Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

mtlcounter-info

Mar 102015
 

[Note de Camotazo : Suite au texte d’Amélie et Fallon qui expliquait qu’elles ne voulaient pas être récupérées dans des événements de solidarité avec des gens et par des gens avec qui elles n’ont rien à voir, un groupe nommé la Gauche Révolutionnaire Internationaliste Buenaventura-Durruti a pondu une réponse totalement diffamatoire envers les deux compagnonnes. Ce texte n’est actuellement plus en ligne en français, mais nous avons quand même tenu à traduire la réponse de Carlos López.]

3 mars,

À titre personnel je réponds à l’agression diffamatoire écrite qui a été faite contre mes compagnonnes d’affinité Fallon et Amélie.

Une chose qui caractérise l’internationalisme c’est la lutte contre l’idée de nation, ainsi que contre celle du pouvoir ou de l’autorité, en remettant en question la validité des frontières physiques et mentales que les gouvernements ont construits afin d’éviter l’entente fraternelle et libre entre les personnes nées à différents endroits géographiques.

Raison pour laquelle se permettre d’avancer que ces deux anarchistes sont venues dans cette région « pour vivre une expérience parmi les pauvres du tiers-monde après avoir abandonné leurs vies du Québec civilisé », me fait penser au mépris dont vous, gauchistes internationalistes, avez fait preuve envers des personnes étrangères qui ont décidé de mettre en pratique leur passion destructrice de l’État/Capital, qu’elles soient canadiennes, mexicaines, européennes ou de n’importe où.

Nous au moins nous ne cherchons pas la destruction partielle d’un seul État, car pris séparément ce ne sont que des tentacules du pouvoir mondial, ni d’unir les forces/capacités uniquement entre mexicains purs ou avec des révolutionnaires du tiers-monde. Nous voulons nous battre aux côtés de n’importe quelle personne libre, qu’elle soit née ici ou en Chine.

Mais, que pouvons-nous attendre de ceux qui crient sur tous les toits qu’ils appartiennent à « l’aile classiste du mouvement révolutionnaire mexicain », et accusent d’arrogance impérialiste et petite-bourgeoise celles qui font le choix de s’organiser à travers des affinités, ou de partager des moments de subversion avec ceux avec qui elles veulent ?
Bien entendu l’affinité n’est pas exclusive entre les libertaires/anarchistes, car elle peut se faire avec n’importe quel individu ou groupe qui s’identifie à la lutte pour la liberté totale, où plutôt que de chercher un « stade dans lequel personne ne sera plus emprisonné », l’on veut réduire en pièces toute construction carcérale physique ou mentale, avec tout ce que cela implique, ainsi que n’importe quelle institution autoritaire. Cela peut sembler utopique, mais je crois qu’il vaut mieux en finir avec la tiédeur des jolis mots et, loin d’idéaliser la réalisation de l’utopie, continuer avec la conflictualité permanente quotidienne du contexte social.

On ne conditionne pas la solidarité, car la solidarité se donne à travers des actes divers de soutien, et le fait de se positionner, ce qu’ont fait les compagnonnes, ne signifie pas conditionner la solidarité. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures.

Si Fallon et Amélie ont décidé de rompre avec toute éventualité d’être mélangées avec ceux qui se revendiquent comme prisonniers politiques, et si elles ne sont pas d’accord lorsqu’elles sont désignées comme telles, on ne peut que respecter leur décision. Les insulter comme vous l’avez fait juste pour ça, c’est infâme et lâche, saloperies de rouges !

Nous nous basons toujours sur nos réalités, et le fait d’avoir une défense dans le cadre du procès juridique est plus que nécessaire, car vouloir et essayer de détruire le système juridique est une chose, et que nous l’ayons déjà fait en est une autre.

Pour nous il ne s’agit pas de « profiter » d’une défense juridique, encore moins que ce soit notre « médiation » avec l’État, comme vous le dites dans votre texte. Nous savons que le jeu juridique doit se mener entre personnes politiques, et notre avocat se charge de cela. Ce dernier, bien sûr, n’est pas une médiation mais un compagnon de lutte anticarcérale, qui ne se consacre pas à sortir des prisonniers politiques, mais à la solidarité avec des prisonniers, sans s’attacher au fait qu’ils soient politiques ou anarchistes. La preuve est qu’il a pris notre affaire, que nous soyons anarchistes insurrectionnalistes ou informels, sans toucher un seul centime.

Juste à titre informatif, dans ce texte diffamatoire, il est mentionné que nous avons le même avocat que Jaqueline et Bryan, ce qui est faux. Mais même si c’était le cas, pour moi ça ne changerait en rien la situation. Ça ne fait que montrer que vous parlez sans rien savoir.

Vous tombez dans la posture historique d’attaquer ceux qui n’acceptent pas vos méthodes caduques/anachroniques d’intervention, basées sur le verbiage politique, en les accusant « d’actes téméraires et inutiles ». Vous parlez de « gauches tiers-mondistes », pour nous n’importe quelle gauche, de parti ou révolutionnaire, nous éloigne beaucoup de ses prétentions. Vous parlez d’actions collectives basées sur le quantitatif, et nous savons que souvent par ces actions l’individualité et son action créatrice sont niées. Vous parlez de lutte de classes et du triomphe de la classe ouvrière, tandis que beaucoup d’entre nous ne sommes ni ouvriers ni classistes et que si nous soutenons n’importe quelle action libératrice c’est avec le regard fixé sur la liberté de la personne dans sa totalité, qu’elle soit ouvrière, paysanne, autonome ou comme elle voudra se désigner. C’est pour ça que nous préférons utiliser les termes de la guerre sociale, ce qui inclut plus de secteurs que juste la lutte ouvrière et de classes.

D’aucune manière je ne crois, au moins pour ce que vous dites, que l’insurrectionnalisme est condamné à l’échec, et en réalité nous ne sommes en compétition avec personne pour voir qui est plus révolutionnaire ou plus efficace dans la lutte contre le Capital. Mais la critique des méthodes choisies est nécessaire, tant sur la forme que sur le contenu, mais … je crois que ce que vous avez écrit n’a pas pour objectif d’échanger des idées, puisque vous ne vous êtes attaché qu’à insulter mes compagnonnes, et sachez que puisque vous insultez, nous savons aussi mordre.

La solidarité c’est la solidarité à travers sa diversité des formes, et sachez que moi je ne veux rien de gens comme vous.

Carlos López “Chivo”

_

[Traduit de l’espagnol de Abajo los muros-CNA México par Camotazo.]

 

Fév 262015
 

De Non-Fides

En octobre et novembre 2014, Carlos, Amélie et Fallon ont été.e.s condamné.e.s à 7 ans et demi, puis à 2 ans, 7 mois et 15 jours supplémentaires, suite à une attaque qui a eu lieu le 5 janvier 2014 dans la ville de Mexico. Deux groupes de personnes avaient jeté des pierres et des Molotovs sur un bâtiment du Ministère des communications et des transports de la ville de Mexico et un concessionnaire Nissan situé à proximité, causant des dégâts au bâtiment et à plusieurs voitures.

