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Un siècle de luttes LGBTQ+ au « Québec »

 Commentaires fermés sur Un siècle de luttes LGBTQ+ au « Québec »
Jan 202020
 

De Archives Révolutionnaires

Ce texte propose un récit des luttes des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, queers et plus largement non-hétéronormées (LGBTQ+). Loin d’être exhaustif, il tente de mettre en valeur les épisodes de lutte les plus marquants du siècle dernier. Ce texte se concentre sur les luttes LGBTQ+ des personnes allochtones vivant sur le territoire connu comme le Québec. En raison des rapports de genre spécifiques aux peuples autochtones, nous laisserons de côté les rapports sociaux de genre au sein des communautés des Premiers peuples au sujet desquels les Autochtones s’expriment eux-mêmes. Toutefois, nous traiterons des luttes LGBTQ+ autochtones qui furent menées contre les structures coloniales. Nous tenons compte des luttes réformistes, notamment pour l’obtention de droits, car elles ont été et demeurent importantes dans la vie quotidienne d’un grand nombre de personnes. Pourtant, ce sont surtout les luttes LGBTQ+ à caractère révolutionnaire, notamment celles qui prirent en compte l’intersection entre plusieurs oppressions (classe, genre, race, etc.) ou qui ont proposé une critique radicale des rapports sociaux genrés qui retiennent notre attention ; ceci en raison de nos propres sensibilités et parce que nous croyons qu’elles sont plus à même d’éclairer les luttes actuelles. Notons enfin que dans ce texte, nous utiliserons les expressions choisies pour se définir ou se nommer par chacun des groupes en lutte selon les époques où ils étaient actifs.

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Dès le XVIIe siècle, en continuité avec ce qui se fait en Europe, on voit en Nouvelle-France des procès pour sodomie, alors considérée comme un crime grave et une pratique contre nature. Si nous ne conservons aucune trace des lieux de rencontres homosexuelles de cette époque, on sait qu’ils existaient en vertu de procès tenus à l’époque, notamment celui de trois soldats en 1691. Dans les décennies suivantes, toute forme d’homosexualité continue d’être réprimée, qu’elle soit de nature sexuelle ou présumée comme telle. Cette situation perdure aux XVIIIe et XIXe siècles, comme le démontre par exemple le procès pour homosexualité, intenté à Montréal en 1839, aux apprentis Thomas Clotworthy et Henry Cole. L’homosexualité sera donc considérée comme un crime tant en Nouvelle-France selon le droit de l’Ancien Régime que sous le Régime britannique selon le droit coutumier anglais.

Gravure du Champ-de-Mars, Montréal, 1869.

C’est à la fin du XIXe siècle que l’on voit apparaître à Montréal des lieux de rencontre pour les homosexuels, dont les plus connus servaient aux hommes. Le parc du Champ-de-Mars, situé derrière l’hôtel de ville, sert notamment de lieu de rencontre dans les années 1880. Durant les mêmes années, l’île Sainte-Hélène sera aussi un lieu de fréquentation pour les homosexuels. Notons par contre que ces lieux sont fréquemment visités par des policiers et que les homosexuels y sont souvent arrêtés, ce qui leur vaut des peines de fouet et d’emprisonnement. Un premier club pour homosexuels est recensé au début du XXe siècle : il s’agit du club du docteur Ulric Geoffrion, situé au 1219 de la rue Sainte-Catherine est à Montréal. Le docteur et ses amis s’y retrouvent pour y vivre leur homosexualité dans une certaine liberté. On sait que les homosexuels qui fréquentent le club y pratiquent un amour libre tout en s’entraidant, notamment à trouver des emplois. Le club est fermé par la police en 1908 et le docteur Geoffrion condamné à quinze ans d’emprisonnement. À cette époque, on voit une prise en charge de l’homosexualité par la médecine qui la traite comme une maladie, avec en parallèle la poursuite de la criminalisation des pratiques non-hétérosexuelles.

En 1917, un club littéraire et artistique voit le jour autour d’Elsie Gidlow (1898-1986), animé par des personnes homosexuelles (dont Roswell George Mills qui tient la chronique du cœur au Montreal Daily Star et Marguerite Desmarais, une femme mariée qui vit son lesbianisme en parallèle). Le groupe réfléchit à la liberté sexuelle en lisant les travaux du sexologue Havelock Ellis et les écrits du militant pour les droits des femmes et des homosexuel.les, Edward Carpenter. Le groupe, officiellement littéraire, a de fait des intérêts plus larges avec entre autres la publication d’une petite revue sous le nom de Coals from Hales, plus tard renommée Les Mouches fantastiques. C’est la première revue en Amérique du Nord qui aborde ouvertement les questions de l’homosexualité masculine et du lesbianisme. Par ailleurs, le groupe valorise l’art libre et s’oppose à la Première Guerre mondiale dans une perspective libertaire. Le groupe se délitera avec le départ d’Elsie Gidlow et de Roswell G. Mills pour New York en 1920, puis pour la Californie en 1926. Elsie Gidlow change son prénom pour Elsa et devient une auteure célébrée, publiant le premier recueil moderne de poésie ouvertement lesbien, On a Grey Thread en 1923. Elle sera une inspiration pour les auteures lesbiennes des décennies suivantes et sera connue en dehors des cercles lesbiens grâce à son autobiographie parue peu avant sa mort en 1986.

Elsa Gidlow en 1925.

À partir des années 1920, le lieu de sociabilité homosexuelle principal de Montréal, fréquenté surtout par des hommes, sera la rue Saint-Laurent (la Main) à Montréal. Les personnes homosexuelles y fréquentent les bars et les cinémas, dont le Midway et le Crystal pour s’y retrouver discrètement. Entre les années 1950 et 1970, les lesbiennes ouvrières se retrouvent au bar Les ponts de Paris, rue Saint-Charles. Pourtant, après l’effervescence sociopolitique engendrée par Elsie Gidlow au tournant des années 1920, on voit peu d’organisation politique homosexuelle au Québec. Face à la criminalisation de l’homosexualité, les communautés s’organisent plutôt de manière à vivre leurs expériences homosexuelles (relativement) en paix. La résistance se pratique dans l’ombre, alors que la solidarité reste la clé de voûte pour que les lieux de rencontre et de fêtes homosexuelles puissent exister. C’est par une alliance entre le crime organisé, propriétaire des bars, et leurs liens avec la police que les lieux de rencontre des homosexuel.les peuvent demeurer en activité et éviter les descentes de police trop fréquentes. S’il n’y pas de groupes politiques regroupant les femmes et hommes homosexuel.les, il existe cependant une auto-organisation par la base, discrète, mais efficace.

