Le 15 mars 2021 se déroulera la 25e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP), peu importe la situation sanitaire.
Les personnes impliquées dans l’organisation de cette édition de 2021 opteront pour des alternatives adéquates selon l’évolution de la pandémie qui par ailleurs sévissait déjà lors du 15 mars 2020.
Parce qu’il faut souligner à quel point cette année a été brutale ! Dans un contexte difficile où toute la population essaie de faire preuve de solidarité, il y a une valeur constante sur laquelle on peut toujours se fier : la police demeure sans pitié.
Rappelons les dernières 8 minutes et 46 secondes de George Floyd. Rappelons-nous de Sheffield Matthews, assassiné par le SPVM aux petites heures du 29 octobre dernier. Rappelons-nous de Chantel Moore, Rodney Levi, Eishia Hudson au total trente-quatre personnes tué-e-s par la police au Canada pendant les 11 premiers mois de 2020. Près de la moitié des personnes assassinées étaient des autochtones.
Plusieurs activités entourant la journée internationale contre la brutalité policière auront lieu avant, pendant et probablement après le 15 mars prochain, sous une forme ou une autre. Afin de préparer cette journée, nous vous demandons donc de nous envoyer des textes, des images, des vidéos et des enregistrements audios que nous pourrons partager dans notre journal annuel et sur notre site web.
Et contactez vos ami-e-s et groupes d’affinité et passez le message que le 15 mars aura lieu. Soyez prêt-e-s !
En cette année 2021, nous appelons à l’abolition pure et simple de la police. Cela fait maintenant un quart de siècle que nous prenons la rue pour forcer la police à se réformer, de montrer des signes d’amélioration, et la situation ne fait qu’empirer, année après année. Les commissions d’enquête se multiplient, les rapports sont de plus en plus accablants, et malgré tout rien de concret ne se passe.
Au final, à quoi sert tout ce système de répression institutionnel et son service de police, ici et ailleurs ? Qui protège-t-il ? Les tribunaux n’ont pas protégé les femmes qui se battaient contre l’agresseur sexuel Gilbert Rozon.
La GRC n’a pas protégé les autochtones de New Edinburgh en Nouvelle-Écosse contre les racistes blancs qui ont mis le feu à leur entrepôt.
La SQ n’a pas sévi contre les policiers qui ont violé les femmes autochtones de Val-d’Or.
Le SPVM a utilisé, et utilise encore, tous les outils à sa disposition pour chasser les sans-abris du campement de la rue Notre-Dame et de plusieurs autres endroits à Montréal.
Et finalement, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) déporte présentement sans aucun remords les « anges gardiens » qui maintiennent debout notre système de santé à bout de bras.
Et la situation est la même partout. On peut le voir en France, au Chili, en Ayiti, au Nigéria, aux États-Unis et au Brésil, un mouvement mondial qui gronde et prend de l’ampleur. Un mouvement qui demande la fin de la police telle qu’on la connaît. Un mouvement qui crie, haut et fort.
Parce qu’on a assez de compter les assassinats aux mains de la police, parce que les larmes des familles et ami-e-s sont devenues colère, parce qu’injustice et impunité riment avec système colonial-raciste-sexiste, parce qu’il y a des alternatives : ABOLISSONS LA POLICE.
Nous avons reçu le message qui suit par courriel. Nous le publions avec la permission de l’auteur.
Bonjour,
Je ne sais pas si c’est votre organisation qui était passée devant le centre de détention Centre Fédéral de Formation (CFF600) sur la montée St-François le 31 décembre 2019 mais si c’est le cas, je tiens à vous remercier.
En effet, j’étais en prison à ce moment là, dans les condos qui donnent face sur la montée St-François. Je pouvais vous voir depuis la fenêtre du salon et de ma cellule. Pendant ce moment, vous m’avez fait oublié que j’étais incarcéré et je me suis senti important et vivant. Savoir que du monde de l’extérieur pensait à moi et se déplaçait pour moi m’a fait du bien.
J’aimerais être informé de tout autre manifestation concernant les centre de détention ou pour l’immigration (ou je travaillais en tant que détenu)
Je regrette de ne pas m’voir présenté cette année car j’aurais aimé y participé, j’aurais du me présenté quand même.
Merci beaucoup de votre temps!!
Yannick, enfin presque libre!!!! (je suis en maison de transition mais bientôt chez moi)
Presque un an est passé depuis la vague de blocages en solidarité avec les défenseurs de la terre wet’suwet’en. Par la suite, de nombreuses questions urgentes ont fait que l’attention du public est passé à autre chose. Toutefois, pour celleux en première ligne aussi bien que pour celleux avec des accusations en justice, il n’y a aucune possibilité de passer à autre chose.
