La même chose se produit en Indonésie, où la police encourage toujours davantage le bâillonnement et la répression des médias de contre-information, avec notamment la création d’une « cyber police » ou police des médias sociaux, dont l’un des objectifs est d’isoler la diffusion de l’information, non seulement des réseaux anarchistes, mais aussi d’autres dissident.e.s politiques et de celles et ceux qui ont le courage de critiquer l’État.
De 2014 à 2019, la police indonésienne a déboursé environ 900 milliards de roupies pour payer des influenceurs sur les réseaux sociaux afin de freiner la propagation et la croissance des médias de contre-information. En 2018, la police indonésienne a commencé à viser de nouveau spécifiquement le mouvement anarchiste en Indonésie, et a produit récemment une déclaration interdisant aux médias de couvrir les violences policières. Cependant, nous n’avons aucun doute que les individus et les groupes qui se concentrent sur la contre-information et les rapports grassroots continueront à exister et à se développer. Face à la gravité de cette situation où l’État, le capitalisme et tous ses outils tentent de forcer le silence et la répression, que ce soit en ligne ou dans le monde physique, ce n’est pas le moment de se taire ni de s’abandonner à la peur.
Les gouvernements de divers pays se servent de l’augmentation continue des cas de Covid-19 à l’échelle internationale pour élaborer des politiques qui mettent à mal non seulement notre capacité économique, mais aussi nos libertés les plus fondamentales.
Nous pensons que rien n’est totalement sûr et exempt de risques, surtout lorsqu’on gère des sites de contre-information en ligne. Et c’est en fait la raison fondamentale pour laquelle nous devons réagir à cette situation de plus en plus étouffante.
Nous appelons à la solidarité internationale (par tous les moyens possibles) pour nostate, 325, Anarchist Black Cross Berlin, Montréal Contre-info, Northshore Counter-Info, Act For Freedom Now! et les autres sites de contre-information. Solidarité pour chaque prisonnier anarchiste dans tous les coins du monde (Toby Shone, Monica, Franciscoet les autres), envers les mouvements anti-éviction de Bara-Baraya, Pancoran et Pakel, et toutes les formes de lutte pour la libération et l’indépendance.
Il faut bien commencer quelque part, il faut bien commencer un jour, quel meilleur endroit qu’ici ? Quel meilleur moment que maintenant ? -RATM
Croix noire anarchiste (WA) – Indonésie (PALANG HITAM ANARKIS)
Le 29 mars 2021, la police néerlandaise a fait une descente dans le data center qui héberge le serveur nostate.net et a carrément saisit le serveur, dans le cadre d’une enquête criminelle pour ‘terrorisme’. Nostate.net est un collectif qui fournissait une plateforme pour des sites web subversifs, au niveau international, comme des groupes de solidarité avec les prisonnier.e.s, des collectifs de différentes campagnes, des sites liés à des contre-sommets et des sites de contre-information internationale. Parmi les sites remarquables qui utilisaient nostate.net comme plateforme et qui ont été visés par cette attaque répressive de la police néerlandaise on trouve Anarchist Black Cross Berlin, Montreal Counter-Info, Northshore Counter-Info, Act For Freedom Now! (maintenant réactivé sur noblogs.org, à l’adresse https://actforfree.noblogs.org/) et 325.
En tant que collectif, nous sommes conscient.e.s qu’il ne s’agit pas seulement d’une attaque de la police néerlandaise, mais que cela a été fait en collaboration avec la Counter Terrorism Unit du Royaume-Uni, en rapport avec leurs récentes attaques répressives à l’encontre des milieux anarchistes de ce pays. Non seulement ils nous ont menacé.e.s, mais, récemment, ils avaient menacé nostate.net, en leur demandant de fermer notre site. En plus de çia, ils ont demandé à l’hébergeur de leur donner des informations sur l’identité de toute personne impliquée dans le projet 325. Le niveau de l’attaque portée par les autorités contre nous-mêmes et contre toutes les personnes qu’ils suspectent de nous aider, ne nous surprend pas ; nombreux sont les exemples, à travers l’histoire, de répression, de la part des forces de l’état, de toute personne qui ose se mettre débout et les combattre. Cette attaque répressive doit être considérée comme une attaque contre tout projet de contre-information, contre les milieux anarchistes au niveau international. Dans la situation actuelle de pandémie de Covid-19 et d’actions répressives de la part des états du monde entier, cela ne nous surprend pas qu’ils travaillent ensemble, au delà des frontières ; la récente répression subie par le compagnon anarchiste Gabriel Pomba Da Silva, avec la coopération entre les états espagnol, italien et portugais, est un exemple récent plus qu’évident.
Nous pensons encore à la répression contre Indymedia, en Allemagne et en Grèce, ainsi qu’à l’emprisonnement, il n’y a pas si longtemps, des compas impliqué.e.s dans Culmine, ParoleArmate et Croce Nera Anarchica, en Italie. Au fil du temps, le mouvement anarchiste a vu, au niveau international, ses moyens de communication pris pour cible, avec d’innombrables publications anarchistes qui ont vu leurs locaux perquisitionnés, des compas arrêté.e.s et même des publications censurées, voire détruites, comme cela a été le cas, dans un passé pas si lointain, avec ‘La joie armée‘ d’Alfredo M. Bonnano, en Italie, et même ‘Le soleil se lève encore‘ de la Conspiration des Cellules de Feu, en Grèce.
Ce n’est pas non plus une coïncidence si cette attaque répressive arrive maintenant, après la récente publication du numéro 12 de 325, nommé ‘Contre la Quatrième et la Cinquième Révolution Industrielle‘. Cette publication qui, à notre avis, touche au cœur de ce que les états et le capitalisme sont en train de mettre en avant, déjà auparavant et encore plus maintenant, avec l’excuse de la pandémie de Covid-19, est une menace directe pour leurs plans d’asservissement, de robotisation et d’automatisation généralisés. Leur attaque a momentanément affecté la distribution de notre publication, à la fois en ligne et physiquement, mais elle a inévitablement échoué. Les technocrates qui veulent façonner notre monde en une société carcérale militarisée et technologique sont dévoilés, non seulement par nous-mêmes, mais aussi par les toujours plus nombreuses attaques qui visent leur infrastructures, au niveau international. Voilà ce qu’ils craignent, que cela puisse se développer, et c’est pourquoi ils s’en prennent à nous. D’après ce que nous savons, les flics qui essayent de nous traquer s’appuient sur des tactiques issues de leur vieux livre de ruses, en essayant de pousser les autres à moucharder et en éteignant la contre-information. Depuis leur ‘Opération Rhône’, qui voulait réprimer les milieux anarchistes de Bristol, ils n’ont attrapé qu’une seule personne impliquée dans une attaque, mais personne qui soit impliqué.e dans la Fédération Anarchiste Informelle ou dans les innombrables autres attaques anarchistes. Il est clair qu’ils n’ont étouffé aucun foyer de rébellion, comme le montrent l’émeute, l’attaque du poste de police et l’incendie de voitures des flics, le mois dernier.
Cela fait trop longtemps que le silence dure, sur cette île de conformité, pendant que le monde dehors recommence à brûler ; ces braises brillent encore et nous en ressentons la chaleur. Plus que jamais, il y a un besoin absolu de coordination internationale entre compas, pour attaquer directement ce cadavre puant qui tente de se relever pour nous emprisonner davantage. La contre-information fait partie intégrante de cette coordination internationale, de façon que celles/ceux qui veulent agir pour la liberté dans ce monde puissent voir des signaux de complicité dans toutes les langues possibles, pour parler le langage unique de l’insurrection et de l’anarchie. Il nous faut une redynamisation du réseau international de contre-information, pour redevenir une fois de plus une menace internationale, après la réaction répressive qui essaie d’isoler les anarchistes les un.e.s des autres, non seulement à travers le monde, mais aussi au niveau local. Le collectif 325 continue à avancer sur ce chemin que nous avons déjà parcouru ; même en ce moment, nous continuons avec nos projets de publication, y compris une nouvelle réimpression du douzième numéro de la revue 325, un nouveau numéro, augmenté, de ‘Dark Nights‘ et d’autres projets futurs, au niveau international. Ils ne nous feront pas taire, ils ne nous arrêteront pas et nous aurons notre revanche!
