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Prison pour migrant.e.s : une manif de bruit empêche la visite du site de construction, avec une mise à jour sur les nouvelles compagnies impliquées et les enchères en cours

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Fév 212019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis des semaines, le sol est recouvert d’une épaisse plaque de glace et des montagnes de neige s’accumulent autour du site de construction pour la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval; mais cela n’empêche pas le gouvernement du Canada de travailler d’arrache-pied pour préparer les prochaines étapes de la construction de cette monstruosité. Nous ne devons pas détourner notre attention sous prétexte d’attendre le dégel du printemps.

Vers début février, il est devenu public que la période d’enchères pour le contrat d’Entrepreneur général avait débuté et qu’il y aurait une visite du site pour les soumissionnaires le 20 février à 10 heures du matin. Suivant cette information, tôt le matin du 20 février, un groupe de personnes s’est rassemblé afin de prendre un bus pour rejoindre le site de construction à Laval.

Le groupe s’est rapidement frayé un chemin sur la route menant au contrôle de sécurité pour les soumissionnaires, et a établi un piquet pour bloquer les véhicules des compagnies souhaitant soumissionner de se rendre au site. Les véhicules là pour chercher des ami.es et membres de famille sortant de la prison ont été les bienvenus de traverser le blocage, et ont répondu avec des klaxonnes et cris de soutien pour la manif. Les personnes présentes ont bruyamment communiqué la nature déplorable du projet de prison et ont fait comprendre à tous ceux et celles considérant y travailler qu’il y aurait des gens présent.e.s pour bloquer ce projet à chacune de ses étapes.

Le groupe a crié, tapé sur des poêles et casseroles et soufflé dans des cornes pendant plus d’une heure, brandissant des signes et bannières contre les prisons et les frontières ainsi que des affiches présentant les silhouettes de personnes déportées au courant des dernières années. Des représentants de compagnies ont été apostrophé.e.s personnellement, afin de leur laisser savoir que les personnes opposées au projet savaient qui ils et elles étaient. Certains représentants présents, y envoyés par leur patron, ont exprimé leur soutien pour la manif suite à des discussions avec des manifestant.e.s. Après une heure, la plupart des soumissionnaires potentiels avaient quitté dans leur voitures, après avoir accepté qu’ils ne passeraient pas. À 11h, une heure après le début planifié de la visite, les manifestant.e.s sont parti.e.s, ne laissant derrière eux qu’un petit groupe, principalement composé de policiers.

Avec un mois restant dans la période de soumission, c’est le moment d’évaluer ce que nous savons et ce que nous pouvons faire pour perturber le projet. En continuant à lire, vous trouverez des mises à jour importantes sur l’état du projet de prison ainsi que des informations nouvellement publiques à propos d’autres compagnies impliquées.

Ce qui est arrivé jusqu’à maintenant

Depuis l’été 2017, le groupe Lemay, basé à Montréal, et le Groupe A, basé à Québec, travaillent sur les plans architecturaux de la prison. En décembre 2018, Englobe Corporation et Excavation Loiselle ont complété leurs travaux d’assainissement sur les vastes terrains du CSC, qui pourraient servir à accueillir une prison additionnelle sur la Montée St-François. Ces terrains accueillent déjà la prison pour migrant.e.s actuelle, les prisons fédérales pour hommes à sécurité minimale et moyenne et l’institution provinciale Leclerc. Depuis un certain temps déjà, le calendrier censé indiquer les dates réelles du début de la construction est incertain.

Le 31 janvier 2019, toutefois, le ministère des Travaux publics et services gouvernementaux Canada a lancé l’appel d’offres pour les soumissionnaires qui seront en charge de la plus grande partie du travail relatif à la construction de la prison (l’Entrepreneur général). Les documents remis aux soumissionnaires intéressés fournissent de l’information importante sur les prochaines phases du travail.

La période d’enchères en cours

Le 31 janvier est donc le jour 1 de la période d’enchères de six semaines pour la position d’Entrepreneur général. Les soumissions seront acceptées jusqu’au 20 mars, date à laquelle la compagnie avec l’offre la plus petite obtiendra le contrat.

Au cours de la période d’enchères, les compagnies intéressées à faire des offres pour le projet sont invitées à enregistrer leurs informations sur la liste publique des soumissionnaires intéressés. Sur cette liste, accessible sur le site du gouvernement, on peut trouver le nom de la compagnie, la personne ressource, un courriel et un numéro de téléphone pour chaque compagnie qui démontre publiquement son intérêt envers le projet. Notons que certaines compagnies peuvent être intéressées au projet sans le déclarer publiquement sur cette liste.

En date du 20 février, les informations suivantes sont disponibles pour six soumissionnaires potentiels :

  1. Contact Shane Ross, President
    Compagnie Standard Building Contractors
    Courriel shane@standard.builders
    Téléphone 6138477258
  2. Contact Richard Paradis, Estimateur Senior
    Compagnie Construction SOCAM ltée
    Courriel r.paradis@socam.ca
    Téléphone 450-662-9000 #223
  3. Contact Matthew Poplaw, Sales
    Compagnie Securassure
    Courriel matthew@securassure.ca
    Téléphone 5143733131
  4. Contact Lina Tremblay, Estimateur
    Compagnie Groupe Geyser
    Courriel ltremblay@groupegeyser.com
    Téléphone 4506252003
  5. Contact Richard A. Germano, Président
    Compagnie Corporation de construction Germano
    Courriel info@germanoconstruction.com
    Téléphone 450-668-7807
  6. Contact Jacques Hosson, Estimateur
    Title Estimateur
    Company Tisseur Inc.
    Email estimation@constructiontisseur.ca
    Phone 8193221523 #258

Aussi présents pour la visite au site:

Compagnie Bruneau électrique Inc.
Email info@bruneauelectrique.com
Phone 514 353-4343, 450 759-6606

Compagnie Construction CYBCO
Email info@cybco.ca
Phone 514 284-2228

Peu importe qui obtiendra le contrat, la compagnie sera impliquée dans le projet jusqu’à la fin projetée de celui-ci (à la fin de mars 2021). Elle sera responsable de la sous-contraction de plus petites parties du travail de construction, contrats qui ne seront probablement pas rendus publics.

Autres compagnies impliquées dans le projet

Parmi les documents publiés avec l’appel d’offres se trouve une liste d’autres compagnies avec des contrats reliés à la prison, ainsi qu’à la personne responsable pour le dit contrat au sein de chaque compagnie. Certaines, comme Lemay ou le Groupe A, sont des noms que nous avons déjà vus, leurs contrats étant publics depuis un certain temps déjà.

Lemay et le Groupe A

Ces deux compagnies sont listées comme étant en charge de la partie « architecture » du projet, représentées respectivement par les architectes Pierre Larouche et Patrice Beauchemin.

Mylène Carreau, une architecte paysagiste affiliée à Lemay, représente sa firme pour le rôle additionnel que joue cette dernière en tant que chargée de l’architecture du paysage pour le projet.