En ce moment, au moins soixante personnes font encore face à de graves accusations criminelles en lien avec les descentes policières dans le territoire wet’suwet’en ainsi qu’avec le mouvement de solidarité. Ces actions ont impliqué des milliers de personnes dans toutes les provinces du pays, aussi il est impossible d’en faire rapidement le portrait, mais voici quelques aspects :
En janvier 2020, tandis que la GRC préparait leur nouvelle offensive contre la réoccupation du territoire wet’suwet’en qui dure depuis plus d’une décennie, les actions solidaires ont commencé. Quand les flics sont descendus pour de vrai dans les premiers jours de février, les Mohawks de Tyendinaga ont lancé un blocage ferroviaire qui a paralysé la circulation entre Toronto, Ottawa et Montréal. Perturber la circulation ferroviaire est vite devenue la tactique privilégiée du mouvement et les prochaines semaines ont vu des blocages à long terme menés par des communautés autochtones à Kahnawake, Listuguj, Six Nations et New Hazelton. Des blocages de moindre durée ont eu lieu (souvent à répétition) à Halifax, Toronto, Victoria, Vancouver, Magnetewan, Coquitlam, Hamilton, Morris, Saint-Pascal, Edmonton, Saint-Lambert, Kamloops, Saskatoon, Elsipogtog, Saguenay et de l’autre côté de la frontière dans l’État du Washington. Il y a également eu des manifestations et des blocages routiers en de nombreux endroits.
À l’issue de cette mobilisation massive, vingt-huit personnes du territoire Mohawk de Tyendinaga se battent contre des accusations suite à l’attaque du PPO sur leur communauté. Le deuxième groupe en importance c’est les quinze personnes accusées qui attendent leur procès en rapport avec un blocage près de Sherbrooke, Québec. À Hamilton en Ontario, six personnes font face chacune à quatre chefs d’accusations de méfait pour un blocage ferroviaire de vingt-quatre heures. Dans le Bas-Saint-Laurent, une personne est encore inculpée après une perturbation ferroviaire et à Montréal il y a deux personnes accusées de méfait pour des graffitis.
L’hiver précédent, en janvier 2019, il y a également eu un raid sur le territoire wet’suwet’en par la GRC. La mobilisation en solidarité était à échelle plus modeste, mais il y a eu des manifs, des occupations et des blocages importants un peu partout dans le pays, qui ont également vu de la répression.
Deux personnes présentes aux barricades sur le territoire wet’suwet’en lors du raid sont encore accusées de voie de fait sur la police. À Hamilton, une personne est inculpée pour des dégradations d’un poste de la GRC. À Montréal, six personnes se battent encore contre des accusations de méfait en lien avec le blocage du pont Jacques-Cartier.
Il y a eu presque cent-cinquante arrestations durant ces deux années de lutte. Beaucoup ont eu pour résultat des remises en liberté sans inculpation. D’autres des amendes. Certaines des poursuites criminelles se sont déjà résolues. Par exemple, en automne 2020, le procureur a retiré les accusations contre douze personnes en relation avec un blocage ferroviaire à Toronto et deux autres à Vancouver ont eu des absolutions. En outre, toutes les charges contres les personnes présentes sur le territoire au moment du raid de février dernier ont été abandonnées (mais la GRC a laissé savoir que leur enquête se poursuit).
On ne peut que se réjouir que de plus en plus d’affaires se résolvent, mais il faut tout de même rester prudent. Le système judiciaire abandonne les accusations contre certaines personnes à fin d’isoler et de délégitimer d’autres. Il ne faut pas oublier que certain·e·s inculpé·e·s ont de fortes chances de finir en prison pour des moments de lutte auxquels nous avons toutes et tous participé·e·s.
Tout le monde ne fait pas face au système judiciaire sur un pas d’égalité. C’est un système profondément raciste et colonial, ce qui fait que les accusés autochtones ont plus de chances de se voir condamnés et de se voir imposer des peines lourdes. De même, les personnes avec des casiers judiciaires, surtout avec des condamnations en lien avec leur implication militante, risquent d’être traitées de façon autrement plus sévère et de finir en prison.
Le mouvement de l’hiver dernier était d’une puissance incroyable et la lutte n’est pas terminée. Sur le territoire wet’suwet’en, les travaux sur le pipeline continuent malgré la pandémie, tout comme la résistance des défenseurs de la terre en première ligne. C’est la même histoire chez d’autres peuples autochtones partout au Canada – de Mi’kma’ki au territoire Secwempec en passant par Six Nations, c’était une année charnière pour la résistance autochtone et les affirmations de souveraineté. Ces courants continueront de s’entremêler avec la résistance face à l’expansion industrielle, ce qui créera encore de nouvelles possibilités et des sites de résistance. Rien n’est arrêté et dans le futur nous aurons besoin de bloquer le Canada de nouveau.
Tout mouvement qui connaît du succès subira de la répression et aura des prisonniers. Ce qui est plus important que d’éviter la répression c’est la manière dont on y fait face. Nous devons toujours trouver des moyens de montrer aux personnes ciblées qu’elles ne sont pas seules, pour qu’elles puissent en venir à bout en se sentant fortes et en restant intègres. Des démonstrations de solidarité tout comme le soutien pratique font une immense différence quand les gens ont affaire à la justice. Il faut que les personnes courageuses qui prennent des risques aient de l’appui si nous voulons être courageux et courageuses ensemble encore et voir nos mouvements croître.
Nous continuerons de poster des mises à jour sur North Shore Counter-Info sur les affaires en cours et nous amplifierons les collectes de fonds et les appels au soutien concret ou à la solidarité de la part des accusé·e·s. Les mises à jour seront regroupées sous le tag « Blockade Defense » sur North Shore (north-shore.info/tag/blockade-defense) et sur Twitter sous le hashtag #BlockadeDefense.
