Montréal Contre-information
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Juil 012012
 

Le pdf page par page

Sommaire:

  • La formation de bandes : Une tactique dans le but d’accroître nos forces et notre autonomie
  • Occupation: un guide Do-It-Yourself
  • Les universités comme espaces de subversion
  • Culture de la sécurité
  • Conseils pour les manifestations
  • Pourquoi porter un masque?
  • Les bombes de peinture
  • Lectures supplémentaires

Si vous désirez des copies papier :

  • L’Insoumise, 2033 St-Laurent
  • La Belle Epoque, 1984 rue Wellington
  • QPIRG Concordia, 1500 de Maisonneuve O., suite 204
  • QPIRG McGill, 3647 University

Juil 012012
 

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Quelques réflexions sur l’escouade GAMMA

Nous avons eu la puce à l’oreille récemment qu’au sein du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), il s’est constitué une nouvelle unité : l’escouade GAMMA (le Guet des activités et des mouvements marginaux et anarchistes).

Il nous a semblé important de diffuser publiquement nos réflexions et de faire une critique en partant de notre position, soit en tant qu’anarchistes. Nous ne voulons pas nous faire porte-parole DES anarchistes, nous nous exprimons en tant qu’individus. Nous espérons stimuler des discussions à ce sujet.

Selon nous, l’escouade GAMMA doit être comprise telle une autre adaptation de l’État dans un contexte d’austérité qui s’accentue. Son mandat est certainement de faire en sorte que l’État maintienne son pouvoir de contrôle social en réprimant la révolte.

Pourquoi GAMMA ?

La nouvelle escouade se situe sous la direction de la Section des Enquêtes spécialisées, dont font partie, entre autres, la division du crime organisé. Comme pour les gang de rues, la mafia ou les motards, GAMMA a pour mission de profiler et d’accumuler des informations sur les actions, les intérêts et les manières de vivre des personnes « marginales et anarchistes », donc quiconque qui questionne l’ordre établi. En tentant d’établir de nouveaux réseaux d’accointance, de liens, d’affinités entre individus, l’État montre son intention d’aiguiser la répression, une répression qui n’est évidemment pas nouvelle.

Plusieurs motifs justifient le fait que le SPVM doit aujourd’hui disposer d’une escouade visible spécialisée en la matière. Pourquoi la police doit-elle explicitement viser les anarchistes? En les pointant du doigt avec l’aide des médias de masse, l’État personnifie l’anarchiste sous un visage de dangereux terroriste et appelle la population à jouer les délateurs afin de se protéger de sa soit-disant menace. Nous avons vu ces citoyens-flics agir en Angleterre avant et après les émeutes, s’organiser en milice d’autodéfense citoyenne et téléphoner au numéro sans-frais pour dénoncer les émeutiers. Cela nous donne un exemple cauchemardesque de ce futur possible. En projetant l’anarchiste comme  »Le dangereux », l’escouade GAMMA veut tracer une ligne claire entre les anarchistes criminels et tout les autres (que l’on présume ne pas vouloir être criminalisés)- un classique; diviser pour conquérir, metre les gens dans des boîtes isoler les uns des autres. Ils croient pouvoir décourager toute autre personne à utiliser ces moyens d’action quand leur viennent des inspirations potentielles de révolte ou à s’identifier avec les rebelles. En réalité, cette ligne n’est absolument pas clair et le désire de combattre l’ordre social est loin d’être unique aux anarchistes.

Notre société, en fait, pour fonctionner, a besoin de dominer les manifestations du vivant. Nous savons aussi qu’il est physiquement impossible pour la police d’être présente à chaque centimètre de notre environnement, partout et en même temps. Ils peuvent essayer de nous contraindre à l’aide d’une multitude de dispositifs tels un nombre infini de caméras de surveillance à tout les coins de rues, leur capacité de mettre les téléphones cellulaires sous écoute et l’accès aux conversations texto, en traçant nos réseaux avec facebook et twitter, les anti-vols aux portes des magasins, les outils biométriques, les rayons-X aux douanes, les détecteurs de chaleur bordant les chemins de fer aux frontières, la collecte des ADNs, les drones survolant les forêts, les prisons où l’on est menacé d’être enfermé si on ne respecte pas la loi ou la discipline qu’on nous inculque dès la maternelle, mais l’élément clé du contrôle social est notre propre introjection de celui-ci ; le flic dans ta tête. C’est le résidu de la peur qu’ils créent. Au final, les flics doivent aussi leur pouvoir de contrôle à leurs fantômes transcendants plutôt qu’à leurs présences réelle.

Enfin, d’un point de vue matériel, GAMMA est probablement un réarrangement organisationel et bureaucratique qui permettra aux policiers d’être plus efficace dans leur cueuillette d’informations. Focussant sur les anarchistes, ils consolident leur base de données pour mieux comprendre les patterns et faire des liens entre des événements distincts.

Nous l’avons souligné plus tôt, la répression est partie intégrale du fonctionnement de l’État; tout État dans son fondement détient le monopole menaçant de la violence organisée avec ses lois, sa police et ses prisons. Il n’est pas surprenant de voir les flics tenter de réprimer une lutte qui a pour honnête intention la négation de l’État et de la domination industrielle. Quant au profilage politique, il a lui aussi toujours été. Le libéralisme ne cesse de vouloir nous convaincre d’à quel point nous avons la liberté de penser et d’exprimer nos idées. Aussi longtemps que ces idées restent des idées, nous avons ces  »libertés ». À partir du moment où les gens commencent à mettre leurs idées en pratique et que celles-ci ne correspondent pas à l’ordre sécuritaire du statu-quo, la répression se fait ressentir et ces libertés s’estompe en une courte mémoire. Cela fait écho aux murs du centre de détention dans l’est de Toronto (G-20), aux chambres de torture de Pinochet, aux ruines de Varsovie et aux cimetières sablonneux d’Afghanistan.

