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À propos du Centre de détention de l’immigration de Laval

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Sep 062018
 

De Stoppons la prison

Quand le centre de détention de l’immigration de Laval devrait-il être construit?

La prison est censée être opérationnelle en 2021, bien qu’aucun calendrier officiel n’ait été rendu public.

Où sera construite la prison?

Le site de la prison est un terrain d’environ 23 700 mètres carrés situé juste à côté de la prison Leclerc, sur les terrains du Service correctionnel du Canada à Laval. L’ASFC hésitait à choisir cette parcelle de terrain, notant que «la proximité du site avec l’établissement de haute sécurité existant n’est pas idéale car l’IHC [Immigration Holding Center: leur euphémisme pour ne pas dire prison] ne devrait pas être perçue comme associée à un établissement correctionnel. » Ce site a été officiellement choisi en février 2017.

Les États coloniaux (respectivement le Canada et le Québec) à l’intérieur desquels la prison sera construite sont fondés sur la colonisation et la dépossession violentes des peuples et des terres autochtones. Plus précisément, Leclerc est situé sur Kanien’keha: ka un territoire algonquin. La gouvernance des colons repose à la fois sur la revendication illégitime de ces territoires et sur la base matérielle de leur contrôle, imposée par les différentes branches de l’Etat carcéral: de la détention et de l’expulsion des migrant-es a la criminalisation des communautés autochtones. Soutenir le projet de souveraineté autochtone signifie rejeter la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, et rejeter ses fondements ainsi que ces frontières.

Capacité de cette nouvelle prison pour migrant-es?

Selon le contrat du gouvernement, la prison proposée pourra détenir 133 migrants en même temps (avec 25 lits supplémentaires, portant la capacité totale à 158). Cela augmenterait la capacité maximale actuelle qui est de 144 personnes.

Qui sera détenu dans cette nouvelle prison?

Des centaines de milliers de personnes vivent au Canada sans statut, s’intégrants et partageant des relations fortes avec leurs communautés, familles et ami-es. Chaque année, près de dix mille personnes sont arrachées à leurs réseaux, déportés dans des situations violentes et-ou dangereuses, dans des endroits qu’elles ne connaissent pas ou dans lesquelles elles n’ont aucune possibilité de subvenir à leurs besoins.

En vertu de la loi canadienne, l’ASFC peut arrêter et détenir des migrant-es – tant ceux qui sont ici sans la permission de l’État canadien que des résident-es permanent-es – qui sont soupçonnés d’être une «menace» à la sécurité publique, ceux et celles sujet à ne pas se présenter à leur audiences ou encore ceux et celles dont l’identité est remise en question. Ces migrant-es – et souvent leurs enfants – sont emmenés dans les prisons gérées par l’ASFC à Laval ou à Toronto, au centre de détention temporaire de l’ASFC à l’aéroport de Vancouver ou dans les quartiers à sécurité maximale des prisons provinciales. En vertu de la politique actuelle, il n’y a pas de lignes directrices sur la question de savoir si les enfants seront emprisonnés ou non avec leurs parents, et la détention peut être indéfinie.

En réalité, le système d’immigration du Canada empêche pratiquement tous les immigrant-es, sauf les plus privilégiés et\ou les plus aisés, à obtenir un statut légal pour vivre et travailler ici de façon permanente. Les migrant-es considérés comme une «menace» ou un risque de non-conformité aux caprices de l’ASFC sont souvent ceux qui ont des liens familiaux au Canada, des fonds insuffisants pour partir, des personnes qui subiront des violences si elles sont expulsées ou des personnes qui bénéficient d’un support public contre leur déportation.. Le risque d’emprisonnement est utilisé pour discipliner tous les migrant-es, un instrument de coercition qui normalise d’autres formes de contrôle telles que les systèmes de surveillance humaine et électronique proposés comme solutions de rechange «améliorées» par le gouvernement libéral. Mais le « choix » de se conformer et d’éviter l’incarcération est finalement un faux choix, dans lequel le résultat final est encore la déportation probable.

Dans un contexte où plus de 25 000 personnes ont traversé la frontière en provenance des États-Unis depuis 2016, où la grande majorité de ces migrant-es se verront refuser le statut de réfugié et seront bientôt expulsés, et où l’extrême droite raciste et islamophobe attise les sentiments anti-immigrant-es, nous devons comprendre la nouvelle prison pour migrant-es dans le cadre d’une stratégie de l’État canadien pour renforcer son contrôle répressif sur la liberté de circulation.

Malgré les séances de photos et les communiqués de presse sur les efforts de réinstallation des réfugiés de l’État, le Canada est loin d’être un spectateur bienveillant; L’État canadien crée et exacerbe les conditions qui obligent les gens à quitter leur foyer. Des guerres impérialistes à une économie massivement dépendante de l’extraction des ressources coloniales ici et à l’étranger. L’achat récent par Trudeau du pipeline Kinder Morgan Trans Mountain indique un avenir où l’augmentation des émissions créera de nouvelles vagues de réfugiés climatiques. Des projets miniers canadiens en Amérique latine à la production sous-traitée de biens bon marché pour les marchés canadiens, les intérêts des États et des capitalistes canadiens exportent le fardeau de la production et surveillent les mouvements de ceux qui en héritent. La prison pour migrants proposée n’est qu’une partie de cette architecture internationale et les personnes qui y seraient détenues ne sont que quelques-unes des nombreuses personnes dépossédées par l’État canadien et d’autres puissances impérialistes.

Qui est impliqué dans la construction de la prison?

Jusqu’à présent, des contrats pour la construction de ce projet ont étés attribués à deux compagnies : Lemay, une firme d’architecture qui est basée à Montréal et Groupe A, une autre firme d’architecture qui est basée dans la ville de Québec. Pour plus d’information sur ces compagnies, voir la page « Les Compagnies ». Dans les prochains mois, nous pouvons nous attendre à en apprendre plus sur les compagnies et les entrepreneurs qui seront impliqués à divers titres dans ce projet.

Qui finance la construction du projet?

