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Contre le Spectacle érotique

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Juin 052025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pourquoi le sexe, même queer, n’est pas une pratique révolutionnaire

Intro : le Spectacle du sexe queer
« Spectacle : non pas simplement représentation, mais organisation matérielle et sociale des apparences, où la vie devient une marchandise à consommer sous forme d’images et de récits. »

Nous décidons d’écrire ce texte à la suite de plusieurs discussions et débats autour de la place des pratiques sexuelles dans les perspectives révolutionnaires. Nous parlons depuis l’intérieur, avec tendresse, rage et une certaine ironie. Maintes fois, nous avons entendu des camarades soutenir que le sexe, et particulièrement le sexe queer, constituerait un acte militant politique, qu’il faudrait l’encourager et créer des espaces politiques dédiés à la tenue de pratiques sexuelles transgressives. Certaines de ces affirmations prennent parfois plus la forme de blagues que de vraies propositions politiques, mais elles demeurent tout de même ancrées dans le point de vue que la sexualité queer, surtout dans un contexte DIY, de squat, de cruising ou de discours politique radical, constitue une forme d’action politique pertinente à nos mouvements (par nos mouvements, nous entendons à la fois les mouvements révolutionnaires et les mouvements queers).

Par ce texte, nous souhaitons nous opposer à cette perspective. Premièrement, car nous avons constaté que celle-ci accorde souvent trop d’importance à des pratiques contre-culturelles qui ne relèvent pas de stratégies permettant la réelle modification de nos conditions sociales. Deuxièmement, car nous nous demandons si dépeindre la sexualité queer comme intrinsèquement radicale contribue à obscurcir et à reproduire certaines dynamiques de pouvoir au sein de nos communautés. Nous n’avons pas toujours les mêmes ressentis, les mêmes positions, les mêmes enjeux, mais quelque chose nous relie dans cette fatigue, ce trouble, ce désir d’autre chose. Certes, nous ne voulons pas laisser entendre que la sexualité queer soit mauvaise ou devrait être réprimée. Au contraire, nous souhaitons que celleux qui veulent avoir du sexe et des pratiques sexuelles queer ou alternatives leur permettant de s’épanouir puissent le faire sans encombre, mais nous ne considérons pas ces pratiques, ou la revendication de ces pratiques, comme une stratégie ou une tactique pertinente. Nous jouirons dans les ruines, mais nous ne ferons pas tomber les murs.

Dire que quelque chose est « politique » (car tout est politique), un cliché dont nous avons tous•tes un peu marre, n’est pas suffisant pour affirmer qu’elle soit pertinente politiquement. Dans nos cercles et nos affiches, la sexualité queer tend à être érigée en Spectacle, au sens que lui donne Guy Debord : non simplement comme une représentation, mais comme une forme d’organisation sociale dans laquelle la vie elle-même est médiée, séparée et transformée en image. La sexualité queer, dans ce contexte, devient une marchandise spectaculaire : encensée, esthétisée, consommée comme preuve de radicalité, mais détachée des conditions réelles de notre lutte. Nous ne voulons plus de ce Spectacle comme forme militante.

Aliénation sexuelle et la forme commodité

Force est de constater que, sous le capitalisme, la sexualité est le produit des mêmes logiques qui structurent le reste de notre vie sociale : commodification, privatisation et isolation. Les actes sexuels individuels (même s’ils sont faits en groupe), peu importe leur caractère transgressif face aux normes bourgeoises, demeurent régis par ces conditions d’aliénation. Tant qu’il n’y a pas de changements conséquents (certain•es pourraient dire, de révolution) des relations sociales entourant la sexualité, cela ne pourra pas changer.

Pour Mario Mieli et Guy Hocquenghem, l’homosexualité (et, par extension, la queerness) renferme un potentiel révolutionnaire non parce qu’elle est déviante, mais parce qu’elle met en lumière l’absurdité des normes sexuelles bourgeoises et leur fonction dans la discipline du travail reproductif.

Performer la déviance et la subversion sans s’attaquer au système de salariat, de propriété privée, de reproduction familiariste et des rôles de genre, c’est faire de ces actes une pure performance s’inscrivant dans le marché néolibéral de la différence. Comme toutes les commodités, sous le système capitaliste, le sexe transgressif est récupéré par l’appareil social et économique. Il devient un produit, pas une rupture.

Notre sexualité devient un Spectacle de transgression; nos corps, des objets déviants; nos expériences, des récits de radicalité esthétique.

Si nous souhaitons la libération sexuelle, nous ne pensons pas qu’elle adviendra à travers la transgression des normes, mais à travers l’abolition des conditions sociales qui requiert que la sexualité soit productive, normative et profitable. Aucun acte sexuel en lui-même ne peut venir à bout de la famille, des patrons ou de la police.

Du désir à la discipline : la récupération de la sexualité queer

Quand érotisme et identité sont éloignés des conflits de classe, ils deviennent des outils de récupération capitaliste, prenant la forme de capital social, de marchés spécialisés et de catégories rigides. La politique révolutionnaire ne peut pas émerger de l’auto-expression libidinale. Elle doit être reliée à un conflit collectif et organisé avec le Capital.

Les groupes autonomes du 20e siècle nous démontrent que la ligne de front des conflits de classes se situe dans les endroits de production et de reproduction : logement, care, éducation ou travail. La sexualité ne remet pas en cause ces secteurs si elle n’a pas de lien avec le projet communiste/anarchiste.

Comme l’affirmait le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) il y a de ça 50 ans, notre but n’est pas la visibilité ou la tolérance sexuelle, mais l’abolition des catégories permettant la gestion et la répression de la colère populaire.

Notre valorisation contemporaine du « sexe queer » comme un outil subversif, résonne avec les concepts de diversité libérale : des corps différents, mais des rapports propriétaires qui restent les mêmes.

Le système peut tolérer le sexe queer; il ne peut pas tolérer le communisme queer. Il peut monétiser les kinks, les expressions de genre diverses, le polyamour, et les orgies « politiques », mais il ne peut pas permettre l’abolition du travail salarié, du genre et de la famille. Seules la confrontation de classe et l’organisation révolutionnaire peuvent permettre une véritable libération de l’expression érotique.

Pas de révolution sans force : contre la politique de la transgression personnelle

Les transformations révolutionnaires requièrent une force collective capable de confronter et de détruire les institutions de domination : l’état colonial, l’économie capitaliste, le système carcéral. Les actes sexuels, peu importe s’ils nous semblent radicaux, ne peuvent pas générer cette force par eux-mêmes.

Les théories anarchistes et communistes, dont nous nous inspirons, ont toujours mis l’emphase sur la construction d’un pouvoir matériel horizontal, à partir de fédérations, d’actions directes et de ressources communes. Nous ne sommes pas intéressé•es par des actes symboliques de transgression réservés à une élite communautaire.

Le FHAR, que nous avons mentionné précédemment, et qui inspire aussi nos pratiques futures, comprenait que la libération devait être à la fois politique et sexuelle, mais rejetait l’idée que cette libération se trouvait dans la voie de l’autonomie personnelle. Leurs actions de rue et leurs interventions en usine visaient les sièges du pouvoir, pas juste les normes.

La transformation du désir est essentielle, mais elle requiert de nouvelles formes sociales, pas seulement des pratiques personnelles. Le désir révolutionnaire ne se trouve pas dans la permission ou la performance, mais dans l’effacement des conditions qui font de la sexualité un outil de discipline et de différenciation.

Une sexualité queer peut être joyeuse, déviante ou commune : mais, tant qu’elle ne fait pas partie d’une société communisée sans propriété, elle n’est pas révolutionnaire. Ce qui est révolutionnaire, c’est l’abolition des conditions sous lesquelles nos corps, et donc notre sexualité, sont catégorisés, contrôlés et possédés.

Le capital social de la transgression

Finalement, nous souhaitons adresser les dangers relevant de la valorisation d’une sexualité queer déviante comme méthode d’action politique. Par le fait même, nous risquons de reproduire des hiérarchies de désirabilité, de capital social et d’asymétries de pouvoir dans nos communautés. Nos camarades qui sont plus ouvertement transgressif•ves, à travers leur esthétique, leurs pratiques sexuelles, ou leur performance de la radicalité, accumulent un capital social qui leur permet de délimiter l’authenticité de la « queerness ».

Cela risque la reproduction des logiques d’exclusion oppressive sur la base de l’ethnicité, de la classe, du genre et des capacités. Ainsi, des personnes qui ont vraisemblablement plus en jeu lorsqu’il s’agit de libération politique risquent d’être perçues comme « moins radicales » en raison de leur distance, voire leur opposition, avec ces pratiques de sexualité dissidente.

Nous tenons à affirmer que la libération se trouve dans l’abolition de la domination et des hiérarchies, pas dans leur réinvention érotique. Une politique ancrée dans le sexe-comme-résistance s’expose à la fétichisation de la marginalité et risque de confondre solidarité et Spectacle.

