Commentaires fermés sur « Quand on est nombreux.se.s, on fait ce qu’on veut » Analyses et propositions à partir de la séquence de manifs actuelles
Avr102025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Manif contre la brutalité policière du 15 mars, Manif contre la loi sur le flânage dans le métro du 28 mars, Manif de la Vengeance Trans le 31 mars : Pourquoi est-ce que les nombreuses manifestations combatives annoncées récemment se sont soldées par un écrasement policier brutal ?
Nous décidons d’écrire ce texte en ce moment, car nous constatons qu’un sentiment de frustration est partagé chez plusieurs personnes et nous souhaitons profiter de ces multiples expériences d’échec pour mieux comprendre la situation politique dans laquelle nous nous trouvons collectivement en tant que mouvement révolutionnaire. De cette réflexion, nous tentons d’identifier des tâches politiques à mener qui nous permettraient d’envisager une sortie de cet état d’impuissance. C’est le travail politique fondamentale de consolidation d’une force collective à travers l’intervention et la mobilisation autonome qui est notre tâche principale pour se rendre capable de mieux tenir tête aux chiens de garde de l’État et du capital en contexte de manifs. Nous ne souhaitons pas créer des conflits polémiques inutiles, la tradition gauchiste par excellence, ou viser des individus/groupes en particulier, mais plutôt mettre sur la table des réflexions concrètes sur nos lacunes en tant que militant-e-s et mouvement révolutionnaire par rapport au contexte de la politique de rue.
Situation actuelle
Force est de constater que le paradigme d’intervention du SPVM dans les manifestations plus « radicales » ou « combatives » s’est modifié significativement dans les dernières années. À travers des échanges avec d’autres camarades, nous arrivons à la conclusion que, entre le changement de leadership se voulant pacificateur au SPVM et les compensations monétaires liées aux arrestations illégales de 2012 et 2015, l’antiémeute avait fait le choix d’adopter une attitude de laissez-faire presque laxiste entre 2022 et 2024, priorisant les interventions ciblées plutôt que la dispersion de masse. Ainsi, les 15 mars 2023 et 2024 s’étaient dispersés par eux-mêmes, les quelques arrestations répertoriées visant souvent des personnes spécifiques et facilement identifiables. Ironiquement, cette tactique fonctionnait relativement bien pour la police : en l’absence d’escalade et de confrontation, la manifestation se limitait souvent à de légers dégâts matériels, au grand bonheur des vitriers, et finissait par se disperser dans un métro, sans que l’antiémeute ait besoin d’effectuer des interventions plus risquées ou d’utiliser leurs jouets qui, rappelons-le, sont tout de même dispendieux.
Cependant, nous croyons que nous assistons actuellement à un changement de paradigme. Il ne semble pas déraisonnable d’affirmer que cette escalade de répression a commencée pendant l’été des campements pro-Palestine. Face à la pression politique, l’attitude de la police s’est durcie, particulièrement lors des manifestations dans les alentours des campements à l’UQAM et à McGill. Lors des confrontations, parfois hors du contexte de manifestation, les forces policières se montrent particulièrement agressives, bousculant les militant-e-s, faisant bon usage de leur stock de poivre de cayenne et tentant d’arrêter, parfois de façon complètement aléatoire, des militant-e-s. Dans ce contexte, les camarades impliqué-e-s dans les campements ont réagi-e-s comme iels le pouvaient, avec des degrés variables de réussite.
Si la police n’a pas cessé d’employer des tactiques de plus en plus répressives, un moment en particulier marque, pour nous, un tournant dans l’approche qu’adoptera le SPVM dans les événements subséquents : la manifestation du 22 novembre contre l’OTAN. En guise de rappel, pendant le trajet, une escouade de policiers antiémeute s’était retrouvée aspergée de peinture rose, les mettant effectivement hors d’état de nuire pour le reste de la manifestation. Ce qui s’en est suivi est un échec lamentable des forces du SPVM, prises par surprise, à contrôler la foule, accordant ainsi un moment d’impunité aux camarades qui souhaitaient s’adonner à l’art urbain. Les réactions médiatiques des jours suivants ont aussi été considérables en comparaison avec le reste des manifestations que nous avons connues dans les dernières années : dénonciations publiques, appels aux arrestations et menaces de procédures judiciaires de la part de politicien-ne-s au municipal, provincial et fédéral.
Depuis, l’heure de la récréation est terminée : la police a cessé de nous faire croire que nous avions une capacité de contrôle dans la rue, et ses interventions dans les récentes manifestations témoignent de l’ampleur de la pression politique qui lui a été imposée suite aux événements du 22 novembre. Même 4 mois plus tard, lors des rassemblements précédant les manifestations, ils arpentent la foule en indiquant à leurs sous-fifres de repérer celleux dont l’équipement serait encore tâché de peinture rose, maintenant symbole de leur humiliation et marqueur des fauteurs de troubles. Nous en profitons d’ailleurs pour rappeler aux camarades que, si iels utilisent encore de l’équipement sali par leurs récentes promenades, il serait plus que temps de le remplacer.
Nous en arrivons donc à la situation actuelle : Lors des manifestations du 15 mars (Contre la brutalité policière), du 28 mars (Contre la nouvelle loi anti-flânage dans le métro) et du 31 mars (Journée de la Revanche Trans), la police a fait preuve d’une intransigeance et d’une agressivité que nous n’avions pas vu depuis un moment. Pourtant, ces manifs se voulaient combatives, circulant des images, des messages et des slogans appelant à la radicalité, l’action directe, voire la confrontation violente avec l’État. Nous considérons que nous n’avons pas été à la hauteur de cette publicité. Les effectifs policiers étaient plus nombreux que d’habitude, et incluaient souvent des polices montées ainsi que plusieurs escouades d’antiémeutes. Avant le début du trajet, ils circulent dans la foule, filment les camarades qui se changent, tentent de retirer tout objet obstruant leur vision, dont les bannières, s’adonnent à une provocation presque troll et nuisent à la composition d’un groupe compacte et anonyme de manifestant-e-s. Comme mentionné précédemment, ils en profitent aussi pour identifier les personnes qu’ils jugent susceptibles de commettre des méfaits, dont celles ayant des marques de peinture rose ou de l’équipement témoignant d’une préparation à la confrontation (cagoule, masque à gaz, casque, etc). Du moment que nous prenons la rue, c’est l’intimidation qui est de mise. La manifestation est immédiatement encerclée par des cordons d’antiémeutes. Les agents en profitent pour tenter de provoquer la confrontation en pointant des lumières dans la foule, en arrachant du matériel (bannières, parapluies, etc), en bousculant et en criant après les manifestant-e-s. Bien sûr, ces tactiques ne sont nullement nouvelles, mais force est de constater qu’elles sont appliquées avec plus d’intensité et de fréquence. Puis, à la moindre confrontation, ou, dans le cas du 31 mars, lors d’un léger débordement, all hell breaks loose : nos camarades se font asperger de poivre et de gaz, se font matraquer, bousculer et jeter par terre avec une agressivité qui, si elle n’est pas inattendue de la part de la police, contraste nettement avec l’attitude relativement calme des dernières années. Face à cette violence, il nous apparaît souvent impossible de résister, et nos manifestations se soldent par des échecs cuisants ainsi que par des situations choquantes et dangereuses pour nos camarades.
Le contrecoup de ces manifestations, même en dehors des blessures physiques, nous le constatons dans nos discussions avec nos camarades : frustration, colère, démotivation et peur. Nous-mêmes nous sentons angoissé.e.s face à la situation, qui ne fait qu’alimenter le sentiment d’impuissance ambiant. En effet, dans un contexte politique particulièrement déprimant de crise du capitalisme et de montée de l’extrême droite, l’escalade de la répression policière n’est qu’un autre élément qui peut contribuer à notre déprime généralisée.
