Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

Le 1er mai fou le bordel à Montréal

 Commentaires fermés sur Le 1er mai fou le bordel à Montréal
Mai 032016
 

De Submedia.tv

Pour la 9e année consécutive, une coalition autonome composée d’anti-capitalistes a envahi les rues de Montréal pour célébrer les luttes populaires.

Insurgence de nos complicités enracinées et concrètes : réponse au texte A riot for every police murder et aux actions qui se sont déroulées dans les rues de soi-disant «Montréal» le lundi 11 avril 2016

 Commentaires fermés sur Insurgence de nos complicités enracinées et concrètes : réponse au texte A riot for every police murder et aux actions qui se sont déroulées dans les rues de soi-disant «Montréal» le lundi 11 avril 2016
Mai 012016
 

J’écris cette réponse au texte A riot for every police murder (maintenant également en français sur le même site) et aux actions qui se sont déroulées dans les rues de soi-disant «Montréal» le lundi 11 avril 2016 à double titre de membre de Solidarité NABRO (Solidarité avec la Nation Anishinabe du bassin-versant de la rivière des Outaouais) et de Ni Québec, ni Canada : collectif anticolonialiste. Ma réponse, je l’assume complètement personnellement et personne d’autre que moi-même ne doit être tenu de défendre ce qui s’y dit. Je remercie les gens qui m’ont proposé des corrections, elle/il se reconnaîtront. J’avais choisi, comme d’autres, de ne pas répondre et de défendre le fait que des camarades aient choisi d’autres moyens de lutte à travers la manifestation du 11 avril et en même temps de dire que les Anishinabe avec lesquel.le.s nous avons organisé cette manifestation ne partageaient pas leur choix tactique, mais comme ce texte A riot for every police murder a choisi délibérément de se désolidariser des Anishinabe qui ont participé à l’organisation de la manifestation et de nous qui l’avons organisée avec eux/elles, il m’est paru davantage important d’intervenir pour clarifier certaines choses.

«De Montréal-Nord à Lac-Simon, la police assassine !» (un des slogans de la manifestation du lundi 11 avril 2016)

La police a toujours été, au même titre que l’armée, un des bras armés du processus colonial. Son rôle est de préserver l’ordre social dominant, d’imposer par la force l’existence du pouvoir étatique et du capitalisme en expansion, donc fondamentalement aussi de tout ce qui fait la colonisation. Elle est là pour réprimer tous ceux et toutes celles qui ne cadrent pas dans cet ordre et va jusqu’à assassiner pour préserver le monde tel qu’administré. C’est ainsi qu’elle n’a de cesse d’attaquer des Autochtones et d’autres gens racisé.e.s pour défendre le pouvoir colonial. La police et son monde sont donc à détruire.

Le mercredi 6 avril 2016, nous étions en tabarnac parce qu’une vie de plus venait d’être assassinée par la police. Il s’appelait Sandy Tarzan Michel, il était Anishinabe et vivait à Lac-Simon. En 2009, son frère Johnny Jr Michel-Dumont avait également été assassiné par la police.

Dès le jour suivant, des camarades ont entamé d’organiser une manifestation pour le lundi 11 avril 2016 que nous allions soutenir collectivement en tant que Solidarité NABRO. Depuis déjà quelques années, Solidarité NABRO est en relation de solidarité avec ANORW (Anishinabe Nation of the Ottawa River Watershed). Nous travaillons en étroite collaboration avec ANORW, qui est elle-même ancrée dans un large réseau de liens et de luttes dans plusieurs communautés anishinabe. C’est ensemble que nous avions entre autres organisé la marche à soi-disant «Ottawa» le dimanche 28 février dernier pour la défense des chutes et des îles Akikodjiwan, menacées par les projets coloniaux-capitalistes de la compagnie Zibi. (voir ici pour plus de détails)

En solidarité avec ANORW et la famille de Sandy Tarzan Michel, nous avons élaboré le plan de la manifestation du 11 avril. Des demandes nous ont été faites qui allaient dans le sens d’une manifestation pacifique. Dans le cadre d’une formation donnée par subMedia.tv ainsi qu’Épopée, en collaboration avec différentes autres organisations dont Solidarité NABRO, de jeunes Anishinabe avaient réalisé une vidéo qui invitait à ce rassemblement, notamment par la voix de Shannon Chief d’ANORW.

«Ce rassemblement vise à remémorer une jeune personne de notre nation. Il n’avait que 22 ans. À cet âge, nous le considérons comme un de nos jeunes toujours en apprentissage et en croissance. La communauté de Lac Simon vit un grand deuil et une grande tristesse en raison de cette brutalité policière. Nous désirons tenir ce rassemblement de manière pacifique pour que son esprit puisse passer au-delà, et pour nous souvenir de cette jeune âme qui nous a quittés trop tôt. Apportez vos chants, vos tambours, vos familles, vos enfants…» – Shannon Chief, Anishinabe Nation of the Ottawa River Watershed (dans ce vidéo).

Nous sommes plusieurs anarchistes dans Solidarité NABRO et dans notre entourage, et nous ne sommes pas habitué.e.s d’organiser des manifestations pacifiques, surtout pas quand nous sommes en câlisse, mais comme nous sommes en solidarité avec ANORW et dans ce contexte aussi avec la famille de Sandy Tarzan Michel, il nous apparaissait comme un devoir de solidarité que d’organiser notre manifestation dans le sens de leurs intentions, comme l’ouverture d’un espace pour leur prise de parole et l’affirmation de leur existence contre la négation de celle-ci, perpétuée par le génocide.