Pourquoi maintenant? (En guise de conclusion)

Si cette ligne du « sexe queer comme acte politique » est répandue depuis quelques années déjà, il nous semble important d’expliquer pourquoi nous nous y opposons à ce moment-ci spécifiquement. Dans un contexte de glissement de la fenêtre d’Overton (lire : climat politique) vers la droite et l’extrême-droite, il nous apparaît, nous personnes transsexuelles et homosexuelles, plus important que jamais d’adopter des stratégies fortes pour assurer la lutte contre le fascisme, la transmisogynie et l’homophobie. Nous sommes tous-tes déjà précaires, marginalisé•es et violenté•es par ce système. Notre travail est exploité et aliéné, nous sommes à la merci des parasites terriens (lire : proprios) et les violences genrées tendent une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.

Dans ce contexte, il est important de lutter sur les enjeux qui affectent notre survie : nos conditions de vie matérielles. Si le sexe queer est une pratique qui peut nous permettre de s’épanouir et de développer un rapport positif avec nos corps, il ne constitue toutefois pas une piste d’action envisageable face à l’urgence actuelle. Nos espaces (queers) sont dépolitisés, érotisés et galvanisés par des perspectives qui se limitent à de la subversion, des pratiques de care vides de sens, et une tendance à vouloir toujours performer plus de radicalité. Nous invitons nos camarades, et nous-mêmes, à réfléchir à nos perspectives, à ce que l’avenir de nos luttes nous réserve, et à comment dépasser l’obstacle que représente ce Spectacle queer.

Car ce n’est pas en s’enculant entre nous qu’on empêchera les fachos de le faire.

Quelques bases sur le fascisme et comment y faire face

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Juin 032025
 

De Montréal Antifasciste

Contribution anonyme
Mai 2025, Bas-du-Fleuve
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Nous assistons au génocide le plus documenté de l’histoire en Palestine et à la consolidation d’un régime fasciste aux États-Unis. Nous sommes beaucoup à nous demander quoi faire. Voici un cadre conceptuel pour comprendre ce qui se passe et des pistes d’actions. Cette synthèse a été écrite à l’aide de matériel provenant entre autres de Kelly Hayes et de son blog Organizing my Thoughts, de Mariame Kaba et d’Andrea Ritchie de l’organisation Interrupting Criminalisation, d’Ejeris Dixon et son balado Fascism Barometer, de Scot Nakagawa et son blog The Anti-Authoritarian Playbook, du blog flegmatique d’Anne Archet, de la chaîne YouTube Thought Slime et du livre l’Antifascisme de Mark Bray.

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Quelques bases

Les mouvements, partis et régimes fascistes se reconnaissent par :

  • Leur trajectoire autoritaire visant le démantèlement des structures démocratiques, l’élimination de la dissidence et le maintien au pouvoir de leur leader.
  • Leurs mensonges flagrants qui n’affectent pas le support de leurs partisans.
  • Leur propension à instrumentaliser ou à créer de toutes pièces des crises       pour s’enrichir et pour restreindre les libertés civiles telles que la liberté de mouvement, de rassemblement, de manifestation, de presse et le droit à un procès juste et équitable.
  • Leurs représentations idéalisées de la race et de la nation, qu’ils articulent en termes de pureté, d’unité et de loyauté.
  • Leur désir de dominer et/ou d’éliminer les groupes marginalisés (femmes, migrant’es, personnes 2LGBTQIA+, personnes noires, autochtones, minorités religieuses, personnes handicapées, pauvres, autistes, etc.) se présentant d’abord sous forme d’attaques répétées contre leurs droits fondamentaux et de discours déshumanisants.
  • Leur conviction que les inégalités ne proviennent pas de conditions sociales, mais sont naturelles, biologiques, et que cette hiérarchie devrait leur assurer les pleins pouvoirs.
  • Leurs références à un passé fictif où c’était supposément le cas.
  • Leur fétichisation de la violence comme réponse à l’humiliation de ne pas dominer totalement ces groupes marginalisés.
  • Leur double objectif de nettoyage interne et d’expansion externe.

Le fascisme peut s’emparer du pouvoir de l’État à travers des élections, un coup d’État, ou un mélange des deux comme dans le cas de l’administration Trump qui a gagné les élections, mais qui a aussi profité de son arrivée au pouvoir pour effectuer un « coup administratif », soit l’usurpation illégale des pouvoirs du congrès et des différents départements de l’État par Elon Musk et DOGE.

Une fois au pouvoir, le fascisme se sert d’un processus bien connu pour opérer :  la criminalisation. Il passe des lois qui rendent certaines activités criminelles et déploie la police, le système judiciaire et les prisons contre les gens qui les pratiquent. Il criminalise par exemple :

  • Le fait de donner ou recevoir certains soins (avortement, soins d’affirmations de genre, éventuellement soins aux personnes autistes, aux personnes handicapées…)
  • Le fait de donner de l’information (en transformant la définition de pornographie pour que les lois s’appliquent à tout livre qui traite de queerness, en transformant la définition d’antisémitisme pour y inclure toute dénonciation du génocide contre le peuple palestinien, en arrêtant des avocats qui donnent de l’information légale aux migrant’es…).
  • Le simple fait d’exister sur ce territoire (révocation en masse de visas, annulation des statuts, criminalisation des sans-abris…).

Au-delà des lois, la criminalisation est un processus politique par lequel on désigne des groupes entiers de personnes comme des menaces :

  • Les femmes trans et intersexes menaceraient ainsi les femmes cis, entre autres dans le sport.
  • Les manifestant’es menaceraient le reste de la population.
  • Les migrant’es menaceraient le marché de l’emploi, le marché du logement et la classe populaire.
  • Les musulman’es menaceraient la sécurité nationale.

Ces menaces sont nourries par les fascistes jusqu’à devenir dans leur narration des menaces existentielles au futur de la nation, et ce faisant :

  • On déshumanise ces groupes de personnes.
  • On les dépouille d’avance de leurs droits fondamentaux.
  • On les dépeint comme des « autres » qu’il faut violemment contrôler, punir et faire disparaître.
  • On s’en sert comme de boucs émissaires pour tous les maux provoqués par le capitalisme et le fascisme.

C’est par ce processus de criminalisation que les régimes fascistes manufacturent le consentement de la population face aux violences déployées contre certains groupes (violence physique et psychologique, enlèvement, travail forcé, déni de soins, assassinat…). On fait croire aux gens :

  • Que les victimes ne sont pas violentées par haine, mais qu’elles sont punies pour des crimes.
  • Qu’ainsi cette violence est justifiée. Qu’elle est normale.
  • Que tant qu’iels ne commettent aucun crime, il ne leur arrivera rien.

Mais plus le temps passe, plus la définition de ce qui est un crime s’élargit.

Ce processus existe aussi dans ce qu’on appelle les démocraties libérales qui ont développé tout l’appareillage judiciaire et carcéral. Les fascistes ont besoin de cette infrastructure et de la légitimation de ce système industrialo-carcéral pour fonctionner et c’est exactement ce que leur offrent les démocraties libérales.

Rappelons ainsi :

  • Que la police et les prisons sont un héritage de l’esclavage et de la colonisation.
  • Que les peuples autochtones au Canada ont été la cible de violences génocidaires.
  • Que leurs danses, leurs rituels, leurs langues ont été criminalisées.
  • Qu’iels ont subi des stérilisations de masse, des déplacements forcés et des abus multiples dans les écoles résidentielles.

On peut en comprendre que le fascisme n’est pas tant en rupture avec les démocraties libérales qu’il en est la forme-panique. Ainsi, le fascisme qui se consolide actuellement aux États-Unis et qui se concrétise au Canada et Québec se caractérise aussi par :

  • Une panique devant les avancées récentes en termes de justice sociale, qu’ils nomment « wokeness » et qui menacent leur domination.
  • Une panique devant la crise climatique et les efforts pour l’amoindrir, qui dans les deux cas menacent les ressources dont ils dépendent pour maintenant leur domination.
  • Une alliance tendue entre des fondamentalistes chrétiens, un mouvement populaire raciste et sexiste, une élite du monde de la politique et des oligarques ultrariches du monde de la techno.

En vrac, quelques autres données importantes sur le fascisme :

  • Les fascistes veulent nous faire perdre notre temps. Ils vont dire toutes sortes de mensonges pour que nous passions des heures à prouver nos points, à décortiquer leurs propos, à clarifier les faits. Et ils vont changer complètement leur discours le lendemain pour nous obliger à recommencer.
  • Pour les fascistes, certaines vérités (mythiques) sont plus importantes que la réalité. Si la réalité ne concorde pas avec leur vérité, c’est la réalité qui a tort. Leur rapport au réel en est grandement affecté et on ne peut les convaincre qu’ils font fausse route en leur prouvant ce qui est réel. Ça ne change rien à leur vérité.
  • Par-dessus tout, les fascistes veulent le pouvoir. C’est ce qui les motive. Ils vont changer de discours et de valeurs autant qu’il le faut pour acquérir et maintenir leur pouvoir.
  • Ils veulent être les plus forts pour survivre, dans une vision darwinienne caricaturale de l’évolution. Ils veulent dominer. Selon cette vision, tout ce qui les maintient au pouvoir est justifié; ils ont raison car ils dominent et c’est la seule preuve dont ils ont besoin.
  • Le fascisme n’est pas le fait de quelques personnes externes au-dessus de la population. Les gens participent, coopèrent, puis deviennent acculturés au fascisme. Ça devient leur réalité, leur manière de comprendre le monde.

