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Vigile et journée d’action mercredi 28 février 2018 en solidarité avec l’accusé Freddy Stoneypoint, la souveraineté mi’kmaq et la lutte contre les hydrocarbures

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Fév 242018
 

De Ni Québec, ni Canada

Le 28 février 2018 aura lieu la prochaine comparution de Freddy Stoneypoint au palais d’(in)justice de Percé. Les clowns juridiques du génocide perpétué évalueront si les preuves accumulées par le bras armé de l’État québécois au service de Junex sont suffisantes pour que le cirque commence, autrement dit qu’un procès ait lieu. Ces partisans de l’économie de la mort agissent en complète illégitimité sur le territoire souverain mi’kmaq, plus précisément sur le territoire souverain non cédé du 7e district du territoire mi’kmaq comme le stipule la clause protectrice des terres indiennes de la Proclamation royale de 1763.

Le chef traditionnel du 7e district de Mi’kma’ki, territoire souverain du peuple mi’kmaq, Gary Metallic sr., a servi une notice d’entrée par infraction à la compagnie Junex qui ne fait pas l’objet de procès, seul un camarade du peuple mi’kmaq supposément présent dans un blocage historique qui défendait le territoire et qui fut fait à l’invitation de l’autorité traditionnelle est présentement persécuté par la Cour(onne). Gary Metallic a plusieurs fois réaffirmé le refus de son peuple de l’extraction des hydrocarbures. Malgré la souveraineté jamais abandonnée des Mi’kmaq, l’État québécois continue de réprimer les différent.e.s camarades arrêté.e.s en lien avec la lutte contre les hydrocarbures en Gespe’gawa’gi et pour la reconnaissance de la souveraineté mi’kmaq.

En tant que camarades de Freddy Stoneypoint et du peuple mi’kmaq, nous appelons à faire du 28 février une journée de solidarité et d’action pour la pleine et entière libération des accusé.e.s de la cour coloniale, en reconnaissance et résistance pour la souveraineté de Mi’kmaki et des autres territoires autochtones et contre l’extraction des hydrocarbures.

Nous appelons aussi à souligner par cette journée notre pleine solidarité en action avec le Camp de la rivière et le Treaty Truck House against Alton Gas.

Que nous soyons en Gespe’gewa’gi ou ailleurs, continuons à agir en esprit de totale résistance pour la décolonisation, la souveraineté des peuples autochtones et la vie.

Déclaration de Freddy Stoneypoint (traduction française):

En tant qu’homme souverain autochtone de l’Île de la Tortue, mes droits et responsabilités incluent pratiquer des cérémonies et marcher sur la terre avec amour et respect. Je ne suis pas un activiste. Je suis simplement un homme anishnaabe préoccupé par ceux et celles qui sont à naître et la protection des terres et des eaux dont ils/elles dépendent. Je suis très reconnaissant envers les gens de tous les horizons qui ont supporté la bienveillance et la relationnalité que j’entretiens avec le sacré. Miigwetch.

Pour plus d’informations :

Fonds légal pour Freddy Stoneypoint

7th District Tribal Council of Gespegawagi

Camp de la rivière

Stop Alton Gas

Visite nocturne chez Jean-Yves Lavoie, président de Junex

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Nov 272017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du 16 novembre, nous sommes allé.es visiter la banlieue de Québec, plus exactement le 1205 rue Impériale, afin de laisser un message à l’intention de M. Jean-Yves Lavoie. Pour ceux et celles qui ne seraient pas familier.es avec lui, M. Lavoie est le président de Junex, une compagnie qui génère son profit (ou, à tout le moins, qui essaie) en exploitant le territoire du soit-disant “Québec”, entre autres à travers des projets de fracturation en “Gaspésie”.

Nous avons décidé de joindre nos efforts à la puissante lutte en cours, laquelle se mène sur plusieurs fronts, souhaitant rendre le rêve de M. Lavoie impossible. En d’autres mots, plutôt que de laisser l’industrie extractiviste coloniale et des compagnies comme Junex continuer à menacer la terre et l’eau de la Gaspésie ou de n’importe quelle région de l’Île de la Tortue, nous avons choisi d’entendre l’appel des Mi’kmaq et des autres protecteur.rices de l’eau et de la terre. Nous ferons ce qui est nécessaire afin d’empêcher les compagnies comme Junex de mener à terme leurs plans destructeurs.

C’est dans cet esprit, et avec notre propre objectif de démantèlement de l’industrie pétrolière et gazière au “Québec”, que nous avons brisé les fenêtre de ses voitures, sans oublier d’en percer les pneus. Nous avons aussi recouvert sa maison de peinture.

Nous lui avons également laisser un message vocal, que vous pouvez écouter ici. Son rêve de devenir riche en détruisant le territoire ne réalisera pas. Les efforts collectifs de protection de la terre – les blocages, camps de support, manifestations, campagnes d’éducation – ainsi que toutes les initiatives autonomes menées par une multitude de groupes autochtones et allochtones seront bien plus puissantes que le travail que M. Lavoie et Junex peuvent accomplir en une vie.