Avons-nous oublié quelqu’un ou avez-vous des commentaires ? Contactez-nous en anglais ou en français à blockadedefense@riseup.net. La clé pgp est sur keys.openpgp.org.
Samedi soir, un couvre-feu a été instauré dans les rues du Québec. C’est la restriction de mouvement la plus large et la plus intense depuis la crise d’octobre 1970. Le gouvernement Legault a donné à la police le pouvoir d’intercepter toute personne qui se trouve à l’extérieur après 20 heures et de lui imposer une amende pouvant aller jusqu’à 6 000 dollars si elle ne peut fournir une raison que les policiers jugent valable. Dans les semaines à venir, le COVID continuera de se répandre. Pendant ce temps, les sans-papiers, les sans-abri, les personnes confrontées à des situations de vie dangereuses, les travailleuses et travailleurs de l’économie souterraine et les personnes qui veulent simplement se promener la nuit – entre autres – seront harcelé.e.s par la police tous les soirs sans fin déterminée. Tout cela pour protéger le statu quo d’une économie qui nous tue, nous et la planète. Cette évolution brutale dans une ère d’expérimentation du contrôle social ne peut rester sans réponse. Il n’est pas seulement possible, il est nécessaire, de riposter.
Nous refusons cette escalade du contrôle gouvernemental sur nos vies tout en rejetant la position de la droite populiste et des théoriciens du complot. Ces groupes soit nient totalement la menace de COVID-19, soit accusent à tort certains groupes racialisés, souvent avec des allusions à peine voilées à une « élite mondialiste ». Leur réponse au COVID montre clairement que nous voyons se confronter deux idées de la liberté. Celle que nous défendons ne soumet pas les individus à une idée de bien collectif fournie par l’État. Cependant, elle exige que nous reconnaissions la réalité matérielle de notre monde et les conditions réelles de l’oppression – la nôtre et celle des autres – et que nous ne nous réfugions pas dans des intrigues géopolitiques fictives qui pourraient apaiser notre sentiment d’impuissance en réaffirmant notre indignation. Cette liberté nous oblige à nous battre pour une vie qui vaut la peine d’être vécue, plutôt que de renvoyer sans cesse la responsabilité à des ennemis imaginaires. Le COVID est réel, l’État policier aussi.
Nous n’avons jamais cru que les appels aux restrictions de Legault étaient fondés sur des préoccupations pour notre sécurité. Depuis le début de la pandémie, lui et ses acolytes ont hésité à fermer les lieux de travail et les écoles, tout en limitant encore davantage notre capacité à inventer nos vies en nos propres termes en dehors du travail. Cela montre que l’État ne s’intéresse à nous que lorsque que nous continuons à produire et à consommer, nous maintenant juste en assez bonne santé pour continuer à remplir les poches des riches. Partout dans le monde, ceux-ci se sont enrichis de manière exponentielle pendant la pandémie, tandis que nos difficultés augmentaient. Les capitalistes et les gouvernements (ce sont les mêmes !) s’adaptent aux restrictions sociales, ce qui leur permet de profiter de nous pendant que nous continuons à souffrir. Nous avons toujours été contre ce monde du travail. Ne permettons pas à l’État de définir encore davantage la façon dont nous vivons et nous nous protégeons, nous et nos proches.
La criminalisation de nos relations par l’État nuit à la santé mentale d’un nombre croissant de nos ami.e.s et de notre famille. Une vie perdue à cause d’une crise de santé mentale n’est pas moins tragique qu’une vie perdue à cause du COVID-19. La conférence de presse du 6 janvier a clairement montré que la santé mentale n’est guère qu’une préoccupation secondaire pour le gouvernement. Nous estimons que la façon dont nous vivons va au-delà de la simple survie, et nous rejetons toute définition de la santé dictée par les exigences de la production économique.
Pendant ce temps, l’État n’a de cesse de nous monter les un.e.s contre les autres et nous transforme en micro-entreprises de surveillance qui n’avons qu’à appeler la ligne de dénonciation directe mise à notre disposition pour faire le travail de la police qui elle, a été invitée à « faire circuler leurs autopatrouilles, gyrophares allumés, dans les rues des villes pour marquer le début de cette période exceptionnelle », selon La Presse (8 janvier 2021).
Contrairement à ce qu’affirme La Presse, nous estimons que cette période n’a rien d’exceptionnel. La mise à nu du pouvoir de l’État policier dans ce qu’il a de plus violent est au mieux, un test, au pire, le nouveau normal. Il ne tient qu’à chacun d’entre nous de faire la preuve que leur démonstration de force ne tient pas la route face à notre inventivité, et que les rues, vidées de leurs habitants, peuvent devenir un immense terrain de jeux.
Commentaires fermés sur Pas de solution policière à la crise sanitaire !
Jan092021
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Montréal, le 9 janvier 2021
Aujourd’hui à 20 heures, pour la première fois de notre histoire, un couvre-feu sera mis en place à l’échelle de la province. Après dix mois de crise sanitaire, notre gouvernement a encore une fois opté pour la solution policière. Alarmes, sirènes et gyrophares à l’appui, la police nous annoncera l’heure de son règne tous les soirs, et ce, au minimum pour le mois prochain. Il s’agit là d’une véritable stratégie d’intimidation et de peur mise en œuvre pour camoufler l’amateurisme et l’inefficacité de la méthode caquiste de gestion pandémique.