Comment y faire face

Historiquement, ni l’appareil de l’État, ni les partis d’opposition, ni le système de justice, ni les grands médias n’empêchent l’avènement de régimes fascistes. Les élites néolibérales qui gèrent les démocraties peuvent sembler s’y opposer, mais devant un monde de plus en plus invivable où il devient impossible de maintenir à la fois le capitalisme et les démocraties libérales, elles aussi vont aussi adopter des politiques de plus en plus fascistes. Pour les néolibéraux, la criminalisation et/ou l’abandon de groupes toujours plus grands de personnes marginalisées sera articulée comme une question de pragmatisme et d’inévitabilité, alors que pour les fascistes elle sera articulée comme le retour souhaité d’un ordre naturel inégalitaire et violent. Bref, il ne faut pas s’attendre à leur support.

C’est l’organisation populaire qui offre la meilleure résistance. Et si la normalisation de la police, des prisons et de la surveillance de masse dans nos sociétés a rendu cet effort plus difficile, présentant ces outils de contrôle comme nécessaires, voire naturels, il existe tout de même de multiples voies pour résister collectivement.

Ce qu’on peut faire dans un premier temps :

  • Refuser ouvertement la consolidation du fascisme. Nommer ce qui se passe aux États-Unis, en Palestine, au Canada et ailleurs. Parler du fascisme avec nos proches. Ne pas le laisser être insidieux. L’obliger à apparaître.
  • S’organiser localement contre les événements de groupes fascistes. Leur nuire de toutes les manières possibles. Les empêcher physiquement de propager leur haine.
  • Call bullshit. Ne pas nous empêtrer dans leurs mensonges. Ne pas perdre notre temps à argumenter avec eux. Ne pas embarquer dans leur manière de cadrer la situation. Ramener les discussions sur ce qu’ils font, sur les horreurs qu’ils commettent, sur la haine qui les anime.
  • Surtout, ne pas obéir d’avance quand des fascistes arrivent au pouvoir. Face à un pouvoir autoritaire, les gens ont tendance à prévoir ce qu’un gouvernement plus répressif voudrait et à lui donner d’avance, pour être sûr de ne pas le fâcher et pour se protéger. Cette obéissance anticipée informe le régime sur les compromis que les gens sont prêts à faire et lui permet d’aller beaucoup plus loin beaucoup plus vite. Cette manière de s’adapter nuit à tout le monde. Il est essentiel de se rappeler de ne pas obéir d’avance.
  • Rester solidaires. Le fascisme normalise la souffrance humaine et l’abandon de groupes de gens désignés comme négligeables ou insignifiants. Les fascistes veulent que nous soyons absorbé’es par notre instinct de survie, pris dans nos préoccupations personnelles, que nous soyons isolé’es et faibles. C’est dans la solidarité que se trouve notre force.

Ensuite, il s’agit de bâtir et d’entretenir notre pouvoir collectif, populaire. Pouvoir de garder nos communautés sécuritaires. Pouvoir d’empêcher qu’un des nôtres se fasse enlever. Pouvoir de nous assurer que tout le monde a quelque chose à manger. D’abord, en explorant toutes les manières de participer à tisser ce pouvoir, par exemple en travaillant à :

  • bloquer les avancées fascistes (par exemple en combattant tout ce qui augmente la portée, la capacité, les ressources et le pouvoir de l’État carcéral et des mouvements fascistes, comme la construction de nouvelles prisons, la militarisation des frontières, de nouveaux systèmes d’identification visant certains groupes, etc.),
  • casser leurs alliances, leurs liens avec des groupes ou organisations locales (par exemple les liens entre les syndicats de travailleurs/travailleuses et les organisations représentant la police, les liens entre la police et les milices d’extrême-droite, les liens entre les médias de masse et les militant’es transphobes, etc.),
  • amoindrir l’impact de leurs politiques sur nous (par exemple en bâtissant et soutenant un réseau communautaire fort, des groupes d’entraide, des réseaux de communications sécuritaires, des infrastructures de défense communautaire, des espaces de rassemblement, etc.),
  • faire des ponts entre les communautés touchées (par exemple les syndiqué’es, les groupes de femmes, les bandes anarchistes, les mouvements de luttes décoloniales, abolitionnistes, pour les droits des personnes handicapées, etc.) et
  • construire ce dont on a besoin (par exemple, des organisations dédiées à partager l’histoire des mouvements de luttes, ou des organismes de justice transformatrice, ou le plus d’espaces possibles où nous rassembler, où réfléchir ensemble, où digérer toutes les informations, que ce soit des fêtes de quartier, des journées d’atelier, des conférences, des marches, etc.).

Pour approfondir cette question, je suggère le zine Block and Build : But make it abolitionist de l’organisation Interrupting Criminalization. Ensuite, il s’agit de trouver ce qui a du sens pour nous, ce qui concorde avec nos capacités, notre contexte social et notre compréhension de la situation. Pour cela, je conseille le zine Making a plan, qui vient aussi d’Interrupting Criminalization.

Ça peut être un syndicat, une section locale de Food not Bombs, un groupe qui organise des assemblées populaires, un comité logement, un groupe d’ami’es qui fait de l’art engagé, un groupe de femmes, etc. Tout ça a du sens. Et à partir de ces groupes :

  • Se partager un langage et des analyses plus ou moins communes de la situation.
  • Se coordonner de manière décentralisée pour favoriser des actions autonomes qui s’inscrivent dans un tout plus grand.
  • Bâtir une culture de la sécurité adaptée au risque.
  • Se préparer à la répression en mettant en place d’avance des systèmes de support.

Puis, le temps venu, il est possible de lutter à grande échelle contre un régime fasciste grâce à :

  • Une masse suffisamment grande de gens qui s’engage à ne pas coopérer. À oublier de remettre une lettre, de transférer un courriel, à ralentir certains travaux de construction, à ne pas enlever les livres des tablettes, à continuer d’apprendre l’histoire aux enfants, à saboter les processus bureaucratiques, à donner de mauvaises indications aux polices, à continuer à faire de la musique, dehors, le soir, à perturber le fonctionnement du régime.
  • Une diversité de tactiques. D’immenses manifestations populaires, une grève sociale, du sabotage industriel, des réseaux de soins alternatifs, etc.

Et si nous combattons d’un même geste le fascisme et le processus de criminalisation qui le soutient, tout est possible.

Riposte pour les autonomies corporelles

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Mai 312025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce jeudi matin à Montréal, nous avons déployé une grande bannière qui, si on la traduit, se lit comme suit: « Être anti-choix n’est pas être pro-vie; c’est exercer un sexiste et violent contrôle sur celle-ci ».
Cette action s’inscrit en amont d’un événement prévu à Québec ce samedi. Depuis trop longtemps, des groupes natalistes à travers le Canada organisent un rassemblement annuel devant le Parlement d’Ottawa afin d’attaquer le droit à l’avortement. Depuis l’an passé, on a droit aux rejetons quebs, de la CQV notamment, qui organisent un événement du même type devant l’Assemblée Nationale. Vous savez, les taouins à Berri qui chillent proche d’une clinique avec des pancartes anti-avortement et une croix… eux.

Alors comme d’habitude, nous serons dans leurs pattes. Nous riposteront tant qu’il le faudra. Pour vous tenir au jus des activités PRO-CHOIX de samedi, faites un tour sur la page de nos camarades de Qc Antifasciste ou du regroupement des femmes du qc. Ou faites votre propre plan.

Soyez bruyantEs et visibles
NOS CORPS NOS CHOIX ET BASTA

L’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski appelle à livrer les saboteurs à la police

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Mai 262025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le texte qui suit a pour but de permettre aux camarades anarchistes ainsi qu’aux militant.es anticoloniaux de prendre des décisions éclairées sur où et comment s’engager dans la lutte.

Dans un communiqué publié le 17 mai 2025 et trouvable sur leur page Facebook, l’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski (Premières Nations MAMO) condamne les gestes de vandalisme commis recémment sur des équipements de machinerie forestière appartenant semble-t-il à un contracteur impliqué dans les coupes sur leur territoire.

Le communiqué va plus loin, soutenant que « ces actes ne peuvent et ne doivent pas rester impunis ». Il poursuit : « Si vous êtes témoins d’un acte de vandalisme ou si vous détenez des informations susceptibles de faire progresser l’enquête, nous vous encourageons fortement à en faire part sans délai aux autorités policières. ».

Nous croyons que les relations de lutte sont plus fortes quand elles sont nourries par des pratiques d’honnêteté de même que des communications transparentes sur les motivations et les limites de chacun.e. Dans ce sens, nous espérons que ces événements serviront à provoquer des conversations ouvertes et nuancées sur la solidarité.

Compte-rendu de la Fête populaire contre le fascisme du 19 mai 2025

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Mai 252025
 

De Montréal Antifasciste

Mise en contexte

À l’approche de la Journée nationale des Patriotes 2025, célébrée cette année le lundi 19 mai, l’organisation ethnonationaliste Nouvelle Alliance (NA) avait annoncé son intention de tenir pour la deuxième année consécutive au parc La Fontaine de Montréal une commémoration en l’honneur du colon de la Nouvelle France, Adam Dollard des Ormeaux. Le 20 mai 2024, le groupuscule d’extrême droite s’était déjà réuni à cet endroit, devant la statue de Dollard, pour la même raison (l’année précédente, c’est plutôt au Pied-du-Courant, dans le bas de la ville, que les militant·es de NA s’étaient rassemblé·es pour rendre hommage aux patriotes du Bas-Canada). Rappelons déjà que la figure folklorique de Dollard des Ormeaux n’est pas exactement le héros que NA et les nationalistes réactionnaires de leur farine insistent encore pour glorifier…

Une des affiches qui ont été placardées dans le Plateau Mont-Royal en mai 2024, dans les jours précédant la commémoration des patriotes.