Québécois contre le Québec!

Décolonisons l’Île de la Tortue !

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Nov 272017
 

Soumission anonyme à MTL Countre-info

OLYMPIA-UNIST’OT’EN-GASPÉSIE-SECWEPEMCUL’ECW
DÉCOLONISONS L’ÎLE DE LA TORTUE

Depuis dix jours, un campement bloque le chemin de fer qui mène hors du port d’Olympia, empêchant des agents de soutènement utilisés dans le processus de fracturation hydraulique d’être envoyés au Dakota du Nord et au Wyoming. En plus de faire obstacle au capitalisme et à la destruction environnementale, le blocage a créé une ouverture qui nous permet d’interagir les un.es avec les autres de façon nouvelle et libérée. Nous nous sommes fait de nombreux.ses nouveaux.elles ami.es, avons approfondi des relations existantes et expérimenté la joie de partager nos vies sans nous soucier du profit.

Nous voulons transmettre nos salutations et exprimer notre solidarité avec la résistance autochtone à l’expansion capitaliste, à travers l’Île de la Tortue. Des terres des tribus Nisqually et Squaxin aux rives de la Wedzin Kwah en territoire Unist’ot’en, en passant par les murs des Tiny House Warriors du territoire Secwepemc et par les luttes Mi’kmaq sur la péninsule de Gaspésie, nous souhaitons reconnaître et honorer ceux et celles à qui sont les territoires où nous luttons présentement, ainsi que ceux et celles qui se battent à nos côtés contre la méga-machine industrielle, ici comme ailleurs. Notre bataille contre les agents de soutènement en est aussi une contre les oléoducs de LNG, Keystone Oil et plusieurs autres. Plus largement, la lutte contre l’industrie extractiviste est une lutte contre la colonisation.

Une requête faite selon la loi d’accès à l’information a révélé que le blocage de chemin de fer de l’année dernière, qui a duré une semaine, a fait perdre deux opérations de fracturation au géant du pétrole Halliburton et qu’en retour, Halliburton a rompu ses liens avec le port d’Olympia. Bien que nous ne souhaitions pas voir le port d’Olympia opérer une transition vers une sorte de capitalisme éco-blanchi et « progressiste » – polissant à peine la gigantesque merde de la colonisation – nous célébrons l’ampleur du chaos ainsi que les impacts sur Halliburton. Parfois, il semble qu’aucune attaque sur le capitalisme ou l’État ne puisse jamais être assez forte pour causer de réels dommages, mais des moments comme celui-ci nous rappellent que la machine de mort est plus vulnérable qu’on ne pourrait le penser.

Salutations chaleureuses à tous ceux et celles qui cherchent les failles dans l’armure du léviathan,
Pour la liberté totale,
quelques invité.es sur la pointe sud de la mer des Salish

 

Appel à une semaine d’action des Comités de défense et de décolonisation des territoires

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Nov 192017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Bloquer l’économie extractiviste

Soutenir le Camp de la rivière

Des 24 au 26 novembre prochains, le parti libéral se réunira dans la ville de Québec. Ces farouches partisans de l’économie extractiviste viennent de faire adopter une nouvelle réglementation sur l’exploitation des hydrocarbures qui menace plus que jamais l’eau, la terre et tout ce qui y vit. Leur détermination à favoriser les pétrolières et les minières malgré les désaccords de plus en plus bruyants, démontre que seul un rapport de force conséquent peut interrompre leurs activités. C’est en ce sens que les Comités de défense et de décolonisation des territoires appelons à une semaine d’actions du 24 novembre au 2 décembre pour se rencontrer de nouveau dans la lutte, maintenir la pression et s’attaquer à l’infrastructure de l’économie de la mort.

Depuis que le camp de la Rivière s’est érigé en Gaspésie, au pied de la route menant aux puits de la pétrolière Junex, la ligne est claire : d’un côté, ceux et celles désirant protéger les territoires et de l’autre, ceux voulant les soumettre à une logique d’exploitation. Malgré les menaces d’injonction, un renouveau dans le mouvement de résistance a été généré par les discussions, les rencontres et l’appel à la formation de comité de soutien. La proposition de lier lutte écologiste et décoloniale fait son chemin et engendre de nouvelles possibilités. Tout autant qu’elle adresse des questions brûlantes. Ce qui se passe en Gaspésie, inspire les résistances sur tous les territoires, en plus de nous enseigner le mépris envers les institutions coloniales.

C’est qu’il faut se souvenir qu’une entente temporaire pour l’arrêt des travaux avait été conclue en août dernier sous la pression du conseil traditionnel Mi’kmaq entre les conseils de bande de la région et les pétrolières. Pourtant, Petrolia a reçu l’aval de ces mêmes conseils pour débuter des tests sismiques à proximité d’aires protégés. L’ensemble des institutions coloniales s’allie pour poursuivre leurs œuvres destructrices.