Par rapport au site web, nous ne savons pas encore s’il reviendra ; il est très clair pour nous que s’il est ressuscité sous le nom de ‘325’, n’importe où ailleurs en ligne, les autorités le prendront immédiatement pour cible, une fois de plus. Cela signifie aussi que, à l’avenir, nous pourrions mettre en danger tout hébergeur, et mettre en danger de fermeture d’autres projets de contre-information et de mouvement, comme cela s’est produit avec la récente attaque répressive. Qui sait où tout cela va nous mener ? Ce que nous savons, c’est que nous sommes loin de laisser tomber : pas un pas en arrière, face à l’ennemi. Peut-être serait-il mieux de revenir à la traditionnelle presse imprimée, de voir les visages des gens, de parler, de conspirer. Nous ne disons pas que le site ne reviendra jamais, ni qu’il ne se manifestera pas sous la forme d’un nouveau projet, seul le temps nous le dira.
Pour l’instant, nous envoyons notre solidarité absolue aux compas de nostate.net et d’Act For Freedom Now! ainsi qu’à tous les autres projets de contre-information affectés par cette opération.
Commentaires fermés sur Déjouer le SPVM pour attaquer un pôle de la haute technologie : Un premier mai anticapitaliste qui donne espoir
Mai032021
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Ce 1er mai, la manifestation anticapitaliste annuelle organisée par la CLAC s’est rassemblée au parc Jarry sous le thème « Pas de retour à la normale ». C’était une fin d’après-midi ensoleillée et l’énergie était au rendez-vous à travers les bannières et les drapeaux noirs quand la foule a commencé à traverser les rues résidentielles de Villeray.
D’abord vers l’ouest sur De Castelnau, des feux d’artifices ont été lancés, et des cônes de construction utilisés pour bloquer la route derrière nous. Les policiers ne semblaient pas préparés pour le trajet choisi, et donc il y en avait de moins en moins aux alentours. Tournant d’abord vers le sud pour rejoindre Jean-Talon, la manif a ensuite continué vers l’ouest sous le viaduc, en dessous de la ligne des trains de banlieue vers St-Jérôme.
Se débarrasser du dispositif policier
La manif tourna ensuite vers le sud sur l’avenue Parc, pour entrer sous un second viaduc passant sous la même ligne de train. Cette fois, une surprise attendait les policiers en camions et en vélo qui attendaient que la foule passe pour continuer à leur poursuite : des fumigènes ont été lachées sous le viaduc et des pieds de corbeau ont été déployés sur la route pour crever les pneus des véhicules policiers qui tenteraient de continuer leur poursuite sous le viaduc rempli de fumée. Ces actions ont ainsi bloqué complètement le passage sous le viaduc, une voie clée permettant normalement l’accès à la portion du quartier dans laquelle la manif avait continué.
La majorité des effectifs policiers étant coincée au nord du chemin de fer surplombant le viaduc, la manifestation a tourné abruptement à gauche sur la rue Saint-Zotique en quittant le viaduc. Des ordures et des meubles de terrasses ont été déplacés au milieu de la rue afin de protéger la manifestation dont la vitesse de marche a pu accélerer.
Nous n’acceptons pas que la police entoure nous manifestations, se déplaçant sur le côté, en nous filmant et en nous intimidant, ou encore en nous suivant de près avec des dizaines de camionnettes de policiers émeutes prêts à nous gazer à tout moment. Certaines situations nous appellent à entamer des confrontations directes, mais ce jour-là, notre meilleure stratégie était de les semer. Avec un peu d’inventivité, de prévoyance et de l’intelligence collective, nous avons pu laisser la police loin derrière.
Rendre visite aux gros noms de l’intelligence artificielle
Près de deux minutes après avoir continué à l’est sur Saint-Zotique, la manifestion a tourné à droite sur Saint-Urbain. Un petit groupe de policiers à vélo observaient la manifestation à environ un coin de rue de distance, mais leur back-up antiémeute n’était nulle par à vue, obligeant les policiers à vélo à garder une distance de sécurité.
À notre droite se dressait l’immeuble « O Mile-Ex », qui tient lieu d’épicentre du secteur de l’intelligence artificielle à Montréal, tel qu’imaginé par les politiciens et universitaires dans les cinq dernières années afin de positionner la ville comme centre névralgique mondial de ce domaine. Les immeubles regroupées entre le 6650 et le 6666 Saint-Urbain abritent MILA (un institut de recherche affilié à l’Université de Montréal qui collabore avec Google et Facebook), Thales (une compagnie française de défense et de sécurité), Borealis (le laboratoire d’intelligence artificielle de la Banque royale du Canada, Quantum Black (le laboratoire d’intelligence artificielle de la firme de consultants McKinsey), SCALE AI (un supercluster de la chaîne d’approvisionnement contrôlé par la famille Desmarais), et plus d’une vigntaine d’autres laboratoires et start-ups.
Pendant qu’ils discutent d’éthique afin de distraire la population, ces compagnies développent des technologies qui renforcent l’emprise du capitalisme et de l’autorité sur nos vies. Qu’elles rendent plus efficaces les chaînes d’approvisionnement des grandes entreprises, qu’elles automatisent la vidéosurveillance et la réconnaissance faciale afin de protéger le gouvernement et la propriété des riches, ou qu’elles développent des algorithmes afin de surveiller les milieux de travail et imposer des conditions déshumanisantes aux travailleur-euses, nous savons qui tire profit de ces outils, et ce ne sont pas les exploité-es, les exclu-es et les opprimé-es de la société. Comme des anarchistes l’ont écrit récemment, « ce qui est en jeu, c’est notre capacité d’avoir des secrets, de résister, d’agiter, d’attaquer ce qui détruit tout ce que nous aimons et qui protège tout ce que nous détestons ».
De plus, les installations de O Mile-Ex, avec ses hordes de yuppies du monde de la techno, sont un moteur majeur du déplacement des populations moins nanties de cette partie de la ville. Avec l’implantation du nouveau campus Mil de l’Université de Montréal, ses effets s’étendent sur l’ensemble de Parc-Extension, un quartier ouvrier, principalement immigrant, soumis à la menace grandissante de gentrification.
Les entreprises techno ont exploité notre isolement pendant les mesures de confinement de la pandémie de COVID-19 afin d’augmenter leurs profits et étendre leur présence avec peu de résistance. Comme la crise pandémique introduit une phase nouvelle dans la crise du capitalisme, ces compagnies entendent façonner une « nouvelle normalité » qui alimenterait leur pouvoir.
L’immeuble de O Mile-Ex sans vitrines
Pour toutes ces raisons, de voir différents groupes attaquer ces immeubles était satisfaisant. Alors que les vitrines de MILA étaient brisées les unes après les autres par des marteaux, des roches et d’autres projectiles, toute illusion comme quoi ces entreprises et ses chercheurs profitaient des bénéfices d’un consensus social éclatait également. Des fumigènes ont été lancées dans l’immeuble au travers des trous dans les vitrines dans le but d’activer les systèmes de gicleurs et de causer davantage de dommages.
À la suite de l’attaque sur le O Mile-Ex, quelques policiers sont apparus au sud de Saint-Urbain et ont reçu des vollées de roches et de feux d’artifices. La manifestation s’est dirigée vers l’est sur Saint-Zotique, continuant d’éviter un déploiement policier majeur, tournant au sud sur Clark, puis traversant le parc de la Petite-Italie pour tourner au nord sur Saint-Laurent. Le parc et plusieurs rues transversales à Saint-Laurent ont offert plusieurs bonnes opportunités afin de se changer et de quitter. La dispersion a été accélérée par l’antiémeute qui a chargé sur Saint-Laurent derrière la manifestation en lançant des gaz lacrymogènes. Quelques policiers ont été vus sur le toit d’un immeuble résidentiel, lançant des gaz lacrymogènes sur la foule, une manoeuvre inattendue. Un conducteur de voiture agressif qui a tenté d’avancer sur la manifestation a été confronté et les vitres de sa voiture ont été brisées. Les policiers qui ont envahi la zone où les personnes tentaient de se disperser ont détenu quelques personnes, arrêtant deux d’entre elles, mais aucune accusation sérieuse ne leur a été donnée. Le blocage des rues avec des ordures et d’autres obstacles dans ce contexte aurait pu permettre de réduire leur capacité d’action.