Le Casa Loma est un cabaret fréquenté par les lesbiennes de Montréal dans les années 1950.

Au sortir du contexte difficile des années 1930-1950, dans un Québec catholique et très conservateur, les homosexuels, lesbiennes et drags de Montréal doivent affronter un nouvel ennemi : Jean Drapeau, maire de 1954 à 1957, puis de 1960 à 1986. Jean Drapeau multipliera les opérations de nettoyage de la ville, visant à persécuter les personnes des communautés homosexuelles et à les faire disparaître de l’espace public. Notons qu’il applique des politiques semblables aux personnes pauvres, en faisant par exemple ériger un mur sous le pont Jacques-Cartier afin de cacher la population du quartier Centre-Sud de la vue des touristes venus pour les Jeux olympiques de 1976 ! La même année, Drapeau s’attaque également aux artistes en faisant démolir une exposition d’art publique mise sur pied pour les Olympiques au centre-ville de Montréal ; ce saccage commis au nom de la lutte contre l’indécence sera connu comme l’Affaire corridart.

Les résistances politiques homosexuelles commencent à s’organiser dans les années 1960 et se multiplieront après 1970. Avant l’apparition des organisations politiques gaies et lesbiennes, les hommes gais se retrouvent dans les clubs de culturisme et diffusent des images d’hommes nus dans des revues sportives. Si ces revues sont mal vues par les autorités, elles n’en donnent pas moins une visibilité aux corps des hommes et expriment une certaine homophilie, sinon une homosexualité à peine voilée. Les lesbiennes et les personnes trans continuent de se fréquenter sur la Main à Montréal, mais n’auront pas la même visibilité que les hommes. L’effervescence de cette culture trans et travestie sur la Main durant les années 1960 est célébrée dans les œuvres de Nicole Brassard et de Michel Tremblay.

La répression frappe au même moment les communautés homosexuelles et trans aux États-Unis. Les descentes dans les bars fréquentés par les gais et les lesbiennes sont courantes, ainsi que les arrestations et les passages à tabac. Ainsi, le soir du 28 juin 1969, plusieurs dizaines d’agents font une descente dans le bar du Stonewall Inn fréquenté par des personnes gaie et trans, majoritairement portoricaines et noires, dans Greenwich Village à New York. Mais cette fois, les client.es refusent de se faire humilier et de se soumettre aux arrestations. Elles et ils répliquent aux policiers et une bagarre s’en suit. Les policiers se retrouvent alors eux-mêmes coincés dans le bar, entourés par une foule de gais, lesbiennes et trans. Bientôt, plus de 2 000 personnes attaquent les policiers (qui réussiront à s’enfuir) avant de se lancer dans une nuit d’émeutes. Les émeutes de Stonewall auront un impact immédiat à travers le monde. À New York, dans la foulée de ces émeutes, deux collectifs militants gais et trois journaux sont mis sur pied, ainsi que l’organisation trans Street Transvestite Action Revolutionaries (STAR). Au Québec, le souffle libérateur de Stonewall inspirera la création du Front de Libération Homosexuel et le premier défilé de la Fierté gaie.

Le contingent lesbien de la manifestation de la Semaine de la Fierté Gairilla, le 16 juin 1979 (photo de Denis Plain).

Le gouvernement de Pierre Elliot Trudeau choisit cette même année 1969 pour « décriminaliser » l’homosexualité. Pourtant, cette décriminalisation est très partielle et ne règle pas la discrimination légale et sociale envers les personnes homosexuelles. En fait, la loi permet seulement les rapports homosexuels entre partenaires consentants de 21 ans et plus, et uniquement dans des lieux privés, cachés à la vue d’autrui. De plus, seuls deux règlements sont abrogés, ce qui laisse en place de nombreuses infractions (notamment celle de l’atteinte à la pudeur) qui peuvent toujours être utilisées contre les personnes homosexuelles. La répression politique et surtout policière sera d’ailleurs accentuée durant toutes les années 1970-1980, jusqu’aux années 2000. Ce changement au Code criminel par le gouvernement libéral vise en fait à régler, partiellement et de manière personnaliste, un problème politique : celui du droit plein et entier à la liberté et à la dignité pour les personnes non-hétéronormées.

Il est intéressant de noter que le gouvernement canadien tente, au même moment, de régler les revendications des peuples autochtones également par une politique personnaliste, à savoir la municipalisation des réserves. Dans les deux cas, le gouvernement tente de désactiver des demandes politiques par des législations portant uniquement sur les individus. Si la politique concernant les peuples autochtones est abandonnée sous la pression des Premiers peuples, les changements au Code criminel concernant l’homosexualité seront célébrés… S’ils apportent quelques avantages aux homosexuels, il n’en reste pas moins que ces changements ne répondent pas aux exigences politiques de la situation, comme le démontre la poursuite des luttes par les groupes LGBTQ+. C’est ce que tentent d’expliquer aujourd’hui le militant Gary Kinsman et le mouvement Anti-69, en recontextualisant les changements apportés au Code criminel en 1969 et en soulignant leur insuffisance, surtout pour les lesbiennes, les trans, et les personnes racisées et des classes pauvres.

Les personnes qui créent le Front de Libération Homosexuel (FLH) ne se font d’ailleurs pas d’illusion sur leurs droits acquis et savent que la lutte est loin d’être terminée. Fondé au printemps 1971, le FLH est le premier groupe militant gai et lesbien francophone au Québec. Le FLH est issu notamment de la revue contre-culturelle Mainmise qui avait publié, en décembre 1970, une traduction du Gay Manifesto de Carl Wittman. Après quelques mois d’existence, le FLH rassemble plus de 200 membres qui sont présents lors de manifestations, notamment celle contre la fête de la Confédération du 1er juillet 1971. Le FLH adopte en effet, comme pour la plupart des organisations de gauche francophones de l’époque, une pensée nationaliste québécoise (d’où son nom rappelant celui du Front de Libération du Québec). Dans son discours lors de la manifestation du 1er juillet, Denis Côté, membre du FLH, s’adresse à la foule réunie dans un parc et déclare que la libération du Québec se fera avec la collaboration de tous, mais qu’il faut d’abord se libérer soi-même avant de libérer le Québec. Le FLH se trouve rapidement un local, situé au 2065, rue Saint-Denis à Montréal. Ce local est fermé par l’administration municipale du maire Jean Drapeau dès le 23 janvier 1972, sous prétexte qu’il n’est pas sécuritaire. Au mois de juin suivant, le FLH déménage au 269, rue Sainte-Catherine Est. Mais dès la fête d’ouverture devant financer le nouveau local, une descente mène à une quarantaine d’arrestations. Démoralisés et divisés quant aux orientations politiques de l’organisation, les membres du groupe décident de dissoudre le FLH à l’été 1972.

