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Alerta! Le cri de la wawa – 2003/2006

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Août 022019
 

De Archives Révolutionnaires

« Le nom scientifique de la Wawa est le Capybar et il est le plus grand rongeur au monde. Les communautés afro-colombiennes du Choco en Colombie appellent ‘Wawa’ un animal de la forêt tropicale qu’elles chassent à l’aide de chiens pour se nourrir. Au Chili, on appelle les bébés des ‘Wawa’. À Cuba, la ‘Wawa’ est un autobus populaire où les gens s’entassent tous les jours pour se déplacer. On dit à Cuba que le meilleur journal populaire est la ‘Wawa’ parce que c’est là qu’on apprend les nouvelles du peuple… ‘Le cri de la Wawa’ c’est le mélange de toutes ces voix qui s’expriment… le bébé qui essaie de se faire comprendre, l’animal qui crie dans la forêt, le peuple qui veut se faire entendre et qui crie justice… »

C’est ainsi que les auteur.es du journal militant Alerta ! Le cri de la Wawa présentent l’origine du nom de leur publication. Le journal, dont la parution s’échelonne de 2003 à 2006, est publié à l’initiative du « Komiteal » (Comité CLAC – Amérique Latine). Son objectif : tisser un réseau de solidarité transnational en articulant les luttes d’ici et d’ailleurs, servir de journal alternatif aux grands médias et faire entendre les voix de ceux et celles qui luttent, notamment contre le capitalisme, le colonialisme et l’impérialisme. C’est entre autres dans ce but que le journal est publié en trois langues (français, anglais et espagnol) qui s’enchevêtrent au gré des numéros..

Basé sur des principes pluriels, donnant la parole à ceux et celles qui luttent dans les Amériques, le Komiteal s’inscrit dans la continuité des anarchistes inspirés par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) et la révolte menée par celle-ci au Chiapas. Le journal, lancé à la suite des mobilisations de 2001 contre le Sommet des Amériques à Québec, reprend les thèmes, les objectifs et les idées popularisées par les contre-sommets de Vancouver (1997), Genève (1998) ou Seattle (1999). Le manifeste du Cri de la Wawa, paru dans le premier numéro, pose immédiatement les bases politiques sur lesquelles se fondent le comité : contre l’impérialisme et le paternalisme Nord-Sud, il se place d’entrée de jeu contre les multinationales qui exploitent les territoires et les vies ; et pour la démocratie directe et l’organisation horizontale. Le comité soutient toute « initiative locale de réappropriation et d’autogestion collective des usines, des terres et des richesses naturelles », s’oppose au colonialisme, à l’interventionnisme du FMI et soutient l’abolition des plans et accords néocolonialistes comme le Plan Puebla Panama, le Plan Colombie, l’Initiative Régionale Andine, la ZLÉA ou encore l’ALÉNA. Les militant.es réclament aussi le retrait immédiat des bases américaines et étrangères en Amérique Latine et aux Caraïbes. À la jonction entre les luttes décoloniales, la mouvance altermondialiste et le mouvement anarchiste, le comité se place en opposition à toute forme d’autoritarisme de la part des États ou des institutions. À travers les sept numéros du journal se révèlent les problématiques politiques et les initiatives qui marquent la grande période de lutte contre le capitalisme et la mondialisation du début du XXIe siècle. Mais, pour comprendre la teneur de ce manifeste, il est nécessaire de faire un peu de généalogie…

Alerta - No.5, été 2005, p.1 (2)
Alerta ! Le Cri de la Wawa, no. 5, été 2005

Le 1er janvier 1994, un mouvement insurrectionnel indigène et paysan qui réclame le droit à la terre et le respect des communautés autochtones au Mexique déclare la guerre à l’État mexicain. Il s’agit de la première grande apparition publique, largement médiatisée, de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Les zapatistes, dont l’appellation provient du nom du leader paysan et héro de la Révolution mexicaine Emiliano Zapata (1879-1919), est issue de l’organisation clandestine, dans la forêt Lacandone, des paysan.es et des indigènes du Chiapas, une des zones les plus défavorisées du Mexique. Se posant comme les héritèr.es de 500 ans de luttes contre l’impérialisme et le colonialisme, les militant.es de l’EZLN réclament l’autonomie du territoire, la redistribution des terres et le respect des droits, de la culture et de l’autonomie des populations indigènes de la région. En effet, de la colonisation aux agressives politiques néolibérales du gouvernement de Salinas de Gortari dans les années 1990, les populations autochtones et les communautés paysannes du Mexique n’ont cessé de subir les contrecoups du développement capitaliste. Dans la région du Chiapas, pourtant riche en ressources naturelles, une grande partie de la population n’a alors ni accès à la propriété de la terre, ni aux soins médicaux, ni au travail, ni à l’éducation. La région, perçue par le gouvernement mexicain comme une poudrière, est la cible de la répression féroce d’un gouvernement qui entend bien en contrôler les ressources et la population. C’est contre cette guerre génocidaire larvée que mène l’État mexicain contre les Chiapanèques que se pose l’EZLN qui réclame travail, terre, toit, alimentation, santé, éducation, indépendance, liberté, démocratie, justice et paix. Depuis plusieurs années déjà, les zapatistes opposent au néolibéralisme et à la colonisation un autre mode de vie, autonome et communautaire. Dans les zones contrôlées par l’EZLN, on met sur pied des « caracoles », des municipalités autogérées, avec leurs propres systèmes de santé, d’éducation et de vie collective.

« De quoi compte-t-on nous pardonner ? De ne pas mourir de faim ? De ne pas nous taire dans notre misère ? De ne pas avoir humblement supporté le poids historique écrasant du mépris et de l’abandon ? D’avoir pris les armes après avoir constaté que toutes les autres voies étaient closes ? […] D’avoir montré au reste du pays et au monde entier que la dignité humaine existe encore et qu’on la trouve chez les habitants les plus démunis ? […]  D’être en majorité indigènes ? D’appeler le peuple mexicain tout entier à lutter de toutes les façons possibles pour ce qui lui appartient ? De lutter pour la liberté, la démocratie et la justice ? De ne pas suivre la voie des chefs des guérillas précédentes ? De ne pas nous rendre ? De ne pas nous trahir ? »

Sous-commandant Marcos, porte-parole de l’EZLN

Ce n’est pas un hasard si la la date du soulèvement zapatiste coïncide avec l’entrée en vigueur de l’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain). Cet accord, conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique est alors le plus grand accord commercial de libre-échange au monde. Il élimine de très nombreuses barrières aux échanges commerciaux et aux investissements entre les trois pays, augmente les possibilités d’investissements transnationaux, favorise la circulation des capitaux et des biens et encourage la sous-traitance. De plus, une clause permet aux entreprises de poursuivre les gouvernements dont les réglementations (environnementales, sociales, syndicales…) menacent de nuire aux investisseurs. Mais le plus grave impact de l’accord de libre-échange pour les zapatistes est le fait qu’il annule l’article de la constitution mexicaine qui donne droit aux Autochtones à leurs terres communales, un droit pourtant acquis depuis 1917. En effet, l’abrogation de l’article 27 constituait un prélude à la signature du traité par le Mexique. En modifiant le statut de l’ejido – propriété collective de la terre par les communautés paysannes et indigènes – le gouvernement mexicain ouvre alors la voie à la commercialisation de la propriété collective et à l’arrêt de la distribution de la terre aux paysans.

Autrement dit, l’ALÉNA, en imposant la libre circulation de la propriété privée, vient abolir une pierre d’assise du mode de vie agraire des communautés du Chiapas, bafoue leurs droits et contribue à l’appauvrissement d’une population déjà durement touchée par la destruction capitaliste. C’est contre cet hydre du libéralisme que se lèveront les combattant.es de l’EZLN :  le 1er janvier 1994, ill.es descendent des montagnes et prennent par les armes plusieurs localités, dont la ville de San Cristóbal de Las Casas et émettent un manifeste, la Déclaration de la Forêt Lacandone. Après un affrontement de douze jours, l’État mexicain entame des négociations qui aboutiront, en 1996, aux accords de San Andrès, accords accordant une large autonomie aux provinces zapatistes du Sud du Mexique. L’impact de cette apparente victoire, largement médiatisée, ouvre alors la voie à un large mouvement de contestation du capitalisme mondialisé. Dès lors, partout où la bourgeoisie tente d’imposer ses mesures néolibérales, elle rencontre de la résistance. Cette révolte mondiale s’incarnera de manière flamboyante dans les nombreux contre-sommets et manifestations contre les accords de libre-échange qui sont alors en voie de transformer durablement le paysage industriel et social de plusieurs pays.