Nous sommes situés en tout temps sur le terrain d’une guerre sociale coloniale, patriarcale, capitaliste… qui sévit contre les populations les plus opprimées. Nous vivons dans un contexte génocidaire où les populations autochtones sont et ont été assassinées, décimées, violées, assimilées, disséminées… et les terres qu’ils/elles habitent occupées, volées, détruites… Les empires, qu’ils se nomment États-Unis, Canada, Québec…, sont en continuelle expansion. Comme l’ont dénoté plusieurs, cette expansion coloniale est un perpétuel écocide/génocide. Alors, certes il y a plusieurs raisons de vouloir tout détruire de ces empires.

Comme nos camarades qui ont décidé de lancer des roches sur les policiers et de détruire une minuscule partie de la propriété de la Sûreté du Québec et du ministère de la Sécurité publique lors de la manifestation du 11 avril, nous sommes plusieurs à sentir le besoin d’attaquer et de détruire le monde de la police, ce qui le soutient et ce qu’il soutient. Mais nous savons aussi que notre lutte anticoloniale ne peut se faire qu’en plaçant la volonté des premières concernées et des premiers concernés de l’avant, c’est-à-dire par la reprise du pouvoir par les communautés autochtones. Nous savons que la construction d’une lutte commune dans un cadre colonial ne peut se faire que dans le respect des manières de faire des Autochtones concerné.e.s, des Autochtones avec lesquel.le.s nous nous organisons, de celles et ceux avec qui notre travail est continu et nos liens de confiance et de complicité, en développement.

Dans le contexte de l’organisation de la manifestation du 11 avril, ça voulait dire lutter dans le respect des volontés exprimées par la famille de Sandy Tarzan Michel et celles d’ANORW. Ça voulait aussi dire ne pas mettre en danger inutilement nos camarades anishinabe, en commençant par les aîné.e.s et les enfants. Nous voulons nous enraciner dans une lutte en complicité avec les communautés, qui n’est pas une mode et qui n’est pas non plus l’histoire d’une émeute d’un soir. Il existe plein de circonstances et de lieux pour en découdre plus violemment avec le système capitaliste, colonial, patriarcal… l’espace ouvert par cette manifestation n’y était pas destiné. Dans ce cadre, la foule réunie pour cette manifestation à l’exception des émeutiers/émeutières du 11 avril n’y était absolument pas préparée et donc la soi-disant «émeute» ne pouvait qu’être de très courte durée, et comme disait certain.e.s camarades, les conditions d’une bataille de rue qui serait triomphale n’étaient absolument pas réunies.

 »A few sporadic unorganized and improvised anarchists made mischiefs by throwing rocks and according to the police smoke gas as well. » (de l’article Monday April 11th: Protest in solidarity of Lac Simon Anishnabeg killed by local police d’Éric P- Thisdale, journaliste kanienkehaka)

Ça ne pouvait que finir par ce qui s’est passé, c’est-à-dire par un sauve-qui-peut très individualisé où les jeunes gens favorisés, dont ceux/celles qui ont essayé de tourner cette manifestation en émeute, étaient les plus enclin.e.s à pouvoir se sauver.  »By opening up space and time in the streets through attacking the police, people create the conditions to destroy other components of the material infrastructure of colonial society. » (A riot for every police murder) L’infrastructure coloniale à la fin de la soirée n’a pas bougé, les seuls remous qu’a laissé votre pseudo-émeute sont plus de divisions entre nous et nos camarades dans les communautés autochtones ainsi qu’à l’intérieur de celles-ci, ce qui est de nature à paralyser l’avancement de nos offensives contre le monde colonial, beaucoup plus qu’à chambranler celui-ci.

Le texte qui défend la volonté de tourner en émeute la manifestation du 11 avril qui n’y était pas destinée, A riot for every police murder, se sert d’un texte que j’ai personnellement beaucoup diffusé : Accomplices Not Allies : Abolishing the Ally Industrial Complex (en français sur Anti-dev)

Je m’en servirai donc pour continuer de leur répondre. Je vous conseille fortement par ailleurs de le lire, car c’est un texte dont la lecture approfondie ne peut que bénéficier à la lutte anticoloniale.

Les liens entre colons ou occupant.e.s qui se veulent allié.e.s et les peuples autochtones dans ce contexte de plus de 500 ans de colonisation dans ce que nous appelons les «Amériques» sont extrêmement fragiles. Notre existence même ici sur ces terres est une continuelle occupation. Nous nous sommes imposés ici par l’expansion coloniale des Empires. Cette conquête se poursuit encore aujourd’hui.

Les peuples autochtones ne forment pas un tout homogène appelé «autochtone» ou «Premières Nations». Différents peuples existent avec différentes cultures, différents modes d’être, différentes manières d’habiter les territoires, différentes façons de résister… Nos solidarités en ce sens ne peuvent qu’être plurielles.  »Accomplices listen with respect for the range of cultural practices and dynamics that exists within various Indigenous communities » (Accomplices Not Allies). Il est primordial donc d’être à l’écoute de celles et ceux avec lesquel.le.s nous agissons en solidarité, de bâtir des relations mutuelles et basées sur la confiance. «Accomplices are realized through mutual consent and build trust. They don’t just have our backs, they are at our side, or in their own spaces confronting and unsettling colonialism. As accomplices we are compelled to become accountable and responsible to each other, that is the nature of trust.» (Accomplices Not Allies)

La complicité part de ce contexte. Il ne saurait y avoir complicité sans lien profond avec des communautés autochtones avec lesquelles nous la développons.