Le gouvernement fédéral a annoncé un nouvel investissement de 138 millions de dollars dans la détention de migrant-es en 2016, duquel un montant de 122 millions de dollars ira à la construction de deux nouvelles prisons. Une à Laval, au Québec et une à Surrey, en Colombie-Britannique. À ce jour, plus de 5 millions de dollars en contrats ont étés accordés à Lemay et Groupe A pour la conception de cette prison à Laval.

Pourquoi faut-il s’opposer à la construction d’établissements pénitentiaires améliorés?

Dès le départ, le gouvernement a tenté de présenter ce projet comme une amélioration: du choix d’une firme « socialement et écologiquement durable » en tant qu’architecte principal, à l’emphase sur une conception « non institutionnelle » du centre et sur les alternatives à la détention. Mais l’apparence de responsabilité sociale ne change pas la violence des prisons et de la déportation : il n’existe pas de prison qui soit agréable.

Le contrat pour la prison semble être plus investi dans le fait de dissimuler sa nature carcérale aux gens de l’extérieur que de créer un environnement plus habitable pour les gens emprisonnés à l’intérieur. Les spécifications préliminaires proposent que « les clôtures soient recouvertes de façon esthétique avec du feuillage ou d’autres matériaux pour limiter son allure sévère et diminuer la possibilité d’identification claire de la clôture ». Les barres de fer sur les fenêtres doivent « passer le plus inaperçues possible pour le public extérieur » tout en maintenant cependant leur fonctionnalité. De l’emphase est mise sur le fait que la clôture d’un mètre de haut encerclant le jardin des enfants est « similaire à l’environnement d’une garderie », bien qu’une « barrière visuelle » de six mètres de haut doive être construite pour empêcher quiconque de voir à l’intérieur et les enfants de voir à l’extérieur.

Au-delà de considérations d’esthétique ou d’efficacité énergétique, une prison demeure un bâtiment fortifié que les gens ne peuvent pas quitter, isolant les personnes à l’intérieur de leur communauté, de leurs proches, de soins de santé adéquats et soumettant les prisonnier-ères à une détresse psychologique extrême. Depuis 2000, au moins seize personnes sont mortes en centre de détention pour migrant-es alors qu’elles étaient détenues par l’ASFC. La réponse superficielle de l’ASFC face à l’indignation suscitée par ces morts est évidente dans les spécifications du projet, qui demandent tout simplement que l’architecture limite les possibilités de se faire mal soi-même, tout en reproduisant inévitablement la misère inhérente à l’incarcération.

Même pour les personnes qui ont étés épargnées de l’expérience d’une incarcération précédant leur déportation, la menace de la prison demeure, contraignant les migrant-es à accepter d’autres types de conditions répressives. Ces institutions normalisent également la légitimité de l’État canadien de contrôler qui se déplace et qui reste dans le territoire qu’il occupe.

En effet, tout récit du contrôle du territoire par un État colonial devrait commencer par l’occupation coloniale des territoires autochtones qui est en cours. Faire avancer la souveraineté autochtone requiert une contestation de la légitimité de la gouvernance coloniale canadienne et québécoise, incluant la création et l’imposition de frontières. Les mêmes rapports coloniaux et impériaux qui déplacent les migrant-es ailleurs dans le monde sont la base même de l’existence de l’État colonial canadien.

La lutte pour bloquer la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est donc ancrée dans les luttes plus larges contre le colonialisme et l’impérialisme. Elle fait partie d’une lutte pour abolir toutes les prisons et pour démolir toutes les frontières coloniales. Nous ne voulons pas simplement arrêter cette prison, mais aussi fermer toutes celles qui existent déjà.

Le gouvernement ne se tournait-il pas vers le financement d’alternatives à l’emprisonnement et la détention?

Des 138 millions de dollars que le gouvernement libéral a alloué à « la réforme de l’immigration », seulement 5 millions sont destinés aux « alternatives » à la détention. Quelles sont ces « alternatives »? Elles comprennent des « systèmes de surveillance humaine et électronique » tels que des moyens de contention, des bracelets électroniques et des systèmes de signalement électroniques. Ces systèmes de signalement sont en eux-mêmes une autre forme de détention – par exemple, devoir se présenter quelque part deux fois par semaine empêche souvent les migrant-es d’avoir des emplois stables. Ces « alternatives » comportent également des arrangements qui mettent des ONG responsables de la « surveillance communautaire ». Pendant que le gouvernement canadien cherche à réduire les coûts en déléguant le contrôle des migrant-es à des technologies envahissantes et à des ONG complices, la majorité de leur plan d’immigration « revu et amélioré » demeure axé sur la détention, par la construction de deux nouvelles prisons à Laval et à Surrey.

À certains égards, les alternatives proposées sont préférables à la prison. Mais, elles sont loin d’être « humaines ». D’un côté, la menace de l’incarcération d’une durée indéfinie dans une des prisons de l’ASFC sert de justification pour les mécanismes de contrôle de plus en plus envahissants à l’extérieur de la prison – comme si tout ce qui n’est pas un emprisonnement est un acte de compassion. D’un autre côté, ces « alternatives » normalisent la continuelle brutalité de l’emprisonnement en tant que forme de peine pour les personnes incapables ou peu désireuses de se soumettre aux conditions du contrôle étatique. Dans tous les cas, tant les prisons que les « alternatives » se terminent par la déportation, alors que la seule vraie alternative à la déportation – une voie vers un statut régularisé tous et toutes – reste inaccessible.

Montréal n’est-elle pas une ville sanctuaire?

En février 2017, Montréal s’est déclarée « ville sanctuaire ». Malheureusement, cette déclaration s’est avérée n’être guère plus que des paroles creuses. Le SPVM continue à collaborer activement avec l’ASFC, ce qui signifie que même un contrôle routier de routine peut mener à l’intervention de l’ASFC, et les migrant-es sans-papiers ont peu de répit face à la menace de la détention et la déportation. En fait, depuis la déclaration de « ville sanctuaire », les appels du SPVM à l’ASFC ont augmenté, faisant de Montréal la ville canadienne avec le taux le plus élevé de contact entre la police locale et l’ASFC. En mars 2018, des agents de l’ASFC ont violement arrêté Lucy Francineth Granados à son domicile à Montréal. Lucy a ensuite été expulsée d’une ville dont la nouvelle administration « progressiste » avait fait campagne sur la promesse de mettre en place une « vraie » ville sanctuaire.