Émergeant de la solidarité avec les communautés en lutte au Chiapas, l’Action Mondiale des Peuples (AMP) est fondée en 1998. Il s’agit d’une coordination mondiale de mouvements sociaux radicaux en lutte contre la restructuration néolibérale et le capitalisme. L’AMP se veut un espace de communication pour tous les groupes qui combattent le capitalisme global dans une perspective anti-autoritaire. La coordination, qui appelle ouvertement à la désobéissance civile et à l’action directe, organise plusieurs Journées d’Actions Globales, qui participeront des formidables mobilisations contre le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Genève (1998) ainsi qu’à celles de Seattle (1999),  Prague (2000), Gênes (2000) et Québec (2001).

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Un article d’Alerta ! Le cri de la Wawa sur l’Action Mondiale des Peuples (no. 5, été 2005)

L’AMP, en Amérique Latine, appuie les mobilisations pour le droit à la terre et la défense de l’identité propre des populations autochtones en luttant logiquement contre l’extractivisme et la destruction des espaces et des formes de vies ancestrales. En milieu urbain, des collectifs voient le jour avec comme but d’appuyer le processus d’autodétermination des communautés zapatistes. Partout on s’organise : qu’il s’agisse des expropriations populaires menées par les sans-terres au Brésil, de la lutte contre la guerre à la feuille de coca des Autochtones boliviens, de la résistance civile des communautés noires et métisses de Colombie ou encore de l’organisation des sans-emplois en Argentine, la résistance s’amplifie. La  diffusion de ces luttes par le biais de caravanes militantes (dont l’une fait escale à Montréal le 25 octobre 2003) et des médias engagés pousse un grand nombre de militant.es des pays impérialistes du Nord à agir en solidarité avec ceux et celles qui luttent plus au Sud. Mais la vague néolibérale n’est pas terminée et ce sera contre un énième projet d’accord de libre-échange, la ZLÉA, que devront se mobiliser les miliant.es contre la mondialisation.

CLAC-Montréal. Sommet des Amériques
Quatrième de couverture du journal Résiste ! publié à l’initiative de la Convergence des Luttes Anticapitalistes (CLAC) en mars 2001, qui se voulait un outil de mobilisation contre le Sommet des Amériques.

C’est dans ce contexte que sera formée, en 2001 au Québec, la Convergence des Luttes Anticapitalistes (CLAC) pour s’opposer au Sommet des Amériques. Ce sommet compte rassembler 34 chefs d’État dans la ville de Québec pour discuter de la future ZLÉA (Zone de Libre-Échange des Amériques). Successeur de l’ALÉNA, la ZLÉA prévoit créer une zone de libre-échange à l’échelle du continent américain, qui regrouperait tous les pays des Amériques à l’exception de Cuba.  À l’image de l’ALÉNA, la ZLÉA compte imposer un sévère programme de déréglementation et de privatisation englobant l’agriculture, l’industrie, les services privés et publics, les investissements et les ressources primaires. Tout comme l’ALÉNA, la ZLÉA permet aux investisseurs de poursuivre les États dont les réglementations sociales et environnementales peuvent nuire à leurs profits. Ces politiques ont non seulement comme objectif de favoriser l’exploitation des territoires, mais aussi de faciliter la circulation des marchandises, de la main-d’oeuvre et des capitaux. Parallèlement (et sans surprise) elles participent aussi de la destruction des territoires et modes de vies de plusieurs peuples autochtones et communautés paysannes sur les territoires de l’Amérique.

IMG-7587C’est d’ailleurs sur le contenu et les impacts de cette  nouvelle Zone de Libre-Échange des Amériques que porte un des premiers articles du numéro d’automne 2003 d’Alerta !, intitulé « Les Amériques à vendre ». Deux ans auparavant, au printemps 2001, plus de 2000 personnes venues de 35 pays des Amériques s’étaient rassemblées dans le cadre du Sommet des Peuples pour répliquer aux négociations tenues dans le cadre du Sommet des Amériques, bientôt rejointes par des dizaines de milliers de contestataires. L’énorme mobilisation, qui réussit à rassembler plus de 60 000 personnes, avait donné lieu à des combats intenses et à une réponse féroce des forces gouvernementales qui firent plus de 400 arrêté.es. Si la question de la ZLÉA est encore à l’ordre du jour en 2003, malgré les importantes manifestations de 2001, c’est que ces accords ne sont pas encore tombés. Ils ne feront pourtant pas long feu : avant même d’être mis en application, ils tombent en 2005, sous l’effet combiné des mobilisations contre le projet et des hésitations des gouvernements d’Amérique du Sud.

Malgré tout, le combat n’est pas terminé. En effet, la nouvelle offensive néolibérale des années 2000 s’inscrit dans le renouveau d’un impérialisme et d’un néocolonialisme en Amérique du Sud dont les États-Unis sont le fer de lance. Les accords de libre-échange n’en sont qu’une des pièces les plus visibles : ces arrangements économiques largement défavorables aux pays dominés qui voient leurs ressources pillées s’accompagnent souvent de projets de modernisation et de mesures de contrôle des territoires et des populations. Ainsi, les luttes contre la mondialisation néolibérale rejoignent-elles les luttes contre l’impérialisme et le néocolonialisme.

Plan Colombie - Wolf in sheeps clothing
Le Plan Colombie est signé en 2000 par les États-Unis et la Colombie. Sous couvert de la lutte contre le narcotrafic, les fonds servent plutôt à endiguer l’avancée des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), un groupe de guérilla communiste dont l’armée colombienne peine à freiner l’expansion.

C’est ce que souligne le Komiteal dans son journal en abordant, dans un article intitulé « Le requin et les sardines » (no. 2, été 2004), l’impérialisme des États-Unis en Amérique Latine. En effet, mettant en œuvre la doctrine Monroe, puis invoquant l’endiguement communiste et justifiant subséquemment leurs actions par  la guerre aux narcotrafiquants, les États-Unis se sont toujours immiscés dans les affaires internes des pays d’Amérique Latine dans le but de préserver leur influence et les conditions favorables à la fructification de leurs investissements.  Ces interventions passent non seulement par un financement massif (de l’armée ou de groupes favorables à certaines politiques) et par une présence militaire dans certaines régions, mais aussi par le développement d’un vaste réseau d’infrastructures, comme celui proposé dans le Plan Puebla Panama en 2001.  Prélude à la ZLÉA, ce plan de développement prévoit la construction d’autoroutes, de voies ferrées, d’oléoducs, de gazoducs et de ports dans neuf états mexicains et sept pays de l’Amérique Latine (Belize, Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica et Panamá). De plus, il prévoit la construction de 25 barrages hydroélectriques et l’implantation de maquiladoras, immenses usines de fabrication de produits destinés à l’exportation. Ces plans, supposés « combattre la pauvreté », s’inscrivent en fait dans le cadre des traités de libre-échange et répondent surtout aux besoins des investisseurs d’Amérique du Nord, minières, pétrolières et industries agroalimentaires, qui souhaitent rendre plus facile l’exploitation des ressources naturelles et des travailleur.euses de l’Amérique Latine.

Ces projets de développement, sans grande surprise, ne tiennent compte ni des impacts écologiques, ni des impacts sur les économies rurales que leur réalisation pourrait amener, un fait largement souligné par les nombreux groupes s’opposant au projet, dont le premier forum se tient à Tapachula, au Chiapas. C’est dans la lutte et la solidarité transnationale contre ces projets de mort que s’inscrit Alerta !. Devant des combats semblables naît la nécessité de tisser des liens : l’équipe du journal, en collaboration avec l’Indigenous People Solidarity Movement (IPSM), le groupe Mexico-Montréal et le STAC (Students Taking Action in Chiapas) réunit en 2004 les ressources nécessaires pour envoyer une délégation de jeunes Autochtones du soi-disant Canada rencontrer les militant.es auto-organisé.es zapatistes.

ALERTA - Communautés autochtones et guerre au terrorisme - Article 2(1)

Si Alerta ! met beaucoup d’efforts à faire circuler les informations sur les luttes en Amérique Latine, il tente aussi de mettre ces luttes en lien avec différentes problématiques d’ici. Le troisième numéro (hiver 2004) porte principalement sur les politiques du gouvernement libéral de l’époque et leur influence sur la condition des travailleur.euses d’ici, notamment leur tentative forte d’ouvrir la porte à la sous-traitance. À travers le numéro, on plonge dans le cœur du processus de restructuration néolibérale au Québec : réorganisation de la production pour faire baisser les salaires et augmenter les profits, sous-traitance et division des entreprises en plus petites unités où le travail est repris à un coût inférieur localement ou à l’international. Ici, ailleurs : ces processus du magma néolibéral se répercutent mondialement. Dans les états impérialistes du Nord, ils se traduisent par des délocalisations ; au Sud, par une exploitation renouvelée de la main-d’œuvre à bon marché. Ici, par la fragilisation des acquis sociaux. Là-bas, par des restructurations économiques pour satisfaire à la soif néocoloniale et par la destruction des formes de vies non-capitalistes. Alerta ! démontre aussi avec brio, dans son dernier numéro (été 2006), comment la crise écologique actuelle est intimement liée à ces processus mondiaux de spoliation et d’exploitation. La destruction des milieux de vie, loin de ne concerner qu’une nature extérieure et abstraite, est la conséquence directe des rapports sociaux d’exploitation induits par l’appétit vorace d’une classe capitaliste qui perpétue, à son profit, des structures colonialistes ; elle est donc une crise totale, autant sociale que naturelle.

