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La « Vague bleue » : quand la fachosphère sort de sa bulle

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Avr 282019
 

De Montréal-Antifasciste

La « Vague bleue » : c’est quoi?

La « Vague bleue » est un rassemblement citoyen qui doit avoir lieu le samedi 4 mai, à 14 h, devant les locaux du réseau TVA à Montréal. Initialement, ce projet s’inscrivait en continuité avec les rassemblements hebdomadaires des soi-disant « Gilets jaunes » du Québec (dont nous avons déjà parlé) qui avaient lieu tous les samedis au même endroit et à la même heure depuis décembre 2018. Le thème central de la « Vague bleue » était une adaptation de la revendication française du RIC (Référendum d’initiative citoyenne), sous la forme d’une « constitution citoyenne » pour le Québec. Le rassemblement s’annonçait donc au départ comme une manifestation patriotique civique, menée par un amalgame de groupuscules identitaires connus principalement pour leur activité sur les médias sociaux. Le point de convergence de tous ces groupes est l’attachement obsessif au projet indépendantiste dans une perspective « patriotique » de ligne dure caractérisée par une xénophobie ouverte, une islamophobie enragée et un racisme à peine voilé.

La chambre d’échos où évoluent ces soi-disant patriotes dans les médias sociaux est ce que nous avons appelé la « fachosphère » au cours des dernières années, car il y circule un mélange toxique d’opinions xénophobes et racistes, de fausses nouvelles montées en épingle en appui aux biais de confirmation des participant-e-s, de théories du complot et d’idées de plus en plus radicales sur l’immigration, le multiculturalisme et la diversité, allant de commentaires réactionnaires aux théories purement fascistes tirées de sources d’information connues pour être animées par des suprémacistes blancs et autres personnages d’extrême droite.

Cette nébuleuse, habituellement confinée aux médias sociaux et ne sortant de la sphère virtuelle qu’assez rarement à l’occasion de manifestations souvent bancales, a toutefois quelque peu ajusté sa manière habituelle de mobiliser, et il est possible que nous assistions à une reconfiguration de l’extrême droite islamophobe dans la foulée de la « Vague bleue » (disparition de certains groupes, alliance, fusion, nouveaux groupes). L’avenir nous le dira.

La mobilisation autour de la « Vague bleue » était déjà inhabituelle, avec plusieurs centaines de personnes intéressées par l’événement au bout de quelques semaines. Mais le tournant décisif a eu lieu au début du mois d’avril, à peu près un mois avant le rassemblement, lorsque les organisateurs ont ajusté le message de la « Vague bleue » pour y accoler un soutien total au projet de loi 21 « sur la laïcité » (qui sert en fait plutôt à légaliser la discrimination en interdisant le port de signes religieux par les employé-e-s de l’État). En deux semaines à peine, l’événement Facebook a explosé : plusieurs centaines de personnes ont partagé l’événement et signifié leur intérêt, ce qui s’est traduit par des milliers de nouvelles invitations. Il est permis de croire que ce sont les nombreuses mobilisations successives contre le PL21 à Montréal (notamment le 24 mars et les 7 et 14 avril), dont certaines ont réuni plusieurs milliers de personnes, qui ont poussé les islamophobes à sortir du bois et à se mobiliser en masse.

Le « petit » événement lié aux « Gilets jaunes » a donc perdu son objectif initial, une éventuelle constitution du Québec dont plus personne ne parle, pour se réorienter vers un appui militant au projet de Loi sur la laïcité introduit par la CAQ.

On a donc ici, pour résumer :

  • un rassemblement de nationalistes xénophobes frustré-e-s;
  • devant les locaux du réseau de télévision de l’empire médiatique Québécor (nationaliste), qui nourrit quotidiennement le feu de la xénophobie et de l’islamophobie au Québec avec sa petite armée de chroniqueurs et chroniqueuses réactionnaires;
  • en appui au projet de loi liberticide et islamophobe le la CAQ, un parti conservateur à la tête d’un gouvernement majoritaire!

On voudrait inventer un scénario de manifestation aussi absurde, qu’on ne le pourrait pas!

Qui organise? Qui participe?

Plusieurs organisations et groupuscules ont appelé au rassemblement et relaient l’invitation. Il peut s’avérer difficile de démêler quels sont les groupes qui mobilisent vraiment et les « one man show » comme le Parti patriote de Donald Proulx. On peut toutefois distinguer les principaux groupes qui sont au cœur de la mobilisation, à la fois sur les médias sociaux et par l’activité « in real life » de certains de leurs membres les plus crinqué-e-s. Notons que même si ces individus sont associés plus intimement à un groupe ou un autre, ils communiquent et interagissent tous entre eux et avec d’innombrables autres personnages du même acabit sur Facebook.

Les captures d’écran ci-dessous devraient largement suffire à démontrer que cette nébuleuse militante « patriotique » est définie davantage par une islamophobie enragée que par un véritable soucis de réaliser l’indépendance nationale du Québec.

— Le Québec Libre en Action (relié au Recours collectif contre Revenu Québec), un groupe formé par Jonathan Héroux (connu sous le nom de John Hex sur Facebook) après son départ du groupe anti-immigration Storm Alliance, dont il faisait auparavant partie de l’exécutif. Héroux/Hex est vraisemblablement l’initiateur et le principal organisateur de la « Vague bleue ». Il anime la page Facebook « Le Québec, un pays dirigé par le peuple », qui est à l’origine de l’événement de la « Vague bleue ». Son principal fait d’armes jusqu’à maintenant était l’organisation d’un rassemblement de 15 personnes à La Malbaie durant le sommet du G7 en juin 2018. Il jouit d’une excellente réputation dans la fachosphère québécoise, et les vidéos qu’il diffuse en direct des rassemblements de la droite identitaire sont très suivies. Jocelyn Houle, un hurluberlu qui croit que  « les médias de masse et les politiciens sont contrôlés par les francs-maçons», est un autre membre de Québec Libre en Action.

Les Gardiens du Québec (LGDQ) et leur groupe de « sécurité » SOT (Support opérationnel sur le terrain). LGDQ est l’organisation qui a pris la place de La Horde, une épisodique scission de La Meute. Martine Tourigny, alias Tina Gauthier, a été désignée par Jonathan Héroux comme coorganisatrice de la « Vague bleue ». Le conjoint de Martine Tourigny, Stéfane « Gizmaux » Gauthier, alias Legardien Dukébec, est vraisemblablement un autre membre central de LGDQ et du SOT. Un autre personnage de ce groupe très actif en ligne est Éric « Wild Wolf » Rochon. Guillaume Bélanger a aussi été photographié avec les organisateurs de la « Vague bleue ».

— Le Front patriotique du Québec (FPQ) et son Groupe de sécurité patriotique (GSP), mené par Robert Proulx et autour duquel gravitent un grand nombre de têtes connues des rassemblements identitaires, dont Mario Dallaire, Robin Simon, Sylvain Lacroix et Stéphane Dufresne, lequel a récemment fait l’objet d’un article sur le site de Montréal Antifasciste pour avoir proposé de mener un faux attentat terroriste. Dans les deux dernières années, le FPQ a d’ailleurs été à l’origine des manifestations printanières dont on pourrait dire qu’elles étaient des précurseurs de la « Vague bleue » (23 avril 2017, 15 avril 2018). Le GSP est très proche des III % Québec, une pâle copie de la milice patriotique d’extrême droite créée aux États-Unis en 2008, qui s’est donné pour mission de se déguiser en GI Joe d’opérette pour « protéger » les manifestations identitaires québécoises contre des ennemis imaginaires. Il semble que les III %, sous la houlette de l’« officier commandant provincial » Éric Vachon, soient actuellement en dormance ou en reconfiguration.

— Les soi-disant « Gilets jaunes du Québec » (dont le lien de parenté avec le mouvement français est tellement ténu qu’il est pratiquement inexistant) regroupent une poignée de membres et militant-e-s d’autres véhicules identitaires, divers électrons libres et plusieurs personnages folkloriques (dont le « Piratriote » Michel Éthier, le gosseux de styrofoam Claude Roy, et d’autres). Michel Meunier, alias Mickey Mike, un suprémaciste notoire qui s’est réjoui du massacre de 50 personnes de confession musulmane à Christchurch et avait souhaité un nouvel attentat contre la communauté musulmane du Québec en décembre 2017,  s’est offert pour faire du repérage et de l’affichage dans le secteur où doit avoir lieu la « Vague bleue ». Luc Desjardins est un autre « gilet jaune » qui mobilise activement pour la « Vague bleue ». Une figure centrale de cette distribution de bozos est le super-clown Pierre Dion, dont la soif chronique d’attention nous permet d’anticiper avec quasi-certitude qu’il sera de la partie.

Storm Alliance (SA) (et son groupe de sécurité « DFSA », pour Défense fortifiée Storm Alliance) appelle aussi ses membres à se présenter au rassemblement. Rappelons que SA est issu d’une scission des Soldiers of Odin Québec et s’est illustré en organisant plusieurs rassemblements anti-immigration dans les dernières années, notamment à la frontière avec les États-Unis. Nadia Fradette, alias Nadia Dumont, membre de Storm Alliance, qui est une participante typique de la fachosphère par ses partages xénophobes et islamophobes, organise les transports en bus vers la « Vague bleue ».

///

À peu de choses près, tous les groupuscules identitaires mobilisent donc pour ce rassemblement, à l’exception de La Meute, qui autorise toutefois ses membres à s’y rendre sans leurs couleurs, et les organisations ouvertement fascistes comme Atalante, ou secrètement nazies comme la FQS.

La présence d’islamophobes et de racistes notoires comme Michel Meunier au sein de l’organisation de la « Vague bleue », et le fait que les autres militant-e-s ne s’en dissocient pas malgré la montagne de preuves accumulées de leur intolérance raciste, démontre clairement la vraie nature de cet événement. Ce n’est pas tant un rassemblement pour le Québec que contre l’immigration et les communautés musulmanes.

Montréal est et restera antiraciste. La « Vague bleue » n’est pas la bienvenue à Montréal! Ce n’est que par l’action concertée et déterminée des résidentes et résidents de notre belle ville que nous pourrons bloquer le chemin aux xénophobes et réaffirmer son caractère accueillant et diversifié.

Parce qu’à Montréal, c’est comme ça qu’on vit!

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Appel à manifester:

PAS DE RACISTES DANS NOS QUARTIERS

Manifestation antiraciste en marge du rassemblement de la “Vague Bleue

4 mai 2019, midi Métro Papineau

–> https://www.facebook.com/events/395532084510020/

Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste

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Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Il eut suffi d’un clin d’œil pour passer à côté de cette histoire en novembre dernier, celle de Stéphane Dufresne (proche des III % Québec et du Front patriotique du Québec), de sa discussion privée au sujet de la nécessité d’un « fake attentat terroriste » et de ses nombreuses allusions à « des plans concrets ». Même si l’histoire est d’abord apparue en ligne en mars 2018, la seule mention de cette affaire dans les médias de masse est arrivée six mois plus tard dans un article de la Gazette. Montréal Antifasciste a par ailleurs été en mesure de tracer un lien direct entre Stéphane Dufresne et un homme soupçonné par la GRC d’avoir voulu importer des armes au Canada dans un dessein terroriste. Le contexte entourant ce fait divers étant pour le moins préoccupant, nous avons cru bon nous y pencher un peu plus attentivement.

La fuite du groupe de discussion

Tout a commencé en mars 2018, lorsque le compte Twitter Le Troupeau révélait le contenu d’une discussion privée impliquant un certain nombre d’individus actifs dans différents groupes d’extrême droite québécois. Le salon de discussion en question s’appelait « Patriotes du Québec » et était hébergé sur la plateforme MeWe (une sorte d’imitation de Facebook). Au fil de la discussion, l’utilisateur « Phénix le Patriote » (qui a plus tard changé son pseudonyme pour « Stéphane le Patriote ») laisse tomber : « Il faudrait un fake Attentat [sic] terroriste pour réveiller les crisses d’endormis question de leur fourrent [sic] la trouille », ce à quoi l’utilisateur Heinrich Himmler répond : « Ouan mais au [sic] ultra grosse précaution ». Il est bien sûr souvent difficile de différencier les paroles creuses des authentiques menaces d’action dans les réseaux sociaux, mais la réponse de « Phénix » à cette mise en garde suggère l’existence de vrais plans : « Oui, évidemment!!!! Mais t’inquiète, plusieurs actions s’en viennent ».

« Phénix le Patriote » exprime un point de vue étonnant sur le terrorisme.

Dans le même salon de discussion, « Phénix » se vante de ses prouesses au champ de tir (image 2cibles chat.jpg) et mentionne qu’il s’entraîne au Krav Maga (un assemblage de différentes techniques d’arts martiaux).

« Le Patriote » exhibe ses cibles de pratique de tir.

« Le Patriote » s’entraîne au KravMaga.

Qui participait à cette discussion?

Qui donc se trouvait dans ce groupe de discussion à l’abri des regards indiscrets? « Phénix Le Patriote », qui a changé son pseudo pour « Stéphane Le Patriote » au courant de la discussion, laisse une série d’indices exposés dans la fuite du Troupeau. Le plus flagrant de ces indices est la photo de lui-même que « Le Patriote » affiche dans le groupe de discussion, car il a eu la maladresse d’afficher une autre image de lui portant les mêmes vêtements sur son compte personnel (Stéphane Dufresne) sur Facebook:

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, dans le groupe de discussion MeWe.

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, sur le compte Facebook personnel de Stéphane Dufresne.

En jetant un coup d’œil au compte Facebook de Stéphane Dufresne, on s’aperçoit d’ailleurs assez vite que son profil d’utilisateur reprend le surnom « Le Patriote », tout comme son compte MeWe:

Son nom d’utilisateur Facebook est « Stéphane Dufresne (Dit Le Patriote) »

Et qu’il suit des cours de Krav Maga à Joliette:

Dufresne “feeling awesome at Dojo Yosanryu”, à son cours de Krav Maga.

La mention de Joliette correspond également avec les photos des cibles mentionnées ci-dessus, qui sont marquées du logo du Club de tir de Lanaudière, précisément situé à Joliette, Québec:

Le logo des cibles de pratique du « Patriote » correspond à celui du Club de Tir de Lanaudière.

Le blouson distinctif de Dufresne est aussi un indice clé permettant de le détecter dans les nombreuses manifestations auxquelles il a participé (voir ci-dessous), puisqu’il porte invariablement le même écusson du tricolore patriote sur le bras gauche et le drapeau du Québec sur le bras droit, comme ici, lors de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ », à Montréal, le 23 avril 2017.

Dufresne, à droite, avec le même blouson que dans le groupe de discussion sur MeWe. On reconnaît sur la même photo Robert Poulx, à gauche, et le bonehead Philippe Gendron, pantalon rouge, dans le service de « sécurité » de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ » du Front patriotique du Québec, le 23 avril 2017.

Voilà qui règle le cas de Dufresne, mais qui sont les autres individus qui prennent part à cette discussion? La personne se cachant derrière le pseudo « Heimlich Himmler » (l’un des membres dirigeants du parti nazi, numéro un des SS et principal maître d’œuvre de l’Holocauste), qui conseille à Dufresne de prendre de « grosses précautions » est lui aussi assez facile à identifier, puisque Dufresne s’adresse à lui par le nom d’Alan Kovak:

Dufresne réfère à « Heinrich Himmler » comme Alan Kovak.

Alan Kovak (de son vrai nom Martin Minna) a traîné pendant un temps avec des militant-e-s d’Atalante, comme on peut le constater dans cette photo qu’il a lui-même publiée sur Facebook, avec Shawn Beauvais-MacDonald et d’autres bozos racistes, lors d’une soirée d’affichage à Montréal ciblant des personnalités « de gauche », en janvier 2017:

La publication Facebook de Martin Minna (à droite), alias Alan Kovak.

Le voici encore qui exhibe ce qui semble être ses propres tatouages nazis – zéro points pour l’originalité, soit dit en passant:

Les (présumés) tatouages nazis de Martin Minna.

Il a aussi utilisé une photo de sa face de marde dans le salon de discussion MeWe:

L’image de profil de « Heinrich Himmler » correspond à la photo de Minna/Kovak sur Facebook.

… et fait certainement référence à la bévue épique dont il s’est rendu responsable en publiant une photo de son groupe de tarlactivistes d’Atalante lorsqu’il dit : « Me su fait prendre quand j’ai fait une job ak atalante .. next time c ultra secret [sic] »:

« Himmler » évoque sa besogne bâclée pour Atalante.

Des captures d’écran montrent aussi que Lucien Lalonde et Carl Blanchette participaient à la discussion sur MeWe; ces deux personnages sont membres ou sympathisants du Front patriotique du Québec. Lalonde a un penchant évident pour la posture macho, par exemple dans cette capture datant d’août 2017 où il suggère d’utiliser un AK-47 comme « remède » aux migrant-e-s (pour la plupart des réfugié-e-s d’origine haïtienne) qui traversaient la frontière à ce moment-là:

Lucien Lalonde est membre du Front patriotique du Québec.

Lucien Lalonde propose d’utiliser un AK-47 contre les migrant-e-s.

Carlito (Carl) Blanchette est membre du Front patriotique du Québec.