Ce « gouvernement des banlieues » a encore une fois décidé de procéder à de sombres calculs de rentabilité plutôt que d’instaurer des mesures basées sur la justice sociale et la science. La mise en place du couvre-feu dans un tel contexte n’est pas une mesure sanitaire. C’est un choix qui pourrait s’avérer non seulement inefficace, mais carrément dangereux. L’effet disproportionné de la décision nuira aux personnes les plus vulnérables de notre société, celles qui subissent déjà régulièrement la violence et la brutalité de nos forces de l’« ordre ».
Sans surprise, ce gouvernement suit la stratégie adoptée presque partout ailleurs, celle qui cadre parfaitement avec la logique du capitalisme néolibéral. On manque toujours de ressources pour les services publics, mais les coffres ne sont jamais vides pour le renforcement de l’appareil de répression d’État.
Plusieurs intervenant.e.s l’ont déjà mentionné : le couvre-feu aura tout au plus un effet symbolique. En réalité, c’est à une poursuite de la dégradation du filet social et à l’installation d’un climat de peur que l’on assiste. En lieu et place de la solidarité, et alors que notre santé mentale est déjà fragilisée par près d’un an d’incertitude, le gouvernement encourage la délation, la recherche de bouc-émissaires et la culpabilisation individuelle, se dédouanant ainsi de toutes responsabilités. À Montréal, nous aurons près d’une centaine de flics de plus. Or, ce que nous demandons, ce sont des psychologues et des intervenant.e.s. Quel effet aura cette surveillance accrue sur notre paranoïa collective ? N’y a-t-il pas une autre alternative ?
La gauche radicale ne doit pas laisser ce combat entre les mains de la droite et de son discours anti-scientifique et individualiste. En temps de crise sanitaire, nous n’avons pas le luxe de respecter aveuglément les mesures répressives et contre-productives tout en se contentant de demi-mesures préventives. Nous avons déjà trop tardé, il est maintenant plus que nécessaire d’agir afin qu’un discours critique se fasse entendre. Nous ne pouvons pas nous permettre la complaisance. Face à la surenchère sécuritaire, nous avons le devoir de proposer un autre projet politique, qui ne laisse personne derrière et qui se base sur des données scientifiques rigoureuses.
Dans tous les quartiers, par tous les moyens, il faut qu’on se fasse entendre. Aucune solution policière à la pandémie n’est acceptable. Résistons à l’autoritarisme en place et à venir, luttons contre le couvre-feu ! Nous ne devons rien attendre d’un gouvernement mené par un sinistre comptable paternaliste aveuglé par le pouvoir et ne parlant qu’à sa base.
N’acceptons pas le défaitisme ambiant, préparons le printemps !
Commentaires fermés sur Manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal 2020
Jan032021
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Bien qu’aucun appel public n’ait été lancé, quelque 50 personnes se sont rassemblées pour la manifestation annuelle de bruit à soi-disant Montréal. Nous poursuivons ainsi la tradition de faire résonner la nouvelle année aux côtés de nos proches incarcérés. Cette année, nous avons seulement visité la prison fédérale à sécurité minimale pour hommes à Laval, Québec – appelée Centre fédéral de formation à sécurité minimale. Il s’agit de la prison où nous pouvons toujours apercevoir des personnes aux fenêtres et où nous savons qu’on peut nous entendre et voir nos feux d’artifice. Nous avons cogné contre des casseroles, hurler nos souhaits et établi un nouveau record d’explosion de feux d’artifice.
Cette année a été difficile pour plusieurs, mais encore plus pour ceux et celles en prison. Il n’y a pas eu d’éclosion de SARS-Cov2 au Centre de formation à sécurité minimum, mais il y en a eu dans l’institution jumelle – Le Centre de formation multi-niveaux, où un prisonnier est mort de la Covid-19 durant l’été. Les prisonniers des deux institutions ont subit des mois de confinement, sans aucune visite, activité de groupe et un accès limité ou interdit au gym et à la bibliothèque. C’est pourquoi nous trouvions encore plus important de nous rassembler pour le Nouvel An. Nous voulions que les prisonniers sachent qu’on ne les oublie pas.
Solidarité avec tou.te.s les prisonnier.e.s, y compris dans les prisons de migrants! #liberezlestous
Solidarité avec toutes les personnes qui font face à la répression dans la foulée des insurections en réaction à la mort de George Floyd, de Breonna Taylor, de Rayshard Brooks, et d’autres encore! #amnistiegenerale #BlackLivesMatter
Pour un monde sans prison et sans système qui en profite.
Commentaires fermés sur Une autre fin est entièrement spéculative : Réflexions sur l’expulsion du campement Notre-Dame
Déc122020
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Le lundi 7 décembre à 7 heures, plus de 50 personnes ont tenté de se rassembler près du campement de Notre-Dame pour soutenir les résident.e.s menacé.e.s d’expulsion par les flics ce matin-là. Ce campement a été établi l’été dernier par des personnes vivant sans abri sécuritaire. Le SPVM avait déjà établi un périmètre autour du campement et l’a défendu pour empêcher les manifestant.e.s de s’en approcher. Ainsi, la police a pu facilement évacuer les résident.e.s du campement comme prévu.
