Montréal Contre-information
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Sep 062017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Durant la mobilisation anti-fasciste contre l’extrême-droite raciste à Québec Dimanche, une caméra de Global News a été détruite par des participant.es du black bloc[1. Vous n’êtes pas familier.ères avec la tactique du black bloc? Allez voir ‘What is a black bloc?’.]. Par la suite, un anti-raciste de la foule a été entendu demandant à son ami « Je comprends pourquoi attaquer les fascistes, et même la police qui les protège, mais les journalistes? »

Nous aimerions expliquer ce qui s’est passé, et les raisons qui en rendent la continuité nécessaire durant des manifestations où les gens enfreignent la loi.

Parfois, il est nécessaire d’aller contre ce que les gens « normaux » considèrent « acceptable », de briser la loi pour agir éthiquement. Ceuzes qui se masquent pour combattre la droite ont décidé, en prenant de grands risques personnels, d’utiliser tous les moyens nécessaires pour mettre un terme à l’organisation fasciste. Plusieurs d’entre nous croyons que l’entièreté du système doit être abolit, que les lois sont oppressives, ou que ceuzes qui font les lois sont responsables d’un problème sérieux et urgent, que ça soit la destruction de notre planète, les centaines de milliers de maisons saisies, l’impunité des meurtres commis par la police, etc.

Chaque photo prise de gens qui portent des masques ou qui commettent des gestes illégaux peut devenir une preuve pour la répression. La police utilise quotidiennement les vidéos des manifs trouvés sur les médias indépendants pour accuser des gens et les mettre en cage. Pour rendre les manifs plus sûres pour ceuzes qui se mettent à risque, nous devons faire en sorte que les manifs deviennent des zones sans caméra (au moins dans les sections de la manif où il y a des manifestant.es masqué.es).

D’abord, décourageons les gens de filmer ou de prendre des photos durant une manif, et expliquons pourquoi c’est problématique. Souvent, les gens prennent des photos sans y penser, et plus tard eux-mêmes et leurs ami.es se retrouvent à avoir des problèmes. D’autres gens qui filment sont des journalistes de grands médias ou des « bons citoyens » qui iront donner leur information à la police plus tard.

Le médias appartenant au mouvement sont l’exception de ces « zones sans caméras », puisqu’ils ont construit une relation de confiance avec les participant.es du black bloc en flouant les visages des personnes masquées et en ne filmant aucune action qui puisse être criminalisée.

L’existence des grands médias, elle, vise à de propager et de légitimer la vision du monde capitaliste. Ils donnent régulièrement leurs images à la police sans même attendre un ordre de la cour. Dimanche dernier, à Québec, un journaliste de CTV s’est vu demander de ne pas filmer les gens masqués, ce a quoi il a répondu qu’il avait le droit de le faire (et effectivement, selon les lois de l’État, il a le droit). Lorsqu’il a reçu un avertissement final que s’il continuait sa caméra allait être détruite, il s’est approché de la police pour nous pointer du doigt et a plus tard arraché le masque d’un.e camarade (ce qu’il a payé de quelques douleurs au visage).

Les grands médias ont toujours fait la promotion des intérêts de la classe qui la finance. Quiconque ayant déjà été soumis à leur couverture sait à quel point elle est biaisée. La stratégie qui vise à obtenir une attention positive de la part des médias de masse manque de vision – ces institutions ne seront jamais nos alliées, aussi longtemps que nous aurons le désir de challenger réellement les structures de pouvoir. Tout message que nous essayerons de communiquer à travers les médias de masse seront toujours reformulés pour assurer le maintient du libéralisme.

Ceuzes qui décident que nous devons nous battre le font déjà contre les fascistes et la police armée qui les protège – nous n’avons pas besoin d’un autre ennemi qui nous mets en danger. Même si les médias de masse se font avertir de ne pas filmer les gens masqués, ils continuent souvent à les filmer subtilement à distance, parce qu’ils n’ont aucun respect pour nos luttes. Dimanche dernier, plusieurs anti-fascistes sont venus équipés avec des fusils à eau remplis de peinture noire pour asperger les visages des fascistes. Ça pourrait être utile dans le futur d’utiliser des tactiques similaires pour obscurcir les lentilles des caméras des grands médias, ou même des bonnes vieilles cannettes de peinture.