Pour des raisons qui ne sont pas rendues publiques, mais entre autre par manque de fonds et de bénévoles régulier.es, Alerta ! Le cri de la Wawa cesse d’être publié à partir de 2006. Notons que l’arrêt de la publication du journal coïncide avec un certain essoufflement des luttes altermondialistes (réformistes comme révolutionnaires), un ressac dont nous ne sommes pas encore revenus, mais que la résurgence autochtone est en train de changer. Malgré sa courte existence, Alerta ! Le cri de la Wawa constitue probablement un des projets les plus intéressants à avoir été menés par des militant.es anarchistes en territoires non-cédés.

D’une part, le projet se distingue par un anarchisme renouvelé, riche des perspectives non-européennes et des luttes autonomes, en particulier celles des Autochtones d’Amérique du Sud. Ces dérogations aux canons révolutionnaires blancs désenclave la lutte d’un classicisme qui mine depuis trop longtemps l’imagination des révolutionnaires. Ces perspectives prennent toute leur importance dans le contexte canadien, où la situation coloniale et la position de puissance impérialiste extractiviste du pays nous force à imaginer une position révolutionnaire décoloniale et destituante ; destituante de l’État-nation, de ses intérêts impérialistes, de son économie extractiviste et des dominant.es qui profitent de ces structures. D’autre part, le journal remplit bien son mandat de média alternatif. L’intérêt qu’il porte aux problématiques sociales et politiques qui se déploient ici et ailleurs ainsi que le soin qu’il prend à nous fournir les outils pour comprendre ces situations contribue à un enrichissement de nos connaissances sur les différentes formes de vies-en-luttes. Il permet aussi un désenclavement des débats idéologiques stériles : l’existence d’un tel journal montre bien que les théories révolutionnaires doivent toujours se réfléchir et s’appliquer à partir des réalités politiques concrètes pour répondre adéquatement aux problématiques qui se déploient sur un territoire donné.

Le travail d’Alerta ! peut par ailleurs nous servir de référent pour nos pratiques actuelles. En effet, les deux fondements de l’exploitation mondiale capitaliste reposent encore sur le (néo)colonialisme et le (néo)libéralisme. Alors que nous sommes dans une séquence de renouvellement de ces deux paradigmes (fausse réconciliation avec les peuples autochtones et nouveaux traités coloniaux, nouveaux traités de libre-échange comme l’Accord Économique et Commercial Global, attaques contre les personnes autochtones et noires aux États-Unis comme au Brésil), il faut plus que jamais s’armer intellectuellement et pratiquement pour détruire le monde colonial. En ce sens nous devons revisiter Alerta ! Le cri de la Wawa et repartir du plateau que ses militant.es ont établi pour porter notre lutte plus loin, et pour porter la décolonisation de ce monde à son aboutissement.

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Pour plus d’informations sur les luttes actuelles en Amérique Latine on consultera avec profit la revue militante Caminando, dont le dernier numéro porte sur les résistances des femmes à l’extractivisme, disponible à la librairie féministe L’Euguélionne. On écoutera aussi avec plaisir les baladodiffusions produites par le Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine (CDHAL) dans le cadre de la série « Luttes pour le territoire : Voix de femmes en résistance ». Sur l’extractivisme canadien, on lira avec attention l’ouvrage Noir Canada d’Alain Deneault (ouvrage pilonné suite à un jugement inique, mais disponible sur Internet…) qui aborde les crimes de l’industrie minière canadienne. Sur les perspectives anarcho-indigénistes inspirées par les actions de l’EZLN, on consultera L’anarcho-indigénisme, un recueil d’interviews sur les perspectives décoloniales et indigénistes. Enfin, tous les numéros d’Alerta ! Le cri de la Wawa sont disponibles à la bibliothèque DIRA, dans leur section d’archives.

Parlons de Signal

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Juil 302019
 

De Information Anti Autoritaire Toulouse et Alentours

La brochure qui suit a été initialement publiée en anglais sur le site North Shore Counter Info Je suis tombé dessus par hasard en me promenant sur les internets. Assez vite j’ai été frappé de voir à quel point l’auteur·e pointait du doigt les mêmes problèmes auxquels j’ai pu être confronté avec Signal – pour celleux qui l’ignorent encore Signal est une messagerie chiffrée utilisable depuis un smartphone ou un ordinateur, la première partie de la brochure revient plus longuement sur son origine et son usage. Ces derniers mois, la majorité de mon entourage s’est mis à utiliser Signal. L’existence de cette application m’a pas mal convaincu de posséder un smartphone, et je ne crois pas être le seul.

Visiblement en Amérique du Nord le phénomène s’est déjà produit il y a quelques années, entraînant un certain bouleversement des pratiques et des relations sociales dans les milieux autonomes. La même chose commence à arriver ici, en France, et comme l’explique l’auteur·e, il n’y a pas que du bon là-dedans. Si j’évoque l’injonction à être joignable en permanence, la surévaluation de la protection amenée par Signal, l’exclusion sociale des personnes non pourvu·e·s de Signal, les groupes où se répandent des vents de panique, etc, je suis sûr que ça parlera à beaucoup de monde. Tout ceci, et beaucoup d’autres choses sont discutées dans cette brochure, plus quelques conseils pour éviter les erreurs les plus grossières, et à minima inciter chacun·e à questionner et discuter son usage de Signal.

N’étant pas vraiment bilingue, quelques erreurs de traductions se sont sûrement glissées à quelques endroits, notamment lorsqu’il s’agissait de retranscrire de l’argot. Le texte original ayant été écrit depuis le Canada anglophone les références ne collent pas toujours avec la France, surtout lorsque sont évoqués des textes de lois. J’ai fait le choix modifier le texte à la marge, en ajoutant parfois des notes propres au contexte français.

Brochure format A4

Brochure format livret A5

La Vague(lette) bleue 2 : déconfiture épique des xénophobes à Trois-Rivières

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Juil 302019
 

De Montréal Antifasciste

Ce 27 juillet avait lieu à Trois-Rivières la deuxième édition de la Vague bleue, ce mouvement marginal animé par tout ce que le milieu national-populiste du Québec compte d’islamophobes et de xénophobes décomplexés. La première édition s’était déroulée à Montréal le 4 mai dernier, et Montréal Antifasciste a documenté au cours des derniers mois les groupes et individus qui s’était rattachés à cette mobilisation xénophobe, dont ses contingents de « sécurité », qui ne sont en fait qu’un ramassis de mononcles crinqués rêvant de battre des antifas.

Les 75 ti-counes de la Vague bleue 2 défilent dans les rues de Trois-Rivières. Crédit photo: François Giguère

Cette deuxième édition s’est avérée un échec cuisant. D’environ 300 manifestant-e-s à Montréal, la VB2 est passée à moins de 75 à Trois-Rivières. Plusieurs groupes étaient notablement absents, dont La Meute, les bozos folkloriques du Front patriotique du Québec et les miliciens de pacotille du Groupe de Sécurité Patriotique.

Le club social de sécurité entourant la soixantaine-quinzaine de manifestant-e-s était cette fois composé d’une poignée d’individus de Storm Alliance regroupés autour de Steven Dumont, et de la risible clique qui se fait appeler Les Gardiens du Québec. Fait à noter au sujet de ces derniers, le suprémaciste blanc Michel « Mickey Mike » Meunier, qui a lui-même été admis dans le groupe récemment, y a fait entrer le bonehead Joe « White Poser » Arcand dans les jours précédents la mobilisation. On voit tout de suite à quelle enseigne logent ces soi-disant gardiens du Québec…

La Vague bleue 2 s’échoue dans un parking… Crédit photo: Casse sociale

Après avoir été littéralement déroutée par la mobilisation antiraciste/antifasciste, la VB s’est retrouvée (à nouveau) au fond d’un parking, isolée et inaperçue. Lors du micro ouvert, l’inénarrable Diane Blain (celle qui a acquis une douteuse notoriété en criant des bêtises à Justin Trudeau en 2018) a prononcé un discours super raciste, lequel résume parfaitement le fond de la pensée de la plupart des participant-e-s à la VB et du mouvement national-populiste plus largement.

« (…) On a tellement d’ennemis, ici là, au Québec: le gouvernement fédéral, les journalistes fédérastes, les musulmans, les juifs, les Anglais, les sikhs (…) »
– Diane Blain

Son discours a été filmé et partagé des centaines de fois en moins de 24 heures avant que Youtube ne supprime la vidéo pour incitation à la haine! Ça ne s’invente pas.