Portrait de Stéphane Dufresne

En y regardant de plus près, il y a beaucoup à apprendre sur Stéphane Dufresne à partir de ses activités en ligne.

La page « À propos » du compte Facebook de Stéphane Dufresne.

On peut voir ci-dessous qu’il travaille pour la Société de reconstitution du Bas-Canada, à « reconstituer » la Rébellion des Patriotes de 1837-1838, et qu’il gère une entreprise de construction « Constructions Stepco » à partir de son adresse résidentielle à Saint-Charles-Borromée, à proximité de Joliette:

Constructions Stepco est enregistrée comme appartenant à Stéphane Dufresne à son adresse résidentielle.

La vie est belle à Saint-Charles-Borromée, bien qu’il semble irrité par la maison bâtie à côté de chez-lui, au point d’être « a veille d’y mettre le feu » [sic]:

Dans son jacuzzi, Dufresne parle de ses projets pour la maison de ses voisins…

La liste de ses intérêts sur Facebook révèle qu’il est un partisan du nationalisme québécois « dur », du Front patriotique du Québec (le groupe où il s’implique le plus) jusqu’aux néonazis de la Fédération des Québécois de souche, ainsi que pas un, mais quatre groupes de milice : la Milice du Québec, la Milice Québecoise [sic] des Droits et Liberté du Québec, la Milice Patriotique Québécoise et la Milice Patriotique du Québec (sans parler du groupe III % Québec dont il fait partie). (Cliquez sur l’image pour l’agrandir). Ça ne l’empêche pas d’être également partisan du Parti Québécois, tout comme la plupart des autres membres du FPQ.

Un échantillon des intérêts de Dufresne sur Facebook.

Dufresne n’est pas un simple membre du Front patriotique du Québec, il est aussi administrateur de son groupe Facebook. La faible participation aux événements du FPQ et le profil démographique vieillissant des participant-e-s expliquent peut-être en partie pourquoi il réitère constamment l’urgence de « réveiller » la population.

Dufresne est l’un des administrateurs de la page Facebook du Front patriotique du Québec.

Dufresne est aussi devenu très proche des III % Québec; il se présente régulièrement pour participer à leurs contingents de « sécurité » lors de différents événements organisés par la droite identitaire, piétinant autour de manifestations dégarnies, accoutré en militaire de pacotille et prenant part à des photos de groupe… À un moment donné, il semble même s’essayer à reproduire le signe de main distinctif des III %:

Dufresne (tout à gauche) avec les GI Joe d’opérette des III % Québec.

Qui sont les III% Les III %, ou Three Percenters, sont une milice armée fondée aux États-Unis en 2008. Une bizarre imitation de leurs congénères étatsuniens, les III % canadiens, même s’ils se décrivent comme des « patriotes défendant nos droits », sont principalement obsédés par deux choses : ce qu’ils s’imaginent être une invasion de l’Islam au Canada (comme la plupart des groupes d’extrême droite), et les armes à feu. La plupart des sections locales exigent de leurs membres qu’ils aient un permis de possession et d’acquisition, et le groupe fonctionne suivant une organisation hiérarchique imitant celle de l’armée. Les III % se mobilisent généralement pour assurer la « sécurité » pour des personnalités ou des événements d’extrême droite, comme Faith Goldy ou La Meute. Au Québec, en novembre 2017, plusieurs membres ont signifié leur intention de participer à un rassemblement pro armes à feu (annulé) au site d’une commémoration de l’attentat antiféministe de Polytechnique, lors de l’anniversaire du massacre des 14 victimes (l’organisateur de cet événement manqué, Guy Morin, était aussi membre du groupe Facebook des III % Québec).

L’ironie n’échappe probablement pas à Dufresne qu’il fait maintenant partie d’un groupe « patriote » pancanadien (les III %) qui est patriotique… à l’égard du Canada! On ne peut qu’imaginer la grimace qu’il devait faire, debout sur le parterre du parlement canadien avec ses fiers congénères threepers, derrière un drapeau du Canada, alors que toute sa raison d’être semble se résumer à l’espoir d’un soulèvement armé pour réaliser l’indépendance et la séparation du Québec!

Le patriote québécois Dufresne devant le parlement canadien et derrière le drapeau du Canada. Malaise.

Dufresne est aussi membre du groupe secret de La Meute, même si le grand « manie-tout » de La Meute, Sylvain Brouillette a dit que Dufresne « n’est pas le genre de personne que l’on recherche comme membre », dans l’article de la Gazette mentionné ci-dessus.

Dufresne était toujours membre du groupe secret de La Meute au 1er janvier 2019.

Des manifs, et encore des manifs

Dufresne est certainement l’un des individus les plus présents, voire LE plus assidu, aux manifs d’extrême droite au Québec au cours des quelques dernières années. Même s’il a commencé comme une espèce d’agent libre, s’affichant autant auprès de La Meute (« Contre la motion M-103 ») que des Soldiers of Odin (pour essayer d’intimider les participant-e-s à l’événement « Learn to Resist » à l’Université Concordia) ou d’autres islamophobes random (à l’extérieur de la mosquée Ahlillbait à Montréal), il semble avoir trouvé sa place définitive avec les services de « sécurité » des III % (« Unis pour la protection des frontières », au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, « Dehors les libéraux », à Montréal, ou contre le « Pacte mondial sur les migrations de l’ONU », à Ottawa).

Dufresne a participé à au moins dix événements publics d’extrême droite au cours des dernières années.

Le bavardage en ligne de Dufresne

Il devient vite évident, lorsqu’on examine les publications de Dufresne, qu’il est amèrement déçu de l’état actuel du mouvement indépendantiste. L’échange ci-dessous, suivant la manifestation contre le projet de loi M-103, est un exemple éloquent de cette frustration : « C’est Fini le Quebec [sic] j’ai l’impression…. ils ont trouvé le moyen de Nous [sic] écraser », « On est mal foutu ». Plus loin dans la même discussion, il dit : « va falloir sortir les “teasers” pour en réveiller une crisse de gang » (le « teaser » étant vraisemblablement un pistolet à impulsion électrique « taser »).

Dufresne croit qu’il faut sortir les “teasers” [sic] pour en réveiller « une crisse de gang ».

Il ne cache pas son islamophobie, un sentiment universellement répandu dans les cercles de la droite national-populiste, comme en fait foi l’échange ci-dessous où il déclare : « Ma religion m’interdit de me faire servir par quelqu’un qui ne respecte par [sic] mes valeurs fondamentales et qui veux [sic] m’imposer les siennes dans MON PAYS!!!!!! », suivi de : « Moi je dis : si tu n’es pas content DÉCRISSE Mais à voir ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient … on est [sic] pas sorti de l’auberge et nos estis de gouvernements qui les laissent rentrer à pelleter [sic] ».

Dufresne : « si tu n’es pas content DÉCRISSE ».

Dufresne est aussi clairement acquis à l’idée que le Québec a besoin d’une milice. La discussion ci-dessous reprend quelques-uns de ses thèmes préférés : sa déception quant à l’état actuel des choses, ses « plans » qui sont en chantiers, et la nécessité d’une milice. Il commence ainsi : « Et boy, on en est vraiment rendu à se justifier dans notre pays?!?!?! C’est rendu grave. » De nouveau, il suggère d’acheter « des teasers » parce que « y en a qui dorment en crisse ». Plus loin dans la discussion, il dit : « Il serait temps d’une brigade (milice) Québecoise [sic] ». Plus loin encore, Martin Bédard affiche une vidéo de la Milice patriotique québécoise, une milice armée aujourd’hui défunte dirigée par un militant d’extrême droite, le Major Serge Provost. Dufresne répond : « J’ai vu tout ça déjà jsi [sic] essayé de joindre Serge provost [sic] l’automne dernier. »

Dufresne au sujet des milices.

Il a aussi publié sur la page Facebook de la Milice du Québec , qu’il « et prêt » et que « des structure [sic] sont déjà en place ».

 

Il fait par ailleurs souvent mention de ses « plans », comme dans l’échange ci-dessous où Alf Turcotte dit : « En pré élection, on croise le fer plus souvent », ce à quoi Dufresne répond : « Je l’espère .. on a plusieurs actions en branle !!!!! Ces prochaines élections auront très [sic] grande influence sur notre existence même. Et le monde dors [sic] encore au gaz!!! Chu en TBNK. »

Dufresne dit avoir « plusieurs actions en branle ».

Ou comme dans cet échange avec Dave Tregget (l’ancien leader de Soldiers of Odin Québec et fondateur de Storm Alliance) révélé par Le Troupeau, où il dit : « Dave, on a des projets-clé [sic] en mains… Voyons ce que cela donnera », ce à quoi Tregget répond : « Il faut en parler Stéphane… ». Dufresne dit alors : « très bientôt ».

Une autre référence de Dufresne à ses projets en chantier.

Des discussions ci-dessus, on constate que Dufresne est désabusé par le déclin du mouvement indépendantiste, qu’il veut donner un choc électrique aux gens pour les « réveiller », qu’il souhaite créer une milice québécoise et qu’il fait plusieurs fois allusion au fait qu’ils a « des plans ».

Liens de proximité avec un individu arrêté en vertu d’accusations liées au terrorisme

En 2017, la GRC a été alertée par les autorités américaines à l’effet qu’un Montréalais répondant au nom d’Alexandre Louis Fallara essayait de faire entrer des armes au Canada à partir des É.-U. Une enquête plus approfondie a révélé que Fallara n’était pas un simple nationaliste, mais une espèce de « National Bolchévique, ou « Nazbol », qui publiait un grand éventail de commentaires où il disait notamment être prêt à tuer ou à sacrifier sa vie pour le Québec.

Qu’est-ce qu’un « nazbol »? Bien qu’historiquement, le national-bolchévisme désigne une tendance particulière à l’intérieur du mouvement communiste international, dans le contexte de la lute antifasciste contemporaine, ce terme (souvent abrégé sous la forme « nazbol ») est une souche du néofascisme qui a surgi après la chute de l’Union soviétique, en partie sous l’influence d’éléments issus des services de sécurité de l’État soviétique. Les « nazbols » reprennent les symboles et s’identifient avec certaines parties de l’histoire des mouvements communistes et anti-impérialistes, souvent avec un accent marqué sur la période stalinienne et s’appuyant sur un antisionisme grossier. Le contenu social et internationaliste des mouvements communistes est minimisé, déformé ou éliminé, alors que les aspects conservateurs et xénophobes de leur histoire sont accentués et souvent recadré dans une perspective raciste. Le national-bolchévisme est une idéologie très éclectique; ses principales manifestations aujourd’hui présentent un nationalisme extrême, une opposition à « l’immigration de masse » (surtout celle des musulmans en Europe), un antiaméricanisme violent et une hostilité à l’égard de la « décadence » et du « libéralisme occidental », ce qui se traduit généralement par une haine des Juifs et des personnes LGTBQ. Sans y être identique, le national-bolchévisme se rapproche de l’idéologie de la « quatrième position » d’Alksandr Dugin, et les deux ont été soutenus par certains éléments de l’État russe sous la gouverne de Vladimir Poutine.

Comme La Presse l’a rapporté dans un article daté du 22 juillet 2017, la GRC a appréhendé Fallara en vertu de l’article 810.2 (3) du Code criminel, qui donne à l’État le pouvoir d’imposer des conditions à une personne soupçonnée d’avoir l’intention de commettre un crime violent, même si la personne n’a encore commis aucun geste criminel. Ses conditions lui interdisent d’avoir en sa possession des armes, des explosifs ou ce que la Couronne décrit comme « du matériel terroriste ». (Même si nous sommes complètement opposés à ce que nous connaissons des orientations politiques de Fallara, les possibles répercussions de cet instrument de contrôle en matière de répression ne devraient pas échapper aux lecteurs et lectrices…)

Enterré dans le dernier tiers de l’article, on apprend que Fallara s’est aussi vu interdire de parler avec son ami, Stéphane Dufresne. Cela soulève évidemment la question : serait-il possible qu’il s’agisse du Stéphane Dufresne qui fait l’objet de cet article?

Par chance, les comptes Facebook et VK de Fallara sont toujours en ligne et non censurés (il lui est interdit d’utiliser les médias sociaux, mais ses comptes sont restés intacts depuis la date de son procès). Sur son profil VK.com, sous le pseudonyme Vladimir-Velikayavich Zaytsev-Zorrov, on peut le voir avec le même déguisement que sur la photo illustrant l’article de La Presse.

Une photo de Zaitsev/Fallara avec le même costume que dans l’article de La Presse.

Son profil VK.com compte encore un grand nombre de statuts de type « appels aux armes », comme celui-ci, où il indique : « je m’en fou [sic] si je vais en prison ou [sic] si je me fais tué [sic] ou si je me fais éxécuté [sic]. (…) J’en serais fier si le people Québécois [sic] se lève enfin ». Il mentionne également, assez mystérieusement : « Cependant je ferais un autre souhait. Notre deuxième en commande [sic] prendra ma relève si quelque chose devrait [sic] m’arriver. » Plus tard dans ce même statut, il écrit : « Si ce que j’ai l’intention de préparer se produit et que j’arrive à avoir de quoi (je ne vais rien élaborer icitte sur FB) sâches [sic] que notre révolution commencera avec un gros BOOM. »

Un statut de Fallara qui a probablement attire l’attention de la GRC.

Il a raccourci son nom à Vladimir Zaitsev sur Facebook, et son compte est encore tel qu’il l’a laissé quand ses conditions lui ont été imposées. Son mur est tapissé d’un mélange toxique de nationalisme québécois, d’islamophobie et d’homophobie.

Quelques unes des centaines de photos haineuses que Fallara a relayées sur Facebook.

Il se trouve Que Falarra était bel et bien ami avec notre Stéphane Dufresne : on peut voir qu’il a commenté une photo de la façade de son domicile que Dufresne a publié en privé.

Vladimir Zaitsev (Alexandre Fallara) affichant un commentaire encourageant sous une photo privée de Dufresne.

Il semblerait que les deux soient en fait de très bons amis, se référençant mutuellement sur de nombreux statuts, comme dans celui-ci où Dufresne est taggué, qui semble indiquer une espèce de lien d’amitié (les deux s’appellent « tovarisch » à tours de bras, ce qui signifie camarade, ou ami).

Amitié évidente entre Dufresne et Fallara.

Dans un autre statut, Fallara indique qu’il est « avec Stéphane Dufresne et 3 autres personnes » et il appelle Dufresne « l’un ne nos camarades patriotes les plus déterminés ».

Fallara et Dufresne s’échangent des bons mots.

Comme l’on pourrait s’y attendre, ils discutent également d’éventuels soulèvements violents, comme dans l’interaction suivante, où Fallara demande en russe, « Quand est-ce qu’on va à la guerre… », ce à quoi Dufresne répond, « Actuellement ».

Fallara demande « Quand est-ce qu’on va à la guerre… »

Dufresne est aussi taggué dans une vidéo super louche où Fallara fait des katas dans son salon avec un couteau de cuisine, sous laquelle il dit que « ça sera pratique en combat rapproché ».  Dufresne « like »la vidéo…

Fallara se fait aller le couteau, ce que “like” Dufresne.

Dans un autre statut de Fallara, où il vante les vertus du soulèvement armé (et où il taggue à nouveau Dufresne), on constate que Dufresne rétorque peu après avec le commentaire laconique : « milice citoyenne ». Commentaire apprécié en retour par Fallara.

Stéphane Dufresne et Alex Fallara semblent tous les deux avoir une affection particulière pour les milices et les soulèvements armés.

Fallara a finalement été cueilli par la GRC et est visé par des accusations liées au terrorisme, et l’une de ses conditions est de ne pas s’associer  avec son ami Stéphane Dufresne. Cela soulève immédiatement des questions : pourquoi Stéphane Dufresne a-t-il été nommé dans le dossier de Fallara? Et était-il impliqué dans le même type d’activité qui a valu à Fallara les soupçons de la police et ces graves accusations?

Conclusion

Lorsque la fuite de la discussion privée a été révélée par Le Troupeau, nous avons appris que Stéphane Dufresne parlait de la nécessité de faire un faux attentat terroriste pour « réveiller les crisse d’endormis » et qu’il avait « plusieurs actions en branle ». C’est en soi assez préoccupant, mais un examen plus attentif de son activité en ligne permet de dégager le portrait d’un homme présentant d’autres signes alarmants : qui répète constamment qu’il veut réveiller les gens, qui se pratique au tir et aux techniques de combat à mains nues, qui cherche la parfaite formule pour une milice québécoise (mais qui en attendant s’est associé à une organisation de milice pancanadienne), et fait plusieurs allusions à de mystérieux « plans ».

Nous sommes bien conscient.e.s que cette histoire est trouble : nos propres convictions politiques s’inscrivent directement contre le programme répressif et soi-disant antiterroriste de l’État, c’est d’ailleurs pourquoi nous éprouvons le besoin de mener nos propres enquêtes. Bien que nous ne soyons pas en mesure d’exploiter les sources de l’État, nous ne pouvons pas exclure ce que nous apprenons de leurs enquêtes et manœuvres. Dans un contexte où les actes violents de l’extrême droite « révolutionnaire » se multiplient, nous devons rester vigilant.e.s, tout en cherchant à répondre aux difficiles questions : quoi faire et comment intervenir efficacement.