LEMAY
3500, rue Saint-Jacques
Montréal (QC) h4c 1h2
t. (514) 932-5101
f. (514) 935-8137

Groupe A
819, avenue Moreau
Québec (QC) g1v 3b5
t. (418) 653-8341
f. (418) 653-1989

Certaines compagnies présentes sur la liste sont nouvelles et seraient possiblement membres d’un groupe de firmes avec lesquelles le gouvernement entretient ce qu’on appelle un « offre permanent ».

KJA Consultants Inc.

L’ingénieur Louis Beauchemin, du bureau montréalais de KJA Consultants Inc., est mis à l’honneur dans le document présentant sa compagnie de design d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques, ainsi que son travail sur un éventuel système de convoyage pour la prison.

KJA CONSULTANTS INC .
1410, rue Stanley, bur. 1003
Montréal (QC) h3a 1p8
t. (514) 284-3119

BPA (Bouthillette Parizeau)

La firme de consultation en ingénierie BPA, autrement connue en tant que Bouthillette Parizeau, sera impliquée dans les services alimentaires et la mise en service de la prison. Pour cette dernière, ce sera l’ingénieure Dalia Ramy qui représentera la firme, tandis que Sylvie Savoie sera en charge des services alimentaires.

BPA
6655, boul. Pierre-Bertrand
Bureau 250
Québec (QC) g2k 1m1
t. (514) 383-3747

Stantec

Stantec, une importante firme de design, consultation et ingénierie dont les bureaux se trouvent à Longueuil, semble être fortement impliquée dans plusieurs aspects du projet.

Les ingénieurs Alexandre Manseau-Nguyen et Bruno Lehoux sont respectivement en charge des travaux électriques et d’alarme d’incendie, ainsi que des services de protection contre les incendies, tandis que Jonathan Hallee est en charge de l’aspect télécommunication.

Stantec est aussi impliqué dans plusieurs aspects des travaux d’ingénierie, avec les représentants suivants responsables des différentes sous-sections : Louis-Stéphane Raciot comme Gestionnaire de projet en ingénierie, l’ingénieur Alexandre Jean en charge de la mécanique, Michel Gendron de l’électrique, Patrick Bourgeois de la structure et Martin Charron pour le génie civil.

STANTEC
400-375, boul. Roland-Therrien
Longueuil (QC) j4h 4a6
t. (514) 281-1033

Horaire de travail et sécurité du site

Il n’est toujours pas clair quel type de travail sera réalisé à quel moment, mais les documents de l’appel d’offres indiquent que lorsque la construction débutera, les travaux se termineront avant 21 heures, du lundi au vendredi. Les travaux causant du bruit seront réalisés entre 7 heures du matin et 18 heures, et aucun travail ne sera effectué le dimanche ou les jours fériés.

Il y aura des bureaux sur le site afin de conserver les documents de manière sécuritaire, ainsi que deux caméras qui feront du live streaming et dont les images seront accessibles à des représentants du gouvernement en tout temps.

Des barrières obstruant la vue du site seront érigées. Les documents mentionnent que tous les travailleurs et travailleuses devront passer un contrôle de sécurité et seront interdits de communiquer avec les détenus de la prison Leclerc (située juste à côté du site).

Qu’attendre de l’avenir proche

Il est raisonnable de s’attendre à ce que des travaux de re-excavation et de fondations débutent assez rapidement suivant l’octroiement du contrat d’Entrepreneur général à la fin du mois de mars. Cela signifie que celles et ceux opposé.e.s à la construction d’une nouvelle infrastructure créée uniquement dans le but d’augmenter la capacité du gouvernement à détenir et déporter des migrant.e.s, doivent se mettre aussi rapidement au travail, la construction pouvant débuter sérieusement dès le mois prochain.

Les compagnies considérant s’impliquer dans ce projet totalement inacceptable, servant uniquement à déchirer des familles et des communautés, feraient bien de rester à l’écart. Elles pourraient risquer leur réputation, leur clientèle et leur argent en choisissant d’offrir leur expertise à ce projet qui est sans ambiguïtés violent et raciste, à un moment où il est extrêmement important pour tout le monde de se positionner contre la suprématie blanche et la xénophobie. Les compagnies fournissant des matériaux pour la construction, ou qui seraient intéressées à sous-contracter pour travailler au projet même à un niveau plus limité devraient aussi y penser à deux fois avant de prendre une décision immorale et indéfendable.

Pour un monde sans prisons ni frontières
Pour la liberté de mouvement et la liberté de vivre pour toutes et tous

Pour plus d’information concernant le projet de prison pour migrant.e.s, et pour télécharger du matériel et des documents de recherche reliés à la lutte contre celui-ci, visitez stopponslaprison.info

Pour lire les documents résumés ici, vous pouvez les télécharger directement sur le site du gouvernement du Canada à partir de ce lien. Nous recommandons d’utiliser la navigateur TorBrowser afin d’éviter de donner votre adresse IP.

Prison pour migrants : Les bureaux de l’entreprise d’excavation Loiselle redécorés

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Fév 072019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Selon cet article d’un journal local de Salaberry-de-Valleyfield paru le 29 janvier, la façade de l’édifice de l’entreprise d’excavation Loiselle, situé au 280 boulevard Pie-XII à Saint-Timothée, a été redécorée. On peut y lire l’inscription « NON À LA PRISON POUR MIGRANTS ».

L’article soutient que ce crime a été posé avec des intentions racistes, précisant que l’entreprise n’a aucune idée de pourquoi elle aurait été visée.

Nous ne connaissons pas les intentions des vandales, mais nous savons qu’une nouvelle prison pour migrants est en voie de se construire à Laval, et que cette entreprise a obtenu le contrat de décontamination et d’excavation de ce projet. N’est-ce pas le fait d’enfermer et de déporter plus de migrants qui est raciste ? Il est bien logique que les entreprises impliquées dans la construction de cette prison soient ciblées.

FUCK LOISELLE, FUCK L’AGENCE DES SERVICE FRONTALIERS DU CANADA, FUCK LES PRISONS.
SOLIDARITÉ AVEC LES MIGRANT.ES AVEC OU SANS PAPIERS

Demain c’est loin : Intervention anarchiste en solidarité avec les migrant.e.s

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Déc 172018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La citoyenneté ne peut avoir de valeur que si la catégorie des autres, celles et ceux qui ne possèdent pas ce statut, existe aussi. Afin que règne cette distinction, elle doit être renforcée et l’État détient plusieurs outils pour y arriver. La déportation est l’un d’entre eux.