Cependant, nous ne voulons pas nous résoudre à cette impuissance, et nous savons que ces sentiments de démotivation et de panique, bien qu’ils soient compréhensibles dans la situation actuelle, ne peuvent pas être vecteurs d’action politique stratégique. D’un côté, l’impuissance nous démobilise et, de l’autre, la panique nous pousse à prendre des décisions sur un coup de tête, sans s’attarder aux conséquences ou aux perspectives stratégiques. Nous ne voulons d’aucune de ces options. C’est pourquoi nous écrivons aujourd’hui : parce que nous pensons que de cette colère doit émerger des perspectives de lutte et d’action nouvelle pour les révolutionnaires.
Ce qui suit sont des pistes de réflexions et d’orientations futures que nous proposons aux mouvements d’extrême-gauche montréalais, dans l’espoir celles-ci alimenteront les discussions et, qui sait, modifierons les pratiques pour combattre les causes profondes de notre difficulté actuelle à résister à la nouvelle stratégie d’intimidation et de répression du SPVM.
La pauvreté des effectifs
Lorsque nous parlons de sentiment de panique menant à la prise d’action immédiate, nous parlons d’une forme « d’énergie du désespoir », de ce « Il faut faire quelque chose! » que plusieurs d’entre nous ressentent en regardant les nouvelles ou en discutant du contexte politique actuel. Cette fuite vers l’avant est, selon nous, en partie responsable de la débandade des dernières manifs : des organisations ou des individus, plongé.e.s dans l’angoisse et le désespoir face à la situation désastreuse actuelle, en appellent à des rassemblements et des actions immédiates, en assumant qu’une foule se formera par elle-même le jour venu. Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave, nous prendrons tout de même la rue. Bon, nous caricaturons légèrement, mais le résultat reste le même : des manifestations diffusées comme étant combatives se retrouvent avec des effectifs de maximum 300 personnes, une foule facilement contrôlée et réprimée par les tactiques du SPVM, où les actions sont pratiquement impossibles ou hautement risquées, et où la répression est violente.
Allons droit au but. Pour nous, le premier facteur permettant de tenir tête aux chiens de garde du capital en manifestation, c’est le nombre. Nous n’arrivons pas à rallier un nombre suffisamment important de personnes dans la rue avec nos appels combatifs à manifester. Il n’y a pas de substitut technique artificiel au nombre, c’est cela qui nous donne notre force dans la rue. C’est cette évidence qu’on constate aux premiers regards portés sur toutes les grandes vagues de manifestations combatives en général, par exemple le mouvement des gilets jaunes en France en 2019, la vague de manifs au Chili en 2019-2020 contre le coût de la vie, le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis après l’assassinat de George Floyd en 2020 et la liste pourrait continuer bien plus longtemps. En analysant le nouveau paradigme d’intervention du SPVM, il nous apparait évident que leurs tactiques d’encerclement, de bousculade et de séparation du cortège ne fonctionneraient pas aussi bien avec une plus grande foule, minimalement à partir de 1000 personnes. Dans ce contexte, les forces policières n’auraient pas d’autre choix que de revoir leur stratégie, changeant la disposition des unités, et créant ainsi des zones d’anonymité facilitant la tenue d’actions collectives.
Si nous observons que le nombre actuel de manifestant-e-s dans des événements combatifs est encore trop bas, nous devons alors aussi réfléchir à comment combattre cette situation. Cette question nous plonge directement au coeur de la question de la stratégie révolutionnaire. Selon nous, la tâche fondamentale, première et urgente des révolutionnaires dans la situation présente, est de travailler à se lier avec une plus grande part de la population à travers des luttes et de la solidarité concrète en autonomie des appareils existants et infusé d’idées révolutionnaires, constituant ainsi avec nous une masse de personnes prêtes notamment à participer à ces manifestations ouvertement combatives. La massification des manifs implique donc un travail préalable et plus fondamental d’intervention, de mobilisation et de liaison. C’est ce travail qui devrait, dans la situation présente, être la priorité absolue de la majorité des militant.e.s révolutionnaires qui constatent avec nous la nécessité vitale d’élargir nos rangs pour constituer une puissance autonome massive réellement menaçante pour l’État. Les manifs combatives, en tant que tactique utilisée lorsque pertinentes et non en tant que finalité en soi, n’ont de sens et de pertinence que si elles sont capables de rassembler des masses importantes de personnes prêtes à soutenir un rapport de force avec le dispositif policier.
Précisons rapidement comment nous concevons ce travail de massification. Il s’agit de se concentrer principalement sur un travail concret d’intervention auprès de larges franges de la population dans des secteurs sociaux capitalistes à forte concentration prolétarienne tels que le logement, le travail et certains milieux étudiants à travers des luttes et pratiques de solidarités menées à partir de structures autonomes des appareils de pacifications existants (notamment les syndicats, partis parlementaires bourgeois, comité logement, etc.) dans lesquels peut être diffusé un horizon politique révolutionnaire. Nous devons cesser d’entretenir notre isolation du reste de la population qui aurait un intérêt et un potentiel à une perspective révolutionnaire, des autres prolétaires, pauvres et opprimés comme nous qui ont tout a gagné de la construction d’une puissance politique autonome pour le renversement du capitalisme.
La forme que doivent prendre les structures autonomes de masse que nous mentionnons, par et dans lesquelles il serait possible de rallier de large nombre de personnes, importe peu : ça peut être un comité de base dans un lieu de travail (en marge du syndicat), un conseil de lutte de locataires dans un quartier populaire (en marge des groupes communautaires et comité logement), un comité de mobilisation ou de lutte sur un campus étudiant (en marge des associations étudiantes). L’essentiel est que nous devons développer notre contact avec des gens, pour constituer autour de nous le plus grand réseau possible de personnes prêtes à supporter notre discours et répondre à des appels à l’action et à la manifestation. Ce travail n’est pas facile ou simple. Depuis plusieurs mois, des camarades révolutionnaires s’impliquant dans diverses organisations créent des liens, à travers les discussions et les actions de solidarité, avec ces personnes que nos milieux peinent souvent à rejoindre. Nous saluons ce travail, et souhaitons souligner que c’est là que nous pouvons trouver une force numérique future. Nous ne voulons pas faire de l’entrisme ou manipuler politiquement les gens : nous sommes clair-e-s sur nos positions politiques et sur notre perspective révolutionnaire. Mais nous n’avons pas besoin de faire preuve de sournoiserie pour convaincre du bien-fondé de notre colère et de notre lutte.
Si le travail de liaison est déjà entamé, il faut l’accélérer. Multiplions les actions de solidarité, pas parce que nous considérons que ces personnes sont de pauvres victimes, mais parce que ce sont des personnes de notre classe, et que de leur apporter support, c’est mener la guerre de classe. C’est de cette solidarité que peut émerger la politisation, et qui nous permettra, dans le futur, de rassembler un nombre plus conséquent de personnes lors de manifestations ouvertement radicales.
Préparation & tactiques en manifestation
Nous identifions une deuxième faiblesse de nos rassemblements dans le manque d’entraînement et de planification en ce qui a trait à la sécurité collective et les tactiques défensives et offensives en manifestation. Nous ne souhaitons pas viser ou blâmer des individus, mais simplement souligner que, souvent, nos contingents manquent de cohésion et de préparation face aux offensives policières. Si nous étions mieux préparé-e-s et entrainé-e-s, la police aurait plus de difficulté, par exemple, à séparer la manifestation afin de réprimer les éléments radicaux. Et même si elle y arrivait, une masse de gens doté.e.s de réflexes stratégiques pourrait utiliser ce moment pour répliquer en l’absence de cordons d’anti-émeutes. Se préparer à une manifestation, ce n’est pas seulement s’habiller en noir ou choisir son équipement, c’est aussi se pratiquer à former des lignes face à la police, apprendre à manier des bannières de manière stratégique, se préparer à exercer une solidarité physique avec ses camarades, connu-e-s ou non, lors de moments de répression violente, et coordonner stratégiquement des petits groupes qui seront prêts à (littéralement) se serrer les coudes le moment venu. En somme, nous pensons que nos mouvements, et cela nous inclut, manquent de savoir-faire pratique combatif. Il nous semble inefficace de continuer à planifier des actions individuelles offensives en l’absence quasi totale de capacité défensive collective. Nos tactiques de manifestations ne peuvent pas uniquement se résumer à briser des choses et humilier momentanément la police, surtout si nous sommes incapables de nous défendre par la suite.