Dans ce contexte, organiser la manifestation sur des bases mutuelles était absolument primordial, et c’est ce qui n’a pas été respecté par des soi-disant «complices» qui ont décidé d’une manière isolée, sans relation profonde avec les communautés concernées, de poser des gestes qui ont mis les gens en danger. Ils ont imposé des modes d’être et de résister que les communautés concernées n’avaient pas choisis, et qu’elles ressentent encore aujourd’hui comme de la trahison ou de l’irrespect.

Nos solidarités doivent tenir compte de la diversité des désirs et des intentions des personnes dans les communautés autochtones avec lesquelles nous sommes en alliance. Nous nous sommes imposés ici et ce n’est pas en continuant d’imposer ce que nous sommes que nous donnerons de la puissance au processus de décolonisation.

 »Meaningful alliances aren’t imposed, they are consented upon. The self-proclaimed allies have no intention to abolish the entitlement that compelled them to impose their relationship upon those they claim to ally with. » (Accomplices Not Allies)

Certes, nous sommes plusieurs à penser et à vivre le fait que le travail d’un.e complice est d’attaquer les structures et les idées coloniales ( »The work of an accomplice in anti-colonial struggle is to attack colonial structures & ideas »- Accomplices Not Allies), mais nous n’oublions pas que nous le faisons et le ferons ensemble. C’est aussi fondamentalement ce que complicité veut dire.

Il est vrai que les luttes autochtones combatives inspirantes sont légion :  »In so-called Canada, there is no shortage of combative anti-colonial resistance to take inspiration from; whether it be from the people who confronted police on the anishnabeg reserve last Wednesday, the struggles against ecological devastation in Elsipogtog and Lelu Island, the fight from the barricades over two decades ago during the ‘Oka Crisis’, or the continual war against colonialism that has been fought on many fronts since settlement began. » (A riot for every police murder) Mais les luttes se passent toujours dans le concret de communautés particulières qui se veulent en lutte contre le système colonial et cette lutte ne se fait pas que l’instant d’une émeute. Elle ne peut que s’opérer sur le moyen et le long terme, traverser différents épisodes, utiliser plusieurs tactiques…

Nous ne pouvons agir en complices que dans le concret des luttes que nous partageons réellement. L’énumération des luttes autochtones du présent et du passé est fortement inspirante, mais ces luttes sont toujours en contexte. Il n’y a pas d’abstraction générale de «la lutte autochtone» dont nous nous ferions complices. Nos relations s’inscrivent toujours dans les circonstances matérielles des luttes réelles et de leurs évolutions, avec la diversité des modes d’être et de lutter de chaque communauté en résistance.

5 Mai 2016 : Lancement du mois de l’anarchie!

 Commentaires fermés sur 5 Mai 2016 : Lancement du mois de l’anarchie!
Avr 272016
 

À chaque année, au mois de mai, l’île qu’on appelle maintenant « Montréal » célèbre le festival de l’anarchie!

Nous vous invitons jeudi le 5 mai prochain, quelques jours après les manifestations du 1e Mai anti-capitaliste, au lancement du restants des activités du mois de Mai 2016.

Au programme:

– Projection d’un film sur le Salon du livre de Montréal et les luttes/groupes associées, 40min. (plus d’infos à venir)

– Lancement de la programmation du Festival de Films Anarchistes de Montréal 2016, organisé par Projections Insurgées !!

– Lancement de la programmation du Festival International de Théâtre Anarchiste de Montréal 2016! + projections d’extraits de pièces

Salon du Livre Anarchiste de Montréal

Festival Art et Anarchie + Anarchie dans la rue

– et bien d’autres (infos à venir) !!

– DJ et soirée festive !!

Des collations et des jus seront offerts.

Nous nous déplacerons dans un bar non loin pour terminer la soirée après 23 heures !

ps. si vous voulez que votre activités, groupes, événements soit mis de l’avant lors de cette soirée, n’hésitez pas à nous écrire!

ACCESSIBILITÉ
(plus d’infos à venir lorsque le local sera confirmé. Nous tenons à spécifier qu’il s’agira probablement d’un local à l’UQAM. Nous n’endossons en aucune manière les politiques répressives de l’admin de l’UQAM et voulons exprimer notre solidarité aux camarades qui – encore – ne peuvent/ou ne veulent pas mettre les pieds dans cette institution en raison de conditions de libération ou autres.)

FACEBOOK

BOOKFAIR20161

Une émeute pour chaque meurtre policier

 Commentaires fermés sur Une émeute pour chaque meurtre policier
Avr 222016
 

28news.protest(willie_wilson)1_820_615_90

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Dans la nuit du lundi 11 avril, une manifestation à Montréal a attaqué la police en réponse à un second meurtre commis par la police en moins de deux semaines.

Sandy Tarzan Michel, un homme Anishinabe, a été assassiné par la police sur la réserve anishnabeg de Lac Simon, Québec, mercredi dernier le 6 avril. La police lui a tiré dessus à de multiples reprises après lui avoir roulé dessus avec une voiture de police. Le frère de Sandy a aussi été assassiné par la police à lac Simon en 2009 alors qu’il était âgé de 19 ans.

Après que Sandy ait été assassiné, d’autres personnes qui vivent sur la réserve ont confronté la police locale et tenté de blocker l’entrée sur la réserve à la police provinciale (la Sûreté du Québec) qui avait été appelée pour assister les forces policières locales. Cela a mené à trois arrestations. Lorsque quelqu’un est tué par la police au Québec, une agence de police différente est appelée pour investiguer l’affaire, c’est donc le SPVM qui a reçu l’ordre d’investiguer le meurtre de Lac Simon.

