Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en sauver…

 Commentaires fermés sur Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en sauver…
Fév 182019
 

De Montréal-Antifasciste

(Avertissement : de nombreux liens dans cet article mènent à du contenu extrêmement raciste, antisémite et misogyne. Suivez-les en connaissance de cause et avec précaution.)

En mai 2018, des antifascistes de Montréal ont divulgué le contenu complet d’un salon de discussion néonazi privé, actif d’août 2016 à janvier 2018 et comptant 55 utilisateurs, appelé « Montreal Storm » (raccourci de Montreal Stormer Book Club*).

La fuite a permis de confirmer l’identité de plusieurs membres du salon de discussion, dont Shawn Beauvais MacDonald, Vincent Bélanger Mercure et Gabriel Sohier Chaput. La Gazette a en même temps fait paraître une série d’articles révélant le rôle important de ce dernier, sous l’alias Zeiger, comme propagandiste de l’aile radicale de l’Alt-Right et collaborateur régulier à The Daily Stormer, l’un des plus influents sites Internet néonazis de 2016  à aujourd’hui.

Les trois militants nommés ci-dessus, suite à leur malencontreuse participation à un reportage de la chaîne Vice, ont par ailleurs été aperçus dans la manifestation « Unite The Right », à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, où la contremanifestante antiraciste Heather Heyer a été tuée et de nombreuses autres personnes ont été grièvement blessées lors d’un attentat à la voiture-bélier perpétré par le suprémaciste blanc James Alex Fields.

>> Le contenu complet du salon de discussion « Montreal Storm » est accessible en ligne sur le site d’Unicorn Riot, depuis mai 2018.
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Plusieurs autres membres de ce salon de discussion et du « Book Club » de Montréal ont été identifiés par des antifascistes, y compris l’un de ses principaux modérateurs, « Date », alias « DateOfLies », alias « LateOfDies », de son vrai nom Athanasse “Athan” Zafirov.

Faites la connaissance d’Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en tirer à bon compte…

« Date » et son rôle dans le club Alt-Right de Montréal font en partie l’objet d’un article paru dans le National Post du 14 mai, 2018, mais le nom de Zafirov n’y apparait nulle part.

>> Consultez les échanges de Zafirov, alias « Date », dans le salon de discussion « Montreal Storm »
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Quelques mois plus tard, en juillet 2018, dans le cadre d’un appel plus large à identifier les membres du groupe ID Canada (une organisation « identitaire » de style européen qui cherche à fédérer les « patriotes » néofascistes et autres « ethnonationalistes » du Canada), les camarades d’Anti-Racist Canada (ARC) ont publié un exposé beaucoup plus complet sur  « DateOfLies ».

L’article d’ARC montre d’abord que « Date » est un personnage central d’ID Canada (groupe auparavant connu sous le nom Generation Identity Canada), en reprenant un extrait du podcast Alt-Right/néonazi “This Hours Has 88 Minutes”, où « Date » se vante d’en être l’un des principaux organisateurs. ARC et ses collaborateurs anonymes montrent ensuite, à partir de messages affichés par nul autre que Zeiger sur « Montreal Storm », qu’Athan (mal orthographié « Athen ») est l’organisateur d’un groupe Facebook secret appelé « Alt-Right Montreal ».

Un message de « Date » du 11 juillet 2017 révèle en outre qu’il a participé à l’organisation d’une délégation canadienne au rassemblement « Unite The Right » à Charlottesville :

Du même élan, « Date » exhibe ses lettres de noblesses et vante ses projets en cour, dont la visite à Montréal de Ricardo Duchesne, un professeur ultraconservateur de l’Université du Nouveau-Brunswick, en juin 2017**, et l’organisation d’un événement « Alt-Right Canada » avec Jared Taylor (maître à penser de l’Alt-Right) en Ontario. Il se vante également de « mener » le groupe de « bad goys » local.

ARC et sa source anonyme développent ensuite une démonstration détaillée prouvant qu’Athanasse Zafirov et « Date » (et ses divers autres alias) sont une seule et même personne.

Une autre pièce clé de cette histoire est le fait qu’Athan Zafirov a été identifié à l’hiver 2016 comme l’un des organisateurs de la visite à Montréal de Roosh V. Valizadeh, un misogyne professionnel, gourou de la culture « pickup artist » et apologiste du viol. (Fait amusant, Zafirov a été piégé par un groupe de féministes, qui ont pu le confronter directement. Voir la vidéo ci-dessous pour constater le fiasco.)

De plus, Zafirov a fait la grave erreur de venir chahuter en personne une manifestation anticoloniale dans le Vieux Montréal, le 1er juillet 2017, avec d’autres membres du « Book Club » de Montréal, dont Shawn Beauvais MacDonald, Alex Boucher, Sergej Schmidt et d’autres spécimens de leur gang de mutants d’égouts.

Nous savons de plusieurs sources que Zafirov habitait jusqu’à récemment dans un immeuble à appartements sur la rue Saint-Urbain, à Montréal, où il a accueilli au moins une rencontre du « Book Club ». Sa trace était perdue depuis la fuite du salon de discussion.

Jusqu’à maintenant.

Zafirov a récemment émergé de la pénombre à l’autre bout du continent, espérant sans doute avoir échappé à la traque des antifascistes. Nous croyons quant à nous que son comeback est l’occasion parfaite de redonner à une pareille ordure nazie l’attention qu’elle mérite.

Faites donc la connaissance du nouvel avatar d’Athan Zafirov, « Dimitri » :

Ce militant nationaliste blanc et sympathisant néonazi avéré est aujourd’hui inscrit au programme de doctorat à l’Anderson School of Management de l’UCLA, ce qui est en phase avec son précédent parcours à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.

Manifestement, la photo de Zafirov a été supprimée de la page des étudiants et étudiantes de l’École. Serait-ce qu’Athan sentait la soupe chaude? Malheureusement pour lui sa petite crisse de face de baveux poppe encore dans le moteur de recherche d’images de Google, ainsi que dans le moteur de recherche interne du site de l’UCLA. Il semble par ailleurs avoir changé de programme d’étude.

Si vous jugez pertinent d’écrire une ligne aux professeseur-e-s de Zafirov pour leur signaler ses intérêts « ethnonationalistes », nous sommes confiant-e-s qu’ils et elles seront intéressé-e-s d’apprendre la nature des activités extracurriculaires de leur jeune collègue canadien. Vous trouverez ci-dessous une liste utile d’adresses et de liens vers la liste des membres de l’administration d’Anderson et du corps professoral du programme de comptabilité :

https://www.anderson.ucla.edu/about/whos-who

ms.phd.admissions @ anderson.ucla.edu (PhD Program)
al.osborne @ anderson.ucla.edu  (Interim Dean)
john.mamer @ anderson.ucla.edu (Faculty Chairman)
heather.caruso @ anderson.ucla.edu (Equity, Diversity and Inclusion)

Professeur-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-faculty

Étudiant-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-students

 

 

* Les Stormer Book Clubs sont des clubs sociaux permettant aux partisans de la ligne néonazie de l’Alt-Right (pour hommes blancs exclusivement) de se rencontrer et faire des plans en personne. L’idée originale vient d’Andrew Anglin, le fondateur de The Daily Stormer, en 2016. Les TRS Pool Partys, issus de la plateforme nazie The Right Stuff, reprennent essentiellement le même concept.

** Une vidéo de cette conférence se trouvait sur la chaîne YouTube de Zeiger, mais celles-ci a été supprimée après son doxing.

Atalante et ses partisan.e.s – Partie 1: Heïdy Prévost, l’influenceuse

 Commentaires fermés sur Atalante et ses partisan.e.s – Partie 1: Heïdy Prévost, l’influenceuse
Fév 132019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contreculturelles, pour recruter. C’est le rôle qu’occupe Légitime Violence, dont tous les membres sont également membres d’Atalante, à commencer par Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper, leader du band et kapo de l’organisation fasciste. On l’a vu aussi, une grande partie des membres et sympathisant.e.s d’Atalante sont fans de Légitime Violence et amateurs de musique soi-disant extrême comme le National Socialist Black Metal (NSBM).

Plusieurs autres milieux (la musique et en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature…) sont également touchés, dans une moindre mesure, par l’organisation Atalante. Le travail d’identification est donc loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette première partie nous vous présentons Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, membre active d’Atalante qui se rêve une carrière d’influenceuse.

Portrait

Heïdy Valkyrie est née le 14 décembre 1990. Elle vit dans la banlieue de Québec et est mère de trois enfants. Elle travaille au Centre des Services partagés du Québec (CSPQ) à Québec et est membre du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). La fin de semaine, elle travaille occasionnellement au salon « ParadoXe – Tatouage & Body Pierçing professionnels »  (2480 Chemin Ste-Foy, local 025 G1V 1T6 Québec).

Heïdy travaille dans la fonction publique, au département de l’accompagnement et de la logistique du Centre des Services partagés du Québec (CSPQ).

La fin de semaine, elle travaille à la boutique ParadoXe (dont elle porte le logo sur cette photo).

Heïdy Prévost est une artiste pluridisciplinaire (chant, dessin, photographie…) qui s’est récemment lancé dans une activité de « modèle alternatif », avec l’objectif de se professionnaliser. Elle cherche également à représenter des marques, des bands, etc. Comme toute bonne influenceuse, elle est très active sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram ou elle partage son quotidien. Elle possède dans les deux cas une page personnelle et professionnelle. Si elle n’a pas encore une très forte audience (elle s’est lancée il y a seulement deux mois), elle a déjà plusieurs contrats photo à son actif et elle vient de signer un contrat avec l’agence montréalaise Dress 2 Impress.

Du métal noir au fascisme

Tout irait bien pour Heïdy si elle n’était aussi une militante active de l’organisation néofasciste Atalante Québec. Heïdy est proche de l’extrême droite depuis des années. Elle a probablement rencontré ce mouvement en fréquentant la scène Métal Noir, dont plusieurs bands sont ouvertement racistes ou se réclament du NSBM. Lire à ce sujet l’article “Épidémie de peste noire dans la scène black métal” préparé par le collectif antifasciste français La Horde.

Heïdy avec des patchs de Burzum et Peste Noire, des bands NSBM (National-Socialist Black Metal).

Heïdy avec un tatouage du band Peste Noire.

Heïdy avec un chandail La Messe des Morts, le festival qui avait tenté de faire jouer le band NSBM Graveland à Montréal en novembre 2016.

C’est donc probablement dans la scène musicale NSBM qu’Heïdy s’est forgé son identité politique, de plus en plus à droite, jusqu’à se convertir au fascisme le plus dur.

On peut la voir ici poser avec un chandail à l’effigie du soleil noir, symbole occulte qui est une variante de la croix gammée et dont il est aujourd’hui avéré qu’il a été inventé par les nazis.

Sur la photo ci-dessus, on remarque également son tatouage d’une rune d’Odal, ou Othala (sur sa main), symbole tiré de l’imagerie nordique ancestrale couramment utilisé par les néonazis comme signe de reconnaissance (à ce sujet, voir aussi notre guide visuel de l’extrême droite):

 

Membre d’Atalante

Difficile de dire avec précision quand Heïdy a commencé à fricoter avec Atalante. Cela dit, la prochaine série de photo est sans équivoque. Il s’agit des photos d’une distribution de nourriture effectuée à l’été 2018 par Atalante, partagées sur le compte Facebook et le site Internet de l’organisation, et que Heïdy Prévost a fièrement repartagé sur ses comptes Facebook et Instagram.

Heïdy avec Jonathan Payeur, Sven Côté, Raphal Lévesque, Simon Gaudreau et Renaud Lafontaine.

Heïdy Prévost en pleine distribution de nourriture pour le compte d’Atalante Québec.

Elle est donc une militante active de l’organisation, et encore très récemment, en novembre 2018, elle annonçait sa participation à la formation militante d’Atalante. Au programme : formation idéologique et boxe. « Jeunesse au cœur rebelle » est un slogan d’Atalante.

Un simple survol de ses publications nous montre qu’elle est amie avec les principales figures du noyau dur de l’organisation : les Québec Stompers. Ici une capture d’écran des personnes ayant réagi a une de ses publications sur Facebook.

Capture d’écran des réactions d’une publication Facebook d’Heïdy Prévost. Jonathan Payeur, Benjamin Bastien, Yannick Vézina et Raphaël Lévesque sont des membres en règle des Québec Stompers.

Photo de la Saint-Jean 2018. Heïdy (à droite) en compagnie de deux autres militantes d’Atalante, “Evymay” Lacroix au centre et Laurie Baudin (à gauche). Elles arborent toutes les trois un foulard avec le logo d’Atalante. Au centre, un chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Très récemment on voit ici Heïdy poser lors d’une soirée avec Jean Mecteau (Jhan Delabanniere), bassiste du groupe Légitime Violence. Lorsque Shawn Beauvais-Macdonald (Hans Grosse), un néonazi impénitent, membre d’Atalante à Montréal ayant fièrement participé à la manifestation “Unite the Right” à Charlottesville, fait un gag antisémite en réaction au nom de la soirée auquel Heïdy et ses amis participent (une photo de lui avec un long nez, caricature consacrée des Juifs par les antisémites), Heïdy se contente d’une réaction amusée :

Heïdy partage ici une photo d’Olivier Gadoury (à gauche), des Québec Stompers et Atalante. Notons le tatouage “Arbeit macht frei” (le travail rend libre), le tristement célèbre message d’accueil inscrit à l’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.

Heïdy Prévost est donc indéniablement une membre active d’Atalante, elle a dans son entourage proche des militants fascistes et elle s’amuse ouvertement de messages antisémites.

Normaliser le fascisme

L’autre problème, et la raison pour laquelle nous lui consacrons cet article, est qu’elle fait partie des personnes qui essaient de donner une image respectable (et même glamour) à l’organisation Atalante.

Comment s’y prend-elle? Comme pour un placement de produit publicitaire, elle glisse des références à Atalante (stickers, chandail, slogans…) au milieu de publication plus anodines sur ses shootings photo, son quotidien, sa vie professionnelle et ses projets.

Photo d’un de ses fils avec un sticker d’Atalante et la mention « La relève ».