Les droits composants notre État démocratique sont des compromis qui nous sont offerts en échange de la paix sociale (l’absence de rébellion) et de notre obéissance face à ce système de misère. On veut à tout prix nous faire comprendre que c’est la police, les lois et l’État qui protègent nos droits. Pas de chance ; dès le moment où le pouvoir d’État est menacé, les droits sont rapidement supprimés. Pour calmer les émeutes britanniques, le gouvernement imposa des mesures d’exceptions. Le premier ministre Cameron ordonna aux policiers d’utiliser tout les moyens à leurs dispositions pour rétablir l’ordre. La loi était de leur coté. Lorsque l’ordre est transgressée, la démocratie devient tyrannique. On se croirait dans un film de science-fiction. Les flics symbolisent les limites du possible. Ils encadrent l’existant.

Le droit joue un rôle moral, une mythologie de vérités auxquelles tous se réfèrent. Nous venons de démontrer que le droit est un concept qui peut, comme toutes formes de langage, changer de signification, d’application, de mandat, d’intérêt, de fin ou de justification selon les circonstances. Puisque nous voulons construire une lutte sérieuse contre l’État, la dépendance du droit devient une folie. Nous avons besoin d’autre chose.

La démocratie et le fascisme sont les deux cotés d’une même médaille, et celle-ci tourne selon le contexte social, politique, géographique et économique.

La répression dans l’ère des mesures d’austérité

Désormais, ce contexte change. Nous sommes dans l’ère des politiques d’austérité. Partout dans le monde, les gouvernements coupent dans les budgets alloués aux mesures sociales, aux emplois du secteur publique, à l’éducation et à la santé. Afin de gérer la crise financière globale, l’État-Providence, établit suite à la Deuxième Guerre mondiale, se rétracte progressivement pour laisser place à une gestion du privé. On fait primer l’intérêt économique avant tout, même dans des domaines qui jusqu’à présent, concernait les affaires publiques. En coupant dans les mesures sociales, l’État s’attend à devoir faire face à la révolte de toujours plus d’exclus et planifie ainsi son appareil répressif. L’austérité est un moteur qui influence les changements quant à la forme que prendra la répression. Une rage bien réelle se mijote chez un nombre croissant de personnes exploitées et de parias; chez ceux qui ont choisi de se battre pour la liberté et pour la destruction de se système-prison qui nous engloutit.

En tant qu’anarchistes, non seulement nous ne sommes pas surpris de ces développements, mais nous refusons de nous cacher derrière le voile de la justice pour clamer notre innocence. Quel rôle a l’innocence dans la guerre contre le capital de toute façon? Pour nous, la cours n’est pas un terrain de lutte où il est possible de gagner cette guerre. Si, parfois, quelques défenses ont du succès ici et là, nous refusons d’utiliser le discours de la loi. Dans un monde basé sur l’exploitation et la misère, nos désirs pour une libération totale seront toujours criminalisés. La loi a avant tout pour fonction le maintien de ce système. Notre lutte se pose contre le capital et contre l’État dans son entièreté, contre toutes ses manifestations dans nos quotidiens ; contre les flics et toutes autres formes sociales leur servant à maintenir leur pouvoir et contrôle. Alors que notre lutte prend forme et s’intensifie, cela ne fait que trop de sens de voir la police répondre de la sorte.

Comment peut-on répondre?

La question pour nous est de réfléchir à comment répondre à cette répression. Combien de gens détestent ce monde quadrillé? Combien de gens refoulent cette rage, croyant être seuls et impuissants? Un monde qui a besoin de prisons n’est pas le nôtre. Chaque flic symbolise la domination rationnelle des corps. Parce que nous imaginons mille autres choses et que nous avons des rêves, nous refusons de baisser la tête devant l’ordre et la loi. Notre puissance se trouve dans le fait que nous ne sommes pas seuls à étouffer et à vouloir combattre la source de cet étouffement. Le contrôle de nos vies augmente avec l’expansion de l’aliénation; des plans d’urbanisme lissés en bloc et où les recoins et les cachettes n’existent pas, nous sont imposés. Le capital nous fait la guerre pour s’approprier chaque centimètre de nos espaces, chaque muscle de nos corps et les idées dans nos têtes. Si nous refusons la colonisation par le capital, nous devons nous battre. Nous avons fait ce choix d’être en conflit, ensemble, face à ce système plutôt que d’attendre devant la télévision en croyant que le système s’effondrera de lui-même. Si les émeutiers de Londres ou de Paris ont choisi de prendre leur propre vie en mains, nous bouillonnons d’envie de faire de même.

C’est le moment de nous retrouver comme camarades de lutte et de nous organiser nous-même, en groupes affinnitaires, et MAINTENANT. Il nous faut créer se que nous voulons voir exister par nous-même car personne ne le fera pour nous. Nous devons développer nos pratiques en therme de communication, de créativité et de conflit. Le saut de l’idée à l’action n’est pas si grand.

Il est aussi temps de travailler sur nos différences et construire une solidarité critique entre nous, ne pas laisser l’État nous diviser pour des conflits ridicules. Cela ne veut pas dire que nous devons éfacer nos différences, ou que nous devons tous faire les chose ensembles, mais pouvons-nous au moin nous supporter?

Nous devons faire gaffe à ne pas nous faire prendre dans une guerre d’usure contre la police. Si nous ne restons que quelques-uns, nous ne pouvons éventuellement que perdre. La stratégie répressive de l’État canadien, tout comme celle de la France, des États-Unis, de l’Angleterre et de tout les pays dominants, est basée sur la théorie de la contre-insurrection permanente. Cette dernière évoque le besoin de réprimer chaque lutte sociale avant même qu’elle n’ait la chance de se répandre et de rejoindre une certaine masse critique. Notre plus grande force n’est donc décidément pas notre passion, notre colère ou ni même notre revanche, mais la possibilité que nos idées et pratiques se répandent dans ce baril de poudre à canon qu’est notre société.