Comment pouvons-nous arrêter la construction de la prison?

Pour arrêter la prison nous allons avoir besoin d’une lutte à plusieurs facettes. Nous aurons besoin d’efforts de recherches concertés, de campagnes d’information publiques, de grandes mobilisations, de perturbations directes de chaînes d’approvisionnement et de sites de construction, de tout ce qu’il faudra pour rendre impossible la construction de ce projet.

Pour ce faire, nous devons réfléchir de manière stratégique à quels points de pression nous pouvons cibler et tirer avantage, ainsi que comment construire des alliances avec des mouvements semblables contre les prisons, les frontières, et la suprématie blanche; aucune lutte n’existe isolément. Distribuer des pamphlets à vos voisins, organiser des manifestations et des actions qui s’y opposent, il y a de nombreux moyens pour que les gens s’organisent de façon autonome contre ce projet.

La page « Matériaux » de stopponslaprison.info contient quelques ressources pour les personnes qui cherchent un endroit où commencer.

Où puis-je en apprendre plus sur ce projet?

Stopponslaprison.info est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

Vous pouvez télécharger et consulter la recherche et les documents liés à ce projet dans la section « Documents »

Les bureaux de l’ASFC fermés par des militant-es pour la justice migratoire en hommage à M. Bolante Idowu Alo, et à nos ami-es et voisin-es déporté-es

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Sep 022018
 

De Solidarité sans frontières

Les bureaux de l’ASFC à Montréal ont été fermés le 30 août en hommage à M. Bolante Idowu Alo, ainsi qu’à nos ami-es, membres de la famille et voisin-es expulsé-es. Les militant-es ont bloqué et enchaîné toutes les portes du bâtiment et les employé-es n’ont pas pu entrer dans le bâtiment pour continuer leur travail pendant deux heures.

Nous voulons nous assurer que les affaires ne puissent pas continuer comme d’habitude. M. Bolante Idowu Alo est mort violemment entre les mains de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) : nous ne pouvons pas les laisser continuer comme si de rien n’était. Nous voulons que nos communautés non seulement condamnent cette violence scandaleuse, mais qu’elles agissent pour l’empêcher de se reproduire.

M. Alo a vécu au Canada pendant 13 ans. Il a répété à plusieurs reprises aux responsables canadiens que sa vie était en danger au Nigeria. L’ASFC a néanmoins procédé à son expulsion le 7 août; M. Alo est décédé peu de temps après qu’il ait été retiré de l’avion qui était censé le déporter.

Nous avons mené cette action parce que nous voulons protester contre la normalisation de la violence de l’ASFC, contre les déportations et les détentions de migrant-es et de réfugié-es. Nous voulons que l’ASFC soit tenue responsable. M. Alo n’est pas la première personne à mourir alors qu’il était détenu par l’ASFC. Et il n’aurait jamais dû être menacé d’expulsion en premier lieu.

Nous nous rappelons également d’autres ami-es, membres de nos familles et nos voisin-es qui ont été détenu-es et déporté-es du Canada par l’ASFC dans le passé, comme Lucy Francineth Granados, qui a été expulsée le 13 avril 2018, laissant un grand vide dans nos vies et nos communautés.

En 2016, le Canada a émis 11 733 mesures de renvoi : certain-es sont parti-es «volontairement», d’autres ont été expulsé-es, d’autres sont resté-es et sont devenu-es des migrant-es sans papiers. Parmi les migrant-es qui ont traversé la frontière de façon irrégulière au Canada pour fuir le régime de Trump, et dont les cas ont été entendus, moins de 50% ont été acceptés comme réfugiés. Ce chiffre tombe à 10% dans le cas des Haïtien-nes. Les personnes dont la demande de statut de réfugié est refusée sont condamnées à retourner dans leur pays de citoyenneté, y compris en Haïti, bien que le Canada ait émis un avertissement concernant les voyages en Haïti.

En appui à cette fermeture, des personnes se sont rassemblées devant les bureaux de l’ASFC pour un deuil public de M. Alo et de nos ami-es et voisin-es déporté-es. Un cercueil a été placé devant le bâtiment. Des personnes avaient aussi des silhouettes noires avec les noms d’ami-es déporté-es. Le rassemblement demande l’abolition du nouveau Ministère de la sécurité frontalière, un moratoire sur les déportations vers Haïti et la fin des expulsions de réfugié-es et migrant-es.

#StopDeportations
#shutdownCBSA
#PortesClosesASFC

Contre les frontières, contre les prisons. Stoppons la construction de la prison pour migrant-es de Laval !

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Juil 122018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lancement d’un nouveau site web pour contribuer à la campagne contre la construction de la nouvelle prison pour migrant-es à Laval

Cette prison, qui devrait enfermer jusqu’à 158 personnes sans-papiers, devrait être construite sur les terrains du Service correctionnel du Canada, juste à côté de la prison Leclerc, et devrait ouvrir ses portes en 2021. Alors que le gouvernement libéral argumente que cette nouvelle construction serait une façon plus humaine de détenir des migrant-es, nous appelons cela ce que c’est – une prison, en sachant que ceci est simplement une façade plus belle sur un système violent d’emprisonnement et de déportation, qui maintient les gens enfermés dans des cages en déchirant des familles et des communautés. Nous voulons un monde sans prisons et frontières coloniales, un monde où les gens, pas les États, peuvent décider comment ils peuvent se déplacer et où ils peuvent rester. L’arrêt de la construction du centre de détention de l’immigration de Laval est qu’une étape dans la lutte pour détruire les prisons des migrant-es partout dans le monde.

Bloquons la construction de nouvelles prisons et fermons les anciennes!

Ce site est un centre d’information pour partager; nouvelles, analyse et documents liés à la lutte contre le Centre de détention pour les immigrants de Laval.

stopponslaprison.info

De multiples lieux de traversée marqués pour aider les migrant-es à traverser des États-Unis vers le Canada

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Juil 062018
 

De Solidarité sans frontières

Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s conclût après 3 jours de route le long de la frontière de Coaticook à Huntington

Action le jour de la fête du Canada

Des panneaux sur lesquels on peut lire «LIEU DE TRAVERSÉE en raison de l’entente sur les pays tiers (non) sûrs – toujours sur des territoires autochtones non cédés» ont été érigés sur cinq sites différents à la frontière canado-américaine tôt le matin de la fête du Canada.