Cette insistance sur la formation à la pratique de rue pose notamment la question du service d’ordre. Bien que ce ne soit pas une solution magique, nous croyons qu’il faut prendre au sérieux la question du service d’ordre, comme instrument d’autodéfense dans la rue, qui permet de coordonner à travers une direction centrale un large nombre de personnes acceptant le face-à-face violent avec la police. Il faut que ces structures de service d’ordre puissent être critiquées, il faut que celles-ci soient unies avec le reste de la manif et il faut que celles-ci soit au service de la lutte et son intensification avant tout, mais ces structures peuvent être intéressantes et doivent être réfléchies pour les essayer dans notre contexte. Celles-ci peuvent êtres appliquées dans le cadre de contingents larges d’une ou des organisations s’étant concertées d’avance pour établir un service d’ordre avec des responsables qui pourront êtres critiquées a posteriori si leur agissement ont été critiquables. La police est organisée pour produire de la violence, si nous voulons résister et contre-attaquer, nous devons l’être aussi.
Au contraire, face à la répression, la plupart des gens, incluants celleux qui arrivent lourdement équipés (casque, cagoule, lunettes de ski, full bloc), fuient. Il est normal de quitter si on n’est pas confortable, mais, dans ce cas, pourquoi arriver équipé-e comme si on se préparait à la guerre civile ? Nous ne pouvons nous empêcher d’éprouver une certaine frustration envers ces comportements, qui relèvent souvent d’une certaine performance de la radicalité qui se dégonflent du moment que la confrontation arrive. Nous ne demandons évidemment pas à toutes les personnes en manifestation d’être prêtes à en venir au corps-à-corps avec la police ; nous demandons seulement aux personnes qui se présentent en manifestation habillées comme si elles étaient prêtes à la confrontation de l’être réellement. Il en va de même pour certaines tactiques considérées plus confrontationnelles ou radicales, mais qui ne sont ajustées ni à notre contexte, ni à nos capacités, et qui ne semblent pas s’inscrire dans l’atteinte d’un objectif stratégique. À quoi sert une bannière renforcée d’un mètre et demi s’il n’y a rien à défendre et que nous sommes incapables de répliquer face à la police ? Malheureusement, elle ne sert qu’à créer une cible visible pour les policiers, qui se feront un plaisir de brutaliser ses porteur-se-s. Ces initiatives peuvent être utiles dans certains contextes, mais, comme toutes les tactiques, elles doivent s’inscrire dans une stratégie réfléchie, pas seulement dans une image de radicalité que nous ne pouvons pas maintenir.
En s’entraînant et en développant de réelles stratégies défensives et offensives face à la répression policière, nous renforçons notre force collective, et nous sommes plus susceptibles de pouvoir protéger les camarades les plus vulnérables d’entre nous. En sommes, nous nous montrons à la hauteur de nos principes de solidarité et de nos affiches qui promettent des chars de flics en feu.
La formation pour les manifestations devrait être comme tout le reste de notre militantisme : aussi pratique que théorique. Elle ne devrait pas se résumer à une liste d’items pour un black bloc, ni à un guide de défense légale (même si ces ressources sont parfois très utiles!). Plusieurs groupes organisent des formations pratiques avant et pendant la saison des manifestations, mais le nombre de participant-e-s y reste restreint. Personne n’est au-dessus de la formation pratique, peu importe leur expérience. Qu’attendons-nous pour nous entraîner à résister à la police ? Si leur attitude est déjà violente, elle n’est pas pour autant à son paroxysme. Ils sont en train de gagner, et ils le savent. N’attendons pas d’être complètement dépassé-e-s par la situation pour répliquer stratégiquement, et pas qu’avec de la peinture.
Des révolutionnaires en lutte dans le logement, les enjeux trans et les milieux étudiants Avril 2025
Commentaires fermés sur La police continue de tuer, abolissons-la maintenant !
Avr102025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Communiqué des organisatrices de la vigile en l’honneur des trois personnes tuées par la police entre le 29 et le 30 mars 2025 au soi-disant Québec
La police continue de tuer, abolition maintenant !
Lors de la fin de semaine du 29-30 mars 2025, trois personnes ont perdu la vie aux mains des forces policières au Québec, Abisay Cruz et deux autres personnes dont nous ignorons encore le nom. Cette vigile est d’abord un temps pour offrir nos condoléances et prêter nos forces à la famille et aux proches. Nous nous réunissons afin d’exiger une justice pour les personnes tuées par la police. Ces personnes ont droit à la reconnaissance de leur vie, de leur histoire et de leur humanité. Nous ne laisserons pas les médias, la classe dirigeante ou la police les dépeindre autrement que comme des personnes méritant la vie et notre soutien.
Selon les informations diffusées par la famille d’une des victimes et en lisant entre les lignes des communiqués — remplis d’euphémismes — du Bureau d’enquête indépendant (BEI), on comprend que le Service de police de Montréal (SPVM) a encore une fois usé de la force illégitime et du permis de tuer que lui accorde l’État. La police a reçu un appel concernant une personne en détresse et a réagi avec les outils dont elle dispose : elle a menotté l’homme en détresse, Abisay, et l’a plaqué au sol avec son genou alors qu’il luttait visiblement pour respirer.
Nous devons commencer par reconnaitre que la police s’ancre dans un héritage sanglant : elle repose sur des systèmes d’oppressions et d’exploitation colonialistes, capitalistes, racistes, sexistes et transphobes. Historiquement, elle a servi — et continue de servir — à contrôler autant le corps que les mouvements de résistances des populations autochtones, noires et racisées. La police ne répond pas aux besoins de la société : elle surveille nos quartiers et maintient les plus vulnérables d’entre nous dans des cycles de précarité en ciblant, judiciarisant et brutalisant des communautés historiquement opprimées. Elle préserve en même temps une forme de confort en déresponsabilisant le reste de la société de la nécessité de partager les ressources et de prendre soin collectivement. La police dira que cette surveillance, ce contrôle et cette violence sont aberrants – ils se produisent rarement et accidentellement – ou qu’ils sont nécessaires pour protéger la société. Mais la violence est l’outil de la police – c’est sa spécialité et sa raison d’être.
Et la police ne protège pas : la police produit et entretient des discours qui légitiment son usage de la violence — une violence présenté comme nécessaire pour “gérer des situations” et pour punir les personnes construites comme criminelles. La police n’intervient pas : elle arrive sur les lieux, et nie aux personnes la reconnaissance de leurs histoires et leur refuse toute forme d’agentivité. Pour elle, ces personnes sont perçues comme criminelles, dangereuse ou sans importance. Elles peuvent réagir à une personne en détresse en l’immobilisant, en contenant le « danger » ou en ne réagissant pas du tout.
La police ne réfléchit pas : elle ne cherche pas à comprendre ou à remettre en question ce qu’elle qualifie de criminel. Elle laisse la classe dominante, les capitalistes et les systèmes colonialistes le rôle de le définir au détriment du bien-être des communautés.
La police ne prévient pas : elle aggrave les épisodes de violence. Elle mobilise la force contre les communautés racisées, les personnes en situation d’itinérance, les personnes vivant avec des enjeux de santé mentale et les autres communautés précarisées. La police ne désescalade pas et ne pourra jamais le faire : elle détient le monopole de la violence — une violence, encore une fois, légitimisée par l’État, une violence amplifiée par un budget sans cesse croissant, par des technologies toujours plus violentes.