Juin 282012
 

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Vendredi le 18 mai 2012, deux nouvelles lois ont été adoptées à Montréal. Leur but est d’étouffer la révolte anti-capitaliste qui s’est créée à travers la grève étudiante, qui perdure depuis plus de 100 jours. La première est une loi municipale  – elle interdit le port de masque lors de manifestations, sous peine d’une amende de 1000$ à 5000$ (de plus, si la loi entre en vigueur au fédéral, porter un masque dans une émeute pourrait mener jusqu’à 10 ans de prison). La deuxième est une loi spéciale du gouvernement provincial (Loi 78) qui oblige toute manifestation publique à se soumettre à un contrôle méticuleux par la police pour ne pas être déclarée «illégale». Tout leader, porte-parole ou exécutant.e membre d’une association étudiante qui bloque l’accès aux cours ou y encourage d’autres personnes, recevra une amende entre 7000$ et 35 000$.

Même si ces lois sont étonnamment rigides, leur existence n’est pas étonnante. Avant leur création, l’État et les forces policières ont volé des yeux, brisé des bras, fracassé des mâchoires et envoyé des personnes dans le coma. Nous sommes des milliers dans la rue qui, jour après jour, risquons beaucoup pour maintenir une lutte féroce. Ces lois sont le résultat de la situation qui surpasse le contrôle des assemblées générales, des fédérations étudiantes et de l’autorité gouvernementale. La loi 78 a été déclarée anti-démocratique par les groupes de défense légale, par la Commission québécoise des droits humains et par le Conseil du Barreau du Québec. Malgré tout, les lois seront effectives encore longtemps et la situation ne changera pas pour autant. Elles démontrent comment les libertés associées à la démocratie, qui nous sont données en période de stabilité sociale, peuvent nous être enlevées dès qu’on entre en situation d’instabilité, à l’aide de toutes sortes de dispositifs autoritaires. En démocratie, l’État d’urgence nous attend toujours au détour pour nous imposer plus de contrôle, spécialement dans les moments où nous commençons à vivre.

Les lois, la bureaucratie et la police existaient avant la démocratie ; elles fonctionnent pareil dans une dictature. La seule différence est le droit de vote, grâce auquel on nous fait croire que les lois nous appartiennent, même lorsqu’elles sont appliquées contre nous. La démocratie agit en installant tout le pouvoir et la légitimité entre les mains d’une structure qui prend les décisions, elle requiert des corps armées (la police) pour faire respecter ces décisions. Nous voulons nous  battre pour une réelle libération, pas juste pour des politicien.ne.s moins répugnant.e.s dans la même structure oppressive de pouvoir.

La résistance doit se déployer, évoluer et se poursuivre indéfiniment! Nous avons vu la situation se transformer d’une grève aux objectifs réformistes en une révolte généralisée aux aspirations révolutionnaires. Cette lutte n’est pas seulement à propos des frais de scolarité. Le système qui augmente le coût de l’éducation est le même qui coupe les pensions et l’aide sociale au nom de l’austérité, le même qui transforme les forêts en béton au nom du progrès et de l’industrie, le même qui décime des communautés entières au nom de la sécurité et du patriotisme… et pense que nos vies sont jetables au nom du profit. Nous devons combattre l’État et le capitalisme !

Prenons les casseroles dans nos quartiers, chaque soir, à 20h. Cette action peut être une façon de construire une culture de résistance dans nos quartiers, et ainsi démarrer de nouvelles formes de relations sociales hors des murs érigés par la société pour nous isoler. Mais souvenons-nous que le pouvoir ne se prend pas en le demandant. Le ministre des finances, Raymond Bachand, approuve ces manifestations de casseroles, il trouve qu’elles sont festives et envoient le bon message. Dans un effort pour nous diviser entre bon.ne.s manifestant.e.s et mauvais.e.s, il souhaite du même souffle une pacification du conflit, afin de laisser la ville reprendre son train-train quotidien. Mais nous savons que la diversité et les tactiques de confrontation ne nous permettrons pas seulement de créer un monde selon nos propres termes, mais aussi de se muer en une force qui impose le respect…

Une force que l’État ne peut pas continuer à ignorer!

Juin 212012
 

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Ceci est un pamphlet. Ce n’est pas un livre, ni un petit livre, ni un cahier, ni un petit cahier, c’est un pamphlet. Il ne prétend pas, loin de là, d’ être objectif, ni de créer le consensus. Ses prétentions sont beaucoup plus grandes, ainsi nous ne comprenons pas pourquoi nous devons faire les modestes quand nous pouvons aspirer à ce qu’il y a de mieux. Qu’est-ce que c’est le mieux ? Nous ne voulons pas avoir de limites. Nous ne savons pas si nous en avons ou pas, mais précisément ceci n’est pas la question, car nous ne DÉSIRONS pas avoir de limites, nous voulons nous déchaîner. Ce qui nous importe c’est nous. Nous nous inquiétons des obstacles et des ennemis dans la mesure où ils nous empêchent de faire ce que nous voulons ou d’obtenir ce dont nous avons besoin. S’ils ne gênent pas ils n’existent pas. Et si ils gênent, ils doivent arrêter d’exister. Nous avons passé suffisamment de temps à réfléchir sur l’ennemi, le Système, le Capital etc .. Nous croyons que c’est l’heure qu’enfin nous nous occupions de nous même. Qu’est-ce qui nous plaît ? Ne nous plaît pas ? Que voulons nous ? Ne voulons pas ? Quels sont nos vrais désirs ?

C’est vers ça que nous tendons. C’est notre objectif, et nous sommes prêts à aller vers ça, et partout ailleurs.

Les conditions sont là pour que ce qui existe déjà dans le principe voit le jour et existe vraiment.

Comme le disaient certains étudiants de la préhistoire du mouvement étudiant dans les années 60, les étudiants sont une classe en eux-même. Nous ne sommes pas salariés, bien que pour la majorité d’entre nous nous sommes destinés à l’être; nous ne sommes pas non plus dirigeants, comme peu d’entre nous sont destinés à l’être. Nous sommes nulle part, nous sommes encore en transition, en construction. Nous ne voulons pas dire que nous sommes à l’abri de la merde du Système, mais nous disons que nous sommes dans les conditions matérielles, concrètes, pour se révolter, se retourner contre tout ce qui ne nous plaît pas et pour tout ce qui nous plaît.