Ainsi, l’annonce de la fin du projet Énergie Est ne fut qu’un court répit pour ceux et celles désirant protéger les territoires. Plus que jamais nous devons miser sur nos propres forces, forger nos liens de solidarité et passer à l’action. C’est pourquoi nous appelons à sortir de nouveau avant que la neige ne vienne voiler les ravages des pétrolières. Sortir, et par tous les moyens nécessaire, ré-habiter les mondes.

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Comité de défense et de décolonisation des territoires

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Nov 162017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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Une brèche a été ouverte par une bande d’anonymes maintenant notoire. Leur mouvement autonome de réoccupation du territoire a révélé l’intimité des perspectives écologistes et décoloniales. En bloquant le projet pétrolier de Junex et en affirmant la légitimité des souverainetés traditionnelles Mi’kmaqs sur le territoire, leur action a donné lieu à des nouvelles possibilités de luttes victorieuses. Après le démantèlement des premières barricades, cet appel à l’organisation s’inscrit dans la continuité de leur audace.

À partir du démantèlement, le Camp de la rivière devint un ancrage central de la lutte contre les hydrocarbures et la fracturation en Gaspésie. En plus d’être le lieu d’une quotidienneté emplie de sens, le camp multiplia les efforts visant à bâtir une force qui saurait s’opposer à l’économie de la mort, au travail concerté d’un État extractiviste et des entreprises pétrolières qu’il finance. En ralliant des habitant.es de partout, de la Gaspésie, du reste du Québec et des Maritimes, il a prouvé que ses potentiels de rencontres et d’alliances sont d’une grande puissance.

Dans leur déclaration au banquet Junexit, deux chef.fes traditionnel.les Mi’kmaqs écrivent qu’« après le démantèlement de la barricade, la lutte ne fait que commencer, et des coalitions se forment entre les Chefs des Districts Mi’kmaqs, ainsi que les protecteurs de l’eau et de la terre allochtones. Nous appelons tous les groupes et individus qui se sentent concernés par la protection de l’eau et de la terre sur le territoire de Gespegawagi à faire entendre leur appui, à agir et à rejoindre la lutte sur place. »

L’appel à la semaine d’actions a été un succès dans plusieurs régions, multipliant déploiements de bannières et organisant occupations, manifestations et blocage de trains. La cause, reprise par des écologistes autant que par des militant.es décoloniaux s’est posée comme symbole de la défense du territoire, de la nécessité de protéger les régions et les milieux de vie auxquels nous appartenons. « Tout à perdre, rien à gagner » : plus qu’une opposition aux projets extractivistes, nous voulons exprimer notre attachement au territoire et la menace qu’est le pétrole pour ce à quoi nous tenons.

Pour penser la suite de la lutte et son extension, pour voir comment nous pouvons contribuer à multiplier les conflits, nous proposons aux ami.es, aux camarades, aux allié.es, aux complices, de se regrouper localement dans des formes favorisant à la fois l’autonomie et l’élargissement de la lutte. Nous proposons une forme, celle des comités ouverts pouvant accueillir des individus, des membres d’autres groupes et se multiplier selon les nécessités. C’est à travers ceux-ci que nous pourrons adresser les questions brûlantes que la lutte soulève. Il nous faudra penser ensemble pour agir ensemble, mais c’est aussi dans la pratique que ces questions pourront trouver leurs réponses.

Vaincre la catastrophe

Écologie et Décolonisation

Pas une journée ne passe sans qu’un épiphénomène du réchauffement climatique ne vienne ravager une partie du globe ou qu’on nous rappelle comment la diversité animale chute drastiquement chaque année. Sous l’effet de l’extraction massive des énergies fossiles, la catastrophe fait irruption dans notre quotidien et nous peint un futur sombre. Le déraillement d’un train chargé de pétrole fait exploser un village entier. Le changement soudain du climat paralyse toute une région. Ce qu’on nomme catastrophe n’est que le fonctionnement normal d’une économie fondée sur l’accélération et la croissance.

Les énergies fossiles, censées nous libérer de la dépendance au soleil, nous ont rendu.es dépendant.es aux institutions et infrastructures qui les produisent. Au delà de l’alternative infernale, entre ceux désirant retenir ou accélérer la fin du monde, un parti de la vie se dessine en prenant sur lui de combattre les projets de l’économie de la mort et de réhabiter le monde.

Dépossédé.es, l’on voudrait nous voir vivre déconnecté.es des autres, chaque individu dans sa petite case personnelle, aveugle à la violence qu’exige cet ordre pour se maintenir en place.Défendre les territoires, c’est briser cette bulle. C’est réapprendre à vivre avec ce qui nous entoure et composer avec ce qui nous constitue. Briser le temps normal de l’économie, se retrouver.

Le blocage des projets de Junex en Gaspésie et le Camp ayant suivi sont de ces espaces qui nous permettent de nous rassembler et de nous organiser contre ce qui ravage le monde. Ils se lient aux territoires et y tissent de nouveaux sentiers.