Les manifs ont besoin d’être participatives. Chaque personne ayant une caméra en main devient un spectateur aliéné. Les gens sortent dans la rue pour changer les monde précisément parce qu’ils sont écoeuré.es de regarder le monde à la TV et de regarder à quel point les gens puissant le changent constamment pour pire.

Les manifestations de rue doivent être des espaces de participation, de création et de destruction, non pas des endroits pour les médias et des pièges à surveillance policière.

Trucs pour des blocs plus sûrs

La police de Québec a annoncé qu’elle fera des arrestations basée sur la vidéo surveillance. Même si nous ne voulons pas renforcer la paranoïa, parce qu’il s’agit peut-être d’une menace vide, on veut tout de même saisir l’opportunité pour rappeler quelques trucs importants lorsqu’on porte des masques.

Pourquoi porter un masque? Pour d’agir sans être immédiatement reconnu. Plus des gens portent des masques, plus il est difficile pour les autorités d’identifier ou d’isoler une partie de la foule. Vous pouvez porter un masque pour protéger votre identité, ou simplement pour protester contre la surveillance constante. Porter un masque lors de manifestations permet d’ouvrir un espace pour que des gens qui ne pourraient pas participer autrement à cause de leur statut légal ou d’immigration ou à cause de leur emploi puissent le faire. Il est mieux d’y aller avec des ami.es qui pourront surveiller vos arrières, être vigileant.es quant au positionnement de la police, et être attentif.ves aux environs pour trouver le meilleur moment pour se masquer et se démasquer.

Ne retirez pas votre masque avec négligence et évitez d’ouvrir partiellement votre déguisement. Assurez-vous de décider du bon moment pour devenir anonyme et quand ce sera le bon moment (et lieu) pour sortir de l’anonymat. Ne faites pas les choses à moitié. Si les flics peuvent trouver une photo de vous avec exactement les mêmes vêtements et souliers, avec un masque et sans masque, votre précieux déguisement n’aura servi à rien.

Même si nous réussissons à nous échapper, la police peut utiliser des photos et des vidéos pour nous poursuivre plus tard. Il est mieux de couvrir vos cheveux, votre visage, vos bras, vos tatous et vos mains. Assurez-vous qu’il n’y ait pas de marques qui permettent d’identifier vos vêtements, vos souliers ou votre sac à dos. C’est une bonne idée de changer plusieurs morceaux de votre couche extérieure ou même vos souliers (par exemple, apportez un chandail léger, des pantalons ou un manteau de pluie que vous pouvez jeter). N’oubliez pas de couvrir, déguiser, ou jeter tout sac à dos ou sac que vous pourriez avoir amené. Les souliers peuvent être recouverts de chaussettes noires. Les gants en tissu sont préférables aux gants en plastique parce qu’ils ne transfèrent pas les empreintes. Si nous amenons tout matériel avec nous, nous le nettoyons à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes. Et plus important encore, assurez-vous de ne as être filmé.es lorsque vous vous masquez et démasquez!

Pour lire plus à propos des enjeux de sécurité en manifestation, allez voir la page Guides Pratiques de MTL Contre-information.

Consignes pour les médias du mouvement

Être en solidarité :

  • ne commencez pas à filmer la manifestation avant qu’elle n’ait commencé à marcher pour au moins 20 minutes, pour laisser à tout le monde la chance de pouvoir se masquer.
  • ne filmez pas des gens qui sont en train de faire des actes criminalisés (comme briser des fenêtres, faire des graffitis, lancer des projectiles, construire des barricades, etc.) Ne filmez pas ceuzes qui attaquent eux-mêmes, mais plutôt leurs cibles.
  • si quelqu’un porte un masque, ne les filmez pas. Ils portent un masque pour une raison et vos films peuvent les identifier grâce aux autres vêtements qu’ils portent ou avec leurs caractéristiques faciales. La seule exception à cela concerne les gens avec qui vous avez construit une relation de confiance et qui vous demandent d’être présent.es parce qu’ils savent que vous êtes à leurs côtés.
  • Avant de publier des vidéos et des photos, flouez les visages. Allez voir ce tutoriel si vous ne savez pas comment faire.
  • Ne faites pas du live-stream. La police est capable d’enregistrer immédiatement votre matériel pour constituer des preuves. Si vous filmez quelque chose d’incriminant, vous ne pourrez pas le retirer au montage.

D’autres lectures à propos des anarchistes et des médias

Caught in the Web of Deception: Anarchists and the Media
“Cops, Pigs, Journalists”: To Inform, To Obey
The Reasons for a Hostility – About the Mass Media