Nous ne possédons rien, rien n’est à nous. Nous n’avons ni notre propre maison, ni voiture, ni famille, ni enfants à charge, ainsi on ne peut pas nous tromper avec le fait que nous sommes de la classe privilégiée, parce que nous n’avons rien à garder. Il nous manque encore tout à avoir.

Tout est devant nous. C’est le premier point dont nous devons prendre conscience : nous n’avons rien à perdre. Si nous faisons une grève, on ne vas pas nous virer de notre travail, et on ne va pas arrêter de percevoir un salaire, et nous n’avons pas non plus à perdre de stupides « conquêtes sociales » avec lesquelles ils ont réussi à tromper nos parents. Si nous faisons grève, non seulement nous n’allons rien perdre, mais nous allons gagner beaucoup de choses, nous allons nous réapproprier un jour d’ennui, et nous allons en faire un jour de vie réelle, de vie intense dans laquelle nous allons faire à chaque instant ce qui nous plaît et non pas ce qui correspond à notre rôle d’étudiant. Profitant du plaisir de l’instant subversif.

Qu’on ne se foute pas de nous, la seule chose qui peut vraiment se perdre c’est la peur. Ce n’est pas tant la peur de potentielles représailles des diverses autorités – professeurs, parents, …- ni la peur de la punition sociale parce que tu n’agis pas selon les attentes imputées à ton rôle. C’est la peur de soi même, la peur de ne pas savoir quoi faire lorsque personne ne nous dirige et nous dicte notre conduite. La peur de ne pas savoir jusqu’où aller lorsque personne ne nous montre la voie, la peur de ne pas savoir quoi faire à chaque instant. La peur de vivre sans maîtres. La peur de l’incertitude.

Nous allons vous confier un secret : nous aussi nous avons peur ! Et même, nous croyons qu’une bonne part de notre force se base sur cette peur. Nous ne voulons pas que ça soit clair, nous ne voulons pas avoir le chemin balisé ni une lumière au bout du tunnel vers laquelle nous diriger en somnambules. Nous voulons construire notre vie au jour le jour, et par conséquent, affronter la peur de vivre sans maîtres. Nous avons peur, c’est vrai, et l’incertitude nous ronge, mais cette incertitude fait aussi que ça nous donne envie et nous met en ébullition.

Vous n’êtes pas attirés par l’idée de faire l’expérience d’une vie nouvelle et d’abandonner cette expérience médiocre ? Alors expérimentez, faites ce que vous voulez, faisons ce que nous voulons, nous ne saurons pas ce que c’est jusqu’à ce que nous l’expérimentions, et même ainsi nous ne pourrons pas prétendre le savoir car à chaque moment nous découvrirons de nouvelles choses. Nous ne nécessitons rien de plus. Nous voulons avancer. Vers où ? Nous ne le savons pas. LÀ-BAS, par exemple, nous savons en tout cas que nous ne voulons pas être ici. N’importe quoi à part ça, nous sommes fatigués, ce monde nous ennuie, il ne satisfait pas nos besoins et nos désirs, il ne nous plaît pas et nous ne nous amuse pas. Mais nous voulons plus, nous voulons une vie meilleure.

Qu’on ne nous trompe pas non plus avec notre avenir. Nous ne sommes pas le futur et nous n’avons pas non plus un bel avenir devant nous. Nous n’avons pas envie d’accepter le futur, avoir un futur c’est s’écrire une mort, écrire le roman de ta vie avant de la vivre : tu fais juste ce qui est DÉJÀ écrit et tu ne construis pas ta vie au jour le jour. Et aussi nous n’acceptons pas le futur parce que nous n’acceptons DÉJÀ pas le présent misérable qui est là et nous n’acceptons pas non plus le futur de merde qu’on nous prépare. Cette vie est misérable !

Nous sommes conscients malgré tout de notre situation dans le monde. Nous sommes conscients que nous sommes ici pour être de futurs travailleurs, nous savons que nous avons un rôle à jouer dans ce monde, celui d’étudiants, celui de gens qui apprennent à avaler la merde, la merde de la Réalité, celui de gens qui s’appliquent à apprendre l’idéologie qu’insufflent les intellectuels du Système à travers la culture, de gens qui apprennent à réduire leur corps et leur tête à des espaces et des horaires rigides pour arriver dans le monde du travail avec le corps et la tête déjà réduits. Nous sommes conscients que nous sommes des Étudiants.
Mais nous sommes conscients que nous ne voulons plus l’être. Nous ne voulons pas nous habituer à des horaires et des espaces, nous ne voulons pas avaler de la merde, nous ne voulons pas apprendre leur idéologie, ni aucune idéologie. Plus d’intellectuels, plus de culture, plus d’art. Nous aussi nous voulons arrêter d’être étudiants. Mais nous ne voulons pas arrêter d’être des étudiants pour devenir des travailleurs ou autre chose. Nous ne voulons pas quitter un rôle pour en embrasser un autre. Nous ne voulons aucun rôle, nous ne voulons pas être rien, nous voulons être ce dont nous avons envie à chaque moment. À chaque moment. Nous, étudiants, devons commencer à arrêter de nous cramponner à des idéologies et pensées créées, des choses DÉJÀ faites auxquelles nous nous accrochons à cause de cette peur de vivre sans maîtres, à construire chacun sa vie à chaque moment.

C’est le moment de se jeter à l’eau, d’abandonner toutes les croyances et illusions qui nous garantissent la sécurité de vivre dans ce monde. La sécurité dans cette société n’est pas plus qu’une barrière qui nous protège de .. de quoi ? Vous êtes vous déjà demandé de quoi nous protège la Sécurité qu’on nous offre ? De quoi devons-nous avoir peur ? Les sécurités nous protègent de nous-même, c’est nous que les barrières ne laissent pas sortir, et non les autres qui peuvent aller et venir. Ils ne nous permettent pas de dépasser ce qui est permis. C’est notre propre police qui nous surveille lors de nos arrestations à domicile. Tu te décomposes de l’intérieur, tu t’endors et tu t’ennuies, avec l’assurance que tu vas continuer à vivre, c’est à dire, que ton cœur va continuer de battre. Et le reste ? Les rêves ? Les désirs ? Les émotions ? La passion ?