Voilà par ailleur un autre exemple de la pollinisation croisée et de la socialisation entre les différents groupes d’extrême droite au Québec : nous voyons de plus en plus les miliciens des III % assurer la « sécurité » dans les manifestations des groupes nationalistes « durs », et dans ce cas-ci on voit un néonazi impénitent (Martin Minna) discuter secrètement de plans indéfinis avec des « patriotes » (Dufresne et Lalonde). L’extrême droite locale continue de se fragmenter et de se reconfigurer de différentes manières, et doit être confrontée sous toutes ses formes à chaque occasion.

Bilan d’action de la veille de solidarité/contre-manifestation du 16 mars 2019

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Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Le samedi 16 mars, au lendemain de la tuerie de Christchurch, Montréal Antifasciste a organisé un rassemblement de solidarité envers les victimes, qui s’est aussi avéré être un contre-rassemblement antiraciste, étant donné la présence d’islamophobes notoires, dont un s’étant publiquement dit « reconnaissant » envers le terroriste.

En voici un bilan :

Au lendemain de l’attentat terroriste commis par un suprémaciste blanc ouvertement fasciste en Nouvelle-Zélande, nous étions sous le choc. En plus de la nature profondément abjecte de l’attaque — le tueur a pris soin de filmer la mise à mort de 50 personnes fréquentant deux mosquées — deux choses nous sont apparues évidentes. D’une part, le terroriste s’était inspiré du discours « écofasciste » pour la rédaction de son manifeste, ce qui n’est pas sans rappeler les idées portées par Atalante Québec et d’autres organisations néofascistes. D’autre part, il avait, en inscrivant son nom sur une de ses armes et sur un chargeur, dédicacé son attaque au terroriste québécois Alexandre Bissonnette.

Nous étions également choqué.e.s par les publications de la fachosphère québécoise, qui au mieux ne croyait pas à la véracité de cet attentat, et au pire s’en réjouissait. Comble d’infamie, nous avons rapidement réalisé que plusieurs de ces individus islamophobes avaient prévu de se rassembler le samedi 16 mars dans le cadre de la manifestation hebdomadaire des (faux) « gilets jaunes » devant l’édifice du réseau TVA à Montréal.

Souhaitant honorer la mémoire des personnes assassinées, tout en empêchant des racistes qui s’étaient réjouis du massacre de s’installer devant TVA, nous avons fait le choix d’appeler à un rassemblement de solidarité à l’endroit précis où ils se réunissent habituellement. Nous étions pris par le temps et ne savions pas encore que près d’une dizaine d’initiatives de solidarité allaient suivre la nôtre, dont certaines ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Nous avons osé espérer que notre rassemblement ferait hésiter les islamophobes et qu’ils et elles ne se présenteraient pas devant TVA afin de respecter cette notion élémentaire et universelle qu’est le deuil.

Nous avions sous-estimé leur indécence…

Le samedi matin dès 11 h, c’est près d’une centaine de personnes de toutes allégeances qui ont répondu à l’appel de Montréal Antifasciste pour se regrouper devant les portes de TVA et derrière la banderole « Contre le racisme et la haine ». Des personnes présentes sur place se sont alors relayées au micro. Vers 11 h 30, des personnes vêtues de gilets jaunes se sont présentées sur le trottoir devant nous. Quelle n’a pas été notre (désagréable) surprise de découvrir que le premier d’entre eux n’était nul autre que Pierre Dion, militant islamophobe, récemment interdit de médias sociaux pour une série de menaces et d’agressions verbales. Un peu moins d’une vingtaine de « gilets jaunes » se sont finalement rassemblés. Nous savons que parmi ceux-celle-ci, plusieurs n’avaient pas conscience d’être entouré.e.s d’islamophobes, nous ne les blâmerons donc pas tous et toutes. Nous croyons toutefois que cet article doit leur servir d’exemple.

Voici une liste non exhaustive des militants d’extrême droite qui étaient présents :

Pierre Dion, islamophobe notoire, homophobe et conspirationniste, qui se veut le leader d’un gang hétéroclite de zinzins nationalistes qui feraient paraître La Meute pour de fins diplomates.
Michel Meunier, alias Mickey Mike, Mickey Mayer et Mickey Myers, islamophobe et apologiste du terrorisme (il a, par exemple, souhaité qu’un nouvel attentat islamophobe ait lieu dans une mosquée du Québec et s’est dit « reconnaissant » pour le geste du terroriste de Christchurch).
Michel Ethier, alias “Le Piratriote”, islamophobe vulgaire adepte des injures en CAPS LOCK et membre du Front patriotique du Québec.
Mario Dallaire, islamophobe ayant été plusieurs fois aperçu dans les rassemblements de Storm Alliance et contingents de « sécurité » des manifs d’extrême droite.
Robin « Le prophète » Simon, membre du Front patriotique du Québec et de son groupe de sécurité, le GSP, aujourd’hui associé à la milice III %.
Claude Roy, islamophobe et bricoleur, connu pour ses créations en styromousse au goût douteux et ses lamentations répétées à l’effet que personne n’en veut…
André Boies, propagandiste islamophobe et conspirationniste, propriétaire du site de désinformation Les Manchettes et traducteur du manifeste du terroriste de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. (Boies dit avoir été là “par hasard”, mais permettez-nous d’en douter.)

Sans trop se forcer, on en arrive donc à 7 militants connus pour leurs propos islamophobes et racistes présents sur place, dans un rassemblement d’à peine 20 personnes. Il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur ce pseudo mouvement des « gilets jaunes » du Québec!

Évidemment, en tant qu’antifascistes et antiracistes, nous ne pouvions pas garder les bras croisés ni le silence de rigueur lors d’une veille. Entre 12 h et 15 h, heures prévues du rassemblement des « gilets jaunes », nous avons couvert leurs voix et leurs invectives grâce à des slogans, et les avons empêché.e.s de traverser la rue à deux reprises, malgré la présence d’un dispositif policier musclé.

Ce fut également pour nous l’occasion de découvrir avec stupéfaction ce mouvement des « gilets jaunes » ainsi que ceux et celles qui le composent. À dire vrai, nous nous étions jusqu’alors peu intéressé.e.s à eux et elles; autant dire que nous avons appris des choses intéressantes…

On le sait maintenant avec l’expérience, depuis 4 ans les groupuscules de l’extrême droite québécoise islamophobe (d’abord PEGIDA Québec, puis La Meute, Storm Alliance, le Front patriotique du Québec et tous les groupuscules boiteux qui en sont issus) ont systématiquement besoin d’une date de manifestation, comme un rituel pour justifier leur existence et nier leur propre insignifiance, telle une fuite en avant de plus en plus risible. Cette prochaine manifestation rituelle est nommée la « Vague bleue » et annoncée pour le 4 mai… Une fois encore, devant les locaux de TVA. C’est décidément une obsession! Tous les groupes islamophobes, réels ou virtuels, à l’exception de La Meute, semblent appeler à participer à cette « Vague bleue ».

On le voit également depuis bientôt 4 ans, à chaque fois qu’on empêche l’extrême droite de manifester, celle-ci s’affaiblit…

Bilan critique :

Nous en sommes conscient.e.s, le rassemblement du samedi 16 mars dernier a davantage pris les allures d’une contre-manifestation que d’une vigile consacrée au recueillement. Nous aurions aimé nous recueillir, mais la présence de plusieurs islamophobes de l’autre côté de la rue nous en a empêchés. Heureusement, dans la semaine qui a suivi, de nombreux autres rassemblements ont eu lieu à l’image de Montréal : dignes et diversifiés.

Nous sortons malgré tout renforcé.e.s d’une telle expérience. Nous avons su mobiliser rapidement (en moins de 24 h) et en nombre (plus de 100 personnes au total) nos allié.e.s immédiats ainsi que des membres de plusieurs communautés de Montréal.

Fait notable et encourageant, nous avons bénéficié d’un soutien populaire assez flagrant, bien que l’emplacement choisi — devant TVA, sur Maisonneuve — soit un lieu de passage peu fréquenté et peu accueillant : on peut penser au groupe de personnes faisant leur jogging et qui ont fait un doigt d’honneur bien haut en direction de Pierre Dion, aux cyclistes et taxis qui nous ont encouragé.e.s toute la journée, aux voisins et voisines qui nous ont apporté des gallons de café et de chocolat chaud, a celui qui est venu nous remercier, excédé par des semaines de commentaires islamophobes et racistes sous ses fenêtres, ou encore aux rares passants et passantes qui se sont arrêté.e.s quelques minutes ou plus pour discuter et échanger avec nous ou envoyer une volée de noms d’oiseaux bien sentis à la gang de Pierre Dion. Nous les remercions tous et toutes de leur appui! La solidarité est aussi une affaire de petits gestes concrets.

– Montréal Antifasciste

///

P.-S. Du rififi chez les «Gilets Jaunes»

Lors de notre passage devant TVA le 16 mars dernier, il eût été impossible de ne pas remarquer la présence et les frasques comiques d’Anderson Dufresne, qui toute la journée gesticulait dans tous les sens sur son “hoverboard”, dansait, chantait, faisait des culbutes… et servait de parade bien commode aux accusations de racisme (Dufresne étant noir). Les faux gilets jaunes, Pierre Dion en tête, ont bien dû répéter 50 fois en trois heures «qu’il ne peuvent pas être racistes», puisqu’ils ont un ami noir avec eux! Or dans les semaines qui ont suivi ce rassemblement, les choses se sont envenimées entre Anderson Dufresne et la pourriture raciste Michel Meunier, dont il est question ci-dessus. Meunier a multiplié les appels à purger Dufresne des «Gilets Jaunes», les esprits se sont échauffés, et Meunier a finalement laissé libre cours au racisme le plus grossier, avec les encouragements de quelques autres «Gilets Jaunes», mettant ainsi au jour les contradictions internes qui minent ce pseudo-mouvement. Lisez ce billet de Xavier Camus  pour les détails.

Collabos de la CAQ

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Avr 042019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

** À partager largement dans le milieu de l’enseignement et ailleurs **

La Coalition Avenir Québec va de l’avant avec son interdiction du port de signes religieux chez plusieurs travailleuses et travailleurs du secteur public.

Peu importe le parti au pouvoir, nous nous opposons à ce que le gouvernement dicte aux gens comment s’habiller, en plus d’alimenter la peur et la haine des personnes musulmanes, et plus particulièrement des femmes musulmanes, sous le prétexte de la «laïcité».

Toute politique gouvernementale ne prend effet qu’à travers ceux et celles qui l’appliquent et qui y collaborent. C’est pourquoi nous lançons un appel à identifier ceux et celles qui, dans les établissements publics, participent à l’application de cette loi. Cela peut se traduire par exemple par une personne qui appelle la police si unE employéE de son établissement porte un signe religieux, qui l’harcèle, qui la dénonce à son supérieur, qui la met à la porte ou encore qui refuse de l’embaucher pour cette raison.

Nous vous invitons à nous transmettre les informations dont vous disposez sur celui ou celle qui applique la loi (nom, organisme, poste, photo, etc.) avec une description de ses actions et leurs conséquences à doxxlescollabos@riseup.net. Nous ferons nos propres recherches pour pouvoir ensuite publier le plus d’information possible sur la personne donnant acte au racisme d’État.

Nous sommes conscientEs que la loi s’appliquera entre autres à des flics de tout genre. Les flics sont les chiens de garde de ce système pourri basé sur le colonialisme et le racisme, alors faut dire qu’on s’en câlisse de la sécurité d’emploi d’un flic, peu importe sa religion. En conséquence, précisons pour la forme que toute information reçue relative à un corps policier ou un gardien de prison servirait uniquement à alimenter les recherches sur les liens entre ces agences et les groupes d’extrême-droite au Québec.

Nous ne nous calmerons pas. Si vous collaborez avec le gouvernement en faisant la police des signes religieux dans un milieu de travail, on vous watch!

Le jour même du massacre de Christchurch, un propagandiste islamophobe du Québec a traduit et publié le manifeste du terroriste

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Mar 262019
 

De Montréal-Antifasciste

Le vendredi 15 mars 2019, moins de 24 heures après la tuerie islamophobe perpétrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, l’animateur d’un site Internet québécois a publié et diffusé une traduction française du manifeste du tueur.

Pour quelle raison voudrait-on amplifier le message du tueur en se précipitant pour en produire une traduction? Ça n’est pas un innocent faux pas qu’on pourrait simplement imputer à la maladresse d’un mauvais journaliste : c’est une amplification volontaire du signal (signal boost) du manifeste islamophobe. D’autant plus que le traducteur a une histoire chargée et documentée d’islamophobie en ligne.

Rappelons que dans le cadre de son opération de propagande et de relations publiques, le tueur avait lui-même publié son manifeste de 74 pages, où il expose sa démarche, prête allégeance à l’idéologie fasciste et appelle les suprémacistes blancs du monde entier à imiter son geste abominable.

Mais qui a bien pu publier le manifeste en français?

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant la lecture du manifeste du terroriste de Christchurch.

 

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant le téléchargement du manifeste du terroriste de Christchurch.

Il s’agit du site internet Les Manchettes, qui existe depuis 2017 et se spécialise dans le partage et le spin de fausses nouvelles, de théories du complot et de textes d’opinions, nationalistes, conservatrices et islamophobes. Tout indique que le site Les Manchettes soit le projet d’une seule et unique personne, qui en assure la maintenance et semble signer pratiquement tous les articles, soit André Boies, alias Bo Bois sur Facebook.

Le site Lesmanchettes.com est enregistré au nom d’André Boies.

André Boies fait circuler sur Twitter sa traduction du manifeste du terroriste de Christchurch

Il ne fait aucun doute que Boies est l’auteur de la traduction française du manifeste et que c’est lui qui l’a mise en ligne et diffusée. D’une part, il n’a pas hésité à s’en vanter sur Facebook :

André Boies avoue avoir traduit le manifeste du terroriste de Christchurch.

Et si cela ne suffisait pas à prouver qui est l’auteur de la traduction, Boies a oublié ou n’a pas cru bon de supprimer les métadonnées du document PDF publié en ligne, lesquelles identifient le propriétaire du logiciel employé pour le produire :

Les métadonées de la traduction du manifeste du tueur de Christchurch publié par Lesmanchettes.com indiquent “André Boies” comme auteur.

Dans une discussion avec d’autres islamophobes, Boies explique qu’il a aussi fait une copie de la vidéo de l’attentat « au ka qu’on censure » (sic) :

Qui est André Boies?

 

André Boies est “Bo Bois” sur Facebook.

André Boies, alias Bo Bois, est un designer graphique qui vit actuellement à Montréal. Il est très actif dans la fachosphère nationaliste québécoise, sur Facebook et Twitter, et publie au moins un article par semaine sur le site Les Manchettes. Il travaille dans le domaine de la création Web avec sa compagnie « Graphixab », laquelle est la dernière d’une longue liste d’entreprises éphémères. Il fait aussi profiter la fachosphère québécoise de ses talents de graphiste, en offrant ses services aux militant.e.s d’extrême droite pour réaliser des autocollants lèttes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

Boies, comme la majorité des énergumènes qui composent la nébuleuse d’extrême droite québécoise, est obsédé par l’Islam, comme le démontre entre autres son commentaire ci-dessous (Coudonc, tout le monde la [sic] dit que l’islam c’est de la grosse marde!). Il utilise par ailleurs ses façades de compagnie, comme le compte Twitter « Sticker Decal », pour propager des théories du complot, comme l’idée que l’attentat de Christchurch serait une « attaque sous fausse-bannière » (Sondage : Pensez-vous que l’attentat survenu en Nouvelle-Zélande soit un possible false flag?).

Exemple de commentaire islamophobe publié par André Boies sur Facebook.

 

Le compte Twitter Sticker Decal est l’une des façades d’entreprise d’André Boies.

En ligne depuis à peine quelques années, son site Web compte des dizaines d’articles où il relaie sans aucune retenue l’islamophobie décomplexée qui définit une immense partie des cercles nationalistes de droite et d’extrême droite au Québec, et qui est de plus en plus normalisée partout en Occident. Boies propage aussi sur son site des théories du complot absurdes et diffamantes, comme l’idée que la certification halal au Canada soit un moyen de financer le terrorisme! Il suffit de faire une recherche Google pour se rendre compte de l’obsession que cultive Boies pour l’Islam et les musulmans.

Un exemple de manchette islamophobe trouvée sur le site d’André Boies.

Voici un échantillon de ses publications xénophobes et islamophobes (y compris un graphique à l’appui de la théorie du “grand remplacement”, laquelle est l’élément central du manifeste du terroriste de Christchurch):

La tumultueuse histoire criminelle de Boies révèle que le bonhomme n’est pas étranger à la diffamation! Il s’est même chicané avec la SQ en 2012 à savoir qui était le pire diffamateur entre les deux. Cet incident a dû l’échauder, car il semble être encore aujourd’hui préoccupé par la question…

André Boies est préoccupé par la diffamation.

Un « de souche » qui embarrasse même le Parti Québécois

Boies fait manifestement partie de la mouvance « patriote » la plus dure. Celle qui trouve que La Meute n’est pas assez radicale et est trop fédéraliste. Au moment où surgissaient plusieurs fractures internes au sein de l’extrême droite, à l’été et l’automne 2018, Boies a choisi de militer agressivement pour le PQ en vue des élections provinciales.