Photos : https://bit.ly/2tZJR2I [album Facebook]

Il y a une multitude de sites similaires au Chemin Roxham séparés par quelques kilomètres les uns des autres le long de la frontière du Québec et des États-Unis. En plus d’envoyer un message de soutien aux réfugié-es et aux migrant.es qui traversent irrégulièrement à partir des États-Unis, cette action visait à encourager les gens qui vivent dans la région à les supporter activement – à ouvrir leurs esprits et leurs coeurs, et, dans un sens très littéral, à Ouvrir les Frontières.

Les panneaux attirent l’attention sur la raison pour laquelle les gens traversent de cette façon: la soi-disant Entente sur les tiers pays sûrs, qui empêche les migrant.es d’appliquer pour le statut de réfugié s’ils vont à un poste régulier. Il y a aussi la question de la légitimité de la frontière et de l’État canadien, établit par les pouvoirs coloniaux européens pour consolider le contrôle sur des terres volées et des ressources.

La Caravane

Cette action conclût la «Caravane de Bienvenue aux Réfugié-s» qui a été sur la route du 29 juin au 1er juillet, voyageant le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis de Coaticook à Huntington pour enraciner le soutien envers les migrant-es dans la région de la frontière. Dans des évènements publics tels que l’exposition de voitures antiques à Venise-en-Québec et un marché public à Frelighsburg, des stationnements de centres d’achats et des centre-villes, la caravane a attiré l’attention avec une procession musicale, de la jonglerie et des numéros de feu, tout en passant son message à l’aide d’affiches, de tracts, de discours et de théâtre de rue. Sur trois jours, plus de 60 personnes – de Montréal et de la région – ont participé dans la caravane de 10 voitures, qui a passé les deux nuits dans une église et dans une ferme.

Photos: https://bit.ly/2u3ylDu [album Facebook]

La vaste majorité des gens rencontré par la Caravane supportaient le message de bienvenue. Les participant-es de la caravane ont saisi l’opportunité d’échanger avec les personnes rencontrée qui étaient aveuglés par le racisme et croyaient la propagande alarmiste de l’extrême-droite et des politicien-nes populistes dans l’espoir de déplacer leur perspective vers le point de vue des opprimé-es.

Malgré l’attention publique actuelle portée à la violence du système d’immigration américain, le Canada continue à fermer ses frontières aux migrant-es arrivant des États-Unis comme réfugié.es. Quand les gens parviennent à traverser irrégulièrement, le système canadien de traitement des réfugié-es est la prochaine barrière à laquelle ils font face: moins de 50% des gens dont les dossiers ont été entendus (en date de mars 2018) ont été acceptés. Celles et ceux qui ont été rejetés seront déportés ou contraintes à la précarité comme sans papiers.

Il n’est pas surprenant que le Canada continue à collaborer avec l’administration Trump, malgré l’indignation publique contre les politiques de Trump, étant donné que le Canada pratique plusieurs des mêmes abus: séparer les familles, détenir les enfants, etc.

Solidarité sans frontières rejette le cas-par-cas et appele à un statut pour tout le monde qui traverse la frontière. Même si le Canada n’est certainement pas le paradis, les gens viennent parce qu’ils pensent que c’est la meilleure option pour eux. Personne ne devrait avoir à vivre le stress, la précarité et l’humiliation d’essayer de prouver qu’ils sont un réfugié, et la raison pour laquelle ils méritent de rester ici. Personne ne devrait être menacé de déportation. Personne ne devrait se voir retirer son statut et être forcé à vivre dans l’ombre, proie à l’exploitation et craignant d’être découvert.

#NoBordersCaravan
#NoCrossingisIllegal
#Statusforall

Endossement et appel au contingent antifasciste: “Manifestation Un statut pour toutes et tous” (16/06/2018)

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Juin 152018
 

De Montréal-Antifasciste

Depuis 2004, nos camarades de Solidarité sans frontières ont organisé annuellement une marche “Un statut pour toutes et tous” pour revendiquer un arrêt aux déportations et aux détentions d’immigrant-es, et pour appuyer l’ouverture des frontières et la régularisation pour tous-tes immigrant-es et réfugié-es. La marche vise également à revendiquer la création d’une vraie “ville sanctuaire” à Montréal.

En tant qu’antifascistes, nous appuyons de tout coeur ces revendications – nous rejetons toutes frontières coloniales et impérialistes, et voulons que tous-tes migrant-es qui les traversent soient traité-es avec respect et dignité. La cause de la justice migrante nous tient à coeur, spécialement dans le climat politique actuel, où l’on constate une montée de l’extrême droite et une normalisation croissante d’une rhétorique anti-immigrante et islamophobe au sein des partis politiques et des médias de masse. Dans ce contexte, il est plus important que jamais d’assurer une forte présence d’antifascistes au sein de la lutte pour la justice migrante, à Montréal comme ailleurs.

Montréal Antifasciste endosse la manifestation “Un statut pour toutes et tous,” et souhaite participer concrètement en appellant à un contingent antifasciste. Comme d’habitude, nous invitons tous-tes camarades à nous rejoindre derrière la bannière de Montréal Antifasciste!

Infos événement:

“Ouvrons les frontières! Un statut pour toutes et tous!”
Manifestation festive
Le samedi 16 juin à 14h
Place de la Gare Jean-Talon (métro Parc)
Coin de Hutchison/Ogilvy.

Cet événement est familial.

Événement Facebook: https://www.facebook.com/events/1804751619671476/
Site Web: www.solidarityacrossborders.org

Action antifasciste à la frontière Québec/États-Unis

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Juin 032018
 

De It’s Going Down

3 juin 2018 – Le rassemblement appelé par Faith Goldy à la frontière de Roxham (Québec/É-U) a regroupé une centaine de personnes et d’organisations d’extrême-droite du Québec et de l’Ontario, en plus de quelques losers ayant fait le voyage d’aussi loin que l’Alberta et la Nouvelle-Écosse. C’était la première mobilisation inter-provinciale organisée sur cette frontière.