Là est le premier point de contact possible. Les mouvements écologistes, en proposant quelque chose de nouveau pour les allochtones, ont rejoint des idées très anciennes pour les Autochtones. C’est en refusant de penser la terre comme une simple marchandise, de vouloir son exploitation pour le profit et en reconnaissant que c’est elle qui nous nourrit, que des possibles se sont ouverts. En défendant la terre contre le intérêts propres d’un État ou bien d’une entreprise, des ponts ont commencé à s’établir entre des mondes qui semblaient jusque-là irréconciliables.

Mais si le désastre qu’est l’économie du pétrole nous apparaît comme évident, le rapport à celui-ci se conçoit différemment du point de vue des peuples autochtones. Pour eux, cette catastrophe est une réalité se réactualisant depuis 500 ans. La destruction de l’environnement va de pair avec la dépossession qui la précède. Leur perspective nous éclaire sur le caractère colonial de l’histoire moderne. Elle nous permet de comprendre que le développement de l’économie n’a été possible que par la dépossession et l’exploitation. Que ce système fonctionne encore aujourd’hui sous cette même logique et que Junex en est l’ultime représentant.

Poser la question de la défense des territoires en «Amérique» implique donc inévitablement de penser le processus par lequel l’économie extractiviste et ses institutions ont pu y croître. Ce processus, c’est la colonisation, c’est-à-dire le pillage, le saccage et l’occupation des terres autochtones.

Du point de vue autochtone, défendre les territoires est donc inséparable de la lutte de décolonisation. Dans ce processus, les souverainetés ancestrales bafouées par 500 ans de conquêtes doivent être revalorisées et mises de l’avant. Pour les écologistes, cela implique d’assumer la production de mondes allochtones capables d’habiter sans déposséder. À travers une lutte commune contre ce qui nous menace et pour la survie des traditions nouvelles et anciennes, des mondes jusqu’ici incompatibles peuvent se rencontrer. Cette rencontre devra penser l’ordre colonial pour sa destruction. Par là, nous pouvons nous adresser des problèmes communs.

La construction des « Amériques » n’aura été qu’un long processus violent pour s’accaparer territoires et ressources. Les fourrures hier et le pétrole aujourd’hui. Le point de vue décolonial offre à penser cette tragédie. Pour interrompre l’Histoire, il faut bloquer ce qui la construit, c’est-à-dire l’infrastructure de l’économie extractiviste.

La force mobilisatrice qui pourrait émerger d’alliances concrètes entre perspectives écologiste et décoloniale, entre allochtones et Autochtones serait annonciatrice de luttes victorieuses. Cette possibilité de gagner contre ce monde et d’en ouvrir d’autres est entre nos mains. À nous de la saisir !

Comment faire?

« Avancer en questionnant »

La forme proposée, celle des comités, vise à favoriser l’autonomie et l’initiative locale. S’il est nécessaire de soutenir le Camp de la Rivière, nous croyons en l’importance de reterritorialiser les luttes. L’idée de croiser défense et décolonisation est de nous donner un sens commun sans fonctionner de manière programmatique. Chaque lieu, chaque réalité amène des situations différentes sans solution universelle. C’est pourquoi nous proposons le sentier de l’humilité : «avancer en questionnant». Il est nécéssaire de partir des conditions vécues et de construire à partir de là, d’agir directement tout en s’organisant sur le long terme. Pour ce faire, nous suggérons des pistes pour les mois à venir.

I – Enquêter sur les territoires

Il est tout d’abord nécessaire de faire enquête. Pratiquer l’enquête, c’est apprendre à désigner l’ennemi en le faisant apparaître concrètement, dans ses plans et ses politiques. Tout autant, c’est suivre à la trace ce qui déborde de cette logique et tente d’y mettre fin. Cette étape déjà en cours, consiste donc à repérer, à identifier, à comprendre, partout sur le territoire, les projets de l’économie extractiviste et leurs articulations avec le programme colonial. On retrouve cette articulation dans l’aménagement même du territoire et dans l’omniprésence des infrastructures d’extraction. L’espace y est fracturé d’inégalités et réunifié par tout un réseau de communication et de circulation. Il faut en saisir le fonctionnement, les méthodes et plus particulièrement, comprendre comment cette politique extractiviste mène au sous-développement et à la perte de souveraineté pour les habitant.es des régions périphériques. Dans un même geste, il nous faut se lier aux résistances et comprendre l’ennemi à partir de comment elles le désignent. Il s’agit de se lier aux personnes qui habitent le territoire et qui luttent pour le défendre. Cela implique d’apprendre à tenir à ce qu’elles aiment et à mépriser ce qui le menace, de partager la vie.

II- Construire l’autonomie

Les réseaux extractivistes de dépendance font circuler les ressources des périphéries vers le centre. Pour briser cette logique, nos réseaux doivent nous permettre de circuler et de se rejoindre dans l’action pour répondre aux appels lancés. Construire l’autonomie c’est d’abord viser à réunir les forces pour combattre ce qui saccage les territoires. Il s’agit d’insuffler une force nouvelle aux mouvements contestaires et de les réinventer à travers les traditions anciennes et nouvelles : ces formes de vie qui nous permettent de vivre à même le territoire nous apprennent nécessairement à lutter contre ce qui le menace. L’effort est donc multiple : bâtir un mouvement combatif dans l’écologisme, appuyer les formes traditionnelles de souveraineté autochtone et reprendre le pouvoir sur nos vies. Pour cela, il faut déjà rendre notre monde habitable, c’est-à-dire se re-donner les moyens matériels, les connaissances, l’imaginaire et le sens existentiel pour tenir dans la désertion et la confrontation.