 

Lettre de Carlo López, « Chivo » :

Si on l’on comprend l’État comme une entité de régulation de privilèges dans l’intérêt d’une classe politico-économique, comme un fidèle serviteur du capital techno-industriel et de toutes les formes de manipulation sociale qui en émanent, alors il n’est pas difficile de comprendre qu’il se serve et impose le châtiment à tout individu se rebellant face à ses lois et ses normes de contrôle – pour ce faire, son large éventail de possibilités inclut notamment une des nombreuses formes dégueulasses : celle du système juridico-pénitentiaire.

Une des principales caractéristiques de cette institution est de pouvoir disposer, comme dans un jeu de hasard, de l’avenir de l’accusé, en le livrant à la brutalité de la détention policière et administrative, en appliquant un traitement pervers et malsain d’usure physique, morale et spirituelle aussi bien aux personnes directement impliquées qu’à la famille, les amis et les compagnons qui les entourent.

Ainsi, le “délit” devient un fort instrument de perpétuation et de réalisation des plans de la domination du pouvoir, en plus d’un juteux marché économique fruit d’extorsions administratives, parmi lesquelles on peut souligner le paiement de cautions, d’amendes, de pots-de-vin et autres horreurs, venant s’ajouter, au moins dans les prisons latino-américaines, aux nécessités d’auto subsistance financière de la personne emprisonnée.

Sur ce dernier point, il est important de remarquer et de souligner le grand mensonge selon lequel l’État financerait la détention. Alors qu’“officiellement” il destinerait en moyenne 150 pesos par personne, la réalité est en effet toute autre.

Quant au “délit” à juger, il s’avère assez hypothétique de lui donner quelque crédibilité, car rappelons que ce sont les institutions elles-mêmes et leurs gens au gouvernement – vivant une réalité très différente des personnes privées des privilèges des élites du pouvoir – qui font et défont les lois au travers de leurs politiques démocratiques et réformistes. Cela nous amène à nous demander pourquoi nous devrions nous soumettre à leurs décisions, à ce qu’ils entendent par délit et à leur manière de le corriger, puisque c’est la société elle-même qui reproduit ce qu’elle entend à travers ce terme.
Nous ne pourrions pas parler de gens du peuple à l’intérieur du cadre de la loi, car cela reviendrait à répéter le modèle que nous cherchons à détruire, tout comme les juges, les magistrats et les tribunaux se chargent d’exécuter des condamnations sévères, et si la loi ne leur suffit pas, d’y contribuer avec des critères punitifs semblant reposer sur la satisfaction de faire tomber des années d’enfermement et de mettre dans leur poubelle à barreaux tout ce qui n’a pas sa place dans l’idée d’une société capitaliste.

Acrates, nous ne nous plaignons pas de juges injustes et ne cherchons pas à être jugés justement, car nous savons qu’il ne peut y avoir de justice là où il s’agit uniquement d’imposer un ordre démocratique aberrant, basé sur des structures de contrôle déguisées en réinsertion sociale.

C’est pour cela que nous n’implorons pas la justice dans les condamnations, pas plus que nous ne mendions la pitié pour nos prisonniers, nous exigeons seulement la liberté physique immédiate, c’est-à-dire la fin de la séquestration, sans accepter la légalité de leurs tas de lois et en rejetant ainsi les arguments d’innocence ou de culpabilité – ce qui est très différent du fait d’assumer la responsabilité des actes pour celles et ceux qui décident de le faire.

Nous luttons pour la destruction des prisons, mais le simple désir d’abattre les murs physiques ou le fait de sentir une haine viscérale contre les pratiques propres à l’enfermement ne suffisent pas. Il faut aussi commencer à se défaire complètement de la propagande d’État dont nous avons été abreuvés depuis tous petits par le biais des institutions civiles et éducatives où l’on inculque la normalisation de l’infraction et du châtiment. Il s’agit de poursuivre la rupture et la lente destruction dans nos têtes et dans nos formes de relations avec les personnes et l’entourage imposés.

Par exemple, nous devons abandonner le langage juridique, ainsi que sa pratique, comme lorsque nous condamnons les actes de compagnons qui décident de passer à l’action, et que – ne nous identifiant pas avec leurs méthodes ou revendications – nous nous transformons en nos propres juges et bourreaux, facilitant la récupération de la lutte. Une critique du pouvoir est quelque chose de bien différent qu’une critique constructive contre des compagnons, qui est encore autre chose qu’une critique de commère qui ne fera que diviser et freiner l’élan libertaire. Ainsi, lorsqu’on réclame la liberté pour nos prisonniers tout en réclamant par ailleurs la prison pour les “coupables” qui perturbent notre tranquillité et nos espaces de lutte, nous tombons dans une contradiction préoccupante. Il en va de même lorsqu’on demande que justice soit faite pour obtenir une libération, car cela revient à reconnaître, même si ce n’est peut être pas délibérément, que le système juridique peut être juste ou injuste, lui accordant ainsi une certaine légitimité.

Le fait de continuer à parler de compagnons détenus comme étant des “prisonniers politiques”, généralement pour les distinguer – à leur avantage – des prisonniers de droit commun, est une vieille pratique gauchiste, quand au contraire la lutte anarchiste n’est pas politique et ne cherche pas à obtenir des avantages à travers la négociation, le dialogue ou les pétitions. A l’inverse, elle est en rupture avec toute trace autoritaire, et le fait d’être mis en accusation judiciairement, ne revient pas forcément à accepter l’adjectif de « politique ». Nous voulons détruire cela, et c’est pourquoi nous préférons opter pour le fait de nous revendiquer comme prisonniers anarchistes, ceci comme une manière de continuer la lutte choisie, par affinités, au côté de n’importe quelle individualité en révolte.

La liberté ne se négocie pas, elle se construit.

Solidarité avec le compagnon Abraham Cortés Ávila et touts les compagnons et compagnonnes prisonnier-es en lutte aux quatre coins de la planète terre.

Carlos López “Chivo”
Reclusorio Oriente, DF
24 février 2015

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]


Lettres d’Amélie et Fallon, en solidartié avec Abraham Cortés Ávila :

21 Février 2015

C’est avec beaucoup de rage que j’ai appris que le compagnon Abraham Cortés Ávila, incarcéré au Reclusorio Norte, a reçu le résultat de l’appel qui a confirmé sa peine de 13 ans de prison pour tentative d’homicide contre un policier, un de ceux qui ce 2 octobre 2013 étaient chargés de maintenir l’ordre et la paix sociale, de protéger les privilégié-es, les commerces et les banques des rues de Mexico. Ils accusent le compagnon d’avoir participé à la révolte sociale qui a lancé des pierres, des cocktails enflammés (molotovs) et autres objets contre les porcs.

Voilà, Abraham, je suis parvenue à la seule conclusion qu’à partir du moment où nous nous rebellons, ils nous répriment en conséquence. Ta peine correspond à leur société carcérale. Dans ce sens, je t’envoie beaucoup de force solidaire de tout cœur. Organisons la lutte aussi bien à l’intérieur de la prison que dehors dans le but de combattre toute autorité et d’en finir avec leur foutu monde d’esclavage et de peur.