C’est une expérience précieuse que de prendre des risques ensemble dans les rues avec des centaines de camarades et de complices anonymes, qui rêvent d’un monde après le capitalisme, de postes de police et de postes frontaliers incendiés, de supermarchés pillés, de forêts, de montagnes et de rivières protégées de toutes les formes de destruction industrielle et retournées au soin de l’autonomie territoriale autochtone. Bien que les réussites d’une seule manif du premier mai soient minimales face à l’ensemble de nos aspirations, nous croyons que les relations développées au travers de ces moments ne devraient pas être sous-estimées.
La Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) dénonce la répression brutale de sa manifestation encore cette année. En effet, le SPVM a procédé, fidèles à leurs habitudes, à des arrestations injustifiées et violentes. Les policiers y sont allé de coups de matraques et de gaz lacrymogène pour faire taire la population qui en a assez de se faire exploiter chaque jour pour enrichir des bourgeois·e·s nauséabond·e·s et leurs compagnies qui profitent de la COVID-19. Plusieurs personnes on été blessées et les policiers ont même détruit le cellulaire d’un·e participant·e.
Plus de 750 personnes étaient rassemblées pour dénoncer l’exacerbation des injustices sociales et de la précarité durant la pandémie actuelle. Le capitalisme et le néolibéralisme ont posé les bases de ce désastre et ce n’est certainement pas à travers ce système économique que nous parviendrons sortir de la crise. Les organisateur·trice·s tiennent à remercier les participant·e·s à la manifestation qui ont repris la rue cette année, malgré le contexte de crise sanitaire, avec masques et mesures de distanciation.
Dans le cadre de la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses, la CLAC organisait aujourd’hui la manifestation anticapitaliste annuelle du 1er Mai, qui commençait à 16h au parc Jarry. Rappelons que l’année dernière, en raison du contexte sanitaire, il n’y a pas eu de rassemblement, mais nous avions tout de même appelé à une journée d’actions de visibilité, qui fut un vif succès malgré tout.
Cette année, nous avons été manifester dans le Mile-Ex pour dénoncer les compagnies d’intelligence artificielle qui profitent éhontément de la crise, en convertissant des subventions publiques en outils pour le secteur privé. Les entreprises qui y sont situées sont une force majeure de la gentrification et du déplacement des résident·e·s du quartier Parc-Extension en plus de participer à la surenchère technologique de la surveillance.
Stacy Langlois, une manifestante, déclare : « Comme toujours, ce sont les travailleurs et travailleuses, les pauvres, les personnes migrantes, les personnes qui occupent des emplois majoritairement féminins, qui se tuent – littéralement – pour faire vivre les plus riches. C’est nous qui cuisinent et qui leur livrent leur bouffe pour pas qu’ils aillent besoin de faire la file à l’épicerie comme nous autre.» Elle poursuit: «Leur plan de relance, c’est de nous garder dans la misère.»
En plus, le renforcement des frontières et les abus des instances d’immigration ont pour mission de préserver ces inégalités. Les personnes migrantes qui ont eu la « chance » de venir ici meurent dans nos hôpitaux et nos entrepôts. Les rues des quartiers les plus pauvres sont vides, la police étant toujours en recherche de ses prochaines victimes. Les Premiers Peuples sont humiliés, agressés et tués par les instances gouvernementales pilotées par les compagnies extractivistes. Et dans tout ce chaos, on nous impose l’obéissance, le silence, l’aveuglement face à tout ce qui se passe autour de nous. C’est absurde et révoltant!
Lors d’un discours d’ouverture enflammé, Steven Lafortune-Sansregret s’est écrié : « Ce que nous devons relancer, ce n’est pas l’économie, mais les luttes pour la fin de l’exploitation capitaliste ! » Ensemble, prêt·e·s à nous battre, nous sommes bien plus fort·e·s et bien plus nombreux·euses que ceux qui nous oppriment en tout impunité. Refusons cet avenir « ubérisé » et bâtissons un monde d’entraide et d’équité. Pour y arriver, nous utiliserons tous les moyens nécessaires.
Nous ne voulons pas de ce monde qu’ils essaient de nous vendre! Ni de l’ancien, ni du nouveau! À bas le capitalisme!
Les prisons n’ont pas toujours existées. Leur apparition s’inscrit dans un processus de gestion des corps et des vies humaines qui accompagne la naissance du capitalisme. Les prisons comme telles font bien-sûr partie d’un plus grand système carcéral, très développé dans notre société, qui ne sert pas seulement à punir une personne qui a commis un geste considéré illégal, mais permet aussi à l’État d’exercer un contrôle social.
Deux livres parus chez AK Press portant sur la justice transformatrice pour les personnes intéressé.e.s: * Beyond Survival – Dixon * We Will Not Cancel Us – adrienne maree brown
Transcription
Introduction Comme on l’a mentionné dans le dernier épisode, les prisons n’ont pas toujours existées. Leur apparition s’inscrit dans un processus de gestion des corps et des vies humaines qui accompagne la naissance du capitalisme. Les prisons comme telles font bien-sûr partie d’un plus grand système carcéral, très développé dans notre société, qui ne sert pas seulement à punir une personne qui a commis un geste considéré illégal, mais permet aussi à l’État d’exercer un contrôle social. Les répercussions de ce système sont néfastes pour les personnes emprisonnées et leur communauté aussi bien que pour le reste d’entre-nous qui vivons en connaissant les conséquences de ce qu’il représente.
Pour en apprendre plus, nous vous présentons une entrevue avec Helen Hudson.
Depuis une vingtaine d’années, Helen Hudson milite en solidarité avec des prisonnières et prisonniers. Elle habite sur le territoire Kanien’kehá:ka non-cédé, aussi connu sous le nom de Montréal, mais travaille principalement avec des prisonniers politiques aux États-Unis. Elle s’identifie comme une femme noire, queer et anarchiste.
Q: Aux niveaux politique et social, qu’est-ce que c’est la prison?
R: La prison n’est pas juste un endroit qui existe, c’est une institution sociale. C’est-à-dire, il y a une fonction que la prison sert dans notre société, et puis c’est lié avec toute autre institution dans notre société. Donc, c’est clair que c’est lié au gouvernement, à la police, mais il faut aussi être conscient que c’est lié à l’économie, à l’éducation, aux frontières, tout ce qui fait fonctionner la société a un lien avec la prison et c’est quoi la fonction de la prison? Pour moi, dans mon analyse, c’est un contrôle social spécifiquement quand la société, le capitalisme, l’État, causent la précarité. Il faut faire quelque chose avec ces gens précaires et il faut faire quelque chose pour faire en sorte que les gens comprennent qu’il y a des pouvoirs que l’État a sur eux, alors c’est ça la fonction de la prison, avoir un endroit pour garder un surplus de personnes, de travailleurs, et pour envoyer un message clair que la coercition est là comme menace pour le peuple.
Q: Peux-tu nous dresser un portait de la population carcérale au Canada? Qui se retrouvent en prison et quels sont les liens entre leur incarcération et les autres formes d’oppression auxquelles ces personnes font face?
R: Comme j’ai dit, la prison est là pour envoyer un message et contrôler les gens, alors ça ne surprend pas que les gens marginalisés, opprimés se retrouvent en prison en grand nombre. Au cours des dernières décénnies, mettons, les dernières quatres décénnies, on va avoir une augmentation en général du nombre de prison dans le monde occidental–c’est à dire dans des pays comme le canada, les états-unis, en europe, etc. Euh, Au Canada, on n’a pas vu augmenter notre population incarcérée, mais on a vu augmenter les personnes opprimées. Par exemple, en 2001, le pourcentage des personnes dans les prisons canadiennes fédéraux, où se retrouve le monde qui purgent une peine de deux ans ou plus, le taux des personnes autochtones étaient juste en bas de 20%. Là c’est juste en haut de 30%, 30,5%. Quand on regarde chez les femmes autochtones, c’est plus de 40% et avec les jeunes, les personnes jeunes peut importe leur genre, c’est aussi élevé comparé à ce 30%, qui est déjà élevé par rapport au 5% de personnes dans l’État du Canada qui est autochtone, et ça on voit aussi ça chez les personnes noires. Ca On parle donc de racisation des prisonnières mais aussi quand on regarde l’oppression, la pauvreté, les problèmes de santé mentale, l’analphabétisme, tout ça c’est surreprésenté en prison. Donc on voit clairement que les personnes opprimées sont les personnes qui se retrouvent derrière les barreaux.