 Montréal, vers 1972.

En 1972, un nouveau groupe, Gay McGill, émerge à Montréal. C’est le premier groupe politique gai universitaire. Il tente de réfléchir les multiples oppressions auxquelles font face les groupes minoritaires au Québec et tente de fournir une analyse politique de la situation des personnes homosexuelles. Le groupe rencontre pourtant des contradictions internes et en 1973, dénonçant le sexisme des hommes dans cette organisation, les lesbiennes créent leur propre groupe, le Montreal Gay Women (MGW). Les femmes du MGW publient des textes et organisent des évènements. Elles gagneront beaucoup en visibilité en participant à la revue lesbienne canadienne Long Time Coming (1973-1976). Le FLH et le MGW ont en commun la lutte pour la dignité des personnes homosexuelles, la lutte pour les droits formels et pour la reconnaissance sociale, la fin de la discrimination et le droit d’exister en public. Ces groupes sont fortement politisés et lient les luttes homosexuelles aux luttes sociales en cours. Notons aussi qu’en 1973, la librairie homosexuelle l’Androgyne ouvre à Montréal ; elle demeurera en activité jusqu’en 2002.

Pourtant, la répression politique persiste, notamment à Montréal. Des descentes fréquentes ont lieu dans les espaces de rencontres homosexuels en vertu de la loi sur les maisons de débauche. Un Comité homosexuel anti-répression (devenu depuis l’Association pour les droits des gai(e)s du Québec) est mis sur pied en 1976 et il organise cette année-là la première manifestation uniquement LGBTQ+ de Montréal. Mais cela n’empêche pas l’administration Drapeau de poursuivre ses attaques. En octobre 1977, c’est le bar gai Truxx à Montréal qui est visé par les policiers. Cette fois, la communauté riposte par une manifestation de 1 500 à 2 000 personnes et par des affrontements avec la police. Devant un tel soulèvement de la part de la communauté LGBTQ+, le gouvernement du Québec finit par réagir en votant la Loi 88, interdisant la discrimination basée sur l’orientation sexuelle, puis il amende sa nouvelle Charte des droits et libertés de la personne pour y inclure cette interdiction.

Au tournant des années 1980, en vertu d’une combinaison de facteurs, dont les plans d’urbanisme de la ville de Montréal, l’épidémie du VIH et les intérêts de commerçants (dont plusieurs sont malheureusement liés au crime organisé), un secteur de l’est de la rue Sainte-Catherine est progressivement dédié aux activités gaies. Ce secteur, qui sera connu comme le Village, se situe dans le quadrilatère formé par les rues Atateken (anciennement la rue Amherst), Ontario, Papineau et le boulevard René-Lévesque au sud. À partir de ce moment et jusqu’à aujourd’hui, le Village concentre de nombreuses activités dédiées aux communautés LGBTQ+ qui peuvent s’y retrouver et s’y organiser, tout en évitant partiellement la stigmatisation. Cela entraînera à moyen terme une conflictualité interne au sein de groupes LGBTQ+, certains trouvant que l’instauration d’une zone de concentration gaie, sociale et économique (potentiellement perçue comme une zone d’exclusion) n’est pas la solution à l’oppression dont est toujours victime la communauté LGBTQ+ dans la vie de tous les jours.

Le grand combat des communautés LGBTQ+ durant les années 1980 devient celui contre le VIH / SIDA et la stigmatisation qui accable les personnes gaies, lesbiennes et trans associées par la société dominante à ce virus. Les groupes les plus touchés par le VIH / SIDA au début des années 1980 au Québec sont les communautés haïtienne, toxicomane et LGBTQ+. Ces communautés, déjà marginalisées, sont d’autant plus discriminées en raison de l’apparition de cette maladie. La résistance des autorités médicales à offrir des traitements adéquats renforce la mortalité et la stigmatisation de ces communautés. Les communautés haïtiennes et LGBTQ+ s’auto-organisent, notamment avec des campagnes de safer-sex (informations concernant les pratiques sexuelles sécuritaires et distributions de condoms, entre autres). Le Comité SIDA-Aide Montréal (CSAM) est ainsi l’un des premiers groupes à s’organiser, dès 1983, grâce à des bénévoles gai.es et des infirmières de la communauté haïtienne. En 1987, le Groupe d’Action pour la Prévention du SIDA (GAP-SIDA, maintenant GAP-VIES) est créé par la communauté haïtienne. Lors du Ve Congrès international sur le SIDA, tenu à Montréal en 1989, une grande manifestation organisée par le chapitre montréalais d’ACT UP a lieu. Les manifestant.es dénoncent le sous-financement de la lutte au VIH / SIDA et mettent en valeur le racisme et l’homophobie comme les causes de ce sous-financement. Un nouveau traitement développé en 1995-1996 vient ralentir l’épidémie, alors que la majorité des personnes atteintes sont désormais prises en charge par le système de santé. Pourtant, les personnes marginalisées, itinérantes, sans-papiers ou désœuvrées restent sans traitement et continuent de mourir dans l’ombre. Par ailleurs, une recrudescence du VIH / SIDA a lieu depuis quelques années chez les jeunes de la communauté LGBTQ+ qui n’ont pas connu les terribles années 1980-1990.

Une figure marquante de cette époque est Laurent McCutcheon (1942-2019). Militant gai depuis les années 1970, McCutcheon préside l’association de soutien aux personnes LGBTQ+ Gai Écoute de 1982 à 2013. Il crée en 2000 la Fondation Émergence, à l’origine de la Journée nationale contre l’homophobie (lancée en 2003) qui deviendra un évènement international. Il lutte aussi pour les droits des personnes atteintes du VIH / SIDA et plus tard, pour la reconnaissance des unions entre personnes de même sexe au tournant des années 1990-2000.

Si un premier député néodémocrate fédéral se déclare ouvertement gai en 1988, les discriminations et les violences se poursuivent contre les personnes non-hétérosexuelles. Ainsi, le militant pour les droits des LGBT et contre le VIH / SIDA Joe Rose (1965-1989) est assassiné par quatre adolescents, le 19 mars 1989, dans un autobus de Montréal. Ce meurtre sordide galvanisera la communauté LGBTQ+, notamment par la fondation d’un chapitre montréalais de l’organisation ACT UP qui milite pour les droits des personnes atteintes du VIH / SIDA et par des réactions défensives vigoureuses face aux attaques policières qui se poursuivent toujours à cette époque.

Descente policière au Sex Garage, Montréal, 1990.