Que la rage se propage ! Même si parfois le monde paraît hermétique, même si les gens ne comprennent rien, ne partagent pas notre haine de la domination et ne savent que la reproduire. Pour ma part, je crois qu’avec un peu de confiance, on peut construire des relations d’amitié et de compagnonnage et ainsi ouvrir des espaces de dialogues et d’échanges d’idées. Cela vaut autant dans la rue qu’en prison. Alors… avec tout ça moins de peur !

Alors, dans la solidarité avec Abraham Cortes Ávila, que le feu illumine tous les uniformes de ces saloperies de keufs et de matons de merde.

Vive la Révolte !

Amélie
Reclusorio Santa Marta

*******

Salut Abraham,

J’espère que tu vas bien dans la mesure du possible.

Je peux imaginer que les jours à venir seront des journées de stress et d’angoisse, pour toi comme pour ta famille et tes compagnon-nes. Malgré les murs qui nous enferment et le temps qui ne fait rien qu’à passer, j’espère que tu restes fort, non seulement dans le sens d’être en lutte contre l’institution, mais aussi dans le sens de ne pas laisser la prison te changer.

Le fait de ne pas croire dans la justice nous place dans une situation d’incertitude face à elle, une position très rationnelle où ne nous reste que notre force individuelle pour faire face à la réalité. Et où la force des compagnon-nes qui nous soutiennent nous donne plus d’énergie pour aller de l’avant.

J’espère que la décision judiciaire sera positive pour toi [cette lettre date d’avant le rendu de l’appel ; NdT] et que tu seras bientôt dehors. Ne cesses pas de lutter pour tes idées, dedans comme dehors, l’authenticité est la plus grande force.

Beaucoup de force, Compagnon !

Fallon
Reclusorio Santa Marta

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]

 

Fév 142015
 

Le 14 février un événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita avec pour objectif de récolter de l’argent pour les prisonnier-es politiques et anarchistes. Étant en prison, l’information que nous avons sur cet événement est minime. Nous ne savons pas qui l’organise, mais nous savons que nos noms apparaissent sur la liste des prisonnier-es pour lesquel-les il est prévu.

Nous souhaiterions expliquer qu’il nous semble étrange que des personnes que nous ne connaissons pas et avec lesquelles nous n’avons pas d’affinités utilisent nos noms sans nous prévenir. Ce n’est pas parce que nous sommes en prison que nous n’avons pas de voix. Ces cérémonies de solidarité où sont mélangé-es tou-tes les prisonnier-es nous font penser à une récupération aveugle de personnes emprisonné-es. Qu’elles soient “Politiques” ou “Anarchistes”. Depuis le début, nous sommes restées fermes sur nos positions et dans nos ruptures. Il nous semble très bizarre de voir nos noms à côté de ceux de Brian Reyes, Jacqueline Santana [1] et de Jamspa [2] dans un évènement public de solidarité. Leur intention est peut-être de construire des relations entre différentes bandes. Nous le comprenons, mais nous savons aussi que cette absence de relations a des raisons. Certaines méthodes et intentions sont bien différentes et il y a des ruptures probablement irréconciliables.

Pour nous, le sentiment d’affinité est primordial dans la lutte que nous menons. Nous ne nous considérons pas comme des « Prisonnier-es Politiques » et n’attaquons pas les institutions du pouvoir afin d’améliorer cette société.

D’ailleurs, à l’intérieur de la prison nous avons des relations avec toute sorte de personnes, avec lesquelles nous ne partageons pas nécessairement des “affinités de lutte”. Des personnes qui ne s’occupent pas de “politique”, qui pour la plupart croient en dieu, et qui n’ont jamais été à l’école. Avec elles nous construisons aussi des forces et nous vivons de multiples moments de subversion de l’ordre existant. Il serait ridicule de nous organiser uniquement avec celles et ceux qui se revendiquent “Prisonnier-es Politiques”. La majorité des prisonnier-es politiques ne nous sont pas sympathiques et de fait la plupart des anarchistes non plus. L’histoire drôle, c’est de partir de là, avec l’énergie qu’il y a. Si nous faisons rupture avec le groupe qui organise cet événement, cela ne signifie pas que nous coupons avec tout le monde. Nous faisons rupture avec ceux qui se revendiquent de tendance autoritaire, partidaire ou gauchiste. De plus nous avons appris que l’événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita, Institution d’État.

Nous ne souhaitons pas de médiation avec l’État.

Ceci dit, nous n’avons d’affinités avec aucune des personnes mentionnées -sauf Carlos-, pas plus qu’avec celles qui organisent l’événement. Elles ne prennent pas en considération les ruptures existantes, mais ne font que reproduire le “prisonniérisme”. Nous ne voulons pas être récupéré-es. Qu’ils fassent leurs événements de solidarité, mais sans nos noms. Ceux qui nous soutiennent savent pourquoi et ont des affinités avec nous.

La meilleure Solidarité est toujours l’Attaque.
Pour la Destruction Totale de l’Existant.
Feu à la Civilisation.
Jusqu’à l’infini et au delà.

Fallon et Amelie
Reclusorio de Santa Marta, México DF.

[Traduit de l’espagnol de contrainfo par brèves du désordre, 15 February 2015.)

P.-S.

[On notera qu’à Paris également, un « repas solidaire » mêlant tout le monde (« prisonniers adhérents à la sexta zapatiste, les anarchistes incarcéré-e-s à Mexico et les étudiant-e-s arrêté-e-s suite aux dernières manifestations pour Ayotzinapa – Mexique ») est organisé le 28 février (au CICP), sachant qu’une partie de l’argent ira « aux comités locaux de soutien aux prisonnier-e-s de la sexta ».]
Notes

[1] Etudiants arrêtés suite aux manifestations pour les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa.

[2] Jesse Alejandro Montaño Sánchez, dit Jamspa sur les médias sociaux, a été condamné à 7 ans et 7 mois de prison le 12 janvier 2015 pour « outrages à l’autorité ». Le 12 juin 2014, il avait exhibé du haut d’une structure métallique qui accueillait un écran géant lors d’un match du mondial de foot, une pancarte exigeant la liberté des prisonniers politiques & Fifa go home. C’est un activiste qui crée des coups médiatiques en escaladant depuis 2012 des structures et monuments afin d’exhiber devant les caméras des « messages politiques ».

Fév 142015
 

De les médias de masse

MONTRÉAL – Un bâtiment abritant le bureau du ministre de l’Environnement a été vandalisé, tôt vendredi matin, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, à Montréal.

C’est lorsqu’il est entré au travail, vers 6 h 30, que le concierge de l’édifice a constaté les méfaits commis au 3750 du boulevard Crémazie est.

«Une banderole avait été apposée sur la devanture de l’édifice et un produit noir, qui a une texture semblable à celle du goudron, avait été répandu sur la porte et sur la vitrine», a indiqué l’agent Louis Héroux du Service de police de la Ville de Montréal. Comme la substance a été relativement facile à nettoyer, il ne s’agissait finalement pas de goudron, selon les autorités.