Sa guitare avec un sticker Atalante. On la retrouve quelques mois plus tard avec d’autres stickers, dont celui-ci :

Placement de produit Atalante à plusieurs moments de l’année. Chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Encore plus inquiétant, Heïdy semble réussir à créer la confusion au sein même des antiracistes, puisqu’elle est bookée comme « serveuse d’un soir », le 21 février 2019, pour une soirée spéciale au Scanner Bistro, l’un des piliers de la communauté punk de Québec qui est réputé pour ne pas accepter l’extrême droite.

Annonce de la soirée par le Scanner Bistro.

[Mise à jour: la soirée Barmaid d’un soir au Scanner avec Heïdy Valkyrie a été annulée dans les minutes suivant la publication de cet article.]

Combattre le fascisme, sous toutes ses formes

En conclusion, on peu affirmer qu’Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, n’est pas une idéologue de l’organisation, ni la militante la plus active, mais à l’instar du projet Légitime Violence, elle est à sa façon l’une des porte-étendard de l’organisation Atalante.

Nous appelons les scènes musicales punk et métal, le milieu du tatouage et du piercing, et les artistes photo à ne pas se laisser berner et à refuser fermement la présence du fascisme.

29 janvier: Journée d’actions contre l’islamophobie

 Commentaires fermés sur 29 janvier: Journée d’actions contre l’islamophobie
Jan 262019
 

De Montréal Antifasciste

Il y a bientôt deux ans, le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette s’est introduit dans une mosquée à Québec, au Canada, et en quelques minutes a assassiné Azzeddine Soufiane, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Ibrahima Barry et Abdelkrim Hassane. Dix-neuf autre personnes ont été blessés, dont plusieurs grièvement.

Nous reproduisons ci-dessous une liste d’événements organisés pour commémorer ce massacre mardi, le 29 janvier, dont nous, de Montréal Antifasciste, sommes au courant. Veuillez noter que l’inclusion d’un événement à cette liste ne signifie pas nécessairement que nous endossions les organisateurs et organisatrices dudit événement. Merci aux camarades qui ont aidé à assembler cette liste.

Présence devant les bureaux de François Legault
8h30 à 9h30 devant le bâtiment HBSC; coin avenue McGill College et Sherbrooke

Événement commémoratif : victimes du massacre à la mosquée de Québec
midi dans la mezzanine du pavillon McDonald Engineering, université McGill
www.facebook.com/events/557027084765626/

Rassemblement/vigile à Montréal Nord
16h30 au coin des rue Henri Bourassa et Lacordaire
www.facebook.com/events/1203012229847708/

Vigile Commémorative et Atelier sur l’Islamophobie à Côte des neiges
vigile à 17h30 au coin Plamondon & Van Horne (métro Plamondon)
suivi par un atelier sur l’islamophobie au 4755 Van Horne, Bureau 110, à 18h30
www.facebook.com/events/381473549078387/
Info: cdnseleve@gmail.com

Rassemblement/Vigile à Verdun
17h30 devant métro Verdun
après la rassemblement, nous sommes invité-es à nous réchauffer au Centre Islamique de Verdun, à côté, des rafraîchissements seront servis
www.facebook.com/events/1927861947311168/
info: verdunlibre@gmail.com

Conférence. Face à l’islamophobie: lutte et résistance
18h au local D-R200, Pavillon Athanase-David, UQAM
Panel avec Arij Riahi, Laïty Fary Ndiaye et Idil O. Kalif
www.facebook.com/events/365849160865598
Inscription obligatoire (sans frais): criec2@uqam.ca

D’autres événements seront afficher ici : https://www.facebook.com/January29Action/

Aussi le 2 février:

Souper communautaire à la mosquée Khadijah à Pointe Saint-Charles
2385 rue Centre, samedi 2 février, 2019, 17:30-19:00
Cet évènement est tenu pour rassembler les différentes communautés locales, militantes et religieuses et discuter des problèmes et enjeux sociaux qui nous concernent tous.tes. L’évènement est une commémoration des victimes de l’attentat de janvier 2017 à la Grande mosque de la ville de Québec, et une expression de solidarité avec les musulman.e.s qui sont ciblé.e.s chaque jour – de petites et grandes manières – ce qui inclut la loi soi-disant laïque que le gouvernement de la CAQ compte passer. Il y aura quelques courtes présentations par des militant.e.s et des membres de la communauté sur un nombre de sujets pertinents, puis nous passerons au souper communautaire. Pour nous aider à determiner la quantité de nourriture à préparer, s’il-vous-plaît confirmez votre présence! soupercommunautaire2019@gmail.com; Mosquée Khadijah 514-691-8331

On vous invite aussi à consulter la liste d’événements durant toute la Semaine de Sensibilisation Musulmane (25 au 31 janvier) : https://ssm-maw.com/

Ibrahima Barry
Mamadou Tanou Barry
Khaled Belkacemi
Abdelkrim Hassane
Azzedine Soufiane
Aboubaker Thabti

Nous refusons d’oublier. Nous nous opposons au racisme et à l’islamophobie.

Démasquer Atalante

 Commentaires fermés sur Démasquer Atalante
Déc 202018
 

De Montréal Antifasciste

Le meneur ostensible du groupe néofasciste Atalante, Raphaël Lévesque, aime beaucoup l’attention que ses frasques lui procurent (c’est d’ailleurs pourquoi il ne se cache plus depuis longtemps), mais la centralité du personnage ne devrait pas nous empêcher de considérer les individus qui gravitent autour de son leadership, car un mouvement comme Atalante n’est rien sans les militants et militantes qui lui insufflent leur énergie.

Les nombreuses actions de visibilité menées par le groupe à Québec et Montréal au cours des deux dernières années laissent croire qu’au-delà de ses membres les plus visibles et les plus actifs, Atalante peut compter sur une milice de réserve constituée de quelques dizaines d’individus gagnés à la cause ultranationaliste. Malgré le petit nombre de ses militant-e-s, le groupe a réussi à capter l’attention d’une partie des médias traditionnels et est parvenu par son activité dans les médias sociaux à jouer un rôle important dans la promotion d’une position dite « nationaliste révolutionnaire » au sein de l’extrême droite québécoise.

Comme l’indique leur pratique consistant à se masquer à chaque sortie publique, la plupart de ces militants et militantes souhaiteraient sans doute garder le secret sur leur association avec un groupe ouvertement fasciste. Nous croyons quant à nous qu’il est grand temps d’exposer les militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante à la lumière du soleil.

Il nous importe également de dissiper ici toute confusion sur le projet politique d’Atalante et de mettre au clair la filiation directe du groupe avec différents courants fascistes contemporains.

Actions sans éclat et publicité gratuite…

Malgré son caractère marginal, Atalante est parvenu à faire les manchettes à plusieurs reprises en 2017 et 2018, notamment en mai dernier, lorsqu’une poignée de ses militants a fait irruption dans les bureaux montréalais du média numérique VICE pour intimider les employés qui s’y trouvaient. Un reportage de VICE publié quelques jours plus tard relate ainsi l’incident :

« Après qu’une employée eut ouvert la porte à un homme tenant un bouquet de fleurs, un groupe de six ou sept hommes, tous masqués sauf un, a fait irruption dans la pièce principale au son du thème musical de l’émission The Price is Right diffusée sur une petite enceinte Bluetooth. Les hommes se sont ensuite déplacés dans la salle des nouvelles en projetant partout des nez de clowns et des centaines de tracts…

Ils ont surtout essayé d’intimider le journaliste Simon Coutu – qui a déjà écrit sur le groupe – en se massant autour de son bureau pour lui remettre un trophée portant l’inscription “VICE : Média poubelle 2018”.

Raphaël Lévesque, surnommé Raf Stomper, dit avoir fait cette visite pour remercier Coutu au nom de “toutes les victimes de la guerre qu’[il] essaie de commencer”. »

Des militants d'Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Des militants d’Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Suite à cette terne performance de théâtre politique, Atalante a été mentionné dans les médias partout au Canada, aux États-Unis et même en Europe. L’action a de plus été dénoncée par les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau. Sur le plan de la propagande, Atalante venait de réussir un bon coup avec seulement six personnes et un strict minimum d’imagination[i].

Comme nous le verrons, c’est une sorte de modus operandi pour Atalante : avec un investissement minimal d’énergie, ces petites actions de propagande attirent une attention médiatique considérable et offrent une tribune par lequel le groupe peut diffuser ses idées et projeter une impression de force sur Facebook.

Le visage grimaçant d’Atalante

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d'Atalante dans les bureau de VICE, le 23 mai 2018.

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d’Atalante dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

La figure de proue d’Atalante, Raphaël « Raf Stomper » Lévesque, est actuellement visé par diverses accusations pour avoir mené l’action contre VICE décrite ci-dessus, ayant été le seul du groupe à y participer à visage découvert. Il est accusé d’entrée par effraction, de méfait, de harcèlement criminel et d’intimidation. C’est le genre d’offensive judiciaire démesurée qui risque de renforcer son statut (et gonfler son ego déjà surdimensionné) plus qu’autre chose.

Lévesque, 35 ans (DDN, 5 août 1983), est bien connu des antifascistes québécois-e-s. Il a été plusieurs fois condamné pour agression, menaces et trafic de stupéfiants, et a passé du temps en prison aussi récemment qu’en 2016. En 2017, il a proposé d’incendier les bureaux du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence si celui-ci s’avisait de s’installer à Québec. Même si le directeur du centre, M. Deparice-Okomba, a affirmé que ces propos constituent une menace criminelle, aucune procédure judiciaire ne semble avoir été entamée à cet égard.

Au-delà de ses déboires avec la justice, Lévesque est aussi le chanteur de Légitime Violence, un groupe de musique oï[ii] associé à la mouvance « Rock Against Communism »[iii], et est un leader connu du Québec Stomper Crew, une bande de boneheads[iv] active depuis plusieurs années dans la région de Québec et notamment connue pour ses liens avec le crime organisé et le trafic de stupéfiants.

Le Québec Stomper Crew, la connexion RAC et Légitime Violence

Pour comprendre ce qu’est Atalante aujourd’hui, il est toujours utile de rappeler que le groupe a été fondé à partir du band Légitime Violence et de la scène bonehead formée autour du Québec Stomper Crew (lequel en constitue toujours le cœur).

Au début des années 2000, deux gangs de jeunes skinheads dits « apolitiques » se forment dans la province. Il s’agit de Coup de Masse (CdM) à Montréal et des Québec Stompers (2004) à Québec. Bien que se disant apolitiques, les deux gangs ont un fort penchant pour le nationalisme québécois, ce qui fait en sorte qu’ils sont assez rapidement expulsés de la scène underground de leur ville respective. Bien qu’à leurs débuts, les deux bandes, très proches l’une de l’autre, rejettent autant la gauche que la droite (des récits témoignent notamment de batailles entre les Québec Stompers et les néonazis du Sainte-Foy Krew à la fin des années 2000), les Stompers en viendront rapidement à se rapprocher des milieux boneheads et à adopter une position dite « anti-antifasciste ». À cette époque, les membres de Québec Stompers sont Raphaël Lévesque, Yan Barras, Martin Léger, tranquillement rejoints par Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau, Yannick Vézina, Olivier Gadoury, Jonathan Payeur et Roxanne Baron. Encore aujourd’hui, il semble y avoir une distinction entre le membership d’Atalante et celui des Québec Stompers, ce dernier étant plus restreint et contre-culturel. Bien que tous les membres actuels des Québec Stompers s’impliquent dans Atalante, le contraire n’est pas vrai.

Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Pellerin, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras

Photo récente des Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Mailhot-Bruneau, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras.

Les deux bandes fréquentent assidûment une scène musicale composée de groupes de Rock Anti-Communiste (RAC) et de Rock Identitaire Français (RIF). Ces deux styles musicaux sont des créations directes de l’extrême droite. Au Québec, on y retrouve notamment les groupes de musique Coup de Masse, Section de Guerre, Fleurdelix et les Affreux Gaulois et Bootprint, auxquels s’ajoutera Légitime Violence à la fin des années 2000. L’un des groupes, qu’on pourrait qualifier d’influence importante au sein de cette scène, s’appelle Trouble Makers et est plutôt axé sur le RIF. Ce style se veut une tentative de faire passer des propos d’extrême droite dans une enveloppe musicale plus mainstream et plus léchée que le RAC. Fondé à la fin des années 1990, Trouble Makers est composé de Simon Cadieux, Maxime Taverna, Jonathan Stack et François-Pierre Stack, les trois derniers étant des militants identitaires de longue date. Ceux-ci sont reconnus pour avoir entre autres fait partie de différents groupes d’extrême droite tel que Québec-Radical et les Affranchistes. Trouble Makers serait aussi le premier band québécois à avoir traversé l’Atlantique pour aller se produire dans des événements organisés par CasaPound en Italie.

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux.

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound.

Au début des années 2010, et après plusieurs tentatives d’établissement de collectifs d’extrême droite à Montréal tel que Troisième Voie Québec, Légion Nationale ou encore Faction Nationaliste, Maxime Taverna fonde le groupuscule néofasciste La Bannière Noire, qui deviendra éventuellement le chapitre montréalais de la Fédération des Québécois de Souche (FQS) et un précurseur direct d’Atalante. On peut déjà y retrouver l’embryon de ce que sera éventuellement Atalante Montréal, avec des membres comme Rémi Chabot, Mathieu Bergeron, François-Pierre Stack et Francis Hamelin. Bien que peu actif, le collectif se donne comme mission de fédérer l’extrême droite issue de la scène bonehead en organisant des soirées de réseautage identitaire et en animant une émission de radio, La bouche de nos canons, diffusée par Bandiera Nera, une chaîne liée à Zentropa, média d’extrême droite lui-même lié à CasaPound. C’est La Bannière Noire qui est le premier collectif à faire aussi ouvertement le lien avec l’extrême droite italienne et à utiliser une imagerie similaire à celle d’Atalante. Il est indéniable que ce groupe et son fondateur, Maxime Taverna, ont joué un rôle important dans la création d’Atalante, voire qu’ils en sont jusqu’à ce jour parmi les principaux idéologues[v].

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015.

Une histoire de violence

Plusieurs membres et associés, anciens et actuels, de la nébuleuse bonehead qui se perpétue depuis les années 1990 ont été impliqués dans différentes attaques violentes, notamment contre des personnes racisées.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998.