Tanné·es de laisser une cinquantaine de nationalistes identitaires aux idées dépassées déambuler à Montréal en toute impunité, des citoyen·nes et des voisin·es inquièt·es, accompagné·es de membres d’organismes communautaires, de militant·es antiracistes et de syndicalistes se sont mobilisé·es dans les dernières semaines pour organiser une « Fête populaire contre le fascisme » en guise de protestation.

L’affiche de la Fête populaire contre le fascisme qui est apparue sur les poteaux de Montréal dans les semaines précédant l’événement.

Ce rassemblement à caractère festif avait pour principal objectif d’occuper l’environnement immédiat de la statue de Dollard des Ormeaux afin de dénoncer la montée en influence de l’extrême droite, de manière générale, et les ambitions de Nouvelle Alliance en particulier. La fête fut en soi un grand succès, puisque selon notre décompte, elle a attiré entre 300 et 400 personnes au parc entre 10 h et 14 h. Nous saluons à ce titre les formidables efforts entrepris par les personnes concernées, et sommes rassuré·es de constater que les Montréalais·es et les Québécois·es n’hésitent pas à se mobiliser pour confronter cette récente vague de normalisation de l’extrême droite dans le discours public.

Un certain nombre d’articles de presse ont été publiés au cours des derniers jours, la majorité faisant la démonstration d’un manque flagrant de connaissance du contexte et de la stratégie politique mise en œuvre par Nouvelle Alliance. Nous saluons bien sûr l’intérêt grandissant — bien que tardif — des médias traditionnels pour l’extrême droite québécoise, mais il est clair que leur travail en la matière est encore lacunaire, et que pour différentes raisons d’ordre structurel, ces médias ignorent généralement les efforts considérables que notre collectif a déployés au cours des dernières années pour éclairer ce sujet.

Voici donc un bilan détaillé, vu de l’intérieur, du déroulement de la journée du 19 mai 2025, qui, nous l’espérons, pourra mettre en lumière des éléments qui n’ont pas été relevés ou ont simplement été évacués par les médias et les principaux observateurs.

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Avant le rassemblement…

La veille de la commémoration, le dimanche 18 mai au soir, Nouvelle Alliance avait publié sur ses comptes de médias sociaux une série de photos reprenant l’allure austère caractéristique du groupuscule, en précisant que « le chant Patriote[1] sera entonné au pied du monument à Dollard des Ormeaux ».

Publication de Nouvelle Alliance à la veille de la commémoration de Dollard des Ormeaux, le 18 mai 2025.

Les membres de NA étant certainement bien au fait de la fête populaire prévue en même temps que leur événement au pied dudit monument, il ne faisait aucun doute qu’ils avaient dû concocter un plan pour s’approprier et occuper l’espace contesté.

Ainsi, tel que prévu, le lundi matin vers 8 h, un contingent d’une douzaine de personnes, composé d’une partie du noyau dur de NA et de quelques goons possiblement recrutés pour l’occasion, s’est regroupé a l’extrémité opposée du parc La Fontaine. Ce contingent, tout de noir vêtu et en formation militaire, était visiblement équipé de gants « coqués » de combat et de protège-dents. Donc, prêt et disposé à la baston.

Eliott Labrie Lapante, membre du noyau dur de Nouvelle Alliance, n’a visiblement jamais digéré qu’on mette en question son courage! Il porte encore ici ses gants coqués, plusieurs heures après l’affrontement du matin.
Cet individu, qui nous était jusqu’alors inconnu et que nous avons identifié comme Dany Ayotte, de Québec, était particulièrement actif dans la confrontation physique du matin. On voit qu’il porte encore ses gants coqués plusieurs minutes après l’affrontement.

Le petit groupe s’est peu après mis en marche vers la statue de Dollard Des Ormeaux, dans l’objectif clair de dégager physiquement les organisateur·rices du rassemblement populaire qui commençaient à s’y installer, afin, nous le présumons, de prendre le contrôle de l’espace « par tous les moyens nécessaires ».

Heureusement, alerté·es par la publication de la veille et la possibilité d’un scénario violent, quelques militant·es autonomes se sont mobilisé·es au petit matin pour leur faire face et prévenir que des citoyen·nes ne souhaitant que mettre de l’avant leur vision d’un Québec inclusif et accueillant soient lâchement attaqué·es. Il s’en est donc suivi un affrontement physique dans la portion sud-est du parc La Fontaine, lors duquel les membres de NA n’ont pas hésité à utiliser leur équipement de combat.

Il est ainsi apparent que le noyau dur de Nouvelle Alliance est arrivé le matin en anticipant, et en désirant, ce type d’affrontement. Cette nouvelle approche combative, que nous n’avions pas jusqu’à présent associée à leur organisation, détonne incontestablement avec l’image de dandys petits-bourgeois propres sur eux mise de l’avant par le groupuscule depuis plusieurs années. Il sera intéressant d’observer pendant combien de temps encore les membres de NA pourront maintenir cette ambiguïté. Il nous semble en effet difficile d’espérer se tailler une carrière en politique officielle en faisant de l’entrisme au sein du Parti Québécois et du Bloc Québécois, et en même temps de se castagner en rangs serrés contre des militant·es de gauche.

Une fois la confrontation terminée — suite à l’intervention du SPVM —, les membres de NA ayant participé à l’agression furent retenus par la police à distance du monument où étaient prévus les deux événements rivaux de la journée.

Il convient ainsi de noter que le délai occasionné par la confrontation a permis aux organisateur·rices de la fête populaire d’installer tranquillement leurs six chapiteaux, d’accrocher de nombreuses bannières autour de la statue et d’aller de l’avant avec l’événement convivial et familial. Nous saluons donc le courage des personnes qui ont fait barrage à cette Nouvelle Alliance — aux pulsions violentes désormais décomplexées — pour protéger leur communauté et, en définitive, garantir le succès de l’événement.

Le rassemblement festif au Parc Lafontaine

Vers 10 h, l’heure de la fête arrivée, les sympathisant·es antifascistes ont commencé à se rassembler de plus en plus nombreux·euses. Des litres de café ont été servis, le maquillage pour enfants a débuté, la musique entraînante s’est mise à résonner dans le parc et les matchs de soccer improvisés ont rempli de joie ce point de repère culturel tant apprécié. L’ambiance était résolument festive!

L’une des bannières affichées autour de la statue de Dollard des Ormeaux.
Des centaines de hot-dogs ont été servis.

Plusieurs tables d’information on été installées sous des chapiteaux.
Les participant·es à la fête populaire ont scandé des solgans antifascistes pour enterrer les discours emmerdants de Nouvelle Alliance.

On ne peut pas en dire autant de l’expérience vécue par la petite bande d’identitaires rameutée autour de NA, qui n’ont pas pu s’approcher de la statue et se sont retrouvé·es à faire mine basse devant les forces de l’ordre pendant plusieurs dizaines de minutes.

Nouvelle Alliance se retranche piteusement derrière le cordon policier.

Malheureusement pour Nouvelle Alliance, la vraie vie n’est pas une cour de récréation, et le fait d’annoncer son évènement en premier ne suffit pas à réserver un espace, surtout lorsque c’est pour y propager la haine d’autrui déguisée en amour de sa nation.

Les militant·es et sympathisant·es du groupuscule nationaliste ont donc été contraint·es de s’installer sur le trottoir à plusieurs dizaines de mètres du monument à Dollard des Ormeaux, séparé·s de celui-ci par un important cortège policier et plusieurs centaines de participant·es à la fête contre le fascisme. Déçu·es et affichant leurs expressions les plus dépitées, les militant·es de Nouvelle Alliance et leurs sympathisant·es ont tenté, plutôt mal que bien, de tenir leur commémoration malgré tout, noyée par les beats de la fête populaire et les chants antifascistes.

Nouvelle Alliance commémore ses fantômes sur le trottoir.

Parlant de leurs sympathisant·es, mentionnons la présence notable de David Leblanc, un bonehead néonazi bien connu des milieux antifascistes, puisqu’il aime se prendre en photo en faisant le salut nazi (il a notamment milité avec Soldiers of Odin Québec), et dont nous avions parlé il y a exactement un an, puisqu’il était présent à la commémoration de Nouvelle Alliance du 20 mai 2024.

Le bonehead Dave Leblanc est ici pris d’une vilaine crampe au bras.
Leblanc (ici de dos) rigolait déjà franchement en mai 2024 avec les membres de NA, ici Émile Coderre.
Dave Leblanc était déjà toléré dans l’événement de Nouvelle Alliance en 2024, ici tenant le Carillon Sacré-Cœur aux côtés de son compère néonazi Shawn Beauvais MacDonald.