Des techniciens en identité judiciaire se sont rendus sur place pour examiner la scène et relever des éléments de preuve. Le SPVM n’avait identifié aucun suspect vers la fin de l’avant-midi.

Malgré la forte présence policière à l’entrée du bâtiment, les employés du bureau de circonscription du ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, étaient en poste, vendredi matin, a indiqué son cabinet.

Les vandales ont agi au lendemain du rassemblement citoyen organisé par le collectif «Refusons l’austérité», qui avait convié plus de 1000 personnes devant l’Assemblée nationale, jeudi après-midi, pour dénoncer les politiques d’austérité du gouvernement libéral. Les participants avaient promis des perturbations économiques afin de faire réagir le premier ministre Philippe Couillard.

Le ministre Heurtel n’a pas été en mesure de prendre connaissance des méfaits perpétrés à son bureau de conté vendredi matin, puisqu’il était à la conférence scientifique Futurearth sur les changements climatiques, à Montréal.

Sans toutefois établir de lien avec le rassemblement contre l’austérité de jeudi, il a tenu à réagir. «Peu importe qui est responsable, le ministre dénonce tout acte de vandalisme, dont celui-là», a indiqué Guillaume Bérubé, l’attaché de presse de David Heurtel.

L’édifice, qui est situé entre les boulevards Pie IX et Saint-Michel, héberge également le Centre local d’emploi (CLE) de Saint-Michel ainsi qu’un centre d’éducation des adultes de la commission scolaire de Montréal.

Jan 092015
 

Il s’agit d’un mois pour réfléchir à la question des prisons comme méthode de répression et de contrôle social. L’idée est de faire de l’éducation populaire et de sensibiliser les gens à cette méthode oppressive, patriarcale, colonialiste, raciste et capitaliste. Tout en essayant de réfléchir collectivement à comment ça devrait être dans un monde libertaire et anti-oppression.

Il est important de noter que nous sommes un groupe autonome, indépendant et qu’en aucun cas nous laisseront de côté cette autonomie que ce soit pour recevoir des subventions ou pour créer des collaborations. Nous sommes tou.tes des militant.es provenant de divers milieux se réunissant dans ce projet avec un but commun : réfléchir à la prison dans une perspective abolitionniste et libertaire. Nous sommes d’ancien.ne.s détenu.es politiques, des proches de (ancien.ne.s) détenu.es et des camarades solidaires. Nous souhaitons lancé la réflexion dans les milieux militants (particulièrement dans le milieu francophone) car nous considérons qu’il s’agit d’un thème trop peu abordé mais très important, surtout avec le contexte de surjudiciarisation post-G20 et de la grève étudiante de 2012.

En ce qui à trait aux activités proposées, elles visent à faire réfléchir sur la question des prisons comme méthode de répression et de contrôle social. L’idée est de faire de l’éducation populaire et de sensibiliser les gens à cette méthode oppressive, patriarcale, colonialiste, raciste et classiste utilisé par l’État pour contrôler le peuple. Tout en essayant de réfléchir collectivement aux alternatives possibles dans une perspective de liberté, anti-oppressive et d’égalité. L’idée étant de faire des activités entre le 8 janvier et le 8 février 2015, à question de deux activités les soirs de semaine et une durant la fin de semaine. Le mois se terminerait par une dernière journée complète d’activités et de pannel.

Déc 222014
 

Ces temps-ci il y a une forte tension à des endroits du pays, le mécontentement que ressentent des individus et des groupes contre l’État-Capital s’étend, créant ainsi un contexte idéal pour continuer nos luttes pour la liberté totale. Nous vivons dans une soi-disant « démocratie », dans laquelle ses représentants redoublent d’efforts pour consolider une « paix sociale » inexistante, qui dans la pratique n’est rien de plus qu’un plus grand contrôle et pouvoir sur nos vies. Mais ce même contrôle est ce qui génère la haine et la rancœur qui tôt ou tard exploseront en révoltes.

Nous pouvons voir que nous sommes face à un gouvernement qui s’est senti vulnérable et à qui ça fait mal de se voir momentanément dépassé face à l’action de ceux et celles qui combattent son oppression, et que l’idée que le conflit puisse se généraliser pour laisser place à une insurrection sociale le remplit de terreur.

À travers le pays il y a des dizaines de meurtres et d’injustices, de cas isolés qui ne reçoivent pas le soutien médiatique ni la force sociale pour provoquer l’indignation qui ouvre le conflit, ce qui nous laisse penser que nous continuons de préférer le spectaculaire et quantitatif. Le conflit le plus récent dans ce sens là c’est l’affaire d’Ayotzinapa, qui a provoqué toute une série d’émeutes qui ont eu lieu à différents endroits du pays suite à la disparition de 43 étudiants. Disparition commanditée depuis les sphères du pouvoir local, ce qui nous prouve que la guerre sale n’appartient pas qu’au passé, mais qu’elle est toujours une pratique courante comme le montre le Chiapas, Atenco, Oaxaca.

Des tas d’informations sont diffusées chaque jour sur l’abus d’Ayotzinapa où l’on spécule au sujet du destin incertain de ces jeunes. Ainsi pour le moment tout ce que je peux dire c’est que la disparition des 43 étudiants a lieu dans un contexte compliqué dans lequel interviennent des facteurs qui contribuent à ce que la situation soit ce qu’elle est : disputes entre cartels de la drogue présents sur la zone pour le contrôle du trafic d’opium et de cannabis, qui voient dans le trafic de drogue un moyen pour obtenir non seulement des armes et de l’argent, mais aussi du pouvoir et du prestige pour réaliser leurs objectifs.
En mélangeant cela avec le thème de la politique, car comme on le sait, les représentants de la démocratie trament avec les mafias pour agrandir leur pouvoir politique et économique, devenant ainsi un narco-gouvernement. En plus de la présence historique de groupes politico-militaires qui ont une base sociale dans cette région.

Nous, individus opposés à toute forme d’autorité, nous ne pouvons accepter aucun pouvoir ni visible ni de facto, ainsi nous refusons catégoriquement toute sorte d’assassinat ou disparition pour des raisons politiques ou d’intérêts mafieux.

La disparition des 43 étudiants a eu beaucoup d’échos au sein de l’opinion publique et dans les médias de masse, devenant le mouvement « Nous sommes tous Ayotzinapa » et déchaînant une vague de manifestations, rassemblements avec discours émouvants, critiques sur internet des institutions de l’État pour son « inefficacité », de groupes citoyennistes demandant la démission du fasciste Peña Nieto ; des familles et amis exigeant la présentation de leurs proches vivants et menant une grande partie de la lutte sur le terrain de la légalité, mais aussi à travers des formes violentes, surtout à Guerrero et dans le District Fédéral.

Personnellement je me solidarise avec la douleur que les familles des disparus doivent ressentir sans aucun doute, car la situation qu’ils traversent n’a rien de facile, et qu’ils réclament justice aux autorités me semble évident lorsqu’on n’a pas une posture acrate. Et si je comprends, même si je ne le partage pas, que la majorité du mouvement préfère manifester de façon pacifique et non violente, ce que je ne peux pas accepter c’est que ce même mouvement, ou une partie, signale et dénonce des compagnons qui décident de participer par des méthodes illégalistes.