En 1997, huit associés des Vinland Hammer Skins et des Berzerker Boot Boys sont accusés d’avoir lancé une série d’attaques à coups de battes de baseball et de barres de fer et blessé une trentaine de personnes dans des bars de la métropole. Parmi eux, Jonathan Côté, alias « Jo Wennebago » (Chevrotine Jo sur Facebook), est encore très proche des Stompers. Steve Lavallée (Steve Bateman sur Facebook) était une figure centrale des groupes néonazis de l’époque, notamment en tant que membre du groupe Coup de Masse et leader d’une éphémère section québécoise de Blood & Honour. Lavallée semble aujourd’hui s’être calmé le pompon et reconverti dans les « grandeur nature », mais il traîne manifestement encore avec les gars de Légitime Violence et Atalante.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017.

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien.

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d'Atalante

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d’Atalante.

Le 22 juin 2002, Rémi Chabot et Daniel Laverdière attaquent gratuitement et poignardent un travailleur haïtien, Evens Marseille, à l’extérieur d’un bar dans l’est de Montréal. Rémi Chabot appartient encore à ce jour à la nébuleuse néonazie québécoise dont Atalante est le plus récent porte-étendard.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

La nuit du Nouvel An 2007, six membres des Stompers, dont Raphaël Lévesque, font irruption au Bar-Coop l’AgitéE, un lieu de rencontre de la gauche à Québec, et l’un d’eux, Yan Barras, poignarde six personnes avec un exacto. Légitime Violence fait d’ailleurs référence à cette agression sauvage dans les paroles de leur chanson éponyme : « Ces petits gauchistes efféminés, qui se permettent de nous critiquer, ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder![vi] »

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau.

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau, des Québec Stompers.

En 2008, Mathieu Bergeron et un complice, Julien-Alexandre Leclerc, sont arrêtés pour avoir poignardé deux jeunes Arabes et agressé un chauffeur de taxi d’origine haïtienne. Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène néonazie montréalaise, en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe RAC Section St-Laurent et fondateur de Faction Nationaliste. Bergeron fait aujourd’hui partie de la garde rapprochée d’Atalante et a participé à plusieurs actions du groupe. Francis Hamelin, un autre associé occasionnel d’Atalante à Montréal, est un ami de longue date de Mathieu Bergeron.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron dans une action d'Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Mathieu Bergeron dans une action d’Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d'une manifestation antisémite dans la municipalité d'Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d’une manifestation antisémite dans la municipalité d’Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Boires et déboires de Légitime Violence

Les chansons de Légitime Violence sont bourrées de propos racistes et homophobes (l’une d’elles, une reprise du groupe Evil Skins, comporte notamment ce passage pro-Shoah : « Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B![vii] »). Leur influence à l’extérieur du milieu bonehead demeurait toutefois relativement limitée avant la constitution du groupe Atalante en 2016.

L’information entourant les concerts de Légitime Violence au Québec tend à être divulguée de manière très parcimonieuse, voire à être dissimulée pour éviter des représailles des groupes antifascistes. Leur succès est beaucoup plus important en Europe, où ils parviennent à faire des tournées et à vendre du matériel promotionnel pour le groupe.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb. (Absent de la photo, Félix Latraverse)

En 2011, le groupe se fait couper l’herbe sous le pied lorsque, sous la pression populaire, le festival Envol et macadam de Québec retire leur concert de sa programmation.

En 2013, le groupe fait une tournée européenne qui lui permet de tisser des liens avec d’autres groupes néonazis et lui donne l’occasion d’assumer clairement ses positions politiques. Deux ans plus tard, leur 2e tournée européenne les amène à créer un groupe politique néofasciste sur le modèle de CasaPound (Italie), Hogar Social (Espagne) ou Bastion Social (France). Ce sera Atalante, officiellement créée en 2016.

Légitime Violence entretient aussi des liens étroits avec la scène RAC et bonehead de New York, dont le groupe Offensive Weapon (aujourd’hui inactif) et le label United Riot, qui a distribué un split des deux groupes en 2013. Les membres d’Offensive Weapon ont participé à des actions d’Atalante à Québec, dont la parade dans les rues de Québec à l’été 2016. Cette filiation s’étend aussi au 211 Bootboys Crew, un gang de boneheads de New York, dont des membres ont été reconnus coupables d’agression armée et d’autres sont actuellement visés par des accusations pour avoir participé à une bastonnade de militants antifascistes en marge de la récente allocution du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, au Metropolitan Republican Club de Manhattan.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d'un totenkopf, l'insigne des SS.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d’un totenkopf, l’insigne des SS.

Photos des membres de Légitime Violence et d'Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

Photos des membres de Légitime Violence et d’Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l'entourage d'Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l’entourage d’Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

Aussi récemment qu’en novembre 2018, les membres de Légitime Violence se sont rendus en France pour rendre hommage à Sergei Ventura, un vieux déchet bonehead de l’entourage de Serge Ayoub et 3e Voie.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

L’album de Légitime Violence lancé en 2017, Défends, se veut une espèce d’hommage autoréférentiel… à Atalante.

Légitime Violence en France, 2018.

Légitime Violence en France, automne 2018.

La filiation idéologique d’Atalante

Porté sur la propagande et l’action de rue, Atalante se propose de « participer à la renaissance identitaire ». La description du groupe disponible sur sa page Facebook – qui compte quelque 6 000 abonné-e-s – correspond aux thèses « déclinistes » qui caractérisent une partie importante de l’extrême droite contemporaine :

« En cette époque sombre, où mondialisme et consumérisme règnent, nous sommes étouffés par la tyrannie du politiquement correct et de la négation identitaire. L’Occident décadent est miné de l’intérieur par l’effondrement de ses valeurs et repères historiques. »

Le slogan d’Atalante, « Exister, c’est combattre ce qui me nie », est emprunté à Dominique Venner, une figure mythique de l’extrême droite française et maître à penser des identitaires dont se réclame en partie Atalante. D’abord membre de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe paramilitaire d’extrême droite luttant contre l’indépendance de l’Algérie), puis historien partisan de la théorie du « choc des civilisations », Venner s’est suicidé en 2013 dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour marquer son opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Affiche d'Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Affiche d’Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Le groupe Atalante est agressivement ultranationaliste, s’identifiant à la culture, l’histoire et la nation canadiennes-françaises ou, comme ils le disent eux-mêmes, la Nouvelle France[viii]. Le nom Atalante fait référence à la frégate française Atalante, qui s’est échouée lors d’une bataille contre l’armée britannique en 1760. Son logo est un gouvernail traversé d’un éclair.

Il est indéniable que la vision du monde d’Atalante repose en très grande partie sur une conception de l’histoire du Québec (ou du Canada français) comme nation conquise et opprimée. Décodant principalement cette histoire dans une perspective culturelle et démographique, Atalante prétend que les Canadiens français sont l’objet d’une entreprise de génocide menée contre eux depuis plusieurs siècles. Cette analyse s’inspire d’éléments précis de l’histoire du Québec, et dans le passé, notamment dans les années 1960, c’est une logique analogue qui a mené un grand nombre de Canadien français à développer une forme de nationalisme de gauche identifiée de près aux mouvements tier-mondistes et décolonialistes. En 2018, cependant, cette approche retrouve davantage son extension logique dans différentes théories du complot issues de l’extrême droite concernant un « génocide blanc », un « grand remplacement » ou un « plan Kalergi », lesquelles théories sont d’ailleurs autant de points de repère pour l’extrême droite québécoise contemporaine, dont Atalante est aujourd’hui la pointe la plus saillante. Le fait que la très grande majorité des Québécois et Québécoises rejette carrément ce genre de racisme extrême est expliqué par les idéologues d’Atalante comme le résultat d’une « dégénérescence » et d’un « lavage de cerveau ». Cette vision tordue de l’histoire du Québec est ainsi résumée par Antoine Mailhot-Bruneau dans une entrevue accordée au site web néofasciste Zentropa Serbia à l’été 2017 :

« (…) le point tournant dans la création de cette nation artificielle (le Canada) est arrivée avec l’introduction d’un nouveau moyen pour nous détruire, l’immigration, dans le Rapport sur les affaires de l’Amérique du Nord Britannique, du Lord Durham, en 1839, pour qui les Français devaient tout simplement disparaître. C’est arrivé bien avant la création officielle du pays en 1967 (sic). L’année 2017 est particulière, car elle marque le 150e anniversaire de cette tromperie. Ils ont d’abord échoué dans cette tentative, car les Irlandais, Italiens, Grecs et Polonais catholiques qu’ils ont fait venir ici, et d’autres Européens catholiques, ont en fait adopté notre culture et on renforcé notre caractère européen particulier. Après cette tentative ratée, ils se sont rendu compte qu’il fallait faire venir une culture d’étrangers complètement opposée pour la mélanger à la nôtre, ou réduire encore davantage notre minorité au Canada. Pour dissimuler leurs réelles intentions et pour rendre leur plan plus acceptable aux « nationalistes » de gauche, Marxistes et autres attardés libéraux, ils ont décidé de faire venir des immigrants francophones, comme des Haïtiens et des magrébins. L’aspect le plus ironique de leur plan est qu’ils ont en fait davantage nui à la culture britannique du Canada qu’à la nôtre – par exemple, si vous visitez une ville comme Toronto, c’est pire qu’a Montréal. Cela dit, nous acceptons actuellement plus d’immigrants que la France! Imaginez notre avenir! Toutes ces politiques d’immigration sont en fait un plan pour exterminer notre peuple. »

Atalante se décrit elle-même comme une organisation « nationaliste révolutionnaire »[ix], comme l’explique un militant dans une entrevue accordée au site Internet Breizh.info :

« Le terme révolutionnaire étonne beaucoup les gens quand nous l’utilisons, mais il vient effectivement du fait que nous ne voulons rien conserver de ce monde moderne décadent et malade. Ce que nous voulons c’est créer la nouvelle aristocratie guerrière de demain en encourageant nos militants à pratiquer des sports extrêmes comme le combat ou la musculation et à lire de la littérature de toute sorte.

« Nous ne voulons pas conserver cette hiérarchie du plus riche au sommet et du plus pauvre au bas, mais amener celle du mérite, en prônant les valeurs originelles de l’occident. Par valeur originelle nous ne parlons en aucun cas de ce monde pré décadent qui est encore proche de nous, mais bien de valeurs mémorielles comme l’héroïsme, l’aventure, le sens du sacrifice, l’honneur et le goût du risque (il y en a bien d’autres encore). »

Les membres d’Atalante s’inspirent principalement de CasaPound, un mouvement néofasciste italien dont ils empruntent à la fois des éléments de discours (une rhétorique liant l’anti-immigration à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (l’action caritative à l’intention exclusive des personnes de « souche », etc.).

En août 2016, en collaboration avec la Fédération des Québécois de souche, ils ont organisé un séminaire à Québec où ils ont invité Gabriele Adinolfi, un pionnier intellectuel du mouvement troisième position en Italie et un influent supporteur de CasaPound. À nouveau en 2017, des membres d’Atalante, dont Antoine et Étienne Mailhot-Bruneau, se sont rendus à Rome pour rencontrer des militants fascistes.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d'Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d’Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Atalante ne cache pas son admiration pour des figures intellectuelles fascistes. À côté du portrait de Dominique Venner peint sur un mur de leur gymnase figure celui de Julius Evola, un illuminé reconnu par plusieurs comme le penseur le plus important de la renaissance fasciste de la seconde moitié du 20e siècle. En mars 2018, Atalante affichait sur sa page Facebook un hommage au « martyr » François Duprat, un théoricien du nationalisme révolutionnaire et grand défenseur du fascisme historique.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d'entraînement d'Atalante, à Québec.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d’entraînement d’Atalante, à Québec.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

En tant que formation nationaliste révolutionnaire, Atalante récupère ainsi des thèmes anticapitalistes, notamment l’opposition à la bourgeoisie internationale (incarnée dans leur rhétorique par le spectre des « globalistes » et la figure mythifiée de Georges Soros)[x], en prétendant que cette dernière mène une guerre contre les classes ouvrières blanches par l’entremise d’une « main-d’œuvre bon marché de l’étranger », laquelle viendrait saper les acquis des « Québécois-e-s de souche ».

Tract d'Atalante contre George Soros et les "globalistes".

Tract d’Atalante contre George Soros et les “globalistes”.

Paradoxalement, ces nationalistes révolutionnaires, qui détestent viscéralement les communistes et les anarchistes au point de souhaiter leur mort, ne se contentent pas de récupérer des éléments théoriques de la gauche, mais plusieurs de leurs tactiques sont souvent directement copiées de pratiques d’abord adoptées et éprouvées par la gauche anticapitaliste. L’intervention dans les bureaux de VICE, par exemple, est un type d’action repris d’organisations sœurs d’Atalante en Europe, qui elles-mêmes les avaient piquées au mouvement d’extrême gauche à qui elles vouent une haine mortelle! Même chose pour la distribution de vêtements et de nourriture aux démunis (de « souche »), qui constitue l’essentiel de l’activité publique d’Atalante à Québec et Montréal. Pour ne rien dire du banner dropping (déploiement de banderoles), qui est une autre tactique éprouvée de l’extrême gauche. On pourrait croire que les militant-e-s de l’extrême droite contemporaine sont incapables d’une idée originale…

À l’instar des transformations cosmétiques qu’opèrent les milieux d’extrême droite identitaire des deux côtés de l’Atlantique (les « identitaires » en Europe et l’Alt-Right aux États-Unis), le changement graduel d’image, la transformation du bonehead néonazi bête et méchant en nipster propret et bien discipliné, procède d’une volonté d’être mieux perçus et éventuellement acceptés par les nationalistes modérés, dans un premier temps, puis par des secteurs toujours plus larges de la société. Comme l’explique Antoine Mailhot-Bruneau dans l’entrevue citée ci-dessus: « [ils se sont] rendu compte que pour amener plus de gens à se joindre, il fallait prendre une allure plus normale et nous rendre plus accessibles. » Ce face-lift participe donc d’une stratégie visant à promouvoir un type particulier d’ultranationalisme identitaire, profondément raciste et en dernière analyse reposant sur le culte de la violence.