Q: Comment la prison touche-t-elle la vie de gens qui ne sont pas elleux-mêmes emprisonnées?
R: Pour moi c’est très clair que la prison touche les personnes emprisonnées, mais touche des communautés. Quand une personne est en prison, cette personne laisse sa famille, laisse sa job qui sont souvent enracinées dans sa communauté. Mettons par exemple une communauté noire comme à Montréal-Nord, pour prendre un exemple. Je vais parler dans l’État canadien, mais la même dynamique se reproduit dans toute la société occidentale. Quand on enlève en grand nombre tout le monde qui peut travailler, tout le monde qui peut être tête d’une famille, tout le monde qui a les rôles dans une communauté et qui transmettent des savoir culturels, qui peut être le leadership–pour dire comme ça– d’une communauté, si ces gens sont derrière les barreaux, c’est pas juste eux qui sont affectés. C’est sûr que eux y sont affectés très concrètement, mais c’est aussi un cercle vicieux qui se produit dans le sens que les jeunes, les enfants, dans des communautés où beaucoup d’adultes sont emprisonnés vont voir leurs chances d’être emprisonnés aussi dans le futur augmenter.
Q: Donc, en plus de cibler et d’affecter les populations déjà les plus opprimées et les moins privilégiées de la société, le système carcéral perpétue ces oppressions. Au lieu de régler quoi que soit, la prison accentue les causes de la soi-disante criminalité. Pour toi, l’abolition des prisons est une réponse à ces injustices. Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’abolitionisme?
R: L’abolitionnisme, c’est clair par son nom, il a pour but d’abolir la prison, de faire en sorte qu’on va avoir une société sans prison. Quand je mentionne ça souvent j’ai une réaction que c’est une idée ridicule ou un peu utopiste dans le sens que qu’est-ce qu’on peut faire pour régler ce qu’on appelle des crimes, c’est-à-dire des méfaits entre des personnes : quelqu’une blesse quelqu’une d’autre ou prend quelque chose qui appartient à quelqu’un d’autre. Comment est-ce qu’on peut régler ça sans prison ? Honnêtement, je n’ai pas de réponse très simple et concrète à ça, mais juste pour dire qu’il y a des sociétés où ça ne se fait pas de façon comme on règle ça dans nos sociétés — avec des prisons. L’autre chose à mentionner est que si on veut régler des problèmes entre les gens en dedans des communautés, c’est très différent d’y impliquer l’État, parce que avec les notions des crimes qu’on a, avec les courts, la police, les prisons, ce qui vient avec est toute la pression que je viens de mentionner, mais aussi que ce n’est plus conceptualisé comme un méfait contre une autre personne, mais plutôt un méfait contre l’État. Par exemple, si je prends ta bicyclette, avec notre conception du crime, ce n’est pas entre moi et toi, c’est entre moi et l’État. Ça devient complètement autre chose. Avec l’abolition des prisons, on veut toujours avoir une façon de régler ça entre moi et toi, entre tout le monde qui est affecté, mais ce n’est plus un méfait contre l’État. En plus, ce n’est plus question de punir, parce que voilà un autre aspect de l’abolitionnisme : c’est axé sur des solutions, c’est axé sur ce qu’on apppelle en anglais la « restorative justice ». C’est-à-dire de retourner à un état — une situation — où tout le monde est correct et où on a guéri l’injustice qui s’est produite. Autre chose que je voudrais mentionner avec l’abolitionnisme est que c’est à la fois pour faire en sorte qu’il n’y ait plus de prison et en même temps construire des alternatives ; il y a donc à la fois une lutte anti-carcérale et à la fois une lutte pour une vision d’une autre société.
Narration: « Restorative justice, en français la justice réparatrice, sert, en bref, à trouver un moyen pour la personne qui a causé un tort à une ou des personnes de réparer le mal qu’elle a causé, selon les besoins et les demandes de la ou des victimes. » Au soi-disant Canada, le gouvernement fédéral s’est approprié le de terme justice réparatrice en lui donnant une place dans son système carcéral punitif.[1] Aujourd’hui certain.e.s préfèrent donc parler de justice transformatrice, soit une forme de justice refusant toute collaboration avec l’État et misant sur la transformation des mentalités notamment par le biais de processus entre les victimes/survivantes et les personnes ayant causé du tort. Nous allons revenir sur ces notions dans un des prochains épisodes du Verger au complet, qui portera plus spécifiquement sur les formes de justices alternatives.
Q: Parmi les gens qui voudraient voir un monde sans prisons, il y en a qui sont critique du terme « abolitionisme ». Peux-tu nous en parler? Qu’est-ce que le mot abolition veut dire exactement pour toi?
R: Il y a deux aspects de cela: d’abord, tout à fait, on peut avoir une critique très réelle dans le sens que d’abolir la prison, ça veut dire quoi ? C’est une question tout à fait pertinente parce qu’on ne peut pas abolir une institution de la société et la faire disparaître. C’est sur que si c’est lié à la suprématie blanche, le capitalisme, le patriarcat, l’homophobie, toute sorte de choses, on ne peut pas juste l’abolir. C’est sur qu’il y a des personnes qui se disent abolitionnistes et qui n’ont pas une critique de toutes ces autres institutions mentionnées et donc ce n’est pas très réaliste pour moi de dire on va juste abolir les prisons et le reste de la société va rester comme elle est. Pour moi ce n’est pas réaliste et pas juste non plus. D’un autre côté, le terme abolitionnisme fait référence à l’abolitionnisme de l’esclavage et il y a beaucoup de gens dans les mouvements abolitionnistes qui font ces liens dans le sens que la prison est une institution profondément suprémaciste blanc et profondément coloniale. Alors quand il y avait le mouvement abolitionniste de l’esclavage, ce mouvement n’a pas tout à fait réussi : l’esclavage a légué le suprémacisme blanc, et le suprémacisme blanc est un des fondements de l’institution des prisons. Et donc, pour beaucoup d’abolitionnistes, c’est toujours le même mouvement. C’est une continuation du mouvement abolitionniste d’il y a un siècle et pour moi en tant que personne noire et antiraciste, c’est important de faire ce lien et c’est en partie pourquoi je me dis abolitionniste et pas seulement anti-prisons. L’autre chose est qu’il y a aussi l’abolitionnisme anti-prisons, mais il y a aussi l’abolitionnisme carcéral. Pour moi l’abolitionnisme carcéral est plus pertinent, c’est plus large dans ce sens qu’il y a d’autres institutions carcérales, il y a aussi d’autres façons d’enfermer des gens, c’est-à-dire les choses qui se disent des alternatives aux prisons, par exemple des bracelets GPS où des gens sont confiné.e.s chez eux mais toujours surveillés par l’État et incapables de partir de chez eux. Il y a des frontières, il y a des hopitaux psychiatriques fermés–et je mets hopitaux avec des guillemets parce que ce ne sont pas des vrais hopitaux pour moi, il n’y a personne qui va se soigner là-bas. Alors c’est ça l’abolitionnisme carcéral, c’est-à-dire l’abolitionnisme des prisons et de toute autre instance carcérale avec un lien historique avec l’abolition de l’esclavage.
Q: Tu voulais nous parler du féminisme carcéral?
