Montréal Contre-information
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Québec : Action contre PL31

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Déc 052023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

PL31 /// Dénis des droits fondamentaux

Le projet de loi de la CAQ et de sa ministre Duranceau est une attaque directe envers les classes les plus vulnérables de notre société.
La ministre, ses petits amis lobbyistes et sa partenaire d’affaire Annie Lemieux doivent être bien heureux de pouvoir exploiter librement les locataires pour se remplir les poches.
Pour lui envoyer un message, nous avons redécoré la porte de son ministère à Québec.

Le PL31 est un coup bas pour le droit au logement.

Pour qui la ministre travaille-t-elle vraiment?
Pour les promoteurs immobiliers ou pour la population?

Nous répliquerons sans relâche aux actes de ces rapaces.

Nous sommes partout.
Nous sommes anarchistes.

Nuit du démon contre les proprios

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Nov 172023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La nuit du démon est traditionnellement un moment de malice et d’activité subversive, saisissant de peur l’ordre des choses et leurs protecteur·ices. Cette nuit là, durant la fin de semaine précédant Halloween, nous avons pris la forme de créatures maléfiques et avons décidé de hanter le manoir du haut Westmount appartenant au patron de l’immobilier Stephen Shiller. Stephen représente la moitié de la compagnie Shiller Lavy et son fils Brandon Shiller dirige Hillpark Capital. Ces firmes sont responsables de la rénoviction et de l’augmentation abusive des loyers pour de nombreux·ses locataires à Montréal ces dernières années, mettant à la rue des centaines de personnes.

L’action était simple, n’importe quel petit fourbe pourrait le faire : nous avons inséré un boyau d’arrosage laissé dehors dans la fente à courrier de la porte avant puis allumé l’eau, avant de disparaître dans la nuit.

Nous invoquons d’autres dans la lutte contre le projet de loi 31 à joindre les incantations des paroles anti-proprios à des rituels nocturnes d’actions contre elleux.

Bien que nous ayons visé Stephen Shiller pour être un proprio particulièrement horrifiant, nous reconnaissons que l’autorité doit être lavée à grande eau partout où elle apparaît.

Des goules anarchistes

Action contre une agence immobilière de luxe montréalaise

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Juil 122023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À Montréal, le 1er juillet est le jour du déménagement. Ca a toujours été chaotique, mais les menaces posées par les réformes sur le logement du projet de loi 31 risquent d’empirer excessivement la situation.

On nous dit qu’il y a une crise du logement, mais ce terme est utilisé pour éviter de nommer les responsables. Pourquoi les logements sont-ils rares, insalubres, dispendieux et précaires à Montréal?

  • Des propriétaires verreux qui rénovincent, demandent des dépôts de garantie et des frais d’intermédiation
  • La conversion des logements en locations court-terme (AirBnB) pour éviter les lois sur le logement et augmenter les profits, allant jusqu’à causer plusieurs morts au printemps.
  • La construction de nouveaux logements pour les investisseurs, pas les résidents. Des dizaines de tours de luxes sont construites et vendues à des investisseurs pour rester vides et prendre en valeur pendant que les logements abordables sont dits “impossibles”.

Plus de 500 personnes sont nouvellement sans-abris depuis le jour du déménagement. L’éviction des personnes qui habitent en tente sous l’autoroute Ville-Marie est imminente. Ils construisent des grattes-ciels pour de riches investisseurs urbains pendant que le monde dort dur. La loi 31 fait partie de ce plan. Le lobby des propriétaires, développeurs immobiliers, gestionnaires immobiliers et agences immobilières fait du profit sur un Montréal où il faut désormais payer ou se pousser. Les pouvoirs en place veulent une ville faite pour les riches – loyers élevés, bouffe inabordable, gentrification yuppie – les riches s’enrichissent.

On dit fuck la crise du logement, y’a du logement partout. Luxury MTL, aussi connu sous le nom de Immeubles Montria, fait partie du problème. Le développement immobilier de luxe crée un monde pour les riches. On va l’attaquer. Leurs fenêtres ne sont que le début.

Solidarité avec celles et ceux en grèves des loyers À Toronto. Squattons le monde!

Appel à la solidarité : La lutte du syndicat des locataires de Montréal contre l’État et les gros propriétaires du Mile End, les Cucurulls

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Juin 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ceci est un appel à la solidarité et au soutien du Syndicat des locataires autonomes de Montréal (SLAM). Le syndicat des locataires a organisé un piquetage pour ce vendredi 16 juin à 16h00 devant les bureaux du propriétaire au 5301 Parc. Cet appel explique la situation actuelle de répression de l’État et des propriétaires, et pourquoi il est important que nous, en tant que mouvement, aidions la lutte des locataires.

Si cette nouvelle mobilisation ressemble au dernier piquetage – avant l’injonction – du SLAM, des piquetages hebdomadaires suivront aux bureaux des Cucurulls. Il est probable que d’autres actions seront organisées pour augmenter la pression.

