’il y avait de la vaisselle sale en avant ainsi que pour aller remettre du papier de toilette dans la salle de bain, car c’est mon travail. Cette journée -là, Élise était absente, mais Arielle était là. En me dirigeant vers la salle de bain, elle m’a dit : « Viens ici Sarah. » . Déjà là,je savais que ça s’annonçait mal. Elle me dit ensuite d’un ton arrogant : « Vas donc laver ton petit coin en arrière!! T’as pas d’affaire en avant ! »

J’étais vraiment insultée et je lui ai répondu que ça n’avait pas rapport et je n’étais pas d’accord de la façon dont elle me parle; surtout qu’elle n’a aucune idée des taches que je dois faire. Environ deux heures plus tard dans la même soirée, j’ai trois amis qui sont venus manger au restaurant et en retournant en avant pour aller chercher des verres sales, je passe devant eux et ils me demandent ce qui est bon sur le menu. Je m’arrête une minute pour les conseiller et une serveuse vient directement me voir pour me dire de ne pas faire ça, que je dois faire attention, car Arielle lui a dit qu’elle m’avait à l’œil et qu’elle allait dire à Élise que je perdais mon temps.

Je suis donc retournée dans la cuisine, j’étais en colère et j’étais tannée de ce climat de peur dans le restaurant. J’ai décidé de texter ma boss. Une cuisinière m’a déconseillé de le faire pour ne pas perdre mon emploi. Mais je savais qu’Arielle allait dire à ma boss que je travaillais mal, alors il fallait que je défende mon point. Je lui ai écrit que je ne comprenais pas pourquoi Arielle avait cette attitude avec moi et que s’ils n’aimaient pas mon travail à ce point, j’aimerais bien être au courant. Elle ne m’a jamais répondu, mais le lendemain matin, elle a accroché une note dans la salle des employés qui disait qu’Arielle avait autant de droits qu’elle sur ce qui se passait dans le restaurant lors de son absence et qu’il fallait que nous, les employés, on « deal » avec ça. J’ai donc eu ma réponse…Jamais Élise, qui pourtant est la patronne, n’a demandé à me parler ou rien. Quand je la croisais, c’est comme si je ne lui avais jamais rien texté. Je me suis dite que ça allait juste rester comme ça.

Mais mercredi dernier, le 13 décembre 2017, à 13h14 juste avant mon shift de 17h00, je reçois un message texte de la part d’Élise disant ce qui suit.

« Bonjour Sarah, désolé de t’apprendre ça par texto, mais Antidote n’aura plus besoin de tes services. Je te remercie de ta compréhension, si tu as des questions, texte-moi. Bonne chance pour la suite. Élise. »

Je n’en revenais pas que je venais de perdre ma job comme ça, d’un claquement de doigts. Je l’ai évidemment retexté pour comprendre son motif, mais elle ne m’a jamais réécrit. J’ai contacté les Normes du travail, pour savoir si j’avais droit au moins à un deux semaines d’avis ou une rémunération quelconque. Ils m’ont dit que non, parce que ça ne faisait pas trois mois….Il me manquait seulement 5 jours avant que ça fasse trois mois. Les employé-e-s du restaurant Antidote se tiennent maintenant les fesses bien serrées et ont peur de perdre leur emploi comme moi. Arielle est toujours bien présente là-bas. Moi aussi j’ai peur qu’elle renvoie d’autres employé-e-s.

J’ai fait une demande de chômage, mais je sais déjà que je n’ai pas assez d’heures. J’ai vendu ma voiture à la scrap, ça va me permettre d’avoir au moins le mois de janvier d’assuré avec un toit sur la tête, à moi et mon fidèle chien. Pour la suite je ne sais pas et j’avouerai que ça me fait peur. J’espère vite me trouver un autre emploi. Merci de m’avoir lu et sil-vous-plaît partagez en grand nombre, en solidarité avec celles et ceux qui vivent de l’intimidation au travail.

On doit se serrer les coudes. Good Bye.