Dernier fait à noter du côté de la VB2, la coqueluche d’une partie du milieu national-populiste, Pierre Dion, a été arrêtée avant même le départ de la marche, car il aurait envoyé un message privé au « journaliste » de TVA Yves Poirier à l’effet que : « 3 rivières le 27 je vais être là et y va avoir du sang partout »….

La police au service…

Un important dispositif policier a été déployé dans le centre de Trois-Rivières, essentiellement pour réprimer la contre-manifestation antiraciste et permettre aux 75 bozos de la Vague bleue de défiler dans la ville en portant leur discours exclusionniste. En plus de l’antiémeute sur le terrain, nous avons pu observer la présence d’un drone flottant au-dessus du Boul. des Forges ainsi que des bateaux de la SQ et de la police de Trois-Rivières sur le fleuve (crédit photo: André Querry).

La Sûreté du Québec bloque le chemin à la contre-manifestation antiraciste dès le départ. Crédit photo: Annie Ouellet

Vers 13 h 30, plusieurs pelotons de l’antiémeute de la Sûreté du Québec se sont disposés avec leurs véhicules autour de la mobilisation du collectif TRès Inclusif pour l’empêcher de bouger de son point de rassemblement. S’en est suivi un jeu du chat et de la souris, et la mobilisation antiraciste/antifasciste est parvenue à contourner l’antiémeute pour se positionner sur le Boul. des Forges, à l’emplacement même où la Vague bleue devait finir sa marche. L’antiémeute s’est alors graduellement déployée tout autour pour contenir les quelque 150 contre-manifestant-e-s (restant-e-s à ce point-là) dans cet espace, ce qui a donné lieu à des accrochages. Les carabiniers de la SQ ont fait usage de poivre de Cayenne à au moins deux reprises.

Qu’à cela ne tienne, les plans de la VB étaient déjà contrecarrés, et la SQ s’est vue forcée de redessiner le trajet de la marche pour la faire aboutir dans un stationnement plus loin vers l’est.

Nous savons que la police a carrément menti aux organisateurs et organisatrices antiracistes sur plusieurs points :

  • Elle a dit que seule la police municipale serait déployée, pas la SQ; or, la SQ y était en force et c’est clairement elle qui a géré les opérations. Cette manœuvre avait vraisemblablement pour but d’effrayer et de décourager les personnes organisatrices de la manifestation antiraciste.
  • Elle a dit que le rassemblement antiraciste ne pouvait pas avoir lieu à la Place du Flambeau, car un événement y était prévu; ce qui n’était manifestement pas le cas, car le square était vide.
  • Elle a dit que le segment piétonnier sur le Boul. des Forges ne serait pas entravé; non seulement était-il bloqué de toutes parts, mais des policiers contrôlaient l’accès au périmètre à partir de plusieurs blocs dans toutes les directions. De très nombreuses personnes disent avoir dû se soumettre à la fouille de leur sac pour pouvoir entrer dans le périmètre.

Autre fait à noter sur la collaboration des autorités avec la VB, un autobus de la ville a été nolisé pour ramener les manifestants et manifestantes à leur point de départ. Les voici à l’intérieur du bus, qui essaient de chanter en chœur un refrain pourri des années soixantes :

Une mobilisation réussie pour les antiracistes et antifascistes

La contre-manifestation antiraciste occupe la place devant le café Frida, où la Vague bleue 2 avait prévu de faire aboutir sa marche. Crédit photo: Annie Ouellet

De notre côté, plusieurs groupes et collectifs antiracistes et antifascistes de Trois-Rivières, Montréal, Québec, Ottawa, Sherbrooke et ailleurs ont répondu à l’appel du collectif TRès Inclusif, qui est parvenu à mobiliser quelque 250 personnes (au point de départ) afin de faire résonner un discours inclusif et contrecarrer les plans de la Vague bleue à Trois-Rivières.

Après quelques minutes de confusion et de difficulté à s’entendre sur un plan cohérent (une complication principalement attribuable à la police, dont le déploiement sournois a tout de suite rendu caduque le projet initial de la manif), un élan spontané des forces antifascistes a permis à la manifestation de contourner la police pour atteindre le Boul. Des forges et y occuper l’espace où devait théoriquement aboutir la Vague bleue, devant le Café Frida (lequel avait été intimidé et ciblé par des menaces de la part d’organisateurs de la Vague bleue au cours des semaines précédentes).

Après de longues minutes d’un face-à-face tendu, un détachement d’une vingtaine d’antifascistes a pu se rendre sur un promontoire en surplomb du stationnement où avait lieu le party tiédasse de la VB pour y narguer les participant-e-s.

Affiche du collectif TRès Inclusif. Crédit photo: François Giguère

Finalement, il faut souligner l’énorme travail de préparation, d’information et de mobilisation qui a été fait entre les deux éditions de la Vague bleue pour contrer son discours xénophobe et islamophobe, notamment par le collectif TRès Inclusif et par Montréal Antifasciste, mais aussi par l’ensemble du milieu antiraciste et antifasciste, autant sur le terrain, avec la distribution de centaines de tracts, de l’affichage et l’installation de banderoles aux slogans antiracistes au lieu de départ de la VB, qu’en ligne et dans les médias sociaux. Mention spéciale aux camarades qui ont effectué une salutaire campagne de sape dans les 48 heures avant l’événement, notamment en clonant les comptes des organisateurs et organisatrices de la Vague bleue pour semer le doute et la confusion dans leurs rangs. Une opération que le toujours brillant John Hex (principal promoteur de la VB) a qualifiée de « cyber-attaque » de « l’oligarchie ». Lol. Chapeau, la compagnie!

L’habituel bâclage des médias…

Les médias grand public se sont généralement peu intéressés au phénomène de la Vague bleue, en partie parce que la droite national-populiste entretient des théories complotistes à leur égard et a cette fois-ci carrément refusé de leur parler. Cela dit, les deux articles qui ont été produits pour parler de la VB2 sont particulièrement mauvais. Celui de Radio-Canada dénote un manque flagrant de recherche sur le sujet, tandis que celui du Nouvelliste fait la part belle aux vague-bleuistes, notamment avec une citation super raciste de Stéphane Gagné, le haineux narcissique de Trois-Rivières qui se fait appeler « le Général Lee de la Mauricie »:

«Je viens à la manifestation en tant que nationaliste. Je suis un blanc, je suis fier de ma patrie et j’aime ça me promener et me sentir chez moi. On n’est pas à Montréal ici. C’est pour ça qu’il faut garder notre image de ville de blancs.»
– Stéphane Gagné

Une représentante d’Amnistie Internationale de Trois-Rivières s’est par ailleurs sentie obligée de rapporter que « des membres de l’antifascisme [qui] cherchaient à faire du trouble », alors que « que la Vague bleue ne cherchait pas la confrontation ». Question à Amnistie Internationale : doit-on comprendre que des racistes et xénophobes tranquilles sont une présence plus souhaitable que des antiracistes et antifascistes turbulent-e-s? Est-ce que cette citation ridicule de Vickie Schnieders (que les racistes font allègrement spinner aujourd’hui, évidemment) représente le point de vue officiel de l’organisation? (Mise-à-jour: Amnistie international a fait paraître un communiqué le 30 juillet condamnant “les propos haineux tenus lors du rassemblement de la Vague bleue à Trois-Rivières” et précisant que Vickie Schnieders “s’exprimait à titre personnel et que ses propos ne refètent pas la position officielle d’Amnistie internationale”. Merci pour cette mise au point, c’est apprécié.)

Rappelons pour clore ce point que plus souvent qu’autrement les médias ne daignent s’intéresser à l’extrême droite que lorsque des antiracistes et antifascistes ont défriché le terrain en faisant des recherches à leur place.

Le travail ne fait que commencer

Comme nous l’avons écrit ailleurs, la situation actuelle au Québec n’a rien pour réjouir celles et ceux d’entre nous qui se préoccupent de la santé et de la qualité du vivre-ensemble. Les orientations régressives de la CAQ en matière d’immigration et le passage sous bâillon de la Loi sur la laïcité de l’État ont de quoi faire craindre le pire d’un gouvernement qui sert précisément les aspirations politiques de groupes racistes et xénophobes comme ceux qui se profilent derrière la Vague bleue. D’ailleurs, il n’est pas anodin que, pendant que la SQ faisait la job de bras pour les xénophobes dans les rues de Trois-Rivières, le premier sinistre du Québec, François Legault, faisait la promotion du livre de Mathieu Bock-Côté sur Twitter et vantait les mérites du nationalisme passéiste que promeut ce sociologue réactionnaire…

Alors que les organisateurs de la Vague bleue annoncent déjà un troisième rassemblement à Québec, le mouvement que les antiracistes sont en train de construire dans la province devra se mobiliser encore dans les prochaines semaines, les prochains mois et peut-être, malheureusement, les prochaines années.

Petit exercice en guise d’épilogue…

Le délirant épivardage des militants et militantes de la Vague bleue sur les médias sociaux nous a déjà habitué-e-s à leur maîtrise approximative du français, mais on ne saurait leur en tenir rigueur.