Nous avons copié un extrait du GoFundMe – donnez si vous le pouvez – écrit par le SLAM, expliquant leur situation actuelle dans leur mobilisation contre la famille immobilière Cucurull :

Après une victoire contre une injonction, notre syndicat lance un nouvel appel de solidarité entre locataires contre la famille Cucurull, un groupe de propriétaires à Montréal. Notre syndicat de locataires avait initallement fait appel à la communauté après que la livraison d’une pétition ait mal tourné. Les Cucurulls ont dépensé des dizaines de milliers de dollars pour nous empêchant de partager publiquement des informations sur leurs actions. Toute information publique au sujet de la compagnie a due être enlevée des réseaux sociaux, le piquetage ne pouvait plus avoir lieu, et notre campagne de financement pour notre défense légale a due être enlevée de nos médias sociaux.

Une victoire récente partielle en réponse à l’injonction nous permet à nouveau de parler publiquement de la compagnie. Non seulement les Cucurulls n’ont toujours pas établi un plan d’action pour répondre aux demandes des locataires listées dans leur pétition, mais une poursuite de 380,000$ cible le syndicat. Les locataires demandent une compensation pour les actions des Cucurulls lors de la livraison de la pétition à leurs bureaux, ainsi qu’un plan d’action pour les réparations, du respect, et de plus petites augmentations de loyer.

Les Cucurulls gèrent 29 bâtiments et 446 apartments. La famille immobilière a été impliquée dans plusieurs centaines de cas au tribunal du logement dans les deux dernières décennies. En 2019, leurs bureaux ont été occupés par des locataires qui ont décrié des évictions de résidents de longue date pour augmenter les loyers. Les Cucurulls ont tenté d’utilisé une injonction pour évincer de facto une locataire actuelle qui a participé à la dernière livraison de pétition, mais ont échoué.

Ce fond légal de solidarité a été mis en place pour aider les membres du syndicat devant faire face à des procès légaux.

Joignez-vous à nos piquetages réguliers du vendredi devant leurs bureaux situés au 5301 Parc, faites un don, et organisez-vous entre locataires dans votre bâtiment pour construire votre pouvoir collectif dans vos quartiers! La solidarité et la communauté feront fleurir une ville meilleure! Solidarité avec toutes les luttes contre les propriétaires!

Faites un don ! Partagez ! Syndiquez votre immeuble !

Une lettre ouverte a été signée par une vingtaine d’organisations locales, nationales et internationales. Elle a été publiée par le collectif Premiere Ligne, sous le titre “La justice fait taire les locataires ! – Communiqué.” La lettre explore les actions répréhensibles des propriétaires, Ian Cucurull et Martha Cucurull, contre des membres du SLAM qui remettaient une pétition innocente. Des cheveux ont été tirés, un membre du SLAM a été étranglé, un locataire du propriétaire a été piégé dans le bureau du propriétaire alors que ce dernier, sur vidéo, souriait par la fenêtre en brandissant un couteau.

La police, au lieu d’inculper les propriétaires, a choisi de cibler les locataires impliqués dans la remise de la pétition en les accusant d’extorsion (pour avoir organisé des revendications), de harcèlement (pour avoir généré une pression publique continue contre le propriétaire) et d’entrée par effraction (pour avoir visité collectivement le bureau du propriétaire). D’autres détails sur l’injonction ultérieure du tribunal, qui comprenait une tentative ratée d’expulsion “de facto” d’un locataire, sont explorés ci-dessus dans le texte de Gofundme.

Voici quelques réflexions sur la nécessité d’une réponse du mouvement et d’une solidarité continue avec le syndicat des locataires de Montréal :

1) Les syndicats de locataires sont nouveaux à Montréal. La réponse actuelle de l’État et des propriétaires aux locataires qui s’organisent sur la base d’une action collective déterminera leurs réponses futures. Si les locataires qui s’organisent et agissent ensemble en utilisant des tactiques plutôt traditionnelles sont considérés comme des criminels ou comme méritant des injonctions de la part des tribunaux, et que nous permettons que cela ne soit pas contesté, nous perdons l’une de nos stratégies les plus utiles pour faire face à la crise du logement. Pour l’essentiel, le droit des locataires à s’organiser publiquement est remis en cause ici. Cette contestation aboutira-t-elle ?

2) Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons que supposer que des organisations de propriétaires comme la CORPIQ et d’autres propriétaires observent ces situations et en tirent des leçons. Cette répression intensive – y compris un procès de 380 000 $, des injonctions, des milliers de dollars de frais juridiques, des accusations criminelles et une enquête policière – mènera-t-elle à la défaite ou à la victoire ?

3) L’occasion s’est présentée de s’organiser contre un important propriétaire local. Il s’agit d’une campagne publique à un moment où l’opinion publique se préoccupe de plus en plus des relations en matière de logement et des rapports de force entre locataires et propriétaires. En tant que mouvement populaire, organisons-nous là où les tensions et les antagonismes de classe sont les plus clairs pour les personnes extérieures à notre mouvement. N’importe qui sait, en apprenant cette situation, qu’une grave injustice est commise.