Tout cela est là, de l’autre côté de la barrière. Abandonnez les sécurités, la seule chose qu’elles font c’est enchaîner, et lancez-vous dans l’expérience palpitante de vivre sans normes, sans maître, sans rôle. Expérimentez.

Nous voulons vivre et expérimenter MAINTENANT, pas à court ou long terme.

L’idée de la révolution comme processus est très bien, mais nous ne pouvons plus attendre. Nous avons besoin d’améliorer notre vie, nous voulons qu’elle ait une forme plus intense, et pour ça nous voulons lui créer des moments où elle s’épanouira. Nous voulons des insurrections, des soulèvements, des révoltes, la tension du conflit ouvert. Ça ne nous convient pas d’avoir simplement le rêve d’une révolution, nous préférons le rêve et l’utopie d’un moment d’insurrection. Le soulèvement est une réappropriation, une vraie rupture avec la monotonie de la vie quotidienne, avec les normes sociales, et avec les rôles qu’à chaque moment de la vie nous devons adopter. Le moment de soulèvement rompt avec les horaires, le temps, qui arrête d’être une tyrannie linéaire, pour devenir un désordre de moments vécus intensément. Nous savons qu’une insurrection ne va pas changer le monde, mais nous croyons qu’elle peut transformer notre vie.

Parce qu’il s’agit de changer le monde, mais aussi de transformer la vie. Nous ne sommes intéressés par aucune révolution qui n’élève notre qualité de vie. Nous ne sommes pas intéressés par un monde, aussi libre et juste qu’il soit, si la vie est tout autant ennuyeuse, monotone, rationnelle et médiocre que celle que nous vivons maintenant. Plaidons pour créer la révolution qui ne triomphe jamais. Nous ne voulons pas triompher. Nous ne voulons pas perdre le rêve et l’utopie. Les choses qui ont une fin ne nous intéressent pas, ni les choses dont le destin annoncé est de mourir. Nous ne voulons pas avoir de futur, nous fabriquerons notre vie au fur et à mesure. Nous ne voulons pas nous définir maintenant, nos actes nous définirons en temps voulu. Nous ne voulons pas que tout soi clair, nous nous éclaircirons au fil de la pratique.

Les choses ne sont pas claires pour nous. Mais ATTENTION, ça ne veut pas dire que nous allons permettre à des intellos de nous éclairer et de nous dire qui nous sommes et ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Nous n’admettrons pas d’avant-garde révolutionnaire qui viennent chapeauter notre révolte avec leurs idéologies ? Et nous n’allons pas plus permettre les leaders syndicaux ni les syndicats eux-même. Nous n’allons pas vous laisser faire, nous vous prévenons, nous n’allons permettre aucune tentative de manipulation, et nous allons pas vous laisser récupérer nos luttes pour le système, nous menant vers le cours inoffensif de la démocratie. À bas la démocratie ! Plus de dialogue ! Il faut faire face. Nous vous prévenons, si vous essayez d’étendre vos griffes parmi-nous nous nous jetterons sur vous avec toute notre colère. Mieux encore, nous nous jetterons sur vous, même si vous n’essayez pas d’y mettre vos sales pattes, juste pour ce que vous êtes et ce que vous faites, pour votre fonction de pompier des feux de la révolte. Récupérateurs de merde, vous êtes dans notre point de mire.

Tout est dans notre point de mire. Rien de ce monde ne vaut la peine d’être sauvé. Les étudiants, nous nous foutons de tout. Nous avons commencé par revenir de la crédulité de la vie moderne, nous ne croyons pas dans la sécurité du foyer rempli de sentiments électrodomestiques, ni dans les machines qui donnent un bonheur pathétique, comme le sourire de l’âne lorsqu’il meurt.

Les voitures ne sont pas plus que le modèle de l’idéal bourgeois du bonheur. Brûlons-les, brisons les vitrines de l’aliénation et de la fausse vie.

Brûler des voitures, briser des vitrines. Ce n’est pas une consigne que nous vous donnons.

Brûler, casser, ce sont nos sentiments que nous vous lançons. Nous vous lançons notre rage, notre colère. Nos désirs et nos rêves. C’est ce que nous pensons. Voilà ce que nous sommes.

Nous nous répandons dans notre environnement telle la lave du volcan. Nous voulons faire irruption, et pas attendre que les fleurs éclosent. Nous voulons briller deux fois plus sans devoir nous résigner à ne durer que la moitié du temps. Nous sommes des utopistes, des rêveurs. Des rêveurs ! Vous avez arrêté de rêver ! Vous êtes devenus grands, vous êtes autant adultes que ces universitaires envahis par l’ennui à vingt ans et quelques. Nous autres nous n’avons jamais arrêté d’être des enfants. Nous sommes toujours sauvages et nous résistons pour ne pas être domestiqués.

Nous mordons.

Nous sommes utopistes et sauvages.

C’est sûr que vous pensez qu’on est fous, pas vrai ?

Ce pamphlet est un virus. Il s’étend et se propage de par le monde sans limites, en tissant des réseaux de désirs subversifs. Tu peux en faire parti. Et même, tu peux l’incarner.

Répand-le, photocopie-le, offre-le aux gens que tu aimes. Crée du rêve.

Des Sauvages

Madrid, décembre 1998

Juin 212012
 

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«La loi, dans un grand souci d’égalité, interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain.» Anatole France

«La violence était la loi, et avec les canons dans les mains des blancs, la loi était blanche.»
Sunera Thobani

La lutte sociale au Québec, issu d’un mouvement étudiant contre les frais de scolarité, en a inspiré plusieurs. Mais peut-être que la question centrale qui amène les gens à prendre les rues avec des casseroles à travers le pays est la Loi 78, connue sous le nom «loi spéciale». Elle criminalise les manifestations non-approuvées par la police et impose de lourdes amendes pour des activités politiques sur les campus scolaires. Elle a été accompagnée par une vague de répression qui a vu plus d’arrestations massives que la crise du FLQ en 1970, plus de 2500 arrestations au dernier décompte.