De mon point de vue anarchiste, je considère que le pacifisme est une lutte facilement récupérable par l’État, en plus d’être opposée à nos principes. Nous ne voulons mettre personne en prison, car nous luttons pour la destruction des prisons, car nous les considérons inutiles. Pour l’anarchiste, se mouvoir dans cette société ne nécessite aucun accomplissement, car c’est plutôt une tension constante que nous cherchons à étendre à tous les domaines de nos vies, c’est pour ça que nous devons être prudents avec nos prises de position et savoir mener une lutte à côté de ceux qui se rebellent mais sans abandonner nos convictions, sans chercher à être acceptés ni agréables, et encore moins à chercher de la reconnaissance.

Par exemple, nous soutenons la révolte qui a surgi à l’occasion d’Ayotzinapa mais nous ne tomberons pas dans des méthodes et formes qui nous sont étrangères afin d’être happés par le courant. Nous ne sommes pas tous Ayotzinapa. Nous participons pour intensifier le conflit sans pour autant porter l’étendard d’un mouvement qui ne nous représente pas. Je rejoins le compagnon Mario López “Tripa” sur le fait que notre lutte n’est pas pour obtenir des améliorations ni pour rendre le gouvernement plus juste, nous ne concevons aucun mauvais ou bon gouvernement, nous ne cherchons pas à développer nos luttes afin qu’elles soient « cools ». Nous cherchons plutôt une rupture totale, à couteaux tirés avec toute manifestation de pouvoir, d’où qu’elle vienne, une rupture jusqu’aux dernières conséquences.

Nous ne cherchons pas à réclamer quoi que ce soit, à qui que ce soit, mais seulement profiter des conditions pour continuer nos luttes, vu qu’à chaque coup assené au pouvoir nous devenons plus libres. Nous croyons fermement que les attaques solidaires sont la meilleure forme de montrer notre soutien. Nous ne croyons pas aux conjonctures pour prouver notre solidarité, mais nous voulons et nous nous efforçons de mener en pratique l’insurrection quotidienne et sociale.

Être prisonnier est souvent dur, en plus de réduire significativement la quantité d’informations que l’on reçoit sur les événements de l’extérieur, mais ça n’empêche pas que nous puissions émettre des avis, malgré le sentiment d’impuissance que l’on ressent car on ne peut pas soutenir côte à côte les compagnons. Lorsque nous voyons que les conditions sont là pour réaliser cette insurrection à laquelle je me réfère, bien sûr le moment que beaucoup d’anarchistes disent attendre, comme le revendique l’anarchisme de synthèse ou ces « révolutionnaires anti-système » qui se vantent de chercher un monde meilleur, eh bien dans ces moments-là ils ne peuvent pas trouver de prétexte pour sortir de cette attente éternelle et bondir de la zone de commodité qui se justifie d’elle-même.

Ce dont il s’agit maintenant c’est de perpétuer la tension et de ne pas permettre que le feu libérateur ne s’éteigne. Nous devons continuer d’avancer, pas seulement en levant le poing et la voix, mais en lançant tout son corps et sa volonté, en sachant que s’il n’y a pas une foule ou des compagnons pour agir, nous avons la courageuse option de continuer par des attaques avec la complicité de la nuit et l’anonymat, avec des engins artisanaux et simples mais efficaces, et les objectifs c’est pas ça qui manque.

Cependant, l’orgueil et le capitalisme sont souvent des facteurs qui dénaturent ce qu’est la solidarité, en la prenant pour des actions banales comme faire une partie de foot ou des concerts, cherchant à apparaître sur la photo et être connu pour un bref instant, ou bien à ressentir un grand courage momentané après avoir écouté un artiste ou un intellectuel tenir un discours bon marché et applaudir frénétiquement pour ensuite rentrer à la maison et continuer de mener sa vie routinière. Ou ceux qui affichent leur soutien en achetant un tee-shirt avec un petit texte, sans comprendre qu’avec ça au lieu de soutenir la lutte on ne fait que soutenir l’industrie capitaliste. Et il y aurait encore d’autres exemples à citer .. mais ça, ça ne se passe pas parmi les anarchistes … ou si ? Il est clair pour moi que l’insurrection doit être sociale, du côté des gens, même avec différentes idéologies, étant donné que la lutte doit être généralisée et chercher une satisfaction individuelle, mais ça ne veut pas dire que nous soyons en recherche d’alliance, car comme le dit bien Bonanno : « nous, anarchistes, sommes étrangers à tout type d’alliances ». Je considère cette union juste momentanée et dans le but d’amplifier le conflit et pas seulement d’écorner l’État, mais de le détruire totalement. C’est la raison de mon désaccord avec les alliances, car elles sont souvent impossibles vu les divergences de principes.

Un exemple de ces divergences c’est l’EZLN, où l’on voit une contradiction évidente, car tout un tas d’anarchistes, ou anarcho-zapatistes, de posture soi-disant anti-autoritaire, soutiennent et s’identifient avec cette armée, de tendance communiste et de structure autoritaire. Ces anarcho-zapatistes deviennent influencés par des slogans comme « gouverner en obéissant ». Soit, mais nous, nous disons que le fait de gouverner entraîne forcément du pouvoir, et par conséquent il y aura toujours quelqu’un qui devra obéir, même si les cadres zapatistes s’entêtent à dire que « c’est le peuple qui gouverne et le gouvernement qui obéit ». Bien sûr que je ne nie pas et n’ignore pas la lutte qui a eu lieu en 1994 entre l’EZLN et l’État, gagnant des centaines de sympathisants dans le monde pour leur cause. Et même certains anarchistes ont été séduits par la « Sixième déclaration de la forêt Lacandone », mais le désenchantement n’a pas tardé à pointer lorsque nous nous sommes rendu compte que leur pratique autoritaire persistait, bien que soi-disant libertaires.

N’importe quelle armée, aussi révolutionnaire qu’elle veuille bien se dire, y compris des armées noires qui se disent soi-disant anarchistes, aura toujours des bases autoritaires (maoïstes ou marxistes léninistes) qui sont contraires à l’anarchisme et donc je considère que c’est superflu et stérile de chercher ces alliances. Cela nous parait nécessaire de prendre ses distances avec le gauchisme qui cherche à renverser le pouvoir uniquement pour en imposer un autre après, théorie classique marxiste-léniniste.

Pour conclure nous ne voulons pas oublier de rappeler que dans la conjoncture actuelle plusieurs groupes ont réalisé des actions, des anarchistes, des groupes politiques et citoyennistes et même des guérillas ont contribué séparément au conflit et comme toujours, il y en a qui cherchent à en tirer profit, comme c’est le cas d’une guérilla qui s’est donné comme objectif de recruter, même parmi les anarchistes, pour agrandir son cercle guerrier. Ils promettent des entraînements en stratégie militaire, logiques d’attaque, et maniement d’armes. C’est inquiétant que certains anarchistes se laissent séduire et consentent à participer, allant ainsi à l’opposé des convictions, ou c’est peut-être par manque d’information. Les guérillas sont des avant-gardes spécialistes qui ont accepté volontairement la clandestinité comme mode d’action.