Une cohabitation ambiguë avec les groupes national-populistes

Les positions politiques d’Atalante l’ont parfois menée à adopter une posture critique vis-à-vis d’autres tendances de l’extrême droite, notamment l’actuel mouvement national-populiste. Par exemple, même si leurs membres se sont pointés à la manifestation anti-islam du 4 mars 2017, à Québec, ils sont restés en retrait et, dans un communiqué affiché plus tard sur Facebook, ont déploré la vision des groupes populistes trop étroitement axée sur l’islam, alors qu’à leur avis, les vrais ennemis sont le multiculturalisme, « l’immigration de masse » et le système des « banksters ».

Dans ce même ordre d’esprit « tercériste », la bannière qu’ils ont déployée ce jour-là était marquée d’une citation modifiée de Karl Marx : « Immigration : Armée de réserve du Capital ». (En 2017, des membres d’Atalante avaient par ailleurs distribué des tracts prônant une approche plus radicale et anti-systémique en marge du lancement d’un livre de Mathieu Bock-Côté, un chroniqueur conservateur et islamophobe.)

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Antoine Mailhot-Bruneau élabore cette perspective dans l’entrevue susmentionnée :

« Il y a des groupes, comme les Soldiers of Odin, et un groupe Internet appelé La Meute, qui s’opposent principalement à  l’islamisation du Canada tout en défendant la démocratie, mais ça n’est pas du tout notre manière de voir les choses. Nous sommes bien sûr contre l’immigration non européenne, mais nous sommes avant tout contre un régime qui emploie l’immigration pour nous exterminer. Ce régime utilise des immigrants du tiers-monde dans ses industries, appliquant de la pression sur les travailleurs locaux, et nous ne pouvons pas défendre quelque chose d’aussi indéfendable que la démocratie. Nous croyons que la démocratie est le pire régime que le monde ait jamais connu, un régime conçu et dirigé par la bourgeoisie, et qui n’a jamais servi que l’establishment et ses intérêts. »

Cela étant dit, 2017-2018 a été l’occasion d’un rapprochement certain entre, d’un côté, les milieux national-populistes islamophobes et anti-immigration et, de l’autre, le petit courant néofasciste auquel Atalante appartient. Au fur et à mesure que les membres respectifs de ces différents groupes se sont mis à « liker » les mêmes idées racistes sur les médias sociaux, à devenir « amis » et à participer aux mêmes manifestations – voire dans certains cas, à se trouver du même côté de face-à-face tendus avec les antifascistes – les néofascistes ont commencé à recevoir des bons mots et des encouragements des droitistes réformistes ou non engagés/alignés.

L’expression la plus visible et la plus tangible de ce rapprochement a eu lieu le 25 novembre 2017, à Québec, lorsque des membres d’Atalante et des Soldiers of Odin sont descendu-e-s de leur position en retrait sur l’esplanade pour se joindre à la manifestation de La Meute et de Storm Alliance « en soutien à la GRC » (!) devant l’Assemblée nationale. Les membres de ces derniers groupes ont chaudement applaudi les fascistes et les ont accueillis à bras ouverts. (Peu après cette sidérante convergence, opérée grâce à l’action répressive de la police de Québec contre les antiracistes, deux néonazis bien connus de Montréal, Shawn Beauvais-Macdonald et Philippe Gendron des Soldiers of Odin, essaient de former une « branche montréalaise » d’Atalante.)

Ça n’était toutefois pas la première fois que des membres d’Atalante participaient à une manifestation de la droite plus large aux côtés de nationalistes populistes. Dans un reportage de VICE qui date d’avant que Dave Tregget ne quitte les Soldiers of Odin pour créer Storm Alliance, en décembre 2016, on voit celui-ci parler au téléphone avec Raphaël Lévesque, qui l’assure que des membres d’Atalante sont sur le point de rejoindre leur manifestation anti-immigration. Katy Latulippe, la présidente des Soldiers of Odin Québec, a d’ailleurs elle aussi témoigné publiquement un grand respect pour Atalante, expliquant que les deux groupes avaient mené des patrouilles conjointes (essentiellement, des actes d’intimidation dirigés contre les immigrant-e-s) à Québec.

Manifestation conjointe d'Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Manifestation conjointe d’Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Rappelons que Katy Latulippe avait remplacé Dave Tregget à la tête des Soldiers of Odin au début de 2017; elle a plus tard réitéré son admiration pour Atalante :

« Sur beaucoup de points, on se rejoint, dit la présidente du chapitre québécois des Soldats d’Odin, Katy Latulippe, à propos d’Atalante. Il y a un très grand respect entre les deux groupes. Ils distribuent de la bouffe dans les rues et nous aussi. Pourquoi ne pas se donner un coup de main et joindre l’utile à l’agréable? On a une bonne chimie ensemble. Nos itinérants et nos vétérans crèvent de faim dans les rues. Comment peux-tu amener du monde d’autres pays quand tu n’es pas capable de t’occuper de ton propre peuple? »

Liens étroits entre Atalante et la Fédération des Québécois de souche

Bien que la connexion avec les Soldiers of Odin ne soit pas anodine, la Fédération des Québécois de souche constitue une influence idéologique beaucoup plus importante. La FQS a été créée en 2007 en tant qu’organisation explicitement suprémaciste blanche (white power) par Maxime Fiset (aujourd’hui nazi repenti et converti en soi-disant spécialiste de l’extrême droite). Sa revue, Le Harfang, a été l’une des premières publications francophones à promouvoir des éléments de l’Alt-Right, et ses éditeurs, qui adoptent collectivement le pseudonyme « Rémi Tremblay », ont fréquemment collaboré à des publications de l’Alt-Right aux États-Unis. La mission de la FQS peut être définie comme une volonté de regrouper diverses tendances d’extrême droite au Québec, du traditionalisme catholique à l’identitarisme, tout en réduisant l’écart entre la génération qui était active dans les années 1980 ou avant et les militant-e-s d’extrême droite actifs aujourd’hui.

C’est vraisemblablement par l’entremise de la FQS qu’Atalante a pu organiser une prière publique le 1er mai 2016 sur les Plaines d’Abraham avec un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX)[xi], une société de catholiques traditionalistes d’extrême droite. La connexion avec le traditionalisme catholique est à nouveau ressortie en mai 2017, quand Atalante a dit assurer la sécurité d’une conférence montréalaise organisée par l’Association des parents catholiques du Québec, une autre organisation d’extrême droite, avec Marion Sigault (une sympathisante d’Alain Soral) et Jean-Claude Dupuis (de la FSSPX, auparavant du Cercle Jeune nation[xii]).

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l'intention des militant-e-s d'Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l’intention des militant-e-s d’Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Affiche annoncant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

Affiche annonçant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

En mai 2017, FQS et Atalante joignaient à nouveau leurs forces pour organiser la visite d’un militant du Groupe Union Défense (GUD), une organisation étudiante française d’extrême droite, précurseur direct de Bastion Social. En février et en novembre 2018, dans le cadre de « fins de semaine militantes » réservées à ses « militants et sympathisants », Atalante tendait chaque fois le microphone à un « Rémy Tremblay » de la FQS…

Affiche annonçant la tenue d’une conférence d’un militant du Groupe Union Défense, organisée par Atalante et la FQS, en mai 2017. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en février 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en novembre 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche.

Tigres (et banderoles) de papier

Comme mentionné ci-dessus, l’essentiel de l’activité publique d’Atalante consiste à distribuer des lunchs aux personnes (de « souche ») en situation d’itinérance, à rendre symboliquement hommage à divers « héros » intellectuels (Jeanne D’Arc, Dominique Venner, le navigateur français Jean Vauquelin, etc.) et à poser des banderoles de papier portant des inscriptions à caractère politique lors d’incursions nocturnes rapides et furtives.

Un aperçu des différents slogans marqués sur leurs banderoles devrait suffire à donner une idée claire de leur projet politique : « REMIGRATION », « IMMIGRATION : ARMÉE DE RÉSERVE DU CAPITAL », « JUSTICE SOCIALE; PRÉFÉRENCE NATIONALE », « TERRORISTES DEHORS; ISLAM DEHORS », « SAMURAI D’OCCIDENT » (!), etc.

Dans l’une de leurs premières sorties publiques à Montréal, en août 2017, des membres d’Atalante ont accroché des banderoles réclamant la #remigration, notamment au pied du Stade olympique, où des réfugié-e-s en provenance d’Haïti étaient temporairement hébergé-e-s.

Atalante assimile les personnes de confession musulmane et les personnes racisées à des envahisseurs et terroristes en puissance qu’il faudrait expulser. Face à ce qu’ils et elles désignent comme « notre extermination tranquille », à l’instar de mouvements d’extrême droite européens comme Génération Identitaire, Atalante prône « une inversion du flux migratoire, une remigration à grande échelle accompagnée d’une politique de natalité efficace ».

Banderole raciste d'Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

Banderole raciste d’Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

La « remigration », un terme qui est devenu en vogue dans les mouvements identitaires des deux côtés de l’Atlantique au cours des dernières années, désigne essentiellement un programme de nettoyage ethnique.

Des membres d’Atalante ont visité Montréal à plusieurs reprises pour poser des collants, affiches et banderoles. Ils ont été aidé-e-s par des membres de leur « section montréalaise » anémique, comme Vincent Cyr et Shawn Beauvais-Macdonald (cet ancien membre anglophone de la Meute qui est devenu une célébrité nazie locale suite à son voyage à Charlottesville en août 2017 et sa participation active au salon de discussion néonazi « Montreal Storm »  sous le pseudonyme « FriendlyFash »). Comme nous l’avons dit ailleurs, la multiplication de ces incursions rapides et sans risque a permis à Atalante d’obtenir une certaine visibilité dans les médias de masse et les médias sociaux.

En janvier 2018, ils ont posé de grandes banderoles à Montréal dénonçant une liste de personnalités associées à la gauche (définie très largement…) et au mouvement antiraciste de Montréal. Celles qui sont blanches étaient taxées de « traîtres », et les personnes de couleur étaient traitées de « parasites ». (Shawn Beauvais-Macdonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, par l’ineptie de ce dernier, ont été identifié-e-s comme ayant participé à cette action.)

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d'affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d’affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

En août 2018, dans une autre campagne d’affichage, Atalante faisait sienne une théorie du complot en vogue dans les milieux suprémacistes voulant que les fermiers blancs d’Afrique du Sud soient victimes d’un « génocide » fomenté par la majorité noire du pays. Cette théorie du complot a bien sûr été réfutée de toutes parts, ce qui n’a pas empêché des membres d’Atalante (dont Beauvais-MacDonald, encore lui) de se rendre jusqu’au Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa pour y déployer une ridicule banderole dénonçant le « massacre des Boers ».

Banderole d'Atalante déployée devant le Haut-commisariat d'Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante déployée devant le Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

En août 2018, à Montréal, des militant-e-s d’Atalante ont attaqué un couple de passants qui s’objectait au contenu des collants qu’ils posaient, en proférant des menaces et en criant à une femme « de retourner dans son pays ».En septembre 2018, pendant la campagne électorale provinciale, Atalante a posé des affiches sur des bureaux d’élection de candidats des quatre principaux partis, dénonçant les élections comme une farce. Sur sa page Facebook, Atalante dit avoir mené cette action parce qu’il n’y a « aucune différence majeure entre les programmes des partis, sinon un excès de ridicule. Aucun projet national inspirant et capable de servir le bien commun ». Encore une fois, une minuscule action d’Atalante qui aurait été complètement ignorée par les médias si elle avait été menée par la gauche a fait les manchettes. Comme le dit lui-même un militant d’Atalante: « Avec tous les gens qui nous écrivent pour nous encourager, les journalistes font un très bon travail de nous faire de la publicité ».

Banderole d'Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Même si ces petites actions à Montréal ont su attirer l’attention, le groupe est bien plus actif à Québec, où les membres et sympathisant-e-s se mettent régulièrement en scène sillonnant les rues de la ville pour distribuer des sacs à lunch, posant le visage couvert d’un masque fleurdelysé (une pratique directement reprise de CasaPound) ou nettoyant des graffitis jugés « antinationaux », pour ensuite publier sur Facebook des albums photos de leurs actions.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Des membres d'Atalante s'astiquent le canon, septembre 2016.

Des membres d’Atalante s’astiquent le canon, septembre 2016.

Parmi les autres projets notables d’Atalante à Québec figure la création d’un « club de combat identitaire » (ouvert depuis, semble-t-il, juin 2017) nommé La Phalange, qui se voudrait à la fois un espace de socialisation et d’entraînement pour les militant-e-s d’extrême droite.

Membres de l'entourage d'Atalante s'entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Membres de l’entourage d’Atalante s’entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Notons pour finir que les événements privés organisés par Atalante semblent servir d’occasion pour entraîner ses militant-e-s dans des campagnes d’affichage nocturnes. Radio-Canada rapportait en février dernier que la première « fin de semaine militante » mentionnée ci-dessus avait été organisée au Domaine Maizerets de Québec, une institution financée publiquement :

« Le prospectus de l’événement précise la tenue d’un atelier sur le survivalisme, d’une conférence du porte-parole de la Fédération des Québécois de souche, ainsi qu’une autre formation sur le nationalisme révolutionnaire.

« Les militants masqués du groupe ont profité de cette réunion pour apposer dans divers lieux de Québec, en pleine nuit, de larges banderoles portant l’inscription « Québec bastion nationaliste ». Les images de ces affichages ont été publiées sur Facebook. »

Banderole d'Atalante devant l'Assemblée nationale, février 2018.

Banderole d’Atalante devant l’Assemblée nationale, février 2018.

En guise de conclusion : devoir de vigilance et d’organisation

Le succès relatif d’Atalante est sans doute dû à un ensemble de facteurs complexes, dont l’actuelle résurgence historique de la droite identitaire, l’utilité des médias sociaux pour réseauter différentes personnes et tendances, et le goût des médias sensationnalistes pour les bad boys et les affaires scabreuses. Ce serait toutefois une erreur pour la gauche radicale de ne pas également prendre en compte certains éléments tactiques d’Atalante qui reflètent une réelle acuité politique : un petit groupe de militant-e-s dévoué-e-s menant des actions simples et ciblées peuvent toucher l’imagination et avoir un impact.