Même s’il était certainement inspirant de voir tant de gens sortir pour une telle cause, la manifestation de solidarité du matin s’est terminée de la même manière que bien des actions antifascistes à la frontière de Lacolle : les flics immobilisent la foule, puis l’empêchent d’atteindre ses objectifs. À ce stade, la seule chose qui reste à faire est de crier des injures. Ce qui était décevant et inefficace, étant donné que l’objectif de l’action de ce matin-là était d’arrêter les expulsions.
En quoi cela aurait-il pu être différent ? Comment les personnes qui se sont présentées auraient-elles pu se comporter de manière à empêcher les flics d’expulser de force les gens de leurs abris et de la communauté qu’ils avaient créée ? Cette réflexion rappelle une autre fin possible, qui est entièrement spéculative.
Je voudrais commencer par reconnaître quelques points importants pour expliquer comment je me situe vis-à-vis de l’appel à la solidarité de lundi matin : a) alors que certain.e.s résident.e.s du camp ont exprimé leur volonté d’être relogé.e.s par le SPVM et les services sociaux, plusieurs autres ont manifesté un ardent engagement à rester sur place malgré la menace d’expulsion. Cette réflexion est une tentative d’imaginer comment des sympathisant.e.s auraient pu faciliter les conditions pour que ces résident.e.s puissent rester ; b) dans toute (ré)imagination stratégique, il n’y a jamais de certitudes, c’est pourquoi cette réflexion est une façon d’envisager des réponses futures ; c) plusieurs personnes présentes ce matin-là avaient déjà collaboré avec les résident.e.s du campement de Notre-Dame et elles ont partagé des informations critiques qui ont permis à l’action de solidarité de se concrétiser. Ces relations existantes sont cruciales pour toute réponse de solidarité ; d) je n’ai moi-même aucune relation avec les résident.e.s ou les organisateur.trice.s de ce campement.
Compte tenu de ce qui précède, j’aimerais réimaginer l’action de lundi matin sous l’angle de la dissuasion. Alors, permettez-moi de spéculer…
Début novembre, alors que le temps change, que les nuits deviennent plus froides et les jours plus courts, de nombreuses personnes de la constellation de la gauche radicale, anarchiste et autonome de Montréal se réunissent pour discuter de ce qu’il faudrait faire lorsque les résident.e.s du campement de Notre-Dame feront face à une expulsion. Ce scénario est prévisible non seulement en raison des expériences passées, mais aussi parce que ces personnes ont déjà des relations avec les gens du camp, et que la police a déjà procédé à des expulsions similaires dans d’autres parties de la ville ainsi que dans d’autres grandes villes comme Toronto. On sait qu’il y aura un périmètre de police limitant l’accès au camp dès l’aube de l’expulsion.
À force de conversations et de collaboration, les organisateur.trice.s de cette coalition de réaction rapide parviennent à une proposition à présenter aux habitant.e.s du campement : lorsque la police viendra avec sa menace d’expulsion, les partisan.e.s entreront discrètement dans le camp la veille, planteront leurs tentes et seront prêt.e.s à réagir dès l’arrivée matinale des flics, des pompiers et des services sociaux.
La réaction des résident.e.s à cette proposition est mitigée. Certain.e.s sont prêt.e.s à déménager avec le soutien des services sociaux et craignent qu’une telle action ne les empêche d’être relogé.e.s avec le peu de soutien que la Ville pourra leur offrir. D’autres résident.e.s expriment une certaine hésitation, tout en étant plutôt d’accord avec l’idée générale de rester sur place et de conserver leur communauté autonome. C’est super important pour beaucoup d’entre elles et eux, étant donné que depuis 4-5 mois, ils et elles sont nombreux.ses à avoir établi des relations de soutien au sein de ce campement. Après bien des discussions, il est décidé que cette proposition sera mise en œuvre, étant entendu qu’on n’empêchera aucun.e résident.e de recevoir le soutien offert par la Ville, tout en sachant que ce soutien sera limité, et au mieux superficiel. Tout le monde repart de cette réunion avec une idée précise de ce qui se passera si la menace d’expulsion se concrétise.
Un mois plus tard…
Vers 6 heures du matin, le 7 décembre, la première voiture de police s’arrête. Les flics pensent avoir le dessus étant donné que les actions de solidarité ont été postées sur Facebook et Twitter pour plus tard dans la matinée. Cependant, les organisateur.trice.s de l’action de nuit ont veillé à faire passer le message par des outils de communication sécurisés et par le bouche à oreille uniquement. Quarante personnes se sont présentées la veille avec des tentes, et elles sont toutes prêtes à réagir. Alors que les flics s’approchent du camp, les partisan.ne.s surgissent de leurs tentes et forment un périmètre autour de la zone centrale du camp. Ce faisant, ils et elles ont pu avertir les personnes qui se trouvent en attente à l’extérieur du campement. Une fois ces personnes informées, elles appellent plus de monde afin de renforcer les lignes autour des extrémités est et ouest du camp.