Faith Goldy est une des personnalités les plus populaires de l’alt-right sur internet au Canada. Elle suscite l’intérêt autant des forces populistes inquiètes de l’« immigration illégale » et de la « menace musulmane » que des fascistes et des néo-nazis. Elle se frotte particulièrement à ces derniers, notamment en répétant le slogan nazi des 14 mots, en blaguant avec des gens de Daily Stormer à Charlottesville et en étant une avide défenseure de l’« identitarisme » au Canada, y compris du groupe d’alt-right Identité Canada. Pour en savoir plus sur Goldy.

Goldy a récemment atteint le sommet de sa popularité, quand elle s’est filmée en train d’être expulsée d’une contre-manifestation antifasciste à la frontière Québec/États-Unis à Lacolle quelques semaines plus tôt. Les franges de l’extrême-droite québécoise, qui, pour plusieurs, n’avaient jamais entendu parler d’elle, en ont pris bonne note et ont participé en plus grand nombre au rassemblement du 3 juin.

Les participants représentaient le public-cible de Goldy : des membres des Proud Boys de l’Ontario, ainsi que d’autres activistes internet de l’alt-right, comme Ronny Cameron (« nationaliste blanc » auto-déclaré et partisan de l’alt-right), Alex Van Hamme (Free Bird Media) et Georges Massaad (The Phalange Media). La majorité des participant.es était cependant originaire du Québec. Bien qu’elle ait snobé les organisations québécoises, ignorant les ouvertures de Dave Tragget et de Sylvain Lacroix, et que son appel aux « patriotes » de se présenter avec des drapeaux du Red Ensign ait aliéné quelques nationalistes Québécois, il y avait un grand nombre de personnes associées à Storm Alliance, à Atalante, à la Meute et même au Front Patriotique du Québec (qui s’en était pourtant dissocié à cause de l’enjeu des Red Ensign).

Dans ses videos d’appel, Goldy avait demandé aux participant.es d’agir de façon respectable, mais elle n’avait certainement pas contesté la présence, au coin de Fisher et Roxham Road, de la milice III% dont les membres étaient vêtus d’habits tactiques pour patrouiller le secteur. La zone ressemblait alors plus à une scène militaire qu’à une manifestation pour la fermeture des frontières, ce qui a révélé la violence de l’extrême droite aux yeux de tou.tes. Leur désir fétichisé de patrouiller les frontières d’un État colonial bâtit sur des terres autochtones volées montre que les suprémacistes blancs sont bien au courant de ce qu’elles représentent : elles font partie des infrastructures du racisme qu’ils désirent (les frontières, les lois anti-immigration, les centres de détention, les accords de « pays tiers sûr »).

Dans le passé, les anti-fascistes ont appelé à des contre-manifestations publiques. Nous sommes alors souvent repoussés par les flics de la SQ qui veulent faire place aux groupes d’extrême-droite. Cette fois, nous n’avons fait aucun appel public. Nous avons plutôt tenté de nous placer stratégiquement sur la Roxham Road pour pouvoir bloquer l’autoroute. Nous étions peu, comme nous l’avions choisi. Notre objectif était de perturber leur manifestation d’une manière efficace et pour le plus longtemps possible. Il s’agissait d’une expérimentation que nous n’avons pas fini d’évaluer.

Solidarité avec les tou.tes les migrant.es qui traversent les frontières, solidarité avec tout ceux et toutes celles qui sont détenu.es dans des centres anti-immigrant.es. Solidarité avec les autochtones qui mènent la résistance contre les États coloniaux et leurs frontières.

Prison pour migrant-e-s : une bande anti-construction libère des milliers de criquets dans les bureaux d’architectes

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Mai 192018
 

Le siège social de Lemay, 3500 rue Saint-Jacques

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Tôt un matin d’avril 2018, notre équipe de construction amateur a relâché des milliers de criquets dans les nouveaux quartiers généraux de la compagnie d’architecture montréalaise Lemay. Nous avons arraché un mur de plywood d’un côté du bâtiment et avons laissé entrer les criquets dans leurs tout nouveaux locaux. En effet, la compagnie Lemay et le Groupe A (situé à Québec) ont obtenu un contrat pour construire un nouveau centre de détention de migrant-e-s à Laval, en banlieue de Montréal. Son ouverture est prévue pour 2020. Nous sommes opposé-e-s aux frontières, aux prisons et aux centres de détention de migrant-e-s. Nous luttons pour un monde où toutes et tous sont libres de se déplacer et de s’établir; un monde libre de la suprématie blanche, du capitalisme, du colonialisme et du patriarcat.

Nous voyons cette action comme le début d’un effort concerté pour empêcher la construction de ce nouveau centre de détention de migrant-e-s. Les criquets sont reputés pour se reproduire rapidement et sont particulièrement difficiles à exterminer; leur bruit constant et leur prolifération rapide dans n’importe quel espace font de ces derniers bien plus qu’une simple nuisance. Ils se multiplieront dans les murs du bâtiment greenwashé de Lemay, dans Saint-Henri, un quartier en gentrification, et ce, même après que le mur que nous avons enlevé ne soit remplacé. Pendant ce temps, notre résistance s’organisera face au centre de détention des migrant-e-s et à tout ce qu’il représente.

Ce nouveau centre de détention pour migrant-e-s à Laval a été proposé dans le cadre d’un «ajustement» du système d’immigration proposé par le gouvernement canadien. La plus grande partie de cet ajustement est dirigé vers les infrastructures : des 138 millions accordés, 122 seront dépensés dans la construction de deux nouveaux centres de détention (à Laval et à Surrey, en Colombie-Britannique) ainsi que dans l’amélioration du centre de détention en fonction à Toronto. Le gouvernement justifie ces mesures en prétendant que les «centres» (pour ne pas dire prisons) ne respectent pas les standards internationaux. Il y a d’ailleurs quelque chose d’ironique à voir que tout en investissant dans de nouvelles prisons pour migrant-e-s, il prétend vouloir trouver des alternatives à la détention.