Nous devons bien garder à l’esprit que la spécialisation n’est pas du tout nécessaire, car nous ne sommes pas des professionnels et nous ne cherchons pas à l’être. Nous nous contentons d’attaques simples et permanentes en faisant le nécessaire pour rendre la lutte efficace, car la fin ne justifie pas les moyens et jamais nous ne devons perdre la cohérence entre qui nous sommes et comment et pourquoi nous agissons.

Carlos López “Chivo”

[Traduit de l’espagnol par non-fides de la CNA du Mexique]

Ontwatch

 Commentaires fermés sur Ontwatch
Déc 182014
 

From Ontwatch

Au détour d’un coin de rue, en sortant de chez soi, en route vers le travail, nulle n’est à l’abri du regard et des remarques désobligeantes qui font de nous des moins que rien, de la viande sur deux pattes, sur laquelle on s’arroge un droit de regard, de commentaires. On nous éduque à vivre dans le régime de la peur, dans la menace de se faire agresser, sans nous offrir les outils pour y faire face mis à part ces conseils bidons (ne pas marcher seule le soir, ne pas porter de jupe, et dernièrement, ne pas prendre le taxi seule en état d’ébriété, etc) qui participent à la culture du viol, qui “responsabilisent” la victime au lieu de viser les agresseurs. C’est ainsi  qu’on nous impose l’idée qu’il est normal de se faire aborder, que c’est dans la nature des hommes, qu’il est implicitement  permis que des comportements d’agression continuent de se produire dans l’espace public. Le simple fait, et il semble fort banal, d’être bombardé quotidiennement d’images, de publicités sexistes conditionne nos rapports. Objectifiées, commodifiées, utilisées pour vendre la norme; qui s’étonne encore qu’une majorité d’entre nous expérimentent quotidiennement du harcèlement sexuel ou du racisme dans les rues de Montréal? Ces expériences sont complètement invisibilisées, dénigrées, banalisées; elles sont objets de nos quotidiens, auxquelles trop souvent on fait face, en silence, sans trop savoir comment répliquer. Elles démontrent du même coup que les rapports à l’Autre sont invariablement pris dans des dynamiques de domination, qu’il vaut mieux taire que de nommer.

Au contraire de l’art urbain, du street art, ce projet d’affichage est un projet de réappropriation de la ville, et non de revalorisation ou d’embellissement. Rendre visible ces dynamiques de pouvoir, les nommer, reconnaître leurs existences c’est aussi permettre de les éradiquer peu à peu.

Ceci est une invitation, à toute personne qui est tannée d’être considérée comme un bout de viande sur deux pattes, à toute personne qui ne sait quoi répondre à ces morons qui s’arrogent un droit de regard, de commentaires, à toute personne qui en a marre d’être une “victime”.

Ceci est une invitation à se réapproprier nos espaces, à créer un climat de prise de pouvoir et de confiance, de solidarité aussi, mais surtout il faut le clamer haut et fort, ce n’est pas à nous de faire attention à ce qu’on porte, à l’endroit où on se promène, à quelle heure, avec qui, pis avec quelle attitude, qui on regarde dans les yeux pis comment on marche. C’est pas à nous à corriger notre comportement faque,

CONTRÔLE-TOI GROS CAVE, pis ferme ta yeule

baseball_finale

PDF

lesbophobie_finale

PDF

portrait1_finale

PDF

portrait-2_finale

PDF

portrait-3_finale

PDF

recette

Déc 152014
 

lundimatin

La nature et l’enchaînement des évènements qui se sont produits ces deux dernières semaines dans la baie de San Francisco sont inédits. On peut parler d’une révolte. Celle-ci s’inscrit dans le cadre du mouvement national grandissant déclenché par les émeutes de Ferguson suite à l’exécution par la police de Michael Brown ; mais elle est à placer aussi dans la continuité des luttes qui se sont développées depuis 2009 à Oakland à la suite de la mort d’Oscar Grant.

Pour dire l’ampleur de ce qui s’est déroulé depuis le rendu du grand jury à Ferguson, il ne nous est simplement plus possible de faire le décompte des autoroutes bloquées, des magasins pillés et des affrontements avec la police. Ce genre de chose arrive désormais quasiment toutes les nuits depuis plus de deux semaines. Environ 600 personnes ont été arrêtées, de nombreux quartiers d’affaires de l’Est de la baie ont leur façades recouvertes de planches et on s’est désormais habitué au survol constant des hélicoptères de police et de télévision qui chaque nuit traquent une potentielle nouvelle émeute. Des forces de police militarisées venues du nord de la Californie sont désormais régulièrement déployées dans nos rues. Oakland, Berkeley, San Francisco, et Emeryville ont toutes connues des affrontements et des pillages.

Beaucoup d’entre nous avons connu les différentes luttes de cette dernière décennie à Oakland et dans la baie de San Francisco. Mais ce qui se passe en ce moment est différent. Bien que les rassemblements ne soient pas massifs – entre 500 et 1500 personnes en moyenne chaque nuit – la consistance et le niveau d’intensité de ce mouvement n’a pas de précédent depuis des décennies.

Tout se déroule hors du contrôle d’une quelconque organisation ou parti politique. Au point qu’il n’y a même plus d’appel particulier pour telle manifestation ou tel rassemblement : les gens des quartiers, les étudiants, les activistes et les militants se retrouvent chaque nuit, de leur propre (et chaotique) initiative. Une alliance informelle de bandes de taggeurs, de bandes de potes essentiellement noirs et latinos, d’anarchistes de diverses sortes a émergé et compose la tendance la plus vibrante et combattive au sein du soulèvement. Ceux qui viennent pour suggérer que l’énergie de la foule pourrait être utilisée à meilleur escient sont écoutés et parfois leurs propositions sont mises en œuvre. Ceux qui tentent de calmer et de gérer la situation sont ignorés et souvent attaqués lorsqu’ils essaient d’empêcher les actions des autres.

Voici la chronologie des évènements de ces deux dernières semaines :

24 novembre : À Ferguson, un grand jury refuse de poursuivre l’officier Darren Wilson pour avoir tiré sur Michael Brown. Ferguson s’embrase. Plus de 2500 personnes se retrouvent dans le centre ville d’Oakland et vont bloquer l’autoroute 580 pendant plusieurs heures. La foule repart alors vers le centre ville afin de rejoindre le commissariat. Des affrontements éclatent sur Broadway. Les manifestants érigents des barricades, les enflamment et pillent plusieurs magasins de grandes chaines. Des dizaines de personnes sont arrêtées.

25 Novembre : Un petite manifestation bloque l’autoroute 880 à Oakland. Plus tard dans la nuit, une manifestation plus importante se rend sur l’autoroute 580, une centaine de personnes sont arrêtées. Le reste de la foule érige d’énormes barricades enflammées sur Telegraph Avenue afin de tenir la police à distance. Dans le nord d’Oakland de nombreux magasins de grandes chaines sont pillés, et les vitrines des magasins symboles de la gentrification sont défoncées. Une autre arrestation de masse a lieu près de Emeryville en fin de nuit.