La déportation est un processus violent par lequel l’État prend la décision d’enlever à une personne son autonomie et sa capacité d’action pour l’exclure du territoire où il exerce son autorité. Pour accomplir cette tâche, il fait usage de différents dispositifs. L’un d’entre eux est le centre de détention pour migrants, communément appelé la prison pour migrants, qui sert à détenir les sans-papiers avant de les déporter. Les personnes sans statut peuvent être arrêtées et y être enfermées dans l’attente qu’on les mette dans un avion pour les envoyer vers un autre pays, parfois vers des terres lointaines étrangères où ielles n’ont aucune relation. 

L’État expulse de plus en plus de gens et souhaite accroître ses capacités à le faire. Les instruments qu’il met en place pour y arriver sont entre autres : engager plus de personnel du service frontalier (ASFC), développer différents moyens de faire des contrôles de sans-papiers, adopter des méthodes de surveillance alternatives comme le bracelet électronique et construire un nouveau centre de détention. À Laval, une ville sur la Rive-Nord de Montréal, le gouvernement veut construire un nouveau centre de détention, soi-disant plus ‘humain’, adjacent au centre qui existe déjà. Mais nous savons tous qu’une cage dorée reste une cage. C’est de la provocation, un acte de confrontation, une atteinte aux personnes sans-papiers, une attaque contre nos communautés, une attaque contre nous tous. La crise migratoire actuelle ne peut que s’accentuer, compte tenu des changements climatiques, des sécheresses, des guerres et de la militarisation répandue dans plusieurs pays du sud. Les migrants risquent de faire face au rejet brutal de l’occident qui se presse de renforcer ses frontières contre les autres, l’ennemi barbare qui l’envahit. Les médias ont d’ailleurs rapporté récemment que le gouvernement fédéral actuel souhaite accroître de 30% le nombre de déportations par année. La construction de cette nouvelle prison contribue à la concrétisation de la mission coloniale de l’État canadien en l’amenant plus près de ses buts de contrôler tous les aspects de la vie des gens, de choisir qui peut habiter ce territoire qu’il s’est approprié et de renforcer la catégorie des autres. Ainsi, en invisibilisant le fait qu’il est lui-même étranger sur un territoire qu’il a colonisé et dont il a exterminé une grande partie de la population, il rend son autorité légitime et s’approche d’un idéal de ‘pureté’ fasciste.

Il nous est important de souligner que les auteur.es de ce texte sont des personnes blanches, né.es au Canada. Nous ne sommes pas directement affecté.es par la menace de la déportation ou de l’enfermement dans un centre de détention pour migrants. Nous choisissons tout de même de lutter contre la construction de cette nouvelle prison en solidarité avec tout.es celleux qui mettent leur vie en danger en prenant la route à la recherche d’un avenir meilleur. Nous n’en avons pas que contre les contrôles de sans-papiers et les centres de détention, notre objectif est de constamment détruire la domination dans tous ses aspects ; cela inclut entre autre tout État et ses frontières.  Même si nous avons le privilège d’avoir des papiers, nous ne sommes pas fièr.e.s d’être Canadien.ne.s. Nous ne ressentons aucun lien d’appartenance à l’identité nationale. Nous voulons construire une lutte qui n’espère aucunement l’approbation ou la reconnaissance de l’État ni de quiconque. Plutôt que de prendre des mesures ‘citoyennes’ en demandant au gouvernement d’arrêter de déporter, nous choisissons de subvertir nos privilèges et de saboter l’engrenage de la machine à expulser. Les responsables de l’enfermement ne doivent plus dormir paisiblement.

Intervention

Nous voulons tenter de coordonner nos énergies de manière informelle et décentralisée pour focaliser sur l’objectif de faire stopper la construction de cette nouvelle prison pour migrants. Si nous nous concentrons sur cette lutte spécifique, c’est avant tout pour obtenir des résultats effectifs, mais c’est aussi pour y diffuser des idées et des pratiques anarchistes et anti-autoritaires. Le dispositif de la prison pour migrants est une composante de l’architecture complexe du pouvoir, une armature importante de l’État et de ses frontières. Ceci dit, nous nous opposons à toutes les prisons, à l’enfermement et à toute forme de domination; mais cette fois-ci, nous tenterons d’empêcher réellement la continuation de ce projet, qui n’est qu’un élément dans un système complexe. Nous souhaitons que d’autres compagnon.nes contribuent aussi à multiplier les offenses, afin que l’hostilité augmente. Nous refusons toutefois de miser sur des attentes quantitatives pour agir. Le contexte est déjà bien trop mûr.

Lutter contre l’État et contre ses projets, ça peut avoir l’air de quoi? Il n’y a pas qu’une façon de répondre à cette question et il n’existe pas non plus de formule magique pour que ça réussisse. Il y a toutefois certains principes qui nous aident à faire des choix cohérents et qui préviendront une récupération éventuelle par les politiciens de la Gauche. Pour nous, ces principes peuvent s’appliquer dans toutes les luttes. Certains sont plus évidents que d’autres, comme le fait de ne pas dénoncer celleux qui s’organisent à la police ou aux autorités. Mais allons un peu plus loin.

Un premier élément est de ne pas demander quoi que ce soit à l’État. Ceux qui luttent contre des projets spécifiques ont souvent le réflexe de formuler des revendications. Quand on revendique, on envoie le message qu’il n’y a que les gens exerçant du pouvoir sur d’autres – des gens en position d’autorité – qui peuvent changer les choses. Ce réflexe est une autonégation de notre liberté et de notre capacité d’agir sur le monde qui nous entoure en laissant les politiciens et à les patrons choisir à notre place. Nous souhaitons nous éloigner de cette façon de nous organiser pour aller vers une lutte qui peut subvertir ces dynamiques de pouvoir et entreprendre des choses sans demander la permission. Nous cherchons à détruire l’État plutôt que de renforcer sa légitimité.

La négociation peut aussi être tentante lorsqu’on croit qu’il est impossible d’accomplir nos objectifs par nous-mêmes. La démocratie nous amène à penser qu’il nous faut toujours faire des concessions, céder un peu. Néanmoins, dans une telle situation, aucune alternative n’est acceptable. Aucune prison plus confortable, aucun agent de l’ASFC plus sympathique et aucun contrôle de sans-papiers ne doivent être tolérés. 

Dans le but d’atteindre certains objectifs, plutôt que de revendiquer et de négocier, nous choisissons la confrontation directe. Nous sommes d’avis que, pour empêcher la construction de cette prison pour migrants, différentes formes d’attaques dirigées envers ceux qui veulent la construire, ceux qui en dessinent les plans, ceux qui versent le ciment, ceux qui ont l’intention d’y enfermer les gens, ceux qui en bénéficient… sont indispensables. La forme des attaques peut varier en fonction de la capacité des gens, de la confiance, etc.

La confrontation directe n’a pas besoin de hiérarchie ou d’être centralisée. En fait, nous croyons que c’est nécessaire de nous organiser de façon décentralisée et informelle. Cela signifie que nous ne voulons pas créer d’entité formelle avec des membres et des plates-formes. Nous désirons nous organiser auprès d’individus avec qui il y a un partage d’affinités, c’est à dire des idées, des pratiques et de la confiance réciproque.