La police n’est jamais punie : elle se protège en blâmant les victimes, et en utilisant à leur avantage la dichotomie bonnes et des mauvaises personnes.
La police punit, contrôle, bât et déshumanise. La police tue.
La police ne pourra pas être réformée : on a bien vu que la « police communautaire », implantée dans les année 1980s, a été un échec sur toute la ligne et que tous les changements demandés dans les dernières années n’ont pas porté fruit. La police continue de se servir de contexte de précarité grandissant afin de s’accaparer nos ressources collectives pour grossir toujours plus son budget, ses effectifs et son pouvoir. Le problème, ce ne sont pas les cas isolés, c’est la police dans son semble. C’est le système qui légitimise et perpétue sa violence.
Nous refusons de voir la police comme un mal nécessaire. La police est une des formes de violences les plus profondes de notre société. Nous ne serons jamais capable de médier et de prévenir la violence si nous ne reconnaissons pas ce fait et que nous ne l’abolissons pas. Nous revendiquons des alternatives dès maintenant. Nous réclamons l’abolition de l’institution policière. Nous nous devons d’imaginer un monde sans police. Un monde où nous nous redonnerons les capacités d’offrir des soins, de prévenir la violence et d’intervenir en garantissant la sécurité de nos communautés. Un monde où les communautés sont fortes de leur solidarité, de leur partage des ressources et de leur remise en question continuelle de leurs interventions. Un monde qui redéfinira la justice comme permettant aux personnes de changer, qui s’inspirera de la justice transformatrice. Un monde qui traitera la suprématie blanche avec tout le sérieux nécessaire à sa destruction.
Nous appelons toutes personnes ayant à cœur la réelle protection des communautés de lutter activement pour ce monde. Ce ne sont pas des bodycams ou d’autres énièmes reformes qui nous y mèneront, mais la lutte, l’entraide que l’on s’offre et les liens que nous créons sans et contre les violences policières.
Repose en paix Abisay Cruz.
Reposez en paix tous ceux qui ont péri aux mains de la police.
Commentaires fermés sur Ce qui se passe en Turquie d’un point de vue anti-autoritaire
Avr052025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Pourquoi le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu
Contexte
La République de Turquie, fondée sur le génocide des Arméniens dans la région dans un élan nationaliste et meurtrier, n’a pas beaucoup changé au cours du siècle dernier. Pour les non-musulmans, les Kurdes, les Alevis et les femmes qui ne détenaient ni la majorité ni le pouvoir, l’État et sa société ont toujours été une source d’oppression.
Mais à partir de 2002, en raison de la dictature d’Erdoğan, l’oppression, la pauvreté, la violence et l’exploitation ont commencé à se faire sentir également par la majorité de la société. En 2013, suite à des interdictions et oppressions croissantes, des millions de personnes sont sorties dans la rue pour défendre leurs libertés lors des émeutes du parc Gezi. Ce moment insurrectionnel a eu lieu dans des villes de tout le pays. La résistance qui a duré des mois s’est terminée par des attaques policières sans précédent à l’échelle nationale, au cours desquelles huit jeunes âgés de 15 à 22 ans ont été tués et des milliers d’autres arrêté·e·s. Depuis 2014, l’État turc est devenu un État policier et, après la tentative de coup d’État fictif de 2016, il est dirigé avec un autoritarisme absolu sous l’état d’urgence. Depuis 2021, en raison de la crise économique qui s’est intensifiée de manière exponentielle, 60 % de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.
Des millions de personnes, plongées chaque année dans une misère plus grande, croyaient à chaque élection que le gouvernement et donc cette situation changeraient. Mais Erdoğan, qui contrôle les médias et le système judiciaire, a répandu la peur et la manipulation pour éviter que que cela ne se produise. Entre-temps, afin d’empêcher les groupes opprimés de se rassembler, il a créé une haine profonde au sein de la société, qualifiant chaque jour une nouvelle communauté d’ennemi-terroriste-agent étranger : Kurdes, Alevis, étudiant·e·x·s, syndicalistes, avocat·e·x·s, journalistes, intellectuel·le·x·s. Pendant que ces personnes étaient emprisonnées pour terrorisme par les tribunaux d’État, d’autres encore en liberté étaient, elles, trompées par la propagande selon laquelle les emprisonné·e·x·s étaient des terroristes. « Terrorisme » est devenu pour Erdoğan un mot magique afin de maintenir son pouvoir, tandis que les personnes qui défiaient l’autorité finissaient en prison, en exil ou partaient à la mort. Ainsi furent créé·e·x·s des individu·e·x·s zombifié·e·x·s et une société qui jour après jour perd de son pouvoir d’action et s’effondre politiquement, économiquement et moralement. C’est dans ce contexte précis que le soulèvement actuel est mené. Par des jeunes qui n’ont jamais connu d’ autre soulèvement de masse de leur vie, mais qui sont descendu·e·x·s dans la rue en disant « rien ne peut être pire que de vivre ainsi ». Des millions de jeunes qui ont été élevé·e·x·s en apprenant que les ancien·ne·x·s rebel·le·x·s étaient des terroristes et que l’État et la police étaient, du moins en théorie, des amis. Ces millions de jeunes sont maintenant confronté·e·x·s à une réalité radicalement différente. Examinons de plus près ces manifestations.
Vers le « coup d’État » du 19 mars
Le matin du 19 mars 2025, des centaines de policiers ont arrêté chez lui Ekrem İmamoğlu – le maire d’Istanbul, pressenti candidat à la présidence lors des prochaines élections et qui pourrait vaincre Erdoğan – pour terrorisme et corruption.
Si l’incident a suscité une indignation générale en Turquie et dans le monde entier, Imamoğlu n’était pas le premier maire métropolitain en Turquie à être révoqué et détenu par les tribunaux turcs. Depuis 2016, de nombreux maires élus de villes kurdes ont été révoqués, arrêtés et remplacés par un fonctionnaire dans le cadre d’opérations similaires.
Le fait que ces maires kurdes aient été accusés de cette infraction magique de terrorisme a convaincu la majorité de l’opinion publique turque de légitimer cette situation et de ne pas s’y opposer. Le silence face à cette injustice dans les villes kurdes a permis à Erdoğan de faire de même avec d’autres maires dirigés par le CHP (Cumhuriyet Halk Partisi, Parti Républicain du Peuple – deuxième plus grand parti politique, centre-gauche nationaliste turc) et a ainsi préparé le terrain pour ce « coup d’État » du 19 mars. La détention sous l’accusation magique de terrorisme de cet homme privilégié, sunnite, turc, riche, très populaire et politiquement assez puissant pour s’opposer à Erdogan, a provoqué un choc et un scandale immenses. Le message est clair : désormais, l’honneur d’être un terroriste pourrait être attribué non seulement aux personnes marginalisées, mais également à quiconque ne se serait pas rangé du côté d’Erdoğan.
Alors que la contestation publique s’est faite détruire un peu plus chaque année, les personnes ayant gardé le silence par respect pour les institution que représentent l’État, les médias et les tribunaux se retrouvent soudain parmi les cibles du Régime. Ainsi, des milliers de jeunes aux rêves étouffés sous le poids de la pauvreté, des restrictions et de l’oppression, non encore étiqueté·e·x·s comme terroristes, se sont soudainement réveillé·e·x·s pour laisser éclater leurcolère. Le 19 mars, iiels sont descendu·x·e·s dans les rues de nombreuses villes de Turquie pour amorcer des manifestations. Bien qu’il est difficile de dire que les manifestant·x·e·s soient homogènes, il est possible d’affirmer que la majorité d’entre elleux sont des membres de la génération Z sans aucune expérience préalable de contestation pour les raisons décrites ci-dessus. Ce sont des jeunes qui jusqu’à présent n’ont pas pu sortir de la bulle de peur créée par le gouvernement et qui ont été exposé·e·x·s à l’ingénierie sociale très intense de l’État turc par le biais d’institutions telles que l’école, les médias, la famille, etc. À présent privé·e·x·s de respirer par désespoir, iiels veulent le changement. Bien que la détention d’Ekrem İmamoğlu ait été l’étincelle qui a poussé ces jeunes à descendre dans la rue, iels ont commencé à exprimer leur colère et leurs revendications sur de nombreux autres sujets en clamant « la question ne concerne pas seulement İmamoğlu, vous n’avez pas encore compris cela ? ».
