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Sabotage ferroviaire au ‘BC’ en solidarité avec la Palestine et les Wet’suwet’en

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Jan 012024
 

Soumission anonyme à BC Counter-info

Fin octobre 2023, aux heures les plus calmes de la nuit, un petit groupe a rapidement mis en place un blocus des voies ferrées du CN au « bc », dans la région de Hope.

Le blocus consistait en un étau de table de travail en fer de 100 livres – dont les mâchoires étaient fixées directement au rail – surmonté d’une pile de plusieurs centaines de livres de chaînes et de ferraille.

D’un côté du gigantesque étau de table de travail était peint en rouge « FREE GAZA ». De l’autre côté, on pouvait lire « CGL OFF THE YINTAH ». Le barrage était fixé à un tronçon de rail incurvé dans la forêt, à proximité d’aucune habitation. Les trains de marchandises du CN traversent cette zone plusieurs fois par heure. Le barrage a été fixé immédiatement après le passage d’un train, afin de laisser le plus de temps possible pour travailler en toute sécurité.

Seules deux lignes ferroviaires transportent l’ensemble du système de fret de la « Colombie-Britannique » : le CN et le CP. Leurs itinéraires se chevauchent dans une vaste zone du territoire Secwepemc, entre Hope et Kamloops, que les autorités qualifient de « point d’étranglement » pour le système de fret du gouvernement – ses lignes d’approvisionnement pour l’extraction des ressources. Si ces deux lignes sont perturbées ou fermées simultanément, c’est tout le système de fret ferroviaire de la « province » qui s’arrête. Mettons-nous au travail.

Veuilez jeter vos déchets sur les rails. Plus il y a de déchets, de verre brisé et de ferraille sur les rails, plus les travaux s’encrassent.

[Voir ce texte pour des méthodes permettant d’éviter de causer un déraillement ; NdMtlCI]


Alors que nous prenons les mesures nécessaires pour envoyer ce communiqué anonyme, nous souhaitons encourager des tactiques allant au-delà des boycotts. C’est une bonne chose de cesser de donner de l’argent aux entreprises génocidaires. Il est maintenant temps de franchir une nouvelle étape et de commencer à prendre l’argent de ces entreprises. La récente autoréduction massive de nourriture dans un Whole Foods à Lenapehoking, soi-disant New York, est un excellent exemple.

Vous avez cessé d’aller chez Starbucks – commencez maintenant à retourner chez Starbucks pour voler et détruire leurs marchandises. Perturbez leurs profits de manière de plus en plus directe. Les petits rasoirs cachés sont parfaits pour ouvrir les sacs de café et déchirer les produits, tout en ayant l’air de simplement manipuler et examiner les marchandises.

Les conteneurs d’huile de cuisson usagée sont parfaits pour être versés sur les livres et les produits en papier dans les magasins qui soutiennent le génocide. Huilez votre Indigo local par exemple – ciblez les produits les plus chers possible. Transportez l’huile dans une bouteille d’eau ou une tasse à café réutilisable, ou dans de minuscules flacons qui tiennent dans la paume de votre main.

Ne jetez plus les restes de nourriture, en particulier la viande, mais fabriquez des boules puantes. Mettez les aliments dans des récipients bien fermés et laissez-les pourrir à la chaleur. Lorsqu’ils sont prêts, déversez subtilement leur contenu dans les commerces que vous souhaitez perturber.

rassemblez-vous, faites preuve de créativité et allez-y

Affichage d’urgence dans les métros

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Nov 152023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin, une vingtaine de stations de métros ont été tapissées à travers la Ville.

Palestine : Quelques rappels sur ce que solidarité veut dire

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Nov 022023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les dernières années ont été le théâtre de réflexions intenses et conflictuelles au sein de la gauche radicale concernant la manière d’agir en solidarité avec les groupes marginalisés et opprimés ainsi que sur le rôle d’allié.e – auquel plusieurs, dont je suis, on préféré celui de complice. Sans aucun doute, les luttes autochtones, noires, queer et transféministes ont profondément bouleversé les vocabulaires et les pratiques, enrichissant et complexifiant énormément nos pensées et nos luttes. Ces questions ont tout à la fois transformé les rapports de force, suscité des désaccords profonds, créé des scissions, donné lieu de nouvelles alliances. Malgré des fractures multiples, ce contexte particulier a permis d’établir au moins quelques bases relativement consensuelles, qui me semble effarant de devoir rappeler en cette période où la guerre menée par Israël contre le peuple palestinien nous oblige à adopter à nouveau une position de solidarité.

En effet, le devoir d’écouter et de croire les opprimé.e.s, tout particulièrement quand on se trouve du côté des dominant.e.s, paraît soudainement ne plus relever de l’évidence dans le contexte palestinien, alors qu’il s’est imposé comme impératif dans une foule d’autres situations. De la même manière, il ne semble pas être si clair qu’on se doit ces jours-ci de reprendre la posture adoptée notamment face aux luttes autochtones de décolonisation : prioriser et mettre de l’avant la(les) parole(s) du peuple concerné et reconnaître totalement son leadership dans le mouvement de résistance en cours. Pourtant, dans notre solidarité avec la Palestine, il nous faut encore une fois accepter le second rôle, se taire parfois, apprendre, écouter.

Bien sûr, écouter ne veut pas dire arrêter d’exercer une réflexion critique sur les informations et les prises de positions qui nous parviennent. Écouter veut aussi dire : éviter la tentation d’homogénéiser les Palestinien.e.s, tenter de percevoir les voix multiples qui traversent leur mouvement de libération, prendre le temps d’essayer de comprendre ses conflits internes, les penser avec la lenteur qui est nécessaire quand on pense des situations qui font sens dans des codes qui nous sont étrangers. Mais écouter veut assurément dire « ne pas être en train de parler » ; reconnaître notre extériorité extrême à ce que vivent les Palestien.ne.s – en Palestine ou ailleurs – et reconnaître donc que nous ne sommes peut-être pas en position de développer et de partager publiquement des considérations stratégiques. Si cela me semble évident, une chose me paraît encore plus certaine : apporter des nuances et souligner la complexité de la situation n’est aucunement notre rôle. Dans un moment où la soi-disant « complexité du conflit » ne cesse d’être utilisée comme argument dans l’espace public pour contourner une franche condamnation d’Israël, relayer ce type de réflexion est tout simplement gênant.

Il faut réussir à coupler une position de véritable écoute, avec ce que ça implique d’humilité et d’incertitude, à une position de ferme et engageante solidarité. Dans le contexte où le gouvernement canadien réitère sans cesse son soutien à la violence israélienne, cette deuxième dimension est essentielle et urgente. Et surtout, il faut se pointer. Aller aux manifs, aller aux actions, peu importe le fait que leurs tactiques puissent peut-être différer des rituels de la gauche radicale montréalaise. La solidarité avec la Palestine n’est pas affaire d’internationalisme abstrait et symbolique, mais d’opposition concrète à notre propre État, qui est matériellement engagé dans l’oppression du peuple palestinien.