4) Enfin, ces stratégies de répression ne devraient jamais être tolérées par notre mouvement, contre aucun de nos membres. La solidarité, aujourd’hui, est un appel à l’action contre les Cucurulls, et leurs entreprises : Immopolis et Topo Immobilier.

[Note : Ce texte a été écrit en solidarité et sans l’autorisation ou la connaissance du SLAM.]

Manifestation du Syndicat des locataires dans les bureaux de Transport Québec

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Fév 242023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Lundi 20 février, des membres du Syndicat autonome des locataires de Montréal (SLAM-MATU) ont pris d’assaut les bureaux de Transport Québec. Tout projet d’éviction future du campement Ville-Marie doit être annulé, et les membres du campement doivent recevoir des logements qui correspondent à leurs besoins. Nous avons marché sur les bureaux de TQ, tout comme nous marchons sur les bureaux des propriétaires, parce que l’action directe donne des résultats.

Nous appelons les membres du public, les sympathisants et les camarades non logés à descendre dans la rue lundi prochain, le 27 février, à 17h30, au métro Atwater (Cabot Square) pour aider à mettre fin à ces évictions.

Ces évictions ne sont pas des solutions à l’itinérance et n’améliorent pas la vie des personnes sans abri. L’itinérance est causée par notre système d’hébergement défaillant, les loyers prédateurs et les évictions des proprios, et la politique d’austérité moderne des gouvernements capitalistes qui sous-financent et gèrent mal les services de santé mentale, sociaux et de logement. La crise du logement nous affecte tous ! Défendez vos voisins !

La musique est encore une fois celle d’Action Sédition. Allez les voir.

Le Syndicat des Locataires Autonomes de Montréal résiste à la rénoviction de Cromwell: la solidarité anarchiste est essentielle

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Déc 202022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Les opinions exprimées dans ce texte [initialement paru en anglais le 23 octobre ; NdMtlCI] ne sont pas celles du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal (SLAM). Ce qui suit est le compte rendu et l’analyse d’un membre du syndicat. SLAM est construit sur des principes anarcho-syndicalistes mais n’est pas une organisation explicitement anarchiste et contient de nombreux (sinon la plupart) militants non-anarchistes. Travailler ensemble ne consiste pas à compromettre nos principes, mais à accroître notre force sur la base d’un accord tactique.

Un court documentaire, basé sur une visite communautaire du 3605 st-urbain dont il est question plus loin dans ce texte, explore les conditions des locataires de Cromwell.

Les résidents du 3605 St-Urbain se défendent contre une rénoviction effectuée par Cromwell Management. Leur propriétaire, l’un des hommes les plus riches du Québec, est George Gantcheff.

Le projet de rénovation de Gantcheff et Cromwell, implacable, imprévisible et initialement illégal, a atteint un point d’ébullition.

Depuis janvier, plus de 100 locataires ont été rénovincés d’une tour de 130 logements. Ces travaux ont nécessité l’arrêt du chauffage de l’immeuble. Les locataires s’apprêtent à passer un hiver glacial. Leur seule source de chaleur sera les chauffages d’appoint fournis par Cromwell. Tous les locataires de l’immeuble de 130 logements, sauf 14, sont partis.

De nombreux locataires ont accepté l’offre du propriétaire de mettre fin à leur bail de manière anticipée et d’abandonner leur logement plutôt que de subir des rénovations intrusives. De nombreux locataires âgés vivaient dans l’immeuble depuis des années.

Cromwell a l’habitude d’effectuer des rénovictions et d’augmenter les loyers dans les unités de Montréal et de Toronto. Les rénovictions fournissent une excuse au propriétaire pour augmenter drastiquement le loyer.

Cela contribue de manière significative à l’embourgeoisement/gentrification et à l’accélération de la hausse des loyers. La conséquence est l’enrichissement des propriétaires au détriment de l’appauvrissement continu de la classe ouvrière.

Le propriétaire du 3605 a d’abord justifié les travaux de construction par la nécessité de réparer le système de chauffage du bâtiment. Cromwell en a ensuite profité pour effectuer des rénovations massives. La construction a encore été retardée et étendue.

Depuis, les locataires sont confrontés à un manque d’eau chaude, à de l’eau rouillée, à de la poussière et de la saleté partout, à un bruit constant insupportable et à des coupures de courant. Cromwell a transformé l’immeuble en une zone de construction insupportable et a utilisé ces conditions pour faire pression sur les locataires afin qu’ils quittent leur logement.

Un par un, les locataires ont déménagé. Une fois qu’une unité était libérée, l’appartement était éviscéré, permettant à la construction de s’étendre continuellement.

La majorité des locataires restants du 3605 ont formé un conseil de locataires qui s’est réuni régulièrement au cours des deux derniers mois.

Un membre du Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui a participé activement à l’organisation de conseils de locataires dans des immeubles voisins, assiste à leurs réunions et assure la coordination entre leur conseil et le syndicat général.