Nous voyons en ces méthodes une meilleure capacité de nous adapter au contexte qui est entretenue par la vivacité organique des liens entre les compagnon.nes. L’organisation informelle veut donner plus d’importance au contenu qu’au contenant. Le fait que nous n’attendons pas l’approbation d’un parti, d’un comité ou d’un groupe rend nos interventions plus efficaces. Néanmoins, pour qu’il y ait une confiance réciproque entre les compagnon.nes et qu’une lutte expansive s’engendre, un certain engagement est essentiel. Il y a une différence entre engagement personelle et organisation formelle. Dans le premier, le contenu prime sur le contenant alors que dans le second, l’organisation comme telle devient plus importante que les relations et les analyses des individus. Se rassembler périodiquement en groupe plus large afin de partager nos perspectives nous semble une bonne option, sans qu’il soit nécessaire de prendre des décisions centralisées. Il est vrai que certains compagnon.nes ont tendance à disperser leurs interventions, sans continuité, et par des actes qui restent souvent symboliques vu l’impact minimale qu’elles produisent sur leurs cibles. Cela ne permet pas qu’une conflictualité plus expansive s’engendre. Il est donc effectivement important de bien penser à ce qu’on fait, d’identifier et de cibler les responsables et les collaborateurs de la domination et de l’enfermement, de partager nos analyses et d’entrevoir une perspective de lutte à moyen ou long terme. Par contre, toutes ces énergies doivent rester en mouvement et ne pas être enfermées dans des organisations formelles, sous prétexte d’obtenir une meilleure continuité. 

Ceci dit, dans l’objectif de créer un contexte de lutte plus large, plusieurs personnes, s’identifiant en tant qu’anarchistes, révolutionnaires ou autonomes, ont tendance à tomber dans le piège quantitatif de la masse et de l’opinion publique en s’organisant conjointement à la Gauche et en faisant appel aux médias de masse. Mais à quel prix ? Il est déjà évident que tout pouvoir, tout socialisant qu’il soit, contribue à entretenir les chaînes qui nous en rendent dépendants. Nous devons utiliser nos propres moyens (journaux, zines, sites de médias indépendants, affiches, infrastructures qui supportent les personnes sans-papiers) et construire les bases de nos luttes selon des principes qui nous sont propres ; des principes anarchistes en rupture avec les institutions.  Pour arriver à subvertir les rapports sociaux et à détruire la domination, nous devons développer des bases anarchistes solides en cessant d’être à la remorque des mouvements de Gauche et trouver la force de lutter en nous-mêmes.

En réalité, l’État ne cessera de déporter, d’enfermer, de construire de nouvelles prisons, de dominer, d’exploiter, d’appuyer juridiquement les pires horreurs ou de propager ses idéologies autoritaires, racistes et coloniales, que s’il est détruit et confronté par l’insurrection, le sabotage de ses rouages et la révolte permanente. Il y a toujours des failles; trouvons les.

Appel aux actions autonomes contre la prison pour migrant.e.s à Laval

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Nov 242018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Entre le 23 novembre et le 7 décembre, nous lançons un appel à l’organisation d’actions autonomes pour arrêter la construction de la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval.

Sous prétexte d’améliorer les conditions de détention des migrant.e.s, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) a reçu un énorme budget gouvernemental pour développer des « alternatives » à la détention and pour construire deux nouvelles prisons pour migrant.e.s. Alors que l’état décrit son projet avec des mots comme « plus humain » et « alternatives », nous savons que tout cela est simplement une expansion de la prison et des systèmes frontaliers. Les soi-disant « alternatives » et les nouvelles prisons visent le même objectif : accroître la capacité de contrôle frontalier et de surveillance de l’immigration de l’ASFC, d’emprisonner et de déporter des migrant.e.s et d’arracher des personnes à leurs familles et à leurs communautés. L’une de ces prisons sera construite à Laval sur le terrain appartenant au Service correctionnel du Canada et remplacera apparemment le centre de détention pour migrant.e.s existant. Deux firmes d’architecture ont été engagées pour réaliser ce projet : Lemay (à St-Henri, Montréal) et Groupe A (à Québec). Les travaux ont déjà commencé sur le site de la future prison.

Nous savons que les frontières sont des zones de conflits. La montée globale de mouvements d’extrême droite fasciste ouvre la voie à une violence et une répression intense à l’égard des migrant.e.s. En ce moment, une caravane de migrant.e.s qui compte entre 5 000 et 7 000 personnes est en train de faire son chemin à travers les Amériques. Des personnes faisant face à des conditions désastreuses n’ont eu d’autre choix que de quitter leur maison pour affronter l’incertitude d’ailleurs. Ce mouvement de gens a suscité l’imaginaire réactionnaire des nationalistes blancs et de l’extrême droite. Trump a déployé des troupes à la frontière entre les États-Unis et le Mexique et a promis d’utiliser la force militaire si un.e seul.e migrant.e jette ne serait-ce qu’une roche au personnel militaire. Pendant ce temps, le Canada continue à emprisonner des migrant.e.s indéfiniment, tout en prétendant construire des centres de détention plus « humains ». Beaucoup sont mort.e.s dans les prisons canadiennes pour migrant.e.s et le Canada prévoit augmenter son taux de déportations de 25% à 30%.

La nouvelle prison pour migrant.e.s ne peut être dissociée du rôle des pénitenciers canadiens dans l’emprisonnement des peuples autochtones résistant à la colonisation depuis des siècles. La nouvelle prison pour migrant.e.s ne peut être dissociée des premières prisons qui enfermaient les personnes noir.e.s résistant à l’esclavage, et de celles qui continuent de les emprisonner à des taux élevés aujourd’hui. Nous pensons à toutes les personnes qui sont mort.e.s en prison et qui continuent de mourir et à toutes les personnes qui résistent aux prisons du monde entier. Inspiré.e.s par les gens qui traversent les frontières dans la caravane de migrant.e.s, par la grève de la faim menée par des migrant.e.s à Lindsey en Ontario pour résister au Cadre national en matière de détention liée à l’immigration (CNDI), par les émeutes des prisonnier.e.s contre les conditions horribles au Centre correctionnel de Baffin, par la récente grève des prisonnier.e.s de 2018 et par la solidarité que cela a suscité à travers le continent, nous lançons un appel à l’organisation d’actions autonomes, du 23 novembre au 7 décembre, pour arrêter la construction de cette prison pour migrant.e.s.

À propos du Centre de détention de l’immigration de Laval

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Sep 062018
 

De Stoppons la prison

Quand le centre de détention de l’immigration de Laval devrait-il être construit?

La prison est censée être opérationnelle en 2021, bien qu’aucun calendrier officiel n’ait été rendu public.

Où sera construite la prison?