André Boies, militant du Parti Québécois.

André Boies milite pour le PQ…

Il s’est entre autres pathétiquement illustré en recouvrant son char d’autocollants aux couleurs du Parti Québécois pour aller intimider des bénévoles de Québec Solidaire dans Rosemont! (VICE a d’ailleurs documenté son humiliation quand, en août 2018, le PQ l’a intimé d’enlever le logo du parti de son véhicule.)

Le véhicule d’André Boies recouvert des couleurs du Parti Québécois.

 

André Boies relate sa rencontre avec des policiers suite à des plaintes pour intimidation en marge d’une réunion de Québec Solidaire dans Rosemont.

Mais pourquoi avoir voulu publier le manifeste du terroriste?

Boies se défendra peut-être d’avoir traduit et publié le manifeste dans un intérêt purement journalistique, mais n’importe quel professionnel ou spécialiste de l’information vous dira qu’une pareille démarche d’amplification du message est extrêmement douteuse sur le plan éthique et cache sans doute un autre motif.

Le compte Twitter Lesmanchettes.com (André Boies) diffuse le manifeste du terroriste suprémaciste de Christchurch.

En ce qui nous concerne, la publication du manifeste en français n’est pas une simple erreur de jugement. Compte tenu de l’historique islamophobe de Boies, il est permis de croire que son empressement à traduire et à republier le manifeste du meurtrier relève d’une volonté de diffuser plus largement les idées et les motivations de celui-ci, dont l’acte terroriste a coûté la vie à 50 personnes de confession musulmane en Nouvelle-Zélande.

Ça n’est pas non plus une coïncidence si le lendemain de l’attentat, André Boies est venu écornifler du côté des (faux) gilets jaunes islamophobes, devant TVA, face à un rassemblement de solidarité avec les victimes de la tuerie. Clairement pas venu là pour s’y recueillir, il est plutôt resté quelques minutes en retrait pour prendre en photo les militant.e.s antiracistes et antifascistes. Il a publié le même jour un article déplorant le gaspillage de fonds publics que représentait pour lui le rassemblement public en solidarité aux victimes.

Appel à la vigilance et à l’action contre l’islamophobie

L’islamophobie est aujourd’hui tellement banalisée au Québec, qu’un militant nationaliste proche de l’extrême droite peut, dans la journée même où a eu lieu le massacre de 50 personnes, traduire précipitamment le manifeste du terroriste et diffuser sa traduction bancale sur les réseaux sociaux, sans que cela ne trouve un écho dans les médias traditionnels ou soit même dénoncé par qui que ce soit. (En même temps, en Ontario, les autorités ont « ouvert des enquêtes » sur un néonazi notoire qui a partagé le manifeste sur son site, et un autre qui listait les cibles que devraient prioriser les loups solitaires.)

Il est grand temps que nous prenions collectivement la mesure du problème de l’islamophobie dans la société québécoise et canadienne, et que les forces antiracistes se regroupent pour contrer  la haine et l’intolérance qui se normalise de plus en plus à l’égard des communautés musulmanes.

L’une des choses les plus simples que nous avons le pouvoir de faire est de pointer du doigt et de dénoncer les facilitateurs de l’islamophobie comme André Boies.

P.-S. Boies est aussi venu scèner autour de la Manifestation contre le racisme et la Xénophobie, à Montréal, le dimanche 24 mars. Il a été surpris que des antifascistes l’interpellent par son nom et lui demandent de dégager. Il en a même fait un article pour son site de merde…

 « Je n’ai vraiment aucun commentaire négatif contre ces antifas, ils ont été quand même sympathiques, ils m’ont quand même demandé très poliment de quitter les lieux. »

Merci, André. Tu sauras maintenant qu’on a souligné ton nom au crayon rouge dans notre petit carnet des ordures à surveiller.

Montréal Antifasciste : Déclaration de solidarité avec les victimes de l’attentat de Christchurch

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Mar 162019
 

De Montréal-Antifasciste

Montréal Antifasciste tient à exprimer sa solidarité avec tou.tes les musulman.es et toutes les personnes de couleur, ainsi qu’avec tou.tes les antiracistes et antifascistes de Christchurch et d’Aotearoa.

C’est avec un profond sentiment d’horreur que nous avons pris connaissance du massacre qui a eu lieu à Christchurch ce 15 mars. Un sentiment d’horreur qui n’a fait que s’approfondir à la lecture du « manifeste » que l’assassin a publié en ligne, et en constatant que des racistes de partout dans le monde, y compris en Aotearoa, y compris au Québec, partageait sans honte sa vidéo de pornographie meurtrière en applaudissant la tuerie.

Ce sentiment est insupportable, car nous nous souvenons du massacre perpétré à Québec le 29 janvier 2017, lorsqu’un autre jeune raciste fanatisé s’est introduit dans le Centre culturel islamique dans l’intention de tuer autant de musulman.es que possible.

Six personnes ont trouvé la mort ce soir-là; au moins 49 autres personnes ont été tuées aujourd’hui à Christchurch.

Les mots nous manquent.

Nous savons que le nom du meurtrier de Québec, Alexandre Bissonnette, était inscrit sur un chargeur que Brendon Tarrant a photographié et publié en ligne avant de passer à l’acte. Nous reconnaissons les idées que Tarrant expose dans son manifeste; nous les avons déjà entendu exprimées ailleurs, bien trop souvent. La combinaison de peur d’un éventuel ressac policier et d’admiration pour le tueur et son « humour », sur des plateformes comme 4Chan, Facebook et autres, s’exprime partout dans le monde, y compris chez-nous. Nous nous rappelons que l’année dernière, vous nous avez donné un bel exemple de résistance, lorsque deux de « nos » racistes, Lauren Southern et Stefan Molyneux, ont voyagé jusque chez vous pour y répandre leur poison. Nous nous rappelons aussi que l’un de « vos » militants d’extrême droite, Trevor Loudon, a été bienvenu au Canada lors d’événement organisés par « nos » islamophobes. Et bien sûr, nous avons entendu parlé des zilionnaires d’extrême droite comme Peter Thiel, qui ont décidé que la Nouvelle Zélande était l’endroit idéal pour se mettre à l’abri du cauchemar qu’ils projettent, et peut-être même mettre à l’épreuve certaines de leur propres visions dystopiques.

Il est clair que votre situation et la nôtre ne sont pas étrangères; nous sommes engagé.es dans une seule et même lutte plus large pour débarrasser le monde de l’exploitation et du racisme.

Nous le savions déjà, comme vous sans doute. Nous n’avions pas besoin de ce nouveau rappel, mais nous l’avons eu quand même.

C’est avec colère et une profonde tristesse que nous honorons le souvenir de ceux et celles qui ont été tué.es à Christchurch, et que nous renouvelons notre engagement à combattre la montée de la violence raciste et misogyne perpétrée par l’extrême droite partout dans le monde.

Solidarité avec Wheao ā-Ihirama
Solidarité avec celles et ceux qui sont la cible de violences islamophobes, racistes et d’extrême droite, à Aotearoa et partout ailleurs
Solidarité avec les antifascistes et antiracistes d’Aotearoa et du monde

Kia kaha.

Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en sauver…

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Fév 182019
 

De Montréal-Antifasciste

(Avertissement : de nombreux liens dans cet article mènent à du contenu extrêmement raciste, antisémite et misogyne. Suivez-les en connaissance de cause et avec précaution.)

En mai 2018, des antifascistes de Montréal ont divulgué le contenu complet d’un salon de discussion néonazi privé, actif d’août 2016 à janvier 2018 et comptant 55 utilisateurs, appelé « Montreal Storm » (raccourci de Montreal Stormer Book Club*).

La fuite a permis de confirmer l’identité de plusieurs membres du salon de discussion, dont Shawn Beauvais MacDonald, Vincent Bélanger Mercure et Gabriel Sohier Chaput. La Gazette a en même temps fait paraître une série d’articles révélant le rôle important de ce dernier, sous l’alias Zeiger, comme propagandiste de l’aile radicale de l’Alt-Right et collaborateur régulier à The Daily Stormer, l’un des plus influents sites Internet néonazis de 2016  à aujourd’hui.

Les trois militants nommés ci-dessus, suite à leur malencontreuse participation à un reportage de la chaîne Vice, ont par ailleurs été aperçus dans la manifestation « Unite The Right », à Charlottesville, en Virginie, le 12 août 2017, où la contremanifestante antiraciste Heather Heyer a été tuée et de nombreuses autres personnes ont été grièvement blessées lors d’un attentat à la voiture-bélier perpétré par le suprémaciste blanc James Alex Fields.

>> Le contenu complet du salon de discussion « Montreal Storm » est accessible en ligne sur le site d’Unicorn Riot, depuis mai 2018.
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Plusieurs autres membres de ce salon de discussion et du « Book Club » de Montréal ont été identifiés par des antifascistes, y compris l’un de ses principaux modérateurs, « Date », alias « DateOfLies », alias « LateOfDies », de son vrai nom Athanasse “Athan” Zafirov.

Faites la connaissance d’Athan Zafirov, l’ordure néonazie de Montréal qui croyait pouvoir s’en tirer à bon compte…

« Date » et son rôle dans le club Alt-Right de Montréal font en partie l’objet d’un article paru dans le National Post du 14 mai, 2018, mais le nom de Zafirov n’y apparait nulle part.

>> Consultez les échanges de Zafirov, alias « Date », dans le salon de discussion « Montreal Storm »
(Avertissement : racisme, antisémitisme et misogynie extrême.)

Quelques mois plus tard, en juillet 2018, dans le cadre d’un appel plus large à identifier les membres du groupe ID Canada (une organisation « identitaire » de style européen qui cherche à fédérer les « patriotes » néofascistes et autres « ethnonationalistes » du Canada), les camarades d’Anti-Racist Canada (ARC) ont publié un exposé beaucoup plus complet sur  « DateOfLies ».

L’article d’ARC montre d’abord que « Date » est un personnage central d’ID Canada (groupe auparavant connu sous le nom Generation Identity Canada), en reprenant un extrait du podcast Alt-Right/néonazi “This Hours Has 88 Minutes”, où « Date » se vante d’en être l’un des principaux organisateurs. ARC et ses collaborateurs anonymes montrent ensuite, à partir de messages affichés par nul autre que Zeiger sur « Montreal Storm », qu’Athan (mal orthographié « Athen ») est l’organisateur d’un groupe Facebook secret appelé « Alt-Right Montreal ».

Un message de « Date » du 11 juillet 2017 révèle en outre qu’il a participé à l’organisation d’une délégation canadienne au rassemblement « Unite The Right » à Charlottesville :

Du même élan, « Date » exhibe ses lettres de noblesses et vante ses projets en cour, dont la visite à Montréal de Ricardo Duchesne, un professeur ultraconservateur de l’Université du Nouveau-Brunswick, en juin 2017**, et l’organisation d’un événement « Alt-Right Canada » avec Jared Taylor (maître à penser de l’Alt-Right) en Ontario. Il se vante également de « mener » le groupe de « bad goys » local.

ARC et sa source anonyme développent ensuite une démonstration détaillée prouvant qu’Athanasse Zafirov et « Date » (et ses divers autres alias) sont une seule et même personne.

Une autre pièce clé de cette histoire est le fait qu’Athan Zafirov a été identifié à l’hiver 2016 comme l’un des organisateurs de la visite à Montréal de Roosh V. Valizadeh, un misogyne professionnel, gourou de la culture « pickup artist » et apologiste du viol. (Fait amusant, Zafirov a été piégé par un groupe de féministes, qui ont pu le confronter directement. Voir la vidéo ci-dessous pour constater le fiasco.)

De plus, Zafirov a fait la grave erreur de venir chahuter en personne une manifestation anticoloniale dans le Vieux Montréal, le 1er juillet 2017, avec d’autres membres du « Book Club » de Montréal, dont Shawn Beauvais MacDonald, Alex Boucher, Sergej Schmidt et d’autres spécimens de leur gang de mutants d’égouts.

Nous savons de plusieurs sources que Zafirov habitait jusqu’à récemment dans un immeuble à appartements sur la rue Saint-Urbain, à Montréal, où il a accueilli au moins une rencontre du « Book Club ». Sa trace était perdue depuis la fuite du salon de discussion.

Jusqu’à maintenant.

Zafirov a récemment émergé de la pénombre à l’autre bout du continent, espérant sans doute avoir échappé à la traque des antifascistes. Nous croyons quant à nous que son comeback est l’occasion parfaite de redonner à une pareille ordure nazie l’attention qu’elle mérite.

Faites donc la connaissance du nouvel avatar d’Athan Zafirov, « Dimitri » :

Ce militant nationaliste blanc et sympathisant néonazi avéré est aujourd’hui inscrit au programme de doctorat à l’Anderson School of Management de l’UCLA, ce qui est en phase avec son précédent parcours à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia.

Manifestement, la photo de Zafirov a été supprimée de la page des étudiants et étudiantes de l’École. Serait-ce qu’Athan sentait la soupe chaude? Malheureusement pour lui sa petite crisse de face de baveux poppe encore dans le moteur de recherche d’images de Google, ainsi que dans le moteur de recherche interne du site de l’UCLA. Il semble par ailleurs avoir changé de programme d’étude.

Si vous jugez pertinent d’écrire une ligne aux professeseur-e-s de Zafirov pour leur signaler ses intérêts « ethnonationalistes », nous sommes confiant-e-s qu’ils et elles seront intéressé-e-s d’apprendre la nature des activités extracurriculaires de leur jeune collègue canadien. Vous trouverez ci-dessous une liste utile d’adresses et de liens vers la liste des membres de l’administration d’Anderson et du corps professoral du programme de comptabilité :

https://www.anderson.ucla.edu/about/whos-who

ms.phd.admissions @ anderson.ucla.edu (PhD Program)
al.osborne @ anderson.ucla.edu  (Interim Dean)
john.mamer @ anderson.ucla.edu (Faculty Chairman)
heather.caruso @ anderson.ucla.edu (Equity, Diversity and Inclusion)

Professeur-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-faculty

Étudiant-e-s:
https://www.anderson.ucla.edu/faculty-and-research/accounting/meet-the-students

 

 

* Les Stormer Book Clubs sont des clubs sociaux permettant aux partisans de la ligne néonazie de l’Alt-Right (pour hommes blancs exclusivement) de se rencontrer et faire des plans en personne. L’idée originale vient d’Andrew Anglin, le fondateur de The Daily Stormer, en 2016. Les TRS Pool Partys, issus de la plateforme nazie The Right Stuff, reprennent essentiellement le même concept.

** Une vidéo de cette conférence se trouvait sur la chaîne YouTube de Zeiger, mais celles-ci a été supprimée après son doxing.

Atalante et ses partisan.e.s – Partie 1: Heïdy Prévost, l’influenceuse

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Fév 132019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contreculturelles, pour recruter. C’est le rôle qu’occupe Légitime Violence, dont tous les membres sont également membres d’Atalante, à commencer par Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper, leader du band et kapo de l’organisation fasciste. On l’a vu aussi, une grande partie des membres et sympathisant.e.s d’Atalante sont fans de Légitime Violence et amateurs de musique soi-disant extrême comme le National Socialist Black Metal (NSBM).

Plusieurs autres milieux (la musique et en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature…) sont également touchés, dans une moindre mesure, par l’organisation Atalante. Le travail d’identification est donc loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette première partie nous vous présentons Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, membre active d’Atalante qui se rêve une carrière d’influenceuse.

Portrait

Heïdy Valkyrie est née le 14 décembre 1990. Elle vit dans la banlieue de Québec et est mère de trois enfants. Elle travaille au Centre des Services partagés du Québec (CSPQ) à Québec et est membre du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). La fin de semaine, elle travaille occasionnellement au salon « ParadoXe – Tatouage & Body Pierçing professionnels »  (2480 Chemin Ste-Foy, local 025 G1V 1T6 Québec).

Heïdy travaille dans la fonction publique, au département de l’accompagnement et de la logistique du Centre des Services partagés du Québec (CSPQ).

La fin de semaine, elle travaille à la boutique ParadoXe (dont elle porte le logo sur cette photo).

Heïdy Prévost est une artiste pluridisciplinaire (chant, dessin, photographie…) qui s’est récemment lancé dans une activité de « modèle alternatif », avec l’objectif de se professionnaliser. Elle cherche également à représenter des marques, des bands, etc. Comme toute bonne influenceuse, elle est très active sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram ou elle partage son quotidien. Elle possède dans les deux cas une page personnelle et professionnelle. Si elle n’a pas encore une très forte audience (elle s’est lancée il y a seulement deux mois), elle a déjà plusieurs contrats photo à son actif et elle vient de signer un contrat avec l’agence montréalaise Dress 2 Impress.

Du métal noir au fascisme

Tout irait bien pour Heïdy si elle n’était aussi une militante active de l’organisation néofasciste Atalante Québec. Heïdy est proche de l’extrême droite depuis des années. Elle a probablement rencontré ce mouvement en fréquentant la scène Métal Noir, dont plusieurs bands sont ouvertement racistes ou se réclament du NSBM. Lire à ce sujet l’article “Épidémie de peste noire dans la scène black métal” préparé par le collectif antifasciste français La Horde.