Des centaines de dépliants et d’affiches ont depuis été distribués dans le quartier du Plateau, alertant les voisins des locataires de la situation et appelant à la solidarité. Les locataires actuels du 3605 refusent d’être déplacés au nom du profit des entreprises.

Le Syndicalisme Révolutionnaire des Locataires : s’organiser sur le terrain

Le Syndicat Autonome des Locataires de Montréal, qui s’organise avec les locataires de l’immeuble, est un syndicat fondé sur la non-hiérarchie interne, la solidarité, le recours à l’action directe et le leadership des locataires. L’objectif général est de créer un mouvement de masse capable de supprimer radicalement les relations de pouvoir entre les gens, pas seulement pour les locataires, mais pour tout le monde.

SLAM se consacre à la construction de conseils de locataires dans les immeubles et les blocs appartements. Des membres de SLAM assistent aux réunions de ces conseils autonomes. Leur rôle est d’encourager et d’éduquer à l’action directe, de fournir des conseils lorsqu’on leur demande, et d’aider à coordonner les actions ou le soutien avec l’appareil syndical plus large sans dominer la discussion.

Au moment d’écrire ces lignes, SLAM, qui a moins d’un an, a aidé à organiser des conseils de locataires dans près d’une douzaine d’immeubles à travers Montréal.

Les locataires actifs comprennent plus de 40 syndicalistes ou participants aux conseils. Il existe un réseau de soutien plus large de quelque 100 à 150 personnes qui ont signé des pétitions ou participé à des événements.

Les deux mois et demi d’organisation au 3605 St-Urbain (l’immeuble en rénoviction) ont été un défi enrichissant pour les organisateurs. Les locataires restants ont tous plus de 40 ans. Ils viennent d’une pléthore de milieux. Les réunions ne sont pas conventionnelles.

Les discussions de groupe ne durent pas plus de 30 secondes avant que les interruptions ne donnent lieu à des conversations secondaires improvisées. L’attention et la “parole” sont très difficiles à retenir.

À cela s’ajoute le fait que, en raison des horaires disjoints de ce groupe constitué de travailleurs, les réunions se tiennent tard le soir. Elles peuvent parfois s’éterniser au-delà de 23 heures.

Lorsque le Syndicat a entendu parler pour la première fois d’un locataire du 3605, il a été contacté par une figure de proue aimable et respectée de l’immeuble. Cette personne avait déjà organisé une première réunion entre locataires. Avec seulement un petit encouragement du Syndicat, ces réunions du conseil ont continué.

Lorsque l’organisateur du SLAM est entré dans le groupe, les locataires étaient principalement axés sur le recours aux tribunaux du logement pour résoudre leurs problèmes avec Cromwell. C’était dommage.

Sans trop entrer dans les détails, il est juste de dire qu’un mouvement de masse et combatif capable de remplacer le contrôle des entreprises par le contrôle des locataires ne viendra pas du lancement de procès. S’engager dans les tribunaux, c’est individualiser les problèmes sociaux à son meilleur.  

Lors des premières réunions du Conseil du 3605, l’organisateur du SLAM a apporté plusieurs échantillons de lettres collectives que d’autres conseils de locataires avaient écrites à leur propriétaire, a discuté des avantages de l’action collective et a même fait passer des vidéos d’action directe et montré des coupures de presse.

Ces vidéos comprenaient la marche du SLAM sur le siège social de Cogir en juin. Cette marche a permis aux locataires d’obtenir des milliers de dollars en réparations, des économies de loyer et des travaux de construction sans que les locataires n’aient ouvert un seul dossier au Tribunal.

Grâce à des discussions continues, certaines propositions d’actions collectives hors-sol ont finalement été proposées et acceptées par les locataires du 3605. Ces résolutions étaient adaptées à la situation spécifique et aux zones de confort des locataires.

Une fois certaines actions décidées, le SLAM a aidé à convoquer une assemblée générale de ses organisateurs et sympathisants locataires. Environ 16 locataires se sont entassés dans l’espace de réunion habituel du Syndicat, dont plusieurs locataires plus âgés de la classe ouvrière.

Ces locataires plus âgés s’étaient impliqués dans le Syndicat par nécessité, étaient devenus des leaders dans leurs conseils et étaient maintenant prêts à en faire plus. Lors de cette réunion, deux sessions de peintures de bannières ont été planifiées, une liaison avec les médias, une stratégie de médias sociaux et une visite guidée du 3605.

Les bannières sont magnifiques et plusieurs d’entre elles ont été accrochées samedi dans le hall et à l’extérieur du 3605. Plus de 30 voisins, membres du Syndicat et sympathisants ont participé à la visite de l’immeuble délabré. Certains voisins qui avaient été contactés lors du porte-à-porte des appartements de la même rue se sont présentés. Iels étaient absolument enragéEs et engagéEs. Iels avaient leurs propres analyses et expériences et voulaient les soutenir de toutes les manières possibles. Une femme a demandé à rejoindre le SLAM.