Voyons si celles et ceux qui disent représenter « le peuple » sont meilleur-e-s en maths : 75 ti-counes sur une population totale de 8 390 000 personnes, ça représente combien en pourcentage?

Réponse : 0,00001 %

Vous n’êtes pas le peuple. Vous êtes 75 ti-counes.

Atalante et ses partisan.e.s — Partie 3: Louis Fernandez et Baptiste Gilistro… la filière française

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Juil 252019
 

De Montréal Antifasciste

Depuis la sortie de l’article « Démasquer Atalante » en décembre dernier, nous avons fait paraître deux annexes concernant respectivement l’influenceuse Heïdy Prévost et le band folk Folk you, deux phénomènes culturels (ou métapolitiques) périphériques à Atalante. Il est difficile de mesurer avec exactitude l’impact que notre travail a réellement pu avoir sur le moral et les activités du groupe néofasciste, mais nous avons concrètement observé moins de sorties dans les rues au cours des derniers mois, et celles qui ont eu lieu semblent avoir été menées par le même petit noyau dur de militants, hormis le récent coup médiatique à Montréal où ils se sont clairement mis en scène avec tous les sympathisant-e-s qu’ils ont pu rameuter.

Les militant-e-s d’Atalante en mai 2019. Le cadrage serré laisse croire qu’il y avait moins de monde à la messe cette fois-ci…

Si quelques-un-e-s se sont manifestement décomplexé-e-s, affichant désormais ouvertement leur appartenance à une idéologie inspirée du fascisme et du nazisme, plusieurs des membres et sympathisant-e-s que nous avons exposé-e-s ont choisi de prendre leur trou. Il ne faut donc pas s’étonner que nous maintenions le cap en braquant nos projecteurs sur ces ordures fascistes.

Privé de sa respectabilité et freiné dans ses ambitions politiques, le noyau dur d’Atalante semble s’être replié dans les derniers mois sur la sous-culture violente dont il a émergé. Face à la difficulté d’ancrer leur organisation localement, les membres d’Atalante multiplient les voyages à l’étranger (surtout en France et en Italie) et renforcent leurs liens avec le fascisme international, comme en atteste la venue au mois de juin dernier du band NSBM français Baise Ma Hache pour accompagner Légitime Violence en concert. (Un concert, soit dit en passant, mis en déroute par le réseau antifasciste, qui a forcé les fachos à se produire en catastrophe plus tard le même soir au bar Le Duck. Pas félicitations aux administrateurs de ce bar, qui accueillent des nazis à bras ouverts. N’hésitez pas à leur laisser savoir ce que vous en pensez.)

Même le lancement du premier livre d’Atalante, Saisir la foudre, en mars dernier, s’est fait sans tambours ni trompettes, ce qui n’est pas dans l’habitude de ce groupe qui n’existe pour l’essentiel que sur les médias sociaux et y vante habituellement le moindre exploit à grands coups de tirades pompeuses et de photos soigneusement mises en scène. Est-il possible que ce premier opus ne se soit pas avéré à la hauteur des ambitions intellectuelles de son auteur? Permettez-nous de trouver cette hypothèse plausible.

En fait, l’on pourrait presque croire qu’Atalante comme organisation politique a été mise en veilleuse, tandis que le gang de rue à l’origine de sa formation, le Québec Stomper Crew, semble connaître un nouvel élan de dynamisme… notamment avec l’enrôlement d’un nazillon émigré de France!

>> Consultez la section «Québec Stomper Crew, la connexion RAC et Légitime Violence» de l’article «Démasquer Atalante».

Il n’est un secret pour personne que les Stompers cultivent une histoire intime avec la violence. Un certain nombre d’éléments nous permettent aujourd’hui de croire que l’admission dans le « crew » est contingente à une espèce de rite de passage ou d’initiation consistant à commettre une agression ou un autre méfait au nom du groupe.

On peut citer le cas de Yannick Vézina (alias Yann Sailor), qui serait vraisemblablement devenu membre en règle des Québec Stompers peu après sa participation à une agression visant un militant antifasciste.

Dans un exemple plus récent, il semble que Sven Côté (alias Svein Krampus) ait quant à lui reçu ses couleurs officielles le soir même de l’attaque de la bibliothèque La Page Noire, en décembre 2018.

Photo de groupe du Québec Stomper Crew, en décembre 2018. Au centre, Sven Côté, fraîchement “patché”.

Au cours des derniers mois, nous sommes facilement parvenus à identifier deux autres « prospects » du Québec Stomper Crew, dont le premier a même officiellement reçu les couleurs du gang. Les deux sont Français d’origine et font aussi partie des rares nouveaux militants d’Atalante : Louis Fernandez et Baptiste Gilistro.

Taper du cégépien, gagner ses couleurs!

Louis Fernandez s’est fait connaître suite à son arrestation en décembre 2018, accusé d’une agression physique contre un jeune client du bar le Lvlop à Québec. Soupçonné de s’être livré à cette charge violente pour des motifs haineux (il aurait demandé à plusieurs reprises à sa victime si elle était « antifa » avant de la rouer de coups), le jeune homme de 25 ans avait alors déclaré ne pas connaître Atalante, même si les policiers avaient trouvé un autocollant du groupe fasciste dans ses effets personnels. Nous pouvons aujourd’hui affirmer hors de tout doute que Louis Fernandez connaît intimement les membres d’Atalante, car il est devenu membre en règle du Québec Stomper Crew suite à cette agression.

Un preview d’Instagram, Louis Fernandez reçoit ses couleurs du Québec Stomper Crew, juin 2019.

Ce preview Instagram montre Louis Fernandez recevant les couleurs du Québec Stomper Crew, juin 2019.

Un preview d’Instagram, Louis Fernandez exhibe une bague figurant l’emblème « White Power », juin 2019

Dans ce preview Instagram, Louis Fernandez exhibe une bague figurant l’emblème White Power, juin 2019. Avec Sven Côté et Roxanne Baron.

Louis Fernandez s’entraîne avec des militants d’Atalante, juillet 2019

Louis Fernandez s’entraîne avec des militants d’Atalante, juillet 2019

Sans surprise, un examen sommaire des tatouages de Fernandez révèle qu’il est bel et bien un militant néonazi « de souche ». Le voici en train de déménager la laveuse de son petit chef, Raf Stomper :

Louis Fernandez s’est fait tatouer sur le bras gauche l’effigie de Léon Degrelle, un collaborateur nazi belge admiré des néonazis européens, et l’insigne de la Légion française des combattants, une organisation créée par le maréchal Pétain sous le régime de Vichy et qui collabora activement avec la Waffen-SS. Sur sa poitrine, une paire de bottes Doc Martens avec des lacets blancs, un signe de reconnaissance des boneheads « old school » qui démontre son soutien au mouvement White Power.

«Ça ne colle pas, je suis un fils d’immigré et immigré moi-même», avait dit Fernandez lors de son enquête caution. Pourtant, on le reconnaît facilement ici dans une action de collage d’affiche pour le compte d’Atalante. Au moins, ça n’est pas l’une des nombreuses affiches anti-immigration posées par le groupe fasciste au fil des ans…

Louis Fernandez participe à une action d'affichage avec Atalante, hiver 2019.

Louis Fernandez participe à une action d’affichage avec Atalante, hiver 2019.

Ce lundi 29 juillet, Louis Fernandez doit comparaître au Palais de justice de Québec pour répondre de son agression au Lvlop. Il semble que Fernandez avait d’ailleurs à respecter un certain nombre de conditions, dont celle de ne pas consommer d’alcool. Nous espérons donc de tout cœur que personne ne verra ces photos et vidéos de « Lou », bière à la main et clairement en état d’ébriété avec ses petits camarades. Une vidéo publiée il y a quelques jours à peine indique qu’il était quelque part en France… à siroter du pastis.

Louis Fernandez fait bonne chaire avec le noyau dur d’Atalante et des Québec Stompers, mars 2019.

Louis Fernandez fait bonne chair avec le noyau dur d’Atalante et des Québec Stompers, mars 2019.

Louis Fernandez, bière à la main, avec Roxanne Baron et Jonathan Payeur.

Louis Fernandez, bière à la main, avec Roxanne Baron et Jonathan Payeur, au nouveau domicile de Raphaël Lévesque, en juin 2019.

Louis Fernandez (dans la cabane), bière à la main, le jour du déménagement de Raphaël Lévesque. À genoux, Baptise Gilistro.

Louis Fernandez (dans la cabane), bière à la main, le jour du déménagement de Raphaël Lévesque. À genoux, Baptise Gilistro.

 

 

Nous savons que le soir de l’agression au Lvlop, Louis Fernandez n’était pas seul. Selon des témoins, il était en compagnie d’au moins deux autres personnes, dont Jonathan Payeur (alias Jo Stomper), exécutant d’Atalante et sous-fifre de Raphaël Lévesque. Nous savons aussi qu’ils étaient accompagnés d’un couple, dont un jeune étudiant français déjà aperçu dans des actions d’Atalante : Baptiste Gilistro.