26 Novembre : Dans le centre ville et dans l’ouest d’Oakland, une manifestation offensive joue pendant plusieurs heures au chat et à la souris avec la police avant d’être dispersée. De nombreux commerces du centre ville sont dégradés, et il y a de nouvelles interpellations.

28 Novembre : Une action de désobéissance civile coordonnée bloque la station de metro de West Oakland. Tout le trafic qui permet de sortir ou de rentrer à San Francisco est suspendu pendant plus de deux heures. Cette nuit là, à San Francisco, un millier de manifestants assiègent le quartier commerçant de Union Square pendant le Black Friday. Des affrontements ont lieu avec la police et les magasins de luxe sont attaqués. La marche se poursuit jusqu’au quartier de Mission où des magasins sont pillés et des banques éclatées. La nuit se termine par l’arrestation en masse des derniers manifestants.

3 décembre : Un grand jury à New York refuse de poursuivre les policiers ayant étouffé Eric Garner. À San Francisco, la foule bloque Market Street. À Oakland, une manifestation serpente dans le centre ville, la police anti-émeute parvient à empêcher la foule d’atteindre le bâtiment central de la police. Les manifestants se replient pour rejoindre le quartier riche de Piedmont.

4 décembre : Une nouvelle manifestation se ballade dans le centre-ville d’Oakland puis se dirige vers le quartier de Fruitvale où une confrontation avec la police éclate. Nouvelle arrestation de masse. À San Francisco, un « die-in » bloque Market Street pour la seconde nuit consécutive.

5 décembre : Des centaines de personnes manifestent dans le centre ville d’Oakland. Un rassemblement a lieu devant la prison afin de soutenir les personnes arrêtées les jours précédents. La foule se remet en branle et va bloquer l’autoroute 880 avant d’être repoussée par la police. Puis la manifestation assiège la station de metro de West Oakland et détruit les portes qui protègent les policiers anti-émeutes retranchés à l’intérieur. La station reste fermée pendant une heure jusqu’à ce que la manifestation reparte en direction du centre ville où des dégradations, des affrontements et des arrestations ont lieu.

6 décembre : Une manifestation partie du campus de Berkeley s’affronte à la police à proximité du commissariat central. Plusieurs magasins sont pillés. La foule grandit au fur et à mesure que les étudiants prennent la rue. En retour, les différentes polices de la région se regroupent toutes dans le centre de Berkeley et attaquent violemment la manifestation comme les passants. Il y a de nombreux blessés graves.

7 décembre : Le dimanche soir, une nouvelle manifestation part de Berkeley et rejoint le nord de Oakland. Des affrontements éclatent avec la police et plusieurs voitures de la police des autoroutes sont détruites. La foule bloque l’autoroute 24.
La police tente de dégager les manifestants à l’aide de flash-ball et de gaz lacrymogènes. Les gens répondent par des jets de pierre et de feux d’artifices avant de retourner dans le centre de Berkeley tout en détruisant les vitrines de banques et les distributeurs de billets automatiques. Des magasins de téléphones portables et d’informatique sont attaqués et un Whole Food est pillé. La foule termine la nuit autour de feux improvisés sur Telegraph Avenue. On débouchonne les bouteilles de champagne pillées. La police n’ose pas attaquer la foule mais quelques manifestants ciblés sont arrêtés.

8 décembre : La troisième manifestation de Berkeley est la plus importante. Plus de 2000 personnes vont bloquer l’autoroute 80. Le trafic est interrompu pendant deux heures alors qu’une autre partie de la manifestation bloque la voie ferrée qui longe l’autoroute. La foule tente de rejoindre le pont de la baie mais se fait repousser dans Emeryville où plus de 250 personnes sont arrêtées.

9 décembre : La quatrième manifestation de Berkeley rejoint une nouvelle fois Oakland et ferme l’autoroute 24 et la station de metro MacArthur. Des affrontements de plus en plus violents ont lieu avec la police des autoroutes affublée de tout son équipement anti-émeutes. La police tire sur la foule avec des balles en plastique et des « bean bag rounds ». De nombreuses personnes sont blessées et la foule finie par quitter l’autoroute. La manifestation repart à travers le centre ville d’Oakland puis rejoint Emeryville où de nombreux magasins de chaines sont pillés. La nuit se termine par de nouvelles arrestations qui dispersent la foule.

10 décembre : Des centaines de lycéens de Berkeley désertent les salles de classe et se rassemblent devant la mairie. Une cinquième manifestation, plus modeste, part de Berkeley, rejoint Oakland en pillant et attaquant de nombreux magasins. Des manifestants repèrent et dénoncent un policier infiltré. Il sort son arme de service et la pointe sur la foule tout en arrêtant un manifestant.

Le rythme des troubles a souvent changé de tempo ces 20 derniers jours mais ne montre aucun signe de retour au calme. Le mouvement est composé de différentes formes de résistances : des manifestations relativement calmes aux blocages d’autoroutes, des batailles de rues très violentes aux expropriations ciblées. Cela a rendu le mouvement souple et résistant à la fois. C’est ce qui a permis que jour après jour, de nouveaux participants très divers se retrouvent, et cela malgré des désaccords parfois forts sur les tactiques appropriées à la situation et un consensus assez minimal sur la direction que le mouvement doit prendre.
Il est difficile d’anticiper ce qu’il va se passer après. Et personne n’aurait prédit que cette révolte maintiendrait un tel niveau d’intensité pendant plus de deux semaines. Pour le moment, on peut imaginer que l’élan va continuer sous une forme ou une autre, au moins jusqu’à la semaine de Noël.

Les répercussions à long terme sont floues. A minima, il paraît certain que la période de suspension et de décomposition sociale de ces dernières années est bien terminée et que quelque chose de nouveau et d’acharné est en train de prendre forme. Nous pouvons aussi imaginer que la tactique de blocage des infrastructures majeures s’est répandu bien au-delà de ce qu’avait amorcé le blocage du port lors du mouvement Occupy. Au moins dix blocages d’autoroutes ont eu lieu dans la partie Est de la baie ces deux dernières semaines. Désormais, même les manifestants qui tiennent à s’identifier comme « pacifistes » sont favorables à cette pratique.

Aussi, le rythme régulier des manifestations combatives qui ont traversés les frontières des différentes municipalités ont poussé à bout l’organisation des forces de l’ordre. La police semble de plus en plus réticente à s’engager dans des affrontements avec la population. Les agents de police qui se retrouvent pris dans les batailles de rue battent en retraite beaucoup plus fréquemment. Les médias rapportent que ces deux premières semaines de manifestations ont coûté 1 360 000 dollars d’heures supplémentaires à la ville d’Oakland.
Évidemment, l’enchaînement soutenu des évènements a tout autant éprouvé les infrastructures de l’anti-répression qui se sont révélées être une force et un soutien vital au mouvement dans son ensemble. Il est intéressant de noter que celles-ci sont un des héritages qui a perduré depuis les premières arrestations lors des émeutes de 2009 suite à la mort d’Oscar Grant. Des arrestations ont encore lieu tous les soirs, des présentations devant le juge tous les jours, des transports doivent être coordonnés quotidiennement vers la prison de Santa Rita et il y a besoin d’énormément de soutien financier pour pouvoir payer les cautions des personnes inculpées. La manière dont va se poursuivre la solidarité et le soutien matériel pour les personnes arrêtées devrait dire quelque chose de la force que le mouvement a accumulé pendant cette vague de soulèvement.