R: En fait, en parlant je me suis rendu compte que dans une des autres questions j’aurais voulu parler un peu plus du patriarcat spécifiquement parce qu’une partie du discours pro-prisons très central est que les prisons sont là pour nous garder en sécurité, nous protéger des personnes emprisonnées. Parmi les luttes radicales, révolutionnaires, je pense qu’il y a des éléments réformistes qui ont comme réponse à leur oppression qu’il faut punir les gens et entre autres avec la prison. Mais surtout dans les luttes anti-patriarcales et contre les violences faites aux femmes, il y a des éléments qui exigent des peines plus longues, des lois plus sévères et il y a un nom pour ça : le féminisme carcéral. Et là, dans les années récentes, ça me donne beaucoup d’espoir de voir un dialogue en dedans des mouvements féministes comme quoi le féminisme carcéral est un grand problème et c’est pas une solution au sexisme d’enfermer les gens parce que ça n’améliore pas la sécurité des femmes. On voit avec les lois plus sévères que ce sont souvent les femmes qui se retrouvent derrière les barreaux pour se défendre. Donc voilà ce que je voulais ajouter parce que c’est souvent une question que les gens ont : comment est-ce qu’on va être en sécurité, comment est-ce qu’on va se protéger et c’est comme « a trap » de penser que la prison va nous protéger et de faire recours à ça dans nos revendications.
Q: Alors, être abolitioniste, ça implique quoi en termes concrêts, comme actions, comme stratégies ou comme engagement politique?
R: Pour moi, je commence par la fin : comme engagement politique, pour moi c’est central. Quand je me suis radicalisé, au début ce n’était pas contre les prisons. Je faisais du militantisme féministe, queer, antiraciste et ça m’a pris plusieurs années pour comprendre que les prisons sont centrales dans toutes ces luttes : c’est une façon d’opprimer les gens des mouvements. Beaucoup de mon travail avec les prisonniers c’était avec des prisonniers politiques dans le sens que c’étaient des prisonniers incarcérés pour le rôle dans d’autres mouvements sociaux. Si on est sérieuses à opposer et à vaincre le patriarcat, le capitalisme, le suprémacisme blanc, le colonialisme et la transphobie et là je peux continuer la liste avec toutes les formes d’opporession, toutes les structures qui nous oppriment. C’est important de ne pas avoir des murs en dedans de nos luttes. C’est d’inclure tout le monde incluant les prisonniers et les prisonnières dans nos luttes et de viser l’institution des prisons comme une cible de toutes ces luttes. Là c’est une réponse un peu plus théorique. Pour aller un peu plus dans le concret, comme j’ai mentionné plus tôt, il ya comme deux pistes : il y a la piste abolitionniste comme lutte en tant que telle et il y a aussi le côté plus visionnement des alternatives. Honnêtement, moi je suis moins impliquée dans la partie vision mais je trouve important de le mentionner. Mais en termes de ce qui est le côté plutôt « anti » c’est de surtout prendre le leadership des prisonniers et prisonnières, donc de soutenir les luttes qui se font en dendans des prisons. Et il y en a plein : il y a des grèves de la faim, des grèves de travail où les prisonniers refusent de travailler, toute sorte d’autres action. D’être en lien avec toutes ces luttes-là et de prendre le leadership de ces gens et ça veut dire des fois de faire des choses qui n’ont pas juste la destruction complète des prisons comme exigence et comme but. Des fois, il y a des prisonniers et prisonnières qui réclament des conditions un peu moins sévères et des fois nous les militantes en dehors des prisons on peut trouver ça un peu réformiste mais c’est une lutte très concrète pour améliorer les conditions de vie de nos camarades. Donc d’être en solidarité avec ces luttes c’est très important et d’y apporter un regard abolitionniste, c’est d’avoir un dialogue comme quoi ces luttes font partie d’une lutte plus large. Aussi, très important concrètement, c’est d’opposer tout ce qui est l’expansion des prisons, c’est jours-ci il y a beaucoup de surpopulation dans les prisons qui existent, beaucoup de prisons sont très vieilles donc des fois on peut avoir des revendications pour des nouvelles prisons, des prisons qui sont dites « meilleures », mais c’est très important d’être opposé.e.s à ça dans le sens que quand on construit des nouvelles prisons, on va les remplir. On voit ça très clairement quand on regarde l’histoire plus ancienne et l’histoire plus récente que c’est toujours très important d’opposer ça. Et c’est une des choses que les abolitionnistes font beaucoup. Je sais qu’actuellement à Montréal il y a une campagne contre une nouvelle prison de migrant.e.s qui s’est faite. Donc voilà je pense que je vais terminer là.
Conclusion Bref, plutôt que d’être une lutte secondaire, militer pour l’abolition des prisons constitue une nécessité en soi pour quiconque souhaite réellement s’attaquer au système capitaliste. Leviers de reproduction des inégalités sociales, les prisons oppriment, marginalisent et se basent sur une vision patriarcale et suprémasciste de la société pour punir. Édifier un monde antiautoritaire passe donc nécessairement par l’abolition des prisons et, de manière plus juste, du sytème carcéral qui se reproduit par l’enfermement des personnes stigmatisées comme « indésirables ». S’il peut sembler à première vue irréaliste de régler le tort commis par les membres d’une communauté sans avoir recours à l’État, comment s’empêcher d’arriver au même constat avec le système carcéral? N’est-il pas fondamentalement irréaliste d’espérer régler tous nos problèmes sociétaux en enfermant toutes les personnes ayant causé du tort?
S’il faut lutter activement pour l’abolition et contre l’extention du système carcéral, oublier les personnes y étant actuellement enfermées apparaît cependant comme non-souhaitable et ce surtout pour les personnes n’ayant jamais été emprisonnées ou n’étant pas en contact avec des personnes emprisonnées. De la réduction des méfaits à l’autonomie radicale des collectivités, sans oublier les formes de justices alternatives comme la justice réparatrice ou transformatrice, de nombreux exemples de communautés refusant d’avoir recours au système punitif pour régler le tort causé se doivent d’inspirer nos trames de résistances collectives.
Un dernier mot pour vous inviter à la manifestation anticapitaliste du 1er mai, à 16h au parc Jarry, coin St-Laurent et Gary-Carter. La manifestation de cette année a pour thème: « pas de retour à la normale » parce que nous refusons autant le monde prépandémie que l’avenir néocapitaliste qui se dessine. On se voit dans la rue!
Translation
As mentioned in the last episode, prisons have not always existed. Their appearance is part of a process of management of human bodies and lives that accompanies the birth of capitalism. Prisons as such are of course part of a larger prison system, highly developed in our society, which not only serves to punish a person who has committed an act considered illegal, but also allows the state to exercise social control. The repercussions of this system are harmful for the imprisoned persons and their community as well as for the rest of us who live knowing the consequences of what it represents.
To learn more, we present an interview with Helen Hudson.
Helen Hudson has been an activist in solidarity with prisoners for the past twenty years. She lives in the Kanien’kehá:ka Non-Cede territory, also known as Montreal, but works primarily with political prisoners in the United States. She identifies as a black, queer and anarchist woman.
Q: On a political and social level, what is a prison?
A: Prison is not just a place that exists, it is a social institution. That is to say, there is a function that the prison serves in our society, and then it is linked with every other institution in our society. So, it is clear that it is linked to the government, to the police, but we must also be aware that it is linked to the economy, to education, to borders, everything that makes society function has a link with the prison and what is the function of the prison? For me, in my analysis, it’s a social control specifically when society, capitalism, the state, cause precariousness. You have to do something with these precarious people and you have to do something to make people understand that there are powers that the state has over them, so that’s the function of the prison, to have a place to keep a surplus of people, of workers, and to send a clear message that coercion is there as a threat to the people.
Q: Can you give us a snapshot of the prison population in Canada, who ends up in prison, and what are the links between their incarceration and other forms of oppression they face?
A: As I said, prison is there to send a message and control people, so it’s not surprising that marginalized, oppressed people end up in prison in large numbers. Over the last few decades, say, the last four decades, we’re going to see an increase in the number of prisons in general in the western world–that is, in countries like Canada, the United States, Europe, etc. Uh, in Canada, we haven’t seen an increase in our incarcerated population, but we have seen an increase in the number of oppressed people. For example, in 2001, the percentage of people in Canadian federal prisons, where the world is, who are serving a sentence of two years or more, the rate of Aboriginal people was just under 20%. Now it’s just over 30%, 30.5%. When you look at Aboriginal women, it’s over 40% and with young people, young people of any gender, it’s also high compared to that 30%, which is already high compared to the 5% of people in the state of Canada who are Aboriginal, and we also see that with Black people. So we’re talking about the racialization of women prisoners, but also when we look at oppression, poverty, mental health issues, illiteracy, all of that is overrepresented in prison. So you can clearly see that the oppressed people are the people who end up behind bars.