III- Bloquer les flux

À celles et ceux qui vivent en ville et pour qui le monde semble impossible à ressaisir, le rôle revient de faire apparaître la confrontation en s’attaquant aux symboles, aux infrastructures, aux ennemis qui menacent les formes de vie auxquelles nous tenons. Il faut compromettre, en métropole comme ailleurs, la modernisation et le développement de l’économie capitaliste extractiviste jusqu’à les rendre intenables. La continuation de cette économie dépend de sa capacité (1) à extraire des ressources et (2) à les faire circuler. Nos considérations tactiques doivent découler de cette simple constatation. Notre mode d’organisation doit nous permettre de soutenir efficacement les luttes qui ont cours sur les territoires par-delà les frontières coloniales, d’aider à leur extension et d’acheminer des ressources qui permettent leur durée.

Nous proposons ces étapes en vue de voir se multiplier les blocages et actions sur le territoire au cours des prochains mois. Le succès des actions entreprises dépendra de notre capacité à bâtir des relations solides sur le long terme, des liens de confiance qui permettent la complicité, et des réciprocités qui nous lient. Le mouvement que nous nous proposons de développer implique une déconstruction profonde des rapports de pouvoirs présents entre nous, insufflés dans nos esprits par l’idéologie coloniale. Penser la décolonisation implique de se projeter dans une temporalité plus large qu’une campagne ou qu’un seul campement. Au final, nous désirons rendre inséparables le moment de la vie et celui de la lutte.

Approfondir les idées, développer la lutte

La formation d’un comité vise à réunir ceux et celles désirant articuler écologie et décolonisation dans la lutte pour la défense des territoires. Les comités permettent une plus large participation et une coordination des efforts. Ils peuvent à la fois soutenir le Camp de la Rivière et s’organiser sur leur propre territoire.

Pour construire les comités et se préparer à la reprise des hostilités avec les pétrolières, nous proposons quelques pistes d’activités et d’actions pour les prochains mois. Nous prévoyons organiser une fin de semaine de formation et une rencontre entre les comités dans les prochains mois. D’ici là, il s’agit de maintenir la tension, d’enquêter sur les projets en cours et de bâtir des liens solides.

Propositions concrètes

Organiser le soutien au Camp de la Rivière : Assurer une présence physique, fournir du matériel et de l’argent. Des personnes vivant au camp ont décidé d’y passer l’hiver. Il faut donc rester à l’affut des besoins qui seront exprimés dans les prochaines semaines relativement à ce défi.

Enquêter et construire la solidarité : Aller à la rencontre des personnes en lutte.Il est fondamental d’apprendre à connaître les luttes de défense des territoires et de se lier avec ceux et celles qui les mènent.

Organiser des actions autonomes : Les cibles et formes d’actions sont multiples, les adresses faciles à trouver du moment que les ennemis sont identifiés. L’organisation d’action est à la fois un moyen de se lier entre nous en incluant de nouvelles personnes et de faire monter le ton face aux projets de l’économie extractiviste.

Organiser des discussion autour de livres : Penser l’envers obscur de la modernité, Pour une histoire amérindienne de l’Amérique, Carbon democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, Red Skins White Masks, Colonialité du Pouvoir et démocratie en Amerique Latine, 1492, l’occultation de l’autre,Wasáse indigenous pathways of action and freedom, Decolonization is not a metaphor

Mettre en place des activités de financement : Il faut financer la suite du campement, les luttes en cours et la défense des arrêté.es du blocage et de la semaine d’actions.

Organiser des projections : Kanehsatake, 270 ans de résistances, Les évènements de Restigouche, La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre?, Pour la survie de nos enfants, Our nationhood-Kouchibouguac (Liste de films proposés disponible sur le site de l’ONF)

Produire du matériel d’agitation et d’information : Il est nécessaire de faire connaître les activités des comités à travers des affiches, des tracts et autres outils de diffusion.Ainsi que de sensibiliser la population aux questions écologiques et décoloniales.

Organiser des formations à l’action : Lorsque le temps vient de mettre en place des actions ou d’intervenir dans celles déjà en cours, il est fondamental de savoir le faire en minimisant le danger que nous courrons et maximiser celui que nous représentons : ABC d’une occupation, préparation d’équipes médicales, entraînement aux tactiques de rue et de survie en forêt, apprentissage du fonctionnement des technologies ennemies et de celles qui peuvent nous être utiles.

Participer à l’organisation de la tournée de conférences : Au courant du mois de novembre, il serait intéressant de circuler dans les régions qui ont signifié un appui au Camp de la Rivière. Nous proposons de mettre en place une tournée de conférence.