« Rien n’est plus horrible que de vivre de cette façon. »
Faire face à l’État et surmonter le mur de la peur
Comme presque tous les rassemblements en Turquie, ces manifestations ont été réprimées avec une violence massive par la police. Pour la première fois, les manifestant·e·x·s ont été confronté·e·x·s à la police, qui non seulement voulait disperser la foule, mais aussi faire payer cher à quiconque le prix de sa présence. Une police qui considère avoir le pouvoir de punir les gens sans besoin de jugement; une police arrogante et brutale vouant une haine personnelle envers les manifestant·e·x·s et un plaisir personnel à les torturer, une police sûre de ne pas être tenue responsable de ses actes de violence. Les manifestant·x·e·s, qui jusqu’alors considéraient la police comme un métier parmi d’autres, similaire à l’enseignement, aux soins infirmiers ou à l’ingénierie, n’avaient pas conscience qu’en traquant lesterroriste d’hier, la police s’était transformée en une sorte de mafia monstrueuse. En une nuit, des milliers de jeunes ont vu la loi punitive de l’ennemi s’appliquer à leur encontre et ont été brutalement attaqué·e·x·s par la police à l’aide d’une quantité incroyable de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Face à cette attaque massive, la majorité de ces jeunes ne savait pas comment se protéger, comment prendre soin les un·x·e·s des autres, comment s’organiser. Pour beaucoup d’entre elleux, répondre à la police revenait à être un·x·e traître ou un·x·e terroriste. Une partie de la jeunesse s’est alors figée, tandis qu’un plus grand nombre, pensant n’avoir rien à perdre, a brisé la légitimité de la police et a riposté à la violence policière. Saisissant l’occasion d’exprimer leur colère pour la première fois, iels se sont couvert le visage et ont jeté tout ce qu’il leur était possible sur la police, ont dansé devant les canons à eau découvrant que le pouvoir et la légitimité de la police étaient des choses qui pouvaient être surmontées. Il ne semblaient pas y avoir de plan stratégique pour la suite de cette manifestation, ni de conscience politique bien réfléchie. La nuit a été dominée par la colère et le sentiment d’avoir été pour une fois entendu·e·x·s, ce qui en soi était hautement politique. Mais la nuit c’est également terminée par de nombreuses blessures et arrestations.
C’était la première fois, depuis 2013, qu’émergeait une manifestation si massive, avec des heures de résistance contre la police. Bien que les manifestations n’aient été diffusées sur aucune chaîne de télévision, elles ont été suivies par de nombreuses personnes via les réseaux sociaux. Le mur de la peur a été franchi par de nombreuses personnes qui ont réalisé qu’il était possible de défier l’État et de se rebeller. Le lendemain, de plus en plus de personnes descendaient dans les rues d’autres villes de Turquie pour manifester. Au même moment, l’État turc a restreint les bandes passantes web dans tout le pays et il fallut soudain plusieurs minutes pour télécharger ne serait-ce qu’une vidéo de dix secondes. Les manifestant·x·e·s expérimenté·e·x·s, qui ont soutenu les manifestations à la fois dans la rue et en ligne, ont informé les gens que ce problème pouvait être surmonté avec de VPNs. Et cette fois, par le biais d’Elon Musk, l’État turc a bloqué l’accès à environ 200 comptes X de journalistes, d’associations juridiques, de collectifs de médias et de partis politiques. Le même jour, le Haut Conseil de la radio et de la télévision (RTÜK) a interdit toute diffusion en direct sur les chaînes de télévision. Toujours le même jour, bien que cela n’ait pas de lien direct avec les manifestations, le conseil d’administration du barreau d’Istanbul, connu pour s’opposer à Erdoğan, a été dissous par décision de justice.
Au même moment, de nombreux·ses avocat·e·x·s de différentes villes qui souhaitaient défendre les manifestant·x·e·s détenu·e·x·s ont également été arrêté·e·x·s dans les commissariats et les palais de justice. Le nombre de personnes détenues ne cessait d’augmenter. Certaines ont directement été condamnées à des peines de prison ou à des assignations à résidence. Le maire, Ekrem Imamoğlu, et une centaine d’hommes politiques, qui avaient été arrêtés la veille, étaient toujours interrogés au poste de police. Toute cette oppression et la peur en découlant n’ont pas découragé les gens de manifester dans les rues, mais ont au contraire renforcé leur détermination. Pendant les manifestations, les députés qui prenaient le micro et prononçaient des discours en espérant l’aide des élections et de la loi étaient hués. Les jeunes faisaient pression sur les députés pour qu’ils appellent à descendre dans la rue, et non aux urnes, et cela a été accepté. Ce moment en lui-même a marqué un nouveau seuil, car « appeler à descendre dans la rue » avait été reconnu comme illégitime pendant des années dans la loi et la société fabriquées par Erdoğan. Le fait que des députés engagé·e·x·s dans une politique « légale » aient osé le faire a été en soi assez surprenant pour tout le monde. C’était comme si des milliers de personnes franchissaient une par une un mur invisible dont jusqu’à présent la société entière ne savait pas s’il existait réellement ou non et que personne n’osait le dépasser. Une fois de l’autre côté, déconcertées, dans ce pays où elles n’avaient jamais mis les pieds, toutes ces personnes se demandaient ce qui allait leur arriver.
Stratégies de l’État turc
De nombreux·ses acteur·ice··x·s de l’opposition sociale établi·e·x·s de longue date en Turquie ont appelé à ces manifestations, condamné l’arrestation d’Imamoğlu, soutenu les revendications des jeunes pour la justice, la démocratie et la liberté, et se sont élevé·e·x·s contre les violences policières et les interdictions. Parallèlement, le mouvement politique kurde (Parti DEM, Partiya Demokratîk a Gelan – en kurde, Halklarin Demokratik Partisi – en turc), l’un des acteurs les plus puissants de la contestation, a choisi de limiter son soutien à ses dirigeants les mieux placés. Seul·e·x·s les représentant·x·e·s du parti ont effectué une visite symbolique sur les lieux des protestations et ont publié une déclaration qualifiant la détention d’Imamoğlu de coup d’État. Le soutien du parti DEM à un soulèvement aussi vaste et généralisé, où des citoyens et citoyennes ordinaires ont manifesté pour la première fois depuis des années, aurait pu changer la donne pour le destin du pays et mettre Erdoğan dans une position plus difficile que jamais. Avec le recul, il n’est pas difficile de deviner ce qui a motivé Erdoğan à entamer un processus de paix avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, Partiya Karkerên Kurdistan – en kurde) ces dernières semaines. La raison pour laquelle le Parti DEM a adopté une telle position reste toutefois plus complexe, et l’histoire nous dira pourquoi. Néanmoins, à ce stade, je pense qu’il est plus important de parler des résultats que des raisons, car la distance prise par le Parti DEM a eu deux conséquences importantes. Tout d’abord, La police dans la rue, tout comme Erdoğan dans l’arène politique, ont réussi à échapper à une menace très importante. La participation du Parti DEM et de la jeunesse kurde aux manifestations aurait pu rendre la tâche d’Erdoğan beaucoup plus difficile. Comparativement aux émeutes du parc Gezi, une évidente défaillance d’expérience, de résilience et de compétences organisationnelles, dû à l’absence du parti DEM et de la jeunesse kurde, se fait clairement sentir dans les soulèvements actuels. Je pense que si un génie offrait un souhait magique à Erdoğan et sa police, ils l’utiliseraient pour éloigner les Kurdes de ces manifestations.