Les flics sont surpris par l’afflux de soutien ainsi que par la volonté des gens de maintenir la ligne. À 7h30, les flics sont entourés par une ligne de manifestant.e.s extérieure et intérieure et, à 8h du matin, les gens continuent d’affluer. La police évalue la situation et conclut qu’aucune action immédiate ne peut être entreprise. Bien que l’expulsion ait été évitée ce jour-là, la menace est toujours présente. L’action matinale a encouragé de nombreux.ses résident.e.s qui commencent à discuter des moyens de renforcer leur position. L’issue est encore inconnue, mais tant les résident.e.s du camp que leurs soutiens se sentent renforcé.e.s par ce premier succès.
Et bien que ce résultat ne soit que spéculatif, j’espère qu’il permettra une réflexion plus approfondie sur les moyens de passer d’une position réactionnaire de solidarité à une position qui porte en elle la possibilité de réellement dissuader les flics de faire chier le voisinage.
Si vous avez été détenu ou arrêté pendant le Sommet du G20 à Toronto en 2010, vous pourriez avoir droit à des réparations monétaires ou non-monétaires en vertu de ce Règlement d’actions collectives.
Veuillez lire toutes les instructions et remplir soigneusement le formulaire de réclamation en ligne afin que votre réclamation puisse être évaluée aussi facilement que possible.
North Shore Contre-Info a reçu des documents juridiques pas encore rendus publics avec des renseignements sur de récentes enquêtes ciblant des anarchistes dans le sud de l’Ontario pour leurs activités en solidarité avec les Wet’suwet’en en 2019 et 2020. Ces renseignements confirment des pratiques de surveillance qu’on savaient possibles, mais qui ne sont pas d’habitude prises au sérieux. Ces pratiques incluent une collaboration avec des grosses entreprises de la tech, des dispositifs de localisation et de longues périodes de surveillance active.
Nous encourageons les militant·e·s de lire ceci avec attention. Nous ne publions pas davantage de précisions sur le contexte afin de protéger l’identité des sources.
Nous pouvons confirmer le suivant :
La police a demandé et a obtenu un mandat 492.1(1) pour suivre les déplacements d’un individu à l’aide d’un dispositif de surveillance attaché à sa voiture.
Le juge a délivré le mandat en 24 heures
Le mandat permet qu’un dispositif soit en place pendant 60 jours, ou jusqu’à une année si la cible est liée au crime organisé ou au terrorisme (rappelons que les anarchistes en Ontario sont souvent traité·e·s ainsi)
Google s’est conformé à plusieurs mandats et a donné à la police locale en Ontario les métadonnées de comptes gmail en trois jours après réception de la demande.
Les métadonnées comportent les comptes liés, les informations de récupération et les informations de création de compte, entre autres
La police locale n’a même pas essayé d’obtenir les informations des comptes Riseup qui figuraient également dans leurs notes
Les fournisseurs d’accès Internet (FAI) gardent un journal de vos adresses IP même s’ils disent qu’ils ne le font pas. La police a réussi à obtenir des mandats pour ces journaux.
La police a pu accéder à ces infos dans les deux semaines après leur demande
Ces informations sont utiles pour confirmer les infos obtenues d’autres entreprises internet, en permettant par exemple de faire le lien entre un adresse courriel et un point d’accès à internet
Le FAI a dit à la police qu’il allait avertir son client de cette divulgation d’information mais il ne l’a jamais fait
Certain·e·s individu·e·s impliqué·e·s dans le mouvement de solidarité avec les Wet’suwet’en étaient l’objet d’une surveillance 24 heures sur 24 pendant une période qui a duré d’au moins fin février à début mars.
Les unités de surveillance mobiles étaient composées de 4-6 flics qui surveillaient la résidence de leurs cibles et suivaient leurs déplacements
Ils ont rédigé des listes d’associés qui comportaient des noms de personnes avec qui leur cible étaient en contact
Il est arrivé que les flics entraient dans un magasin que la cible a fréquenté pour demander de voir la vidéosurveillance et les reçus de caisse
Leurs rapports étaient combinés avec des rapports sur les renseignements disponibles sur les réseaux sociaux avant d’être envoyés à la division de renseignements et à l’unité des crimes haineux locales
Il n’y a pas de raison de croire que cette surveillance se limite à ce que ces documents confirment. Il est probable qu’elle a duré plus longtemps et a ciblé davantage de gens
La police s’est appuyé sur la présence d’un individu dans des manifestations publiques pour obtenir un mandat pour fouiller son portable. La référence la plus ancienne à sa présence dans des manifs date d’il y a sept ans
Nous ignorons si la police a pu accéder aux données du portable. Il était chiffré avec le logiciel de chiffrement de disque Android de base. Par le passé, ils n’ont pas réussi à entrer dans des portables chiffrés ainsi (lors de l’affaire Locke Street par exemple) mais dernièrement la police a dépensé des dizaines de milliers de dollars sur des logiciels de décryptage
Nous ne sommes en rien des experts sur la surveillance ou la contre-surveillance, mais nous suggérons les mesures suivantes :
D’une certaine façon, que la police ait besoin de se servir de pratiques de surveillance intensives indique que la culture de la sécurité marche. Les gens ne se balancent ou ne s’affichent pas eux même sur les réseaux sociaux et s’organisent de manière sécuritaire.
Évitez d’utiliser les services d’entreprises comme Facebook et Google, qui vous sont hostiles aussi bien qu’à vos projets. Au moins un·e anarchiste en Ontario risque la prison à cause de la collaboration de Google avec la police, tout comme d’innombrables autres au sud de la frontière.