De Toulon à Québec : un autre immigrant, expatrié facho français!

Baptiste Gilistro est un étudiant de 23 ans originaire de Toulon en France, issu d’une famille bourgeoise et fils d’un haut gradé de l’armée française, le colonel Thierry Gilistro (lequel est aujourd’hui à l’emploi de l’industrielle Dassault Aviation. On dit coucou à papa en passant!). Lors de ses études en design graphique à l’Université Laval, Baptiste a fait la connaissance d’Étienne Mailhot-Bruneau (alias Sam Ox), graphiste d’Atalante et membre des Québec Stompers. Une recherche sommaire révèle qu’ils ont collaboré sur plusieurs projets scolaires et obtenu un prix conjointement à la fin de leur baccalauréat. Il semble que Baptiste poursuive à ce jour ses études à l’Université Laval. (Notons au passage qu’il a réalisé dans le cadre de ses études un vidéoclip pour le groupe Québec Redneck Bluegrass Project, un groupe situé plutôt à gauche…)

Baptiste Gilistro en famille.

Baptiste Gilistro en famille.

Nous savons que Baptiste Gilistro n’est pas étranger au noyau dur d’Atalante, car il fréquente ses membres socialement depuis plus d’un an. Il a aussi participé à des actions de rue et à des sorties « sportives » en forêt (… en plus de se faire complice d’au moins une agression contre des cégépiens gauchistes!) Depuis peu, il semble qu’il se soit encore rapproché du noyau dur du Québec Stomper Crew, puisqu’il participe désormais à tous leurs événements privés, dont le récent déménagement de Raphaël Lévesque.

Baptiste Gilistro participe à une action de distibution de vivres d’Atalante, en janvier 2018.

Baptiste Gilistro participe à une action de distibution de vivres d’Atalante, en juin 2018.

Baptiste Gilistro en randonnée avec d’autres militants d’Atalante, en juillet 2018.

Baptiste Gilistro en randonnée avec d’autres militants d’Atalante, en juillet 2018.

Baptiste Gilistro avec une partie du noyau dur d’Atalante et des Québec Stompers, à l'hiver 2019.

Baptiste Gilistro avec une partie du noyau dur d’Atalante et des Québec Stompers, à l’hiver 2019.

Baptiste Gilistro participe à une action d’affichage d’Atalante, en janvier 2018.

Baptiste Gilistro participe à une action d’affichage d’Atalante, en janvier 2019.

Baptiste Gilistro avec une partie du noyau dur d’Atalante, date mars et en avril 2019.

Baptiste Gilistro avec une partie du noyau dur d’Atalante, en mars et avril 2019.

 

L’inéluctable débâcle suit son cours…

Rien ne se passe comme prévu pour Atalante : son leader Raphaël Lévesque rêvait sans doute d’un procès-spectacle médiatisé suite à l’affaire de Vice Québec, mais l’agression au Lvlop et l’implication de Louis Fernandez est peut-être en passe de lui voler la vedette. Le genre de tapage médiatique que les niaiseries de ses membres attirent à l’organisation risque bien plus de nuire à sa démarche de légitimation et de l’éloigner de ses objectifs politiques que de générer l’attention positive dont elle a besoin pour croître.

Comptez sur nous pour continuer d’enfoncer les clous. Nous n’avons pas dit notre dernier mot.

Pour résumer, on peut dire que : 1) Louis Fernandez est un membre à part entière d’Atalante et des Québec Stompers suite à l’agression du Lvlop; 2) cette agression n’était pas un acte fortuit, mais une attaque préméditée pour des raisons politiques, et; 3) Atalante ne recrute et ne retient dans ses rangs qu’une minorité de personnages gravitant vers les cercles néofascistes.

Non à la destruction de la forêt du lac à Moïse!

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Juil 182019
 

Du Collectif Emma Goldman

La dernière forêt vierge au sud du 49e parallèle se situe à la tête des rivières Batiscan, Saint-Maurice et Métabetchouane. Dans les dernières années, les coupes se sont intensifiées dans la forêt ainsi qu’autour de celle-ci, menaçant ce dernier joyau de biodiversité. Malgré plusieurs oppositions et démarches de protection de la part des Premiers Peuples et d’experts, des coupes sont prévues en 2019. En effet, des dizaines de kilomètres carrés de la forêt du lac à Moïse ont été rendus disponibles à l’industrie forestière dans le plan opérationnel 2018-2023 du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. C’est donc un autre lieu de rencontre des Premières nations et un territoire de chasse ancestral qui est dévasté par l’industrie « forestière ». Depuis des millénaires, la Nation huronne-wendat occupe ce territoire. Dernièrement, le chef du conseil de bande de Wendake, Konrad Siouï, a déclaré qu’il est prêt à tout pour protéger cette forêt, envisageant même l’occupation du territoire. La résistance s’organise. Le 12 juillet, des personnes ont organisé une rencontre à Wendake pour discuter de l’avenir de cette forêt. D’autres actions sont à prévoir.

Pour plus d’informations:

Page Facebook: Yarha’ – Défendons la forêt vierge / Defend the virgin forest

Olympia, Washington : Nous sommes le feu qui fera fondre l’ICE, Rest In Power Will Van Spronsen

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Juil 142019
 

De Puget Sound Anarchists

Tôt ce matin vers 4 heures, notre ami et camarade Will Van Spronsen a été tué par balle par la police de Tacoma. Tout ce que nous savons sur le déroulement des évènements vient des flics, qui sont des sources notoirement corrompues et peu fiables pour un tel récit. Ce que nous savons c’est que Will a tenté de mettre le feu à plusieurs véhicules, dépendances et un réservoir de propane à l’extérieur du centre de détention Nord-Ouest de Tacoma, qui abrite des centaines d’immigrés en attente d’audience ou de déportation. Il a réussi à mettre le feu à un véhicule, puis à échanger des coups de feu avec des policiers de Tacoma qui l’ont abattu. Il a été déclaré mort sur les lieux. Nous trouvons ses actions inspirantes. Les véhicules situés à l’extérieur du centre de détention sont utilisés pour évacuer de force des personnes de chez elles et les déporter, souvent dans des situations où elles risquent de subir un danger grave ou la mort. Ces véhicules détruits ne sont que le début de ce qui est nécessaire. Nous aurions souhaité que les incendies débutés par Will aient libéré tous les détenus et rasé tout le centre de détention du Nord-Ouest. Notre ami nous manque et nous souhaitons du fond du cœur que son action ne s’arrête pas avec sa mort.

Will Van Spronsen était un anarchiste de longue date, un antifasciste et une personne aimante et gentille. Ici à Olympia, certains d’entre nous se souviennent de lui comme d’un habile constructeur de structures en bâche lors du campement Occupy en 2011. D’autres se souviennent de lui lors des manifestations à l’extérieur du centre de détention l’été dernier, où il était accusé d’avoir étranglé un policier entourant ses bras autour du cou et des épaules d’un officier qui tentait d’arrêter un manifestant âgé de 17 ans. Dès le lendemain de sa sortie de prison, il est immédiatement retourné au campement situé à l’extérieur du centre pour soutenir les autres manifestants. On se souvient également de lui comme d’un auditeur patient et réfléchi, toujours à l’écoute des gens.

Nous sommes endeuillés, inspirés et enragés par ce qui s’est passé tôt ce matin. L’ICE [police de l’immigration] emprisonne, torture et déporte des centaines de milliers de personnes et la brutalité et l’ampleur de leurs dommages ne font qu’augmenter. Nous avons besoin de toutes les formes de résistance, de solidarité et de passion pour lutter contre l’ICE et les frontières qu’ils défendent. Will a donné sa vie en combattant l’ICE, nous ne saurons peut-être jamais ce qui lui passait par la tête au cours des dernières heures de sa vie, mais nous savons que le centre de détention doit être détruit et les prisonniers libérés. Nous n’avons pas besoin de héros, seulement d’amis et de camarades. Will était simplement un être humain et nous souhaitons qu’il soit toujours avec nous. Il ne fait pas de doute que les flics et les médias essaieront de le décrire comme un monstre, mais c’est en réalité un camarade qui s’est battu pendant de nombreuses années pour défendre ses convictions, et ce matin, il a été tué en faisant ce qu’il aimait: se battre pour un monde meilleur.

Ce soir, vers 20 heures, une trentaine d’anarchistes se sont réunis au terminus de Percival à Olympia dans le Washington pour commémorer Will Van Spronsen et s’opposer à l’ICE. Nous avons brandi des fusées éclairantes et des banderoles sur lesquelles étaient inscrits «Rest In Power Will Van Spronsen», «Abolissons l’ICE», «RIP Will», «Feu aux prisons» et «Stop à la déportation et à l’incarcération». Nous avons partagé des histoires et des souvenirs de Will, ri, et pleuré. Certaines personnes sont partis de leur côté dans le centre-ville et ont collé des autocollants «Immigrants Welcome», tandis que d’autres ont circulé en véhicules avec une banderole «Rest in Power Will» à l’arrière d’un camion.