Q: How does prison affect the lives of people who are not themselves in prison?
A: For me it’s very clear that prison affects people in prison, but it affects communities. When a person is in prison, that person leaves his or her family, leaves his or her job, which are often rooted in the community. Let’s take a black community like Montreal North, for example. I’m going to speak in the Canadian state, but the same dynamic is reproduced in all of Western society. When you take out in large numbers all the people who can work, all the people who can be the head of a family, all the people who have roles in a community and who pass on cultural knowledge, who can be the leader–to put it that way–of a community, if these people are behind bars, it’s not just them who are affected. Of course, they are affected very concretely, but it is also a vicious circle that occurs in the sense that young people, children, in communities where many adults are imprisoned will see their chances of being imprisoned in the future increase.
Q: So, in addition to targeting and affecting the already most oppressed and least privileged populations in society, the prison system perpetuates these oppressions. Instead of solving anything, prison exacerbates the causes of so-called crime. For you, the abolition of prisons is a response to these injustices. Can you explain what abolitionism is?
A: Abolitionism, it’s clear by its name, its goal is to abolish prison, to make sure that we will have a society without prison. When I mention this, I often have the reaction that it’s a ridiculous idea or a bit utopian in the sense that what can we do to solve what we call crimes, that is to say misdeeds between people: someone hurts someone else or takes something that belongs to someone else. How do you deal with that without jail? Honestly, I don’t have a very simple and concrete answer to that, but just to say that there are societies where it’s not done in the way we deal with it in our societies — with prisons. The other thing to mention is that if you want to solve problems between people within communities, it’s very different to involve the State, because with the notions of crimes that we have, with the courts, the police, the prisons, what comes with it is all the pressure that I just mentioned, but also that it’s no longer conceptualized as a misdeed against another person, but rather a misdeed against the State. For example, if I take your bike, with our conception of crime, it’s not between me and you, it’s between me and the state. It becomes something completely different. With the abolition of prisons, we still want to have a way to settle it between me and you, between everyone who is affected, but it is no longer a misdemeanour against the State. Moreover, it is no longer a question of punishment, because here is another aspect of abolitionism: it is focused on solutions, it is focused on what is called « restorative justice ». That is, to return to a state — a situation — where everyone is okay and the injustice that occurred has been healed. Another thing I would like to mention with abolitionism is that it is both to make sure that there are no more prisons and at the same time to build alternatives; there is So there is both an anti-prison struggle and a struggle for a vision of another society.
Narrative: « Restorative justice, in short, serves to find a way for the person who has caused harm to a person or persons to repair the harm he or she has caused, according to the needs and requests of the victim or victims. » In Canada, the federal government has appropriated the term restorative justice by giving it a place in its punitive prison system. 1] Today, some people prefer to speak of transformative justice, a form of justice that refuses all collaboration with the State and that focuses on transforming mentalities, particularly through processes between victims/survivors and those who have caused harm. We will come back to these notions in one of the next episodes of The Complete Orchard, which will deal more specifically with alternative forms of justice.
Q: Among those who would like to see a world without prisons, there are those who are critical of the term « abolitionism ». Can you talk about this? What exactly does the word abolition mean to you?
A: There are two aspects to this: first, quite frankly, there is a very real critique in the sense that abolishing prison means what? It’s a very relevant question because you can’t abolish an institution of society and make it disappear. Of course, if it’s related to white supremacy, capitalism, patriarchy, homophobia, all sorts of things, you can’t just abolish it. Of course there are people who call themselves abolitionists who don’t have a critique of all these other institutions mentioned and so it’s not very realistic for me to say we’re just going to abolish prisons and the rest of society is going to stay the way it is. To me that’s not realistic and not fair either. On the other hand, the term abolitionism refers to the abolition of slavery and there are a lot of people in the abolitionist movement who make these connections in the sense that prison is a deeply white supremacist and deeply colonial institution.
So when there was the slavery abolitionist movement, that movement didn’t quite succeed: slavery bequeathed white supremacism, and white supremacism is one of the foundations of the prison institution. And so, for many abolitionists, it’s still the same movement. It’s a continuation of the abolitionist movement from a century ago and for me as a black person and an anti-racist, it’s important to make that connection and that’s part of why I call myself an abolitionist and not just anti-prison. The other thing is that there is also anti-prison abolitionism, but there is also prison abolitionism. For me prison abolitionism is more relevant, it is broader in the sense that there are other prison institutions, there are also other ways of locking people up, that is to say things that are called alternatives to prisons, for example GPS bracelets where people are confined to their homes but still monitored by the police. but still monitored by the state and unable to leave their homes. There are borders, there are closed psychiatric hospitals–and I put hospitals with quotation marks because they are not real hospitals for me, there is nobody who goes there to be treated. So that’s prison abolitionism, that is to say abolitionism of prisons and of any other prison instance with a historical link to the abolition of slavery.
Q: You wanted to talk to us about prison feminism?
A: Actually, as I was talking I realized that in one of the other questions I would have liked to talk a little bit more about patriarchy specifically because part of the very central pro-prison discourse is that prisons are there to keep us safe, to protect us from the people in prison. Among the radical, revolutionary struggles, I think there are reformist elements that have as a response to their oppression that they need to punish people and among other things with prison. But especially in the anti-patriarchal struggles and against violence against women, there are elements that demand longer sentences, harsher laws and there is a name for that: prison feminism. And now, in recent years, it gives me a lot of hope to see a dialogue within the feminist movement that prison feminism is a big problem and that it’s not a solution to sexism to lock people up because it doesn’t make women safer. We see with tougher laws that it’s often women who end up behind bars to defend themselves. So that’s what I wanted to add because it’s often a question that people have: how are we going to be safe, how are we going to protect ourselves and it’s like « a trap » to think that prison is going to protect us and to use that in our demands.
Q: So, what does being an abolitionist imply in concrete terms, as actions, as strategies or as political commitment?
A: For me, I start at the end: as a political commitment, for me it’s central. When I became radicalized, at first it wasn’t against prisons. I was doing feminist, queer, anti-racist activism and it took me several years to understand that prisons are central to all of these struggles: it’s a way of oppressing people in movements. A lot of my work with prisoners was with political prisoners in the sense that they were prisoners incarcerated for their role in other social movements. If we are serious about opposing and overcoming patriarchy, capitalism, white supremacism, colonialism, and transphobia, and I can go on and on with all the forms of oppression, all the structures that oppress us. It’s important not to have walls within our struggles. It is to include everyone including prisoners in our struggles and to target the institution of prisons as a target of all these struggles. This is a more theoretical answer. To go a little more concrete, as I mentioned earlier, there are like two tracks: there is the abolitionist track as a struggle as such and there is also the more visionary side of the alternatives. Honestly, I’m less involved in the visioning part but I think it’s important to mention it. But in terms of what’s the more « anti » side, it’s mostly about taking leadership from prisoners, so supporting the struggles that are going on inside prisons.
And there are plenty of them: there are hunger strikes, work strikes where prisoners refuse to work, all sorts of other actions. To be connected to all these struggles and to take leadership of these people and that means sometimes doing things that don’t just have the complete destruction of prisons as an exi and as a goal. Sometimes, there are prisoners who demand less severe conditions and sometimes we activists outside of prisons may find this a bit reformist but it is a very concrete struggle to improve the living conditions of our comrades. So to be in solidarity with these struggles is very important and to bring an abolitionist perspective, it is to have a dialogue as if these struggles are part of a larger struggle. Also, very important concretely, is to oppose everything that is the expansion of prisons, these days there is a lot of overcrowding in the prisons that exist, a lot of prisons are very old so sometimes we can have demands for new prisons, prisons that are said to be « better », but it’s very important to be opposed to that in the sense that when we build new prisons, we are going to fill them. We see that very clearly when we look at the older history and the more recent history that it is always very important to oppose that. And that’s one of the things that abolitionists do a lot. I know that in Montreal right now there is a campaign against a new migrant prison that has been done. So I think I’ll end there.