Adopter des positions d’appui en Assemblée générale

Pour organiser des discussions sur les événements du Camp de la Rivière avec des personnes ayant participé à la lutte : campdelariviere@gmail.com
Pour contribuer aux prochaines publications du journal et bâtir le réseau des comités : cddt@riseup.net

Monument raciste et colonial à John A. Macdonald défiguré

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Nov 122017
 

Du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM)

(Le Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) a reçu le lien suivant, par une source anonyme, ce matin: https://vimeo.com/242431388 … Le lien a inclu le texte ci-dessous. Nous partageons cet info avec le publique, mais nous ne sommes pas responsable pour l’action.)

MONTRÉAL, Le 12 Novembre 2017 — À la veille d’une manifestation importante contre la haine et le racisme à Montréal, un groupe local et anonyme de militant.e.s anticoloniaux, antiracistes, et anticapitalistes ont réussi à vandaliser le monument historique au premier des premiers ministres du Canada, John A. Macdonald, situé au centre ville sur la Place du Canada.

Selon Art Public Montréal: « Parmi les monuments érigés à la mémoire de Macdonald, celui de Montréal est le plus imposant et le plus élaboré. » Le monument, construit en 1895, est maintenant recouvert de peinture rouge.

– Une vidéo de l’action est disponible ici (postée anonymement sur Vimeo):

– Des photos du monument recouvert de peinture sont disponibles ici:
http://i64.tinypic.com/63ubfa.jpg
http://i68.tinypic.com/2jdffac.jpg

– Une photo du monument original est disponible ici:
https://tinyurl.com/yctxbyuk

Les individus responsables de cette action ne sont pas affiliés avec la manifestation antiraciste d’aujourd’hui (www.manif12novembre.com) mais ont décidé de cibler la statue de John A. Macdonald comme clair symbole du colonialisme, du racisme, et de la suprématie blanche.

L’action d’aujourd’hui est inspirée en partie des mouvements aux États-Unis qui visent à faire enlever les symboles publics de la suprématie blanche, tels que les statues de la confédération. Elle est aussi motivée par les revendications décoloniales, telles que le mouvement « Rhodes doit tomber » en Afrique du Sud. De plus, nous sommes directement inspiré.e.s par les revendications de militant.e.s anticolonialistes — à la fois autochtones et non-autochtones — contre John. A. Macdonald, en particulier à Kingston en Ontario, la ville natale de Macdonald. Nous notons également les efforts ailleurs dans l’état Canadien pour changer le nom des écoles nommées d’après Macdonald, incluant une résolution de la Fédération des enseignants d’école primaire d’Ontario qui dénoncent Macdonald comme « Architecte du génocide des peuples autochtones ». Le détournement du Monument Macdonald est aussi approprié dans le contexte du révisionisme de l’histoire Canadienne cette année durant les célébrations de « Canada 150 », et de plusieurs appels à l’action, tels que les graffitis « 375 + 150 = Bullshit » de cet été à Montréal.

Au milieu de toute cette activité anticoloniale et antiraciste ciblant les statues et autres symboles, nous avons décidé d’offrir une petite contribution de la part Montréal.

John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a contribué directement au génocide des peuples autochtones par la création du système brutal des écoles résidentielles, ainsi que par d’autres mesures visant à détruire les cultures et traditions indigènes. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non-blancs au Canada, appuyant ouvertement la préservation d’un Canada soit-disant « Aryen ». Il a passé des lois dans le but d’exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. La statue de Macdonald a sa place dans un musée, et non pas comme monument occupant l’espace public à Montréal.

Les vidéos, photos, et textes de cette action ont été partagés anonymement avec des antiracistes de la région de Montréal, afin de les distribuer le plus largement possible, et d’inspirer plus d’actions anticoloniales dans les rues locales.

Nous exprimons également notre support et notre solidarité la plus sincère envers les manifestants qui prennent les rues aujourd’hui en opposition à la haine et au racisme, ansi qu’envers la mobilisation antifasciste pour contronter les groupes racistes, Islamophobes, et antiimmigrants La Meute et Storm Alliance à la ville de Québec le 25 Septembre.

Ni patrie, ni état, ni Québec, ni Canada!
— Une poignée d’antiracistes anticoloniaux.

Tu n’iras pas plus loin, Canada!

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Oct 262017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

11 octobre 1869 : Il y a cent quarante ans, des experts du territoire envoyés par la nouvelle confédération canadienne fut confrontée par un groupe de Métis mené par Louis Riel. Les experts avaient été envoyés pour délimiter le nouveau tracé de propriété du Canada, une première étape dans la prise de contrôle du Canada sur les territoires de la Rivière Rouge. Ce groupe de Métis a physiquement arrêté leur travail alors que Riel leur annonçait : « vous n’irez pas plus loin ». Ainsi débuta la rébellion de la Rivière Rouge, un moment inspirant de la longue histoire non-achevée des luttes autochtones pour survivre et combattre le colonialisme et sa violence génocidaire à travers le continent.

Nous sommes des anarchistes non-autochtones et nous avons choisi de commémorer cette importante journée dans l’histoire de la résistance anti-coloniale en vandalisant le monument à la mémoire de John A. MacDonald à la Place du Canada à Montréal. Nous avons peint Ⓐ FUCK 150 DÉCOLONISONS.