Heïdy avec des patchs de Burzum et Peste Noire, des bands NSBM (National-Socialist Black Metal).

Heïdy avec un tatouage du band Peste Noire.

Heïdy avec un chandail La Messe des Morts, le festival qui avait tenté de faire jouer le band NSBM Graveland à Montréal en novembre 2016.

C’est donc probablement dans la scène musicale NSBM qu’Heïdy s’est forgé son identité politique, de plus en plus à droite, jusqu’à se convertir au fascisme le plus dur.

On peut la voir ici poser avec un chandail à l’effigie du soleil noir, symbole occulte qui est une variante de la croix gammée et dont il est aujourd’hui avéré qu’il a été inventé par les nazis.

Sur la photo ci-dessus, on remarque également son tatouage d’une rune d’Odal, ou Othala (sur sa main), symbole tiré de l’imagerie nordique ancestrale couramment utilisé par les néonazis comme signe de reconnaissance (à ce sujet, voir aussi notre guide visuel de l’extrême droite):

 

Membre d’Atalante

Difficile de dire avec précision quand Heïdy a commencé à fricoter avec Atalante. Cela dit, la prochaine série de photo est sans équivoque. Il s’agit des photos d’une distribution de nourriture effectuée à l’été 2018 par Atalante, partagées sur le compte Facebook et le site Internet de l’organisation, et que Heïdy Prévost a fièrement repartagé sur ses comptes Facebook et Instagram.

Heïdy avec Jonathan Payeur, Sven Côté, Raphal Lévesque, Simon Gaudreau et Renaud Lafontaine.

Heïdy Prévost en pleine distribution de nourriture pour le compte d’Atalante Québec.

Elle est donc une militante active de l’organisation, et encore très récemment, en novembre 2018, elle annonçait sa participation à la formation militante d’Atalante. Au programme : formation idéologique et boxe. « Jeunesse au cœur rebelle » est un slogan d’Atalante.

Un simple survol de ses publications nous montre qu’elle est amie avec les principales figures du noyau dur de l’organisation : les Québec Stompers. Ici une capture d’écran des personnes ayant réagi a une de ses publications sur Facebook.

Capture d’écran des réactions d’une publication Facebook d’Heïdy Prévost. Jonathan Payeur, Benjamin Bastien, Yannick Vézina et Raphaël Lévesque sont des membres en règle des Québec Stompers.

Photo de la Saint-Jean 2018. Heïdy (à droite) en compagnie de deux autres militantes d’Atalante, “Evymay” Lacroix au centre et Laurie Baudin (à gauche). Elles arborent toutes les trois un foulard avec le logo d’Atalante. Au centre, un chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Très récemment on voit ici Heïdy poser lors d’une soirée avec Jean Mecteau (Jhan Delabanniere), bassiste du groupe Légitime Violence. Lorsque Shawn Beauvais-Macdonald (Hans Grosse), un néonazi impénitent, membre d’Atalante à Montréal ayant fièrement participé à la manifestation “Unite the Right” à Charlottesville, fait un gag antisémite en réaction au nom de la soirée auquel Heïdy et ses amis participent (une photo de lui avec un long nez, caricature consacrée des Juifs par les antisémites), Heïdy se contente d’une réaction amusée :

Heïdy partage ici une photo d’Olivier Gadoury (à gauche), des Québec Stompers et Atalante. Notons le tatouage “Arbeit macht frei” (le travail rend libre), le tristement célèbre message d’accueil inscrit à l’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.

Heïdy Prévost est donc indéniablement une membre active d’Atalante, elle a dans son entourage proche des militants fascistes et elle s’amuse ouvertement de messages antisémites.

Normaliser le fascisme

L’autre problème, et la raison pour laquelle nous lui consacrons cet article, est qu’elle fait partie des personnes qui essaient de donner une image respectable (et même glamour) à l’organisation Atalante.

Comment s’y prend-elle? Comme pour un placement de produit publicitaire, elle glisse des références à Atalante (stickers, chandail, slogans…) au milieu de publication plus anodines sur ses shootings photo, son quotidien, sa vie professionnelle et ses projets.

Photo d’un de ses fils avec un sticker d’Atalante et la mention « La relève ».

Sa guitare avec un sticker Atalante. On la retrouve quelques mois plus tard avec d’autres stickers, dont celui-ci :

Placement de produit Atalante à plusieurs moments de l’année. Chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Encore plus inquiétant, Heïdy semble réussir à créer la confusion au sein même des antiracistes, puisqu’elle est bookée comme « serveuse d’un soir », le 21 février 2019, pour une soirée spéciale au Scanner Bistro, l’un des piliers de la communauté punk de Québec qui est réputé pour ne pas accepter l’extrême droite.

Annonce de la soirée par le Scanner Bistro.

[Mise à jour: la soirée Barmaid d’un soir au Scanner avec Heïdy Valkyrie a été annulée dans les minutes suivant la publication de cet article.]

Combattre le fascisme, sous toutes ses formes

En conclusion, on peu affirmer qu’Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, n’est pas une idéologue de l’organisation, ni la militante la plus active, mais à l’instar du projet Légitime Violence, elle est à sa façon l’une des porte-étendard de l’organisation Atalante.

Nous appelons les scènes musicales punk et métal, le milieu du tatouage et du piercing, et les artistes photo à ne pas se laisser berner et à refuser fermement la présence du fascisme.

29 janvier: Journée d’actions contre l’islamophobie

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Jan 262019
 

De Montréal Antifasciste

Il y a bientôt deux ans, le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette s’est introduit dans une mosquée à Québec, au Canada, et en quelques minutes a assassiné Azzeddine Soufiane, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Ibrahima Barry et Abdelkrim Hassane. Dix-neuf autre personnes ont été blessés, dont plusieurs grièvement.

Nous reproduisons ci-dessous une liste d’événements organisés pour commémorer ce massacre mardi, le 29 janvier, dont nous, de Montréal Antifasciste, sommes au courant. Veuillez noter que l’inclusion d’un événement à cette liste ne signifie pas nécessairement que nous endossions les organisateurs et organisatrices dudit événement. Merci aux camarades qui ont aidé à assembler cette liste.

Présence devant les bureaux de François Legault
8h30 à 9h30 devant le bâtiment HBSC; coin avenue McGill College et Sherbrooke

Événement commémoratif : victimes du massacre à la mosquée de Québec
midi dans la mezzanine du pavillon McDonald Engineering, université McGill
www.facebook.com/events/557027084765626/

Rassemblement/vigile à Montréal Nord
16h30 au coin des rue Henri Bourassa et Lacordaire
www.facebook.com/events/1203012229847708/

Vigile Commémorative et Atelier sur l’Islamophobie à Côte des neiges
vigile à 17h30 au coin Plamondon & Van Horne (métro Plamondon)
suivi par un atelier sur l’islamophobie au 4755 Van Horne, Bureau 110, à 18h30
www.facebook.com/events/381473549078387/
Info: cdnseleve@gmail.com

Rassemblement/Vigile à Verdun
17h30 devant métro Verdun
après la rassemblement, nous sommes invité-es à nous réchauffer au Centre Islamique de Verdun, à côté, des rafraîchissements seront servis
www.facebook.com/events/1927861947311168/
info: verdunlibre@gmail.com

Conférence. Face à l’islamophobie: lutte et résistance
18h au local D-R200, Pavillon Athanase-David, UQAM
Panel avec Arij Riahi, Laïty Fary Ndiaye et Idil O. Kalif
www.facebook.com/events/365849160865598
Inscription obligatoire (sans frais): criec2@uqam.ca

D’autres événements seront afficher ici : https://www.facebook.com/January29Action/

Aussi le 2 février:

Souper communautaire à la mosquée Khadijah à Pointe Saint-Charles
2385 rue Centre, samedi 2 février, 2019, 17:30-19:00
Cet évènement est tenu pour rassembler les différentes communautés locales, militantes et religieuses et discuter des problèmes et enjeux sociaux qui nous concernent tous.tes. L’évènement est une commémoration des victimes de l’attentat de janvier 2017 à la Grande mosque de la ville de Québec, et une expression de solidarité avec les musulman.e.s qui sont ciblé.e.s chaque jour – de petites et grandes manières – ce qui inclut la loi soi-disant laïque que le gouvernement de la CAQ compte passer. Il y aura quelques courtes présentations par des militant.e.s et des membres de la communauté sur un nombre de sujets pertinents, puis nous passerons au souper communautaire. Pour nous aider à determiner la quantité de nourriture à préparer, s’il-vous-plaît confirmez votre présence! soupercommunautaire2019@gmail.com; Mosquée Khadijah 514-691-8331

On vous invite aussi à consulter la liste d’événements durant toute la Semaine de Sensibilisation Musulmane (25 au 31 janvier) : https://ssm-maw.com/

Ibrahima Barry
Mamadou Tanou Barry
Khaled Belkacemi
Abdelkrim Hassane
Azzedine Soufiane
Aboubaker Thabti

Nous refusons d’oublier. Nous nous opposons au racisme et à l’islamophobie.

Démasquer Atalante

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Déc 202018
 

De Montréal Antifasciste

Le meneur ostensible du groupe néofasciste Atalante, Raphaël Lévesque, aime beaucoup l’attention que ses frasques lui procurent (c’est d’ailleurs pourquoi il ne se cache plus depuis longtemps), mais la centralité du personnage ne devrait pas nous empêcher de considérer les individus qui gravitent autour de son leadership, car un mouvement comme Atalante n’est rien sans les militants et militantes qui lui insufflent leur énergie.

Les nombreuses actions de visibilité menées par le groupe à Québec et Montréal au cours des deux dernières années laissent croire qu’au-delà de ses membres les plus visibles et les plus actifs, Atalante peut compter sur une milice de réserve constituée de quelques dizaines d’individus gagnés à la cause ultranationaliste. Malgré le petit nombre de ses militant-e-s, le groupe a réussi à capter l’attention d’une partie des médias traditionnels et est parvenu par son activité dans les médias sociaux à jouer un rôle important dans la promotion d’une position dite « nationaliste révolutionnaire » au sein de l’extrême droite québécoise.

Comme l’indique leur pratique consistant à se masquer à chaque sortie publique, la plupart de ces militants et militantes souhaiteraient sans doute garder le secret sur leur association avec un groupe ouvertement fasciste. Nous croyons quant à nous qu’il est grand temps d’exposer les militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante à la lumière du soleil.

Il nous importe également de dissiper ici toute confusion sur le projet politique d’Atalante et de mettre au clair la filiation directe du groupe avec différents courants fascistes contemporains.

Actions sans éclat et publicité gratuite…

Malgré son caractère marginal, Atalante est parvenu à faire les manchettes à plusieurs reprises en 2017 et 2018, notamment en mai dernier, lorsqu’une poignée de ses militants a fait irruption dans les bureaux montréalais du média numérique VICE pour intimider les employés qui s’y trouvaient. Un reportage de VICE publié quelques jours plus tard relate ainsi l’incident :

« Après qu’une employée eut ouvert la porte à un homme tenant un bouquet de fleurs, un groupe de six ou sept hommes, tous masqués sauf un, a fait irruption dans la pièce principale au son du thème musical de l’émission The Price is Right diffusée sur une petite enceinte Bluetooth. Les hommes se sont ensuite déplacés dans la salle des nouvelles en projetant partout des nez de clowns et des centaines de tracts…

Ils ont surtout essayé d’intimider le journaliste Simon Coutu – qui a déjà écrit sur le groupe – en se massant autour de son bureau pour lui remettre un trophée portant l’inscription “VICE : Média poubelle 2018”.

Raphaël Lévesque, surnommé Raf Stomper, dit avoir fait cette visite pour remercier Coutu au nom de “toutes les victimes de la guerre qu’[il] essaie de commencer”. »

Des militants d'Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Des militants d’Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Suite à cette terne performance de théâtre politique, Atalante a été mentionné dans les médias partout au Canada, aux États-Unis et même en Europe. L’action a de plus été dénoncée par les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau. Sur le plan de la propagande, Atalante venait de réussir un bon coup avec seulement six personnes et un strict minimum d’imagination[i].

Comme nous le verrons, c’est une sorte de modus operandi pour Atalante : avec un investissement minimal d’énergie, ces petites actions de propagande attirent une attention médiatique considérable et offrent une tribune par lequel le groupe peut diffuser ses idées et projeter une impression de force sur Facebook.

Le visage grimaçant d’Atalante

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d'Atalante dans les bureau de VICE, le 23 mai 2018.

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d’Atalante dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

La figure de proue d’Atalante, Raphaël « Raf Stomper » Lévesque, est actuellement visé par diverses accusations pour avoir mené l’action contre VICE décrite ci-dessus, ayant été le seul du groupe à y participer à visage découvert. Il est accusé d’entrée par effraction, de méfait, de harcèlement criminel et d’intimidation. C’est le genre d’offensive judiciaire démesurée qui risque de renforcer son statut (et gonfler son ego déjà surdimensionné) plus qu’autre chose.

Lévesque, 35 ans (DDN, 5 août 1983), est bien connu des antifascistes québécois-e-s. Il a été plusieurs fois condamné pour agression, menaces et trafic de stupéfiants, et a passé du temps en prison aussi récemment qu’en 2016. En 2017, il a proposé d’incendier les bureaux du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence si celui-ci s’avisait de s’installer à Québec. Même si le directeur du centre, M. Deparice-Okomba, a affirmé que ces propos constituent une menace criminelle, aucune procédure judiciaire ne semble avoir été entamée à cet égard.

Au-delà de ses déboires avec la justice, Lévesque est aussi le chanteur de Légitime Violence, un groupe de musique oï[ii] associé à la mouvance « Rock Against Communism »[iii], et est un leader connu du Québec Stomper Crew, une bande de boneheads[iv] active depuis plusieurs années dans la région de Québec et notamment connue pour ses liens avec le crime organisé et le trafic de stupéfiants.

Le Québec Stomper Crew, la connexion RAC et Légitime Violence

Pour comprendre ce qu’est Atalante aujourd’hui, il est toujours utile de rappeler que le groupe a été fondé à partir du band Légitime Violence et de la scène bonehead formée autour du Québec Stomper Crew (lequel en constitue toujours le cœur).

Au début des années 2000, deux gangs de jeunes skinheads dits « apolitiques » se forment dans la province. Il s’agit de Coup de Masse (CdM) à Montréal et des Québec Stompers (2004) à Québec. Bien que se disant apolitiques, les deux gangs ont un fort penchant pour le nationalisme québécois, ce qui fait en sorte qu’ils sont assez rapidement expulsés de la scène underground de leur ville respective. Bien qu’à leurs débuts, les deux bandes, très proches l’une de l’autre, rejettent autant la gauche que la droite (des récits témoignent notamment de batailles entre les Québec Stompers et les néonazis du Sainte-Foy Krew à la fin des années 2000), les Stompers en viendront rapidement à se rapprocher des milieux boneheads et à adopter une position dite « anti-antifasciste ». À cette époque, les membres de Québec Stompers sont Raphaël Lévesque, Yan Barras, Martin Léger, tranquillement rejoints par Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau, Yannick Vézina, Olivier Gadoury, Jonathan Payeur et Roxanne Baron. Encore aujourd’hui, il semble y avoir une distinction entre le membership d’Atalante et celui des Québec Stompers, ce dernier étant plus restreint et contre-culturel. Bien que tous les membres actuels des Québec Stompers s’impliquent dans Atalante, le contraire n’est pas vrai.

Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Pellerin, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras

Photo récente des Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Mailhot-Bruneau, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras.

Les deux bandes fréquentent assidûment une scène musicale composée de groupes de Rock Anti-Communiste (RAC) et de Rock Identitaire Français (RIF). Ces deux styles musicaux sont des créations directes de l’extrême droite. Au Québec, on y retrouve notamment les groupes de musique Coup de Masse, Section de Guerre, Fleurdelix et les Affreux Gaulois et Bootprint, auxquels s’ajoutera Légitime Violence à la fin des années 2000. L’un des groupes, qu’on pourrait qualifier d’influence importante au sein de cette scène, s’appelle Trouble Makers et est plutôt axé sur le RIF. Ce style se veut une tentative de faire passer des propos d’extrême droite dans une enveloppe musicale plus mainstream et plus léchée que le RAC. Fondé à la fin des années 1990, Trouble Makers est composé de Simon Cadieux, Maxime Taverna, Jonathan Stack et François-Pierre Stack, les trois derniers étant des militants identitaires de longue date. Ceux-ci sont reconnus pour avoir entre autres fait partie de différents groupes d’extrême droite tel que Québec-Radical et les Affranchistes. Trouble Makers serait aussi le premier band québécois à avoir traversé l’Atlantique pour aller se produire dans des événements organisés par CasaPound en Italie.

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux.

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound.