Les locataires ont été encouragés par ces premières actions (l’entreprise, en revanche, avait répondu au projet de visite par une réponse ferme et agressive, en affichant des avis semi-légaux menaçants et en se présentant aux portes des locataires en réponse).

Au fur et à mesure que la campagne progresse, le Syndicat continuera à faire pression en faveur d’autres actions directes et d’une escalade. Les locataires sont de plus en plus ouverts à ces tactiques car ils ressentent le pouvoir de la solidarité des locataires à l’extérieur de leur immeuble.

Conclusion

Le but de cette courte anecdote sur l’organisation des débuts de cette campagne contre Cromwell est de souligner l’importance pour les anarchistes de créer et de s’insérer dans des groupes où l’antagonisme de classe est le plus clair.

Nous voulons aider à créer des conseils, des lieux de rencontre qui renforcent le pouvoir collectif et l’autonomie de chacun. Nous avons également pour objectif de pousser la lutte plus loin et de la renforcer. Peut-être que notre idéologie de non-hiérarchie et d’esprit révolutionnaire combatif n’a pas de sens pour tout le monde, mais nos tactiques, lorsqu’elles sont proposées aux situations spécifiques des gens, devraient toujours en avoir.

Cette stratégie syndicaliste nous permet de construire le respect et la popularité de nos méthodes parmi les non-anarchistes et de devenir des “robin des bois” locaux (selon les mots d’un locataire du 3605).

L’avantage de cette forme de syndicalisme continue de faire ses preuves pour le SLAM. Le Syndicat ne se résume pas à la foule habituelle d’organisateurs monolithiques, idéologiquement orientés, plus jeunes et consciemment engagés (bien que ce groupe démographique soit important, et majoritaire aux réunions bihebdomadaires). Il a la capacité d’organiser dans les divers cercles qui constituent le véritable noyau de nos classes opprimées.

Le soutien et l’activisme continus des camarades anarchistes à travers Tio’Tia:Ke («Montréal») restent plus importants que jamais.

La solidarité est essentielle!

Notre objectif n’est pas seulement l’amélioration des conditions. Comme l’écrit Lorenzo Kom-Boa Ervin dans Anarchism and the Black Revolution,

«nous devrions jeter les riches clochards dehors et prendre le pouvoir! Bien sûr, nous devrons nous battre contre les flics et les gardes de sécurité pour les propriétaires véreux, mais nous pouvons le faire aussi! Nous pouvons… construire un mouvement indépendant de locataires qui autogéreront toutes les installations, non pas pour le gouvernement… mais pour eux-mêmes !»

Vous souhaitez apporter votre soutien ? Prenez contact avec le Syndicat : slam.matu@protonmail.com ou tenez-vous au courant sur notre instagram @slam.matu.

Consultez le compte Kolektiva du Syndicat pour notre documentaire et les futures vidéos du SLAM.

Matinée venteuse chez les vendeur.euses de condos

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Nov 222022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce lundi 14 novembre, les courants d’airs seront les seuls visiteurs des bureaux de vente des condos Le Moden, métro Frontenac.

La ville est déja fucking laite mais les nouveaux condos nous font quand meme chier. La yopisation de la place Frontenac et du quartier Centre-Sud est imminente. La domination du capitalisme avance a grands pas. N’attends pas une seconde de plus pour pratiquer ton lancer fracassant avec tes chum.e.s!

CLOU DE CHEMIN DE FER:
-accessibilité 9/10
-impacte 9/10
-discretion 7/10 (moins bruillant qu’on pensait)
-maniabilité 10/10
-fun 10/10

Entretien avec un militant du Réseau libertaire Brume Noire en Gaspésie

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Juil 042022
 

Du Collectif Emma Goldman

Ce printemps, le Réseau libertaire Brume Noire a gentiment accepté notre invitation pour un entretien au sujet du militantisme anarchiste dans les territoires Mi’kmaw non cédé de la soi-disant Gaspésie. Notre intérêt à jaser avec eux et elles vient de certaines similitudes quant à notre situation géographique (isolement et région périphérique notamment), mais également des luttes en cours contre l’extractivisme et en solidarité avec les Premiers Peuples de part et d’autre. Un militant du Réseau, Nokturn, a été délégué pour cet entretien.

BCEG : Salut Nokturn! Le Réseau libertaire Brume Noire (RLBN) aura quatre ans cet automne, comment décrirais-tu le fonctionnement du réseau et à quel endroit est-il actif?