À l’époque, les responsables du groupuscule identitaire avaient répondu qu’ils ne pouvaient pas contrôler tous les participants à leurs évènements, puisque ce sont des activités publiques, et qu’ils ne connaissaient pas le sombre personnage qu’est Leblanc. Quelle excuse les cryptofascistes de Nouvelle Alliance vont-ils nous sortir cette année? En toute connaissance de cause et sans lever un sourcil, ces derniers ont permis à un néonazi fier et assumé de marcher à leur côté toute la journée, et ont même été jusqu’à lui serrer la main et taper la discut ».

Le bonehead Dave Leblanc se tient ici à côté du chef de Nouvelle Alliance, François Gervais, qui donne une entrevue à Alexandre Cormier-Denis, le 19 mai 2025.
Le néonazi Dave Leblanc marche avec Nouvelle Alliance, le 19 mai 2025.

Dire que certains osent encore douter de la position idéologique de Nouvelle Alliance…

Un autre sinistre personnage qui a refait apparition pour une deuxième année consécutive est Shawn Beauvais MacDonald, le principal organisateur du Frontenac Active Club, qui a encore été aperçu rôdant autour du rassemblement de Nouvelle Alliance. Après être arrivé seul, il a cette fois-ci été rejoint par deux autres personnes et est reparti peu après.

Beauvais MacDonald était déjà de la partie lors de la commémoration de Nouvelle Alliance en 2024.
Shawn Beauvais MacDonald est revenu en 2025, mais il est parti peu après cette rencontre à une certaine distance de la fête. Était-ce des acolytes? Des flics qui l’invitaient à déguerpir? Qui sait?

Toutefois, l’apparition la plus significative des figures connues de l’extrême droite à la commémoration de NA est sans doute celle d’Alexandre Cormier-Denis. Ce dernier, dont nous avons déjà parlé ici (et dont nous sommes appelé·es à parler encore très bientôt…), avait annoncé la semaine précédente qu’il comptait participer à la commémoration de NA et invité ses sympathisant·es à faire de même. Cormier-Denis, rappelons-le, est le principal animateur du projet de « réinformation » d’extrême droite, Nomos.TV, qui se démarque notamment par son nationalisme ethnique et ses positions profondément racistes et islamophobes. Rappelons aussi que ses positions extrêmes l’avaient fait disqualifier d’une commission parlementaire sur l’immigration en 2023.

Voici, pour s’en donner une idée, un échantillon (parmi des douzaines d’exemples) des positions de Cormier-Denis (sur l’immigration, « l’ensauvagement », l’avenir du patriotisme, etc.), qui doivent bien rejoindre celles de Nouvelle Alliance quelque part, puisqu’ils s’entendent comme larrons en foire :

La présence de Cormier-Denis montre clairement que le projet de société proposé par Nouvelle Alliance résonne avec les pires éléments fascistes et fascisants du Québec. François Gervais, président de Nouvelle Alliance, lui a d’ailleurs fièrement accordé une entrevue en direct de plusieurs minutes, dans laquelle nous avons eu droit à une description confuse de la journée, où étaient amalgamés antifascistes, « bolcheviques » et indépendantistes progressistes sans aucune réflexion congrue.

François Gervais en entrevue avec Alexandre Cormier-Denis pour la chaîne Nomos.tv.

Si certains ont pu croire que Nouvelle Alliance était au-dessus des discours racistes de Cormier-Denis et de ses acolytes, c’était clairement à tort. Nomos et Nouvelle Alliance sont très exactement du même mouvement.

Une fois les mornes discours de NA conclus, leur « commémoration », qui n’aura duré tout au plus qu’une vingtaine de minutes — comparativement à une heure l’année dernière — s’est tristement mue en marche solennelle (pas l’ombre d’un sourire en vue), vers 12 h 30.

Les boute-en-train de Nouvelle Alliance prennent un plaisir manifeste à défiler.

La cinquantaine de sympathisant·es du groupuscule a ainsi défilé sur la rue Rachel et la rue Saint-Denis, entouré·es de plusieurs dizaines de policiers, en direction du square Saint-Louis, d’où devait partir la Grande marche des Patriotes organisée annuellement par la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB). En chemin, les ethnonationalistes, toujours dirigés par leur président, ont scandé des slogans aux accents réactionnaires et psychorigides, tels que « Patrie, Nation, Tradition », en plus des classiques comme « le Québec aux Québécois ». Notons au passage que ces slogans font échos à ceux de l’extrême droite française. Les néonazis du Comité du 9 Mai, par exemple, qui ont marché en toute impunité à Paris il y a quelques semaines, ont l’habitude de scander, notamment, « Europe, Jeunesse, Révolution ».

Même cadence, même dégaine, même teneur : il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, il faut bien le comprendre. En plus de ses précurseurs québécois, l’inspiration de NA lui vient des pires variétés de l’extrême droite européenne (identitaires, royalistes, nationalistes révolutionnaires, etc.), et il convient de le noter.

Pendant ce temps, la Fête populaire contre le fascisme battait son plein dans la joie et l’allégresse. Plus de 500 hot-dogs ont été servis, au plus grand bonheur des petit·es et des grand·es, et les jeux et la musique se sont poursuivis encore plusieurs heures après le départ de Nouvelle Alliance.

Nous applaudissons encore une fois les efforts extraordinaires déployés par les organisateur·rices, et félicitons chaque personne qui a choisi de prendre une partie de son lundi férié pour mettre de l’avant et défendre des valeurs inclusives et antiracistes.

Il y avait de la musique…
On a bien dansé!
On a redécoré le monument à Dollard…
Entre 300 et 400 personnes sont passées par la fête au cours de la journée.
Plusiseurs drapeaux, dont celui des fiertés, flottaient sur la fête antifasciste.

Notons également la présence à la fête de nombreux·ses militant·es indépendantistes progressistes, et notamment des membres du Front pour l’indépendance nationale (FIN) et de OUI Québec, qui brandissaient une affiche produite pour l’occasion : « L’indépendance du Québec sera antifasciste ».

Le tricolore des patriotes flottait lui aussi sur la fête antifasciste!

Au square Saint-Louis

Mais les mésaventures de Nouvelle Alliance n’étaient pas terminées : elles se sont poursuivies à son arrivée au square Saint-Louis, vers 13 h, lorsque ses membres ont tenté une fois de plus de parasiter la Grande marche des Patriotes organisée annuellement par la Société Saint-Jean-Baptiste. À leur grand désarroi, leur présence ne fut pas la bienvenue, et ce, pour la deuxième fois de la journée!

La SSJB, contrairement à l’année dernière, avait réfléchi à la pertinence de ses partenariats et pris la décision judicieuse d’indiquer à l’avance aux dirigeants de Nouvelle Alliance qu’ils ne pourraient pas prendre part à leur marche cette fois-ci. Toutefois, comme les bottines ne suivent pas toujours les babines, le moment venu, la position officieuse des têtes dirigeantes de la SSJB n’a pas su s’imposer. La SSJB a au contraire tenté de négocier un compromis avec Nouvelle Alliance, leur permettant de participer s’ils acceptaient de ranger bannière et drapeaux. Tout comme l’an dernier, cependant, les militants de NA sont revenus sur leur parole et ont bel et bien déployé leurs couleurs dès que le cortège s’est ébranlé. Par chance, la présence d’un petit (mais solide!) contingent indépendantiste progressiste a contrecarré leurs plans.

En effet, des militant·es de OUI Québec accompagné·es de camarades du Front pour l’indépendance nationale (FIN) se sont regroupé·es pour empêcher Nouvelle Alliance de marcher au sein du cortège principal, créant un cordon sanitaire crucial. Après un moment de flottement lors duquel les indépendantistes progressistes ont courageusement tenu la ligne, malgré la présence plus nombreuse des militant·es de NA, la police est intervenue pour séparer les deux camps et, littéralement, tasser les progressistes du chemin.

Nouvelle Alliance s’est heurté à un contingent antifasciste parmi le regroupement indépendantiste, qui a empêché le groupuscule identitaire de rejoindre le cortège principal de la Grande marche des Patriotes.

L’entièreté de la marche organisée par la SSJB s’est ainsi déroulée sans la présence toxique de Nouvelle Alliance, cette dernière marchant plusieurs dizaines de mètres derrière, complètement encadrée par le SPVM.

Des indépendantistes progressistes ont formé un cordon sanitaire entre Nouvelle Alliance et la Grande marche des Patriotes.

Nous tenons à féliciter OUI Québec et le FIN, qui ont eu le courage d’assumer leurs principes antifascistes malgré l’appui chambranlant des organisateur·rices de la marche. Nous avons souvent critiqué au fil des ans les mouvements indépendantistes contemporains pour leur complaisance à l’égard des groupes d’extrême droite qui polluent leurs rangs. Rendons à César ce qui revient à César : la récente prise de position forte de OUI Québec est à tout le moins encourageante pour l’avenir du mouvement souverainiste.