Il n’est pas possible d’être certain.e de repérer et d’éviter la surveillance physique. Pendant des périodes d’haute tension, tenons pour acquis qu’on nous suit sauf quand nous prenons des mesures actives pour l’empêcher.
Nous avons très peu d’expérience avec les dispositifs de localisation sur des véhicules. Maintenant que nous savons pour certain que cela arrive ici, on pourrait essayer d’éviter de se servir de voitures liées à des radicaux·ales connu·e·s pour des actions et les préparations
Consulter https://earsandeyes.noblogs.org pour des exemples de quoi ont l’air ces machins et comment ils ont été utilisés contre des anarchistes
Pour les données des FAI, renseignez-vous sur la politique de confidentialité de votre FAI. Pensez à changer à une compagnie qui garde un minimum de journaux
L’État oblige aux FAI de garder des journaux d’adresses IP associés à leurs clients, mais le FAI dont il est question ici ne les garde que pendant 30 jours après la dernière utilisation de l’adresse
Assurez-vous de chiffrer votre portable et de l’éteindre si vous risquez l’arrestation. Utilisez des applis de messagerie sécurisées et des réglages qui effacent automatiquement vos messages pour minimiser le risque s’il tombe entre les mauvaises mains.
Tout cela peut faire peur, mais rappelons-nous que le but de discuter de la répression est de pouvoir agir de manière efficace malgré elle. Consultez le texte Confidence Courage Connection Trust pour un guide pratique à la culture de la sécurité
Ce texte est signé par des membres du collectif North Shore
La police comme les prisons sont des institutions qui ont été mises en place pour maintenir un ordre social capitaliste et raciste. Que ce soit à la suite des commission d’enquête sur la SQ après la crise d’Oka (Gauthier, 2006) ou celle survenu après la grève étudiante de 2012 (Québec (Province) et al., 2014), on trouve toujours les recommandations de restructurer les organisations ou de réévaluer l’utilisation de tel ou tel type d’arme. Pendant que la liste des victimes des services de police et des prisons s’allonge au Québec comme ailleurs, on agite encore l’idée des enquêtes et des réformes. Pire, certain-e-s demandent plus de formation ou des gadgets technologiques comme des caméras, qui n’auraient pour seul effet que d’augmenter le budget des services de police. Si la crise américaine actuelle nous a appris quelque chose, c’est que les caméras ne servent à rien : La mort d’Ahmaud Arbery a été filmée, mais c’est seulement quand la population s’est soulevée contre les policiers, les procureurs et les juges qui ont essayé de balayer la cause sous le tapis que les meurtriers ont été arrêtés. La mort de George Floyd a été filmée, mais c’est seulement après trois jours de manifestations que des accusations ont été portées, d’abord sur un seul des policiers impliqués. L’impunité totale des services de police et l’injustice massive du système carcéral ne se régleront pas par une enième réforme de plus. Cette impunité se doit d’être répondue par l’abolition de ces institutions.
La police et la prison, qu’est-ce qu’elles empêchent au fond
On peut simplement caractériser les crimes en trois catégories. Les crimes contre la propriété, les crimes contre la personne et les crimes sans victimes, comme le font déjà les codes de loi. Pour chacune de ces catégories, il est facile de montrer que les effets de la police et de la prison sont nuisibles.
Premièrement, les crimes sans victimes, comme le travail du sexe ou le trafic ou la possession de drogue, sont des motifs d’arrestation fréquents, mais comme leur nom l’indique, ne causent pas de dommage direct aux personnes. Plusieurs pays dans le monde ont réussi à réduire considérablement la consommation de drogue en fournissant des services d’aide aux personnes qui considèrent avoir des problèmes de dépendance. Cette approche prône la réduction des méfaits, une approche qui vise à réduire les dommages physiques causés par la dépendance, en fournissant par exemple des espaces sécuritaires pour l’utilisation de drogue et la décriminalisation de la consommation de drogue. En tentant d’interdire la consommation de drogue ou l’achat de services sexuels, les autorités facilitent la mise en place de réseaux criminels et mettent en danger la sécurité des travailleur-euse-s et des consommateur-e-s. Celleux-ci s’exposent en plus à la menace constante de la criminalisation, menace qui est particulièrement inefficace pour réduire la dépendance. En effet, le facteur le plus important pour le traitement des dépendances est la volonté de la personne touchée. Si une personne est contrainte à subir des traitements contre son gré, les chances sont bien minces qu’un effet positif ressorte de celui-ci.
Deuxièmement, les crimes contre les biens surviennent en majeure partie parce que les plus pauvres n’ont pas d’autres choix, face au coupures récurrentes de l’aide sociale, du chômage et des services sociaux, et la mise en valeur de modes de vie inatteignable pour la plupart. La critique a déjà été faite mille fois et revient de façon récurrente depuis la création des premières prisons : les personnes pauvres devant utiliser la criminalité pour survivre se retrouvent isolé-e-s ensembles dans les prisons et peuvent alors développer leurs habiletés criminelles. Investir dans plus de prisons et de policièr-e-s ne résout pas le problème de la redistribution de la richesse, et coûte même beaucoup plus cher que la mise en place de mécanismes sociaux de redistribution. S’il faut maintenir les injustices à coups de bâton, on ne corrigera pas le problème en changeant la taille du bâton.