Mais la loi spéciale n’est pas spéciale. Il s’agit d’une réaction prévisible à une mobilisation particulière, une mobilisation qui est sans précédent par son ampleur, son soutien populaire et sa férocité dans l’histoire récente du Québec. En Ontario, nous avons eu un avant-goût de «loi spéciale» en 2010 au Sommet du G20, où le gouvernement et la police ont collaboré pour créer une «zone no-go» autour de la barrière de sécurité protégeant les dirigeants du G20. Les droits ont été jetés par la fenêtre pendant que la ville de Toronto était transformée en État policier. La classe moyenne blanche était particulièrement outrée et aura son jour au tribunal maintenant que la menace a disparu temporairement. Mais pour les personnes déjà criminalisées en vertu du système, cela représente seulement une intensification de l’expérience quotidienne du harcèlement ciblé. Nous voyons ce même processus qui se passe au long terme au niveau fédéral, avec des lois sur la criminalité et des lois spécifiques visant à préempter la dissidence, comme la loi anti-masque avec des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.

C’est à propos des intérêts du gouvernement et du capital, et non les complots diaboliques de Charest ou Harper.

Si nous percevons comme exceptionnelle la loi 78, nous ignorons le fait que la loi est un ensemble d’outils et d’armes que les gouvernements utilisent pour consolider les intérêts des puissants, contrôler et réglementer la population en général, et mener la guerre contre les ingouvernables. L’État canadien est fondé sur la conquête génocidaire des nations autochtones et de leurs terres, et des concessions telles que la Charte sont des tentatives désespérées pour créer de la légitimité, où il y a seulement une violence impitoyable qui sous-tend le «Canada». Donc, nous ne devrions pas être choqué quand nous voyons ces mêmes droits instantanément s’évaporer dans une «crise». Et en ces temps de bouleversements sociaux et d’austérité économique, nous nous approchons de la crise perpétuelle.

Se concentrer sur une loi particulière ou recourir aux droits risque de nous amener sur une position défensive et nous entraîner dans une conversation avec nos ennemis. Cela peint le mouvement en tant que victime impuissante. Nous devrions être inspirés à l’action non seulement par des images de brutalité policière, mais aussi par des images de rebelles masqué-e-s chassant la police anti-émeute. Il est maintenant temps de construire notre pouvoir de la base, se préparer à la répression, soutenir les personnes ciblées par l’État, mais surtout passer à l’offensive.

LA LOI SPÉCIALE – ON S’EN CÂLISSE!
PAS DE PRISONS – PAS DE FRONTIÈRES – FUCK LA LOI ET L’ORDRE!

 

Juin 212012
 

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LE TRAVAIL, C’EST L’ESCLAVAGE SALARIÉ

LA PROPRIÉTÉ, C’EST LE VOL

L’histoire de l’économie est l’histoire du vol. Regardez le morceau de terre sur lequel vous êtes debout. Il fut autrefois travaillé par des gens qui savaient comment satisfaire leurs propres besoins et ceux de leurs communautés sans détruire l’environnement. La possibilité de vivre et de travailler dignement a été tuée par les États et les propriétaires terriens qui ont organisé des armées colonisatrices et amené comme main d’œuvre des immigrant.es européen.nes endetté.es ou des esclaves africain.es kidnappé.es.

Dans les deux cas, nous y voyons un modèle de dépendance forcée. Des gens qui réellement travaillaient de façon digne, c’est-à-dire pour eux-mêmes, pour leurs communautés et à leur propre rythme, ont été empêchés de le faire par la violence organisée de la colonisation. Des terres qui avaient appartenu à tout le monde furent divisées et usurpées par l’élite, les ancêtres de beaucoup de ceux/celles qui sont encore riches d’aujourd’hui. Même après la colonisation, le travail était juste un peu plus qu’une taxe. Donnez un certain montant, plus si vous étiez noir.e et moins si vous étiez blanc.he, et gardez le reste pour vous nourrir. Tu pouvais au moins encore voir les fruits de ton travail et t’en nourrir.

Mais alors quelque chose s’est passé. L’esclavage a progressivement pris fin – pas dans un moment soudain de libération, comme le disent les livres d’histoire, mais par un glissement progressif vers un système plus rentable d’esclavage salarié. Tandis que nous ne sommes plus forcé.es de travailler à la pointe d’un fusil, le résultat final est le même avec tous les moyens de survie hors de portée si nous n’avons pas d’argent. Les gens sont obligé.es de travailler, passant leur temps au service du Capital. La prison et la police attendent ceux/celles qui désobéissent. Personne n’a été libéré. Plutôt, les noir.es et les blanc.hes ont été transformé.es en machines.

Où est l’utilité de l’esclavage pur et simple quand la banque peut posséder votre maison, le patron peut posséder votre temps, les huissiers sous contrat de la compagnie de crédit ou le Centre national de prêts aux étudiants peuvent posséder votre avenir, les entreprises de mode peuvent posséder vos insécurités, les producteurs d’Hollywood peuvent posséder votre cœur et les journaux peuvent posséder votre esprit? Constamment se démener pour apaiser les besoins de leur propriétaire, c’est ça la vie quotidienne d’un.e travailleur(euse)-consommateur(rice).

Le système de l’usine fait des travailleur(euse)s une partie du processus. Le secteur des services d’aujourd’hui va encore plus loin, commandant chacune de nos humeurs. Nous ne devons plus simplement à nos boss une certaine quantité de produit, ou même un certain laps de temps, mais une quantité mesurée d’enthousiasme. Servir avec le sourire. Qui peut imaginer une forme plus intime de violence ? Nous ne sommes même pas autorisé.es à être déprimé.es par notre manque total de pouvoir sur nos propres vies. Déjà à l’âge de 5 ans, les plus maussades et les impatient.es se font prescrire du Prozac et du Ritalin. Des enfants diagnostiqué.es avec des «désordres» sont souvent soudainement «guéri.es» quand ils/elles sont autorisé.es à organiser leurs propres vies ou à déterminer leurs propres rythmes. Mais une fois que les besoins de l’économie les renvoient au travail, à l’école, tout à coup ils/elles rechutent et doivent retourner sur les pilules.