Autour de 100 personnes se sont rassemblées à l’extérieur du métro St-Laurent et ont écouté les discours des organisateurs Anishinabe. Alors que la manif a pris la rue, on a pu voir des participant-es distribuer des masques aux gens dans la manif. La manif a pris Ste-Catherine en direction est alors que des policiers à vélo suivaient la manif à la hauteur où étaient massées le plus de gens masqués. Durant les quarante-cinq minutes qui ont suivi, la manif a marché dans un calme relatif, et les gens exprimaient leur douleur, leur tristesse et leur colère de différentes façons, alors que certaines personnes marchianet silencieusement et invitaient les autres à faire de même, et d’autres chantaient des slogans encourageant la violence contre la police.

À l’intersection de Ste-Catherine et de Lorimier, des personnes dans la foule ont lancé des roches sur les policiers à vélo sur le côté tout en lançant des fumigènes sur les trottoirs pour obscurcir la vision des policiers. Les policiers à vélo ont rapidement fui. Comme il n’y avait plus de flics à proximité immédiate de la manif, quelques minutes plus tard, des gens ont attaqué les bureaux du Ministère de la Sûreté du Québec sur Parthenais. Le Ministère de la Sécurité Publique supervise les prisons provinciales au Québec (qui sont peuplées de manière tout à fait disproportionnée par des personnes autochtones) et la Sûreté du Québec – deux institutions participant à maintenir l’occupation coloniale au soi—disant Québec. La police anti-émeute a chargé la manifestation peu de temps après cette attaque contre les bureaux du ministère, et a réussi à disperser la manifestation malgré les tentatives de riposte avec des volées de roches. Aucune arrestation n’a été faite.

En tant qu’anarchistes, nous avons initié les attaques dans cette manifestation car nous ne combattons pas pour une police moins meurtrière, mais pour la destruction de toute forme de police. Lorsque la police assassine, agresse sexuellement ou emprisonne quelqu’un-e, nous croyons en la vengeance, mais nous ne désirons pas en rester là. En ouvrant du temps et de l’espace dans les rues en attaquant la police, les gens créent les conditions qui permettent de détruire des aspects de l’infrastructure matérielle de la société coloniale. Nous croyons que c’est une étape importante pour nourrir des relations de care, de confiance et de réciprocité qui sont nécessaires à toute rupture avec le contrôle colonial, capitaliste et patriarcal de la vie. Dans les conditions particulières de la manifestation de lundi, nous avons agi afin d’ouvrir la possibilité d’une complicité avec des personnes autochtones qui voient les institutions policières Canadiennes, coloniales de manière inhérente, comme des ennemies. Bien que nous soyions conscient-es que certain.es participant.es Anishnabes à la manif demandaient une manif pacifiste, nous espérons que d’autres reconnaîtrons en nous de futurs complices possibles.

Après la soirée de lundi, nous avons constaté que certains allié.es colons/blancs autoproclamé.es ont régit durement envers les actions directes qui ont été menées contres les institutions auxquelles elles et ils s’opposent apparemment. La manière dont les appels d’une ou deux personnes individuelles pour une manif pacifiste sont prises comme représentant les intérêts de toute une communauté marque bien l’échec d’une politique d’alliance. L’idée qu’être un.e bon.ne allié.e est possible en suivant les instructions d’un groupe opprimé nous mène inévitablement à confronter le problème des contradictions entre les gens qui partagent une même catégorie identitaire. Dans le soi-disant Canada, on ne manque pas d’exemple de résistance anti-coloniale combative de laquelle on peut s’inspirer; que ça soit des personnes qui ont confronté la police sur la réserve anishnabeg mercredi dernier, les luttes contre la dévastation écologique à Elsipogtog et à Lelu Island, la lutte mené derrière les barricades il y a plus de deux décennies lors de la ‘Crise d’Oka’, ou la guerre en continu contre le colonialisme qui a été menée sur de multiples fronts depuis le début de la colonisation.

Il y a une multiplicité de façons dont les personnes combattent les systèmes qui leur font du mal à eux et à leur environnement. Alors que certaines personnes Anishinabe et d’autres personnes autochtones désirent confronter violemment les institutions qui les dominent, d’autres placent leurs espoirs de changement dans des canaux présentés par ces mêmes institutions – comme des manifestations symboliques. Les gens qui souhaitent alors être des ‘allié.es’ se doivent de reconnaître cette réalité, et trouver nos propres chemins dans la lutte contre la domination plutôt que de suivre un.e représentant.e sur la base d’un sentiment de culpabilité ou d’une quelconque moralité.

Nos désirons encourager des relations de complicité plutôt que d’alliance, avec tous.tes ceuzes qui luttent contre la violence systémique. Fuck la police, fuck le québec, fuck le canada.

Rage contre la Police au Québec

 Commentaires fermés sur Rage contre la Police au Québec
Avr 192016
 

de Submedia.tv

Avril 2016, la police de Montréal a assassiné Jean-Pierre Bony en lui tirant une balle de plastique à la tête, en alléguant qu’il distribuait de la drogue.

Jean-Pierre était désarmé. Sa communauté a pris la rue pour exprimer sa rage. Les gens ont attaqué un poste de police et on mis le feu à des voitures. Plus tard la même semaine, la police a tué Sandy Michel dans la communauté autochtone de Lac-Simon, un homme de 25 ans, dont le frère a aussi été tué par des policiers. La nuit dernière, des gens à Montréal ont fait une manifestation pour protester ce dernier meurtre. La police de Montréal a attaqué la foule avec des gaz lacrymogènes et a chargé la foule.