Malheureusement, tous les groupes souverainistes ne sont pas créés égaux, et la présence saugrenue de l’Action socialiste de libération nationale (ASLN) à la Grande marche des Patriotes le prouve. Ces derniers, dont nous avons récemment démontré le rapprochement avec Nouvelle Alliance, se sont joints à leurs nouveaux camarades le temps de la marche. De franches poignées de main ont été échangées, et quelques détonnant points rouges ont été aperçus au milieu des drapeaux bleus du contingent de Nouvelle Alliance. Cette situation marque un point tournant dans les relations entre l’ASLN et NA. Alors que les deux collectifs cachaient jusqu’à tout récemment leur rapprochement, le chat est désormais sorti du sac et leur alliance s’en trouve officialisée. Malgré leurs différences idéologiques quant au futur idéal pour le Québec, il semblerait que leurs positions sociales réactionnaires présentent un terrain d’entente suffisant. Que le reste du camp indépendantiste soit avisé, un soutien à l’un de ces deux groupes est un soutien pour leur projet de société conservateur, anti-immigration, anti-diversité, « anti-wokes » et foncièrement réactionnaire.

Une image qui résume toute la sordide affaire : le chef de Nouvelle Alliance, François Gervais, flanqué du bonehead néonazi, David Leblanc, accorde une entrevue au fanatique ultranationaliste ethnique, Alexandre Cormier-Denis, pour la chaîne de réinformation d’extrême droite, Nomos.TV, pendant que Billy Savoie et les bozos staliniens de l’ASLN ricanent comme des benêts en arrière-plan.

Conclusion

Comme nous avons pu le constater, Nouvelle Alliance s’affirme de plus en plus dans une niche d’extrême droite assumée et violente dont elle pensait naïvement pouvoir sortir avec gloire et infecter de ses idées nauséabondes le mouvement souverainiste.

Il serait donc temps que les médias traditionnels diffusent les bonnes informations et ne gobent pas la propagande mensongère, déjà très active, des milieux d’extrême droite québécois. Il est dommage, par exemple, que des journaux publient sans broncher les états d’âme de commentateurs confus ou de mauvaise foi, comme la militante laïcarde Nadia El-Mabrouk dans le cas qui nous occupe, qui dans une lettre publiée dans Le Devoir du 23 mai, avoue d’emblée ne pas vraiment connaître Nouvelle Alliance (et donc ignorer ce qu’ils portent comme projet et discours), mais défend tout de même leur présence dans la grande famille souverainiste, en nous invitant du même souffle au dialogue et à l’amour universel…

Heureusement, la nouvelle génération souverainiste ne s’y trompe pas, comme en fait foi la prise de position de OUI CVM, qui dénonce haut et fort cette nouvelle alliance réactionnaire et tout ce qu’elle représente.

La lutte pour l’indépendance du Québec est une question fort complexe, et les antifascistes de différentes allégeances ne s’entendent certainement pas sur la finalité, mais quoi qu’il advienne du Québec à l’avenir, nous faisons aujourd’hui cette promesse : les fascistes n’y feront JAMAIS la loi.

Bonus tracks :

Le militant de premier plan de Nouvelle Alliance, Émille Coderre, dont nous avons déjà évoqué le passé problématique et maintes fois relevé les entrées au PQ et au Bloc, se fend ici d’un geste de la main largement réputé pour être un signe de reconnaissance des mouvements suprémacistes blancs contemporains… Bravo, champion.

The many moods of Franky Gervais…

[1]               [Tex Lecor, 1969]

Tous les regards sur le Nehirowisiw Aski!

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Mai 232025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À l’heure actuelle, des blocus s’érigent sur le territoire Atikamekw (Nehirowisiw Aski) afin de résister au nouveau régime forestier de la CAQ. En solidarité, des militant.e.s anti-colonialistes ont saisi contrôle de l’intersection de Papineau et Ontario durant l’heure de pointe.

Paralysant toute circulation en direction du pont Jacques-Cartier pour près de 20 minutes avant que la police arrive, les manifestants ont utilisé des fusées éclairantes pour se protéger des motoristes effronté.e.s. La police a été prise par surprise et s’est retrouvée incapable d’intervenir. Les manifestant.e.s ont pris la rue après avoir quitté l’intersection et ont pu se disperser sans arrestation ni intervention policière. Le succès de cette action nous inspire durant un moment critique qui demande plus de solidarité avec les gardien.ne.s du territoire qui refusent activement le land grab de la CAQ.

Les blocus érigés sur les routes de grumier ont besoin de support urgent pendant que la saison d’exploitation forestière recommence. Les Gardien.ne.s du territoire Nehirowisiw Aski résistent actuellement les actes coloniaux d’exploitation et de destruction sur leur territoire. Ici se trouve la première ligne de résistance au nouveau régime forestier de la CAQ – un régime qui vise à céder une immense portion des forêts du soi-disant Québec à l’industrie forestière sans consentement ni égard. Les Gardien.ne.s du territoire appellent pour du support immédiat et des actions de solidarité. Que ce soit en forme de présence au blocus, d’action ici à Tiohtià:ke, ou de dons de matériel ou d’argent, cette lutte doit être assumée par les gens de la ville. Nous devons perturber tout confort et toute complicité paisible.

Les gardien.ne.s du territoire ne sont pas les seul.e.s responsables pour la protection de leurs terres et pour la résistance à la marche de la mort colonale de l’industrie extractive – Il existe des premières lignes de résistance partout. N’attendez pas la permission. Ne demandez pas la justice. Les Gardiens du territoire nécessitent du support matériel et immédiat et de courageux.ses complices anticolonialistes.

Si une fenêtre meurt dans la nuit, est-ce qu’elle fait du bruit?

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Mai 102025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une question flotte dans le milieu anarchiste depuis quelques temps. Quel est le rôle que doivent/peuvent jouer les manifestations dans la politique que nous menons?

Voici un point de vue situé sur la question.

Ma réflexion pourrait se résumer en un seul énoncé. Les manifestations ont un rôle à jouer dans l’élaboration d’un devenir révolutionnaire, mais c’est un rôle situé dans un contexte qui doit les dépasser. En d’autres mots, il faut arrêter de voir les manifestations comme une fin en soi et commencer à les réfléchir comme un outil. Un outil parmi tant d’autres qui nous sert à atteindre nos buts politiques.

L’enjeu réel derrière la question des manifestations est notre incapacité collective à déterminer nos objectifs politiques. Et c’est pourquoi il est si difficile de déterminer quel rôle devrait jouer celles-ci dans notre univers politique. À force d’être incapable d’imaginer et de matérialiser un devenir révolutionnaire, les manifestations ont fini par prendre toute la place de notre répertoire d’action politique. Nous n’avons plus qu’une seule idée en tête. Faire des manifestations, pour tenir tête à la police, briser une vitre et espérer inspirer par l’action de nouvelles camarades à se joindre à notre cause. Après plus de 15 ans de la reproduction de ce modus operandi, il est temps d’en admettre les limites. Force est que malgré la répétition continue de manifestations, et ce malgré le perfectionnement de la pratique de confrontation face à la police, notre milieu et nos idées politiques stagnent.

Il a été défendu que la solution face à cette stagnation était d’augmenter le nombre de participant.es présent.es dans nos manifestations. Par le nombre, nous serions en meilleure posture d’affronter la police. Mais cette hypothèse ne fait que rejouer la même pièce de théâtre de la politisation à travers la confrontation avec la police.

Et si c’était le contraire? Et si pour tenir tête à la police, il fallait d’abord et avant tout politiser les gens. Cette phrase paraît évidemment simple, mais je suis bien conscient qu’en elle compose un défi énorme. Est-bien malin celui ou celle qui a compris comment repositionner notre politique révolutionnaire dans le contexte politique actuel.

Sans avoir d’idées claires sur ce qu’il faut faire, voici humblement deux pistes de réflexion…

Hypothèse 1

Il faut recommencer à se poser la question du sens de nos actions et manifestations. Arrêter de les voir comme une finalité en soi, mais comme un outil parmi tant d’autres. Comment cette manifestation ou cette action se positionne dans notre stratégie à plus long terme? Qu’est-ce qu’on veut aller chercher avec celles-ci. Est-ce qu’on veut créer du lien? Est-ce qu’on veut favoriser un sentiment de victoire et de joie? Est-ce qu’on veut favoriser la confrontation (qui n’est évidemment pas anti-éthique à un sentiment de joie!)

Une action peut être utile de mille et une manières dans l’avancée des luttes révolutionnaires et il est important selon moi de sortir de la réflexion en silo qui fait de la manifestation un lieu automatique de confrontation face à l’État. J’aime 100 fois mieux une manifestation joyeuse et non confrontationnelle qui nous ferait gagner en puissance et qui nous mènerait éventuellement à une lutte victorieuse que le sentiment d’urgence de devoir attaquer l’État ici et maintenant à tout moment. En d’autres mots, cherchons la confrontation avec l’État, car c’est souvent celle-ci qui permet la radicalisation d’un mouvement, mais pas n’importe quand et à n’importe quel prix.

Hypothèse 2

Augmenter notre nombre et notre force collective dans les manifestations et dans nos luttes en général implique de réfléchir à des façons d’impliquer des gens en dehors de nos milieux.

La meilleure expérience que je connais pour expliciter cette idée m’a été relatée par des militant.es de Chicago et me semble intéressante à rapporter ici pour nous en inspirer.