Puisse son souvenir être une bénédiction

De l’amour pour celleux qui se battent encore.

Attribution du contrat d’entrepreneur général pour la construction de la prison pour migrant-e-s

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Juil 112019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Il y a trois ans, l’État canadien investissait 138 millions de dollars pour élargir son système de détention des migrant-e-s, dont notamment le projet d’une nouvelle prison pour migrant-e-s à Laval. Depuis lors, une lutte multiforme s’est engagée pour arrêter la construction de cette prison. On a constamment rappelé à des entreprises comme Lemay, Loiselle et Englobe que quiconque choisit de s’impliquer dans ce projet peut s’attendre à des retards importants à chaque étape du projet.

Il y a deux ans, les bureaux d’architecture et d’ingénierie Lemay et Groupe A ont obtenu les premiers contrats pour la conception de la nouvelle prison. En janvier de cette année, un contrat d’entrepreneur général a été ouvert aux soumissions. Tout comme les architectes et les ingénieurs, l’entrepreneur général sera étroitement associé à toutes les étapes de la construction. De concert avec un certain nombre de sous-traitants dont on n’a pas encore révélé les noms, l’entrepreneur général entreprendra directement la construction d’installations destinées à enfermer les migrant-e-s.

Il y a un peu plus d’une semaine, l’ASFC a attribué dans la plus grande discrétion le contrat d’entrepreneur général à une entreprise basée à Val David : Tisseur Inc. Il s’agit d’une entreprise de construction qui a déjà construit des écoles et des ponts et, avec 50 millions de dollars, c’est de loin le plus gros contrat qu’elle ait reçu à ce jour. Ils ont déjà mis en ligne plus d’une dizaine d’offres d’emploi depuis la signature de ce contrat.

Tout comme Lemay, Tisseur veut se présenter comme une entreprise « socialement responsable ». Leur site Web se vante de leurs projets de construction écologique et met en évidence leur code d’éthique. Mais tout comme Lemay et d’autres, Tisseur est impatient de profiter de la misère et de la violence que l’État canadien inflige aux migrant-e-s. Qu’ils ne s’attendent pas à le faire sans que ça se sache.

Tisseur peuvent bien s’imaginer qu’en décrochant un projet gouvernemental d’une telle envergure, ils font leur grande percée, mais l’histoire récente d’entreprises comme Lemay, Loiselle et Englobe suggère que cela pourrait plutôt être le début de tribulations coûteuses.

Fuck les frontières. Fuck les prisons. Fuck tous ceux qui en profitent et qui les font exister.

À très bientôt.

Rester libre, c’est se battre ! Solidarité avec Cedar

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Juil 112019
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Discours prononcé à la Manif en solidarité avec Cedar et pour l’abandon de toutes les accusations contre les défenseur.ses de Pride, tenue à Montréal le 28 juin.

Bonsoir tout le monde,

Merci d’être venu.es! Il est un grand plaisir de vous voir en grand nombre pour prendre la rue ensemble. Pour démontrer notre solidarité avec les accusées de Fierté Hamilton et notre amie Cedar qui reste en prison.

On est ici aujourd’hui, sur la terre ancestrale des peuples autochtones Anishnabeg et Haudonousanee, plus précisement la terre qui n’a jamais été cédée de la nation Kanien’kehà:ka pour manifester notre rage queer et trans suite aux événements de la semaine passée. Le mécanisme colonial qui a volé cette terre pour construire le ‘Montreal’ a aussi ciblé le terrain culturel du genre et de sexualité pendant des centaines d’années. Même si toutes nos identités sont différentes, les notions ou concepts de queer ou gai ou trans que les personnes non autochtones utilisent sont construites en réaction aux et à partir des cultures blanches, chrétiennes, coloniales et capitalistes. Que le tissu et la fibre de ces mots, certes imparfaits, ne sont pas nouveaux, et ils rendent hommage aux personnes qui, grâce à leur existence naturelle, ont toujours mis en question le projet hetérocolonial. On reconnait que de nombreuses cultures autochtones respectaient plus que deux genres et sexualités, souvent célébrant leurs membres de communauté qui étaient de deux-esprits. Il y a 500 ans que le projet colonial de l’État continue d’attaquer ces personnes, de les éteindre ou de les assimiler. La souveraineté autochtone de la terre est inespérable de la souveraineté autochtone corporelle, sexuelle et de genre. Nous honorons les combattants qui se luttent pour le rétablissement de diversité sexuelle et la fluidité de genre dans leurs cultures et notre lutte queer est aussi une lutte anticoloniale.

Le 15 juin 2019, un festival de Fierté de la communauté queer et transgenre de Hamilton, “Ontario” a été attaqué par un groupe de homophobes de l’extrême droite, de fondamentalistes chrétiens et de néo-nazis. Comme ils ont fait en 2018, ils sont arrivés avec de grandes pancartes et des bannières homophobes, commençant immédiatement de lancer des insultes et des injures. Ils ont agressivement harcelé les individus au festival Fierté, faisant des blagues sur le viol et menaçant la violence physique. Afin de bloquer ces bigots et de protéger la communauté, une grande bannière noire a été érigée par quelques queers. Les homophobes n’ont pas aimé ça, et ils ont attaqué ces personnes. Ils ont commencé une bagarre, mais les personnes gaies, trans, et antifascistes qui ont refusé de permettre la présence de ces cons ont fièrement riposté. Certain.e.s ami.e.s ont été blessé.e.s et ont eu besoin des premiers soins. La police de Hamilton n’a rien fait pendant le conflit d’une heure et ils se sont présentés quand il n’y avait plus rien à faire. Les homophobes ont accueilli l’escorte policière pour quitter le parc. Malheureusement, ils ont harcelé et chassé d’autres queers dans le quartier plus tard dans la journée et la semaine après ils ont attaqué d’autres gens à Fierté Toronto.

Après ces événements, la police de Hamilton ont senti menacée – les communautés qui se sentent autonomisées et capables d’utiliser de la force pour se défendre affaiblit l’autorité de la police. Par conséquent, les policiers ont focalisé toute leur énergie sur la poursuite de certaines personnes queers, trans et anarchistes de la ville, les harcelant toute cette semaine comme punition. Samedi le 22 juin la police a mis en prison Cedar, un.e ami.e qui n’a pas été au festival, mais qui la police veut cibler parce que Cedar a publiquement critiqué leurs actions. Ille a été en grève de la faim pendant 5 jours afin de protester contre cette mesure vengeresse et ille reste présentement encore en prison. Il se peut qu’il aille prendre des semaines avant que Cedar puisse avoir une audience de libération conditionnelle. Plus tard dans la semaine deux autres ami.e.s ont été arrêté.e.s et accusé.e.s de bris de probation basé sur un soupçon d’avoir été au festival. Aucun de ces homophobes n’avait été initialement accusé par la police ou appréhendé à l’événement, malgré la circulation majeure de leurs visages, leurs noms et des vidéos de leurs actions violentes, jusqu’à hier quand la pression publique a obligé la police à charger Chistopher Vanderweide avec agression armée. Le maire de Hamilton a reçu une petite visite ce matin – vingt personnes ont visité sa maison à 7h le matin pour lui faire comprendre ce que c’est une visite de la police le matin et comment ça peut être dérangeant. Ils ont placé beaucoup de pancartes sur son gazon qui disaient : Le maire s’en fou des queers. La réaction du maire? Il a publiquement annoncé que ces manifestants ne sont pas des vraies queers et il a appelé pour une enquête. Conséquemment la police a arrêté DEUX AUTRES AMIS cette après-midi. Nous opposons au système carcéral et colonial de l’État, mais la répression unilatérale dirigée premièrement vers ceux et celles que la police soupçonne d’être les défendeurs de Fierté est révélateur une fois encore de leur position et leur objectif : protéger les personnes racistes, homophobes et misogynes.