Prendre cette position est aussi notre responsabilité envers celles et ceux de qui notre territoire est la terre d’exil, que ça soit temporairement ou durablement. Il me semble capital de participer à ce que les Palestinien.ne.s avec qui on partage notre ville se sentent non seulement respecté.e.s comme humain.e.s de qui on défend les droits fondamentaux, mais aussi comme actrices et acteurs détenteur.trice.s d’une agentivité indéniable, possédant des pensées, des héritages et des pratiques politiques extrêmement riches et singulières. Comme citoyen.e.s d’un État directement impliqué dans ce qui fait de la Palestine un endroit inaccessible et inhabitable pour sa diaspora, on se doit de faire tout ce qu’on peut pour faire du lieu où l’on habite un espace vivable pour celles et ceux qui se sont retrouvé.e.s ici, un lieu où vie est synonyme de dignité et pas uniquement de survie et où l’exil peut se déployer comme une expérience politique. Et ce commentaire vaut aussi pour tous les gens issus de peuples pour qui la situation palestinienne est un enjeu fondamental, profondément ancré dans la culture politique.

Aux Palestinien.nes et à leurs complices de toujours, issu.e.s d’ailleurs au Moyen-Orient et dans le monde arabe : Sachez que certains silences sont un immense respect pour votre lutte et qu’ils n’excluent pas une totale solidarité, en mots comme en gestes. Je sors du mien seulement parce que je vois mes ami.e.s du Moyen-Orient effarés par la faiblesse de la prise de position de la gauche radicale locale et que cela me pousse à écrire, parce que je souhaite que mon monde politique puisse être pour le leur un espace sincèrement accueillant et solidaire.

À celles et ceux qui partagent ma sorte de silence : Pointez-vous. Si la solidarité en mots peut effectivement ne pas valoir pas grand-chose ces temps-ci, la solidarité dans la rue ne sera jamais de trop.

Vive la Palestine libre.

Intifada partout : Action directe au bureau de Mélanie Joly

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Nov 012023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une bannière a été accrochée devant l’immeuble où se trouve le bureau de Mélanie Joly (225 Chabanel O., Montréal). De la peinture rouge a été versée, et la liste des noms des Palestinien.ne.s tué.e.s par le génocide israélien en cours à Gaza (produite par le ministère de la Santé de Palestine) a été laissée devant la porte de l’immeuble.

La déclaration suit.


Le Canada, à nouveau coupable de génocide

Certains disent que Gaza est la plus grande prison du monde. Nous sommes tout à fait d’accord avec cette description, bien qu’il s’agisse désormais d’un euphémisme, puisque Gaza est devenu un camp d’extermination. Bloquer l’eau, la nourriture, les médicaments, l’électricité, le carburant et l’internet à une population entièrement dépendante des importations et de l’aide internationale, tout en la bombardant, ne peut produire qu’un seul résultat. Vous pouvez éviter le mot autant que vous voulez, mais la réalité est la suivante : le gouvernement israélien commet un génocide, au vu et au su de tous, Mélanie Joly, Justin Trudeau et le reste des invertébrés parasites qui sont censés représenter notre volonté et nos intérêts.

Le réseau international de complicité

Au moment où cette déclaration sera publiée, la dernière phase du génocide aura tué plus de 10 000 Palestiniens. Ce chiffre inclut des familles entières, des enseignant.e.s, des médecins, des journalistes, des étudiant.e.s, des chauffeurs, des infirmières, des vendeurs de rue, des artistes, etc. L’État colonial israélien teste chaque jour le seuil mondial des crimes contre l’humanité. Le Canada n’est peut-être pas celui qui largue un millier de bombes par jour à Gaza, ou qui distribue des fusils d’assaut à des colons déterminés à annexer et à abattre des familles. Cependant, Israël ne serait pas en mesure de le faire sans le soutien indéfectible des États impérialistes du « Nord global ». Israël n’existerait même pas aujourd’hui s’il n’était pas continuellement armé, financé et légitimé par les puissances impérialistes d’Europe, certaines de leurs anciennes colonies comme le Canada et l’Australie, et l’empire hégémonique des États-Unis.

Liée militairement par l’OTAN et économiquement par des accords commerciaux et des forums tels que le G7, cette coalition impériale entretient son alliance avec l’État fasciste d’Israël afin de conserver une forteresse militaire dans cette région historiquement stratégique. Cette alliance est cruciale pour la stratégie de déstabilisation mise en avant par les États-Unis, qui cherche à empêcher les peuples et les États de la région hostiles à l’hégémonie américaine de s’unir dans une lutte anti-impérialiste. Israël est essentiel à l’empire américain, qui est essentiel à la puissance canadienne. Les médias dominants, détenus par des conglomérats capitalistes ou des États, travaillent main dans la main avec cette coalition pour légitimer le nettoyage ethnique des Palestiniens en diffusant le discours fasciste déshumanisant du gouvernement israélien.

Solidarité internationale : Agir ici et maintenant !

Nous saluons celleux qui ont défilé dans les rues, bloqué les bureaux gouvernementaux et les fabricants d’armes, et exprimé leur solidarité sur les murs et les fenêtres de cette triste, triste, triste putain de ville construite sur des terres volées. Cependant, nous sommes convaincu.e.s que nous ne sommes pas les seul.e.s à être déçu.e.s et frustré.e.s par la passivité et le retard de nos camarades d’extrême gauche à prendre des mesures transformatrices contre le génocide en cours. Nous déplorons également les déclarations publiées par des organisations de gauche telles que [caviardé] qui ont mis sur un pied d’égalité la violence des colonisé.e.s et celle des colonisateurs.

Tout en comprenant la menace de violence à laquelle les militants sont confrontés de la part des puissantes forces sionistes internationales, nous puisons notre courage auprès de nos camarades en Palestine qui sont en première ligne de cette violence génocidaire et coloniale. Ils nous appellent à la solidarité. Le moment est venu de répondre à leurs appels à l’action sans hésitation. La solidarité n’est pas un slogan ni un hashtag. La solidarité se matérialise par l’action. S’abstenir de répondre rapidement et avec force aux appels à la grève, à la protestation, au sabotage et au boycott venant de Palestine, c’est donner un laissez-passer à « nos » gouvernements dans leur soutien inconditionnel à Israël.

Paix coloniale ou lutte de libération ?