En juillet 1990, une descente brutale a lieu au Sex Garage de Montréal. Les personnes présentes ne se laissent pourtant pas faire et la bagarre éclate entre policiers et client.es du bar. Mais les policiers ont vite fait de « rétablir l’ordre ». Ils profitent de la situation pour passer à tabac et arrêter des dizaines de personnes. Le lendemain, une manifestation puis un sit-in rassemblent plus de 400 personnes devant le poste de police du centre-ville. La tension est grande entre les manifestant.es et les policiers. En effet, les membres de la communauté LGBTQ+ n’en peuvent plus de la violence gratuite, des arrestations et des humiliations. Ils réagissent donc fortement et cet affrontement fait connaître leur lutte partout dans la province (comme l’avaient fait les émeutes du Truxx en 1977).

En 1980 est fondée l’Aide aux Trans du Québec (ATQ), pour offrir du soutien, des informations et des soins aux personnes trans. Cette organisation est mise en place notamment par Marie-Marcelle Godbout (1943-2017), pionnière des luttes transidentitaires au Québec. Marie-Marcelle Godbout s’est mise en jeu durant toute sa vie pour faire avancer la cause des personnes trans. Elle a notamment mis en place une ligne d’écoute ouverte en tout temps à son propre domicile tout en menant une lutte de reconnaissance des personnes trans auprès des médias. L’ATQ est aujourd’hui la plus grande association trans du Québec. S’inspirant de cette initiative, l’organisme CACTUS (fondé en 1989), venant en aide aux personnes (notamment itinérantes) ayant des problèmes de toxicomanie, crée un service spécifique pour les personnes trans en 1998 : l’Action Santé travestie et transsexuelle(le)s du Québec (ASST(e)Q). Le groupe Stella, qui milite pour les droits des travailleuses du sexe depuis 1995, est lui aussi animé par les luttes des travailleuses du sexe lesbiennes et trans.

Marie-Marcelle Godbout dans le premier bureau de l’ATQ.

Durant les années 1990, les mouvements LGBTQ+ se développent dans les communautés autochtones. De plus en plus de personnes non-hétérosexuelles se réclament de la figure du two-spirits. Cette manière de se présenter permet aux personnes LGBTQ+ d’affirmer leur diversité tout en faisant appel à des notions traditionnelles adaptées à leur réalité. Un militantisme gai plus classique, qui cherche à combattre le masculinisme et l’homophobie, demeure également présent dans les réserves. La marginalisation des personnes LGBTQ+ autochtones est accentuée en raison des oppressions multiples qu’elles et ils vivent, dans les réserves comme dans les villes. Les luttes pour la visibilité et contre les problèmes d’alcoolisme, de drogue, de maladie et de suicide sont au cœur des pratiques LGBTQ+ autochtones. Plusieurs figures two-spirits se font connaître dans les années 2000, dont les auteurs Beth Brant (Mohawk) ou Waawaate Fobister (Anishinabe).

Les années 1990 voient par ailleurs les groupes gais allochtones se diviser sur les manières de lutter et les objectifs à atteindre. Une partie de la communauté cherche la prospérité économique et l’intégration sociale, alors que de plus en plus de groupes LGBTQ+ s’attaquent aux inégalités engendrées par les identifications issues du capitalisme et du patriarcat. Dès la fin des années 1990, des groupes radicaux vont repenser les rôles genrés et confronter la société capitaliste et hétéronormative jusque dans la communauté LGBTQ+ elle-même. Cette critique est résumée, au début des années 2000, par une militante des Panthères roses : « Ce qui m’a amené à partir les Panthères avec d’autres personnes, c’est d’être critique par rapport à la pensée unique du Village Gai. Pour moi, Village Gai égale ton pouvoir d’achat, l’idée d’une communauté homogène, axée uniquement sur les homos blancs, imberbes, musclés, propres et souvent huilés, ça sent la monoculture ! ». Ce qui est souligné ici, c’est la constitution d’une classe plus prospère et apolitique au sein des communautés LGBTQ+, réalité qui ne doit pas nous faire oublier la fréquentation par des ouvriers.ères et la présence de nombreuses personnes marginalisée dans le Village.

Pink Bloc appelé par les Panthères Roses dans le cadre de la Journée Mondiale des Femmes, Montréal, 2004.

Ce renouveau critique, que représentaient notamment les Panthères roses (2002-2006), s’inspire principalement du féminisme radical, du lesbianisme radical (par exemple du Combahee River Collective) et de la pensée queer (de Monique Witting à Judith Butler). Un nouveau plan de réflexions et de pratiques est ainsi introduit dans la communauté LGBTQ+ et dans les luttes politiques liées au genre. Ces nouveaux groupes réfléchissent, écrivent et militent afin de déconstruire l’ensemble des rapports sociaux genrés. Ainsi, on cherche à dépasser les identités fixes, hétérosexuelles ou homosexuelles, pour laisser place à de nouvelles manières d’être. Ces perspectives heurtent naturellement le milieu LGBTQ+, qui a été discriminé durant des siècles sur la base des identités sexuelles et qui s’est affirmé lui-même sur la base de ces identités pour qu’elles soient reconnues socialement. Cette tension entre la valorisation des identités de genre et une volonté de dépasser les identités est au cœur des luttes LGBTQ+ actuelles.

Sur le plan légal, l’union de fait entre personnes de même sexe est légalisée au Canada en 1999, puis le mariage en 2005. Cependant, de nombreux préjugés sociaux et des inégalités persistent. Notamment, il est interdit aux hommes ayant eu des rapports homosexuels dans les cinq dernières années de donner du sang au Canada, peu importe que les personnes soient monogames et sans maladie transmissible par le sang…

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Ce texte est issu d’une présentation donnée le 14 décembre 2019 au centre social et culturel alternatif Le Drapeau noir, situé à Sherbrooke. Cette présentation s’inscrivait dans la soirée By the Outcasts for the Outcasts qui portait sur l’histoire et l’actualité des luttes radicales liées aux genres. Cette présentation a aussi fait l’objet d’une brochure sur le même thème.

Au sujet de la vie homosexuelle montréalaise des années 1880-1920, on consultera la thèse de Dominic Dagenais, Culture urbaine et homosexualité : pratiques et identités homosexuelles à Montréal, 1880-1929 (UQAM, 2017, disponible en ligne). Pour de plus amples renseignements sur l’histoire des communautés, mouvements et luttes LGBTQ+ au Québec, on consultera avec profit le site des Archives Gaies du Québec (AGQ) et notamment son bulletin annuel l’Archigai, dont le numéro 5 porte sur le Front de Libération Homosexuel (FLH). Le centre de documentation et la bibliothèque des AGQ sera aussi une ressource précieuse pour celles et ceux qui voudraient approfondir leurs recherches. Enfin, on consultera les travaux de la professeure Viviane Namaste pour en connaître plus sur l’histoire des personnes trans et les luttes contre le VIH / SIDA chez la communauté haïtienne.