Ces nouvelles installations sont présentées comme des “meilleures” prisons. Elles sont supposément issues d’un design “non-institutionnel” et ont des espaces extérieurs et un accès facile aux familles ainsi qu’aux représentant-e-s d’ONG, mais priorisent tout de même la “sécurité publique” par l’incarcération. Les compagnies mandatés pour la construction du centre à Laval sont connues pour concevoir des palais de justice et des prisons “LEED”, ainsi que des bibliothèques et des pavillons universitaires. Il est difficile d’imaginer que cette nouvelle prison ne donnera pas une impression “institutionnelle”. La tentative du gouvernement Trudeau rappelle celle par le gouverment fédéral dans le système carcéral pour femmes des années 90 et la tentative du gouvernement ontarien d’assouplir son système carcéral. Les réformes dans les centres de détention visent à redécorer des bâtiments d’où il est interdit de sortir pour prétendre qu’il est acceptable d’y enfermer des personnes.

La nouvelle prison de Laval semble avoir une capacité semblable ou légèrement supérieure à celle du centre présentement en fonction (de 109 à 144 personnes, la nouvelle aurait une capacité d’enfermer 121 personnes). Alors que les dernières années enregistrent un taux plus bas d’incarcération de migrant-e-s et que les gouvernements prétendent vouloir le réduire davantage, ce projet laisse penser qu’il ne s’agit que de mensonges. Étonnant. Comme il a été dit, “construisez les, et ils se rempliront”. Il est peu probable d’assister à une réduction du nombre de détenu-e-s.

Voyons cela de plus près. En tant qu’acteur de l’”ajustement” du système d’immigration, le ministre de la sécurité publique Ralph Goodale a annoncé l’intention du gouvernement d’explorer des “alternatives à l’incarcération”. Dans le rapport qui a été écrit sur la réforme, le gouvernement affirme que les alternatives à l’incarcération incluent “la possibilité de s’identifier par téléphone pour ne pas avoir besoin de se rendre en personne aux services frontaliers, l’augmentation de la liberté de mouvement, la facilitation des critères et l’optimisation de l’efficacité”. C’est-à-dire rendre le travail des flics des frontières plus facile et sauver de l’argent.

Les alternatives les plus connues de l’incarceration des migrant-e-s incluent les maisons de transition et le port de bracelets électroniques ainsi que la probation à travers des ONG qui sont prêtes à agir comme gardiens de prison. Ces mesures sont préférables à l’enfermement. Alors que la prison est le bâton qui menace de frapper, elles représentent la carotte qui discipline. Dans tous les cas, elles servent de légitimation à l’usage de l’emprisonnement (“nous vous avons donné le choix d’utiliser la reconnaissance vocale même si vous ne pouviez pas régulariser votre statut car vous alliez être déporté-e, mais vous avez disparu, il faut donc vous jetter en prison”). Les alternatives à la détention sont des formes plus sophistiquées de contrôle de migrant-e-s qui permettent à l’État de paraître charitable tout en déportant et en emprisonnant des personnes qui ne les respectent pas.

La stratégie d’implanter des alternatives à la détention ne ferait qu’accentuer la collaboration entre les ONGs et le gouvernement pour la détention des migrant-e-s, en échange du financement pour payer les salaires des employé-e-s. En 2017, le gouvernement a signé un nouveau contrat avec la Croix Rouge pour évaluer les conditions dans les centres de détention des migrant-e-s. Par contre, la Croix Rouge surveille techniquement ces conditions depuis 1999, il s’agit seulement de la première fois qu’ils reçoivent un “financement de base” de la part du gouvernement. Avec 1.14 million en deux ans, la Croix Rouge continuera à “évaluer” les centres de détention et à dire au gouvernement que tout va pour le mieux, légitimant la continuation de l’emprisonnement des migrant-e-s. N’est-ce pas merveilleux, quand les ONGs font bien paraître la répression du gouvernement?

Qu’est-ce qui ressort de cet ajustement au final? Plus d’argent pour les prisons répressives, un peu d’argent pour des formes moins violentes de contrôle des mouvements et un peu pour la Croix Rouge. Dans le contexte des migrations à la frontière américaine de ceux et celles qui fuient le régime de Trump, un contexte où la plupart de ces personnes n’obtiendront jamais de statut de réfugié et pourraient bien se retrouver dans un centre de détention, nous voulons empêcher la construction de ce nouveau centre de détention des migrant-e-s. Selon nous, c’est un moment opportun, c’est même le seul moment, pour intervenir pour arrêter le cours des choses. Nous nous mobilisons contre cette nouvelle prison en gardant en tête que nous voulons aussi faire fermer l’ancienne. Nous voyons la prévention de la construction de cette prison uniquement comme une partie d’un combat bien plus grand pour détruire celles qui existent déjà.

En plus de placer cette lutte dans le contexte d’une “crise migratoire” globale, nous comprenons aussi que celle-ci s’inscrit aussi dans le contexte de la montée de l’extrême droite. Storm Alliance, un groupe d’extrême droite raciste et anti-immigration a organisé une poignée de maniestations à la frontière, souvent rejoint par La Meute, un groupe populiste spécifiquement québécois. Influencé par les rhétoriques anti-immigrante et d’extrême droite sur internet, Alexandre Bissonnette a fusillé et tué six personnes dans une mosquée de Québec il y a un an et demi. TVA et le Journal de Montréal ont aussi publié une fausse nouvelle islamophobe pour faire mousser la haine.

Avec tout cela en tête, nous comprenons que la lutte contre la construction de ce nouveau centre de détention est une lutte anti-fasciste, qui est elle-même une lutte contre la suprémacie blanche. Nous souhaitons lier nos actions avec celles d’autres personnes dans nos communautés, proches et éloignées, qui se battent également contre la suprémacie blanche et la montée de l’extrême droite. Même si nous combattons le libéralisme et sont gouvernement actuel au Canada, nous nous battons aussi contre l’extrême droite et leurs désirs d’un avenir plus violent.