Le «désordre» est la société qui envoie les corps dans un hachoir à viande, qui exige que nous devenions des pièces interchangeables. Le chantage, c’est la société qui exige tout de nous – pas seulement notre temps, notre obéissance et notre énergie, mais aussi notre convivialité et notre bonne foi – et nous donne rien d’autre en retour que les moyens d’y participer plus pleinement, selon ses termes, dépensant nos maigres salaires sur les ressources volées à travers la planète entière, la garde-robe adéquate, le régime adéquat, la collection de musique adéquate. En fait, cet assemblage minutieux de produits de masse est la seule façon légale que nous avons d’exprimer notre individualité.

À la base, ceux/celles qui exaltent les vertus du travail sont les mêmes vieux maîtres chanteurs: travaillez pour nous ou mourez de faim dans les caniveaux. Mais quand nous avons commencé à négocier avec ceux et celles qui se font appeler les dirigeant.es, ils/elles n’ont commencé qu’à nous faire plus de demandes. Ne négocions pas avec le monde du travail et de la misère dont nous ne désirons que la fin, mais attaquons-le afin de le détruire…

Tant que la misère existe, nous choisissons la rébellion.

Juin 212012
 

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GUERRE SOCIALE

Une guerre est déjà menée contre nous quotidiennement par l’État et le capital, par les rôles misérables de soumission qui nous sont imposées, par la police et leurs prisons. Une paix sociale pourrie est maintenue pour dissimuler que les gens se battent contre l’exploitation et la domination. Guerre sociale est la riposte à cette guerre déjà existante.

Guerre sociale veut dire nous contre l’État. L’existence de cette guerre est le plus grand secret gardé de notre civilisation. La nommer est le premier acte de rébellion, la première étape vers la reprise du contrôle sur nos propres vies.

Nous avons pensé.e qu’il s’agissait d’une guerre unilatérale; menée par l’Autorité, contre nous. Nous avons pensé.e que nous n’avions aucun autre espoir que de l’ignorer, de rendre cette misère un peu plus tolérable. Nous espérions que ça passerait. Mais seulement ça nous encercle, de plus en plus serré, surveillant chacun de nos mouvements tout en nous offrant un million de façons de plus d’acheter notre place dans le système, de participer à notre propre domination. Et la plupart participent, tout d’abord en évitant d’admettre que cette guerre existe. Ils/elles parlent de changement, de politique, de réforme, de la corruption, mais elles/ils ne parleront jamais de la guerre à moins qu’ils/elles parlent de quelque chose qui se passe loin. Parce que d’admettre l’existence de la guerre menée contre nous est d’admettre qu’il y a une ligne qui divise entre agir pour la liberté ou collaborer avec le système et que les deux ne peuvent être réconciliées. Si nous voyons que nous ne ripostons pas, alors nous devons admettre que nous avons capitulé. Que nous avons déjà été vaincu.es. Que nous ne sommes pas libres ne signifie pas que nous sommes impuissant.es. En fait, la surveillance généralisée envoie un message évident: l’État a peur de notre capacité à le percevoir comme ennemi et d’agir par notre désir d’y mettre un terme. Parce que nous ne serons jamais impuissant.es. Nous avons le pouvoir, la responsabilité, de riposter.

La guerre menée contre nous tous/toutes peut devenir une guerre sociale lorsque nous nous joignons ensemble pour lutter contre ceux/celles qui ont volé nos vies, rompu nos communautés, empoisonné notre monde. En déclarant la guerre, l’humanité peut s’élever de sa tombe. Parce que pendant trop longtemps, nous avons fui la catastrophe de notre défaite originelle, à travers la ruine de générations empilées assez haut pour bloquer le soleil; exilé.es dans un avenir devenu cauchemardesque par le manque de possibilité. L’état des choses qui fait semblant d’être quelque chose de complet – une civilisation perfectionnée où nous ne pouvons que prendre un siège et accepter – exige en fait de nous de faire un choix: se battre contre elle ou se rendre.

Beaucoup de gens combattent déjà, dans le monde entier. Nous luttons de toutes les manières qui s’offrent à nous. Détruisant le système morceau par morceau, que ce soit par l’incendie d’une banque ou le sabotage d’un oléoduc. Surmonter l’aliénation qui constitue les barreaux d’une prison invisible en prenant la rue en émeute ensemble ou en parlant avec nos collègues et en organisant ensemble une force collective contre le pouvoir des patron.nes. Désertant et désobéissant à toutes les règles écrites contre nous, en squattant et en volant pour notre survie, par le refus du service militaire, rejetant les rôles auxquels nous sommes assigné.es, comme bon•ne travailleur.euse, bon.ne élève, bon.ne citoyen.ne. Réécrire les fins habituelles en soutenant les prisonniers(ère)s plutôt que de les laisser disparaître dans l’isolement, en battant les violeurs et les homophobes plutôt que de subir leur violence, en créant des formes d’amour qui nous renforcent plutôt que de nous contenir et nous limiter. Prendre le contrôle de notre environnement par le graffiti sur les murs ou en occupant l’espace et en plantant des jardins, en s’armant avec la capacité de créer un monde nouveau et de détruire celui qui nous a été imposée.

Nous ne nous attendons pas à ce que vous commenciez cette bataille, pas tout de suite, car être honnête au sujet de votre place dans le monde et agir, c’est déclarer la guerre contre le système qui supporte votre vie, attaquer les chaînes qui vous confinent, mais aussi vous gardent en sécurité, balançant au-dessus de l’abîme que le système a creusé à partir de nos vies. Choisir votre propre camp dans la guerre sociale, c’est sauter dans l’abîme. Mais à moins que nous voulions une existence basée sur la servilité, c’est notre seul choix, il y a une différence entre la vie et la survie. Et dès que vous franchissez le pas, vous pourriez y trouver d’autres qui surveillent vos arrières, d’autres qui se battront à vos côtés. Vous pourriez peut-être alors savoir ce que cela signifie que de briser l’aliénation qui définit cette société, d’enfin avoir un certain contrôle sur votre vie.