Le site de la prison est un terrain d’environ 23 700 mètres carrés situé juste à côté de la prison Leclerc, sur les terrains du Service correctionnel du Canada à Laval. L’ASFC hésitait à choisir cette parcelle de terrain, notant que «la proximité du site avec l’établissement de haute sécurité existant n’est pas idéale car l’IHC [Immigration Holding Center: leur euphémisme pour ne pas dire prison] ne devrait pas être perçue comme associée à un établissement correctionnel. » Ce site a été officiellement choisi en février 2017.

Les États coloniaux (respectivement le Canada et le Québec) à l’intérieur desquels la prison sera construite sont fondés sur la colonisation et la dépossession violentes des peuples et des terres autochtones. Plus précisément, Leclerc est situé sur Kanien’keha: ka un territoire algonquin. La gouvernance des colons repose à la fois sur la revendication illégitime de ces territoires et sur la base matérielle de leur contrôle, imposée par les différentes branches de l’Etat carcéral: de la détention et de l’expulsion des migrant-es a la criminalisation des communautés autochtones. Soutenir le projet de souveraineté autochtone signifie rejeter la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, et rejeter ses fondements ainsi que ces frontières.

Capacité de cette nouvelle prison pour migrant-es?

Selon le contrat du gouvernement, la prison proposée pourra détenir 133 migrants en même temps (avec 25 lits supplémentaires, portant la capacité totale à 158). Cela augmenterait la capacité maximale actuelle qui est de 144 personnes.

Qui sera détenu dans cette nouvelle prison?

Des centaines de milliers de personnes vivent au Canada sans statut, s’intégrants et partageant des relations fortes avec leurs communautés, familles et ami-es. Chaque année, près de dix mille personnes sont arrachées à leurs réseaux, déportés dans des situations violentes et-ou dangereuses, dans des endroits qu’elles ne connaissent pas ou dans lesquelles elles n’ont aucune possibilité de subvenir à leurs besoins.

En vertu de la loi canadienne, l’ASFC peut arrêter et détenir des migrant-es – tant ceux qui sont ici sans la permission de l’État canadien que des résident-es permanent-es – qui sont soupçonnés d’être une «menace» à la sécurité publique, ceux et celles sujet à ne pas se présenter à leur audiences ou encore ceux et celles dont l’identité est remise en question. Ces migrant-es – et souvent leurs enfants – sont emmenés dans les prisons gérées par l’ASFC à Laval ou à Toronto, au centre de détention temporaire de l’ASFC à l’aéroport de Vancouver ou dans les quartiers à sécurité maximale des prisons provinciales. En vertu de la politique actuelle, il n’y a pas de lignes directrices sur la question de savoir si les enfants seront emprisonnés ou non avec leurs parents, et la détention peut être indéfinie.

En réalité, le système d’immigration du Canada empêche pratiquement tous les immigrant-es, sauf les plus privilégiés et\ou les plus aisés, à obtenir un statut légal pour vivre et travailler ici de façon permanente. Les migrant-es considérés comme une «menace» ou un risque de non-conformité aux caprices de l’ASFC sont souvent ceux qui ont des liens familiaux au Canada, des fonds insuffisants pour partir, des personnes qui subiront des violences si elles sont expulsées ou des personnes qui bénéficient d’un support public contre leur déportation.. Le risque d’emprisonnement est utilisé pour discipliner tous les migrant-es, un instrument de coercition qui normalise d’autres formes de contrôle telles que les systèmes de surveillance humaine et électronique proposés comme solutions de rechange «améliorées» par le gouvernement libéral. Mais le « choix » de se conformer et d’éviter l’incarcération est finalement un faux choix, dans lequel le résultat final est encore la déportation probable.

Dans un contexte où plus de 25 000 personnes ont traversé la frontière en provenance des États-Unis depuis 2016, où la grande majorité de ces migrant-es se verront refuser le statut de réfugié et seront bientôt expulsés, et où l’extrême droite raciste et islamophobe attise les sentiments anti-immigrant-es, nous devons comprendre la nouvelle prison pour migrant-es dans le cadre d’une stratégie de l’État canadien pour renforcer son contrôle répressif sur la liberté de circulation.

Malgré les séances de photos et les communiqués de presse sur les efforts de réinstallation des réfugiés de l’État, le Canada est loin d’être un spectateur bienveillant; L’État canadien crée et exacerbe les conditions qui obligent les gens à quitter leur foyer. Des guerres impérialistes à une économie massivement dépendante de l’extraction des ressources coloniales ici et à l’étranger. L’achat récent par Trudeau du pipeline Kinder Morgan Trans Mountain indique un avenir où l’augmentation des émissions créera de nouvelles vagues de réfugiés climatiques. Des projets miniers canadiens en Amérique latine à la production sous-traitée de biens bon marché pour les marchés canadiens, les intérêts des États et des capitalistes canadiens exportent le fardeau de la production et surveillent les mouvements de ceux qui en héritent. La prison pour migrants proposée n’est qu’une partie de cette architecture internationale et les personnes qui y seraient détenues ne sont que quelques-unes des nombreuses personnes dépossédées par l’État canadien et d’autres puissances impérialistes.

Qui est impliqué dans la construction de la prison?

Jusqu’à présent, des contrats pour la construction de ce projet ont étés attribués à deux compagnies : Lemay, une firme d’architecture qui est basée à Montréal et Groupe A, une autre firme d’architecture qui est basée dans la ville de Québec. Pour plus d’information sur ces compagnies, voir la page « Les Compagnies ». Dans les prochains mois, nous pouvons nous attendre à en apprendre plus sur les compagnies et les entrepreneurs qui seront impliqués à divers titres dans ce projet.

Qui finance la construction du projet?

Le gouvernement fédéral a annoncé un nouvel investissement de 138 millions de dollars dans la détention de migrant-es en 2016, duquel un montant de 122 millions de dollars ira à la construction de deux nouvelles prisons. Une à Laval, au Québec et une à Surrey, en Colombie-Britannique. À ce jour, plus de 5 millions de dollars en contrats ont étés accordés à Lemay et Groupe A pour la conception de cette prison à Laval.

Pourquoi faut-il s’opposer à la construction d’établissements pénitentiaires améliorés?

Dès le départ, le gouvernement a tenté de présenter ce projet comme une amélioration: du choix d’une firme « socialement et écologiquement durable » en tant qu’architecte principal, à l’emphase sur une conception « non institutionnelle » du centre et sur les alternatives à la détention. Mais l’apparence de responsabilité sociale ne change pas la violence des prisons et de la déportation : il n’existe pas de prison qui soit agréable.