2017 est une année marquée par les tentatives du canada pour célébrer ses 150 années d’existence. À travers elles, l’État tente d’accorder aux peuples autochtones une place dans un narratif déformé sur la construction d’une nation bâtie sur des terres volées, une tentative de génocide et l’assimilation. Face au cauchemar colonial en cours, nous ne voyons qu’une avenue possible : décoloniser et en finir avec le canada.

Vivent les peuples autochtones de l’Île Tortue!

Ni frontière, ni état, ni québec, ni canada!

Personne ne sera libre tant que tous.tes ne seront pas libres!

Parce que les parcs «naturels» ont aussi servi et servent encore les fins de la colonisation des espaces et des peuples autochtones

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Oct 122017
 

De Ni Québec, ni Canada

Parcs, environnements, contrôle, exploitation…

En quoi les parcs sont la plupart du temps des environnements domestiqués, coloniaux, étatisés, capitalisés… et quelles seraient les bases écologistes et anticoloniales d’autres relations au vivant ?

Entrevue avec Karl, anarchiste, défenseur de la terre, partisan de la décolonisation, vivant, oeuvrant et luttant en solidarité avec de nombreuses communautés et luttes autochtones dans la soi-disant «Colombie-Britannique»

Voir l’entrevue précédente avec Karl.

Land and Freedom by Seaweed

Défendre l’eau de qui et comment le faire? : Déclaration du Camp de la rivière

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Oct 122017
 

De Camp de la rivière – Galt-Junex

Déclaration du Camp de la rivière à propos de la présence de fascistes à la manifestation intitulée L’eau du Québec, c’est sacré!

L’écologie et l’anticolonialisme sont les piliers du Camp de la rivière. Bien entendu, ces concepts ne sont pas fixes et laissent place à plusieurs interprétations. Cela étant, ils impliquent d’abord et avant tout une transformation dans notre rapport au monde, aux êtres qui nous entourent, à l’histoire qui nous précède, à celle que l’on met en récit, et ce dans le but assumer de se dérober à ce monde qui fait guerre à tout ce qui résiste, à tout ce qui lui est extérieur.

À la manifestation intitulée Manif à la frontière : réfugiés bienvenus!, Dave Tregget, membre de Storm Alliance, a déclaré que les antifascistes et Storm Alliance recroiseraient le fer à la manifestation intitulée L’eau du Québec, c’est sacré! Montréal antifasciste a ensuite contacté les organisateurs et organisatrices de cet événement afin de leur demander de se dissocier de la présence de groupes fascisants à leur événement. Dans les commentaires sur la page Facebook de l’événement, ces derniers ont cru bon de rappeler qu’il s’agit d’une manifestation pour protéger l’eau et qu’il n’y ait pas question de racisme, donc que tout le monde, incluant les racistes, y est le bienvenu. D’abord, nous tenons à rappeler que l’eau qui coule sur le territoire n’appartient pas à ce qu’on appelle du Québec, mais coule en territoire autochtone non cédé. Ensuite, il nous faut également aborder le caractère, à tout le moins, problématique des déclarations tenues par les organisatrices et organisateurs dudit événement.

La croissance de groupes fascistes partout dans le monde manifeste l’abandon de la croyance en des structures traditionnelles de la politique qui n’ont fait que procéder à une perpétuelle dépossession. Il ne va néanmoins sans dire que les réponses qu’ils offrent à cette situation constituent une dangereuse crispation fascisante. Bien loin de principes écologistes et anticoloniaux qui tentent une ouverture et une manière d’être différentes à l’égard de mondes qu’on a et qu’on continue de pillé et de ravagé, la réponse offerte par ces groupes manifeste un repli réactionnaire qui vise la création et la défense d’un idéal identitaire, d’une intériorité fantasmée qui rejette tout ce qui lui est extérieur, tout ce qui lui est hétérogène, bref tout ce qui est interprété comme une menace potentielle.

C’est en ce sens que, dans une perspective anticoloniale et écologiste qui se veut transformatrice et non pas réactionnaire, nous refusons le soutien de ces groupes et de leurs sympathisant.es puisqu’ils participent d’un esprit qui nous semble creuser la catastrophe en cours plutôt que d’engendrer de nouvelles façons de l’habiter en commun.