Au début des années 2010, et après plusieurs tentatives d’établissement de collectifs d’extrême droite à Montréal tel que Troisième Voie Québec, Légion Nationale ou encore Faction Nationaliste, Maxime Taverna fonde le groupuscule néofasciste La Bannière Noire, qui deviendra éventuellement le chapitre montréalais de la Fédération des Québécois de Souche (FQS) et un précurseur direct d’Atalante. On peut déjà y retrouver l’embryon de ce que sera éventuellement Atalante Montréal, avec des membres comme Rémi Chabot, Mathieu Bergeron, François-Pierre Stack et Francis Hamelin. Bien que peu actif, le collectif se donne comme mission de fédérer l’extrême droite issue de la scène bonehead en organisant des soirées de réseautage identitaire et en animant une émission de radio, La bouche de nos canons, diffusée par Bandiera Nera, une chaîne liée à Zentropa, média d’extrême droite lui-même lié à CasaPound. C’est La Bannière Noire qui est le premier collectif à faire aussi ouvertement le lien avec l’extrême droite italienne et à utiliser une imagerie similaire à celle d’Atalante. Il est indéniable que ce groupe et son fondateur, Maxime Taverna, ont joué un rôle important dans la création d’Atalante, voire qu’ils en sont jusqu’à ce jour parmi les principaux idéologues[v].

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015.

Une histoire de violence

Plusieurs membres et associés, anciens et actuels, de la nébuleuse bonehead qui se perpétue depuis les années 1990 ont été impliqués dans différentes attaques violentes, notamment contre des personnes racisées.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998.

En 1997, huit associés des Vinland Hammer Skins et des Berzerker Boot Boys sont accusés d’avoir lancé une série d’attaques à coups de battes de baseball et de barres de fer et blessé une trentaine de personnes dans des bars de la métropole. Parmi eux, Jonathan Côté, alias « Jo Wennebago » (Chevrotine Jo sur Facebook), est encore très proche des Stompers. Steve Lavallée (Steve Bateman sur Facebook) était une figure centrale des groupes néonazis de l’époque, notamment en tant que membre du groupe Coup de Masse et leader d’une éphémère section québécoise de Blood & Honour. Lavallée semble aujourd’hui s’être calmé le pompon et reconverti dans les « grandeur nature », mais il traîne manifestement encore avec les gars de Légitime Violence et Atalante.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017.

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien.

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d'Atalante

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d’Atalante.

Le 22 juin 2002, Rémi Chabot et Daniel Laverdière attaquent gratuitement et poignardent un travailleur haïtien, Evens Marseille, à l’extérieur d’un bar dans l’est de Montréal. Rémi Chabot appartient encore à ce jour à la nébuleuse néonazie québécoise dont Atalante est le plus récent porte-étendard.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

La nuit du Nouvel An 2007, six membres des Stompers, dont Raphaël Lévesque, font irruption au Bar-Coop l’AgitéE, un lieu de rencontre de la gauche à Québec, et l’un d’eux, Yan Barras, poignarde six personnes avec un exacto. Légitime Violence fait d’ailleurs référence à cette agression sauvage dans les paroles de leur chanson éponyme : « Ces petits gauchistes efféminés, qui se permettent de nous critiquer, ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder![vi] »

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau.

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau, des Québec Stompers.

En 2008, Mathieu Bergeron et un complice, Julien-Alexandre Leclerc, sont arrêtés pour avoir poignardé deux jeunes Arabes et agressé un chauffeur de taxi d’origine haïtienne. Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène néonazie montréalaise, en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe RAC Section St-Laurent et fondateur de Faction Nationaliste. Bergeron fait aujourd’hui partie de la garde rapprochée d’Atalante et a participé à plusieurs actions du groupe. Francis Hamelin, un autre associé occasionnel d’Atalante à Montréal, est un ami de longue date de Mathieu Bergeron.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron dans une action d'Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Mathieu Bergeron dans une action d’Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d'une manifestation antisémite dans la municipalité d'Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d’une manifestation antisémite dans la municipalité d’Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Boires et déboires de Légitime Violence

Les chansons de Légitime Violence sont bourrées de propos racistes et homophobes (l’une d’elles, une reprise du groupe Evil Skins, comporte notamment ce passage pro-Shoah : « Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B![vii] »). Leur influence à l’extérieur du milieu bonehead demeurait toutefois relativement limitée avant la constitution du groupe Atalante en 2016.

L’information entourant les concerts de Légitime Violence au Québec tend à être divulguée de manière très parcimonieuse, voire à être dissimulée pour éviter des représailles des groupes antifascistes. Leur succès est beaucoup plus important en Europe, où ils parviennent à faire des tournées et à vendre du matériel promotionnel pour le groupe.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb. (Absent de la photo, Félix Latraverse)

En 2011, le groupe se fait couper l’herbe sous le pied lorsque, sous la pression populaire, le festival Envol et macadam de Québec retire leur concert de sa programmation.

En 2013, le groupe fait une tournée européenne qui lui permet de tisser des liens avec d’autres groupes néonazis et lui donne l’occasion d’assumer clairement ses positions politiques. Deux ans plus tard, leur 2e tournée européenne les amène à créer un groupe politique néofasciste sur le modèle de CasaPound (Italie), Hogar Social (Espagne) ou Bastion Social (France). Ce sera Atalante, officiellement créée en 2016.

Légitime Violence entretient aussi des liens étroits avec la scène RAC et bonehead de New York, dont le groupe Offensive Weapon (aujourd’hui inactif) et le label United Riot, qui a distribué un split des deux groupes en 2013. Les membres d’Offensive Weapon ont participé à des actions d’Atalante à Québec, dont la parade dans les rues de Québec à l’été 2016. Cette filiation s’étend aussi au 211 Bootboys Crew, un gang de boneheads de New York, dont des membres ont été reconnus coupables d’agression armée et d’autres sont actuellement visés par des accusations pour avoir participé à une bastonnade de militants antifascistes en marge de la récente allocution du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, au Metropolitan Republican Club de Manhattan.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d'un totenkopf, l'insigne des SS.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d’un totenkopf, l’insigne des SS.

Photos des membres de Légitime Violence et d'Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

Photos des membres de Légitime Violence et d’Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l'entourage d'Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l’entourage d’Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

Aussi récemment qu’en novembre 2018, les membres de Légitime Violence se sont rendus en France pour rendre hommage à Sergei Ventura, un vieux déchet bonehead de l’entourage de Serge Ayoub et 3e Voie.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

L’album de Légitime Violence lancé en 2017, Défends, se veut une espèce d’hommage autoréférentiel… à Atalante.

Légitime Violence en France, 2018.

Légitime Violence en France, automne 2018.

La filiation idéologique d’Atalante

Porté sur la propagande et l’action de rue, Atalante se propose de « participer à la renaissance identitaire ». La description du groupe disponible sur sa page Facebook – qui compte quelque 6 000 abonné-e-s – correspond aux thèses « déclinistes » qui caractérisent une partie importante de l’extrême droite contemporaine :

« En cette époque sombre, où mondialisme et consumérisme règnent, nous sommes étouffés par la tyrannie du politiquement correct et de la négation identitaire. L’Occident décadent est miné de l’intérieur par l’effondrement de ses valeurs et repères historiques. »

Le slogan d’Atalante, « Exister, c’est combattre ce qui me nie », est emprunté à Dominique Venner, une figure mythique de l’extrême droite française et maître à penser des identitaires dont se réclame en partie Atalante. D’abord membre de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe paramilitaire d’extrême droite luttant contre l’indépendance de l’Algérie), puis historien partisan de la théorie du « choc des civilisations », Venner s’est suicidé en 2013 dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour marquer son opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Affiche d'Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Affiche d’Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Le groupe Atalante est agressivement ultranationaliste, s’identifiant à la culture, l’histoire et la nation canadiennes-françaises ou, comme ils le disent eux-mêmes, la Nouvelle France[viii]. Le nom Atalante fait référence à la frégate française Atalante, qui s’est échouée lors d’une bataille contre l’armée britannique en 1760. Son logo est un gouvernail traversé d’un éclair.

Il est indéniable que la vision du monde d’Atalante repose en très grande partie sur une conception de l’histoire du Québec (ou du Canada français) comme nation conquise et opprimée. Décodant principalement cette histoire dans une perspective culturelle et démographique, Atalante prétend que les Canadiens français sont l’objet d’une entreprise de génocide menée contre eux depuis plusieurs siècles. Cette analyse s’inspire d’éléments précis de l’histoire du Québec, et dans le passé, notamment dans les années 1960, c’est une logique analogue qui a mené un grand nombre de Canadien français à développer une forme de nationalisme de gauche identifiée de près aux mouvements tier-mondistes et décolonialistes. En 2018, cependant, cette approche retrouve davantage son extension logique dans différentes théories du complot issues de l’extrême droite concernant un « génocide blanc », un « grand remplacement » ou un « plan Kalergi », lesquelles théories sont d’ailleurs autant de points de repère pour l’extrême droite québécoise contemporaine, dont Atalante est aujourd’hui la pointe la plus saillante. Le fait que la très grande majorité des Québécois et Québécoises rejette carrément ce genre de racisme extrême est expliqué par les idéologues d’Atalante comme le résultat d’une « dégénérescence » et d’un « lavage de cerveau ». Cette vision tordue de l’histoire du Québec est ainsi résumée par Antoine Mailhot-Bruneau dans une entrevue accordée au site web néofasciste Zentropa Serbia à l’été 2017 :

« (…) le point tournant dans la création de cette nation artificielle (le Canada) est arrivée avec l’introduction d’un nouveau moyen pour nous détruire, l’immigration, dans le Rapport sur les affaires de l’Amérique du Nord Britannique, du Lord Durham, en 1839, pour qui les Français devaient tout simplement disparaître. C’est arrivé bien avant la création officielle du pays en 1967 (sic). L’année 2017 est particulière, car elle marque le 150e anniversaire de cette tromperie. Ils ont d’abord échoué dans cette tentative, car les Irlandais, Italiens, Grecs et Polonais catholiques qu’ils ont fait venir ici, et d’autres Européens catholiques, ont en fait adopté notre culture et on renforcé notre caractère européen particulier. Après cette tentative ratée, ils se sont rendu compte qu’il fallait faire venir une culture d’étrangers complètement opposée pour la mélanger à la nôtre, ou réduire encore davantage notre minorité au Canada. Pour dissimuler leurs réelles intentions et pour rendre leur plan plus acceptable aux « nationalistes » de gauche, Marxistes et autres attardés libéraux, ils ont décidé de faire venir des immigrants francophones, comme des Haïtiens et des magrébins. L’aspect le plus ironique de leur plan est qu’ils ont en fait davantage nui à la culture britannique du Canada qu’à la nôtre – par exemple, si vous visitez une ville comme Toronto, c’est pire qu’a Montréal. Cela dit, nous acceptons actuellement plus d’immigrants que la France! Imaginez notre avenir! Toutes ces politiques d’immigration sont en fait un plan pour exterminer notre peuple. »

Atalante se décrit elle-même comme une organisation « nationaliste révolutionnaire »[ix], comme l’explique un militant dans une entrevue accordée au site Internet Breizh.info :

« Le terme révolutionnaire étonne beaucoup les gens quand nous l’utilisons, mais il vient effectivement du fait que nous ne voulons rien conserver de ce monde moderne décadent et malade. Ce que nous voulons c’est créer la nouvelle aristocratie guerrière de demain en encourageant nos militants à pratiquer des sports extrêmes comme le combat ou la musculation et à lire de la littérature de toute sorte.

« Nous ne voulons pas conserver cette hiérarchie du plus riche au sommet et du plus pauvre au bas, mais amener celle du mérite, en prônant les valeurs originelles de l’occident. Par valeur originelle nous ne parlons en aucun cas de ce monde pré décadent qui est encore proche de nous, mais bien de valeurs mémorielles comme l’héroïsme, l’aventure, le sens du sacrifice, l’honneur et le goût du risque (il y en a bien d’autres encore). »

Les membres d’Atalante s’inspirent principalement de CasaPound, un mouvement néofasciste italien dont ils empruntent à la fois des éléments de discours (une rhétorique liant l’anti-immigration à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (l’action caritative à l’intention exclusive des personnes de « souche », etc.).

En août 2016, en collaboration avec la Fédération des Québécois de souche, ils ont organisé un séminaire à Québec où ils ont invité Gabriele Adinolfi, un pionnier intellectuel du mouvement troisième position en Italie et un influent supporteur de CasaPound. À nouveau en 2017, des membres d’Atalante, dont Antoine et Étienne Mailhot-Bruneau, se sont rendus à Rome pour rencontrer des militants fascistes.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d'Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d’Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Atalante ne cache pas son admiration pour des figures intellectuelles fascistes. À côté du portrait de Dominique Venner peint sur un mur de leur gymnase figure celui de Julius Evola, un illuminé reconnu par plusieurs comme le penseur le plus important de la renaissance fasciste de la seconde moitié du 20e siècle. En mars 2018, Atalante affichait sur sa page Facebook un hommage au « martyr » François Duprat, un théoricien du nationalisme révolutionnaire et grand défenseur du fascisme historique.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d'entraînement d'Atalante, à Québec.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d’entraînement d’Atalante, à Québec.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

En tant que formation nationaliste révolutionnaire, Atalante récupère ainsi des thèmes anticapitalistes, notamment l’opposition à la bourgeoisie internationale (incarnée dans leur rhétorique par le spectre des « globalistes » et la figure mythifiée de Georges Soros)[x], en prétendant que cette dernière mène une guerre contre les classes ouvrières blanches par l’entremise d’une « main-d’œuvre bon marché de l’étranger », laquelle viendrait saper les acquis des « Québécois-e-s de souche ».

Tract d'Atalante contre George Soros et les "globalistes".

Tract d’Atalante contre George Soros et les “globalistes”.

Paradoxalement, ces nationalistes révolutionnaires, qui détestent viscéralement les communistes et les anarchistes au point de souhaiter leur mort, ne se contentent pas de récupérer des éléments théoriques de la gauche, mais plusieurs de leurs tactiques sont souvent directement copiées de pratiques d’abord adoptées et éprouvées par la gauche anticapitaliste. L’intervention dans les bureaux de VICE, par exemple, est un type d’action repris d’organisations sœurs d’Atalante en Europe, qui elles-mêmes les avaient piquées au mouvement d’extrême gauche à qui elles vouent une haine mortelle! Même chose pour la distribution de vêtements et de nourriture aux démunis (de « souche »), qui constitue l’essentiel de l’activité publique d’Atalante à Québec et Montréal. Pour ne rien dire du banner dropping (déploiement de banderoles), qui est une autre tactique éprouvée de l’extrême gauche. On pourrait croire que les militant-e-s de l’extrême droite contemporaine sont incapables d’une idée originale…

À l’instar des transformations cosmétiques qu’opèrent les milieux d’extrême droite identitaire des deux côtés de l’Atlantique (les « identitaires » en Europe et l’Alt-Right aux États-Unis), le changement graduel d’image, la transformation du bonehead néonazi bête et méchant en nipster propret et bien discipliné, procède d’une volonté d’être mieux perçus et éventuellement acceptés par les nationalistes modérés, dans un premier temps, puis par des secteurs toujours plus larges de la société. Comme l’explique Antoine Mailhot-Bruneau dans l’entrevue citée ci-dessus: « [ils se sont] rendu compte que pour amener plus de gens à se joindre, il fallait prendre une allure plus normale et nous rendre plus accessibles. » Ce face-lift participe donc d’une stratégie visant à promouvoir un type particulier d’ultranationalisme identitaire, profondément raciste et en dernière analyse reposant sur le culte de la violence.

Une cohabitation ambiguë avec les groupes national-populistes

Les positions politiques d’Atalante l’ont parfois menée à adopter une posture critique vis-à-vis d’autres tendances de l’extrême droite, notamment l’actuel mouvement national-populiste. Par exemple, même si leurs membres se sont pointés à la manifestation anti-islam du 4 mars 2017, à Québec, ils sont restés en retrait et, dans un communiqué affiché plus tard sur Facebook, ont déploré la vision des groupes populistes trop étroitement axée sur l’islam, alors qu’à leur avis, les vrais ennemis sont le multiculturalisme, « l’immigration de masse » et le système des « banksters ».

Dans ce même ordre d’esprit « tercériste », la bannière qu’ils ont déployée ce jour-là était marquée d’une citation modifiée de Karl Marx : « Immigration : Armée de réserve du Capital ». (En 2017, des membres d’Atalante avaient par ailleurs distribué des tracts prônant une approche plus radicale et anti-systémique en marge du lancement d’un livre de Mathieu Bock-Côté, un chroniqueur conservateur et islamophobe.)

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Antoine Mailhot-Bruneau élabore cette perspective dans l’entrevue susmentionnée :

« Il y a des groupes, comme les Soldiers of Odin, et un groupe Internet appelé La Meute, qui s’opposent principalement à  l’islamisation du Canada tout en défendant la démocratie, mais ça n’est pas du tout notre manière de voir les choses. Nous sommes bien sûr contre l’immigration non européenne, mais nous sommes avant tout contre un régime qui emploie l’immigration pour nous exterminer. Ce régime utilise des immigrants du tiers-monde dans ses industries, appliquant de la pression sur les travailleurs locaux, et nous ne pouvons pas défendre quelque chose d’aussi indéfendable que la démocratie. Nous croyons que la démocratie est le pire régime que le monde ait jamais connu, un régime conçu et dirigé par la bourgeoisie, et qui n’a jamais servi que l’establishment et ses intérêts. »

Cela étant dit, 2017-2018 a été l’occasion d’un rapprochement certain entre, d’un côté, les milieux national-populistes islamophobes et anti-immigration et, de l’autre, le petit courant néofasciste auquel Atalante appartient. Au fur et à mesure que les membres respectifs de ces différents groupes se sont mis à « liker » les mêmes idées racistes sur les médias sociaux, à devenir « amis » et à participer aux mêmes manifestations – voire dans certains cas, à se trouver du même côté de face-à-face tendus avec les antifascistes – les néofascistes ont commencé à recevoir des bons mots et des encouragements des droitistes réformistes ou non engagés/alignés.