Perturbation matinale du Port de Montréal en solidarité avec les Wet’suwet’en en lutte contre Coastal GasLink (vidéo)

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Jan 162020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce matin vers 7h30, une soixantaine de personnes enragées par l’invasion des territoires Wet’suwet’en par Coastal GasLink et la GRC se sont rassemblées dans l’est de Montréal. Elles ont bloqué l’intersection du Boulevard Pie-IX et de la rue Notre-Dame Est en pleine heure de pointe, afin de perturber l’accès au Port de Montréal ainsi qu’au centre-ville via l’autoroute 720.

Sur des bannières on pouvait lire « GTFO of Wet’suwet’en land » et « Solidarité avec les souverainetés autochtones », et des tracts expliquaient aux automobilistes les raisons de l’action.

Laissant derrière des barricades enflammées, le groupe a marché vers l’ouest sur Notre-Dame, formant un blocage déambulant en érigeant d’autres barricades sur sa route.

L’appareil répressif anti-manifestation du SPVM n’était heureusement pas au rendez-vous, puisque l’appel à l’action n’a pas été diffusé sur les médias sociaux. Quelques chars de flics sont apparus vers la fin.

Face à l’État qui cherche à détruire toute relation au territoire qui n’est pas soumise à l’économie, notamment les formes relationnelles ancestrales autochtones sur leurs propres territoires, perturber l’économie coloniale est une réponse appropriée et nécessaire.

Ce n’est qu’un début, multiplions les offensives contre l’État canadien, son économie, sa paix sociale, et chacune des facettes de la catastrophe coloniale !

Le monument de Macdonald vandalisé avec de la peinture en solidarité avec les défenseur.e.s des terres autochtones qui luttent contre les pipelines

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Jan 162020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

-> Photos: https://postimg.cc/gallery/odqgsg22/

16 janvier 2020, Tiohtiá:ke/Montreal — Plus tôt ce matin, un petit groupe d’artistes anticoloniaux a attaqué le Monument de John A. Macdonald à Montréal avec de la peinture bleue. Cette attaque s’insère dans une série d’au moins une douzaine d’autres actions à caractère antiracistes et anticoloniales ciblant spécifiquement la statue.

Nous avons entrepris notre action en solidarité avec les défenseur.e.s des terres autochtones qui, au front, continuent de s’opposer et de résister à la construction de pipelines sur leurs terres ancestrales. Nous pensons spécifiquement aux nations Wet’suwet’en et Secwepemc (entre autres) qui maintiennent depuis des années l’unique opposition à la construction du gazoduc Coastal GasLink (CGL) et du projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain sur leurs territoires respectifs. Ils ne sont toutefois pas impliqués directement ou indirectement dans notre action. Nous vandalisons la statue de Macdonald comme un simple message de soutien anticolonial en provenance de l’autre côté de l’Île de la Tortue. Nous encourageons toutes et tous, à faire de même.

John A. Macdonald était ouvertement raciste et il prônait le génocide des peuples autochtones. Nous avons ciblé le monument de Macdonald, mais notre message s’adresse plus spécifiquement à Justin Trudeau et au gouvernement fédéral qui est directement responsable du Square Dorchester et de ses monuments situés au centre-ville de Montréal. Pendant que Trudeau fait l’éloge de la réconciliation, le capitalisme corporatif, en ce qui concerne la construction des pipelines et l’extraction des ressources en général, piétine tous engagements significatifs pris avec les nations autochtones.

Toute la force répressive de l’État canadien est actuellement déployée contre les défenseur.e.s des terres autochtones (et leurs complices) qui sont au front de la lutte contre les pipelines. Nous faisons référence ici aux services de polices militarisées, aux injonctions judiciaires, aux accusations criminelles, aux zones d’exclusion, aux barrages policiers et à la complaisance des médias dominant. Le moins que nous puissions faire est de poser des gestes symboliques de solidarité et ce que nous en tant que non-autochtones résidant sur l’île de la Tortue DOIVENT faire, est de se livrer à des actes significatifs de perturbation économique. C’est parti !

– Certaines personnes anticoloniales de Montréal
info: MacdonaldMustFall@riseup.net

Un appel d’allochtones à allochtones à perturber les voies ferrées en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Jan 142020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Soyons clair·e·s : ce texte est écrit par des allochtones. Nous n’avons pas le vécu de personnes autochtones, ni donc des Wet’suwet’en. Ces mots nous viennent du cœur et nous nous sentons en affinité avec cette lutte tant au niveau personnel que pour ce qui est des idées et des relations. Nous estimons qu’il est de notre responsabilité d’agir contre les systèmes et les corporations qui nuisent aux gens et à la terre. Nous reconnaissons notre responsabilité et notre complicité en tant qu’allochtones, et nous cherchons des opportunités et des stratégies en accord avec nos idées pour montrer notre solidarité. Pour autant, nous ne parlons pas à la place de personnes autochtones et nous sommes ouvert·e·s à la critique.

Tout d’abord, voyons les raisons pour lesquelles il y a pu avoir parfois un manque de clarté sur ce que veulent les gens dans l’Ouest.

Nous souhaitons simplement rappeler aux ami·e·s qui lisent ces lignes que certaines personnes ont l’interdiction de mettre en œuvre ou d’encourager des actions contre le projet — et même de le critiquer. Ce bâillon prend la forme d’ordonnances judiciaires qui les menacent financièrement, et fait courir le risque à la communauté de perdre un centre de guérison basé sur le territoire. Nous nous rappelons que les gens à qui on aurait pu donner le rôle de “chefs” n’ont pas forcément envie de se retrouver sur un piédestal, ni d’être fétichisés par des allochtones désireux·euses de réponses concrètes — ce qui entraîne des risques considérables pour plusieurs d’entre eux.

Au sein de cette lutte et ailleurs, on encourage souvent les allochtones à s’occuper de leurs semblables, du processus de colonisation en cours et de ses maux. En tant qu’allochtones, nous entendons par cela une exhortation à défier — avec une position offensive — l’État et les industries qui sont prêts à tuer pour le profit tout en prétendant agir dans notre intérêt.