La paix n’est pas l’absence de conflit ; la paix est la présence de la justice. La justice en Palestine, tout comme au Canada, signifie la décolonisation. Ce processus matériel implique que les colonisé.e.s récupèrent leurs terres, qu’iels puissent jouir du droit au retour et qu’iels obtiennent des réparations, ce qui, malheureusement pour nos alliés libéraux autoproclamés, signifie que la violence fera inévitablement partie du processus. Certes, abattre des « non-combattants » israéliens peut être critiqué d’un point de vue humaniste et stratégique. Néanmoins, nous devons garder à l’esprit qu’Israël est un État colonial de settlers dans lequel chaque citoyen.ne doit suivre une formation et un service militaires. Les « civils » d’Israël sont littéralement né.e.s pour servir un projet de nettoyage ethnique. Une population soumise quotidiennement à l’humiliation, à la répression de l’État et des colons, à la pauvreté artificielle, à l’apartheid et à la dépossession des terres, ne peut être tenue à un niveau moral plus élevé que celui de l’État fasciste israélien. Un cessez-le-feu, bien que nécessaire dans l’immédiat, n’est pas en soi une solution à long terme pour la population de Gaza ou de la Palestine.

Nous défendons une Palestine libérée, de la rivière à la mer.

En tant que citoyens de l’État colonial colonisateur du Canada, notre tâche immédiate n’est pas de délibérer sur la légitimité de l’opération Al-Aqsa Flood, mais plutôt d’aider la lutte palestinienne pour l’autodétermination en frappant le réseau international de complicité d’Israël. Cela implique de renverser nos propres États impérialistes, d’attaquer nos gouvernements et de bloquer la production capitaliste et l’exportation de marchandises vers Israël. Les fabricants d’armes qui alimentent le génocide du peuple palestinien par Israël doivent être bloqués, détruits et couverts de honte. Vous pouvez trouver les fabricants les plus proches de chez vous sur Worldbeyondwar.org (voir leur campagne « Canada : Stop Arming Israel »).

Demander l’application du droit international ou humanitaire est une entreprise sans espoir. Tant que les États-Unis et leurs laquais comme le « Canada » resteront les puissances dominantes d’un ordre international fondé sur le capitalisme et l’impérialisme, le nettoyage ethnique des Palestinien.ne.s se poursuivra, quels que soient les millions de personnes qui le dénoncent. Il ne s’agit pas d’une opinion, mais d’une simple description de la situation actuelle. Seul un soulèvement populaire et international, utilisant des moyens militants et des méthodes conflictuelles, a le potentiel de renverser le réseau international de complicité. Telle est notre solidarité.

Solidarité pour toujours, intifada partout.

Une autre fin de ce monde est possible : La solidarité avec les peuples autochtones et le blocage des infrastructures extractives au Canada

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Sep 292023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Traduction de Infokiosques, première parution décembre 2019

Sommaire

Une autre fin de ce monde est possible
Annexe 1 : Infrastructures de transport au Canada
Annexe 2 : Goulets d’étranglement des infrastructures vulnérables
Annexe 3 : Blocage Wildfire pendant la crise d’Oka
Annexe 4 : Blocages pendant la journée d’action Idle No More
Annexe 5 : Actions anarchistes de solidarité dans le sud de l’Ontario
Annexe 6 : Une sélection de communiqués repris de warriorup.noblogs.org
Annexe 7 : Les 20 pires goulets d’étranglements du trafic

Pour lire les 7 annexes télécharger le pdf de la brochure (page par page, livret).

« Les blocages peuvent non seulement « mettre le monde à l’arrêt », mais aussi ouvrir l’espace pour en construire un nouveau ou, dans le cas des peuples colonisés, un monde retrouvé. Nous pouvons nous référer à de nombreux blocages ou occupations autochtones des dernières décennies pour en trouver des exemples de pratiques cérémonielles, culinaires et d’autres pratiques de reproduction sociale qui incarnent de nouvelles façons de vivre, elles-mêmes issues de la résistance. De même, nous voyons dans la revitalisation de la culture guerrière qui s’exprime à Standing Rock et à d’autres moments de révolte autochtone une possibilité plus large d’une vie sans l’État ni capitalisme […] Nous le trouvons évident que les blocages sont une tactique cruciale dans notre guerre contre l’annihilation planétaire. [ ] Avec cet impératif tactique, nous appelons toutes les guerrières et révolutionnaires du monde entier à s’orienter immédiatement sur le blocage des infrastructures. Les collectifs doivent étudier le fonctionnement des infrastructures pour trouver les points d’étranglement les plus vulnérables et s’organiser en conséquence pour les bloquer de façon efficace. Ceux qui n’ont pas de camarades de combat peuvent encore contribuer au combat par des actes de sabotage en loup solitaire.

Disrupt the Flows : War Against DAPL and Planetary Annihilation

Une autre fin de ce monde est possible

Nous sommes plusieurs anarchistes colons [« settler anarchists »] dans le territoire dominé par le gouvernement canadien. Notre objectif en écrivant ce texte est de mettre en avant certaines considérations stratégiques pour des anarchistes qui voudraient contribuer à la défense des terres, ainsi que de rendre publique quelques recherches sur les vulnérabilités des infrastructures extractives canadiennes à cette fin. Nous espérons également que les communautés autochtones pourront utiliser ces recherches à leurs propres fins.

Nous comprenons que la tâche à accomplir dans notre coin du monde n’est rien de moins que la décolonisation du territoire dominé par le gouvernement canadien et l’économie capitaliste. Décoloniser ce territoire signifie nécessairement détruire sa gouvernance coloniale – un gouvernement qui dépend du génocide continu des peuples autochtones pour préserver sa souveraineté sur les terres qu’il a volées. Son système et le mode de vie qu’il apporte sont fondamentalement construits sur l’exploitation de la terre et de ceux qui l’habitent.

Ce n’est un secret pour personne que l’économie canadienne dépend fortement de l’exploitation des « ressources naturelles ». L’infrastructure de transport sur laquelle cette économie s’appuie pour acheminer ces ressources vers le marché, et leur donner de la valeur, est pratiquement indéfendable et ses goulots d’étranglement sont souvent proches des communautés autochtones – ce qui, comme nous le verrons, fait paniquer la contre-insurrection. Malheureusement, les anarchistes se sont rarement engagés avec le potentiel d’action et de solidarité que suppose cette situation de dépendance et de vulnérabilité. Nous pensons que nous ne pouvons pas limiter la défense de la terre à des parcelles de territoire à conserver, ou à des incursions de colons dans des territoires qui tombent sous un traité, car l’économie coloniale empoisonne le bassin versant et propage la dévastation au-delà de ces frontières coloniales. Renverser l’ensemble de l’économie coloniale est une tâche de très longue haleine, mais à moyen terme, nous voulons développer une capacité à bloquer et à détruire les infrastructures et les développements industriels, de la construction de pipelines aux opérations d’exploitation minière et de construction de barrages, en passant par tous les projets d’extraction auxquels les populations autochtones résistent. Lorsqu’il y a une capacité du mouvement, nos blocages peuvent devenir des communes ; des espaces qui mêlent défense et soins collectifs, débarrassés des lois et des logiques du capitalisme et du gouvernement.