Nokturn : Le Réseau Libertaire Brume Noire est actif sur la pointe Gaspésienne. Nous nommons le secteur ainsi pour reconnaitre qu’il s’agit, pour nous et d’autres personnes, d’un territoire (celui du Gespe’gewa’gi) non cédé Mi’kmaw et parce que nous couvrons plusieurs villages qui sont agglomérés aux villes depuis les expropriations à cause de l’industrialisation. Le Réseau a un objectif simple, celui de ‘réseauter’. C’est-à-dire, relier les initiatives libertaires, qu’elles soient déjà en place ou pas encore nées, afin de démocratiser les points de vue révolutionnaires dans la sphère publique et populaire. En d’autres termes, créer une éducation populaire locale digne de ce nom avec les acteurs de cette localité et créer les rencontres nécessaires pour un avancement des idées conjointes. Nous tentons de nous rappeler le plus souvent possible certains principes qui semblent échapper parfois même aux plus libertaires d’entre nous, tel la diversité des tactiques (apprendre son rôle dans des perspectives inconnues ou incomprises) ou encore la camaraderie en dehors des médias sociaux et des univers dominants. Le Réseau n’est pas initiateur d’alternative directement, mais il met en place les opportunités pour que les personnes désireuses de changement puissent trouver des outils ou des rencontres dans leur communauté et déployer des moyens pour accentuer la révolution.

BCEG : La Gaspésie a un passé assez riche en expériences libertaires. Sur une base philosophique, on pourrait remonter à l’organisation politique égalitaire des Miꞌkmaq et à la révolte des pêcheurs de Rivière-au-Renard (1909), que Mathieu Houle-Courcelles mentionne dans « Sur les traces de l’anarchisme au Québec (1860-1960) ». Dans les dernières décennies, le territoire a notamment vu arriver une multitude d’expériences contre-culturelles et alternatives, ainsi que des communautés intentionnelles libertaires et écologistes. Dans cette histoire assez morcelée, qui a sans doute parfois manqué de cohésion, quels sont les éléments que l’animation d’un réseau politique explicitement libertaire peut apporter de nouveau à votre avis?

Nokturn : Premièrement, le Réseau tente d’apporter, en plus de luttes et inspirations internationales, une reconnaissance des mouvements locaux que vous avez mentionnés. Il est important de comprendre le contexte géopolitique et notre passé en lutte afin de mieux cerner les enjeux actuels qui y sont fort probablement reliés. Il devient important de faire valoir les pensées révolutionnaires gaspésiennes, qu’elles soient autochtones ou allochtones.

Ensuite, en organisant une culture militante populaire, ces mouvements deviennent ancrés dans notre imaginaire et notre identité collective. Un des éléments des luttes dans les exemples que vous mentionnez est la spontanéité. Autant pour réagir lorsqu’une situation opprimante se présente, mais également pour construire et démontrer que d’autres options sont possibles et tout autant valables. Il faut être prêt à s’adapter et changer de méthodes.

Aussi, le réseau permet de relier les alternatives libertaires sur la Pointe afin qu’elles puissent créer un tissu social en marge et créer une véritable économie locale visant une certaine souveraineté. En menant ensemble les luttes, il est possible d’apporter un meilleur soutien sur le territoire qui est assez vaste. Depuis l’urbanisation au Québec, les territoires éloignés subissent un contre poids des gens qui quittent la ville pour se réinstaller dans les régions et il se crée un combat de la ‘ruralité versus la banlieue’. Les gens qui s’installent dans les régions éloignées ne sont pas nécessairement des gens qui veulent délaisser leurs privilèges et plutôt même rester dans le confort qu’ils connaissent. Pour que ces personnes fassent partie de la lutte, il est de notre devoir de les inclure dans les alternatives pour créer le changement nécessaire dans leurs habitudes et la compréhension des fonctionnements en communauté.

BCEG : Outre le RLBN, peux-tu nous faire un petit portrait des différents groupes ou initiatives militants qui luttent dans la région et les idées qu’ils et elles portent?

Nokturn : Nous avions créé un petit dépliant sur les alternatives libertaires en Gaspésie autour de la Pointe. Probablement que ce serait bien de le mettre à jour! Il y a des écovillages et hameaux intéressants, des projets de communautés comme des coops d’habitation ou de solidarité, de plus en plus d’alternatives maraîchères en permaculture (paniers bio, souveraineté alimentaire, projets municipaux comme Nourrir notre monde), des groupes citoyens ou militants tel La planète s’invite au parlement ou Solidarité Gaspésie, le comité ZEN, des lieux autogérés comme le Loco local… quelques alternatives médiatiques comme le journal La grève également ou encore les archives révolutionnaires de la Bardane à St-Louis. Le désir et la volonté de construire en marge sont bien présents, même dans les sphères publiques comme avec les soins de sages-femmes ou les centres de petite enfance en constant combat. Des valeurs importantes sont celles qui se lient au communautaire. Ici, les centres communautaires et les groupes de discussion et d’entraide sur les médias sociaux sont chose régulière afin de pallier le manque de services, la distance ou d’autres problématiques qui sont liés au capitalisme, à l’isolement et à l’exode rural. Il y a aussi bien sur nos amis Miꞌkmaq qui sont présents pour défendre les mouvements et enjeux autochtones et avec qui nous sommes très prêts pour aider notre décolonisation.