Nous reconnaissons aussi le sentiment de désespoir que beaucoup d’entre nous ont ressenti lorsque, après une décennie de ligne dure, les chefs ont accepté que la barrière d’Unist’ot’en soit ouverte. Vous savez déjà qu’acquiescer sous peine de violences, ce n’est pas du consentement. Mais il y a aussi d’autres faits à considérer, comme la GRC qui venait chez les chefs la nuit pour les menacer de manière plus ou moins explicite. On peut se demander si le désespoir et la déception n’existaient pas dans les deux sens, et jusqu’où le faible nombre de sympathisant·e·s voulant ou pouvant se rendre sur la zone après une décennie de promesses n’a pas influencé l’issue de l’affaire et ses suites. Pour notre part, nous passons à l’action quand nous nous sentons à notre plus fort·e·s — bien reposé·e·s, centré·e·s, encouragé·e·s, appuyé·e·s. En quoi sommes-nous aussi responsables de la décision d’ouvrir cette barrière, nous les allochtones, allié·e·s ou sympathisant·e·s, qui n’avons pas été présent·e·s ou n’avons pas agi de notre côté ?

Malgré tout ça, les Wet’suwet’en n’ont jamais cessé de demander du soutien et des actions de solidarité, et ielles n’ont jamais cessé de défendre leur territoire. Et le 5 janvier, les Wet’suwet’en et leurs sympathisant·e·s ont de nouveau pris physiquement position pour protéger le Yintah et leur mode de vie, pour garantir la survie des générations futures. Contre la violence impérialiste et coloniale de l’État canadien menée au service d’entités privées, c’est leur simple existence qu’ielles défendent, et l’autorité et la juridiction du Canada et de CGL sur leur territoire non cédé qu’ielles rejettent.

Nous luttons à leurs côtés et nous sommes prèt·e·s à exprimer notre solidarité par des actes.

En plus, ami·e·s et camarades, nous voulons vous donner envie de passer à l’action, vous aussi!

Anarchistes, camarades, radicaux·ales, celleux en soi-disant Ontario qui pensent comme nous ont une longue histoire d’actions de solidarité avec, pour et inspirées par les blocages et les projets fonciers indigènes. Ces actions de soutien ont été des moments beaux et courageux, et de là sont nés des relations et des réseaux durables.

Rêvons en grand et faisons en sorte que cela se reproduise!

CGL a coupé à blanc de larges pans de forêt cette année, dispersé la faune, établi un camp pour travailleurs et déplacé ou détruit des lignes de trappe. La GRC est venue établir un “bureau pour la protection de l’industrie”, le tout sur des terres non cédées. Cette année, on a également appris que la GRC, au service des corporations, était prête à tuer des personnes autochtones.

En outre, s’inscrivant dans la lignée des génocides commis contre les peuples autochtones, la juge Marguerite Church vient d’octroyer une injonction interlocutoire contre les Wet’suwet’en, ce qui rend illégal, selon le droit colonial, la défense de leurs terres contre l’industrie ou contre le Canada en tant que nation envahisseuse. Dans cette injonction, il est écrit que “le droit autochtone n’a aucun effet sur le droit canadien”. Ceci permettra la destruction du camp Gidimt’en, ainsi que les cabanes éparpillées sur le territoire, et menace le centre de guérison.

On ne s’étonnera pas de ce ramassis de conneries impérialistes.

Pourquoi chercher d’autres raisons d’agir?

Seule nous reste la question de quoi faire.

En tant qu’allié·e·s lointain·e·s, il faut reconnaître qu’on n’obtiendra peut-être jamais de manière large et explicite la permission d’agir, ni une quelconque autorisation “officielle” (interrogeons-nous d’ailleurs sur notre désir d’obtenir une telle approbation). Mais quelques considérations peuvent nous donner une bonne idée de ce qui est nécessaire et souhaité.

1) L’intensité de la situation actuelle. À l’heure actuelle, les chefs héréditaires Wet’suwet’en se sont réuni·e·s pour une dernière confrontation, et pour chasser l’industrie de leurs territoires afin d’empêcher de nouveaux dommages à la terre et à l’eau, ce qui assure leur sécurité et leur mode de vie. Les actions en justice n’ont pas marché, alors le moment est peut-être venu — la dernière chance de protéger leur Yintah.

2) Ce développement entraînera de nouveaux appels à solidarité, plus intenses et plus enflammés.

3) Parmi les actions qui, par le passé, ont suscité appui et enthousiasme, on trouve des perturbations conflictuelles, telles des blocages de ports ou d’autoroutes, des occupations et tentatives de fermeture d’installations pétrolières et la fermeture d’un terminal Shell. Aucune action n’a encore été dénoncée.

4) Les demandes précédentes conseillaient de respecter les accords et les responsabilités du territoire où on se trouve, de respecter la terre, l’eau et la vie, et d’honorer et de mettre en avant les perspectives autochtones.

Il ne manque pas de possibilités, mais en réfléchissant à ce qu’on a déjà vu marcher par ici, ce qui serait pertinent et stratégique, ce qui peut incorporer différents tons et tactiques, nous sommes arrivé·e·s au sabotage ferroviaire.

La circulation ferroviaire offre une excellente opportunité de perturber l’État et l’économie : l’étalement des infrastructures est tel qu’elles sont quasiment indéfendables, surtout en dehors des villes. Partout sur l’Île de la Tortue, les particularités géographiques créent des milliers de goulots d’étranglement. Ce sont des cibles hyper efficaces et vulnérables à toute une gamme de méthodes. L’histoire nous montre que même des perturbations de courte durée — à cause d’actions ou de grèves — ont un impact économique démesuré. Récemment, après deux jours de grève dans le secteur ferroviaire, le gouvernement fédéral s’est mis à élaborer une législation d’urgence par souci pour l’économie. En 2012, une perturbation de neuf jours a fait chuter le PNB de 6,8%.

Imaginons que des allié.e.s perturbent et détruisent les infrastructures ferroviaires et les goulots d’étranglement au nord du Colombie-Britannique, entre Kitimat-Chetwynd-Houston-Stewart; les sections de d’oléoduc resteraient en rade aux ports, devant l’impossibilité de les cheminer aux chantiers.

Il n’est pas nécessaire de se mettre en première ligne, on peut lutter là où on est.

Le sabotage ferroviaire fonctionne à la fois comme tactique et stratégie, alors nous appelons à des perturbations ferroviaires continues en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en qui défend son territoire non cédé contre l’industrie et une invasion policière.

Nous recommandons l’emploi de fil de cuivre pour activer les blocs signaux et détruire les postes d’aiguillage et les rails d’acier — mais même de grands groupes de désobéissance civile peuvent bloquer des voies ferrées essentielles, ce qui est beaucoup mieux que de ne rien faire. Continuez à lire pour avoir les détails, les mises en garde et les liens.