Nous pensons qu’il est essentiel que les contributions anarchistes à la défense des terres évoluent vers des formes de résistance plus collectives qui bloquent les infrastructures, ainsi que vers l’établissement de relations face à face entre les communautés anarchistes et autochtones, mais ce texte se concentrera sur la plus petite échelle des groupes affinitaires dont les contributions peuvent se réaliser à court terme (tout en ayant un impact sur le moyen et le long terme), et ces contributions peuvent se réaliser même lorsqu’il n’y a pas de communauté en lutte contre un projet d’extraction particulier.

Il est important pour nous de réfléchir à la manière dont nous pouvons contribuer à court terme, car la plupart du temps, il n’y a pas d’escalade des tensions autour des luttes pour la défense des terres, et nous voulons agir dans le présent et nous préparer de manière adéquate pour le cas où cela se produirait. Tout d’abord, les contributions à court terme aideront à construire un imaginaire sur la façon dont l’économie extractive peut être combattue dans les moments où il n’y a pas de capacité du mouvement pour maintenir des occupations prolongées, dans le but que ces tactiques soient reprises plus largement dans les futures agitations sociales autour de l’extraction des ressources. De plus, des actions comme celles-ci peuvent avoir des impacts matériels significatifs sur les projets d’extraction dans le présent et avoir des conséquences réelles pour le projet génocidaire en cours du Canada. Enfin, elles peuvent démontrer aux communautés autochtones que les anarchistes prennent des risques contre des ennemis communs dans notre propre lutte. Nous pensons qu’il s’agit là d’une condition préalable à une puissante solidarité.

Alors que le Canada accélère la dévastation écologique, et que le réchauffement climatique rend les latitudes au nord de l’île de la Tortue stratégiquement et économiquement plus précieuses pour les gouvernements, les conflits entre le gouvernement canadien et les autochtones qui défendent le territoire deviendront encore plus fréquents. Les anarchistes doivent être prêts à contribuer à ces moments de manière significative et efficace, au-delà du symbolisme limité d’actions telles que la pose de banderoles et le bris de fenêtres, qui ont peu d’impact. Pour pouvoir intensifier notre solidarité, nous devons développer des pratiques dans le présent, ainsi que des relations de lutte entre les anarchistes et les communautés autochtones engagées dans la défense des terres. De telles relations seront essentielles pour aller au-delà de la solidarité en grande partie limitée qui s’exprime à travers les communiqués, ainsi que pour évaluer comment différentes formes de solidarité seront reçues par différentes communautés hétérogènes en lutte.

En 1990, pendant la crise d’Oka, lorsqu’un projet capitaliste sur un cimetière mohawk a provoqué un conflit armé avec le gouvernement canadien, le sabotage des pylônes à haute tension et les blocages durs des autoroutes et des chemins de fer se sont répandus comme une traînée de poudre. Cette menace d’insurrection autochtone est une considération primordiale dans le maintien de l’ordre contre toute action autochtone, car le gouvernement a vu comment de telles étincelles peuvent s’enflammer s’il n’avance pas prudemment, surtout lorsqu’il s’agit de revendications territoriales et de traités. Au cours d’une occupation de défense des terres à Caledonia en 2006, le commissaire de la Police Provinciale de l’Ontario (OPP) a expliqué qu’il avait agi en supposant qu’un faux pas de ses agents contre l’occupation aurait conduit à « une flambée [autochtone] dans tout le pays ». Pour désamorcer cette plus grande menace, l’OPP n’a pris aucune mesure directe contre elle (pour en savoir plus sur la façon dont la stratégie de contre-insurrection a évolué depuis Oka, voir From Oka to Caledonia : Assessing the Learning Curve in Intergovernmental Cooperation).

Ceux qui sabotent des infrastructures critiques, le développement capitaliste et la police qui les défend seront malheureusement toujours une minorité, mais si cette minorité dispose d’une base de soutien social, elle est beaucoup plus difficile à isoler ou à éradiquer. Les contributions de cette minorité peuvent avoir un impact contagieux lorsqu’elles inspirent les autres. Être une minorité active comporte le risque d’instrumentaliser les communautés avec lesquelles nous sommes solidaires, c’est pourquoi nous prenons soin de distinguer cette voie de celle de l’avant-garde :

« La différence essentielle entre une minorité influente et insurrectionnelle et une avant-garde ou un groupe populiste est que la première valorise ses principes et ses relations horizontales avec la société et tente de diffuser ses principes et modèles sans les posséder, alors qu’une avant-garde tente de les contrôler – que ce soit par la force, le charisme ou la dissimulation de ses véritables objectifs… La minorité influente travaille à travers la résonance, pas à travers le contrôle. Elle prend des risques pour créer des modèles inspirants et de nouvelles possibilités, et pour critiquer les mensonges opportuns. Elle ne jouit d’aucune supériorité intrinsèque et le fait de se replier sur cette hypothèse la conduira à l’isolement et à l’insignifiance. Si ses créations ou ses critiques n’inspirent pas les gens, elle n’aura aucune influence. Son but n’est pas de gagner des adeptes, mais de créer des dons sociaux que d’autres personnes peuvent utiliser librement.  »

 The Rose of Fire has Returned

Et dans le cas des infrastructures critiques dont la perturbation a un effet en cascade, les forces contre-insurrectionnelles l’ont bien compris : « …les dures leçons sur l’efficacité dévastatrice qu’une petite bande de rebelles déterminés et bien dirigés [sic] peut avoir.

 Douglas Bland

Il peut être utile d’examiner de plus près la façon dont ces ennemis pensent à l’insurrection autochtone au Canada. L’analyste militaire conservateur Douglas Bland prévient depuis longtemps que la vulnérabilité économique du Canada repose sur « l’infrastructure critique qui transporte les ressources naturelles et les produits manufacturés des mines, des champs pétrolifères, des installations hydroélectriques et des usines vers les marchés internationaux. » Sans ces systèmes critiques, prévient-il, « l’économie du Canada s’effondrerait ». Ses écrits mettent en garde les décideurs politiques contre la menace d’une insurrection autochtone au Canada, fondée sur la « théorie de la faisabilité »

[Feasibility Theory]. Dans la littérature contre-insurrectionnelle, la prévision de la probabilité d’une insurrection passe d’un modèle centré sur les motivations des insurgés à un modèle centré sur la faisabilité d’une insurrection dans un contexte donné. Les griefs qui motivent l’insurrection sont une constante qui ne peut être désamorcée dans un contexte de génocide colonial, ou de capitalisme d’ailleurs. C’est pourquoi les contre-insurgés étudient ce qui rend une insurrection faisable pour commencer, et proposent ensuite des politiques visant à éliminer ces conditions dans la mesure du possible.