Une manifestation attaque la police avec des cocktails molotovs à Hochelaga

 Commentaires fermés sur Une manifestation attaque la police avec des cocktails molotovs à Hochelaga
Avr 162016
 

Selon les médias (nos ennemis)

Une manifestation de près de 30 personnes masquées a pris la rue à Hochelaga durant la nuit de jeudi le 14 avril. La police a été attaquée avec des feux d’artifices et des cocktails molotovs. Il n’y a pas eu d’arrestations.

Rest In Power Bony Jean-Pierre

 Commentaires fermés sur Rest In Power Bony Jean-Pierre
Avr 092016
 

restinpower

Soumission anonyme envoyée à Montréal Contre-Information

La semaine dernière, la police a tué Bony Jean-Pierre à Montréal-Nord : encore une personne noire assassinée par les agents meurtriers de la suprématie blanche. Mercredi dernier, le jour de l’anniversaire de Fredy Villanueva – assassiné par la police en 2008 et vengé par deux nuits d’émeutes à Montréal-Nord – une manifestation en réponse au meurtre de Bony Jean-Pierre a viré à l’émeute contre la police.

À leur habitude, les médias ont recraché le mythe des “casseurs extérieurs”, tout comme ils l’ont fait lors des émeutes d’Oscar Grant à Oakland et de la récente rébellion à Ferguson, perpétuant une image faisant croire à l’incapacité des personnes noires d’agir pour elles-mêmes.

Pourtant, nous nous réjouissons d’avoir vu des personnes qui vivent à Montréal-Nord initier une féroce attaque contre la police. Des vans et des caméras de médias ont été attaquées et les voitures de police en présence ont été pourchassées avec des crowbars, des roches et des bombes fumigènes jusqu’à ce qu’elles disparaissent. À ce moment, les gens ont décidé de se diriger vers le poste de police. En chemin, plusieurs vitres de commerces ainsi que celles d’une banque ont été éclatées – un feu a été allumé à l’intérieur de celle-ci plus tard. S’en est suivi un joyeux saccage du poste qui a duré une vingtaine de minutes.

CfaDoiVWQAEVbND.jpg_large

Le poste avait été évacué préventivement et alors que toutes le fenêtres se faisaient fracasser nous avons entendu dans la rue des gens crier “la police a peur de nous maintenant”. Lorsqu’un policier anti-émeute seul a tenté d’intimider les gens qui entraient dans le stationnement, un marteau lui a été lancé au visage, ce qui a laissé le champs libre aux gens pour s’attaquer aussi aux chars de patrouille dans le stationnement. Lorsque la police anti-émeute s’est avancée pour protéger ce qu’il restait de leur poste, elle a été accueillie avec des roches et des feux d’artifice. Et alors que les gens retournaient vers les rues résidentielles, au moins six voitures ont été incendiées.

573f9fbf-3000-4218-9cd4-7bf4aa8e4b0d_ORIGINAL
CfaPb_OW8AAJf0d.jpg_large

Nous avons participé à ces événements pour supporter, en tant qu’anarchistes, ces actes de courage, de rage et de rébellion. Ce qui s’est passé mercredi soir laisse une trace persistante dans nos esprits, réchauffe nos coeurs et nous inspire contre la police et le flicage dans nos propres contextes. La complicité que nous avons ressentie avec les gens que nous avons rencontrés dans les rues de Montréal-Nord nous appelle à sortir de nos cliques et à dépasser les frontières formées dans notre propre ville et dans nos têtes par l’ordre social raciste.

Ce soir, nous avons écrit le nom de Bony Jean-Pierre sur plusieurs panneaux publicitaires géants à Montréal dans d’autres quartiers, aux côtés d’images de chars de flic en feu, parce que “la mémoire est vivante et prête à frapper”.

Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas. Le feu continue de brûler en nous.

niquelapolice

rip-fr

11 x 17″ | PDF

Pour rester plus en sécurité

 Commentaires fermés sur Pour rester plus en sécurité  Tagged with:
Avr 082016
 

Pour la prochaine fois… Pour rester plus en sécurité

Pourquoi porter un masque? Ça nous permet d’agir sans être immédiatement reconnu-es. Ce n’est pas suffisant de couvrir la moitié de notre visage. Même si nous réussissons à nous enfuir de la police, elle pourrait utiliser des photos ou des vidéos de nous plus tard pour nous incriminer. Il vaut mieux couvrir nos cheveux, notre visage, nos bras, nos tattoos et nos mains. Les meilleurs gants sont ceux en coton puisqu’ils ne transmettent pas les empreintes digitales contrairement aux gants en plastique ou avec du ‘grip’. Assurons-nous qu’il n’y ait pas de marque qui permette d’identifier nos vêtements, nos souliers ou nos sacs-à-dos; et c’est nice d’avoir des vêtements pour se changer après s’être démasqué-es. Si on amène des outils avec nous dans la manif, on doit les frotter avec de l’alcool pour effacer les empreintes digitales. C’est normal de se vanter et de raconter nos histoires, mais elles sont faciles à utiliser contre nous. On ne devrait pas poster sur Facebook quoi que ce soit qu’on ne montrerait pas à un flic. C’est la même chose pour Twitter, Instagram, Tumblr. Rappelons-nous que la police va lire nos textos et la liste des dernières personnes que nous avons appelées lorsqu’ils vont nous arrêter. Si on est arrêté-es, on peut invoquer notre droit de rester absolument silencieux-se; la seule chose qu’on doit dire c’est notre nom, notre adresse, notre date de naissance, rien de plus.