BCEG : Au cours des dernières décennies, avec la vigueur des mouvements contre-culturels et l’opposition à la tenue des grands sommets portant sur les traités de libre-échange, la représentation de l’anarchisme a beaucoup été associée aux grands centres urbains et à l’organisation de la jeunesse et des groupes marginalisés qui y habitent. Comment perçois-tu les possibilités révolutionnaires et l’implantation sociale des idées libertaires en milieu rural?

Nokturn : Personnellement, je ne crois pas que ce soit une possibilité, mais une nécessité. Le capitalisme se base sur la privatisation et la surproduction, donc les centres urbains. En Gaspésie, il est facile de voir dans l’histoire ouvrière les exemples de dépossessions du gouvernement lors de la centralisation d’Après-guerre et de l’exode rural. Les communautés se sont vues privées de leurs services et une pauvreté intellectuelle a été exploitée. Pire, des villages expropriés. Donc, le retour en région fait partie d’un mouvement anticapitaliste, quand il vient avec un changement de mode de vie également (parce que beaucoup de gens veulent conserver leurs privilèges de banlieue ou métropoles en revenant en région). Les idées libertaires ont une place de choix dans les régions puisque les militants peuvent se concentrer sur la construction d’alternatives et pas seulement sur la réaction (défensive), étant souvent sur des combats urbains comme la gentrification ou les constants problèmes créés par les grands centres. Les mouvements libertaires doivent prendre place sur les territoires non cédés des Premières Nations également dans une perspective anticoloniale, beaucoup de ces espaces faisant partie des régions.

BCEG : Qu’est-ce que tu vois comme les plus gros défis qui peuvent se poser à la persistance dans le temps (et peut-être aussi la croissance) des groupes militants dans votre coin?

Nokturn : La rétention dans la région est un défi de taille qui laisse des marques. Le manque de logement et les personnes qui restent ici seulement l’été, en plus du cégep, font en sorte qu’une dynamique particulière s’installe et il devient difficile de créer une certaine constance dans les alternatives. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la création du réseau, afin de pouvoir lier les gens par un tissu social autonome au travers des projets. La constance c’est une vertu qui est difficile dans plusieurs spectres, mais tellement importante pour la création d’alternatives concrètes. Sinon, bien entendu, l’étau toujours plus serré du capitalisme qui vient poser des barrières à la collectivisation et décentralisation de nos espaces et territoires, mais ça, c’est la raison pour laquelle nous sommes libertaires et solidaires.

BCEG : La question que je vais te poser apparaîtra peut-être curieuse, elle fait néanmoins appel à votre interprétation de la conjoncture régionale et des rapports de pouvoir, des entreprises, des personnalités influentes et des institutions qui y tirent les ficelles. Dans votre analyse, qui domine la soi-disant Gaspésie (en territoire Miꞌkmaw non cédé)?

Nokturn : D’un point de vue spirituel, c’est la nature qui dirige la Gaspésie. Comme partout ailleurs. Nous ne sommes qu’un passage sur cette planète et elle s’en tirera bien avec ou sans nous. Mais dans un contexte géopolitique, c’est bien évidemment les gouvernements provinciaux et fédéraux qui ont le plus de pouvoir sur les municipalités. Selon nous, les théories de Bookchin pourraient inspirer les mouvements municipaux à gagner en décentralisation. Beaucoup de municipalités en parlent, mais peu en font une pratique ou forment des actions pour gagner en autonomie. Les MRC ont des pouvoirs particuliers également sur les municipalités qui limitent les prisent de décision de manière étrange. Avec la victoire récente sur Galt, il fait bien de nous rappeler que le pouvoir appartient à qui veut le prendre, et surtout dépend de la manière qu’il est utilisé.

BCEG : Merci de nous avoir accordé cet entretien et au plaisir de vous rencontrer!

Rivière-du-loup : Opposition au mégaprojet immobilier du Groupe Medway

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Juin 242022
 

Du Collectif Emma Goldman

Le complexe de 9 étages composé de commerces, de 400 espaces de stationnement et de condos suscite beaucoup de colère dans la ville de Rivière-du-loup, dans le Bas-du-Fleuve, où les locataires avaient déjà de la difficulté à trouver des logements abordables. Plusieurs ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que leur logement allait être détruit pour faire place à la tour qui vient briser la quiétude de leur rue. D’autres s’alertent avec raison d’éventuelles hausses des loyers. La mairie s’est empressée de donner son aval au mégaprojet malgré l’opposition de plusieurs citoyens et citoyennes de la ville.

Une très jolie affiche a dans les dernières heures fleurie sur les poteaux du centre-ville de Rivière-du-loup où l’on peut apercevoir un dinosaure avec la tête de Yan Boudreau, président du Groupe Medway. Le projet y est dénoncé comme “monstrueux” et y est associé des conséquences telles que les évictions, les hausses de loyer et l’embourgeoisement. Ces affiches ont tôt fait de gêner les autorités. Elles ont été décrites comme du “vandalisme” et des “messages d’intimidation” commis par des “malfaiteurs” sur le site d’une station de radio locale. À Rivière-du-loup comme ailleurs, les autorités tentent de faire taire les opposants et opposantes aux grands projets nuisibles qui utilisent bien les seuls moyens qu’il leur reste face à l’asymétrie du pouvoir.