Il nous faut aussi reconnaître qu’Atalante aspire à développer un cadre théorique révolutionnaire cohérent, ce qui n’est pas le cas d’organisations de la droite national-populiste comme La Meute. Tant qu’ils adhéreront efficacement à un tel cadre théorique, les militant-e-s d’Atalante auront une longueur d’avance sur les national-populistes et sur les critiques des milieux libéraux. Une idéologie aux prémisses aussi rebutantes limite nécessairement le potentiel de recrutement de l’organisation, mais une éventuelle situation critique pourrait lui donner l’occasion d’intervenir efficacement et de devenir un véritable mouvement. L’effet le plus dommageable d’un tel développement serait qu’un groupe fasciste parvienne à occuper un espace politique qui aurait dû être saisi par la gauche révolutionnaire.

N’attendons donc pas qu’Atalante devienne aussi importante en nombre et en influence que des groupes comme CasaPound ou Génération Identitaire pour nous organiser contre son expansion. Mobilisons-nous maintenant pour les exposer, déconstruire leur projet politique et leur substituer un projet de société à la fois révolutionnaire, anticapitaliste, égalitaire et radicalement antiraciste.Ne perdons pas de vue que, même en l’absence d’une situation critique sur laquelle elle pourrait capitaliser, Atalante représente une réelle menace pour les segments de la population que son discours cible directement, ainsi que pour les camarades qui tentent de s’organiser dans les espaces où elle est présente. De plus, un groupe comme Atalante, comme nous le répétons souvent, constitue une espèce de pôle d’attraction offrant des points de repère politiques et des connexions aux membres de la droite national-populiste plus large.

Par conséquent, il est nécessaire de prendre Atalante au sérieux, même si le groupe ne compte que quelques douzaines de membres dont l’activité consiste surtout à poser des banderoles et nettoyer des graffiti.On ne saurait trop encourager les lecteurs et lectrices à s’informer assidûment, à partager des renseignements avec les collectifs antifascistes locaux et à former de tels collectifs là où il n’y en a pas.Ce n’est qu’en nous organisant mieux et plus largement que les fascistes, que nous parviendrons à leur bloquer le chemin.

No pasarán!

///

Qui sont les militant-e-s d’Atalante?

Voici une galerie de portraits de personnes que nous avons réussi à identifier dans les actions et réseaux sociaux d’Atalante, de Légitime Violence et des Québec Stompers.N’oubliez pas que par leur appartenance à Atalante et à ses groupes satellites, ces individus adhèrent tous et toutes fièrement à des idées et à un projet néofascistes. Si vous avez des renseignements sur ces individus qui seraient utiles aux efforts antifascistes, n’hésitez pas à nous les communiquer à renseignements @ riseup.net.

QUÉBEC :

Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Chanteur de Légitime Violence, fondateur d’Atalante. Après avoir livré du Pad Thaï pendant quelques années, il s’est recyclé dans le camionnage chez Transport Morneau. Devant un juge, il se décrit néanmoins comme un« musicien professionnel ». Il a fait quelques voyages en Europe dans les dernières années, notamment pour visiter les militants néofascistes de Bastion Social et de CasaPound.
Antoine Mailhot-Bruneau – alias Tony Stomper, alias Antoine Pellerin, « Tony Quechault » sur Facebook [Québec Stomper/Atalante]
Après avoir grandi à Mont-Laurier, comme son frère cadet Étienne, Antoine amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski, où il recrute Yannick Vézina, puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandone rapidement. Son frère Étienne le rejoint lui aussi dans les Stompers, avec quelques-uns de ses amis proches de Mont-Laurier, comme Dominic Brazeau. Antoine Mailhot-Bruneau est vraisemblablement l’un des principaux militant-e-s du projet Atalante, voire son véritable leader idéologique. Celui qui disait n’avoir rien a caché dans une entrevue accordée au site fasciste Zentropa Serbia en 2017 a pourtant pris grand soin jusqu’ici de garder le secret sur son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant sont visage dans les rares vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes.
Jonathan Payeur, alias Jo Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Ancien skinhead antiraciste, Jonathan Payeur est devenu le chien de poche de Raphaël Lévesque dans les dernières années. Comme moyen de s’amender aux yeux de ses nouveaux amis suprémacistes, il est devenu très actif à Québec chez Atalante et dans le crew plus restreint des Québec Stompers. Il est en couple avec Roxanne Baron. Il a notamment comme « lourde responsabilité » de peindre l’ensemble des banderoles poches qu’ils accrochent sur des panneaux publicitaires le temps d’une photo trop floue et mal cadrée garrochée le soir même sur Facebook.
Benjamin Bastien, alias Ben Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Guitariste du groupe Légitime Violence et membre central des Québec Stompers, Benjamin Bastien milite activement dans Atalante depuis sa formation. Originaire d’Amos, Benjamin aurait d’abord été brièvement antiraciste avant de devenir « apolitique », et finalement ultranationaliste au contact de boneheads.
Yannick Vézina, alias Yan Sailor [Québec Stomper /Atalante]
Recruté par Antoine Mailhot-Bruneau lors de ses études de marin à Rimouski, Yannick Vézina (alias Yan Sailor) est actif dans Atalante depuis la formation du groupe. Il a été identifié sur des photos de l’action dans les bureaux de VICE à Montréal.
Roxanne Baron, alias Rox Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Militante d’Atalante active à Québec et présente à plusieurs sorties d’affichage et de distribution. Partenaire de Jonathan Payeur.
Étienne Mailhot-Bruneau [Québec Stomper/Atalante]
Originaire de Mont-Laurier. Frère cadet d’Antoine Mailhot-Bruneau. Illustrateur et animateur d’Atalante (sous le pseudonyme Sam Ox), Étienne est dans l’entourage des Stompers depuis plusieurs années et en est vraisemblablement membre en règle depuis quelque temps. Tout porte à croire qu’Étienne est un membre central d’Atalante.
Yan Barras [Québec Stomper/Atalante]
Actif avec les Québec Stompers depuis longtemps, il fut notamment au centre de l’attaque au couteau à l’AgitéE le soir du 31 décembre 2006.
Olivier Gadoury [Québec Stomper/Atalante]
Présent dans Atalante à sa fondation et à pluieurs événements par la suite.
Sven Côté [Québec Stomper/Atalante]
« Svein Krampus » sur Facebook. Dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Il a grandi et vit toujours à Québec. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018.
Valéry Lévesque [Atalante]
Frère de Raphaël Lévesque, Valéry fait partie de l’entourage de Légitime Violence et des Québec Stompers depuis des années.
Gabriel Bolduc-Hamel [Atalante]
Actif pendant un an dans les affichages et distributions à Québec. Il semble s’être retiré des actions, mais est toujours actif virtuellement. Il est tatoueur.
Renaud Lafontaine [Atalante]
Bien présent dans les actions d’Atalante à Québec, Lafontaine a aussi participé à l’action d’Atalante dans les locaux de VICE à Montréal.
 
Dominic Brazeau [Atalante]
Originaire de Mont-Laurier, où il allait à l’école avec Étienne Mailhot-Bruneau, Brazeau a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du groupe.
Simon Gaudreau
A participé à de nombreuses actions d’Atalante au cours de l’année 2018.
Nicolas Bergeron
Le sujet d’une récente enquête de VICE, Bergeron dirige une entreprise de « reconstitution Viking », Vinland Productions, engagée pour animer des reconstitutions historiques à l’intention d’élèves du primaire et du secondaire au Québec. Bergeron admet être proche d’Atalante, qu’il décrit comme un groupe qui souhaite soutenir la communauté, et s’entraîne au gymnase du groupe, mais nie en être membre. Pourtant, VICE a publié des photos de lui posant avec Raphaël Lévesque et participant à des manifestations d’Atalante. Il porte aussi plusieurs tatouages racistes et néonazis, comme le « soleil noir ». Notons que « Vinland » (le nom donné par les explorateurs vikings au territoire aujourd’hui appelé Terre-Neuve) est un terme employé à maintes reprises par des néonazis au Québec au cours des 30 dernières années.
Benjamin Peelman [Atalante]
« Peel Bastion » sur Facebook. Expatrié français originaire de la région de Lille. Sympathisant d’Atalante depuis sa création.
 
Mathieu Beaudin [Atalante]
Jeune sympathisant d’Atalante aperçu dans quelques actions, dont la marche au flambeau en août 2016.
Jhan Mectau [Légitime Violence]
Bassiste de Légitime Violence et tatoueur sous le nom de Jhan Art. Adepte de « grandeur nature » (GN).
Félix Latraverse [Légitime Violence]
Pelage Delatravars sur Facebook. C’est le nouveau guitariste de Légitime Violence. Il a également participé à certaines actions d’Atalante. Il fait notamment partie du groupe Folk You! qui entretient des liens avec les mouvances néonazies, mais est également un amateur de NSBM (Black Métal National Socialiste). Il a tourné avec plusieurs groupes de musique, notamment Dèche-Charge, Neurasthène, Délétère, Haeres et plusieurs autres.  Il travaille également au Studio Sonum, la seule salle où Légitime Violence réussit encore à se produire en public à Québec.
Gérôme Tymchuk-Leblanc
Sympathisant d’Atalante, il participe également au club de boxe La Phalange.
Alexandre Normand
Sympathisant d’Atalante. Membre actif des Forces armées canadiennes, Normand a fait l’objet de quelques articles en 2015 exposant ses sympathies racistes et ses liens avec l’extrême droite.

MONTRÉAL :

Vincent Cyr [très actif]
Issu de la scène punk hardcore de la rive sud de Montréal (il réside à Longueuil), il est maintenant au centre de la chancelante initiative Atalante Montréal. Vincent Cyr est boucher, métier qu’il se plaît à exhiber. Très présent dans les séances d’affichage à Montréal et prolifique colleux de collants, il est un des principaux propagandistes d’Atalante sur l’île de Montréal. Avec très peu de capacité de communication, il ne fait que reprendre les campagnes développées par les (très petits) cerveaux de Québec. Vincent Cyr a plaidé coupable d’agression armée en 2012.
Shawn Beauvais-Macdonald [très actif]
D’abord membre « anglophone » de La Meute (aperçu une première fois à la manif contre le projet de Loi 103, le 4 mars 2017, où il traite les antiracistes de « traîtres à la race » et se retrouve vite au centre d’une foire d’empoigne), Beauvais-Macdonald se fait surtout remarquer par sa participation au rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, en août 2017. Très présent dans les milieux Alt-Right montréalais, notamment par sa participation au salon de discussion néonazi « Montreal Storm » sous le pseudonyme « FriendlyFash » et son activité sur les médias sociaux, il se rapproche d’Atalante Québec en rencontrant Raphaël Lévesque et en s’entraînant au club de boxe La Phalange, à Québec. Avec le bonehead Philippe Gendron, il tente alors de réunir quelques personnes pour créer la branche montréalaise d’Atalante, avec un insuccès remarquable. Il participe à la plupart des actions furtives du groupe à Montréal et tente vraisemblablement de rapprocher la frange Alt-Right québécoise de l’organisation fasciste Atalante. Il a participé à l’action d’Atalante dans les bureaux de VICE.

Philippe Gendron [désactivé]
Philippe Gendron est un bonehead de la région de Joliette qui à commencé à milité à Montréal en 2017 avec les Soldiers of Odin. Il aurait voulu créer une « branche montréalaise » d’Atalante avec Shawn Beauvais-MacDonald. Après un accrochage avec des antifascistes de la métropole à l’été 2018, Gendron a fini par crisser son camp se réfugier à Québec dans les bras stéroïdés des Québec Stompers. Il semble aujourd’hui s’être rassis sur le banc, certainement après que ses petits camarades se soient rendu compte qu’il n’est pas le plus fiable des militants, ni l’ampoule la plus allumée de la guirlande. En plus d’avoir collaboré avec la police… oups.
Mathieu Bergeron [actif]
Reconnu coupable d’une agression à main armée à caractère raciste en 2008, alors qu’il était encore mineur, Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène ultranationaliste et néonazie Montréalaise, notamment en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe Section St-Laurent et fondateur du groupuscule Faction Nationaliste. Bergeron a participé à plusieurs actions d’affichages du groupe à Montréal.
Jean « Brunaldo » [Français, actif]
Présent dans certaines sorties et séances d’affichage à Montréal et Québec et sur les photos d’une récente randonnée en montagne. Brunaldo (nom Facebook; non confirmé) était précédemment dans le milieu des jeunes boneheads de Paris, dans le cercle rapproché de Serge Ayoub, de 3e Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Jean était proche de Samuel Dufour, un des boneheads néonazis qui, avec Esteban Morrilo, ont été inculpés pour l’assassinat de Clément Méric, le 5 juin 2013, à Paris. Il semble être aujourd’hui dans le cercle rapproché d’Atalante. En couple avec Chloé Fleury.

Chloé Fleury, alias Lucy Mergnac [Française, peu active]
Présente sur les photos d’une randonnée en montagne avec d’autres militants d’Atalante, et participe à des affichages à Montréal. En couple avec Jean Brunaldo.

Francis Hamelin [peu actif]
Bonehead catholique intégriste et néonazi furieux. Ancien militant de Troisième Voie Québec, il a été aperçu dans des actions montréalaises d’Atalante.
Rémi Chabot [peu actif]
Vieux bonehead qui a agressé un travailleur haïtien en 2002 et fait encore aujourd’hui partie du milieu ultranationaliste et de l’entourage d’Atalante. Il était membre du groupe néofasciste La Bannière Noire.

 

AUTRES SYMPATHISANT-E-S :

Félix-Olivier Beauchamp
Originaire de Mont-Laurier, il a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du collectif, autant à Montréal qu’à Québec.
Éric Gervais
Réside à St-Eustache, père de deux enfants. Il a commencé sa carrière de bonehead avec Coup de Masse et continue encore aujourd’hui d’être présent à la plupart des concerts de Légitime Violence.
Jonathan Côté
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. C’est d’ailleurs à son contact ainsi que celui de quelques uns de ses vieux amis néonazis que les Québec Stompers se sont rapprochés de l’extrême droite.Julie Laurier
Elle traîne dans l’entourage de Légitime Violence depuis belle lurette, c’est également la partenaire de Jonathan Côté.
Mickaël Delaunay
Un employé de Vinland Productions, Delauney nie être membre d’Atalante, mais un récent reportage de VICE le montre participant à diverses activités du groupe.
Yannick Gasser
Réside à Terrebonne. Peu actif politiquement, c’est surtout un amateur de Légitime Violence qui a été tiré vers la droite par l’entourage du groupe. Il a participé à la commémoration pour Jeanne-D’arc organisée par Atalante le 7 mai 2018.