securite8.5 x 11″ | PDF

1er Mai anticapitaliste

 Commentaires fermés sur 1er Mai anticapitaliste
Avr 052016
 

text3771_0Contre l’impérialisme, le racisme, les frontières et le colonialisme:

ensemble détruisons le capitalisme

de CLAC

Points de départ :

  • Entrée de l’université McGill (coin Sherbrooke et McGill College, métro McGill)
  • Square Phillips (coin Ste-Catherine et Union, métro McGill)

ENCORE UNE FOIS, CECI EST UN APPEL À LA PERTURBATION ÉCONOMIQUE DU CENTRE-VILLE DE MONTRÉAL, BAPTISÉE PAR LA BOURGEOISIE ELLE-MÊME LE NOUVEAU « GOLDEN SQUARE MILE », EN PARTICULIER LE QUADRILATÈRE FORMÉ PAR LES RUES SHERBROOKE, RENÉ-LÉVESQUE, PEEL ET UNION.

Encore cette année, les attaques contre les travailleurs et travailleuses ont été fulgurantes : crise économique permanente, augmentation du coût de la vie, patronat et gouvernements qui serrent la vis aux employé-e-s, etc. Sans compter le sacro-saint déficit zéro qu’on nous sert depuis 20 ans pour justifier les coupures dans les programmes sociaux et l’aide aux travailleur-euse-s pauvres et aux sans-emploi. Pour diviser encore plus nos résistances, on agite le spectre du terrorisme, et on ravive la xénophobie d’une partie de la population pour détourner la colère du peuple vers les immigrant-e-s. Travailleur-euse-s, sans-emploi et étudiant-e-s de partout dans le monde, nous devons plutôt nous unir contre le pouvoir capitaliste. Contre ses attaques, nous devons répondre par la solidarité :

Contre l’impérialisme

Les bombardements et les occupations qu’ont subis l’Irak et l’Afghanistan, entre autres, ont déstabilisé ces régions du monde et mis en place les conditions pour l’unification des groupes armés locaux contre le contrôle occidental. Via les marionnettes Al-Assad et État Islamique, la guerre en Syrie n’est qu’un autre chapitre de cette guerre impérialiste entre les grands États de ce monde pour l’accès aux ressources. C’est pourquoi ces bombardements ne peuvent que renforcer la haine envers les forces d’occupations et déstabiliser encore plus la région.

Contre les frontières

Le contrôle des gouvernements des pays du Moyen-Orient est crucial pour les pays du Nord parce qu’ils possèdent d’énormes réserves de pétrole et une main-d’œuvre à bas prix. Les frontières impériales arbitraires tracées après la Seconde Guerre mondiale servent à exclure la population du reste du monde des richesses accumulées en Europe et en Amérique du Nord.

Contre le racisme

Si l’on ne s’oppose pas à ces injustices de masse, on est complice d’un régime raciste qui permet les « bas prix de tous les jours » de la surconsommation occidentale. Sans oublier la montée du racisme, par des attaques physiques sur des personnes migrantes (ou identifiées comme telles, fréquemment à tort), mais aussi par toutes les formes d’exclusion et de discrimination renforcées par le système d’immigration hypersélectif.

Contre le colonialisme

Il faut reconnaître que les richesses accumulées par le Canada proviennent directement des ressources naturelles volées aux communautés autochtones, qui sont les premières victimes des projets de développement nécessaires à la croissance économique permanente du capitalisme. Les gouvernements les remercient en fermant les yeux sur les violences policières et en ignorant les meurtres de femmes autochtones. Nos luttes doivent favoriser tout-e-s les déplacé-e-s du capitalisme, qu’ils et elles aient été placé-e-s dans des réserves ou amené-e-s à nos portes par les conflits que l’on cause à l’extérieur.
Ensemble, détruisons le capitalisme!

Tant qu’il y aura des travailleur-euse-s qui pourront être exploité-e-s pour moins cher, ici ou ailleurs, les salaires vont subir des pressions à la baisse. Tant que les luttes n’incluront pas toutes les victimes du capitalisme, le gouvernement continuera de couper d’autres démuni-e-s, pour donner des miettes à ceux qui revendiquent en se gardant la grosse part du gâteau. C’est pourquoi la guerre de classe, ça passe par une compréhension de nos intérêts face à ceux qui s’enrichissent chaque année grâce à l’augmentation de l’écart entre les riches et les pauvres, et ce, tant au niveau national qu’international. Célébrons un Premier mai de véritables solidarités! Ne nous laissons pas diviser. Attaquons ceux qui profitent de ces conflits et renversons le capitalisme pendant qu’il est encore temps !

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x17

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x172

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x173

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x174

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x175

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x176

Affiches_Mayday2016_PointsDeparts_v1_11x177

11 x 17″ | PDF

Haute-tension/Hors-tension : Non à la ligne de 735kV

 Commentaires fermés sur Haute-tension/Hors-tension : Non à la ligne de 735kV
Avr 032016
 

sabotagedpylon-1024x543

De Interruption

735 000 volts. C’est ce qui passera dans la nouvelle ligne de très haute tension qu’Hydro-Québec veut construire dès cette année. Le trajet de cette ligne fera 400 km et transportera l’électricité depuis la centrale de Chamouchouane au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en passant par Lanaudière, vers un poste éventuel inexistant pour le moment, à Terrebonne, nommé Judith-Jasmin, qui serait relié à la région montréalaise par un deuxième tronçon de 19 km vers le poste du Bout-de-l’Île. C’est le plus important projet de ligne électrique depuis 20 ans, estimé à 1,3 milliard de dollars. En effet, c’est la 12e ligne d’une telle force au soi-disant « Québec ».