Comme à chaque fois, nous vous encourageons à penser à vos cœurs, ainsi qu’à la pérennité de ses actions et de la lutte de manière générale. Un petit rappel de prendre soin de vous, de vos empreintes digitales et de vos traces d’ADN — pour la sécurité de tous·tes — car la répression suit souvent l’action.

Empreintes digitales

On peut enlever les empreintes digitales d’une surface à l’aide d’isopropanol. Bien essuyer chaque objet au cas où quelque chose serait laissé sur les lieux ou se fasse découvrir. Gardez les items dans des sacs propres et neufs et enlevez-les en portant des gants.

ADN

Il y a de nombreuses façons de laisser son ADN. Soyez dilligent·e·s; ne vous touchez pas la figure et ne toussez pas dans vos mains lorsque vous portez des gants. Brossez bien vos cheveux pour enlever les cheveux morts et attachez-les. Ne fumez pas et ne crachez pas aux environs de la cible. Ne laissez derrière vous. Attention de ne pas vous blesser. Débarassez-vous des masques, chapeaux, matériaux ou vêtements comme il faut (eau de Javel, chaleur ou feu). Les jours de pluie sont salissants mais utiles : la pluie va laver, déplacer et contaminer les fibres et l’ADN. L’eau de Javel peut détruire l’ADN en empêchant sa reproduction en laboratoire et donc son analyse. La chaleur et le feu détruisent l’ADN aussi.

Si vous n’êtes pas sûr·e·s, assurez-vous.

Méthode fil en cuivre

– À NE JAMAIS ESSAYER SUR LES VOIES DE METRO, elles sont électrifiées.
– Cette méthode est utile pendant la désobéissance civile en groupe pour envoyer le signal d’arrêter la circulation des trains

Les rails en acier font partie du circuit d’un dispositif nommé le « système de bloc automatique|” (ABS). Un faible voltage traverse les rails entre des capteurs pour créer des cercles divisés en blocs géograhiques. Lorsqu’un train traverse un bloc, les essieux du train interrompent ou raccourcissent le circuit, les capteurs remarquent que le bloc est occupé et arrêtent de manière automatique la circulation des trains dans la zone.

Avec un fil en cuivre à jauge élevée (épaisse!) qu’on passe autour et puis entre les rails, il est possible de tromper les capteurs et de les déclencher. À retenir: il n’est pas nécessaire de trouver les capteurs de blocs eux-mêmes.

Astuce: il faut que le fil en cuivre soit en contact avec des sections des deux rails sans rouille ni oxydation. Du fil en cuivre de jauge élevée est nécessaire. Servez-vous d’un·e guetteur·euse pour vous assurer qu’il n’y ait pas de trains ni de patrouilles de sécurité. Faites un plan avant de commencer à passer le fil. Trouvez un bon endroit, creusez sous les deux rails pour passer le fil autour de l’un puis de l’autre. Souvenez-vous qu’au moment où vous attachez le fil au deuxième rail vous interrompez le circuit, et que les capteurs se déclencheront pour signaler le problème. Disparaissez le plus vite possible. Si vous enterrez la cable avec de la pierre concassée, de la neige ou de la terre, cela rendra sa localisation plus difficile dans le bloc.

Détruire les postes d’aiguillage

Les postes d’aiguillage font partie du circuit des rails. Si vous vous baladez le long des voies ferrées, vous les aurez sans doute vues : ce sont des structures grises, grosses comme un abri, ou de petites boîtes grises attachées à des poteaux. Ces boîtes reçoivent et interprètent les signaux du circuit. Leur revêtement est en métal et leurs portes sont scellées d’une manière ou d’une autre. Les petites boîtes sur les poteaux ont des câbles qui sortent et descendent au sol vers les rails. Comme ces câbles ont des composants électriques, on ne recommande pas de simplement les couper, à moins que vous ne maîtrisiez bien l’électricité. On peut aussi se servir d’un feu brûlant pour abîmer les cordes et les circuits électriques. Il ne faut pas se contenter de les tremper d’essence et s’en aller — il faut partir un feu plus chaud et le faire durer longtemps. La bonne technique pour allonger le temps de combustion d’un liant fibreux (nous, on aime bien les balles de tissu ou de coton), c’est d’ajouter de la gelée de pétrole et bien imbiber le tissu. Vous pourrez juste l’allumer, ça fonctionnera comme mèche. Pour augmenter la chaleur, on peut ajouter du caoutchouc de pneu ou de chambre à air de vélo. Avec un petit feu comme ça dans les boîtes du circuit ou bien à l’endroit où le câble entre dans le sol, on devrait endommager le circuit et empêcher la circulation ferroviaire en activant durablement le système de blocage automatique.

À noter: il faut se pratiquer à faire de tels feux pour voir ce qui est possible. Brûler du caoutchouc provoque des émanations toxiques. Il s’agit ici d’un incendie volontaire, ce que les autorités prendront plus au sérieux que la méthode du fil en cuivre. Faites attention : trouvez un bon endroit, ayez des guetteur.euse.s en place et un plan d’arrivée et de fuite où vous n’aurez pas à croiser du monde. Assurez-vous de ne pas laisser d’empreintes digitales ni d’ADN, débarrassez-vous des équipements comme il faut et mettez en place une excellente culture de sécurité avec votre bande.

Détruire les rails d’acier

Comment détruire des rails en acier sur lesquels passent des milliers de tonnes tous les jours? De la même manière qu’ils sont soudés, à la thermite.

La thermite est un mélange de carburant et d’oxydant dont on peut modifier les proportions pour qu’il dégage une chaleur suffisante pour brûler le bloc moteur d’une voiture. Ce n’est pas dangereux à produire, mais ça dégage énormément de chaleur et de luminosité en brûlant, alors faites attention. Cette méthode exige très peu de temps sur place, juste un moment pour l’allumer et partir. Cela produit un maximum de dégâts matériels, car il faudra remplacer le rail ou le poste d’aiguillage.

Le carburant le plus simple est la poudre d’aluminium. On peut le trouver dans des vieux etch-a-sketch ou le produire à base de (vrai) papier d’aluminium dans un moulin à café. Plus la poudre ou les flocons sont fins, plus rapidement ça brûlera.

L’oxydant le plus simple, avec la poudre d’aluminium, c’est l’oxyde ferrique : la rouille rouge sur le fer. Là encore, vous pouvez le récolter et le réduire en poudre fine, ou bien le fabriquer à base de laine d’acier à grain 0000 trempée dans de l’eau de Javel. Laissez-la reposer pendant une journée pour créer une pâte, qu’on peut laisser sécher et utiliser ainsi.