De Chicoutimi à Rivière-du-loup, solidarité contre les embourgeoiseurs et leur monde!

Airbnb détruit le centre-ville de Chicoutimi

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Avr 262022
 

Du Collectif Emma Goldman

Lors de la dernière action du Collectif Emma Goldman, celle en solidarité avec les évincé-e-s du squat de l’autogare de Chicoutimi, un mal-logé du centre-ville me témoignait de la situation de rénoviction qu’il vivait dans son logement. Pour lui, la situation de crise du logement abordable au Saguenay avait des sources multiples, dont l’embourgeoisement, les Airbnb et une forme de mépris des propriétaires envers les moins nanti-e-s. Je l’écoutais attentivement même si je me disais que c’est le genre d’analyse que le Collectif diffuse depuis plusieurs années, une analyse qui témoigne de la réalité crue vécue dans le centre-ville. Bien sûr, on est loin des discours d’élu-e-s comme Mireille Jean selon lesquels, s’il faut les croire, les pouvoirs publics multiplieraient constamment les initiatives pour venir en aide aux mal-logé-e-s… Sur le terrain, le mépris de la ville pour les moins nanti-e-s se vit pourtant à tous les niveaux et au quotidien. Lorsque leurs logements gênent, on les détruit malgré leur statut patrimonial pour les remplacer par quelques places de stationnement en plus. Lorsque leurs présences dans les commerces et sur les rues commerciales gênent, on envoie systématiquement la police pour les harceler et les taxer avec de nouveaux tickets – ça a d’ailleurs été l’une des raisons du déménagement du poste de police. Lorsque leur désespoir et leur détresse gênent, on installe de nouvelles caméras et on augmente les patrouilles policières plutôt que de renforcer le filet social. Les pauvres gênent une certaine classe de privilégié-e-s à Saguenay et l’embourgeoisement devient synonyme de chasse aux pauvres. Dans ce texte, j’aimerais explorer la problématique des Airbnb dans l’embourgeoisement du centre-ville de Chicoutimi.

En dépit d’un encadrement règlementaire plutôt récent, les lieux pouvant être loués sur Airbnb autour de la ville de Saguenay se comptent par centaines selon le site Web de la plateforme. Une recherche très rapide m’a permis d’en trouver plusieurs dizaines dans le seul quartier du centre-ville de Chicoutimi. C’est dire que dans le contexte d’une crise du logement abordable, des propriétaires et des promoteurs immobiliers empirent la situation en préférant louer pour de courtes durées à des touristes qui paieront plus cher plutôt qu’aux habitants et habitantes du quartier. La ville accorde certes des permis aux propriétaires effectuant de telles transactions via la plateforme de la multinationale dont le chiffre d’affaires atteint plusieurs milliards de $, mais elle ne fait rien pour empêcher le processus de détérioration de la situation du logement dans la ville qu’engendre les Airbnb. Avec ou sans permis octroyé par la ville, les problèmes causés par les Airbnb restent les mêmes.

En plus de retirer des logements du parc locatif (au profit du parc touristique), les Airbnb stimulent l’augmentation du coût des logements. Plus les logements disponibles se font rares, plus la tension se fait ressentir sur le marché locatif. Les proprios reçoivent de plus en plus de demandes pour leurs logements et ont de plus en plus de marge de manœuvre pour faire monter les prix des logements, faire accepter des logements dans des conditions exécrables et effectuer une sélection discriminatoire de leurs locataires (comme cela demeure répandu au Saguenay). De plus, les Airbnb stimulent une transformation à moyen et long terme des quartiers par des changements dans l’offre commerciale pour convenir aux touristes qui ont plus d’argent à dépenser. C’est aussi cela l’embourgeoisement. Des commerces “huppés” apparaissent dans des quartiers populaires où la majorité du monde qui y habite n’a même pas le moyen de se procurer les articles les moins dispendieux. Au final, c’est la satisfaction des besoins élémentaires des gens qui est attaquée avec la formation de déserts alimentaires, ainsi que le tissu et la vie sociale de la communauté résidant dans les quartiers.

Que veulent alors, me direz-vous, les mal-logé-e-s du quartier? En toute humilité, c’est bien dur à dire, mais dans les grandes lignes… Nous voulons un quartier pour nouer des liens de solidarité et d’entraide avec les gens qui nous entourent, un quartier pour voir s’épanouir en sécurité et dans la convivialité les enfants, les adultes et les personnes âgées, un quartier pour vivre et défendre la vie. Nous ne voulons pas d’un quartier où la circulation de transit des employé-e-s pressé-e-s domine les rues, d’un quartier muséifié par la touristification où la fausse image est plus importante que l’humain, d’un quartier où l’argent est maître et où, dans l’indifférence, on laisse croupir des personnes exploitées et opprimées dans la misère et l’isolement.

Fuck Airbnb!

N. Hervé