Le contrat pour la prison semble être plus investi dans le fait de dissimuler sa nature carcérale aux gens de l’extérieur que de créer un environnement plus habitable pour les gens emprisonnés à l’intérieur. Les spécifications préliminaires proposent que « les clôtures soient recouvertes de façon esthétique avec du feuillage ou d’autres matériaux pour limiter son allure sévère et diminuer la possibilité d’identification claire de la clôture ». Les barres de fer sur les fenêtres doivent « passer le plus inaperçues possible pour le public extérieur » tout en maintenant cependant leur fonctionnalité. De l’emphase est mise sur le fait que la clôture d’un mètre de haut encerclant le jardin des enfants est « similaire à l’environnement d’une garderie », bien qu’une « barrière visuelle » de six mètres de haut doive être construite pour empêcher quiconque de voir à l’intérieur et les enfants de voir à l’extérieur.

Au-delà de considérations d’esthétique ou d’efficacité énergétique, une prison demeure un bâtiment fortifié que les gens ne peuvent pas quitter, isolant les personnes à l’intérieur de leur communauté, de leurs proches, de soins de santé adéquats et soumettant les prisonnier-ères à une détresse psychologique extrême. Depuis 2000, au moins seize personnes sont mortes en centre de détention pour migrant-es alors qu’elles étaient détenues par l’ASFC. La réponse superficielle de l’ASFC face à l’indignation suscitée par ces morts est évidente dans les spécifications du projet, qui demandent tout simplement que l’architecture limite les possibilités de se faire mal soi-même, tout en reproduisant inévitablement la misère inhérente à l’incarcération.

Même pour les personnes qui ont étés épargnées de l’expérience d’une incarcération précédant leur déportation, la menace de la prison demeure, contraignant les migrant-es à accepter d’autres types de conditions répressives. Ces institutions normalisent également la légitimité de l’État canadien de contrôler qui se déplace et qui reste dans le territoire qu’il occupe.

En effet, tout récit du contrôle du territoire par un État colonial devrait commencer par l’occupation coloniale des territoires autochtones qui est en cours. Faire avancer la souveraineté autochtone requiert une contestation de la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, incluant la création et l’imposition de frontières. Les mêmes rapports coloniaux et impériaux qui déplacent les migrant-es ailleurs dans le monde sont la base même de l’existence de l’État colonial canadien.

La lutte pour bloquer la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est donc ancrée dans les luttes plus larges contre le colonialisme et l’impérialisme. Elle fait partie d’une lutte pour abolir toutes les prisons et pour démolir toutes les frontières coloniales. Nous ne voulons pas simplement arrêter cette prison, mais aussi fermer toutes celles qui existent déjà.

Le gouvernement ne se tournait-il pas vers le financement d’alternatives à l’emprisonnement et la détention?

Des 138 millions de dollars que le gouvernement libéral a alloué à « la réforme de l’immigration », seulement 5 millions sont destinés aux « alternatives » à la détention. Quelles sont ces « alternatives »? Elles comprennent des « systèmes de surveillance humaine et électronique » tels que des moyens de contention, des bracelets électroniques et des systèmes de signalement électroniques. Ces systèmes de signalement sont en eux-mêmes une autre forme de détention – par exemple, devoir se présenter quelque part deux fois par semaine empêche souvent les migrant-es d’avoir des emplois stables. Ces « alternatives » comportent également des arrangements qui mettent des ONG responsables de la « surveillance communautaire ». Pendant que le gouvernement canadien cherche à réduire les coûts en déléguant le contrôle des migrant-es à des technologies envahissantes et à des ONG complices, la majorité de leur plan d’immigration « revu et amélioré » demeure axé sur la détention, par la construction de deux nouvelles prisons à Laval et à Surrey.

À certains égards, les alternatives proposées sont préférables à la prison. Mais, elles sont loin d’être « humaines ». D’un côté, la menace de l’incarcération d’une durée indéfinie dans une des prisons de l’ASFC sert de justification pour les mécanismes de contrôle de plus en plus envahissants à l’extérieur de la prison – comme si tout ce qui n’est pas un emprisonnement est un acte de compassion. D’un autre côté, ces « alternatives » normalisent la continuelle brutalité de l’emprisonnement en tant que forme de peine pour les personnes incapables ou peu désireuses de se soumettre aux conditions du contrôle étatique. Dans tous les cas, tant les prisons que les « alternatives » se terminent par la déportation, alors que la seule vraie alternative à la déportation – une voie vers un statut régularisé tous et toutes – reste inaccessible.

Montréal n’est-elle pas une ville sanctuaire?

En février 2017, Montréal s’est déclarée « ville sanctuaire ». Malheureusement, cette déclaration s’est avérée n’être guère plus que des paroles creuses. Le SPVM continue à collaborer activement avec l’ASFC, ce qui signifie que même un contrôle routier de routine peut mener à l’intervention de l’ASFC, et les migrant-es sans-papiers ont peu de répit face à la menace de la détention et la déportation. En fait, depuis la déclaration de « ville sanctuaire », les appels du SPVM à l’ASFC ont augmenté, faisant de Montréal la ville canadienne avec le taux le plus élevé de contact entre la police locale et l’ASFC. En mars 2018, des agents de l’ASFC ont violement arrêté Lucy Francineth Granados à son domicile à Montréal. Lucy a ensuite été expulsée d’une ville dont la nouvelle administration « progressiste » avait fait campagne sur la promesse de mettre en place une « vraie » ville sanctuaire.

Comment pouvons-nous arrêter la construction de la prison?

Pour arrêter la prison nous allons avoir besoin d’une lutte à plusieurs facettes. Nous aurons besoin d’efforts de recherches concertés, de campagnes d’information publiques, de grandes mobilisations, de perturbations directes de chaînes d’approvisionnement et de sites de construction, de tout ce qu’il faudra pour rendre impossible la construction de ce projet.

Pour ce faire, nous devons réfléchir de manière stratégique à quels points de pression nous pouvons cibler et tirer avantage, ainsi que comment construire des alliances avec des mouvements semblables contre les prisons, les frontières, et la suprématie blanche; aucune lutte n’existe isolément. Distribuer des pamphlets à vos voisins, organiser des manifestations et des actions qui s’y opposent, il y a de nombreux moyens pour que les gens s’organisent de façon autonome contre ce projet.

La page « Matériaux » de stopponslaprison.info contient quelques ressources pour les personnes qui cherchent un endroit où commencer.

Où puis-je en apprendre plus sur ce projet?

Stopponslaprison.info est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

Vous pouvez télécharger et consulter la recherche et les documents liés à ce projet dans la section « Documents »

Les bureaux de l’ASFC fermés par des militant-es pour la justice migratoire en hommage à M. Bolante Idowu Alo, et à nos ami-es et voisin-es déporté-es

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Sep 022018
 

De Solidarité sans frontières

Les bureaux de l’ASFC à Montréal ont été fermés le 30 août en hommage à M. Bolante Idowu Alo, ainsi qu’à nos ami-es, membres de la famille et voisin-es expulsé-es. Les militant-es ont bloqué et enchaîné toutes les portes du bâtiment et les employé-es n’ont pas pu entrer dans le bâtiment pour continuer leur travail pendant deux heures.