Conclusion In short, rather than being a secondary struggle, campaigning for the abolition of prisons is a necessity in itself for anyone who really wants to attack the capitalist system. As levers of reproduction of social inequalities, prisons oppress, marginalize and rely on a patriarchal and supremacist vision of society to punish. Building an anti-authoritarian world therefore requires the abolition of prisons and, more justly, of the prison system that reproduces itself through the confinement of people stigmatized as « undesirable. While it may seem unrealistic at first glance to address the harm done by members of a community without recourse to the state, how can one help but arrive at the same conclusion with the prison system? Is it not fundamentally unrealistic to expect to solve all our societal problems by locking up all the people who have done wrong?
While we must actively fight for the abolition and against the expansion of the prison system, forgetting about those who are currently locked up seems undesirable, especially for those who have never been imprisoned or who are not in contact with imprisoned people. From harm reduction to radical community empowerment, not to mention alternative forms of justice such as restorative or transformative justice, there are many examples of communities refusing to resort to the punitive system to address the harm done that should inspire our collective resistance.
A final word to invite you to the May 1st anti-capitalist demonstration, at 4pm at Jarry Park, corner of St-Laurent and Gary-Carter. The theme of this year’s demonstration is « no return to normal » because we refuse both the pre-pandemic world and the neo-capitalist future that is taking shape. See you in the streets!
Commentaires fermés sur Émeute contre le couvre-feu!
Avr242021
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Le dimanche 11 avril, en réponse au rétablissement par Legault du couvre-feu de 20h, les gens sont descendus dans les rues de Montréal pour profiter du temps printanier et exprimer une rage joyeuse contre ce monde de merde qui continue à nous voler nos vies. Sans intention politique déclarée, un appel a été lancé sur les médias sociaux pour se rassembler dans le Vieux-Port afin de faire la fête et de défier le couvre-feu. Un certain nombre d’anarchistes se sont joints à ce qui s’est avéré être une foule mixte de personnes, principalement des jeunes, dont le principal point commun était la colère que leurs quelques libertés soient encore plus restreintes par le gouvernement. Avant 20 heures, l’atmosphère était excitée et bruyante, le slogan » fuck Legault » étant le plus fréquent et le plus fort. Les motos faisaient tourner leurs moteurs, les gens dansaient, buvaient et riaient avec leurs amis pour célébrer le printemps en défiant ce monde de merde.
Le premier véhicule du SPVM qui a passé a été accueilli par des huées et des doigts du milieu, le second par des œufs, des bouteilles et des pierres. La révolte était dans l’air, et nous étions ravis d’être au milieu d’une manifestation aussi bruyante, surtout après un hiver aussi long et morose. À l’approche du couvre-feu, nous avons remarqué que l’anti-émeute se rassemblaient à l’est de la rue de la Commune et de la rue Saint-Paul. Il n’y avait que quelques patrouilles à l’ouest sur la rue de la Commune. À ce moment-là, ils gardaient leurs distances, surveillant la manifestation.
À peu près au même moment, des « reporters » sont arrivés de « Rebel Media », un média d’extrême droite basé à Toronto. Rebel Media est connu pour employer des journalistes liés à Stormfront, un site néo-nazi prolifique, et pour travailler avec d’autres personnalités racistes, transphobes et d’extrême droite, ainsi que pour propager des théories anti-immigrants et des théories du complot niant la COVID. Malgré le comportement désespéré de Rebel Media, qui cherche à attirer l’attention, il s’agit d’échecs plutôt obscurs, même en tant que provocateurs sur YouTube (remarque : depuis le 14 avril, ils ont été suspendus de YouTube). Il était clair que la grande majorité des participants ne savaient pas qui ils étaient. Malheureusement, de nombreux jeunes ont interagi avec eux de manière enthousiaste et positive.
Nous estimions ne pas être assez nombreux pour faire face à Rebel Media, et il semblait probable que si nous attaquions, la foule prendrait leur parti, car personne ne sait qui est Rebel Media, et encore moins qu’ils sont utilisés pour créer une propagande d’extrême droite. C’était une situation frustrante.
Au même moment, des feux ont été allumés par de petits groupes au sein de la manifestation, mais ils ont été éteints par ce qui semblait être un groupe restreint mais organisé d’hommes blancs portant des équipements tactiques et des patchs associés à des types d’extrême droite attachés à leurs vestes, dont l’un avait une caméra go-pro sur la tête. On les a vues parfois avoir une discussion de groupe avant de se déplacer à l’intérieur et autour de la manifestation pour surveiller la foule. Malgré quelques bagarres et confusions ici et là, l’ambiance était toujours extrêmement positive, les gens faisaient la fête, chantaient et célébraient le fait d’être dans la rue ensemble.
Plus tard, des groupes plus importants ont commencé à allumer des feux encore plus grands sur la place, et cette fois, les paci-flics ne sont pas intervenus. Il y a eu une certaine résistance lorsque les policiers anti-émeute ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes et à essayer de disperser la foule, mais la plupart des gens ont commencé à courir et à se disperser lorsque les policiers sont entrés sur la place. L’ouest de St-Laurent était apparemment libre de flics, et de multiples groupes de personnes ont commencé à allumer des feux, à piller et à détruire des magasins et d’autres biens en partant. Même si nous aurions aimé que cela dure plus longtemps, il était réconfortant de voir les gens travailler ensemble pour reprendre un peu de leur vie en pillant les magasins bourgeois du Vieux-Port, et en foutant la merde en général. Un bus de ville utilisé pour transporter les flics anti-émeute a également été libéré et couvert de graffitis pendant que d’autres faisaient la fête à l’intérieur et autour, célébrant une petite victoire, même pour une brève minute.
Dans un commentaire aux médias, la maire Plante a qualifié les fêtards de « stupides » et s’est plaint des dommages causés aux petites entreprises, affirmant que « nous devons rester unis et solidaires ». Ce n’est que le récit libéral merdique habituel : soudainement, « nous sommes tous dans le même bateau », tous égaux en tant que « citoyens » lorsqu’il s’agit de maintenir l’ordre social. Ils passent sous silence les divisions très réelles au sein de la société, maintenues par des structures oppressives par lesquelles les classes riches, majoritairement blanches et propriétaires, exploitent la classe ouvrière, les pauvres et les personnes à prédominance de couleur.
En même temps, les politiciens identitaires de gauche sur les médias sociaux condamnent les émeutes, affirmant qu’elles sont responsables de l’aggravation des dommages causés aux personnes déjà les plus exposées. D’autres se laissent prendre au récit d’insaisissables « agitateurs extérieurs », des anarchistes blancs, qui infiltrent des foules pacifiques pour provoquer la violence. Bien que nous reconnaissions les dangers réels auxquels les personnes marginalisées sont confrontées dans le cadre du COVID19, nous tenons à souligner que ce sont principalement des personnes de couleur qui se sont présentées et ont agi de leur propre initiative lors de cette émeute.
Ce ne sont pas la révolte et la solidarité militante dans les rues qui causent du tort, mais les institutions et les lois qui régissent la civilisation capitaliste. Ce sont elles qui nous maintiennent enchaînés à des emplois de merde où nous sommes le plus à risque d’attraper le COVID19, qui nous harcèlent et nous assassinent, et qui protègent un système économique basé sur le vol des terres autochtones. Nous accusons ces chasseurs de nuages d’enlever le pouvoir aux personnes marginalisées qui se sont manifestées et se sont soulevées. Nous les accusons de faire le travail de la police et des politiciens en essayant de pacifier, d’aliéner et de délégitimer la rage des émeutiers.
Les manifestations continuent à être appelées les nuits suivant le 11 avril. Jusqu’à présent, les deuxième et troisième manifestations étaient beaucoup plus petites que la première, et ont été lourdement réprimées par la police. Néanmoins, sans réelle fin en vue du couvre-feu, nous pensons qu’il est impératif de continuer la lutte. En ce sens, nous sommes » tous dans le même bateau » – nous avons une solidarité militante avec les jeunes (et les autres) dont l’avenir est également de plus en plus sombre.