Nous sommes inspiré-e-s par l’action récente pour empêcher la déportation de Lucy Granados. Nous sommes inspiré-e-s par le courage quotidien des personnes sans statut et par ceux et celles qui s’organisent et se rassemblent pour protéger nos communautés. Nous sommes inspiré-e-s par toutes les personnes qui se lèvent contre les frontières, les prisons et les autres formes de domination. Nous sommes inspiré-e-s à lutter pour leur liberté de s’installer et de se déplacer, et vous appelons à lutter avec nous.

Lemay n’est pas la seule entreprise impliquée dans la conception et la construction de la prison, et n’est donc pas le seul point de pression possible. Des plans architecturaux de Lemay, aux contributions du Groupe A, aux matériaux et aux équipes de constructions, il faut des ressources multiples pour bâtir une prison. Ceci est un appel pour plus de recherche, de discussions, et d’actions autour de Lemay spécifiquement, mais aussi de toutes les autres firmes et groupes qui sont impliquées dans le projet. Nous espérons voir d’autres bandes anti-construction agir dans le futur et nous espérons que ce projet devienne l’objet d’une campagne soutenue, capable de rassembler plusieurs personnes et groupes vers un futur sans prisons ni frontières.

Nous espérons que la résistance à cette prison continuera de proliférer, plus vite et plus loin que ces milliers de criquets.

Appel à l’action : Ouvrez les frontières

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Avr 302018
 

De Solidarité sans frontières

L’année dernière, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont arrivées à pied au Canada à partir des États-Unis, cherchant un refuge sécuritaire, et chaque jours plus de personnes arrivent. Ce phénomène est souvent attribué à Trump, mais il faut le comprendre dans un contexte global: à travers le monde, plus de 21 millions de personnes ont été obligées de quitter leurs foyers en raison de guerres, d’oppression politique, de violence militaire, de l’extractivisme, des changements climatiques, etc. – conditions créées par l’impérialisme d’États tels que le Canada et les États-Unis. Alors qu’il est directement impliqué dans la dévastation économique et sociale de pays du Moyen Orient, d’Amérique Latine, des Caraïbes, d’Afrique et d’Asie, le gouvernement canadien cherche à limiter qui peut entrer et qui peut rester légalement.

Rejetant le discours raciste et islamophobe ainsi que la couverture médiatique grand-public concernant les migrant-e-s, Solidarité sans frontières appelle à l’ouverture des frontières; une solidarité radicale avec et l’aide mutuelle entre migrant-e-s; des “cités sans frontières”; la fin des déportations, des détentions des migrant-e-s et de la double peine ; la régularisation des sans-statuts (un statut pour tou-te-s maintenant!).

Apartheid Global

Les frontières jouent un rôle crucial pour le système capitaliste et sa « crise des migrants ». Le Canada et les États-Unis sont fondés sur le vol des terres autochtones, ainsi que sur le génocide en cours et le déplacement des peuples autochtones. Ces frontières, établies à l’origine par des guerres coloniales au bénéfice des colons européens, sont également un moyen de contrôle migratoire. Elles empêchent les personnes de sortir de la violence, de la pauvreté et de l’exploitation. Elles poussent des familles de pays en pays, les forçant à monter à bord de bateaux dangereux, ou à faire de longs voyages à travers la neige ou le désert. Les frontières poussent les personnes à vivre dans une précarité sans statut légal, ce qui mène à leur criminalisation. Les frontières maintiennent le système d’apartheid global en place.

Plus de Cas par Cas

Les réfugié-e-s traversant des États-Unis vers le Québec et le Canada n’ont pas d’autre choix que de traverser de manière irrégulière à Roxham Road ou à d’autres points d’entrée depuis que l’entente sur les tiers pays sûrs a été implémentée en 2004. Cette entente entre le Canada et les États-Unis empêche les migrant-e-s de faire une demande de statut de réfugié aux postes frontaliers réguliers canadiens lorsqu’illes arrivent des États-Unis (et vice-versa). C’est-à-dire que les migrant-e-s traversant des États-Unis vers le Canada ne peuvent faire une demande de statut de réfugié que s’illes traversent de manière “irrégulière”. Cette politique a déjà coûté la vie à des migrant-e-s – nous rendons hommage à Mavis Otuteye qui est décédée en juin 2017 – et elle est responsable de la perte de statut légal et de la déportation de plusieurs autres.

Celles et ceux qui arrivent au Canada sont encouragé-e-s à mettre leurs efforts et leurs espoirs sur leur cas individuel, en tentant de prouver qu’illes sont de « véritables réfugié-e-s » ou de « bons migrant-e-s ». Cette longue lutte bureaucratique isole et épuise l’énergie de la lutte collective. De plus, depuis quelques années, environ 40 % des demandes de réfugié (faites à partir du Canada) ont été refusées. Il se peut que le taux de refus soit encore plus élevé pour les migrant-e-s traversant de manière irrégulière puisque plusieurs d’entre elleux ont peu ou aucun soutien pour faire leur demande, ou encore parce qu’illes ont quitté leur pays d’origine depuis de nombreuses années. Bientôt, plusieurs seront refusé-e-s comme réfugié-e-s et devront faire un choix : rester au Canada sans statut ou être déporté-e-s vers leur pays de citoyenneté. Le système de réfugié canadien gérera donc en catimini ce « problème », loin des projecteurs médiatiques : juger les personnes individuellement, et ensuite, un.e à un.e. et discrètement, les déporter ou les criminaliser par milliers.

Rejetons les Divisions Racistes

Le discours public et la couverture médiatique génèrent des divisions au sein de groupes sociaux qui devraient être des alliés contre une distribution injuste de la richesse et du pouvoir. En présentant, au mieux, la situation comme étant d’ordre humanitaire plutôt que politique, le discours dominant cache le rôle que jouent les frontières dans le maintien de cette distribution inégale. La façon dont le Canada a contribué à pousser les gens à quitter leur foyer initialement n’est que rarement mentionnée.

Les discours des groupes d’extrême-droite, tels que La Meute et Storm Alliance, sont encouragés par la normalisation d’attitudes islamophobes et racistes relayés par les médias corporatistes, les politiciens et l’État. En déclarant qu’illes ne sont opposés qu’aux “immigrant-e-s illégaux” ces groupes d’extrême-droite tentent de convaincre l’opinion que les migrant-e-s qui traversent de manière irrégulière sont des “criminel.les”. En jouant sur la vieille peur européenne, raciste et islamophobe, envers les hommes de couleur, les groupes d’extrême-droite à travers l’Europe, les États-Unis, le Canada et le Québec propagent la confusion et la peur à l’égard de l’ ”invasion” et du “terrorisme”, tout en encourageant l’État à augmenter la surveillance aux frontières et le profilage des migrant-e-s.