Le fascisme c’est la répression impériale qui se renverse vers l’intérieur

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Oct 122017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le fascisme c’est la répression impériale qui se renverse vers l’intérieur.
-Cope (2015), cité dans Kesīqnaeh

Suite à la manifestation qui s’est déroulée samedi à la frontière de Lacolle et qui s’intitulait « Ouvrez les frontières! », un graffiti signifiant ‘’DECOLONIZE’’ est apparu sur les berges d’un canal dans un quartier du sud-ouest de Montréal. Ce message nous permet d’expliciter certains liens entre la lutte de décolonisation en cours sur Turtle Island et les actions antifascistes. Dans Fascism & Anti-Fascism : A Decolonial Perspective, Kesīqnaeh dresse certains parallèles éclairants à propos de ces luttes tout en interrogeant la signification du fascisme pour les peuples autochtones qui combattent déjà la violence coloniale. Question d’être laconiques, quelques citations directement tirées du texte vous sont présentées ici même :

Kesīqnaeh soutient que :

« Le fascisme est atteint lorsque la violence des nations impérialistes a fait le tour du monde dans le cadre du développement du système capitaliste, moderne et parasitaire mondial puis revient visiter son berceau. »

[…]

« Dans le contexte d’une occupation coloniale, cette violence ne fait qu’un avec l’état d’exception visant à repousser les frontières, avec la liquidation et l’entreprise de civilisation des peuples autochtones qui vise l’obtention de terres pour établir la colonisation ainsi qu’avec le continuum du système carcéral qui a marqué l’existence noire sur ce territoire depuis l’esclavage domestique jusqu’à l’hyperghetthoisation. »

[…]

« Pour citer le Parti socialiste du peuple d’Afrique : “notre libération – et c’est ce que nous devons gagner – ne viendra que d’une lutte entièrement dédiée à renverser la relation coloniale dans laquelle nous sommes avec le pouvoir blanc“[1. African People’s Socialist Party. 2015. “Colonialism Trumps Fascism in U.S. Elections.” The Burning Spear, September 8. (Traduction libre par Montréal Contre Information)] ».

[…]

« La menace principale du fascisme envers les peuples colonisés n’en est pas une qui nous permettrait d’effectuer une translation entre un état où nous n’aurions pas été sujets à la violence généralisée à un état où nous lui ferions face. Il s’agit plutôt d’une menace qui stimule et accélère la logique éliminatoire et accumulative à la base du colonialisme exécuté par les colons. »

[…]

Contrairement à la perspective du « bon citoyen – bon patriote » construite dans les médias traditionnels et les médias sociaux par les groupes d’extrême droite québécois – par exemple, faire des signes de paix ou imiter des chants antifascistes dans une manifestation « Tout le monde déteste les racistes » – ces groupes sont bel et bien racistes, chauvins, anti-immigration et ultranationalistes. Ils sont organisés de façon hiérarchique, leurs membres et leurs meneurs se targuent de valeurs suprématistes blanches et se scandalisent à l’égard du gouvernement Trudeau. Cela étant, s’ils veulent réellement se confronter aux libéraux pourquoi mobiliser à la frontière de Lacolle? L’inconsistance de leur message trahit leur véritable croyance. Nous devons porter attention à la manière dont ils construisent leur discours (Qu’est-ce qu’il implique? Comment se construit-il? Quand et en relation avec quelles autres idées le prononcent-ils? Dans quel contexte une déclaration survient-elle?) Ce n’est pas seulement digne d’intérêt que de soulever certains arguments de l’extrême droite afin de montrer qu’elle s’appuie sur des informations fautives et une analyse politique extrêmement pauvre. Il faut plutôt penser aux effets qui sont recherchés et impliqués par ces perspectives sur le réel.

« Ils sont tous assoiffés de nouvelle frontière, de coloniser à nouveau, de territoires, de patrie blanche. En d’autres mots, ils sont assoiffés en vertu de l’accomplissement du rêve colon. » (Kesīqnaeh, 2017).

Aussi loin que ce graffiti sur un mur du canal dans le sud-ouest de Montréal puisse sembler de la teneur du propos ici exposé, il y a de réels rapports à établir. « DECOLONIZE » a été réalisé par des camarades impliqués au sein d’organisation et d’action antifascistes. Kesīqnaeh soutient que « si vous voulez vous battre contre le fascisme, vous devez décoloniser. » Les camarades tapis derrière ce message aposé sur la paroi du canal souhaitent que cette analyse politique s’inscrive dans la tête de tous ceux et toutes celles pour qui il importe de se soulever contre les groupes d’extrême droite actifs sur Turtle Island.

« DECOLONIZE » représente une présence esthétique qui ébranle l’infrastructure qui invisibilise le processus violent de colonisation qui a permis l’érection de condos et de commerces y étant liés d’émerger tout en apportant avec eux leur lot de résident.es et de patron.es qui ont peu de considération pour les structures et agencements violents dans lesquels ils s’enracinent. Ces infrastructures organisent la société en fonction d’aspirations qui déploient des récits anti-autochtones et anti-noir.es. Alors que le fascisme ne semble pas nécessairement en appeler à l’élite blanche et fortunée, ses valeurs idéologiques soutiennent le privilège et l’impunité de ceux qui compétitionnent pour accéder au pouvoir dans le climat socio-politique et économique actuel. Ces groupes de droite voient l’État, ses autorités policières (oui, ils ont applaudi lorsque les unités antiémeutes se sont présentées à Lacolle), ses frontières comme des formes de légitimation du pouvoir. Cependant, les frontières sont l’appareil d’un état colonial établi sur des territoires volés, l’esclavagisme et des politiques génocidaires. Ainsi, la frontière est illégitime et ceci constitue un appel à agir en correspondance avec cette dernière position.