Le concept de “queer” peut comprendre notre sexualité ou notre genre, mais pour nous il veut dire beaucoup plus que ça. Il est un territoire de tension qu’il faut défendre. On est en solidarité avec Cedar et les personnes accusées en connexion avec cet événement, aussi bien que toute personne gaie ou trans qui est en prison pour une contre-attaque. On sait que les queers de hier se sont courageusement battues pour notre existence, contre les homophobes et les néonazis aussi bien que contre la police. On se souvient du 28 juin 1969, la Rébellion de Stonewall à New-York, à son 50e anniversaire aujourd’hui – comme étant une émeute de quatre jours contre la police mené en grande partie par des personnes trans de couleur. Elle a été une rébellion à la fois trans et queer parce que, dans les mots de Queen Allyson Ann Allante, une participante de 14 ans en 1969, « Il a été la première fois que les deux groupes se sont réunies pour lutter contre l’oppresseur et il a établi un bon précédent pour l’avenir. Il a été un événement marquant parce que les deux communautés étaient unies pour combattre l’oppresseur, qui était la police et la mafia, qui ont contrôlé les clubs gais. » Quand on se souvient des briques volantes et talons hauts dans l’air découlant de l’explosion de rage gaie et trans, il faut se souvenir que le militarisme gai qui a été inauguré ces jours là –  donnant naissance à la Fierté que nous connaissons aujourd’hui – a essayé de faire taire et isoler les personnes transsexuelles, transgenres de couleur afin de favoriser un discours plutôt blanc, gai et cisgenre. On voit encore cette tendance 50 ans plus tard et on sait que nos communautés ont beaucoup de travail à fare pour resister le misogyne trans et le racism. Il est primordial que nous luttions les unes pour les autres, contre nos oppresseurs commun, épaule à épaule. N’oublions pas que Montréal n’était pas épargnée des descentes policières ; notons celle du bar Truxx en 1977 durant laquelle 143 personnes ont été arrêtées et accusées ou encore celle de la soirée Sex Garage en 1990, le « Stonewall québécois », où plus de 400 personnes se feront violemment charger par le SPVM et ses matraques, commençant un conflit de 36 heures. On sait que les personnes gaies et trans qui sont sans abris ou travailleur/se de sexe font face à la répression policière de jour en jour. La seule raison que le village gai est ici – dans l’est du centre-ville est parce que, avant l’Exposition ’67  et les jeux olympiques de 1976 le SPVM a mené une campagne pour nettoyer la ville – attaquant et arrêtant les queers dans les bars. On sait aussi que dans le monde les personnes gaies et trans, surtout celles qui sont racialisées, sont attaquées, criminalisées, incarcérées et même assassinées de manière disproportionnelle. Les attaques de haine américaine transphobe ont triplé pendant les derniers 5 ans. Hier, une autre personne trans a été tuée – Brooklyn Lindsey –  le 11e femme trans noire tuée cette année aux États-Unies – a été trouvé à Kansas City. On se souvient de Sisi Thibert qui a été tué à Pointe St. Charles en 2017. Cette douleur et cette rage reste toujours avec nous. Notre autodéfense est nécessaire pour assurer notre existence. Les groupes marginalisés s’organisent activement et présentement et ils se défendent. Le groupe de l’extrême droite à Hamilton n’est pas si différent des groupes ici au Québec, qui se trouvent face à une résistance féroce. Les personnes queers, comme à Hamilton et maintes fois auparavant, se réunissent pour se soutenir, se nourrir, s’appuyer et se défendre. On veut mettre fin à la domination dans toutes ses formes entrelacée et on sait que Personne n’est libre avant que tout le monde soit libre. L’autodéfense et toujours légitime. Ce soir on va danser, prendre beaucoup d’espace, circuler le mot, être beau et belle et révoltante – pour exprimer notre amour et rage queer pour les attaques fucked-up à Hamilton et la répression policière. On sait que on est fort et forte ensemble, et on va le montrer. On est ici pour dire :

Liberté pour Cedar! Abandonnez toutes les charges retenues contre les défenseur.es de Fierté!

Une levée de fonds est nécessaire pour les frais juridiques. SVP, faites un don ici: the-tower.ca/donate ou thetower@riseup.net

Une guerre contre les queers

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Juil 022019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis quelques semaines, l’État renouvelle encore une fois sa guerre contre les queers. Quelques jours avant l’arrestation de Cedar par la police de Hamilton, la police de la ville de Québec s’est vantée en ligne d’avoir utilisé des flics en civil afin de piéger onze hommes queers qui draguaient de façon consensuelle. Ces attaques ciblées ne seront pas tolérées. Nique la police.

Solidarité avec Cedar et avec tou.te.s les queers faisant face à la répression.

Déclaration de solidarité avec Cedar Hopperton et la communauté queer et trans radicale de Hamilton

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Juil 012019
 

De Montréal-Antifasciste

Depuis maintenant deux semaines, la communauté LGBTQ2 de Hamilton, en Ontario, est la cible d’attaques sans précédent provenant d’une coalition d’individus issus de groupes chrétiens intégristes et de groupuscules d’extrême droite dans la veine des Wolves of Odin, des « Yellow Vests » et du Canadian Nationalist Party.

De plus, la relation tendue de la communauté queer et trans radicale d’Hamilton avec les services de police de cette collectivité a été exacerbée au cours de la dernière semaine par la complaisance manifeste de la police avec les trolls d’extrême droite, préférant réprimer les personnes queers et trans qui se défendent contre les agressions… que les agresseurs eux-mêmes!

Depuis le 22 juin, Cedar Hopperton, une militante trans anarchiste profondément engagée dans ses communautés, observe une grève de la faim en détention après avoir été arrêtée pour « bris de condition ». La police l’accuse d’avoir manqué à ses conditions de libération en participant à une « manifestation » (en réalité, un rassemblement dans le cadre des activités de la Fierté LGBTQ2 à Hamilton, le 15 juin dernier). En fait, Cedar n’était même pas présente à cet événement, et tout porte à croire que la police d’Hamilton s’acharne plutôt contre Cedar en raison de ses nombreuses déclarations publiques contre la police, et en particulier contre la présence de celle-ci dans les événements organisés par la communauté LGBTQ2.

Le 15 juin, en après-midi, des violences sont survenues lorsque les militants d’extrême droite mentionnés ci-dessus se sont regroupés en marge du défilé de la Fierté, dans Gage Park, pour intimider et harceler les participant-e-s et leurs allié-e-s en déclamant des passages de la bible et en scandant des slogans anti-LGBTQ2. La communauté queer et trans radicale avait prévu le coup (puisqu’un incident similaire s’était produit en 2018) en fabriquant une palissade en tissus de plusieurs mètres de haut pour isoler les intolérants de la parade. Or, certains individus, non contents de perturber ainsi les activités de la Fierté, ont cherché à contourner la barrière pour harceler les participant-e-s et éventuellement en venir aux coups. Il va sans dire que nos camarades ne se sont pas laissé-e-s faire sans se défendre, mais dans la mêlée, quelques un-e-s ont été sérieusement blessé-e-s sous les coups portés par deux individus en particulier parmi les trolls d’extrême droite, Chris Vanderweide et Ylli Radovicka, alias John Mark Moretti.

Or, dans les jours qui ont suivi, plutôt que de chercher à appréhender les auteurs de ces violences, lesquelles ont été amplement documentées, la police de Hamilton a choisi de persécuter les camarades qui se sont défendu-e-s! En plus de Cedar, quatre autres camarades ont été arrêté-e-s et relâché-e-s sous promesse de comparaître.

Fait à noter, puisque la police les a laissé courir en toute impunité, les mêmes ordures d’extrême droite se sont rendues à une activité de la Fierté à Toronto pendant le week-end du 22-23 juin pour recommencer exactement les mêmes agressions contre des membres de la communauté LGBTQ2 et leurs allié-e-s.

Ces événements s’insèrent dans un contexte où, depuis une manifestation militante qui a eu lieu le 3 mars 2018 dans cette localité, la communauté anarchiste de Hamilton est ciblée à répétition par la police et des groupes d’extrême droite du sud de l’Ontario. L’espace anarchiste The Tower a été vandalisé à plusieurs reprises, des perquisitions ont eu lieu, et des trolls d’extrême droite se vantent en ligne de divulguer à la police  des renseignements personnels sur des anarchistes.

Ces attaques de l’extrême droite sont bien sûr inacceptables, et il est tout à fait naturel que nos camarades se défendent contre ces affronts par tous les moyens à leur disposition. Que la police choisisse de réprimer les victimes de la violence qui ne font que se défendre, plutôt que les auteurs de cette violence, ne fait que prouver que la police n’a aucune solidarité réelle pour la communauté LGBTQ2, et que toute déclaration en ce sens relève des efforts de relations publiques d’une institution profondément hostile aux aspirations des minorités. Ça n’est qu’une preuve de plus que les mouvements sociaux ne peuvent pas, et ne devraient jamais, faire confiance aux services de police.

Montréal Antifasciste, ainsi que ses sympathisant-e-s et allié-e-s, tient à déclarer sa solidarité indéfectible avec la communauté LGBTQ2 et la communauté anarchiste de Hamilton, et demande la libération immédiate de Cedar Hopperton et que toutes les accusations contre des personnes qui se sont portées à la défense de la communauté LGBTQ2 le 15 juin soient abandonnées.

¡No pasarán!

— Montréal Antifasciste, le 28 juin 2019

Mise à jour: La police de Hamilton a procédé à l’arrestation de Chris Vanderweide le 26 juin et de deux autres camarades queers le 28 juin, portant à cinq le nombres de membres de la communquté queer radicale arrêtés pour s’être défendus contre les attaques de l’extrême droite…