Jusque-là, gardez les yeux ouverts. Ne croyez pas les mensonges qu’ils racontent sur nous. Vous pouvez penser qu’en ripostant nous sommes irresponsables, mais nous connaissont très bien les conséquences de nos actions. Chacun d’entre nous fait face à la possibilité de la répression de l’État; d’une cellule de prison ou, dans l’avenir, d’un camp de concentration qui nous attend. Nous continuons à lutter, parce que nous sommes en amour avec tous les mondes possibles qui ne sont pas autorisés à fleurir. Vous pouvez penser que nous sommes idéologiques, que nous sommes des monstres de sang-froid comme ils/elles disent, mais entendez comment le sang se précipite bruyamment dans nos cœurs. Des gens calculés n’entreraient pas dans ce combat, parce que nous avons apparemment une si minime chance de gagner. Les froid.es, les calculé.es sont celles/ceux qui deviennent des politicien.nes. S’il y a un choix entre le cynisme et le désespoir ou une attaque déterminée et axée contre le présent système de domination, en tant qu’anarchistes, nous choisissons ce dernier…

Nous continuons la lutte parce que nous détestons toute autorité et aimons la liberté, qui ne peut être donnée mais doit être prise.

Juin 212012
 

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FEU AUX PRISONS ET AU MONDE QUI EN A BESOIN

La prison n’est rien de plus qu’un reflet de la société dans laquelle nous vivons. Notre société ressemble à une grande prison à ciel ouvert; avec la menace de mourir de faim si vous ne dépensez pas votre énergie pour le capitalisme dans un travail dépourvu de sens, avec des caméras à chaque coin de rue, avec la police intimidant et assassinant dans la rue comme les screws font pour ceux et celles enfermé.es dans des cages et avec des frontières tracées en tant que murs par nos dirigeant.es. L’intérieur et l’extérieur de la prison ne diffèrent que par leur degré d’intensité, mais les deux sont basés sur la domination, l’aliénation et le contrôle.

L’État n’est pas intéressé à réduire le crime, mais à augmenter le contrôle social. L’emprisonnement décent, comme un capitalisme humain, n’existe pas. L’emprisonnement – être pris en otage par l’État – est une raison en soi pour se rebeller contre les screws et leurs barbelés. Tout comme dans la rue, il y a des gens dans les prisons, les établissements psychiatriques et les centres de détention qui ne sont pas en paix avec leurs conditions, qui n’ont pas enterré un certain goût pour la liberté simplement parce qu’un.e juge a décidé qu’ils vivraient dans une cage. Au sein de ces murs, il y a celles qui refusent le quotidien d’humiliation d’obéir aux gardes, dont les murs et les barbelés ne sont pas encore gravées dans leur cerveau, et qui plutôt les observent comme des obstacles qui doivent encore être surmontés. Le châtiment que le juge leur impose est une conséquence d’un monde qui est basé sur l’exploitation et l’obéissance, un monde qui ne pourrait pas fonctionner sans la menace constante de prison pour ceux qui choisissent de ne pas se soumettre à la misère qui les entourent.

Des vagues de révoltes, d’émeutes et de rébellions sont très répandues dans le système pénitentiaire. En se soulevant, en brûlant les infrastructures de la prison, en attaquant les gardes et en s’échappant, certains prisonnier(ère)s ont redécouvert ce que le système a essayé de leur enlever: le courage, le désir de liberté et la volonté de mettre un terme à au moins une partie de cette société de domination par la rébellion contre elle.

Notre désir de vivre libre de l’exploitation est sans valeur si nous ne sommes pas disposés à agir. La machine de la prison n’est pas aussi bien huilée qu’elle le semble, et celles à l’extérieur peuvent retrouver ses engrenages à chaque coin de rue – des architectes de prisons aux banques qui financent les prisons. Notre passion pour la liberté est plus forte que leurs prisons!

« C’est la plus terrible institution de notre époque que cette justice, fatiguée de surenchérir sur le crime qu’elle prétend punir; ne crucifiant plus, n’écartelant plus, de dépeçant plus, n’empalant plus, ne brûlant plus et, même, ne décapitant plus. Il n’y a plus ni fer, ni roue, ni gibet, ni bûcher, ni rien. Ce qui remplace tout, c’est le temps. La vie amputée du temps! C’est ça la prison : du temps infligé dans sa nudité. On ne tue pas, on laisse mourir. » – Serge Coutel

« Même si les prisons étaient transformées d’entrepôts d’humain.es en hôtels de luxe, même si les prisonnier(ère)s de toutes les prisons recevaient des «réductions de peine», même si le passage à tabac à tous les jours des prisonnier(ère)s était remplacé par des accords sournois et assimilés par les politiques correctionnelles, conformément au modèle des «droits humains», même si les cellules blanches étaient peinturées en rose et que la méthadone remplaçait l’héroïne, nous resterions à jamais les ennemi.es de toute structure qui nous prive de notre liberté. Nous serons les rebelles à l’intérieur de vos hôtels de luxe et les incendiaires de la justice légale. Nous serons combattant.es éternel.les en amour avec la liberté. Des meilleures conditions de détention ne signifient rien de plus que l’amélioration des conditions de captivité. Pour nous, la question reste dans son essence, l’état de captivité en soi. » – Yiannis Dimitrakis, anarchiste brigand de banques emprisonné en Grèce

« La prison n’est pas simplement un endroit, c’est aussi une condition : l’antithèse de ce qu’est la liberté. Par la même, l’absence de liberté est la prison et c’est seulement lorsque cette dernière est perçue comme condition propre qu’il devient possible d’entrer dans la dimension destructrice, sans mesure. » – Jean Weir