Ian Alarie [alias Ian Enforme]
Néonazi adepte du NSBM, proche des Soldiers of Odin, il vit dans la région de Montréal, vraisemblablement à Varennes. Il participe à quelques actions d’Atalante à Montréal ainsi qu’à la parade dans les rues de Québec à l’été 2016.
Martin Léger
Autrefois connu sous le sobriquet « Cad Stomper », Léger n’est pas un militant d’Atalante. En fait, l’empressement avec lequel il s’est distancé des Stompers lui a valu une chanson dédicacée de Légitime Violence intitulée Sale traître. Cela dit, nous croyons qu’il est important de mentionner Léger ici, car il gère une armurerie et un champ de tir dans la région de Québec et a fait les manchettes en 2017 lorsqu’il s’est associé à une manifestation pro armes à feu devant avoir lieu sur le site du massacre antiféministe de Polytechnique et a publié une vidéo misogyne lorsque la manifestation a été vivement critiquée.
Steve Lavallée
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. Il s’est depuis découvert une passion pour les grandeurs natures, participant, aux côtés d’autres néonazis, aux activités des vikings du Vinland.
Dominic Gendron
Membre de longue date des Québec Stompers, il s’est exilé en Abitibi depuis quelques années. Il continue néanmoins à soutenir sa bande comme il le peut et a notamment participé à certaines actions d’Atalante à Québec lorsqu’il était de passage.

Jonathan Croteau
Amateur de Légitime Violence qui traîne dans l’entourage des Québec Stompers depuis très longtemps. Il aurait entre autres participé à l’attaque du bar l’AgitéE lors de la nuit du nouvel an 2007.
Sébastien Théberge [proche de Légitime Violence]
Très près de Légitime Violence et supporteur d’Atalante. Vivrait à Montmagny. Ancien des Soldiers of Odin, il était présent au rassemblement d’Atalante en avril 2018 commémorant les 100 ans de la conscription.
Evymay Lacroix
Amatrice de Légitime Violence et de powerlifting. Elle est également friande de NSBM et se dit ouvertement néonazie.

 

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Pellerin.

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Mailhot-Bruneau.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Pellerin et Raphaël Lévesquel. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau et Raphaël Lévesque. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxanne Baron, Yannick Vézina, Antoine Pellerin et Jonathan Payeur.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxane Baron, Yannick Vézina, Antoine Mailhot-Bruneau et Jonathan Payeur.


[i]

Des militant-e-s d’Atalante avaient déjà employé la même tactique théâtrale en 2017 pour intimider une journaliste de CBC News et Ian Bussières du Soleil. Lire aussi à ce sujet : Atalante et le harcèlement des médias. Ils ont aussi fait plusieurs cacas nerveux contre le journaliste Philippe Tesceira-Lessard, de La Presse, qui a fait paraître une série d’articles depuis 2013 portant sur Légitime Violence et mettant en lumière le passé criminel des petits copains ainsi que les liens actifs de certains sympathisants avec l’armée canadienne.

[ii]

Le oï est un sous-genre de la musique punk issue d’une volonté originale de rapprocher les différentes sous-cultures de la classe ouvrière britannique au sein d’un mouvement unifié, mais qui a plus tard été détournée par les éléments racistes de la scène dans un but de recrutement des jeunes prolétaires désabusés dans des mouvements politiques fascistes comme le National Front et le British National Party.

[iii]

RAC, ou « Rock Against Communism », désigne un mouvement néofasciste créé dans les années 1980 en réaction au mouvement « Rock Against Racism » formé par des artistes et musiciens de gauche pour combattre l’infiltration d’éléments racistes dans les scènes contre-culturelles, en particulier la scène skinhead. Le groupe phare du mouvement RAC est Skrewdriver et son leader spirituel est Ian Stuart, le chanteur de Skrewdriver et le fondateur de la fédération white power Blood & Honour.

[iv]

Le terme boneheads désigne les skinheads racistes et suprémacistes, par opposition au terme générique « skinhead », qui désigne quant à lui la contre-culture skinhead traditionnelle, historiquement multiculturelle, inclusive et antiraciste.

[v]

Lire plus à ce sujet : Xavier Camus, Québec et l’extrême droite italienne

[vi]

Légitime Violence, sur le single éponyme, 2010

[vii]

Un amour perdu, sur l’album « Nouvelle France Skinhead », 2011

[viii]

Le tatouage et l’inscription NFSH que portent les membres et fans de Légitime Violence signifient « Nouvelle France SkinHead ». C’est aussi le titre du premier album de Légitime Violence, paru en 2011.

[ix]

La tendance « nationaliste révolutionnaire » est elle-même tributaire du courant de pensée « troisième position ». Le nationalisme révolutionnaire et l’idéologie « troisième position » correspondent à une tendance politique qui existe au moins depuis les années 1960, avec de nombreux points de référence dans le mouvement fasciste remontant jusqu’au courant « strasserite » du parti nazi. Le terme « troisième voie », ou tercérisme, désigne différents courants d’extrême droite et néofascistes caractérisés par un rejet à la fois du capitalisme et du communisme, au profit d’un ultranationalisme identitaire fondé sur un mélange confus de théories issues de l’extrême gauche (socialisme) et de l’extrême droite (nationalisme). Au niveau international, le tercérisme est présentement le courant dominant au sein de l’extrême droite fasciste et révolutionnaire;son anticapitalisme, pour la plupart des nationalistes révolutionnaires, s’articule généralement dans un cadre conceptuel antisémite.

[x]

Le terme « globalistes », tout comme la référence récurrente à l’influence occulte de George Soros, est largement reconnu comme un euphémisme codé désignant un supposé complot juif mondial, lequel fait écho à différentes théories de complots antisémites qui se perpétuent depuis le 19e siècle.

[xi]

Opposant de premier plan aux réformes du concile Vatican II, Mgr Marcel Lefebvre fonde la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) en 1970 et implante un séminaire dans le village d’Écône, en Suisse. En 1975, Lefebvre reçoit l’ordre du Vatican de dissoudre la société, mais il ignore cette injonction. En 1988, en dépit de l’interdiction expresse du pape Jean-Paul II, il consacre quatre évêques et les habilite à poursuivre l’œuvre de la  FSSPX, ce qui lui vaut d’être immédiatement excommunié de l’Église avec tous les évêques ayant participé à la cérémonie. Lefebvre refuse de reconnaître son excommunication jusqu’à sa mort trois ans plus tard.

 

Lefebvre était soutenu par les mouvements d’extrême droite de partout dans le monde, y compris le parti Fuerza Nueva de Blas Piñar, en Espagne, le Movimiento sociale italiano, et le Front national, en France. Il donnait régulièrement dans le vitriol raciste, s’en prenant aux juifs et aux musulmans, et dénonçait violemment le dialogue œcuménique que le pape souhaitait entreprendre avec ces autres traditions. Au Québec, les lefebvristes accusaient le gouvernement d’être contrôlé par les communistes.

La FSSPX accueille à bras ouverts les catholiques qui s’opposent au multiculturalisme, à la démocratie et à la liberté de conscience, et se scandalise que l’Église abandonne son combat séculaire contre ces différents fléaux. Dans les mots de Lefebvre : « (…) cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Église et la Révolution est une union adultère! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. (…) Il en est de même avec les francs-maçons. (…) On ne dialogue pas avec les communistes. (…) Nous ne pouvons pas admettre ce dialogue! On ne dialogue pas avec le diable. »Au Québec, la FSSPX a servi de refuge spirituel à l’extrême droite au moins depuis les années 1980, lorsque différents membres du Cercle Jeune nation étaient actifs au sein de la secte.

[xii]

Dupuis a récemment été inclus à un reportage de Radio-Canada sur l’école Sainte-Famille, administrée par la FSSPX.

Un militant influent de La Meute fonde une organisation néonazie… puis se rétracte quelques heures plus tard

 Commentaires fermés sur Un militant influent de La Meute fonde une organisation néonazie… puis se rétracte quelques heures plus tard
Nov 202018
 

De Montréal Antifasciste

« Bienvenue sur la page officielle Blood & Honour – Division Québec organisation nationaliste identitaire laïque à mouvance national-socialiste prônant l’autocratie »

C’est avec étonnement que nous lisions cette introduction sur une nouvelle page Facebook apparue le samedi 3 novembre en début d’après-midi et qui annonçait la formation d’une « Division Québec » de l’organisation ouvertement néonazie « Blood & Honour » :

Qu’est-ce que Blood & Honour?

Organisation internationale néonazie fondée au Royaume-Uni en 1987, Blood and Honour tire son nom du slogan des jeunesses hitlériennes, « Blut und Ehre », et d’une chanson portant ce titre par le groupe white power Skrewdriver. Initialement enraciné dans la scène musicale Rock Against Communism, des sections B&H ont été créées un partout dans le monde au fil des ans. B&H demeure une organisation principalement formée de boneheads complètement dévoués aux principes néonazis et régulièrement impliqués dans des actes de violence.

Des sections locales ont été implantées dans l’ouest du Canada autour de 2010. Des membres ont été impliqués dans plusieurs agressions contre des personnes de couleur et des antifascistes, dont un incident particulièrement horrible où un homme philippin dormant sur un divan en plein-air à Vancouver a été mis en feu. Des poursuites judiciaires et un schisme dans l’organisation, suivis d’un piratage du site de B&H Canada et 2012 dans le cadre d’une opération antifasciste plus large, ont permis de publier les noms et adresses des membres. Après ces ratées, le groupe a cherché à rester discret et a été plutôt inactif pendant plusieurs années. Des sections locales existent cependant toujours en Colombie-Britannique et en Alberta.

La création surprise et la brève existence d’une « Division québécoise » de Blood and Honour est la première fois à notre connaissance que qui que ce soit se revendique officiellement de l’organisation au Québec, où la scène RAC (Rock Against Communism) est dominée par les bonehead de Légitime Violence, le groupe phare d’Atalante mené par Raphael Lévesque.

Mais qui peut bien être à l’origine de cette « Division Québec » de Blood & Honour?

La première publication de la nouvelle page Facebook proposait une espèce de court manifeste sur les valeurs de l’organisation. Elle est signée par un certain Michael Roch et renvoie vers le site Internet de l’organisation basée au Royaume-Uni. Le site de BH Worldwide fait état d’une branche canadienne de l’organisation, mais aucunement d’une « division » québécoise.

La page Facebook de la mystérieuse « Division Québécoise » nous redirige vers un blogue « en construction » administré par le compte Gmail de Michael Roch :

Après une rapide recherche sur les réseaux sociaux, nous n’avons trouvé qu’un seul compte Facebook correspondant au nom de Michael Roch dans la sphère « nationaliste », Sgn Michael (Roch). Les quelques photos publiques de cet individu portent à croire qu’il s’agit d’un militaire.

À peine quelques minutes après la publication de la page Blood & Honour – Division Québec, c’est le compte Facebook d’un certain Agloolik Wolf qui a été le premier issu des milieux nationalistes que nous surveillons à partager et à encourager ses ami.e.s à « liker » cette page :

Qui est Agloolik Wolf?

Agloolik Wolf est un membre actif de La Meute, photographié ici en des jours plus heureux avec son chandail à patte de loup :

Agloolik Wolf était membre de La Garde jusqu’à tout récemment, et un des piliers du service de sécurité de La Meute. Ici aux côtés de Mario Roy (Storm alliance et La Meute) et de Steeve L’Artiss Charland (Conseil de La Meute) :

Il s’agit certes d’un personnage inquiétant, mais il est loin du profil du néonazi typique : Agloolik se revendique de la Nation Innue et défend depuis le début de son engagement dans La Meute l’alliance avec les Québécois de souche et l’inclusion des  Premières Nations dans l’organisation. Il semblait représenter jusqu’à maintenant la tendance « modérée » au sein de La Meute :

Agloolik (un mot d’origine inuite) était le porte-étendard de cette tentative d’alliance entre Québécois et Premières Nations contre la prétendue immigration illégale :

Il s’agit d’une opération de relations publiques mise en place par Sylvain « Maikan » (qui signifie loup en innu) Brouillette depuis son arrivée à la tête de La Meute.

Cette volonté d’alliance n’a clairement pas eu les résultats escomptés, quand on constate la déception d’Agloolik au lendemain de la manifestation anti-immigration du 1er juillet 2018, à Montréal, où plusieurs membres des Premières Nations ont manifesté… contre La Meute aux côtés des antifascistes.

La récente déconfiture du groupe identitaire aux abords du territoire mohawk de Kanasatake, immortalisée par  une vidéo partagée plus de 800 fois, n’a certainement pas dû aider le moral.

Reste que Agloolik a une certaine influence au sein de La Meute et avait l’habitude de diffuser des live sur Facebook qui pouvaient être assez suivis par les membres de La Meute. Il était, jusqu’à aujourd’hui, la caution jeune et antiraciste de La Meute. Après quelques recherches, il n’est pas difficile de faire voler en éclat cette image angélique du personnage.

Agloolik Wolf n’est en fait pas différent du membre moyen de La Meute. Il est islamophobe et raciste :

 

Comme la plupart des membres de La Meute, son islamophobie se marie parfaitement au complotisme le plus absurde. Ici, en discussion sur le « survivalisme » avec Monsieur Cochon Bacon, là, en conversation avec Mélanie Gagné, dont les publications Facebook racistes ont été signalées par Xavier Camus récemment. Son compte Facebook, de son propre aveu, a été créé précisément pour parler librement des « dangers de l’Islam ».

Il est aussi ouvertement antiféministe et transphobe, sans rien dire de l’anticommunisme primaire que partagent les nationalistes identitaires.

Un bref coup d’œil sur ses mentions « j’aime » finira de nous donner une idée du personnage. Des racialistes de la Fédération des Québécois de souche aux fascistes d’Atalante, en passant par les antisémites et transphobes de DMS et autres intérêts douteux, on a un portrait tristement banal de l’extrémiste de droite, réactionnaire et raciste au Québec en 2018.