Finalement, les crimes contre les personnes sont les plus rares. Malgré tout, la violence dans la société est principalement dirigée vers les personnes déjà marginalisées : personnes racisées, femmes ou personnes non-binaire, personnes pauvres ou en situation d’itinérance, travailleur-euse-s du sexe, personne en situation de handicap et personnes homosexuelles. Différentes études montrent que ces personnes sont plus fréquemment victime de la violence policière, et qu’en conséquence elles rapportent moins les crimes à leur égard. Pour ne prendre qu’un exemple, une étude réalisée chez les personnes ayant des handicaps physiques ou mentaux montre que les personnes en situation de handicap rapportent 50% moins souvent les crimes à leur égard (Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), 2011). De plus, la police et la prison interviennent dans les cas de violence, mais seulement à posteriori, alors qu’il n’y a plus rien qui peut être fait. Sans compter que la prison n’empêche pas la récidive. Bref, la police et les prisons ne protègent pas les plus vulnérables et même si des interventions étaient faites par la police, elles puniraient l’action sans s’en prendre à leur racine : le sexisme, le racisme, l’homophobie ou le capitalisme. Au contraire, la police s’en prend plus souvent aux personnes racisées, négligent les plaintes faites par des femmes et s’attaquent généralement aux populations pauvres.
Bref, pour aucune catégorie de crime la police et les prisons ne semblent une avenue utile ou productive. Et malgré que les taux de crime descendent depuis près de vingt ans au Canada, alors que les budgets des services de police augmentent continuellement. Alors que les taux de résolution de crime ne dépasse rarement la barre des 40% (Service de Police de la Ville de Montréal, 2015), les autorités continuent d’encourager les investissements massifs dans les outils de répression(Ministère de la Sécurité publique, s.d.). Et finalement, alors que plus de crimes sont rapportés par personne en milieu rural, la majorité des forces policières sont toujours situées dans les villes. Ainsi, si le but réel de la police et des prisons étaient de réduire le crime, il y aurait longtemps que les gouvernements néolibéraux les auraient abolies, parce qu’elles ne sont que d’une utilité marginale à cet effet. Au contraire, la police semble beaucoup plus au service de l’ordre social capitaliste, pour empêcher les pauvres de développer des stratégies non-capitalistes de survivance et pour empêcher la réorganisation de la production dans une perspective égalitaire. Cette situation est illustrée par le contexte historique de l’apparition de la police et de la prison.
Petite histoire de la police et de la prison
Au « Canada », la police s’est développée en raison du soulèvement des métis dans l’ouest canadien. Aux États-Unis, la forme la plus proche de la police actuelle s’est développée dans le sud, comme un groupe de surveillance pour le contrôle des esclaves (Williams, 2007). Dans ces deux cas, la police s’est institutionnalisée plus fortement avec l’apparition de populations pauvres amenées par le développement capitaliste, tout en conservant son biais raciste d’origine, qui se manifeste entre autres par la collaboration avec des groupes d’extrême-droite (il suffit d’aller dans une contre-manifestation en réponse à des manifestations d’extrême-droite pour le voir), des assassinats ciblant une majorité de personnes racisées (comme a Montréal), et par le profilage racial. Ces caractéristiques sont constantes dans l’histoire de la police.
La même histoire se produit dans l’histoire des prisons. Les premières prisons sont mises en place pour empêcher le vagabondage, pour fixer les populations pauvres dans des espaces fixes, en contraignant les personnes arrêtées dans des poorhouses ou des workhouses dès la fin du 18ème siècle. C’est par la suite que les prisons ont été mises en place sur un modèle similaire, dans la période de forte industrialisation qui nécessitait une mise au travail massive. Ce modèle s’est exprimé sous la forme du travail forcé, que ce soit l’esclavage légal du travail dans les prisons ou le wage slavery du travail dans les usines. Bref, la forme actuelle des prisons est celle d’une institution qui force au travail les populations marginalisées. Ce n’est donc pas surprenant, même en prenant en compte le racisme de la police, que les populations autochtones et racisées soient surreprésentées jusqu’à ce jour dans les prisons : c’est un outil qui a été toujours utilisé pour contraindre les populations pauvres au travail.
Et si on réduisait les budgets…
… le caractère raciste et capitaliste de ces institutions perdurerait, et dès que la vague de contestation cessera, des réinvestissements massifs seront effectués. En effet, la culture du silence présente dans les services de police et fortement documentée fait des policier-e-s actuel-le-s des complices directs de la violence effectuée par leurs collègues (A. Cab, 2020). Cette culture de violence ne peut être endiguée qu’en mettant en place des services permettant aux personnes marginalisées de répondre à leurs besoins sans être forcé-e-s de recourir à des stratégies illégales. Il serait aussi possible de s’inspirer des groupes qui s’occupent de la gestion des délits établis par différents groupes révolutionnaire, que l’on pense au Black Panther aux États-Unis ou à l’ANC en Afrique du Sud lors de l’apartheid (Williams, 2007, l’après-propos). Il le faudra bien, parce que soit on développe des mécanismes communautaires, soit on risque de se faire tuer par des policièr-e-s chaque fois qu’il-le-s débarquent.
Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ). (2011). Crimes cachés: mieux comprendre la violence et la négligence à l’égard des personnes en situation de handicap.