Mais avant tout, il leur faut déboiser partout où les pylônes seront plantés. La déforestation a déjà débuté au Nord et dans Lanaudière. Elle cause plusieurs expropriations et traverse partiellement le territoire de chasse des Attikamekws au nord, St-Michel-des-Saints, St-Zénon, Ste-Émélie-de-l’Énergie, St-Alphonse-de-Rodriguez, Rawdon, etc.

Le projet est contesté par plusieurs habitant.e.s, agriculteur.trice.s et écologistes depuis maintenant 6 ans : « Inutile, environnementalement dévastateur et économiquement injustifié » (Citoyens Sous Haute Tension). Plus qu’un doute, c’est un refus catégorique. Le BAPE (Bureau des audiences publiques sur l’environnement) a recommandé au gouvernement d’attendre d’avoir plus d’informations, d’approfondir les études d’impact et de prendre en considération l’opposition du milieu. Néanmoins, l’État a adopté un décret imposant la poursuite des travaux. Hydro-Québec a donné une compensation de 4 millions de dollars à la MRC de Lanaudière et une autre d’un million à Manawan comme dédommagement pour faire avaler leurs salades. Mais il y a encore des gens qui s’opposent; la plupart ont des préoccupations foncières, ils sont des propriétaires fâchés parce que la valeur de leurs maisons baissera ou parce qu’ils ont des fermes et que les animaux ne supportent pas les champs électromagnétiques puissants de ces lignes de haute tension. Ils refusent de signer les lettres envoyées par Hydro-Québec qui demande l’accord des résidents pour couper les arbres sur leurs terrains tant qu’Hydro ne les aura pas dédommagés personnellement en argent. En réponse, Hydro les harcèle et a obtenu une injonction. Même s’il est réjouissant que des gens se mobilisent contre Hydro-Québec, ce refus ne fait que ralentir le processus de destruction systémique et n’aspire pas à son arrêt. On peut même aller jusqu’à dire que les motifs de ces oppositions sont absolument contradictoires avec les désirs de liberté sauvage qui nous habite. Notre désir est d’élargir le champ des possibles alors nous souhaitons proposer d’autres avenues pour en freiner la réalisation. En ce moment, le projet va de l’avant et le déboisement a déjà commencé.

Un autre mythe national

La mafia Hydro-Québec n’a pas intérêt à reculer devant un tel projet, qui représente énormément de bénéfices. En effet, l’ère des combustibles fossiles est en déclin. Devant l’épuisement des ressources pétrolières, les coûts de l’extraction et du transport sont devenus trop élevés. Le virage vert est en marche depuis plusieurs décennies et dans ce contexte, l’hydroélectricité, perçue comme une énergie renouvelable et verte, devient une marchandise précieuse. Les grandes organisations mondiales du commerce et de la finance sont en train de restructurer et transformer l’industrie et le transport afin de s’adapter aux « énergies vertes ». Le nouveau ministre des Transports du Québec a d’ailleurs pour mission novatrice l’électrification des transports publics avec de nouveaux véhicules hybrides et électriques. Les voitures électriques deviennent de plus en plus accessibles, Hydro installe des bornes de recharge de batteries dans tous les coins du soi-disant « Québec », même les véhicules de chantier seront électriques dans un futur proche. Et cela dans l’objectif de maintenir la vitesse et la productivité de l’industrie. Les infrastructures de transport de l’énergie, tout comme les routes, les chemins de fers, les ports, les pipelines et les aéroports, sont indispensables à l’expansion de l’industrie, un projet tentaculaire en soi.

Un mythe est construit autour de l’hydro-électricité comme étant une source d’énergie verte et renouvelable. On la vante presque comme étant le joyau national du soi-disant « Québec » avec ses nombreuses rivières d’eau douce à gros débit. En réalité, nous devons percevoir l’hydro-électricité comme une ressource exploitable, vendable autant que peuvent l’être le fer, l’uranium ou le pétrole. Aujourd’hui, le territoire est complètement défiguré, il ne reste que quelques rivières à gros débit n’étant pas encore envahies par des barrages. L’électricité si propre dont ils parlent est en fait une gigantesque entreprise de destruction des écosystèmes, de pollution des rivières et de destruction des modes de vies des communautés dont la survie dépend de ces rivières. Quand un barrage est construit, le cours d’eau est bloqué et un réservoir d’eau venant inonder une grande surface de territoire se crée. La rivière en question déborde de son lit près du barrage et s’assèche sur toute sa longueur. Les arbres et les végétaux inondés meurent et libèrent du méthane et du dioxyde de carbone dans les eaux et dans l’air. Le méthane et le dioxyde de carbone sont des gaz à effet de serre; on ne répertorie que 12% des gaz à effet de serre émis sur le territoire colonisé par l’État Canadien viennent des barrages hydro-électriques. Une autre conséquence de ces inondations est la contamination des eaux par le méthyle-mercure, venant de la libération du mercure inorganique fossilisé dans les sols. Lorsque le sol est inondé par l’eau, le mercure libéré se transforme en méthyle-mercure, une neurotoxine se retrouvant dans la chaîne alimentaire par la suite. Les poissons, les animaux et les humains qui la consomment peuvent développer toutes sortes de maladies, dont des troubles cardio-vasculaires et des cancers. Il est d’ailleurs déconseillé aux gens de consommer les poissons de ces rivières pendant une période de 30 ans suivant l’inondation d’un bassin. En résumé, les nombreuses rivières d’eau douce du soi-disant « Québec », autrefois potable, ont toutes été intoxiquées. Les animaux et les humains qui en dépendent pour boire et se nourrir s’empoisonnent ou perdent leur source d’eau potable. Résultat : des écosystèmes vieux de milliers d’années et des formes de vies ancestrales perturbées et détruites.