Si l’on regarde les rues d’Oakland en décembre 2014, on ne peut que voir le retour et la continuation de ce qui avait débuté il y a six ans exactement après qu’Oscar Grant a été abattu par l’officier de police Johannes Mehserle. Tout a commencé à la station de metro de Lake Merrit le 7 janvier lorsque la première voiture de police fut défoncée. Mais le mouvement a par la suite pris différents chemins et détours, à travers plusieurs vagues de contestation, qui ont souvent donné lieu à des émeutes et des affrontements avec la police autour du centre ville d’Oakland.
Des choses similaires se sont produites dans des lieux toujours plus nombreux, répondant systématiquement au dernier meurtre policier. Portland et Denver en 2010, Seattle et San Francisco en 2011, Atlanta et Anaheim en 2012, Santa Rosa, Flatbush et Durham en 2013, Salinas et Alburquerque en 2014. Dans chacune de ces villes, la nom d’un anonyme tué par l’État était arraché à l’oubli et gravé dans la mémoire collective par les actions de ceux qui ont choisi de se révolter.
Les braves de Ferguson ont été plus loin, en refusant obstinément de quitter la rue, nuit après nuit. Démontrant que ces révoltes peuvent s’étendre dans le temps et augmenter en intensité. La raison pour laquelle nous autres dans la baie de San Francisco nous trouvons dans une telle situation aujourd’hui, c’est tout simplement que nous ne sommes plus seuls. Une autre ville a établi un nouveau précédent dans la résistance face à l’État policier et raciste ; Oakland n’est plus un cas à part.

- Quelques antagonistes de Oakland, le 10 décembre 2014

Ce compte rendu est consultable ici dans sa version originale.

Déc 052014
 

Anti-dev

Cette nuit du 29 Novembre, on s’est faufilé dans le département d’ingénierie de l’Université McGill et avons bloqué les serrures du Aerospace Mechatronics Lab avec de la supercolle, comme geste minimal de solidarité avec les survivant-es de l’attaque de l’État Israélien cet été contre Gaza, dans laquelle 800 frappes de drones ont eu lieu au cours d’une période de 50 jours.

Des documents officiels obtenus d’un groupe du campus nommé «Demilitarize McGill» par une requête d’accès à l’information que le AML a reçu plus de 262000$ de l’Armée canadienne pour développer un logiciel pour un drone miniature, ou «robot de frappe» désigné pour la surveillance et la guerre en milieu urbain.

L’arrivée de cette technologie de drones a originellement offert au public inconscient l’épatante fantaisie d’une précision chirurgicale dans l’exercice de la force meurtrière, alors qu’on sait très bien qu’il existe un corpus significatif documentant le fait que les campagnes de drones des USAs et de l’Israël ont tué, blessé, et déplacé des milliers de non-combattants en Afghanista, au Pakistan, en Somalie, (en Libye) et dans les territoires occuppés.

Les frappes de drones sont aussi connues pour causer des souffrances considérables et inassumées dans les vies de gens ordinaires, en plus de morts et de blessé-es. Par exemple, les drones volent 24 heures par jour, 7 jours par semaine au-dessus de villages de zones tribales fédéralement administrées (FATA) du Nord Ouest du Pakistan, frappant maisons, véhicules et espaces publics sans avertissement. Leur présence inquiétante terrorise des populations entières, produisant un climat social de souffrance et d’horreur psychologique sans relâche. Femmes, hommes et petits enfants, dont les seules «activités terroristes» sont d’avoir été né-es du mauvais côté de la suprématie Blanche et du capitalisme impérialiste, sont forcé-es de vivre à l’ombre de ces robots assassins volants, en tentant de vivre des vies normales au sein du bourdonnement permanent de propulseurs au loin: un rappel constant de la surveillance à longueur de journée, et de la mort.

On a pris cette action, en partie, pour envoyer un message. Pas à l’Administration (à qui on a RIEN à dire, à part peut-être qu’ils aillent se faire foutre) mais plutôt à nos comparses subversif-ves; on sait que vous êtes là, dans le corps étudiant en général. Notre but est de créer une situation graduellement plus déplaisante pour l’Administration à travers une série d’actes anonymes de sabotage, desquels leur seule issue est de mettre un terme à leur projet en cours de développement d’armement pour les profits à l’Université McGill… et on vous invite à vous joindre à nous! Pour se joindre à l’AAI, tout ce que vous avez besoin est de simplement arriver avec votre propre plan et le mettre en action. Croyez-le ou non, c’est bien plus facile que vous le pensez et amusant aussi!

Apprends et mets en pratique une forte culture de sécurité. En organisant des actions, soyez conscient-es des caméras de sécurité, empreintes digitales et votre trace électronique. Travailles avec des gens à qui tu fais confiance et que vous connaissez bien ou bien travailles seul-e. Réfléchis et sois préparé-e aux possibles conséquences, et si tu travailles avec d’autres; gardes en tête que les gens viennent de différents milieux et ne pourraient pas être capables d’assumer le même niveau de risque… et c’est correct! Après cela, il y a virtuellement aucune limite d’avec quoi on peut s’en tirer.
Finalement, considérez utiliser de la peinture en pulvérisateur ou des crayons marqueurs pour tagger n’importe quelle surface sur les lieux de votre action avec l’acronyme AIA. Bien-sûr, ça ne va pas toujours être possible ou tactiquement expédient or c’est aux groupes et individus de faire cet appel pour eux-elles-mêmes. À toute instance, nous tenons cet acronyme comme ayant une importance particulière car, de cette façon, nos actions seront liées les unes aux autres, mobilisant le momentum en les plaçant dans un contexte plus global.

Les actions prennent du sens quand elles arrivent en relation avec chacunes, quand elles ne peuvent tomber dans l’isolation «d’incidents individuels». Des actions relativement innoffensives peuvent devenir politisées, et menaçantes en résultat du contexte dans lequel elles se réalisent et le discours par lequel elles sont communiquées.

Allez! Il y a plus de raison d’attendre, or organisons-nous dès aujourd’hui en un antagonisme fluide et mobile du genre à rendre les forces de sécurité de l’Administration impuissantes à nous contenir et contrôler. À partir de ce moment, le flux fluide et ininterrompu de de savoirs, capitaux et technologies ne sera plus pris pour acquis dans les environs, et l’establishment militaire va regretter le jour où il a décidé de mettre le pieds ou prendre forme sur notre campus.

L’université est en guerre; nous aussi.

AAI (Action Anti-Impérialiste)