De toutes ces façons, au lieu de définir le conflit par une division entre les riches/puissants et les pauvres/opprimées à l’intérieur et à l’extérieur de Canada, le conflit est défini par une division entre des personnes à l’intérieur des frontières du Québec ou du Canada (luttant pour la sauvegarde de programmes sociaux, mais réservés à « nous » ; pour la défense de “nos” valeurs etc.) et des personnes arrivant au Québec ou au Canada (perçues comme concurrent.es pour des ressources limitées ; des gens qui coupent les files d’attentes ; des menaces à la sécurité, etc.)

Appel à l’Action!

NOUS SOUTENONS LA LIBERTÉ DE TOU.TES LES MIGRANT-E-S DE RESTER, DE CIRCULER ET DE REVENIR. SPÉCIFIQUEMENT, NOUS SOUTENONS LES MIGRANT-E-S AUX ÉTATS-UNIS, QU’ILLES DÉCIDENT DE LUTTER POUR RESTER AUX ÉTATS-UNIS, OU DE TRAVERSER VERS LE CANADA DE QUELQUE MANIÈRE QUE CE SOIT.

FACE AU TRAITEMENT AU CAS PAR CAS IMPOSÉ PAR L’ÉTAT, NOUS DEVONS AGIR COLLECTIVEMENT ET SE SOUTENIR MUTUELLEMENT.

TOUT EN NOUS OPPOSANT À LA PROPAGANDE ANTI-MIGRANT-E-S ET À CES DIVISIONS FABRIQUÉES DE TOUTE PIÈCE, NOUS DEVONS CONSTRUIRE UNE SOLIDARITÉ CONCRÈTE.

Voici quelques actions que nous pouvons entreprendre dans nos communautés

Partout au Canada:-Organiser ou se joindre aux mobilisations demandant au Canada d’abandonner sa politique du cas par cas et, au contraire, d’implémenter immédiatement un programme de régularisation pour celleux ayant traversé la frontière ET tout-e-s les personnes sans statut qui sont déjà au Canada (pour plus d’informations, contacter Solidarité sans frontières);

-Défier le gouvernement à propos de sa politique des Tiers Pays Sûrs à l’aide de campagnes de mobilisations, forums, dans les médias, etc..

-Si votre organisme offre des services: joignez-vous à votre campagne locale de ville sanctuaire/cité sans frontières pour que les services soient offerts à tou.tes, quelque soit leur statut, sans jamais que les services frontaliers n’y aient accès (à Montréal, signez la déclaration de Solidarité sans frontières pour une cité sans frontières ici.

Pour ceux et celles habitant près des frontières:

-Organisez-vous avec vos voisin-e-s (des deux côtés de la frontière); posez des affiches démontrant votre appui et votre solidarité (“bienvenue aux réfugié-e-s”, etc.); si vous voyez des personnes traverser, offrez-leur du soutien de la manière qui leur convient et n’appelez PAS la GRC, à moins que les personnes ne vous le demandent!

-Explorer les chemins aux alentours de la frontière et mettre en place l’infrastructure pour aider les gens à traverser en toute sécurité et librement

Au Québec:

-Joindre les mobilisations contre la manifestation raciste et anti migrant-e-s du 19 mai au Chemin Roxham, à l’appel des groupes d’extrême-droite (contactez les groupes locaux antiracistes ou antifas, ou attendez pour plus de détails prochainement);

-Appuyer les mobilisations pour l’obtention automatique d’un permis de travail pour tou.tes les migrant-e-s ET pour tou.tes les sans statut au Québec (à Montréal, contacter le Centre de travailleurs et travailleuses immigrantes);

-Joindre les activités contre le sommet du G7, y compris le Contingent Anti-Frontières lors de la marche principale du 7 Juin (les détails concernant le contingent seront postés sur la page facebook et la page web de Solidarités sans frontières);

-Joindre la Caravane Anti-Frontières organisée par Solidarité sans frontières du 29 Juin au 1er Juillet (les détails seront postés sur la page facebook et la page web de Solidarités sans frontières);

Pour les Montréalais.es:

-Offrez votre temps aux groupes qui offrent du soutien de première ligne aux migrant-e-s traversant les frontières et assurez vous que ces groupes respectent la dignité humaine des migrant-e-s. et leur offrent tout le soutien légal et quotidien dont illes ont besoin.

-Soutenez les mobilisations autour de la création d’une Cité Sans Frontières, y compris pour l’accès aux soins de santé, au logement, au refuge, à l’éducation, à la nourriture (communiquer avec Solidarité sans frontières pour plus d’information); joignez-vous aux revendications demandant à la mairesse Plante de donner suite aux promesses non tenues de Coderre de faire de Montréal une ville sanctuaire, en cessant toute coopération entre le SPVM et les agents des services frontaliers du Canada.

-Joignez / soutenez la mobilisation pour ramener au Canada Lucy Granados, Montréalaise, organisatrice communautaire sans-papiers, déportée le 13 avril (les détails seront postés sur les pages facebook et les page web de Solidarités sans frontières et du Centre des Travailleurs et Travailleuses Migrants), et soutenez plus généralement le courageux Collectif des femmes sans statuts ((fb: Collectif des femmes sans statuts / Non-Status Women’s Collective)

– Soutenez la mobilisation pour la marche Ouvrez les frontières ! Un statut pour tou-te-s ! le 16 juin.

En général, nous appelons à l’organisation de manière effective, non-hiérarchique, inclusive et initiée par les membres de la communauté, basée sur l’aide mutuelle et la solidarité radicale, l’emploi d’une diversité des tactiques et l’action directe, pour renforcer la résistance des communautés contre les contrôles frontaliers dans nos villes, combattre les déportations et les détentions, vaincre le mouvement fasciste et soutenir activement les luttes anti-coloniales et la souveraineté des peuples autochtones.

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!