« La théorie de la faisabilité » énumère cinq facteurs de la faisabilité d’une insurrection, qui, selon Bland, sont tous présents dans le contexte canadien, et dont le gouvernement canadien n’a qu’un certain degré de contrôle et seulement sur les trois premiers. Ces facteurs sont les suivants :

1) Fractionnement social – jargon pour l’oppression de classe et coloniale et la menace de la souveraineté autochtone. Le gouvernement cherche à y remédier par l’assimilation, le rachat des communautés qui résistent aux projets d’extraction, et l’instauration des structures telles que les conseils de bande [band councils] qui maintiennent le contrôle du gouvernement sur la population par le biais de visages autochtones travaillant pour les intérêts coloniaux.

2) Cohorte de guerriers – hommes jeunes et d’âge moyen susceptibles de devenir des guerriers. Bland néglige complètement la façon dont les femmes et les personnes bi-spirituelles contribuent à la résistance autochtone. Le gouvernement tente de réduire le « recrutement » de ces populations dans les mouvements de résistance par des programmes d’éducation et de formation visant à l’assimilation.

3) Garantie de sécurité – la perception de la capacité du gouvernement à réprimer et à sécuriser les infrastructures. Le gouvernement tente de minimiser la menace d’une garantie de sécurité inadéquate en finançant la formation de services de police dans les réserves. Comme nous l’avons vu avec les émeutes des colons de Chateauguay pendant l’affrontement d’Oka, cette fonction répressive peut également être exercée par la société des colons.

4 et 5) Exportations des ressources et topographie – « Le contrôle juridictionnel du territoire reste largement indéterminé et en question. L’infrastructure de transport et d’énergie du Canada – l’épine dorsale du commerce des ressources du pays – chevauche ou borde bon nombre de ces terres autochtones et contestées. Le développement, l’extraction et le commerce des ressources naturelles représentant 25 % du PIB canadien, la sécurité des infrastructures de transport et d’énergie est essentielle. Les infrastructures de transport et d’énergie du Canada sont très vulnérables : elles couvrent de vastes distances, ont une redondance limitée et de multiples points d’étranglement, et sont susceptibles d’avoir des effets en cascade si les perturbations sont durables ou généralisées. Sa vulnérabilité et le risque qui en résulte pour l’économie canadienne sont importants, et une perturbation soutenue aurait des effets catastrophiques en l’espace de quelques semaines. » La topographie et la dépendance à l’égard des exportations sont les deux facteurs déterminants impossibles à modifier. En fait, le Canada va probablement devenir encore plus dépendant de son économie d’exportation dans les années à venir.

Cela dit, nous n’avons pas besoin de la preuve de la faisabilité d’une insurrection autochtone par un universitaire blanc. Nous le voyons dans l’histoire consistante de la résistance autochtone au génocide depuis le premier contact, et récemment dans les révoltes à Oka, Ipperwash, Ts’Peten, Caledonia, Six Nations, Elsipogtog et à travers le territoire pendant Idle No More.

Les annexes qui suivent examinent plus en détail la vulnérabilité des infrastructures extractives. Nous espérons qu’elles seront utiles aux groupes affinitaires et aux communautés qui luttent contre l’économie extractive sur tout le territoire.

Pour lire les 7 annexes télécharger le pdf de la brochure (page par page, livret).

Appel à la solidarité du mouvement Ekoni Aci ! Blocage au km 16 !

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Mai 132023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Afin de faire respecter le moratoire des coupes forestières sur leur territoire, le Nitaskinan, des Atikamekw de Manawan installent présentement un nouveau blocage. Il est situé au km 16 sur le chemin de la Manawan, au nord de St-Michel-des-Saints. Les compagnies forestières ont été mises au courant qu’elles ne pourront pas revenir avec leur machinerie au dégel le 19 mai. Nous devrons être nombreux nombreuses pour s’assurer qu’elles respectent cette consigne. 

Il est possible de venir dès maintenant pour aider à installer le camp. Ceux et celles qui pourront se libérer, les moments les plus sensibles risquent d’être du 19 au 26 mai. Le barrage restera en place par la suite et la solidarité toujours nécessaire. 

Les Atikamekw de Wemontaci ont également besoin d’appui présentement, dans le coin de Renard au rat. La tension monte et les propos se font menaçant. 

Il est aussi possible d’envoyer des sous pour le matériel, la nourriture et les déplacements ici: https://gofund.me/5820583c

Nitassinan: blocage d’un chemin de fer contre le traité Petapan

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Avr 012023
 

Du Collectif Emma Goldman

Jeudi dernier, 30 mars, une action de blocage d’un chemin de fer appartenant à Rio Tinto a eu lieu afin de protester contre le traité Petapan. Pendant plus de deux heures, les manifestants et manifestantes autochtones ont maintenu ce blocage dans le but de bien faire comprendre que l’opposition au traité colonial Petapan est bien vivante. Voici leur communiqué. 

Le Collectif Mashk Assi, Nitassinan non-cédé. 

Le Traité Petapan : Les chefs.fes héréditaires Innuat demandent l’arrêt des négociations territoriales

Plus de 30 chefs de territoire Innuat exigent par signatures l’arrêt immédiat des négociations ainsi que l’arrêt immédiat des coupes forestières dans le secteur de la forêt Cyriac et l’arrêt de la mine de first phosphate corp  !!! Le communiquer d’opposition au traité Petapan des cheffes héréditaires Innuat à été envoyer à  tous les paliers gouvernementaux hier avant la signature illégale prévu aujourd’hui de ce traité le 31 Mars 2023 !!! 

Un traité illégal en droit innu 

Les négociations territoriales ont pour objectif de morceler ce territoire en petits territoires et d’éteindre le droit à disposer de soi-même du peuple innu. La colonisation, l’amnésie culturelle et surtout, la réclusion dans les réserves ont fait en sorte que plusieurs personnes et certains chefs ne voient plus ce qu’ils laissent aller, un vaste territoire, mais s’imaginent ce qu’ils pensent gagner, une réserve un peu plus grande. Le complexe du colonisé est d’en venir à se définir à travers le regard du colonisateur. Il devient d’autant plus problématique que ceux qui ne voient pas clairs soient responsables exclusivement de négocier l’avenir de tout notre peuple. 

En vertu de la Loi sur les Indiens, il importe de rappeler que les conseils de bande ont des juridictions sur la gestion des terres de réserve seulement. En ce sens, ils n’ont pas juridiction sur les terres situées hors réserve. Ce sont les chefs.fes de territoire, les gardiens.nes de territoire et les cercles des kukum (grands-mères) qui possèdent l’obligation de protéger le territoire ancestral. En droit innu, la terre est inalienable et constitue un leg pour les générations futures qui doit être protégée et respectée. En ce sens et au terme du droit innu, ces négociations sont illégitimes et illégales. En ce sens, les chefs.fes héréditaires demandent l’arrêt immédiat du processus des négociations territoriales globales. 