Nous voulons nous assurer que les affaires ne puissent pas continuer comme d’habitude. M. Bolante Idowu Alo est mort violemment entre les mains de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) : nous ne pouvons pas les laisser continuer comme si de rien n’était. Nous voulons que nos communautés non seulement condamnent cette violence scandaleuse, mais qu’elles agissent pour l’empêcher de se reproduire.

M. Alo a vécu au Canada pendant 13 ans. Il a répété à plusieurs reprises aux responsables canadiens que sa vie était en danger au Nigeria. L’ASFC a néanmoins procédé à son expulsion le 7 août; M. Alo est décédé peu de temps après qu’il ait été retiré de l’avion qui était censé le déporter.

Nous avons mené cette action parce que nous voulons protester contre la normalisation de la violence de l’ASFC, contre les déportations et les détentions de migrant-es et de réfugié-es. Nous voulons que l’ASFC soit tenue responsable. M. Alo n’est pas la première personne à mourir alors qu’il était détenu par l’ASFC. Et il n’aurait jamais dû être menacé d’expulsion en premier lieu.

Nous nous rappelons également d’autres ami-es, membres de nos familles et nos voisin-es qui ont été détenu-es et déporté-es du Canada par l’ASFC dans le passé, comme Lucy Francineth Granados, qui a été expulsée le 13 avril 2018, laissant un grand vide dans nos vies et nos communautés.

En 2016, le Canada a émis 11 733 mesures de renvoi : certain-es sont parti-es «volontairement», d’autres ont été expulsé-es, d’autres sont resté-es et sont devenu-es des migrant-es sans papiers. Parmi les migrant-es qui ont traversé la frontière de façon irrégulière au Canada pour fuir le régime de Trump, et dont les cas ont été entendus, moins de 50% ont été acceptés comme réfugiés. Ce chiffre tombe à 10% dans le cas des Haïtien-nes. Les personnes dont la demande de statut de réfugié est refusée sont condamnées à retourner dans leur pays de citoyenneté, y compris en Haïti, bien que le Canada ait émis un avertissement concernant les voyages en Haïti.

En appui à cette fermeture, des personnes se sont rassemblées devant les bureaux de l’ASFC pour un deuil public de M. Alo et de nos ami-es et voisin-es déporté-es. Un cercueil a été placé devant le bâtiment. Des personnes avaient aussi des silhouettes noires avec les noms d’ami-es déporté-es. Le rassemblement demande l’abolition du nouveau Ministère de la sécurité frontalière, un moratoire sur les déportations vers Haïti et la fin des expulsions de réfugié-es et migrant-es.

#StopDeportations
#shutdownCBSA
#PortesClosesASFC

Contre les frontières, contre les prisons. Stoppons la construction de la prison pour migrant-es de Laval !

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Juil 122018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lancement d’un nouveau site web pour contribuer à la campagne contre la construction de la nouvelle prison pour migrant-es à Laval

Cette prison, qui devrait enfermer jusqu’à 158 personnes sans-papiers, devrait être construite sur les terrains du Service correctionnel du Canada, juste à côté de la prison Leclerc, et devrait ouvrir ses portes en 2021. Alors que le gouvernement libéral argumente que cette nouvelle construction serait une façon plus humaine de détenir des migrant-es, nous appelons cela ce que c’est – une prison, en sachant que ceci est simplement une façade plus belle sur un système violent d’emprisonnement et de déportation, qui maintient les gens enfermés dans des cages en déchirant des familles et des communautés. Nous voulons un monde sans prisons et frontières coloniales, un monde où les gens, pas les États, peuvent décider comment ils peuvent se déplacer et où ils peuvent rester. L’arrêt de la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est qu’une étape dans la lutte pour détruire les prisons des migrant-es partout dans le monde.

Bloquons la construction de nouvelles prisons et fermons les anciennes!

Ce site est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

stopponslaprison.info

De multiples lieux de traversée marqués pour aider les migrant-es à traverser des États-Unis vers le Canada

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Juil 062018
 

De Solidarité sans frontières

Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s conclût après 3 jours de route le long de la frontière de Coaticook à Huntington

Action le jour de la fête du Canada

Des panneaux sur lesquels on peut lire «LIEU DE TRAVERSÉE en raison de l’entente sur les pays tiers (non) sûrs – toujours sur des territoires autochtones non cédés» ont été érigés sur cinq sites différents à la frontière canado-américaine tôt le matin de la fête du Canada.

Photos : https://bit.ly/2tZJR2I [album Facebook]

Il y a une multitude de sites similaires au Chemin Roxham séparés par quelques kilomètres les uns des autres le long de la frontière du Québec et des États-Unis. En plus d’envoyer un message de soutien aux réfugié-es et aux migrant.es qui traversent irrégulièrement à partir des États-Unis, cette action visait à encourager les gens qui vivent dans la région à les supporter activement – à ouvrir leurs esprits et leurs coeurs, et, dans un sens très littéral, à Ouvrir les Frontières.

Les panneaux attirent l’attention sur la raison pour laquelle les gens traversent de cette façon: la soi-disant Entente sur les tiers pays sûrs, qui empêche les migrant.es d’appliquer pour le statut de réfugié s’ils vont à un poste régulier. Il y a aussi la question de la légitimité de la frontière et de l’État canadien, établit par les pouvoirs coloniaux européens pour consolider le contrôle sur des terres volées et des ressources.

La Caravane

Cette action conclût la «Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s» qui a été sur la route du 29 juin au 1er juillet, voyageant le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis de Coaticook à Huntington pour enraciner le soutien envers les migrant-es dans la région de la frontière. Dans des évènements publics tels que l’exposition de voitures antiques à Venise-en-Québec et un marché public à Frelighsburg, des stationnements de centres d’achats et des centre-villes, la caravane a attiré l’attention avec une procession musicale, de la jonglerie et des numéros de feu, tout en passant son message à l’aide d’affiches, de tracts, de discours et de théâtre de rue. Sur trois jours, plus de 60 personnes – de Montréal et de la région – ont participé dans la caravane de 10 voitures, qui a passé les deux nuits dans une église et dans une ferme.

Photos: https://bit.ly/2u3ylDu [album Facebook]

La vaste majorité des gens rencontré par la Caravane supportaient le message de bienvenue. Les participant-es de la caravane ont saisi l’opportunité d’échanger avec les personnes rencontrée qui étaient aveuglés par le racisme et croyaient la propagande alarmiste de l’extrême-droite et des politicien-nes populistes dans l’espoir de déplacer leur perspective vers le point de vue des opprimé-es.

Malgré l’attention publique actuelle portée à la violence du système d’immigration américain, le Canada continue à fermer ses frontières aux migrant-es arrivant des États-Unis comme réfugié.es. Quand les gens parviennent à traverser irrégulièrement, le système canadien de traitement des réfugié-es est la prochaine barrière à laquelle ils font face: moins de 50% des gens dont les dossiers ont été entendus (en date de mars 2018) ont été acceptés. Celles et ceux qui ont été rejetés seront déportés ou contraintes à la précarité comme sans papiers.