Loin de l’image qu’il semble vouloir donner de lui, on semble avoir affaire à un militant d’extrême droite raciste. Agloolik Wolf s’était insurgé lorsque la responsable de la sécurité publique à la ville de Montréal avait décrit La Meute comme étant des nazis, à la veille de la manifestation du groupe le 1er juillet 2018, à Montréal.

 

En fondant une section québécoise de Blood & Honour, Agloolik Wolf, alias Sgn Michael (Roch), membre de La Garde de La Meute, nous démontre pourtant qu’il n’est pas échaudé par l’étiquette néonazie.

Pourquoi associons-nous ces deux comptes à une seule et même personne?

Les preuves et les éléments concordants ont commencé à s’accumuler, et nous avons rapidement été capables de lier les deux comptes à une seule et même personne, et d’établir que c’est bel et bien Agloolik Wolf, un membre de La Meute, qui est à l’origine de la nouvelle « division » québécoise de l’organisation terroriste nazie Blood & Honour.

Plusieurs indices nous ont mis sur cette piste :

Un  camarade traditionaliste de la Nation Innue originaire de Pessamit nous a confirmé que la personne qui se cachait depuis des mois derrière le pseudonyme Agloolik Wolf avait pour prénom ou pseudonyme « Michael », qu’il était militaire et qu’il avait été adopté par une famille québécoise.

Le terme « autocratie », utilisé dans une publication de la page Blood & Honour – Division Québec, n’apparaît nulle part sur le site officiel de Blood & Honour. Par contre, ça semble un buzzword de prédilection pour Agloolik Wolf, qui avait réalisé un live Facebook sur ce thème au courant du mois de juillet.

Nous savions déjà que les deux comptes appartenaient à un militaire vu les photos qui y étaient publiées et les déclarations d’Agloolik :

Les blindés :

Un sympathique gaillard :

Ici en charmante compagnie :

Qui vire de plus en plus vers la droite :

 

Au-delà de ces indices, Agloolik a fait l’erreur de partager une même photo originale sur ses deux comptes :

C’est ainsi que nous avons établi assez rapidement qu’Agloolik Wolf et Michael Roch/Sgn Michael ne faisaient vraisemblablement qu’un. Ces deux comptes Facebook seraient aussi liés à un troisième compte, fermé depuis plusieurs mois : Éric Mickael Séguin.

Profil Facebook, d’Éric Mickael Séguin

Le nom d’Éric Mickael Séguin est aussi lié au compte Twitter @RicoZegow, inactif, mais toujours existant :

Profil Twitter d’Éric Mickael Séguin

Tout porte à croire que Séguin est le nom de famille d’Agloolik, puisqu’on peut deviner ce nom sur l’uniforme de la photo, à côté du policier Picard (arborant un écusson Thin Blue Line repris par le contremouvement raciste Blue Lives Matter…).

Aujourd’hui, l’individu ne semble plus être militaire, comme en atteste cette photo datant du mois de juin, où il semble revêtir une tenue d’infirmier ou de préposé aux bénéficiaires :

Difficile d’affirmer si son vrai nom est Éric ou Michael, mais nous disposons tout de même des éléments suffisants pour lier ensemble ces trois comptes et dresser un portrait de l’individu :

Un ex-militaire, peut-être même un gradé, membre actif de La Meute jusqu’à aujourd’hui, membre actif de la sécurité de La Meute durant des manifestations et réunions privées, membre de La Garde jusqu’à sa démission il y a trois semaines (l’occasion de publier une vidéo mystico-politique expliquant que son combat « était ailleurs »), personnage influent de La Meute et porte-étendard, en tant qu’Innu, de la politique d’inclusion de Brouillette.

Tandis que plusieurs de ses proches « likaient » cette nouvelle page, d’autres s’interrogeaient sur le rôle d’un membre de La Meute dans cette nouvelle organisation ouvertement nazie (« national-socialiste »).

À 17 h environ, soit moins de quatre heures après sa mise en ligne, l’individu avait fermé ses deux pages Facebook (Agloolik Wolf et Sgn Michael), la page du  Blood & Honour – Division Québec ainsi que le blogue qui y était associé). Malheureusement pour lui, nous avons eu le temps d’effectuer un certain nombre de captures d’écran…

Peut être que le Conseil de La Meute a trouvé que ce n’était pas une très bonne idée qu’un de ses gradés et membres influents fasse la promotion d’une organisation ouvertement nazie, qui défend le génocide des « races » jugées inférieures au profit de la « race » blanche?

Quel est l’impact de cette nouvelle page?

Dans les différentes mentions « J’aime », on retrouve sans surprises des néo-nazis bien connus comme Phil SoWhat (Philippe Gendron, des Soldiers of Odin, un groupuscule facho aujourd’hui en déroute), mais aussi, et c’est peut-être plus inquiétant, des personnes d’un certain âge, au profil en apparence banal et éloigné du nazisme, parfois membre de groupes comme La Meute (Rhoda Bourque, Christine Boily), Storm Alliance (Patricia Celtic Gagnon), ou simples « patriotes ».

Patricia Celtic Gagnon, Veronique Bedard-Lafrance, Phil SoWhat et Rhoda Bourque aiment Blood & Honour

Danielle Ménard, Christine Léveillé, Hélène Paulin, Sue Sue, Boily Christine et Omer Doucet aiment Blood & Honour

Chantaline Lariviere, Veronique Bedard-Lafrance, Sue Sue, Yolande Ruest, Stephane Bergeron, Jonas Cheni et Joanne Verdun aiment les principes fondateurs de Blood & Honour

Yolande Ruest, Stephane Bergeron, Jonas Chenil, Joanne Verdun, Andrée Lyn Filion et Jacqueline Bernier aiment les principes fondateurs de Blood & Honour

C’est tout le problème d’un groupe comme La Meute, auquel appartient Agloolik Wolf, alias Michael Roch, alias Éric Mickael Séguin : cette capacité à servir d’incubateurs et de sites de recrutement pour des groupes beaucoup plus radicaux, comme Blood & Honour.

Nous avions déjà remarqué et dénoncé ce phénomène il y a un an, le 25 novembre 2017, lorsque les groupes Atalante et SOO avaient déployé une banderole nationaliste du haut des remparts de Québec, provoquant un engouement dans les rangs de La Meute et Storm Alliance.

Le problème de ce genre de groupe national-populistes « identitaires » est qu’ils permettent une connexion entre des centaines de membres de l’extrême droite « soft » et des organisations beaucoup plus radicales.

Nous pouvons tirer plusieurs conclusions :

  • Un membre des forces armées canadiennes a tranquillement monté les échelons de La Meute, jusqu’à devenir Garde, un poste haut placé chargé de la sécurité et de la discipline;
  • ce même individu a participé activement et publiquement au service de sécurité de La Meute, une véritable milice privée, et ce, à visage découvert durant plusieurs mois alors qu’il était encore militaire, sans aucune réaction des Forces armées canadiennes, qui se vantent pourtant de pratiquer la tolérance zéro;
  • ce même gradé de La Meute a tenté de fonder une section québécoise de l’organisation néonazie Bloud & Honour, recevant plus de 100 mentions « J’aime » en quelques heures d’existence à peine, beaucoup provenant de membres de La Meute…

Au-delà de ces considérations, ce que nous avons appris soulève plus de questions que de réponses, et certaines sont inquiétantes. Sous différents pseudonymes, la même personne se présente sans ambages comme un membre « non raciste » de La Meute, puis crée ensuite une page Web néonazie, tout en étant toujours lié aux Forces armées canadiennes et en se présentant comme un Autochtone. Qu’est-ce que tout ça veut dire? Est-ce simplement un exemple d’une personne aux idées confuses? Ou est-ce une sorte d’opération de renseignement maladroite et bâclée? Ce sont des questions à garder à l’esprit en attendant de voir où ira l’étrange histoire d’Agloolik/Roch/Séguin…

La petit récit que nous venons de faire est finalement sans grande conséquence sur l’actualité politique : il semble qu’il n’y aura pas de section québécoise de l’organisation néonazie Blood&Honour. Néanmoins, cela nous permet de nous interroger sur la crédibilité de La Meute qui est, depuis quelques mois, en pleine entreprise visant à redorer son blason et se refaire une crédibilité. Si cette histoire peut nous servir de preuve ultime, nous devrons continuer de lutter avec force contre La Meute, qui est depuis sa création une organisation raciste et islamophobe fondée par des militaires et organisée en milice paramilitaire.

Épilogue

Au moment de publier ce texte, 10 jours après les faits, les comptes Facebook Agloolik Wolf et Michael Sgn (sans la mention «Roch») sont réapparus. Si Agloolik Wolf semble avoir repris ses activités normales (des publications régulières sur les enjeux de La Meute et de l’extrême droite), Michael Sgn nous offre la clef de voute de notre
argumentaire qui liait ensemble l’influent personnage de La Meute et le fondateur de Blood&Honour – Division Québec : en modifiant sa photo de profil, Michael “Roch” Séguin nous prouve hors de tout doute qu’il ne fait qu’un avec Agloolik Wolf…

Bryan Trottier : un misogyne raciste commandant de La Meute anglophone

 Commentaires fermés sur Bryan Trottier : un misogyne raciste commandant de La Meute anglophone
Oct 192018
 

De Montréal-Antifasciste

Dans une tentative un peu désespérée d’avoir un poids sur la campagne électorale, La Meute multiplie les apparitions depuis quelques semaines, privilégiant les actions décentralisées. Bien que plusieurs médias entrent dans leur jeu en leur offrant une visibilité démesurée, le groupe d’extrême droite ne semble pas rencontrer d’écho populaire et son chef Sylvain « Maikan » Brouillette a l’air bien seul avec son slogan « 40 000 membres, 40 000 voix ».

C’est dans ce contexte que Steeve « L’artiss » Charland, potentiel rival de Maikan, dirigeait le samedi 15 septembre une manifestation mobile, qui était en fait un convoi de véhicules identifiés aux couleurs de La Meute. Le lieu de rendez-vous pour la dizaine de membres de La Meute se situait à Oka, tout proche de la communauté Mohawk de Kanesatake. Rapidement, des membres de la communauté se sont très courageusement mobilisé.e.s pour faire fuir La Meute sous les huées et les insultes, refusant au passage l’instrumentalisation des Premières Nations que tente de faire le groupe d’extrême droite depuis plusieurs mois.

« Hey! Allez-vous-en! Hey, vous ne passerez pas par la réserve non plus. Allez-vous-en d’ici! Vous ne passerez pas par ici non plus. »

– Un résident de Kanesatake s’adressant à La Meute le 15 septembre 2018

La vidéo des événements à été partagée des centaines de fois et vue plus de 50 000 fois sur Facebook. Quelques membres de La Meute ont alors profité de l’occasion pour cracher leur venin raciste et colonialiste dans des commentaires haineux. Ce fut le cas du compte « Barb N Bryan Wolfe » qui s’est démarqué par ses commentaires ignobles contre les autochtones (Image 1) : « Kanesatake devrait être mise en quarantaine », « c’est pour ça qu’on a dû vous éclater en 1990 [à Oka] bande de connards », ou en traitant la communauté mohawk de « merdes racistes ».

 

Mais qui est ce ou cette « Barb N Bryan Wolfe »?

Il s’agirait en fait du compte Facebook d’une dénommée Barbara Edwards (ou encore Barbara Wolfe) (Image 2) connue pour avoir organisé une manifestation islamophobe à Toronto en mars 2017. Bryan Trottier serait son conjoint. Ce dernier utilise régulièrement le compte Barb N Bryan Wolfe pour déverser son fiel islamophobe ou organiser plus d’événements racistes en Ontario. Bryan Trottier est « commandant » du CDN Wolfpack (Image 3), une branche canadienne de La Meute en Ontario qui serait à présent autonome vis-à-vis de la Meute du Québec. Il s’avère que Trottier n’utilise pas seulement le compte de sa conjointe mais aussi les faux comptes Joshephine Murphy et Zora Xeno.

(Capture d’écran du 10 février 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

Bryan Trottier n’en est donc pas à ses premières ignominies.

Bryan Trottier

 

Bryan Trottier et Barbara Edwards

Bryan Trottier

Barbara Edwards

 

Des fausses nouvelles pour nourrir l’antiféminisme et la misogynie

En juin dernier, nous publions un article sur une fausse dénonciation d’agression sexuelle orchestrée par un troll d’extrême-droite sous un faux compte nommé « Zora Xeno ». Cette fausse nouvelle partagée entre autres par les vidéobloggueurs DMS de mouvance alt-right fut rapidement démentie et dénoncée. Comme nous le disions, ce n’était pas une instrumentalisation abjecte des dénonciations anonymes de violences sexuelles qui allait nous empêcher de croire les survivant.e.s et les victimes.

En juillet, un nouveau faux compte, cette fois « Joshephine Murphy » récidivait en créant une fausse dénonciation contre un membre du groupe de musique syndicale et antifasciste, les Union Thugs. Une nouvelle fois, la fausse nouvelle était vivement dénoncée alors que le soutien aux survivant.e.s et le support aux luttes féministes contre les violences sexuelles et sexistes étaient réitérés (Image 4-5-6).

Le groupe de musique Union Thugs dénonçant la fausse nouvelle et l’instrumentalisation des luttes féministes pour miner les luttes antifascistes et supportant les luttes contre la culture du silence.

Le label DCHC qui organisait un show en Ontario avec les Union Thugs rétablissait également les faits tout en rappelant qu’iels soutiennent toujours les survivant.e.s dénonçant anonymement des violences sexuelles vécues.

Le collectif féministe montréalais Les Gamines, connu pour avoir diffusé de nombreuses dénonciations anonymes contre des agresseur.e.s en les nommant, dénonçait alors la nouvelle fausse nouvelle créée par Bryan Trottier (aka Joshephine Murphy).

Bryan, Joshephine, Zora… même combat

Dans la plus récente fausse nouvelle contre les Union Thugs, le faux compte Joshephine Murphy ne tentait même plus de se faire passer pour un.e militant.e de gauche, comme on peut le voir sur l’image 7 avec un logo anti-communiste faisant référence aux assassinats sous la dictature de Pinochet. De plus, lors de ses tentatives d’intimidation en ligne de plusieurs pages de gauche, Murphy s’est lui même révélé comme étant « Bryan » (Image 8).