L’expression la plus visible et la plus tangible de ce rapprochement a eu lieu le 25 novembre 2017, à Québec, lorsque des membres d’Atalante et des Soldiers of Odin sont descendu-e-s de leur position en retrait sur l’esplanade pour se joindre à la manifestation de La Meute et de Storm Alliance « en soutien à la GRC » (!) devant l’Assemblée nationale. Les membres de ces derniers groupes ont chaudement applaudi les fascistes et les ont accueillis à bras ouverts. (Peu après cette sidérante convergence, opérée grâce à l’action répressive de la police de Québec contre les antiracistes, deux néonazis bien connus de Montréal, Shawn Beauvais-Macdonald et Philippe Gendron des Soldiers of Odin, essaient de former une « branche montréalaise » d’Atalante.)

Ça n’était toutefois pas la première fois que des membres d’Atalante participaient à une manifestation de la droite plus large aux côtés de nationalistes populistes. Dans un reportage de VICE qui date d’avant que Dave Tregget ne quitte les Soldiers of Odin pour créer Storm Alliance, en décembre 2016, on voit celui-ci parler au téléphone avec Raphaël Lévesque, qui l’assure que des membres d’Atalante sont sur le point de rejoindre leur manifestation anti-immigration. Katy Latulippe, la présidente des Soldiers of Odin Québec, a d’ailleurs elle aussi témoigné publiquement un grand respect pour Atalante, expliquant que les deux groupes avaient mené des patrouilles conjointes (essentiellement, des actes d’intimidation dirigés contre les immigrant-e-s) à Québec.

Manifestation conjointe d'Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Manifestation conjointe d’Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Rappelons que Katy Latulippe avait remplacé Dave Tregget à la tête des Soldiers of Odin au début de 2017; elle a plus tard réitéré son admiration pour Atalante :

« Sur beaucoup de points, on se rejoint, dit la présidente du chapitre québécois des Soldats d’Odin, Katy Latulippe, à propos d’Atalante. Il y a un très grand respect entre les deux groupes. Ils distribuent de la bouffe dans les rues et nous aussi. Pourquoi ne pas se donner un coup de main et joindre l’utile à l’agréable? On a une bonne chimie ensemble. Nos itinérants et nos vétérans crèvent de faim dans les rues. Comment peux-tu amener du monde d’autres pays quand tu n’es pas capable de t’occuper de ton propre peuple? »

Liens étroits entre Atalante et la Fédération des Québécois de souche

Bien que la connexion avec les Soldiers of Odin ne soit pas anodine, la Fédération des Québécois de souche constitue une influence idéologique beaucoup plus importante. La FQS a été créée en 2007 en tant qu’organisation explicitement suprémaciste blanche (white power) par Maxime Fiset (aujourd’hui nazi repenti et converti en soi-disant spécialiste de l’extrême droite). Sa revue, Le Harfang, a été l’une des premières publications francophones à promouvoir des éléments de l’Alt-Right, et ses éditeurs, qui adoptent collectivement le pseudonyme « Rémi Tremblay », ont fréquemment collaboré à des publications de l’Alt-Right aux États-Unis. La mission de la FQS peut être définie comme une volonté de regrouper diverses tendances d’extrême droite au Québec, du traditionalisme catholique à l’identitarisme, tout en réduisant l’écart entre la génération qui était active dans les années 1980 ou avant et les militant-e-s d’extrême droite actifs aujourd’hui.

C’est vraisemblablement par l’entremise de la FQS qu’Atalante a pu organiser une prière publique le 1er mai 2016 sur les Plaines d’Abraham avec un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX)[xi], une société de catholiques traditionalistes d’extrême droite. La connexion avec le traditionalisme catholique est à nouveau ressortie en mai 2017, quand Atalante a dit assurer la sécurité d’une conférence montréalaise organisée par l’Association des parents catholiques du Québec, une autre organisation d’extrême droite, avec Marion Sigault (une sympathisante d’Alain Soral) et Jean-Claude Dupuis (de la FSSPX, auparavant du Cercle Jeune nation[xii]).

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l'intention des militant-e-s d'Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l’intention des militant-e-s d’Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Affiche annoncant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

Affiche annonçant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

En mai 2017, FQS et Atalante joignaient à nouveau leurs forces pour organiser la visite d’un militant du Groupe Union Défense (GUD), une organisation étudiante française d’extrême droite, précurseur direct de Bastion Social. En février et en novembre 2018, dans le cadre de « fins de semaine militantes » réservées à ses « militants et sympathisants », Atalante tendait chaque fois le microphone à un « Rémy Tremblay » de la FQS…

Affiche annonçant la tenue d’une conférence d’un militant du Groupe Union Défense, organisée par Atalante et la FQS, en mai 2017. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en février 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en novembre 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche.

Tigres (et banderoles) de papier

Comme mentionné ci-dessus, l’essentiel de l’activité publique d’Atalante consiste à distribuer des lunchs aux personnes (de « souche ») en situation d’itinérance, à rendre symboliquement hommage à divers « héros » intellectuels (Jeanne D’Arc, Dominique Venner, le navigateur français Jean Vauquelin, etc.) et à poser des banderoles de papier portant des inscriptions à caractère politique lors d’incursions nocturnes rapides et furtives.

Un aperçu des différents slogans marqués sur leurs banderoles devrait suffire à donner une idée claire de leur projet politique : « REMIGRATION », « IMMIGRATION : ARMÉE DE RÉSERVE DU CAPITAL », « JUSTICE SOCIALE; PRÉFÉRENCE NATIONALE », « TERRORISTES DEHORS; ISLAM DEHORS », « SAMURAI D’OCCIDENT » (!), etc.

Dans l’une de leurs premières sorties publiques à Montréal, en août 2017, des membres d’Atalante ont accroché des banderoles réclamant la #remigration, notamment au pied du Stade olympique, où des réfugié-e-s en provenance d’Haïti étaient temporairement hébergé-e-s.

Atalante assimile les personnes de confession musulmane et les personnes racisées à des envahisseurs et terroristes en puissance qu’il faudrait expulser. Face à ce qu’ils et elles désignent comme « notre extermination tranquille », à l’instar de mouvements d’extrême droite européens comme Génération Identitaire, Atalante prône « une inversion du flux migratoire, une remigration à grande échelle accompagnée d’une politique de natalité efficace ».

Banderole raciste d'Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

Banderole raciste d’Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

La « remigration », un terme qui est devenu en vogue dans les mouvements identitaires des deux côtés de l’Atlantique au cours des dernières années, désigne essentiellement un programme de nettoyage ethnique.

Des membres d’Atalante ont visité Montréal à plusieurs reprises pour poser des collants, affiches et banderoles. Ils ont été aidé-e-s par des membres de leur « section montréalaise » anémique, comme Vincent Cyr et Shawn Beauvais-Macdonald (cet ancien membre anglophone de la Meute qui est devenu une célébrité nazie locale suite à son voyage à Charlottesville en août 2017 et sa participation active au salon de discussion néonazi « Montreal Storm »  sous le pseudonyme « FriendlyFash »). Comme nous l’avons dit ailleurs, la multiplication de ces incursions rapides et sans risque a permis à Atalante d’obtenir une certaine visibilité dans les médias de masse et les médias sociaux.

En janvier 2018, ils ont posé de grandes banderoles à Montréal dénonçant une liste de personnalités associées à la gauche (définie très largement…) et au mouvement antiraciste de Montréal. Celles qui sont blanches étaient taxées de « traîtres », et les personnes de couleur étaient traitées de « parasites ». (Shawn Beauvais-Macdonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, par l’ineptie de ce dernier, ont été identifié-e-s comme ayant participé à cette action.)

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d'affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d’affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

En août 2018, dans une autre campagne d’affichage, Atalante faisait sienne une théorie du complot en vogue dans les milieux suprémacistes voulant que les fermiers blancs d’Afrique du Sud soient victimes d’un « génocide » fomenté par la majorité noire du pays. Cette théorie du complot a bien sûr été réfutée de toutes parts, ce qui n’a pas empêché des membres d’Atalante (dont Beauvais-MacDonald, encore lui) de se rendre jusqu’au Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa pour y déployer une ridicule banderole dénonçant le « massacre des Boers ».

Banderole d'Atalante déployée devant le Haut-commisariat d'Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante déployée devant le Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

En août 2018, à Montréal, des militant-e-s d’Atalante ont attaqué un couple de passants qui s’objectait au contenu des collants qu’ils posaient, en proférant des menaces et en criant à une femme « de retourner dans son pays ».En septembre 2018, pendant la campagne électorale provinciale, Atalante a posé des affiches sur des bureaux d’élection de candidats des quatre principaux partis, dénonçant les élections comme une farce. Sur sa page Facebook, Atalante dit avoir mené cette action parce qu’il n’y a « aucune différence majeure entre les programmes des partis, sinon un excès de ridicule. Aucun projet national inspirant et capable de servir le bien commun ». Encore une fois, une minuscule action d’Atalante qui aurait été complètement ignorée par les médias si elle avait été menée par la gauche a fait les manchettes. Comme le dit lui-même un militant d’Atalante: « Avec tous les gens qui nous écrivent pour nous encourager, les journalistes font un très bon travail de nous faire de la publicité ».

Banderole d'Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Même si ces petites actions à Montréal ont su attirer l’attention, le groupe est bien plus actif à Québec, où les membres et sympathisant-e-s se mettent régulièrement en scène sillonnant les rues de la ville pour distribuer des sacs à lunch, posant le visage couvert d’un masque fleurdelysé (une pratique directement reprise de CasaPound) ou nettoyant des graffitis jugés « antinationaux », pour ensuite publier sur Facebook des albums photos de leurs actions.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Des membres d'Atalante s'astiquent le canon, septembre 2016.

Des membres d’Atalante s’astiquent le canon, septembre 2016.

Parmi les autres projets notables d’Atalante à Québec figure la création d’un « club de combat identitaire » (ouvert depuis, semble-t-il, juin 2017) nommé La Phalange, qui se voudrait à la fois un espace de socialisation et d’entraînement pour les militant-e-s d’extrême droite.

Membres de l'entourage d'Atalante s'entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Membres de l’entourage d’Atalante s’entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Notons pour finir que les événements privés organisés par Atalante semblent servir d’occasion pour entraîner ses militant-e-s dans des campagnes d’affichage nocturnes. Radio-Canada rapportait en février dernier que la première « fin de semaine militante » mentionnée ci-dessus avait été organisée au Domaine Maizerets de Québec, une institution financée publiquement :

« Le prospectus de l’événement précise la tenue d’un atelier sur le survivalisme, d’une conférence du porte-parole de la Fédération des Québécois de souche, ainsi qu’une autre formation sur le nationalisme révolutionnaire.

« Les militants masqués du groupe ont profité de cette réunion pour apposer dans divers lieux de Québec, en pleine nuit, de larges banderoles portant l’inscription « Québec bastion nationaliste ». Les images de ces affichages ont été publiées sur Facebook. »

Banderole d'Atalante devant l'Assemblée nationale, février 2018.

Banderole d’Atalante devant l’Assemblée nationale, février 2018.

En guise de conclusion : devoir de vigilance et d’organisation

Le succès relatif d’Atalante est sans doute dû à un ensemble de facteurs complexes, dont l’actuelle résurgence historique de la droite identitaire, l’utilité des médias sociaux pour réseauter différentes personnes et tendances, et le goût des médias sensationnalistes pour les bad boys et les affaires scabreuses. Ce serait toutefois une erreur pour la gauche radicale de ne pas également prendre en compte certains éléments tactiques d’Atalante qui reflètent une réelle acuité politique : un petit groupe de militant-e-s dévoué-e-s menant des actions simples et ciblées peuvent toucher l’imagination et avoir un impact.

Il nous faut aussi reconnaître qu’Atalante aspire à développer un cadre théorique révolutionnaire cohérent, ce qui n’est pas le cas d’organisations de la droite national-populiste comme La Meute. Tant qu’ils adhéreront efficacement à un tel cadre théorique, les militant-e-s d’Atalante auront une longueur d’avance sur les national-populistes et sur les critiques des milieux libéraux. Une idéologie aux prémisses aussi rebutantes limite nécessairement le potentiel de recrutement de l’organisation, mais une éventuelle situation critique pourrait lui donner l’occasion d’intervenir efficacement et de devenir un véritable mouvement. L’effet le plus dommageable d’un tel développement serait qu’un groupe fasciste parvienne à occuper un espace politique qui aurait dû être saisi par la gauche révolutionnaire.

N’attendons donc pas qu’Atalante devienne aussi importante en nombre et en influence que des groupes comme CasaPound ou Génération Identitaire pour nous organiser contre son expansion. Mobilisons-nous maintenant pour les exposer, déconstruire leur projet politique et leur substituer un projet de société à la fois révolutionnaire, anticapitaliste, égalitaire et radicalement antiraciste.Ne perdons pas de vue que, même en l’absence d’une situation critique sur laquelle elle pourrait capitaliser, Atalante représente une réelle menace pour les segments de la population que son discours cible directement, ainsi que pour les camarades qui tentent de s’organiser dans les espaces où elle est présente. De plus, un groupe comme Atalante, comme nous le répétons souvent, constitue une espèce de pôle d’attraction offrant des points de repère politiques et des connexions aux membres de la droite national-populiste plus large.

Par conséquent, il est nécessaire de prendre Atalante au sérieux, même si le groupe ne compte que quelques douzaines de membres dont l’activité consiste surtout à poser des banderoles et nettoyer des graffiti.On ne saurait trop encourager les lecteurs et lectrices à s’informer assidûment, à partager des renseignements avec les collectifs antifascistes locaux et à former de tels collectifs là où il n’y en a pas.Ce n’est qu’en nous organisant mieux et plus largement que les fascistes, que nous parviendrons à leur bloquer le chemin.

No pasarán!

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Qui sont les militant-e-s d’Atalante?

Voici une galerie de portraits de personnes que nous avons réussi à identifier dans les actions et réseaux sociaux d’Atalante, de Légitime Violence et des Québec Stompers.N’oubliez pas que par leur appartenance à Atalante et à ses groupes satellites, ces individus adhèrent tous et toutes fièrement à des idées et à un projet néofascistes. Si vous avez des renseignements sur ces individus qui seraient utiles aux efforts antifascistes, n’hésitez pas à nous les communiquer à renseignements @ riseup.net.

QUÉBEC :

Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Chanteur de Légitime Violence, fondateur d’Atalante. Après avoir livré du Pad Thaï pendant quelques années, il s’est recyclé dans le camionnage chez Transport Morneau. Devant un juge, il se décrit néanmoins comme un« musicien professionnel ». Il a fait quelques voyages en Europe dans les dernières années, notamment pour visiter les militants néofascistes de Bastion Social et de CasaPound.
Antoine Mailhot-Bruneau – alias Tony Stomper, alias Antoine Pellerin, « Tony Quechault » sur Facebook [Québec Stomper/Atalante]
Après avoir grandi à Mont-Laurier, comme son frère cadet Étienne, Antoine amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski, où il recrute Yannick Vézina, puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandone rapidement. Son frère Étienne le rejoint lui aussi dans les Stompers, avec quelques-uns de ses amis proches de Mont-Laurier, comme Dominic Brazeau. Antoine Mailhot-Bruneau est vraisemblablement l’un des principaux militant-e-s du projet Atalante, voire son véritable leader idéologique. Celui qui disait n’avoir rien a caché dans une entrevue accordée au site fasciste Zentropa Serbia en 2017 a pourtant pris grand soin jusqu’ici de garder le secret sur son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant sont visage dans les rares vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes.
Jonathan Payeur, alias Jo Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Ancien skinhead antiraciste, Jonathan Payeur est devenu le chien de poche de Raphaël Lévesque dans les dernières années. Comme moyen de s’amender aux yeux de ses nouveaux amis suprémacistes, il est devenu très actif à Québec chez Atalante et dans le crew plus restreint des Québec Stompers. Il est en couple avec Roxanne Baron. Il a notamment comme « lourde responsabilité » de peindre l’ensemble des banderoles poches qu’ils accrochent sur des panneaux publicitaires le temps d’une photo trop floue et mal cadrée garrochée le soir même sur Facebook.
Benjamin Bastien, alias Ben Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Guitariste du groupe Légitime Violence et membre central des Québec Stompers, Benjamin Bastien milite activement dans Atalante depuis sa formation. Originaire d’Amos, Benjamin aurait d’abord été brièvement antiraciste avant de devenir « apolitique », et finalement ultranationaliste au contact de boneheads.
Yannick Vézina, alias Yan Sailor [Québec Stomper /Atalante]
Recruté par Antoine Mailhot-Bruneau lors de ses études de marin à Rimouski, Yannick Vézina (alias Yan Sailor) est actif dans Atalante depuis la formation du groupe. Il a été identifié sur des photos de l’action dans les bureaux de VICE à Montréal.
Roxanne Baron, alias Rox Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Militante d’Atalante active à Québec et présente à plusieurs sorties d’affichage et de distribution. Partenaire de Jonathan Payeur.
Étienne Mailhot-Bruneau [Québec Stomper/Atalante]
Originaire de Mont-Laurier. Frère cadet d’Antoine Mailhot-Bruneau. Illustrateur et animateur d’Atalante (sous le pseudonyme Sam Ox), Étienne est dans l’entourage des Stompers depuis plusieurs années et en est vraisemblablement membre en règle depuis quelque temps. Tout porte à croire qu’Étienne est un membre central d’Atalante.
Yan Barras [Québec Stomper/Atalante]
Actif avec les Québec Stompers depuis longtemps, il fut notamment au centre de l’attaque au couteau à l’AgitéE le soir du 31 décembre 2006.
Olivier Gadoury [Québec Stomper/Atalante]
Présent dans Atalante à sa fondation et à pluieurs événements par la suite.
Sven Côté [Québec Stomper/Atalante]
« Svein Krampus » sur Facebook. Dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Il a grandi et vit toujours à Québec. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018.
Valéry Lévesque [Atalante]
Frère de Raphaël Lévesque, Valéry fait partie de l’entourage de Légitime Violence et des Québec Stompers depuis des années.
Gabriel Bolduc-Hamel [Atalante]
Actif pendant un an dans les affichages et distributions à Québec. Il semble s’être retiré des actions, mais est toujours actif virtuellement. Il est tatoueur.
Renaud Lafontaine [Atalante]
Bien présent dans les actions d’Atalante à Québec, Lafontaine a aussi participé à l’action d’Atalante dans les locaux de VICE à Montréal.
 