Il n’est pas surprenant que le Canada continue à collaborer avec l’administration Trump, malgré l’indignation publique contre les politiques de Trump, étant donné que le Canada pratique plusieurs des mêmes abus: séparer les familles, détenir les enfants, etc.

Solidarité sans frontières rejette le cas-par-cas et appele à un statut pour tout le monde qui traverse la frontière. Même si le Canada n’est certainement pas le paradis, les gens viennent parce qu’ils pensent que c’est la meilleure option pour eux. Personne ne devrait avoir à vivre le stress, la précarité et l’humiliation d’essayer de prouver qu’ils sont un réfugié, et la raison pour laquelle ils méritent de rester ici. Personne ne devrait être menacé de déportation. Personne ne devrait se voir retirer son statut et être forcé à vivre dans l’ombre, proie à l’exploitation et craignant d’être découvert.

#NoBordersCaravan
#NoCrossingisIllegal
#Statusforall

Endossement et appel au contingent antifasciste: “Manifestation Un statut pour toutes et tous” (16/06/2018)

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Juin 152018
 

De Montréal-Antifasciste

Depuis 2004, nos camarades de Solidarité sans frontières ont organisé annuellement une marche “Un statut pour toutes et tous” pour revendiquer un arrêt aux déportations et aux détentions d’immigrant-es, et pour appuyer l’ouverture des frontières et la régularisation pour tous-tes immigrant-es et réfugié-es. La marche vise également à revendiquer la création d’une vraie “ville sanctuaire” à Montréal.

En tant qu’antifascistes, nous appuyons de tout coeur ces revendications – nous rejetons toutes frontières coloniales et impérialistes, et voulons que tous-tes migrant-es qui les traversent soient traité-es avec respect et dignité. La cause de la justice migrante nous tient à coeur, spécialement dans le climat politique actuel, où l’on constate une montée de l’extrême droite et une normalisation croissante d’une rhétorique anti-immigrante et islamophobe au sein des partis politiques et des médias de masse. Dans ce contexte, il est plus important que jamais d’assurer une forte présence d’antifascistes au sein de la lutte pour la justice migrante, à Montréal comme ailleurs.

Montréal Antifasciste endosse la manifestation “Un statut pour toutes et tous,” et souhaite participer concrètement en appellant à un contingent antifasciste. Comme d’habitude, nous invitons tous-tes camarades à nous rejoindre derrière la bannière de Montréal Antifasciste!

Infos événement:

“Ouvrons les frontières! Un statut pour toutes et tous!”
Manifestation festive
Le samedi 16 juin à 14h
Place de la Gare Jean-Talon (métro Parc)
Coin de Hutchison/Ogilvy.

Cet événement est familial.

Événement Facebook: https://www.facebook.com/events/1804751619671476/
Site Web: www.solidarityacrossborders.org

Action antifasciste à la frontière Québec/États-Unis

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Juin 032018
 

De It’s Going Down

3 juin 2018 – Le rassemblement appelé par Faith Goldy à la frontière de Roxham (Québec/É-U) a regroupé une centaine de personnes et d’organisations d’extrême-droite du Québec et de l’Ontario, en plus de quelques losers ayant fait le voyage d’aussi loin que l’Alberta et la Nouvelle-Écosse. C’était la première mobilisation inter-provinciale organisée sur cette frontière.

Faith Goldy est une des personnalités les plus populaires de l’alt-right sur internet au Canada. Elle suscite l’intérêt autant des forces populistes inquiètes de l’« immigration illégale » et de la « menace musulmane » que des fascistes et des néo-nazis. Elle se frotte particulièrement à ces derniers, notamment en répétant le slogan nazi des 14 mots, en blaguant avec des gens de Daily Stormer à Charlottesville et en étant une avide défenseure de l’« identitarisme » au Canada, y compris du groupe d’alt-right Identité Canada. Pour en savoir plus sur Goldy.

Goldy a récemment atteint le sommet de sa popularité, quand elle s’est filmée en train d’être expulsée d’une contre-manifestation antifasciste à la frontière Québec/États-Unis à Lacolle quelques semaines plus tôt. Les franges de l’extrême-droite québécoise, qui, pour plusieurs, n’avaient jamais entendu parler d’elle, en ont pris bonne note et ont participé en plus grand nombre au rassemblement du 3 juin.

Les participants représentaient le public-cible de Goldy : des membres des Proud Boys de l’Ontario, ainsi que d’autres activistes internet de l’alt-right, comme Ronny Cameron (« nationaliste blanc » auto-déclaré et partisan de l’alt-right), Alex Van Hamme (Free Bird Media) et Georges Massaad (The Phalange Media). La majorité des participant.es était cependant originaire du Québec. Bien qu’elle ait snobé les organisations québécoises, ignorant les ouvertures de Dave Tragget et de Sylvain Lacroix, et que son appel aux « patriotes » de se présenter avec des drapeaux du Red Ensign ait aliéné quelques nationalistes Québécois, il y avait un grand nombre de personnes associées à Storm Alliance, à Atalante, à la Meute et même au Front Patriotique du Québec (qui s’en était pourtant dissocié à cause de l’enjeu des Red Ensign).

Dans ses videos d’appel, Goldy avait demandé aux participant.es d’agir de façon respectable, mais elle n’avait certainement pas contesté la présence, au coin de Fisher et Roxham Road, de la milice III% dont les membres étaient vêtus d’habits tactiques pour patrouiller le secteur. La zone ressemblait alors plus à une scène militaire qu’à une manifestation pour la fermeture des frontières, ce qui a révélé la violence de l’extrême droite aux yeux de tou.tes. Leur désir fétichisé de patrouiller les frontières d’un État colonial bâtit sur des terres autochtones volées montre que les suprémacistes blancs sont bien au courant de ce qu’elles représentent : elles font partie des infrastructures du racisme qu’ils désirent (les frontières, les lois anti-immigration, les centres de détention, les accords de « pays tiers sûr »).

Dans le passé, les anti-fascistes ont appelé à des contre-manifestations publiques. Nous sommes alors souvent repoussés par les flics de la SQ qui veulent faire place aux groupes d’extrême-droite. Cette fois, nous n’avons fait aucun appel public. Nous avons plutôt tenté de nous placer stratégiquement sur la Roxham Road pour pouvoir bloquer l’autoroute. Nous étions peu, comme nous l’avions choisi. Notre objectif était de perturber leur manifestation d’une manière efficace et pour le plus longtemps possible. Il s’agissait d’une expérimentation que nous n’avons pas fini d’évaluer.

Solidarité avec les tou.tes les migrant.es qui traversent les frontières, solidarité avec tout ceux et toutes celles qui sont détenu.es dans des centres anti-immigrant.es. Solidarité avec les autochtones qui mènent la résistance contre les États coloniaux et leurs frontières.