D’ailleurs, dans une lettre soumise en 2005, au Premier Ministre du Canada, Paul Martin, La coalition Ukauimau aimu « paroles de mères de famille » constituée de plus de 270 membres de différentes communautés, y dénonçait le manque de transparence, de consultation dans le processus des négociations territorial et la session illégale du territoire ancestral. 

À l’heure d’un écocide mondial, le temps n’est plus au morcèlement du territoire, à son aliénation ou à son exploitation, il est impératif de continuer l’exercice de notre obligation juridique innu de protéger Tshikauinu Assi, notre Terre-Mère. Aujourd’hui plus que jamais, cette obligation est devenue un impératif planétaire. Jouer le jeu de la division coloniale n’a bénéficié financièrement et politiquement qu’à une seule petite élite et cette dernière, ne peut discuter et décider unilatéralement, à huit clos et secrètement de l’extinction de tout un peuple. 

La clause d’extinction, également appelée « clause de certitude » est un énoncé qui a pour objectif de transférer la souveraineté des Premiers Peuples à la Couronne fédérale et provinciale, qui à son tour la modifie, afin de transformer le statut des terres autochtones inaliénables, en terres provinciales et fédérales commercialisables. En ce sens, le Canada et les provinces deviennent les propriétaires ultimes de ces territoires. Cette clause apporte de la certitude aux gouvernements fédéral et provinciaux, ce sont eux qui ont intérêt dans ces traités modernes et non pas les Premiers Peuples qui sont, de facto, souverains. Cette souveraineté est notamment reconnue dans le Traité international Oswegatchie de 1760. 

À ce discours sur la certitude, les trois conseils déclarent que les droits ancestraux ne seront pas éteints mais que leur exercice sera « suspendu », tel que stipulé à l’article 3.3.4 de l’Entente de principe. Or, la suspension de l’exercice des droits et leur extinction est ont tout deux le même effet, celui d’empêcher la mise en œuvre du droit à l’autodétermination et l’exercice de l’innu tipenitamun. Ce leurre juridique entraine graduellement le renoncement à la souveraineté innu. Comme le stipulait le Professeur Michael Asch, professeur émérite à l’Université de Victoria : « les traités devraient être basés sur la reconnaissance des droits plutôt que sur leur extinction ou leur abandon ». 

MAMU PIMUTETAU TSHETSHI SHUTSHIEK !!!! MAUAT TRAITÉ PETAPAN !!!!

Une excuse pour continuer la répression – Communiqué de la CLAC sur les arrestations de masse entre 2011 et 2015

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Mar 212023
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes

Après plus d’une décennie de lutte, des personnes arrêté·e·s lors de 16 manifestations qui se sont soldées par des arrestations de masses entre 2011 et 2015 ont finalement obtenu gain de cause face à la ville de Montréal et au SPVM en signant une entente hors-court pour obtenir dédommagement pour les tords subis. La ville s’est engagé à leur verser 6 millions de dollars en compensation financière – divisé entre les centaines de personnes touchées et après déduction des frais d’avocats, c’est une somme disons-le plutôt symbolique – ainsi qu’à produire des excuses publiques et à les afficher sur leur site Internet durant 90 jours. Le 14 mars 2023, à l’initiative des requérant·e·s des recours collectifs, duComité Permanent de Soutien aux Manifestant·e·s et de la Ligue des Droits et Libertés, une conférence de presse est organisée pour dénoncer à la fois les pratiques du SPVM qui ont donnés lieu à ces recours, mais également la mauvaise foi de la Ville de Montréal et de son administration actuelle qui a caché ses excuses dans un .pdf au bas d’une page obscure au fond de leur labyrinthique site web. Voici le communiqué rédigé par la CLAC qui a été partagé lors de cette conférence de presse.

Bonjour,

On aurait aimé être présent·e·s en personne, mais on voulait pas rendre la tâche plus facile au SPVM pour remplir ses fiches; faut bien que le 800 millions de budget servent à quelque part. On tenait quand même à souligner l’importance de cette victoire juridique tout en la contextualisant avec un portrait plus large de la répression policière.

D’abord, il faut reconnaître que des excuses publiques face à la violence policière, c’est non seulement rare, ça l’arrive presque jamais, et lorsque ça l’arrive, comme aujourd’hui, c’est parce que les mouvements sociaux réprimés étaient principalement composés de personnes blanches. Au cours des mêmes années visées par les recours collectifs, entre 2012 et 2017, il a été déterminé par la commission Viens que 75% des constats d’infraction distribuée à Val-d’Or ont été donnés à des personnes autochtones. Vous vous souviendrez qu’alors plusieurs allégations ont fait surface pour dénoncer les violences policières, notamment des violences à caractères sexuels envers les femmes autochtones. Qu’aucune accusation n’a été portée sur les policiers de la SQ après l’enquête. De plus, la SQ a même poussé jusqu’à demander ses propres excuses au gouvernement du Québec pour supposément ne pas avoir été impartial devant les faits et poursuivi en diffamation Radio-Canada pour son journalisme d’enquête. Non seulement le directeur de la SQ au moment des actes de violences policières a refusé de s’excuser, mais Valérie Plante l’a même accueilli comme directeur du SPVM ! Dans ce cas précis, comme dans la vaste majorité des cas de brutalité policière, il n’y a pas eu d’excuses. Faut-il également rappeler que le gouvernement actuel refuse explicitement de reconnaître la présence du racisme systémique malgré le fait que l’observatrice civile le reconnaisse.

De la même façon, en 2020 à Montréal, 40% de contraventions ont été données à des personnes en situation d’itinérance, parce que les adresses enregistrées dans le registre des contraventions correspond à l’adresse d’un refuge pour personne sans abris. Ces personnes non plus ne recevront pas d’excuses. Ni les femmes autochtones, qui sont 11 fois plus susceptibles d’être interpelées par la police que les femmes blanches. Ni les populations noires victimes de profilage racial pourtant avoué par le SPVM sans s’excuser.

Dans le contexte de toutes ces violences racistes, coloniales et de classes, la ville s’excuse à nous, des étudiant·e·s, des travailleur·euse·s, quelques chômeur·euse·s, mais quand même des gens qui s’en sortent assez bien. Ça nous montre c’est quoi la justice, un système où l’on s’excuse quand on arrête des personnes principalement blanches et potentiellement pas si pauvres, mais où l’on ignore les violences systémiques de la police envers les plus vulnérables.