Il n’hésitait pas non plus à se proclamer comme un chef de la Meute dans certains commentaires (Image 9). On peut voir ici que Murphy fait également partie du groupe secret CDN Wolfpack (Image 10) :

 

 

(Capture d’écran de juillet 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

 

On peut aussi remarquer comment Bryan Trottier utilisait probablement simultanément ses deux comptes pour intimider un groupe militant ontarien à l’été 2018 :

 

Bas les masques ! 

Bref, Bryan Trottier, aka Joshephine Murphy ou Zora Xeno ou Barb N Bryan Wolfe, n’est pas un individu isolé mais bel et bien un « haut gradé » de l’organisation d’extrême droite CDN Wolfpack. Jusqu’au 15 septembre dernier, le Wolfpack était une organisation sœur de La Meute du Québec ayant notamment collaboré à des manifestations islamophobes. Malgré la récente scission, le chef (Sylvain Brouillette) de la Meute québécoise rappelait dans leur groupe public que « La Meute et le CDN Wolfpack continueront de travailler en étroite collaboration » (15 septembre 2018). Au moment d’écrire ces lignes, leurs sites Web respectifs étaient d’ailleurs toujours liés (Image 13).

Ces deux organisations fondée sur une islamophobie et un racisme profond disent souvent vouloir protéger les prétendues « valeurs occidentales » (et les femmes blanches d’occident du même coup) contre l’Islam. Elles vont alors fréquemment instrumentaliser le concept de l’égalité entre les femmes et les hommes pour faire gober leur idéologie haineuse et antimusulmane. Les dénonciations d’agressions sexuelles au sein même des chefs la Meute, leur haine du voile, et par conséquent des femmes musulmanes, ainsi que leurs tentatives infructueuses de faire des fausses dénonciations d’agressions sexuelles dans le but de décrédibiliser les luttes féministes contre la culture du viol ne font que prouver une fois de plus la misogynie et l’antiféminisme de leur démarche.

En conclusion, nous devons réaffirmer que le plus grand danger pour les valeurs – féministes, antiracistes, antifascistes et en opposition farouche au colonialisme – que nous portons ce sont  les Bryan Trottier et des organisations racistes comme La Meute, et non pas les nouveaux et nouvelles arrivant.e.s, avec leurs langues, leurs cultures et leurs religions.

Bella Ciao Épisode 4: Lancement de la BD Antifa de Gord Hill

 Commentaires fermés sur Bella Ciao Épisode 4: Lancement de la BD Antifa de Gord Hill
Oct 102018
 

De Montréal-Antifasciste

Aujourd’hui c’est l’Action de Grâce, une fête colonialiste qui célèbre la conquête de l’Île de la Grande Tortue par des Européens égarés. Mais vous êtes chanceux.ses! Montréal Antifasciste vous propose le meilleur des remèdes.

Vendredi le 12 octobre, nous présentons le lancement du “Antifa Comic Book”, une nouvelle bande dessinée par l’artiste et militant autochtone Gord Hill. Le lancement aura lieu au CEDA, 2515 rue Delisle, à partir de 19h.

Pour plus d’infos:
montreal-antifasciste.info/event/lance…tance_id=19

Abonnez-vous au podcast Bella Ciao! Vous pouvez nous trouver sur Apple Podcasts, Google Play, et Stitcher.

Bonne écoute!

Bingo, banquet et fachos – Retour sur la soirée électorale des abstentionnistes

 Commentaires fermés sur Bingo, banquet et fachos – Retour sur la soirée électorale des abstentionnistes
Oct 102018
 

De Dure Réalité

Le 1er octobre dernier, les abstentionnistes ont tenu plusieurs événements à Montréal contre les élections. Voici un petit retour sur cette soirée riche en émotions.

Dure Réalité s’était associé au Revolution Fest pour proposer une soirée de financement et de lancement pour le festival de musique anticapitaliste, féministe et antifasciste qui s’est tenue les 4-5-6-7 octobre. La soirée avait lieu au Pub Les Sportifs en plein coeur du quartier populaire Centre-Sud. Tout en humour, cette soirée anti-éléctorale a permis à près de 70 personnes de passer une bonne soirée et de lever des fonds pour la bonne cause. Au programme : encan, moitié-moitié et bingo ont agrémenté la soirée tandis que l’assistance réagissait en chantant aux discours des «chef.fe.s», aux larmes de Philippe Couillard, aux défaites cinglantes de Jean-François Lisée et de Michelle Blanc, notamment.

Dès le début de la campagne électorale et en l’absence d’une gauche sociale et combative au Québec (allô Québec Solidaire!), nous savions que le résultat des élections ne nous surprendrait pas : la bourgeoisie au pouvoir, protégée par les flics et amie des patrons. Avec l’éléction d’un gouvernement majoritaire de la CAQ de François Legault, nous n’avons en effet pas été estomaqué.e.s…

Néanmoins, puisque nous ne pouvions pas influencer l’issue de ce jeu truqué, nous avons décidé de prendre cette soirée à la légère. Bref, un gros moment de bonne humeur pour se donner le courage de se retrousser les manches pour les 4 prochaines années que nous allons passer à défendre nos droits avec nos deux armes favorites : la solidarité et la mobilisation dans la rue.

AbstentionDurant la soirée, avait aussi lieu deux autres événements contre les élections. Nos amis ingouvernables du Grand Banquet avaient décidé de fêter ça dans la rue. Plus de 250 personnes ont répondu à leur appel à partir de 18h au Parc Lafontaine. Au programme: spectacle de rue, cracheurs de feu, cirque, DJ set, bière et pizza gratuite. Par la suite, à l’annonce de l’élection d’un gouvernement réactionnaire, une manifestation joyeuse et sauvage, réunissant environ 150 personnes a pris la rue. Elle a rapidement heurté un cordon de police qui s’est fait attaqué avec beaucoup de détermination (pierres, bouteilles, pièces pyrotechniques…). N’oublions pas que la police se dresse toujours entre nous et la vie que nous voulons!

La manifestation a été dispersée à grand renfort de gaz lacrymogène, et la hasard à voulu que cela se passe à quelques mètres seulement de l’Usine C où avait lieu la piteuse soirée électorale du Parti Québécois. Une personne sur place nous a confirmé que l’ambiance maussade à l’intérieur a alors carrément virée à la panique. Nous ne pouvons que nous en réjouir!

Abstention3Plus tôt dans la soirée avait lieu une autre manifestation, celle-ci appelée par le Parti Communiste Révolutionnaire (PCR). Une trentaine de personnes se sont rassemblées au carré Berri, ont allumé des fumigènes et ont fait un grand feu de pancartes électorales. Si l’ambiance avait un certain swag, on ne s’étonnera pas que le PCR ait réuni aussi peu de monde malgré une mobilisation intensive. En effet le groupe a réussi à se mettre à dos la quasi-totalité des forces révolutionnaires de Montréal, par son attitude sectaire et ses positions transphobes. Si nous en parlons c’est donc plus pour évoquer ce qui s’est passé autour de ce rassemblement.

 

 

 

 

En effet, deux néo-nazis avec un drapeau du Kekistan étaient présent afin de troller le PCR et de célébrer la future victoire de la CAQ de François Legault, vu par l’Alt-Right comme le Donald Trump du Québec…

C’est quoi le Kekistan? Le Kekistan c’est le safe space virtuelle de l’alt-right, «la droite alternative» née aux USA. Si ses membres tentent par tous les moyens d’entretenir le flou politique, on peut sans aucun doute qualifier ce mouvement de «néo-nazi». Un petit exemple éloquent : le drapeau du Kekistan est une version détournée du drapeau de la Wehrmacht, l’armée allemande durant l’époque nazie. La couleur verte provient de la mascotte de l’alt-right, Pepe The Frog.

Bella Ciao Épisode 3: La Bataille de Cable Street, 4 octobre 1936

 Commentaires fermés sur Bella Ciao Épisode 3: La Bataille de Cable Street, 4 octobre 1936
Oct 052018
 

De Montréal-Antifasciste

Le 4 octobre 1936, plus de 100 000 antifascistes se mobilisent, érigent des barricades et réussissent à empêcher que les chemises noires de l’Union britannique des fascistes (BUF), dirigées par Oswald Mosley, ne marchent dans les rues de l’East End de Londres. Cet épisode de résistance est connu sous le nom de “Bataille de Cable Street”. Épisode de podcast basé sur une lecture de Mark Bray, L’Antifascisme, Montréal, Lux, 2018.

*Montréal Antifasciste:
www.montreal-antifasciste.info

Abonnez-vous au podcast! Vous pouvez désormais trouver Bella Ciao sur Apple Podcasts, Sticher, Google Play, et Soundcloud.

Bonne écoute!

Musique à la fin: “Let the boots do the talking” de Oi Polloi

Flying Joes ou ces artistes qui s’associent à l’extrême droite

 Commentaires fermés sur Flying Joes ou ces artistes qui s’associent à l’extrême droite
Sep 262018
 

Flying Joes

De Dure Réalité

La Meute a L’artiss Charland pour pousser sa chansonnette, Storm Alliance, cette autre organisation islamophobe et anti-immigration, quant à elle, a décidé de faire appel au groupe de rock progressif Flying Joes pour animer l’une de leur soirée. En effet, nous avons appris que la formation se produira en spectacle pour le Party Storm Alliance qui aura lieu le 29 septembre prochain au Camping Wigwam d’Upton, en Montérégie, bien que le lieu du spectacle ne soit pas annoncé publiquement.

Fondée en 2016, par le suprémaciste blanc Dave Tregget (aussi fondateur des Soldats d’Odin du Québec), Storm Alliance est l’un de ces groupes ayant apparu dans le sillon de La Meute et de l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Ils se sont particulièrement fait remarquer cette année en participant à plusieurs manifestations anti-immigration, notamment aux frontières de Lacolle. Le Party qui aura lieu le 29 septembre n’est pas une simple fête privée, mais plutôt une réunion politique. Ce sera également l’occasion pour l’organisation de rebondir suite à plusieurs revers consécutifs subit cette été et possiblement de se restructurer. Ils espèrent qu’une centaine de membres du groupe xénophobe participeront au rassemblement.

Privilégiant le dialogue, nous avons décidé d’aller discuter avec le chanteur et bassiste de Flying Joes, Sylvain « Syd » Bédard afin de comprendre ses motivations pour ce concert. En effet, ce dernier participait à un événement à l’Atomic Café à Montréal et nous avons eu la chance de lui poser quelques questions. Bien qu’il nie faire partie de Storm Alliance, Bédard nous a confirmé qu’il partageait quelques idées du groupes dont la volonté de faire respecter les frontières et la peur de voir ces gens venir ici profiter de l’aide sociale.

 

Questionné quant à savoir s’il avait peur que la réputation de Flying Joes soit ternie par l’association avec le groupuscule d’extrême droite, Syd Bédard nous a confié n’avoir aucune crainte : « S’il fallait que je vérifie tous les shows auxquels on participe en tant que groupe, je ne gagnerais pas ma vie comme ça, j’ai déjà joué pour bien pire ». Il nous a toutefois confié que s’il entendait des propos déplacés ou haineux, le concert n’aurait pas lieu. Il semble donc que le concert n’aura pas lieu, du moins si on se penche sur la liste des participants à l’événement Facebook du Party. En effet, on y retrouve des membres de la plupart des organisations d’extrême droite québécoises telles que La Meute, les Wolves of Odin, Génération Identity Canada ou le Front Patriotique du Québec. De plus, Storm Alliance nous ont habitué à plusieurs débordements racistes et antisémites lors des événements organisés par ses militants, comme dans ce vidéo datant du 19 mai 2018 lors d’une manifestation à Lacolle.

Intrigués par les réponses du leader de Flying Joes, nous avons essayer d’en savoir un peu plus sur le groupe formé en 2014. Selon son site web, le trio a pu notamment se faire connaître en jouant lors du Festival Grand Prix Crescent F1 de Montréal et certaines de leurs chansons ont même pu être entendues lors des parties de hockey des Canadiens et dans des publicités de Budweiser. Le groupe prévoit également participer au Gala Humour Aveugle, organisé par la Fondation des Aveugles du Québec les 23 et 24 novembre prochain au Théâtre Saint-Denis à Montréal.

brillantine et grignotinSyd Bédard et sa conjointe Andrée « Belle-Isle » Bélisle semblent avoir bâti un véritable réseau culturel afin de pouvoir vivre de leur musique. Bédard, en plus d’avoir fait partie du groupe Jelly Fiche, participe également à deux spectacles hommages au groupe CCR, soit Graveyard Train Revival et CCR Reborn (avec ses collègues de Flying Joes). Madame Bélisle, quant à elle, est la propriétaire de la compagnie Fonogramme, qui sert de maison de disques à Flying Joes, en plus de faire de la musique en solo. Ensemble, Bélisle et Bédard forment un duo de chanson et théâtre pour enfants appelé Brillantine et Grignotin. Il y a fort à parier que les parents aimeraient bien connaître les liens qu’entretient Syd Bédard avec des organisations d’extrême droite avant d’envoyer leurs enfants à un spectacle de Brillantine et Grignotin qui vise notamment les garderies, bibliothèques, municipalités et écoles primaires.

Visiblement, Sylvain Bédard n’a pas apprécié notre visite et les questions que nous lui avons posées. Effectivement, ce dernier a pris soin de produire un statut Facebook passif-agressif dans lequel il nous enjoint d’arrêter de l’écoeurer avec le Party Storm Alliance et de se mêler de nos « foutu[e]s affaires ». Précisons, que nous ne connaissons aucun groupe d’extrême gauche appelé « Rise up » et que si un tel groupe existe, nous n’y sommes aucunement liés. Madame Bélisle, loin de se désolidariser des opinions et des actions de son conjoint, a partagé son statut en plus d’y ajouter ce commentaire : « On peut tu faire de la musique sans faire de la politique!? ». Et bien, madame Bélisle, faire un concert pour Storm Alliance, c’est prendre une position politique, et la position que Flying Joes choisit, c’est l’extrême droite.