Le deuxième point explique cela plus précisément : l’absence des Kurdes en tant que partie prenante de ce mouvement a laissé plus de place à la tendance nationaliste et étatiste, déjà très présente parmi les manifestant·e·x·s. La conséquence fut que les manifestant·x·e·s ayant une approche intersectionnelle, tel·le·x·s que les Kurdes, les féministes, les LGBTI+, les socialistes, les anarchistes, les défenseurs des droits des animaux, etc., sont devenu·e·x·s encore plus marginalisés. La crainte de mettre leur sécurité encore plus en jeu a amené une réticence naturelle parmi ces personnes à afficher leurs identités, par exemple en brandissant un drapeau arc-en-ciel. Dans la plupart des villes, les personnes queers ne se sentaient pas assez en sécurité pour participer aux manifestations ni individuellement ni de manière collective. Si Erdoğan et sa police pouvaient faire un deuxième vœu, ils choisiraient certainement l’absence de dynamique intersectionnelle au sein de ces manifestations. Parce que l’intersectionnalité, tant en termes de nombre que de qualité, représente le pire cauchemar d’Erdoğan. Parce que l’avenir et la durabilité de la colère émergée lors de ces jours ainsi que la question de savoir si elle menacerait un jour l’État ou non dépendent de son caractère intersectionnel. Comme expliqué plus haut, c’est grâce à sa politique de destruction des fondements de l’intersectionnalité qu’Erdoğan a réussi à atteindre son autorité absolue. Il ne fait aucun doute que dans cette lutte, l’union des personnes opprimées profiterait à tous les opprimé·x·e·s et désavantagerait leur ennemi commun. Malheureusement, je dois dire qu’Erdoğan et sa police semblent avoir de la chance et que leurs deux souhaits les plus chers se réalisent pleinement dans le soulèvement qui a lieu depuis le 19 mars.
Ce qui se passe actuellement : une résistance généralisée face à une répression très violente
À ce jour, le 27 mars, les manifestations se poursuivent avec le caractère exponentiel que j’ai mentionné plus haut. La semaine dernière, les queers, féministes, anarchistes, socialistes… ont fait des progrès significatifs pour devenir plus visibles et donner aux manifestations un caractère révolutionnaire. Simultanément, le lancement d’une campagne de boycott massif contre de nombreuses entreprises liées au gouvernement a provoqué une grande panique. Le même jour, le fait de voir des hauts fonctionnaires du gouvernement prendre la pose avec des entreprises boycottées et faire la publicité de leurs produits pour les soutenir a prouvé une fois de plus que nous étions officiellement en guerre : l’organisation criminelle étatique turque et son capital ont déclaré la guerre à toustes celleux qu’ils percevaient comme une menace pour leurs intérêts.
Dans cette guerre, la priorité n’est pas toujours d’arrêter des gens mais aussi de collecter des données sur qui se trouve sur le front adverse. Ce n’est pas sans raison que la police, après avoir, hier, encerclé des manifestations universitaires, a déclaré qu’elle libérerait les manifestant·x·e·s en échange du retrait de leurs masques. Dans un même temps, plusieurs guides sur la sécurité digitale publiés sur les réseaux sociaux par celleuxqui sont dans la rue depuis des années ont permis de sauver des vies. Dans certaines universités, les professeurs fidèles à Erdogan ont partagé les feuilles de présence avec la police pour signaler les étudiant·x·e·s qui ne suivent pas les cours ces jours-ci. Mais de nombreux·se·s autres professeurs ont soutenu l’appel au boycott universitaire suite à quoi iels ont déjà été démis·e·x·s de leurs fonctions. Même si j’ai dit que les arrestations ne sont pas la première priorité, il est bon de rappeler que les prisons autour d’Istanbul ont atteint leur capacité maximale et de nouvelleaux détenu·x·e·s devront être envoyé·e·x·s dans les prisons des villes voisines. Quelque chose qui n’aura surpris que les personnes qui ne connaissent pas la véritable fonction de la loi : Le délit mineur de « violation de la loi sur les réunions et les manifestations », – lequel n’était pas pris au sérieux dans les cycles de contestations précédentes car la plupart du temps, les gens ne recevaient même pas d’amende à l’issue du procès – sert à présent à envoyer des dizaines de personnes en prison.
La nécessité de prendre le parti de la pierre jetée sur la police plutôt que celui de la personne qui la jette.
Il devient clair une fois de plus que l’approche que nous ont enseigné le système judiciaire et les politiciens, selon laquelle nous devrions prendre inconditionnellement le parti de l’un des protagonistes d’un conflit, ou que le statut de victime et d’agresseur devrait être attribué à deux personnes/identités différentes et strictement séparées l’une de l’autre, nous conduit dans un piège. Il est frappant de voir comment tant de manifestant·e·x·s âgé·e·x·s de 16 à 24 ans, qui sur la base de l’éducation obligatoire qu’iels ont reçue de l’école, des médias et de la famille sont prêt·e·x·s à menacer et à expulser les Kurdes ou les LGBTI+ qui voudraient se joindre aux manifestations, deviennent à la fois des agresseur·se·s et des victimes. Depuis le début du soulèvement le 19 mars, en tant que victimes de l’État plus de 2 000 personnes ont été arrêtées. Des milliers d’autres ont été blessées, certaines mortellement,des dizaines ont été emprisonnées, un nombre inconnu ont été chassées du domicile de leur famille, expulsées de chez elles, virées de leur emploi, exclues de l’université ,qualifiées de terroristes par les services de renseignement. Cela est en partie dû au pouvoir qu’elles ont perdu en raison de leur rôle d’agresseur·euse·s Je constate que ce piège a fonctionné pour certains terroristes d’hier et qu’une partie importante d’entre elleux, en particulier au sein des partis politique kurde, qui ont pourtant passé leur vie à lutter contre l’État, sont à présent indifférent·e·x·s à la violence de l’État et aux revendications des manifestant·x·e·s. C’est également à travers ce filtre que j’analyse le manque de réactivité et le silence du mouvement antifasciste en Suisse et en Europe. C’est pourquoi je trouve important d’expliquer ce qui se passe dans ce soulèvement aux autres rebelles du monde entier. Je souhaite expliquer que le soulèvement actuel, malgré sa complexité, mérite d’être soutenu et la solidarité internationale ne peut se faire que dans une perspective anti-autoritaire qui ne tombe pas dans le piège d’une prise de parti rigide. Il est possible de soutenir ce mouvement sans blâmer la victime d’avoir été torturée par la police et sans excuser l’agresseur qui a tenté d’y supprimer le drapeau kurde.
« Queer – Resist »
Où se situer face à un soulèvement aussi controversé ?
Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu, car les manifestant·x·e·s ne sont pas seulement des nationalistes/apolitiques de la génération Z. De nombreuses personnes queer, kurdes, anarchistes, socialistes, antispécistes, féministes, qui s’impliquent dans des luttes intersectionnelles élèvent aujourd’hui leurs voix contre l’injustice et résistent à l’État turc dans les rues, comme elles le font depuis des années. Malgré leur peur à l’égard de la majorité des manifestant·e·x·s, iels préfèrent être dans la rue et iels subissent une part plus importante de la violence de l’État. La complexité de ce soulèvement signifie qu’iels ont plus que jamais besoin de soutien. Il est essentiel de soutenir ce soulèvement pour qu’iels en ressortent avec un peu de terrain conquis ou du moins sans être davantage repoussé·e·x·s. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car les manifestant·x·e·s, même si certain·ne·x·s nourrissent des idées contre-révolutionnaires, sont légitimes dans ce contre quoi iels se révoltent : les organes et les politiques de l’État turc, symbolisées par Erdoğan. C’est ce qui détermine la légitimité d’un soulèvement. Peu importe que la majorité des manifestant·x·e·s veuille que le dictateur Erdoğan tombe et soit remplacé par le nationaliste İmamoğlu. Aujourd’hui, nous pouvons nous serrer les coudes dans la lutte pour faire tomber Erdoğan et demain, nous pourrons nous séparer lorsque la demande sera de le remplacer par İmamoğlu. Une fois que nous aurons détruit la plus grande puissance existante, nous nous battrons pour détruire la deuxième plus grande puissance, puis la troisième, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pouvoir au-dessus de nous. Ce point de vue anarchiste appelle à soutenir toute menace contre Erdoğan, son État, sa police, son système judiciaire. La critique de ces manifestations ne doit pas servir à isoler le soulèvement, mais plutôt à éclairer les débats qui suivront en cas de victoire.
Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car un dictateur utilise tout le pouvoir et toutes les ressources de l’État turc, devenu une « organisation criminelle », pour massacrer des personnes qui n’ont pas ce même pouvoir et ces même ressources, peu importe qui elles sont. Non seulement les manifestant·e·x·s, mais aussi leurs avocat·e·x·s, les journalistes qui documentent les actes de torture, les médecins qui soignent les blessé·e·x·s lors des manifestations, celleux qui en parlent, celleux qui ouvrent leurs portes aux personnes touchées par les gaz lacrymogènes, toustes celleux qui ne sont pas en obéissance absolue sont désormais puni·e·x·s. Dans la Turquie de 2025, où l’État contrôle tous les aspects privés et publics de la vie et où tout notre soutien potentiel est démantelé, la survie d’Erdoğan à ce soulèvement reviendrait à laisser toutes les personnes qui ont remis en question son autorité enfermées dans un bâtiment en flamme. C’est peut-être la première, la seule et la dernière chance que nous avons depuis des années d’agir contre le pouvoir d’Erdoğan. C’est pourquoi tout soutien à ce soulèvement ou tout coup porté contre sa cible, l’État turc, revêt une importance vitale. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car pour ceux qui ne détiennent ni le pouvoir et ni la majorité, les femmes, les Kurdes, les Alevis, les homosexuel·le·x·s, les pauvres, les jeunes, les immigré·e·x·s, les terroristes d’hier, le premier pas vers la respiration, l’écoute et la liberté est l’effondrement de l’ordre actuel. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car c’est peut-être la dernière chance pour nous, terroristes d’hier, qui avons déjà été emprisonné·e·x·s et contraint·e·x·s à l’exil pour nous être rebellé·e·x·s pendant des années, de revoir la lumière du jour dans le pays où nous sommes né·e·x·s.
Deuil, rage, lacrymogène et résistance : retour sur la manifestation de mardi soir dans Saint-Léonard.
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi soir dans le nord-est de Montréal, en réponse à l’appel de la famille et des proches d’Abisay “Bicha” Cruz.
Abisay est mort dimanche sous les coups de la police, lors d’une fin de semaine sanglante où le SPVM et le SPVQ ont fait trois morts. Dans une vidéo de l’intervention policière qui a énormément circulé sur les réseaux, on voit le jeune père de famille immobilisé au sol. La famille témoigne qu’il venait d’être roué de coups. Son décès aurait été constaté plus tard en matinée.
C’est en hommage à Abisay et pour dénoncer l’injustice, que plus de 300 personnes se sont réunies hier soir aux abords du boulevard Pie-IX, aux limites des quartiers Saint-Léonard, Saint-Michel et Montréal-Nord.
La manifestation, qui alternait entre des périodes de deuil et de rage, s’est déroulée sous la surveillance d’un lourd dispositif policier. Très rapidement, le SPVM a essayé, sans succès — il faut le souligner — d’interdire à la manifestation de prendre le boulevard Pie-IX. Or, en peu de temps, les manifestant·es ont réussi à bloquer l’artère et à rejoindre le poste de quartier 30 du SPVM, au croisement de la 40e avenue. Policiers anti-émeute reculant devant les manifestants lors d’une manifestation en honneur à Abisay assassiné par le SPVM.Policier·ères anti-émeute devant le poste de quartier 30 dans le quartier Saint-Michel.
Policier·ères anti-émeute devant le poste de quartier 30 dans le quartier Saint-Michel
La colère des manifestant·es, combinée aux tentatives d’intimidation du service de police, a rapidement fait monter le ton. Alors que la foule retournait vers le point de départ, la police s’est vue tenue en respect par des tirs de projectiles, ainsi que par le courage et l’impressionnante détermination des manifestant·es.
À plusieurs reprises, les policier·ères ont dû abandonner leurs positions.
Alors qu’une vigile commençait, des feux d’artifice ont été allumés en l’honneur d’Abisay. Un petit feu a également été allumé dans la rue par des manifestant·es. Le service anti-émeute a alors essayé d’intervenir violemment, notamment en tirant des bombes lacrymogènes sur la vigile. Les lignes d’anti-émeute ont tout de même dû battre rapidement en retraite sous les projectiles et la ligne de manifestant·es qui avançait vers elles.
La soirée s’est terminée calmement, la résistance des manifestants face au SPVM ayant libéré la place pour le moment de recueillement souhaité par la famille.
Manifestant·es lors de la vigile en mémoire d’Abisay “Bicha” Cruz
Le décès d’Abisay rappelle la force de la mémoire politique des quartiers Saint-Léonard, Saint-Michel et Montréal-Nord. Tout au long de l’événement, les noms de Freddy Villanueva et de Bony Jean-Pierre — assassinés en 2008 et 2016 par la police — pouvaient être entendus, tandis que le souvenir des émeutes de 2008 et 2016 restait vif dans les mémoires. Il est clair que les communautés de ces quartiers, proches du lieu où Abisay a été assassiné, portent une histoire de résistance longue et fertile. À plusieurs moments, des appels à organiser de futures manifestations ont été lancés, nous rappelant que les démonstrations de rage et de solidarité observées hier soir ne sont sûrement qu’un début.
On reste à l’affût des mobilisations à venir alors que la violence du service de police s’est révélée une fois de plus dans son entièreté.
Commentaires fermés sur L’insu qui vient. Brève pour une tendance à l’action précoce.
Avr042025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Or, il s’agissait d’une vigile à un autre moment ça aurait pu être un rassemblement ou d’un campement.
Des choses qui ont besoin de leur temps pour que les sujets qui en font leur expérience puissent passer à la colère, qui n’est d’ailleurs pas la première étape du deuil, bien qu’elle peut survenir en premier.
Fallait-il avoir peur d’établir du rapport pour immédiatement en venir aux faits et à sa propagande? Car avant d’être l’affaire de la révolte in abstracto il faut qu’elle soit celle qui habite les corps, qu’elle sache se faire dans un proximité qui n’est pas le passage à l’acte. Peut-être qu’elle était en son temps, peut-être que le fait de l’avoir agit si tôt ne lui a pas laissé le temps…
Cette pratique d’agir de façon précoce, dès les premiers moments des manifs, est-elle le plan prémédité ou simplement le fait qu’on a envie d’en avoir fini avant même que ça commence, la décharge en place de l’insurrection comme bouffée d’air et joie durable. Nulle morale, simplement le souvenir des deuils escamotés. Quelle est leur place? Et comme l’indique le livre qui donne le titre à cette brève, on ne retrouve pas cette tendance à l’action uniquement dans le camp des Luigi, qu’ils soient Galleani ou Mangione, mais plus largement dans chacune de nos communautés terribles.