Ensuite, les arrestations de masse ne sont que la pointe de l’Iceberg des pratiques malhonnêtes, des violences et des injustices commises par la police et le système de justice. À chaque fois que l’on remet en question la violence perpétrée par la police ou que l’on tente d’organiser un rassemblement anticapitaliste, on est menacé-e-s, filmé-e-s, lorsqu’on est pas littéralement attaqué-e-s à coup de gaz, de poivre et de matraques. Et surtout, à chaque fois qu’il y a arrestation, les personnes racisées, les femmes et les personnes non-binaires ou trans subissent des violences supplémentaires au mains des policiers. À ce titre, les arrestations de masses sont très loin d’être les pires violences qui sont vécu·e·s par les militant·e·s, pour lesquelles aucune excuse ne sera faite et aucune compensation ne sera offerte.

Petite parenthèse pour dire que les 6 millions obtenu en compensation représentent moins de 10% de l’augmentation budgétaire du SPVM cette année seulement. Si la ville cessait son délire sécuritaire, on pourrait peut-être avoir des logements sociaux qui ont de l’allure. On dit ça de même.

Finalement, il ne faut pas se leurrer, ces excuses ne changeront rien, tout comme la longue liste des enquêtes sur la police depuis des décennies qui ont parfois mené à des réformes toutes plus inutiles les unes que les autres. En 1984 déjà, Jean-Paul Brodeur publiait un ouvrage étudiant une vingtaine de commissions d’enquête sur la police au Québec depuis le 19e siècle. Ses conclusions sont claires: rien ne change. On se rappelle aussi les résultats de l’enquête sur les pratiques policières lors du sommet du G20 à Toronto : malgré toutes les violences commises, rien n’a réellement changé. Les mêmes blâmes ont été exprimés durant la commission Ménard après les grèves étudiantes de 2012, encore là rien n’a changé. Toutes les études et les commissions d’enquête plus récentes arrivent aux mêmes conclusions. Devant l’échec des tentatives répétées de réformes de la police, on est en droit d’en arriver à un constat : c’est pas de la faute à quelques pommes pourries, c’est le verger au grand complet qui est infesté par la pourriture, des racines aux bourgeons! Aujourd’hui, si on obtient des excuses, c’est seulement à cause du combat mené par des personnes requérantes qui ont réussi à obtenir ces gains au bout d’une décennie. Merci à vous tou·te·s de pas avoir lâché le morceau et d’avoir démontré une fois de plus que les chiens de garde de l’État n’ont pas de laisses et que c’est seulement par la lutte qu’on pourra mettre fin à leurs violences.

Continuons de lutter, car seule la lutte paie (dans ce cas-ci, littéralement!). C’est pas les gouvernements ni la police qui nous protègent des bouleversements climatiques, de la montée de l’extrême droite, de la hausse du prix des logements ou de la hausse du coût de la vie. Au contraire, le SPVM participe directement, activement et violemment à réprimer la résistance contre ces fléaux qui menacent nos existences. C’est pour ça qu’on continue à manifester le 15 mars contre la brutalité policière ou de célébrer la tradition anticapitaliste du 1er mai.

En terminant, parce qu’on sait que malgré les excuses pis les belles paroles, la répression va continuer, on profite de l’occasion pour vous annoncer la relance du fonds d’autodéfense juridique de la CLAC afin de soutenir les militant·e·s arrêté·e·s. Le SPVM a peut-être finalement compris que les arrestations de masse ne sont plus acceptables, mais ils utilisent juste d’autres moyens pour nous empêcher de manifester contre le système qu’il protège. Le fonds de la CLAC vise à autonomiser nos moyens de défense face à la répression policière et judiciaire de plus en plus utilisée pour nous décourager de s’indigner.

La convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Ce document est aussi disponible en .pdf (et plus facilement trouvable que les excuses de la ville sur leur site)

Chasse au trésor pour Coastal Gaslink

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Fév 272023
 

Soumission anonyme à BC Counter-Info

Au cours des derniers mois, plusieurs sections du pipeline Coastal Gaslink ont été vandalisées. Financièrement, les conséquences de chaque acte étaient mineures : quelques trous dans le gazoduc ici, quelques soudures corrodées là, du béton endommagé ici. Notre objectif était de contribuer aux petits retards d’un projet dont le budget était déjà largement dépassé.

  1. Nous avons percé des trous de moins d’un centimètre de large dans une section de tuyau qui n’avait pas encore été abaissée dans la tranchée. Nous avons recouvert les trous d’un film en fibre de verre, qui empêche temporairement les fuites des tuyaux, mais ce bandage ne durera que quelques mois. Nous savons que les sections soudées des tuyaux enterrés sont évaluées avant d’être abaissés dans la tranchée. Une fois la tranchée remblayée, ils sont testés sous pression. Les trous ont été scellés dans l’espoir qu’ils passent le premier test de pression, mais ils devront être excavés et réparés avant que la canalisation ne soit achevée. Cela s’est produit durant  la dernière semaine d’octobre sur la section 8 du pipeline, entre les kilomètres 610 et 613.
  2. Entre les kilomètres 585 et 588 du pipeline, nous avons trouvé une section du tuyau qui avait été creusée. Nous avons donc endommagé le revêtement au niveau des joints en l’écaillant et en le ponçant à des endroits moins visibles. Ce revêtement est nécessaire pour protéger la canalisation contre la corrosion et la rouille. Nous avons effectué cette opération au début du mois de novembre. Cette approche nous a plu car les dommages ne sont pas visibles, mais ils peuvent tout de même avoir un impact structurel important à long terme si la corrosion et la rouille apparaissent, et il faudra donc les réparer.
  3. Nous avons percé de très petits trous et les avons remplis cette fois avec un mastic époxy, quelque part entre les kilomètres 605 et 608 du tracé du pipeline (c’est dans la section 8.) Nous avons fait cela dans la deuxième semaine de novembre. Nous n’étions pas certain.es que le mastic résisterait au test de pression, mais nous avons décidé que cela valait la peine d’essayer puisque ce mastic est plus facile à trouver et à utiliser que le revêtement en fibre de verre.
  4. Fin novembre, nous avons percé et rempli des trous dans le pipeline avant qu’il ne soit descendu dans la section 6 entre les kilomètres 486 et 489.
  5. Début décembre, nous avons ébréché et cassé les soudures d’une section de conduit qui n’avait pas encore été descendue dans la tranchée entre les kilomètres 606 et 609.
  6. Nous avons endommagé le revêtement protecteur d’une section de tuyau en le meulant et nous avons ébréché des joints de soudure sur plusieurs sections de conduit avant qu’ils ne soient enterrés entre les kilomètres 377 et 380 de la section 5 du pipeline. Ces travaux ont été effectués au début du mois de janvier.
  7. Près du kilomètre 27 du chemin forestier de North Hirsch, nous avons endommagé les soudures et le revêtement d’une section de conduit à la mi-janvier.
  8. Nous avons versé de l’acide chlorhydrique sur les tuyaux en béton que nous savions être destinés au tunnel sous la Wedzin Kwa et avons utilisé une foreuse à béton à l’intérieur du tuyau pour les affaiblir encore plus. Les tuyaux en béton sont conçus pour protéger le tuyau lui-même de la pression du sol environnant. Étant donné la sécurité et la surveillance accrues du stockage des tuyaux en béton, nous ne pouvons pas dire quand cela s’est produit.
  9. Début décembre, nous avons meulé et écaillé le revêtement des joints soudés des sections de tuyaux entre les kilomètres 598 et 601.
  10. À la mi-février, nous avons gratté et écaillé de grandes parties du revêtement du conduit entre les kilomètres 626 et 629. 