En 2012, la ville de Chicago a été désignée pour accueillir un sommet de l’OTAN. Dans la tradition des contre-sommets, les anarchistes locaux ont décidé de s’organiser pour perturber l’événement. Mais une question s’est rapidement imposée. Comment, avec leur nombre limité de militant.es, ne pas se faire casser la gueule par la police?
La réponse à cette question : en faisant en sorte qu’il soit impossible pour la police de leur taper dessus, en ayant une image positive auprès de la population du quartier dans lequel se tiendrait le sommet. Le moyen d’arriver à leur fin : organiser durant environ un an un marché illégal dans un parc d’un quartier populaire de leur ville.

L’idée était de créer un espace agréable et utile pour les résidents du quartier tout en sachant qu’éventuellement, de par l’absence de permis, il faudrait le défendre face à l’État qui voudrait l’arrêter. Durant l’année qui a précédé le sommet, ils ont donc tenu ce marché public qui était grandement apprécié et visité par les gens du quartier. Et comme prévu, éventuellement la ville a voulu intervenir et empêcher l’activité. Les résidents alliés aux anarchistes ont défendu physiquement le parc où se tenait la manifestation et ont tenu tête à la police.

Résultat, une fois le moment du contre-sommet venu, non seulement la police n’a pas pu attaquer en toute impunité les anarchistes car illes avaient acquis une excellente réputation dans le quartier, mais les résident.es allié.es se sont largement joints à la manifestation permettant ainsi aux anarchistes d’avoir une meilleure chance de perturber l’événement.

L’idée que je cherche à défendre à travers ces deux hypothèses est qu’il faut réfléchir au sens que l’on donne aux manifestations. À la fois dans leur rôle qu’elles peuvent jouer dans nos plans politiques, mais aussi au sens qui donnent envie aux gens de s’y joindre et de les défendre avec leur corps quand il est nécessaire. Car rien ne donne plus de force et de courage que de défendre quelque chose auquel on tient au plus profond de nous-mêmes.

David Barrette, le suprémaciste blanc… toujours protégé par son employeur

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Mai 092025
 

De Montréal Antifasciste

En août dernier, la publication de notre article sur le Frontenac Active Club semble avoir mis un frein important aux volontés d’expansion de ce groupe d’inspiration néonazie.

Martin Brouillette, de Rawdon, après s’être fait barrer l’entrée du gym où il s’entraînait, nous a contactés pour nous demander de retirer son nom de l’article… pour la sécurité de sa famille. Évidement, sa famille n’a jamais rien eu à craindre des antifascistes, et c’est seulement son propre militantisme suprémaciste blanc et ses nombreuses provocations sur les réseaux sociaux qui ont produit son sentiment d’insécurité. À ce jour, nous n’avons pas d’indice nous permettant de croire que Martin Brouillette poursuit ses activités néonazies… hormis le fait qu’il affiche encore fièrement ses tatouages fascistes sur son compte Facebook, avec ses enfants.

Les autres membres du groupe n’ont plus donné signe de vie, et les publications sur le compte Telegram de FAC se sont réduites, pour l’essentiel, à la republication du contenu généré par d’autres groupes du réseau Active Club international et d’autres affiliés néonazis du Canada anglais.  Dernière mention en date : des membres du FAC auraient participé à la plus récente action de visibilité du réseau nationaliste blanc (néonazi) formé autour du groupuscule Nationalist-13, à Toronto, le 3 mai dernier, avec une trentaine d’acolytes de la région et d’ailleurs au Canada.

Quant à celui qui faisait office de leader du groupe, Raphaël Dinucci, de Laval, il n’a pas immédiatement réagi à l’article, mais le changement de leadership au sein du FAC s’est poursuivi, et il s’est progressivement effacé du portrait pour laisser la place à Shawn Beauvais MacDonald. On ne présente plus ce dernier, sulfureux personnage qui s’est illustré dans les dernières années en participant à tous les projets néonazis québécois (Alt Right Montréal, Atalante, White Lives Matter, etc.) et en participant largement à leur autodestruction!

Celui-ci a continué à faire ce qu’il fait le mieux, en dépit de son pseudo « FriendlyFash » : être une personne absolument détestable. On a pu, par exemple, le voir errer seul les fins de semaine sur l’avenue Mont-Royal ou le boulevard Saint-Laurent, portant des vêtements ostentatoires à la gloire d’Adolf Hitler, faisant semblant de lire en terrasse et attendant des provocations antifascistes qui ne viennent pas (nous ne sommes pas complètement idiot·es). Seul, il ne l’a pas toujours été, puisqu’il a durant quelques mois pris sous son aile la très jeune et raciste Sandrine Girardot (dont nous avons déjà parlé) en l’hebergeant chez lui. Il semble, au vu de récentes publications, que le militant neonazi de 40 ans se soit finalement conduit avec la jeune Girardot (24 ans) comme l’ordure et le prédateur qu’il est.

Mais venons-en au principal objet de cet article : David Barrette, de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Contrairement aux autres membres du Frontenac Active Club, que la discrétion en ligne caractérise (à l’exception notable de Beauvais-MacDonald), David Barrette a plutôt tendance à repousser les limites de l’expression ordurière avec ses discours haineux en ligne. Il fait l’éloge d’Hitler, compare la forme des crânes de différentes « races » en fonction de leur intelligence et se moque des meurtres de personnes racisées aux mains de la police; rien n’est trop raciste (ou même trop nazi) pour Barrette. Les normes de modération de Facebook étant désormais pratiquement inexistantes, Barrette est libre d’y publier quotidiennement ses élucubrations nazies sans aucune répercussion.

Il est également clair que la police et les tribunaux au Québec ne sont pas vraiment intéressés à combattre les discours haineux en ligne. Qu’on en prenne pour preuve leur inaction totale devant des infractions claires et répétées, ou le pitoyable bâclage de l’affaire contre Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger ». Au risque de nous répéter, il est à nouveau évident que c’est à la communauté dans son ensemble qu’incombe la responsabilité de lutter contre les marées montantes du racisme et du fascisme, qu’il s’agisse de personnes alignées sur l’antifascisme militant, ou de quiconque désire prendre des mesures concrètes.

Nous avons été choqués récemment de voir Barrette franchir un nouveau pas dans la violence en ligne. Dans un récent message, il a écrit : « Fuck your optics, I’m going in » [« Je me fous des apparences, je me lance »] – une référence claire à la phrase qu’a publié le tireur de la synagogue Tree of Life, à Pittsburgh, en octobre 2018, juste avant de tuer onze personnes de confession juive –, ce qui peut raisonnablement donner l’impression que Barrette est lui aussi sur le point de se lancer dans un massacre de même nature. Il a peu après fait suivre son message d’un « Je plaisante… », et le fait que rien ne se soit produit tend à confirmer qu’il « plaisantait » effectivement, mais ce type de « plaisanterie » (surtout venant d’un antisémite décomplexé comme Barrette) n’est pas à prendre à la légère.

Nous avons déjà établi dans notre dernier article que David Barrette est une menace constante pour nos communautés – il a attaqué un rassemblement pro-LGBTQ+, diffuse des discours haineux en ligne comme d’autres respirent, et il a des antécédents de violence documentés par son casier judiciaire (voir plus loin dans cet article) –, mais le fait de déclarer publiquement qu’il se prépare à commettre une fusillade de masse est clairement un drapeau rouge, peu importe qu’il « plaisante » ou non. Prédire les fusillades de masse est une tâche pratiquement impossible, de l’avis même des spécialistes en la matière, mais nous pouvons au moins attester que Barrette présente un grand nombre de signaux d’alarme en ce qui a trait à ses opinions nazies extrêmes, et qu’il les a déjà mises en pratique en dehors du monde virtuel (que ce soit en s’organisant avec le Frontenac Active Club ou en attaquant physiquement des personnes LGBTQ+ lors d’une manifestation). Nous pensons que la collectivité doit être informée de cette affaire et la prendre très au sérieux, mais il nous apparaît particulièrement important de la signaler à son employeur, l’entreprise GloboTech Communications (ou plus simplement Globo.tech).

Barrette est très prolifique sur la plateforme de clavardage IRC, où lui et quelques autres minables passent leurs journées à dire de la merde absolue, ou dans le cas de Barrette, à parler de son amour pour Hitler et de sa haine des personnes racisées et LGBTQ+. À un moment donné, il mentionne : « j’ai un collègue arabe et je l’aime bien »… On ne peut qu’imaginer à quel point cette relation de travail doit être intense. D’autant plus qu’à un autre moment, il dit : « jparle avec des juives, des noires, des arabes… »… « jleur dit ouvertement que le but c’est de deporter (des) millions de personnes comme eu » (sic). Et croyez-le ou non, c’est l’une de ses réflexions les plus cohérentes, parmi les divagations d’un nazi halluciné qui se nourrit de haine.

Un petit répit comique est venu interrompre ce flot incessant de haine sur IRC, le mois dernier, lorsque Barrette a accidentellement publié une photo de sa bite dans le clavardoir du groupe #montreal — et les réactions étaient impayables :

Nous savons que plusieurs personnes préoccupées et se sentant concernées par la lutte contre les idées haineuses ont contacté Globotech, l’entreprise qui emploie David Barrette. Étrangement, cette entreprise semble insister pour protéger le néonazi : aussitôt que son nom est mentionné, que ce soit au téléphone, par courriel ou par le service de clavardage, les représentant·es de l’entreprise n’ont soudainement plus rien à dire.