Dominic Brazeau [Atalante]
Originaire de Mont-Laurier, où il allait à l’école avec Étienne Mailhot-Bruneau, Brazeau a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du groupe.
Simon Gaudreau
A participé à de nombreuses actions d’Atalante au cours de l’année 2018.
Nicolas Bergeron
Le sujet d’une récente enquête de VICE, Bergeron dirige une entreprise de « reconstitution Viking », Vinland Productions, engagée pour animer des reconstitutions historiques à l’intention d’élèves du primaire et du secondaire au Québec. Bergeron admet être proche d’Atalante, qu’il décrit comme un groupe qui souhaite soutenir la communauté, et s’entraîne au gymnase du groupe, mais nie en être membre. Pourtant, VICE a publié des photos de lui posant avec Raphaël Lévesque et participant à des manifestations d’Atalante. Il porte aussi plusieurs tatouages racistes et néonazis, comme le « soleil noir ». Notons que « Vinland » (le nom donné par les explorateurs vikings au territoire aujourd’hui appelé Terre-Neuve) est un terme employé à maintes reprises par des néonazis au Québec au cours des 30 dernières années.
Benjamin Peelman [Atalante]
« Peel Bastion » sur Facebook. Expatrié français originaire de la région de Lille. Sympathisant d’Atalante depuis sa création.
 
Mathieu Beaudin [Atalante]
Jeune sympathisant d’Atalante aperçu dans quelques actions, dont la marche au flambeau en août 2016.
Jhan Mectau [Légitime Violence]
Bassiste de Légitime Violence et tatoueur sous le nom de Jhan Art. Adepte de « grandeur nature » (GN).
Félix Latraverse [Légitime Violence]
Pelage Delatravars sur Facebook. C’est le nouveau guitariste de Légitime Violence. Il a également participé à certaines actions d’Atalante. Il fait notamment partie du groupe Folk You! qui entretient des liens avec les mouvances néonazies, mais est également un amateur de NSBM (Black Métal National Socialiste). Il a tourné avec plusieurs groupes de musique, notamment Dèche-Charge, Neurasthène, Délétère, Haeres et plusieurs autres.  Il travaille également au Studio Sonum, la seule salle où Légitime Violence réussit encore à se produire en public à Québec.
Gérôme Tymchuk-Leblanc
Sympathisant d’Atalante, il participe également au club de boxe La Phalange.
Alexandre Normand
Sympathisant d’Atalante. Membre actif des Forces armées canadiennes, Normand a fait l’objet de quelques articles en 2015 exposant ses sympathies racistes et ses liens avec l’extrême droite.

MONTRÉAL :

Vincent Cyr [très actif]
Issu de la scène punk hardcore de la rive sud de Montréal (il réside à Longueuil), il est maintenant au centre de la chancelante initiative Atalante Montréal. Vincent Cyr est boucher, métier qu’il se plaît à exhiber. Très présent dans les séances d’affichage à Montréal et prolifique colleux de collants, il est un des principaux propagandistes d’Atalante sur l’île de Montréal. Avec très peu de capacité de communication, il ne fait que reprendre les campagnes développées par les (très petits) cerveaux de Québec. Vincent Cyr a plaidé coupable d’agression armée en 2012.
Shawn Beauvais-Macdonald [très actif]
D’abord membre « anglophone » de La Meute (aperçu une première fois à la manif contre le projet de Loi 103, le 4 mars 2017, où il traite les antiracistes de « traîtres à la race » et se retrouve vite au centre d’une foire d’empoigne), Beauvais-Macdonald se fait surtout remarquer par sa participation au rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, en août 2017. Très présent dans les milieux Alt-Right montréalais, notamment par sa participation au salon de discussion néonazi « Montreal Storm » sous le pseudonyme « FriendlyFash » et son activité sur les médias sociaux, il se rapproche d’Atalante Québec en rencontrant Raphaël Lévesque et en s’entraînant au club de boxe La Phalange, à Québec. Avec le bonehead Philippe Gendron, il tente alors de réunir quelques personnes pour créer la branche montréalaise d’Atalante, avec un insuccès remarquable. Il participe à la plupart des actions furtives du groupe à Montréal et tente vraisemblablement de rapprocher la frange Alt-Right québécoise de l’organisation fasciste Atalante. Il a participé à l’action d’Atalante dans les bureaux de VICE.

Philippe Gendron [désactivé]
Philippe Gendron est un bonehead de la région de Joliette qui à commencé à milité à Montréal en 2017 avec les Soldiers of Odin. Il aurait voulu créer une « branche montréalaise » d’Atalante avec Shawn Beauvais-MacDonald. Après un accrochage avec des antifascistes de la métropole à l’été 2018, Gendron a fini par crisser son camp se réfugier à Québec dans les bras stéroïdés des Québec Stompers. Il semble aujourd’hui s’être rassis sur le banc, certainement après que ses petits camarades se soient rendu compte qu’il n’est pas le plus fiable des militants, ni l’ampoule la plus allumée de la guirlande. En plus d’avoir collaboré avec la police… oups.
Mathieu Bergeron [actif]
Reconnu coupable d’une agression à main armée à caractère raciste en 2008, alors qu’il était encore mineur, Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène ultranationaliste et néonazie Montréalaise, notamment en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe Section St-Laurent et fondateur du groupuscule Faction Nationaliste. Bergeron a participé à plusieurs actions d’affichages du groupe à Montréal.
Jean « Brunaldo » [Français, actif]
Présent dans certaines sorties et séances d’affichage à Montréal et Québec et sur les photos d’une récente randonnée en montagne. Brunaldo (nom Facebook; non confirmé) était précédemment dans le milieu des jeunes boneheads de Paris, dans le cercle rapproché de Serge Ayoub, de 3e Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Jean était proche de Samuel Dufour, un des boneheads néonazis qui, avec Esteban Morrilo, ont été inculpés pour l’assassinat de Clément Méric, le 5 juin 2013, à Paris. Il semble être aujourd’hui dans le cercle rapproché d’Atalante. En couple avec Chloé Fleury.

Chloé Fleury, alias Lucy Mergnac [Française, peu active]
Présente sur les photos d’une randonnée en montagne avec d’autres militants d’Atalante, et participe à des affichages à Montréal. En couple avec Jean Brunaldo.

Francis Hamelin [peu actif]
Bonehead catholique intégriste et néonazi furieux. Ancien militant de Troisième Voie Québec, il a été aperçu dans des actions montréalaises d’Atalante.
Rémi Chabot [peu actif]
Vieux bonehead qui a agressé un travailleur haïtien en 2002 et fait encore aujourd’hui partie du milieu ultranationaliste et de l’entourage d’Atalante. Il était membre du groupe néofasciste La Bannière Noire.

 

AUTRES SYMPATHISANT-E-S :

Félix-Olivier Beauchamp
Originaire de Mont-Laurier, il a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du collectif, autant à Montréal qu’à Québec.
Éric Gervais
Réside à St-Eustache, père de deux enfants. Il a commencé sa carrière de bonehead avec Coup de Masse et continue encore aujourd’hui d’être présent à la plupart des concerts de Légitime Violence.
Jonathan Côté
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. C’est d’ailleurs à son contact ainsi que celui de quelques uns de ses vieux amis néonazis que les Québec Stompers se sont rapprochés de l’extrême droite.Julie Laurier
Elle traîne dans l’entourage de Légitime Violence depuis belle lurette, c’est également la partenaire de Jonathan Côté.
Mickaël Delaunay
Un employé de Vinland Productions, Delauney nie être membre d’Atalante, mais un récent reportage de VICE le montre participant à diverses activités du groupe.
Yannick Gasser
Réside à Terrebonne. Peu actif politiquement, c’est surtout un amateur de Légitime Violence qui a été tiré vers la droite par l’entourage du groupe. Il a participé à la commémoration pour Jeanne-D’arc organisée par Atalante le 7 mai 2018.

Ian Alarie [alias Ian Enforme]
Néonazi adepte du NSBM, proche des Soldiers of Odin, il vit dans la région de Montréal, vraisemblablement à Varennes. Il participe à quelques actions d’Atalante à Montréal ainsi qu’à la parade dans les rues de Québec à l’été 2016.
Martin Léger
Autrefois connu sous le sobriquet « Cad Stomper », Léger n’est pas un militant d’Atalante. En fait, l’empressement avec lequel il s’est distancé des Stompers lui a valu une chanson dédicacée de Légitime Violence intitulée Sale traître. Cela dit, nous croyons qu’il est important de mentionner Léger ici, car il gère une armurerie et un champ de tir dans la région de Québec et a fait les manchettes en 2017 lorsqu’il s’est associé à une manifestation pro armes à feu devant avoir lieu sur le site du massacre antiféministe de Polytechnique et a publié une vidéo misogyne lorsque la manifestation a été vivement critiquée.
Steve Lavallée
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. Il s’est depuis découvert une passion pour les grandeurs natures, participant, aux côtés d’autres néonazis, aux activités des vikings du Vinland.
Dominic Gendron
Membre de longue date des Québec Stompers, il s’est exilé en Abitibi depuis quelques années. Il continue néanmoins à soutenir sa bande comme il le peut et a notamment participé à certaines actions d’Atalante à Québec lorsqu’il était de passage.

Jonathan Croteau
Amateur de Légitime Violence qui traîne dans l’entourage des Québec Stompers depuis très longtemps. Il aurait entre autres participé à l’attaque du bar l’AgitéE lors de la nuit du nouvel an 2007.
Sébastien Théberge [proche de Légitime Violence]
Très près de Légitime Violence et supporteur d’Atalante. Vivrait à Montmagny. Ancien des Soldiers of Odin, il était présent au rassemblement d’Atalante en avril 2018 commémorant les 100 ans de la conscription.
Evymay Lacroix
Amatrice de Légitime Violence et de powerlifting. Elle est également friande de NSBM et se dit ouvertement néonazie.

 

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Pellerin.

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Mailhot-Bruneau.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Pellerin et Raphaël Lévesquel. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau et Raphaël Lévesque. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxanne Baron, Yannick Vézina, Antoine Pellerin et Jonathan Payeur.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxane Baron, Yannick Vézina, Antoine Mailhot-Bruneau et Jonathan Payeur.


[i]

Des militant-e-s d’Atalante avaient déjà employé la même tactique théâtrale en 2017 pour intimider une journaliste de CBC News et Ian Bussières du Soleil. Lire aussi à ce sujet : Atalante et le harcèlement des médias. Ils ont aussi fait plusieurs cacas nerveux contre le journaliste Philippe Tesceira-Lessard, de La Presse, qui a fait paraître une série d’articles depuis 2013 portant sur Légitime Violence et mettant en lumière le passé criminel des petits copains ainsi que les liens actifs de certains sympathisants avec l’armée canadienne.

[ii]

Le oï est un sous-genre de la musique punk issue d’une volonté originale de rapprocher les différentes sous-cultures de la classe ouvrière britannique au sein d’un mouvement unifié, mais qui a plus tard été détournée par les éléments racistes de la scène dans un but de recrutement des jeunes prolétaires désabusés dans des mouvements politiques fascistes comme le National Front et le British National Party.

[iii]

RAC, ou « Rock Against Communism », désigne un mouvement néofasciste créé dans les années 1980 en réaction au mouvement « Rock Against Racism » formé par des artistes et musiciens de gauche pour combattre l’infiltration d’éléments racistes dans les scènes contre-culturelles, en particulier la scène skinhead. Le groupe phare du mouvement RAC est Skrewdriver et son leader spirituel est Ian Stuart, le chanteur de Skrewdriver et le fondateur de la fédération white power Blood & Honour.

[iv]

Le terme boneheads désigne les skinheads racistes et suprémacistes, par opposition au terme générique « skinhead », qui désigne quant à lui la contre-culture skinhead traditionnelle, historiquement multiculturelle, inclusive et antiraciste.

[v]

Lire plus à ce sujet : Xavier Camus, Québec et l’extrême droite italienne

[vi]

Légitime Violence, sur le single éponyme, 2010

[vii]

Un amour perdu, sur l’album « Nouvelle France Skinhead », 2011

[viii]

Le tatouage et l’inscription NFSH que portent les membres et fans de Légitime Violence signifient « Nouvelle France SkinHead ». C’est aussi le titre du premier album de Légitime Violence, paru en 2011.

[ix]

La tendance « nationaliste révolutionnaire » est elle-même tributaire du courant de pensée « troisième position ». Le nationalisme révolutionnaire et l’idéologie « troisième position » correspondent à une tendance politique qui existe au moins depuis les années 1960, avec de nombreux points de référence dans le mouvement fasciste remontant jusqu’au courant « strasserite » du parti nazi. Le terme « troisième voie », ou tercérisme, désigne différents courants d’extrême droite et néofascistes caractérisés par un rejet à la fois du capitalisme et du communisme, au profit d’un ultranationalisme identitaire fondé sur un mélange confus de théories issues de l’extrême gauche (socialisme) et de l’extrême droite (nationalisme). Au niveau international, le tercérisme est présentement le courant dominant au sein de l’extrême droite fasciste et révolutionnaire;son anticapitalisme, pour la plupart des nationalistes révolutionnaires, s’articule généralement dans un cadre conceptuel antisémite.

[x]

Le terme « globalistes », tout comme la référence récurrente à l’influence occulte de George Soros, est largement reconnu comme un euphémisme codé désignant un supposé complot juif mondial, lequel fait écho à différentes théories de complots antisémites qui se perpétuent depuis le 19e siècle.

[xi]

Opposant de premier plan aux réformes du concile Vatican II, Mgr Marcel Lefebvre fonde la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) en 1970 et implante un séminaire dans le village d’Écône, en Suisse. En 1975, Lefebvre reçoit l’ordre du Vatican de dissoudre la société, mais il ignore cette injonction. En 1988, en dépit de l’interdiction expresse du pape Jean-Paul II, il consacre quatre évêques et les habilite à poursuivre l’œuvre de la  FSSPX, ce qui lui vaut d’être immédiatement excommunié de l’Église avec tous les évêques ayant participé à la cérémonie. Lefebvre refuse de reconnaître son excommunication jusqu’à sa mort trois ans plus tard.

 

Lefebvre était soutenu par les mouvements d’extrême droite de partout dans le monde, y compris le parti Fuerza Nueva de Blas Piñar, en Espagne, le Movimiento sociale italiano, et le Front national, en France. Il donnait régulièrement dans le vitriol raciste, s’en prenant aux juifs et aux musulmans, et dénonçait violemment le dialogue œcuménique que le pape souhaitait entreprendre avec ces autres traditions. Au Québec, les lefebvristes accusaient le gouvernement d’être contrôlé par les communistes.

La FSSPX accueille à bras ouverts les catholiques qui s’opposent au multiculturalisme, à la démocratie et à la liberté de conscience, et se scandalise que l’Église abandonne son combat séculaire contre ces différents fléaux. Dans les mots de Lefebvre : « (…) cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Église et la Révolution est une union adultère! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. (…) Il en est de même avec les francs-maçons. (…) On ne dialogue pas avec les communistes. (…) Nous ne pouvons pas admettre ce dialogue! On ne dialogue pas avec le diable. »Au Québec, la FSSPX a servi de refuge spirituel à l’extrême droite au moins depuis les années 1980, lorsque différents membres du Cercle Jeune nation étaient actifs au sein de la secte.

[xii]

Dupuis a récemment été inclus à un reportage de Radio-Canada sur l’école Sainte-Famille, administrée par la FSSPX.