Il y a un certain nombre de considérations tactiques que nous aimerions examiner à la lumière des événements du 11 avril. Si les paci-flics ont pu intervenir lorsque de petits groupes allumaient de petits feux, ils n’ont pas pu le faire lorsque des feux plus importants étaient allumés. Et dès que la foule a été dispersée, ils n’étaient pas prêts à faire face au pillage ou au vandalisme. Il est clair qu’ils sont relativement faibles, et peu nombreux. Bien que nous ne soyons pas assez nombreux pour nous sentir en confiance pour les affronter à ce moment-là, nous pensons que si les anarchistes et les anti-autoritaires se présentaient en plus grand nombre et agissaient ensemble, il est possible que nous puissions les faire taire et même les forcer à sortir de la foule s’ils tentent de pacifier les gens. Notre nombre nous donnera une plus grande légitimité auprès des autres personnes présentes, et nous permettra probablement d’avoir des conversations critiques avec eux sur qui sont ces personnes et pourquoi nous défendons certaines actions.
En ce qui concerne la police, elle ne s’est pas engagée dans la foule avant que de grands feux ne soient allumés. Nous pensons qu’il serait possible de frapper la police en premier, avant qu’elle n’intervienne, mais cela ne semble pas viable pour le moment. La rage grandit contre la police, et il est possible que plus tard, nous soyons en mesure d’agir en premier, mais cela nécessiterait également que nous soyons suffisamment nombreux, et que nous sachions lire les vibrations de la foule. Dans tous les cas, afin de nous permettre de tenir la rue dans ces situations, nous devons également être capables de nous défendre contre les techniques de dispersion. Il s’agit en particulier de faire face aux gaz lacrymogènes, qui se sont avérés efficaces pour disperser rapidement les foules. Il serait également avantageux de se préparer avec des projectiles ou d’avoir les moyens de casser des pavés, etc. afin d’en fournir aux personnes présentes. Nous devons également être suffisamment nombreux pour pouvoir agir en tant que groupe distinct, faire face aux gaz lacrymogènes et résister calmement aux policiers anti-émeutes. Nous pensons que cela renforcerait la confiance au sein de la foule, faciliterait un engagement plus combatif avec les flics anti-émeutes et montrerait que nous n’avons pas besoin de simplement battre en retraite.
Nous devons continuer à contrer les récits libéraux visant à pacifier la révolte, à nous retirer de la rue et à rendre notre pouvoir aux politiciens et aux experts autoproclamés. Nous pouvons le faire pendant les manifestations, lorsque les pacifistes essaient de parler et d’agir contre la violence contre la police et les biens, et après coup en répondant aux types d’IDPOL et aux rapports des médias avec notre propre analyse. En tant qu’anarchistes et anti-autoritaires, nous devons être présents lors de ces événements de défi. C’est là que nous construisons une complicité et une affinité avec les rebelles en dehors de nos cercles, et quand c’est possible, nous avons des conversations critiques avec ceux qui sont présents sur les tactiques et les cibles. De même, nous devons être capables de repousser les escrocs d’extrême droite et les réactionnaires qui seraient là pour exploiter notre révolte.
Cet été va être chaud, jetons de l’huile sur le feu et brûlons ce putain de monde carcéral !
Solidarité avec les émeutiers et les fêtards ! Fuck le couvre-feu !
Merci à toutes et à tous pour votre présence à la manifestation d’hier soir! Nous étions plusieurs centaines de personnes à prendre la rue pour dénoncer l’imposition d’un couvre-feu, mesure qui porte gravement atteinte à nos libertés et nos perspectives de solidarité.
Ensemble, nous avons réussi à mettre de l’avant un discours clair, qui critique les fausses solutions du gouvernement Legault et de la ville de Montréal. Nous avons dénoncé le couvre-feu et tout recours à la police dans le traitement de la crise sanitaire, en soulignant les impacts cruels qui en découlent sur les sans-abris, les travailleur-ses du sexe, les consommateurs de drogues, les travailleur-ses sans papiers et tant d’autres.
La lutte contre le couvre-feu et les fausses solutions autoritaires à la pandémie continue et prend de l’ampleur. Il y a une volonté fermement énoncée, de refuser la dichotomie entre l’obéissance aveugle au gouvernement et les manipulations insensées des conspirationnistes qui sont exploitées par l’extrême droite.
Alors que nous manifestions contre l’État policier, le SPVM s’est montré habile à en faire une démonstration exemplaire. Malgré le déploiement de plusieurs centaines de policiers, nous avons pris la rue et scandé des slogans haut et fort pendant plus d’une heure! Le ton est ensuite monté d’un cran lorsque les anti-émeutes ont forcé nos rangs pour s’emparer d’un de nos camarades. Malgré les efforts de la foule pour venir en aide aux camarades ciblés par la police, nous n’avons pas réussi à les libérer. Il nous appartient à toutes et tous de réfléchir à nos pratiques pour que de telles situations ne se reproduisent plus.
Plusieurs d’entre vous ont fait part de leur volonté de poursuivre la lutte. Sachez que nous n’avons pas l’intention de lâcher le morceau. Notre but principal est d’aider à mobiliser. N’hésitez pas à vous auto-organiser, à planifier des actions ; nous n’hésiterons pas à utiliser la plateforme pour vous appuyer au meilleur de nos capacités. Notamment, nous invitons nos camarades à rejoindre les rassemblements plus spontanés lancés par les jeunes montréalais-es qui manifestent leur colère légitime envers le couvre-feu depuis plusieurs jours; nous ferons circuler les appels pertinents sur nos plateformes. Demeurez à l’affût !
Un merci tout particulier à l’AQPSUD avec qui nous avons la chance de lutter depuis le tout début de la contestation du couvre-feu. Merci pour votre présence et pour tout le travail que vous accomplissez quotidiennement.
Si vous avez reçu une contravention pour violation du couvre-feu, écrivez à nousnepayeronspas@riseup.net pour participer à un effort d’entraide juridique.
Restons solidaires face à la répression policière, apprenons à ne laisser personne derrière.
Nous sommes un groupe de personnes qui, en février 2020, ont tenu une journée de blocage ferroviaire à soi-disant Lennoxville, Québec, sur des territoires Abénaquis volés, en solidarité avec les défenseurs et les défenseuses de la terre Wet’suwet’en et contre la violence persistante du colonialisme. Nous avons appris récemment que les accusations criminelles portées contre nous avaient finalement été abandonnées et que notre dossier avait été fermé.
D’un côté, nous accueillons avec joie de ne pas avoir à subir le stress et les tracas d’un procès criminel, et d’autant plus en considérant comment la police de Sherbrooke nous a menti de façon éhontée et a enfreint ses propres protocoles afin de nous arrêter en cette journée ensoleillée d’hiver.
D’autre part, cependant, nous pensons qu’il est important de se souvenir et de reconnaître que les charges criminelles auxquelles nous étions confronté.es viennent d’un État (et son système juridique) qui ne voit rien de mal au génocide colonial, au meurtre et à la dépossession des peuples autochtones, et avec la destruction de la vie au nom du profit. Le soi-disant Canada et le soi-disant Québec sont sur des territoires autochtones volés, et aucune loi ni répression ne nous fera voir cela comme juste ou acceptable. Notre action en était une parmi de nombreuses autres en solidarité avec les Wet’suwet’en qui ont été continuellement menacé.es et harcelé.es par les brutes de la GRC et de l’industrie des pipelines.
Les fonds que nous avions amassés pour notre bataille juridique seront répartis également entre les avocates qui nous ont soutenu.es, les ami.es de Tyendinaga et Hamilton qui font face à des procès pour leurs propres blocages de solidarité, de même qu’au fonds légal du Camp Unist’ot’en.
Commentaires fermés sur Montréal contre-info est de retour
Avr172021
Nous sommes de retour d’une absence forcée de quelques jours en raison de la saisie du serveur hébergeant notre site par la police hollandaise. C’est la police brittanique qui a dirigé cette opération dans le cadre d’une enquête visant le site 325, qui était hébergé avec le nôtre sur le serveur de Nostate. Nous voulons exprimer notre solidarité entière avec les camarades du collectif de 325 face à ces maneuvres répressives. Vous pouvez lire leur communiqué ici.