L’intention première d’Hydro-Québec est de toute évidence la création de marchés de vente aux États-Unis, avec de beaux discours chantant que l’hydroélectricité est plus propre que l’électricité au charbon. Sur leur site internet, ils en font la comparaison. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que c’est la salope d’industrie mise en place avec sa logique d’accaparement depuis la colonisation par les Européens il y a 500 ans qui cause la destruction de la vie. Hydro-Québec explore donc les marchés américains et parle même d’entreprendre d’autres projets de construction de barrages sur les quelques rivières d’eau douce encore intactes. Ils n’ont évidemment aucun scrupule quant aux dommages réels causés par leur soif de s’enrichir.

La saignée de l’électricité

Hydro-Québec possède environ 62 centrales hydro-électriques. Depuis le début des années 2000, les grandes rivières de la Baie-James et de la Côte-Nord ont soit été dérivées pour alimenter un complexe hydroélectrique (ex. la Caniapiscau, l’Opinaca, la Eastmain et la Rupert), soit gravement perturbées suite à l’installation de centrales hydroélectriques (ex. Sainte-Marguerite, La Romaine et Toulnustouc). Ces fameuses lignes de haute tension transportent l’électricité provenant du Nord et fournissent toute la province, ses centres urbains, ses banlieues, ses industries et ses mines. À titre d’exemple, fournir une seule mine en chauffage et en électricité, pour rendre son environnement sous terre soutenable pour les gens qui y travaillent, équivaut à la consommation énergétique d’une ville comme Trois-Rivières. Tel que le disent les opposant.e.s au projet, la province n’a nullement besoin de produire plus d’électricité. En fait, la plus grande partie de l’électricité produite est déjà en surplus. On ne consomme pour le moment que 15% de l’électricité produite, le reste est perdu à travers le transport, ou bien gaspillée puisqu’il n’est pas rentable de l’emmagasiner dans des batteries. En effet, si le courant produit n’est pas consommé tout de suite, il est perdu. Ainsi, cette ligne de 735 000 volts transportera l’énergie provenant des barrages du Nord : Baie-James, Manicouagan et des nouveaux barrages de La Romaine sur la Côte-Nord, des projets ayant rencontré de fortes résistances par les habitants de ces régions durant les dernières années. L’État justifie d’ailleurs le projet en disant que ces nouveaux barrages provoquent un engorgement sur les lignes existantes.

N’oublions pas qu’Hydro-Québec est une société d’État qui a le monopole en matière d’électricité, qui donne fréquemment des contrats à des compagnies à numéro nébuleuses, qui impose des hausses de tarifs, qui exproprie des terrains en échange de compensations dérisoires et qui travaille uniquement dans le but de favoriser l’industrie. Ici, ce qui nous importe va bien au-delà de la valeur des maisons. Il en est de l’anéantissement de l’environnement, réalité maquillée par toute la fausse publicité d’Hydro-Québec. Car en réalité, que l’énergie de l’industrie vienne d’une centrale thermique au charbon, de réacteurs nucléaires ou d’hydroélectricité, le paradigme reste le même : la productivité, le pillage des territoires et l’expansion des marchés. Aucune énergie vouée à l’industrie ne peut être propre.

Nous luttons pour nous réapproprier nos vies. Nous avons l’intention de détruire ce qui détruit la nature, car nous avons besoin d’elle pour être bien et vivre sainement. L’industrie, les barrages, les mines, les coupes forestières sont des parasites dévastateurs. Il suffit de s’imaginer être un oiseau survolant les airs qui contemple le paysage pour se rendre compte que la dévastation entamée est irréversible, pour voir les trous dans les forêts, pour voir les terres inondées par les bassins des barrages. On comprend vite que l’écologie est loin d’être la priorité d’Hydro-Québec et de ses actionnaires. Ceux-ci se paient des voyages de chasses et pêche dans des hôtels-resorts de riches et s’approprient le reste du territoire en s’achetant des chalets, ils posent des chaînes et des clôtures, affichent des pancartes « terrains privés, accès interdit ». Les responsables de ces entreprises n’ont pas droit au pardon.

Nous honorons tous actes de résistance, nous saluons le courage des communautés en luttes pour l’autodétermination et la liberté sauvage, nous sommes avec celles et ceux qui s’opposent à la déforestation ravageuse dans la forêt Ouareau, avec les Cris qui s’opposent aux coupes dans la forêt Broadback, avec Six Nations qui luttent également contre les coupes forestières dans la Red Hill Valley en lien avec une ligne de haute tension au sud de soi-disant « Ontario », avec les Mi’kmaq qui luttent contre les gaz de schistes, avec les Mohawks qui menacent de bloquer le projet de pipeline d’Énergie-Est, avec celles et ceux qui occupent Lax U’u’la (l’île Lelu) en bloquant la construction du terminal de Pacific Northwest LNG et avec tous les complices à l’esprit sauvage et combatif.

En ce moment même, le déboisement de l’emprise de la ligne dans la région a débuté, ainsi que l’établissement des chemins d’accès. Il est encore temps d’arrêter la construction et ce n’est ni l’État ni aucun député, même avec de la bonne volonté, qui va nous aider. On attend quoi?

Pour nous contacter: anti735[at]riseup.net

horstension

8.5 x 11″ | PDF