Commentaires fermés sur La censure est répandue partout
Avr042025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
On se fait bloquer sur facebook, kolektiva.social, etc… Ils enterrent la vérité de toutes les facons possibles. Pour le moment les 5G et plus sont nécéssaires pour les radars qu’y guident les robots policiers, les drones, le peuple doit comprendre que c’est du controle militaire, l’oppression policière robotisée est deja à nos portes et le peuple continuent de payer des taxes et impôts pour financer leur propre oppresseur, les politiciens sont les marionnettes des industrielles et le peuple croit qu’il peut encore se permettre de dormir, des somnenbules.
Commentaires fermés sur De Mayotte à Gaza, la colonisation est un crime
Mar272025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
De Mayotte à Gaza, la colonisation est un crime contre l’humanité.
Afin de souligner les Manifestations contre le racisme et le fascisme du 22 mars 2025 qui ont mobilisé plus de 90 000 personnes à travers la France, une bannière a été déployée devant le Consulat de France à Montréal, à 14 h, ce jour-là. On pouvait lire : « Soutien aux peuples Kanak et Comorien Personne n’est illégal sur des Terres volées ».
Cette action était également un appui à la Semaine d’actions et de grèves organisée du 24 au 28 mars par la CRUES, une coalition d’associations étudiantes à travers le soi-disant Québec.
En effet, de toute la Ve République, la grogne du peuple français contre son gouvernement a atteint des sommets. Le nouveau Premier-Ministre français, le soi-disant centriste François Bayrou, et son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ont pour seuls mots à la bouche : Immigration et Renforcement à la frontière. Alors qu’ils condamnent les programmes de Donald Trump et du parti d’extrême droite, le Rassemblement national, ils déploient la même politique raciste et fasciste. Et c’est sans parler de l’attitude totalement indigne de François Bayrou, le jour du décès du co-fondateur du Front National, Jean-Marie Le Pen, qu’il a honteusement qualifié de « Combattant »! Tenter de lisser le portrait d’un individu connu pour ses propos antisémites, négationnistes, racistes, homophobes…, et accusé de crimes de guerre, est, oui, mettre de l’avant le fascisme.
À l’opposé, assimiler des étudiant·e·s à des antisémites pour avoir dénoncé les massacres en Palestine est inadmissible. La France semble oublier d’appliquer les principes humanistes dont elle se vante tant sur la scène internationale. D’ailleurs, toute contestation du génocide à Gaza est durement réprimée et les mobilisations étudiantes sont empêchées. L’ONU a même réprimandé la France à ce sujet. C’est à ce jour le 2e pays exportateur mondial d’armes de guerre. Par son absence de transparence et sa vente d’armes à Israël, la France s’est rendue complice du génocide qui se poursuit en Palestine, malgré les ententes de cessez-le-feu.
La population française se retrouve pieds et poings liés, notamment face aux bouleversements climatiques et aux diverses pollutions de l’environnement. Entre autres, dans le dossier de l’A69, le gouvernement français refuse la séparation des pouvoirs (Exécutif, Législatif et Judiciaire) si essentielle à tout régime démocratique. En transformant en bain de sang les oppositions aux mégabassines, qui n’ont pas de fondement scientifique, les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron affichent bien une politique écocidaire et fasciste.
Aussi, ne l’oublions pas, la France est le pays le plus présent sur le globe. Utilisant ses colonies comme bases militaires, elle n’hésite pas à traiter avec une immense violence les peuples autochtones. Ce pays réprime dans le sang les indépendantistes Kanaks en Nouvelle-Calédonie et en fait de véritables prisonniers politiques, incarcérés à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux et de leur famille, en métropole.
Il est indéniable qu’à Mayotte, dont l’appartenance à la France n’a jamais été acceptée par l’ONU, le gouvernement pratique l’apartheid. Non seulement la France considère les Mahorais·e·s comme des sous-citoyen·ne·s, leur octroyant des droits différents de celleux en métropole (minimum salarial, aides sociales, etc., d’une valeur scandaleusement bien inférieure), mais aussi les conditions de vie dans les bidonvilles de Mayotte sont indignes d’un pays du G7. Le cyclone Chido a bien mis au grand jour le désengagement du gouvernement français, laissant scandaleusement les résident·e·s des bidonvilles chercher et enterrer elleux-mêmes leurs morts. Oui, les Comores forment un seul et même archipel et la France n’a RIEN à y faire! C’est bien l’empire militaire et extractiviste français qui est illégal sur ce Territoire, pas les Comorien·ne·s.
Fin à l’empire colonial français! Fin au génocide en Palestine!
Commentaires fermés sur Contre-attaque contre SIRCO
Mar162025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Tôt ce matin, des anarchistes ont attaqué SIRCO en fracassant des fenêtres et en lançant de la peinture à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. Si ce nom vous dit quelque chose, SIRCO était la compagnie responsable du démantèlement du campement de solidarité avec Gaza en juillet 2024. Depuis octobre, ils et elles ont été employés par la Ville de Montréal pour espionner et intimider les personnes sans logis et marginalisées de l’arrondissement Ville-Marie. Alors que l’administration de Valérie Plante déclare la guerre ouverte contre les personnes les plus vulnérables de la société, il n’y a aucune doute que la stratégie d’externaliser le sale travail du SPVM à des compagnies privées sera généralisée à toute l’île comme EMMIS si rien n’est fait pour l’arrêter.
Commentaires fermés sur Communiqué sur la manif de soir du 5 février à mcgill
Fév072025
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Hier à Tiohtia:ke, une quarantaine d‘anarchistes (et nos ami.es) ont pris d’assaut les bâtiments de l’université mcgill. Armés d’outils rudimentaires, nous avons réussis a détruire toutes les vitres qui étaient dans notre chemin. A l’aide de marteaux, de roches et de bouteilles de verre, nous avons vandalisés ce symbole du système colonial et capitaliste. En moins de 15 minutes, nous avons fracassé plus de 30 vitrines sur plusieurs pavillons de l’institution, ainsi que les serrures électroniques du pavillon d’administration. Un examen en cours pendant la manifestation fut annulé pour 350 étudiants. Selon un porte-parole de mcgill, les dommages monteraient dans les centaines de milliers de dollars. Deux camarades détenus momentanément par des flics manqués d’une agence de sécurité privée, sous-traitante de mcgill, ont été glorieusement desarrêté.es. La réponse policière fut lente et ineffective, la manifestation n’a mené a aucune arrestation ni de blessures. Les manifestant.es se sont dispersé.es complètement avant l’arrivé du service de protection des vitrines de montréal (spvm).
Des graffitis ont été laissés, dénonçant l’acquisition de l’hôpital royal vic (site de tombes non-marques) par mcgill pour 700$ millions, et la complicité de ce dernier dans le génocide en Palestine. Nous dénonçons aussi la profanation de l’arbre de la paix, planté sur le lower field par des militant.es décoloniaux.les l’été dernier, ainsi que la complicité historique de mcgill dans l’expérimentation psychiatrique sur des enfants autochtones, et la transphobie et le racisme de son administration. Pour nous, mcgill n’est rien qu’un symbole d’un système coloniale et capitaliste duquel nous voulons la destruction totale.
Nous encourageons nos camarades à étendre la lutte vers la destruction de toutes oppressions, et de continuer l’escalade des moyens de pression jusqu’à la révolution.
Nous soulignons aussi le refus catégorique de mcgill – et leur dédain face aux appels à ce sujet – de désinvestir du génocide et du complexe militaro-industriel. Dans une rencontre à la fin de la session d’automne 2024, le board of governors a dit ouvertement qu’iels avaient attendu jusqu’à la fin de la session, quand personne ne s’en rendrait compte (wishful thinking, deep) , pour sortir les conclusions de leur ‘investigation’ sur le désinvestissement. Face à cette condescendance et cet attachement à la continuation du génocide, nous disons: Celleux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution violente inévitable! Nos actions d’hier soir s’inscrivent ainsi dans cette lignée.
Vive la Palestine, longue vie a l’arbre de la paix, mort au capital et à l’empire, fin au colonialisme et a la transphobie, nique McKill!