Ou est-ce ce qui s’est vraiment passé ? Seules certaines de ces activités ont réellement eu lieu. Nous avons attendu avant de partager ces informations pour les partager toutes en même temps, en les accompagnant de quelques faux rapports supplémentaires. La seule façon de localiser les endroits où les réparations sont réellement nécessaires est de creuser et de réexaminer toutes les canalisations susmentionnées. Du béton fissuré ou des tuyaux rouillés et troués avec des bandages peuvent entraîner de petites fuites et des déversements à grande échelle, c’est pourquoi chaque action, qu’elle soit authentique ou falsifiée, est portée à l’attention du public bien avant que le pipeline ne soit opérationnel.

Bien que nous préférerions n’écrire que des rapports totalement honnêtes, nous pensons également que nous devons faire preuve d’ingéniosité et utiliser tous les moyens à notre disposition pour retarder la construction du mieux que nous pouvons. Nous présentons nos excuses aux personnes impliquées dans la lutte pour ne pas être en mesure de vous donner une image précise de ce que nous avons réellement accompli. CGL, nous vous souhaitons bonne chance dans votre chasse au trésor.

L’histoire du contrôle des armes à feu au Canada

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Déc 272022
 

Face au retour du débat sur les armes à feu au Canada, nous avons pris le temps de traduire cet article datant de 2019 sur le sujet. Il provenait du site North Saskatchewan Resistance, qui n’est malheureusement plus en ligne.

La première loi sur le contrôle des armes à feu adoptée au Canada a reçu la sanction royale en 1886. Elle ne s’appliquait qu’aux territoires, comprenant ce qui est aujourd’hui l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba. La portée de cette loi ferait même rougir Trudeau.

L’article 101 de l’Acte des Territoires du Nord-Ouest interdisait à quiconque de posséder, d’utiliser, de transporter, d’acheter ou de vendre des armes à feu ou des munitions pour quelque raison que ce soit sans l’autorisation écrite expresse du gouvernement. Cette loi est restée en vigueur jusqu’en 1905, date à laquelle la Saskatchewan et l’Alberta sont devenues des provinces. Le raisonnement derrière ce projet de loi, adopté par le gouvernement conservateur de Macdonald, était d’éradiquer toute dissidence restante contre l’État canadien, en particulier chez les Autochtones et les Métis des territoires, qui constituaient à l’époque la majorité. Même si les chefs de la rébellion du Nord-Ouest ont tous été brutalement exécutés ou exilés, que la Police montée du Nord-Ouest, fortement militarisée, parcourt la campagne et que la majorité de la population des Premières nations est regroupée dans de minuscules réserves, le gouvernement fédéral ressent le besoin de désarmer complètement l’Ouest sauvage. Depuis cette année-là, l’histoire du contrôle des armes à feu au Canada est une longue histoire où l’État désarme le peuple au premier signe de mécontentement.

Dans les années qui ont suivie, de nouvelles lois exigeaient que les citoyens canadiens aient un permis pour les pistolets et que les étrangers obtiennent un permis avant de manipuler une arme à feu. Un registre des armes à feu est créé. Malgré tout, les règles régissant la possession d’armes à feu étaient beaucoup plus laxistes que l’État policier totalitaire qui régnait dans l’Ouest au lendemain de la pendaison de Louis Riel. Alors que les gouvernements Trudeau et Turner font face à la pression des séparatistes québécois et que le FLQ démontre qu’il est prêt à aller très loin pour se libérer du Canada, de nouveaux systèmes de contrôle sont mis en place, d’abord en 1969 avec l’omnibus C-150, puis en 1977. Ces lois ont introduit le système des AAAF et ont classé les armes à feu comme étant sans restriction, à restriction ou prohibées.

Le système actuel de contrôle des armes à feu a vu le jour en 1991. Un projet de loi sur le contrôle des armes à feu a circulé pendant des mois à la suite du massacre de 14 femmes à l’École Polytechnique de Montréal en décembre 1989, l’un des pires crimes haineux au Canada. Malgré un soutien public important, le projet de loi n’a pas réussi à s’imposer au sein du Parti libéral ou du Parti conservateur.

À l’été 1990, cependant, les guerriers mohawks de Kanehsatà:ke ont commencé à défendre leurs terres contre les tentatives illégales du gouvernement du Québec de construire un terrain de golf au-dessus de leur cimetière. Après la mort d’un policier lors de l’affrontement, une crise de plusieurs mois s’est ensuivie, qui a jeté tous les grands partis dans une démonstration gênante de racisme colonial et de lâcheté civique. Une étoile montante du Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney, Kim Campbell, a présenté une version fortement modifiée du projet de loi sur le contrôle des armes à feu, auparavant impopulaire, et le projet de loi C-17 (1991) a été adopté par la Chambre des communes avec l’approbation des conservateurs et des libéraux. L’arme à feu utilisée pour massacrer plus d’une douzaine de femmes au Québec deux ans auparavant (le Ruger Mini-14) est restée sans restriction, tandis que les armes à feu portées par les Mohawk Warriors – toutes des variantes civiles semi-automatiques de l’AK-47 – ont été reclassées comme prohibées.

Quelques années plus tard, ne voulant pas être dépassé par les conservateurs, le Parti libéral a adopté des restrictions encore plus sévères sur les armes à feu. Le projet de loi C-68 (1995) a de nouveau été adopté sur la rhétorique de l’École Polytechnique, mais rien dans le libellé du projet de loi n’aurait pu empêcher les fusillades de masse. Le langage du projet de loi visait plutôt les ennemis de l’État, comme les guerriers Shuswap et Secwepemc qui avaient tenu bon au lac Gustafsen quelques mois seulement avant que le projet de loi ne soit présenté au Parlement.

Le gouvernement canadien a longtemps prétendu que ses efforts pour désarmer ses citoyens étaient dans l’intérêt de ces derniers, même si la GRC retourne à ses racines militaristes et ressemble chaque jour davantage à une armée d’occupation plutôt qu’aux Dudley Do-Rights familiers qu’on a fini par fétichiser. Lorsque le gouvernement viendra prendre le fusil de chasse suspendu à la cheminée ou la carabine dans le coffre-fort, rappelez-vous l’histoire du contrôle des armes à feu dans ce pays et pensez-y à deux fois avant de remercier le gendarme pour ses services lorsqu’il vous vole au milieu de la journée.