Récemment, des camarades nous ont informé·es du lourd dossier criminel de David Barrette, pour des faits qui laissent présumer que le principal intéressé pourrait avoir un profil de récidiviste violent. Un survol de son dossier criminel nous montre qu’il a été déclaré coupable de menaces de mort ou d’avoir causé des lésions, de menace de brûler ou d’endommager des biens, de complot, de non-respect de probation…

À propos des multiples noms de domaines gérés par Barrette (nous avons déjà établi que les domaines national-socialists.club et freespeech.club lui appartiennent) nous ne sommes pas en mesure de prouver qu’ils sont hébergés chez GloboTech, puisqu’ils sont cachés derrière Cloudflare.

Toutefois, nous avons découvert une chose très intéressante dans les enregistrements MX (Mail eXchange, une liste de serveurs qui ont le droit d’envoyer des courriels pour le compte d’un nom de domaine). En effet, Barrette avait inclus une des adresses IP de Globo.tech dans la liste des serveurs acceptés pour freespeech.club et national-socialists.club. Seuls les administrateurs de GloboTech peuvent savoir si les sites web (dont l’un est clairement à caractère nazi) sont hébergés sur leurs serveurs, mais les enregistrements MX montrent que Barrette avait au minimum l’intention d’utiliser les serveurs de Globo.tech pour envoyer des courriels à partir de ses sites.

Les responsables de Globo.tech semblent penser qu’illes peuvent rester neutres dans la situation actuelle, mais la neutralité n’existe pas, et encore moins lorsqu’elle sert à protéger un nazi qui attaque des manifestations LGBTQ+, propage la haine sur Internet et fait au passage allusion à des tueries de masse.

Et lorsque GloboTech protège David Barrette, l’entreprise elle-même en devient malheureusement complice, d’autant plus si par son inaction, elle lui permet d’utiliser ses ressources pour diffuser de la haine.

GloboTech ne peut pas faire l’autruche plus longtemps.

L’enfer est brun, l’enfer est rouge : le « communisme » dévoyé de l’ASLN rencontre le nationalisme ethnique de Nouvelle Alliance

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Mai 032025
 

De Montréal Antifasciste

[Collaboration avec Québec Antifasciste et le Collectif Emma Goldman.]

En février dernier, la page FB Poubelle Alliance, qui se donne un malin plaisir à satiriser le groupuscule identitaire Nouvelle Alliance (NA), dont nous avons souvent parlé (notamment ici et ici), révélait de présumés liens naissants entre ce dernier et l’Action socialiste de libération nationale (ASLN, anciennement, le Parti communiste du Québec).

Nous savions déjà que cette formation marginale appartient à un segment de la gauche qui ne nous charme pas tant : ringarde et poussiéreuse dans ses idées, nationaliste, antiwoke (c’est-à-dire, en langage clair, réactionnaire) et, fidèle à la tradition rouge-brune, complaisante envers des régimes autocratiques. (Après avoir quitté Québec Solidaire pour appuyer le Parti québécois des « camarades » Péladeau et Lisée – voir « Le Parti communiste appuie… le PQ » [Le Journal de Québec, 2018]; « Des communistes séduits par PKP » [La Presse, 2014] – , l’aile jeunesse du parti aurait été séduite par les sirènes du stalinisme, notamment en réhabilitant Enver Hoaxa, qui fut le premier ministre de l’Albanie pendant plus de quarante ans, et le dictateur roumain Nicolae Ceausescu.)

Un rapide coup d’œil au site internet et aux communications récentes de l’ASLN (dont des tentatives de mèmes qu’on ne pourrait décrire autrement que comme ultrapoches) suffit à révéler le caractère profondément cringe de cette bébitte, à la fois sur le fond et dans la forme.

Folklorique galerie de portraits mise en évidence lors d’un « camp de formation » de l’ASLN, en février dernier. On reconnaît à droite le toujours actuel et pertinent Joseph Staline. Yikes.
Un échantillon de la mémétique avant-gardiste de l’ASLN.

La nature exacte des liens entre l’ASLN et Nouvelle Alliance restait à définir, mais plusieurs indices tendaient à en valider l’hypothèse. Il est a priori pour le moins étrange qu’une formation qui se veut de gauche, tout réactionnaire soit-elle, tende littéralement la main à des militants situés à l’extrême droite de l’échiquier politique sur la base d’une aspiration commune à l’indépendance du Québec, mais nous avons désormais la preuve tangible de ce rapprochement.

Le 24 mars dernier, l’ASLN a mis en ligne une invitation à un « Colloque des patriotes » devant avoir lieu à Desbiens, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les 3 et 4 mai prochain, au programme duquel figure un « débat » entre les « chefs » de l’ASLN et ceux de Nouvelle Alliance. S’en est suivi une série de publication sur TikTok et Instagram où Billy Savoie, le « chef » de l’ASLN, fait la promotion de l’événement et du débat en question, en promettant notamment de confronter les militants de Nouvelle Alliance sur leurs « niaiseries ». Et d’autres mots concernant de la tourtière et des œufs cuits durs.

Nous persistons pour notre part dans la conviction qu’ouvrir le débat avec des ethnonationalistes revient à les légitimer, et que cette ouverture à leur égard est en réalité un signe d’ouverture à leurs propositions toxiques.

De plus, il est permis de se demander si l’ASLN porte réellement des positions susceptibles de remettre en question les « niaiseries » de Nouvelle Alliance ou de créer un « débat » un tant soit peu intéressant ou pertinent. (Spoiler alert : nos attentes sont basses.) Voici à ce propos la réponse éclairante de Billy Savoie à un message laissé sous la publication faisant l’annonce du colloque :

Le « chef » de l’ASLN, Billy Savoie, explique ici à un internaute que le communisme de son organisation n’est pas d’extrême gauche… On ne peut qu’approuver.

Nationalistes antiwokes, se défendant d’être réactionnaires en mettant de l’avant des personnes de couleur tokenisées… jusque là, la différence avec Nouvelle Alliance paraît assez mince. Fans du Parti Québécois, catholaïques et opposés à « l’immigration massive », on dirait plutôt que la communiste ASLN cherche à rivaliser de régressisme avec Nouvelle Alliance pour se tailler un créneau sur l’échiquier nationaliste/indépendantiste… mais drapée de rouge.

Vouloir nationaliser les multinationales – si elles sont étrangères – et encourager les PME – si et seulement si elles sont marquées du sceau national – c’est plus ou moins cohérent dans une authentique perspective communiste, pour un ensemble de raisons assez évidentes. Le communisme sans l’abolition des systèmes oppressifs, c’est déjà un communisme dévoyé, mais se déclarer communistes ET nationalistes, tout en proposant des politiques sociales plus ou moins identiques à un groupuscule d’extrême droite, ça devient carrément du rouge-brunisme toxique.

En l’occurrence, l’Action socialiste de libération nationale semble surtout jouer le jeu de Nouvelle Alliance en légitimant leur démarche et en leur donnant une plateforme supplémentaire pour faire valoir leur vision étriquée de la nation canadienne-française.

NA s’est toujours prétendue ni de droite ni de gauche, malgré sa plateforme clairement réactionnaire et la horde de ses sympathisants fascisants, quasi-fascistes et full-blown fascistes! En donnant la parole à ces militants logés à l’extrême droite, quoi qu’en en disent ses « chefs », l’ASLN semble se fendre en quatre pour amplifier leur message.

Quant à NA, elle se retrouve ici avec les seuls confus (c’est le moins qu’on puisse dire) qui acceptent encore de leur parler.

Avec cette dérive évidente, l’ASLN perd des plumes; ses militants sont persona non grata dans les milieux indépendantistes, et certains des initiateurs du groupe n’apparaissent plus dans leurs publications.

Est-ce que devenir chummy-chummy avec l’extrême droite aurait pu créer des tensions au sein d’une formation théoriquement de gauche? Qui sait, peut-être que les autres membres de leur exécutif comprendront à qui profite vraiment ce rapprochement grotesque…

Un des « chefs » de l’ASLN, Sébastien Paquette, sympathise avec le « chef » de Nouvelle Alliance, François Gervais.

Bonus track :

Billy Savoie, qui est semble-t-il enseignant au secondaire, donne à lire à ses étudiant·es de secondaire 5 un livre d’Alexandre Dougine, qui est tristement connu pour être la conscience idéologique de Vladimir Poutine, et pour être le fondateur du mouvement National-Bolchévique. Et la la.

Libérons la bouffe

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Mai 022025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Hochelaga, 30 avril, 21h

Ce soir, des gens ont fait de l’entraide combative. La bouffe devrait être gratuite, comme tous les biens essentiels. Le fléau du capitalisme a fait en sorte que les essentiels comme la nourriture et le logement soient des choses à gagner plutôt que des besoins de base inaliénables.

Aujourd’hui, nous rendons la nourriture gratuite à notre façon en libérant la subsistance pour la redistribuer dans la communauté. Et nous le ferons à nouveau. L’appareil d’État pourrait essayer de nous en empêcher et en le faisant, montrer ses vraies couleurs. Le gouvernement et les intérêts corporatifs qu’il sert ne sont pas vos amis. Ils vous laisseront mourir de faim plutôt que sacrifier leurs intérêts. Mangez librement!