Vous aurez également besoin d’une mèche d’allumage. Pour mettre feu à un carburant métallique, il faut une flamme vraiment chaude, alors un briquet ou même la mèche d’un feu d’artifice ne marchera pas. Utilisez un cierge magique, ou bien une mèche faite maison avec des têtes d’allumettes enroulées dans du papier d’aluminium. Le cierge magique risque d’allumer la thermite avec ses étincelles avant le moment voulu.

La thermite en poudre

Mélanger trois doses d’oxyde ferrique à deux doses de poudre d’aluminium. Coupez ou percez un trou dans un réceptacle (une boîte de conserve, par exemple). Insérez quelques pouces de votre mèche dans le trou pour qu’elle soit en contact avec le mélange dans la boîte, puis remplissez-le de poudre. Placez-le et allumez-le à l’endroit voulu.

La thermite dure

Trois doses d’oxyde ferrique, deux doses de poudre d’aluminium, deux doses de plâtre de Paris. Versez le mélange dans un moule (boîte de conserve…), insérez quelques pouces de mèche en angle. Laissez sécher puis enlevez-le du moule.

La thermite moulable

Huit doses de poudre d’aluminium, trois doses d’oxyde ferrique, quatre doses d’argile. Mélangez bien les poudres et ajoutez-les à l’argile. Insérez la mèche de quelques pouces. Placez le mélange où vous voulez et allumez-le.

Notes: Comme ces méthodes s’attaquent directement aux rails, elles comportent un risque de déraillement. Pour éviter ça, vous voudrez peut-être activer le système de bloc automatique en attachant les rails avec du fil de cuivre, comme dans la première méthode. Encore une fois, les flics sont susceptibles de bien fouiller si vous employez de la thermite. Assurez-vous que tous les items que vous laissez sur place n’aient aucune trace d’empreintes digitales ni d’ADN. Employez des guetteur.euse.s et choisissez des chemins d’approche sans caméra. Débarrassez-vous des vêtements et des bottes. La thermite brûle rapidement et en dégageant beaucoup de lumière — ne fixez pas la flamme des yeux après l’allumage. La poudre en aluminium très fine est réactive à l’oxygène et risque de s’allumer facilement. Si de l’eau (pluie, neige, flaques) touche le mélange, l’explosion résultante va projeter du fer fondu dans tous les sens. N’essayez jamais d’éteindre un feu de thermite avec de l’eau.

Sherbrooke contre le monde et sa prison

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Jan 132020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Afin de débuter de manière combative nos années 20 et son flot de désastres à venir, notre petite troupe de complices décidé.es s’offrit une visite surprise à la prison Talbot de Sherbrooke/Nikitotegwak (à la rivière qui fourche) ce 31 décembre peu avant minuit.

Bien dissimulé.es dans un boisé environnant, nous attendirent que sonne 2020 pour souhaiter nos vœux de bonne année; soit en allumant et dirigeant nos pièces pyrotechniques festives vers cette infrastructure liberticide de malheur. Bien vite nous entendirent venir de la prison des acclamations enthousiastes de la part des détenu.es, en espérant que cet instant de joyeuse surprise permit à tous et toutes d’oublier momentanément la violence du monde carcéral et de sa justice pourrie.

En solidarité avec les détenu.es du monde entier. Une attention particulière pour les autochtones, dont les Mohawks et les Abénaquis, à qui appartiennent les terres que nous squattons actuellement, les toxicos, les femmes et la communauté LGBTQ+, les personnes vivant.es avec des troubles de santé mentale, les itinérant.es, les immigrant.es et personnes racisé.es, les prolétaires marginaux et autres sujets sur-judiciarisés, enfermés, violentés, surveillés, ostracisés et assassinés par les forces armées du capital.

Comme résolution de la décennie à venir, nous nous sommes entendu.es de ne plus attendre pour affirmer et entretenir un rapport de conflictualité permanent contre les institutions bourgeoises et coloniales. Le Vieux-Monde ne s’écroulera pas tout seul.

Fuck le projet-consortium de gentrification accélérée de la Well Sud, et la répression policière envers les habitant.es du centro, faisant place nette aux investisseurs, bourgeois.es et autres jeunes cadres branché.es du secteur technologique.

Cette occupation policière se développe et s’enracine dans la quotidienneté de nombreuses manières, que ce soit au niveau de la vidéo-surveillance étendue à l’ensemble du centre-ville, aux lois municipales discriminantes et/ou avantageuses pour certaines parties des habitant.es, au profilage suprémaciste lors des contrôles, ou encore lors des arrestations arbitraires, parfois violentes, des forces de l’(dés)ordre, ce sont toujours les mêmes qui en payent le prix fort et qui sont systématiquement visé.es. Ainsi, lors de ces grands projets-chocs de privatisation de l’espace social-collectif, les SDF, consommateur.trices de drogues, travailleur.euses du sexe, les jeunes marginalisé.es, racisé.es, et les locataires précaires sont encore plus à risque qu’à la normale, déjà bien périlleuse, de finir piégé.es dans le système judiciaire et /ou carcéral.

En réaction à cette répression, des collègues auraient, à l’aide de projectiles remplis de peinture, attaqué.es le pavillon de technique policière du Cégep de Sherbrooke il y a quelques semaines, et cela ne semble être qu’un début.

Contre la nouvelle prison pour migrants à Laval ainsi que tout autres projets visant à entretenir le système mortifère des frontières internationales, qui laisse activement périr des genses par milliers en mer ou dans le désert, alors que la marchandise, elle, n’a aucune misère à traverser les océans!
Pour l’abolition du système pénal et des institutions autoritaires et disciplinaires de l’État!
Pour un futur conflictuel et créatif!

Réseau Autonome de Sherbrooke -Le-Bol !

Invitation à la Foire d’hiver: Partager, Lutter, Soigner

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Jan 122020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

L’hiver offre la possibilité de ralentir et de prendre le temps de réfléchir. Inspirer, fermer les yeux, porter l’attention sur soi, sur les relations qui nous composent, avant que ne reviennent la fougue du printemps et le fourmillement d’activités, que le regard ne soit à nouveau porté vers l’extérieur. Pourtant le froid rend difficile de se réunir en grand nombre pour discuter et partager, faute de lieux disponibles – de parcs, de ruelles, de places publiques, de squares, de plages, de forêts. Les grands moments de rassemblement entre les différentes lignées de résistance ont généralement lieu quand il fait chaud, même si dans les creux d’hiver on en aurait tant besoin.

En février prochain, la Foire d’Hiver organisera un espace de réflexion et de partage sur la manière dont les conflits sont vécus au quotidien, pour contribuer à bâtir des communautés résilientes et responsables. L’espace de la foire souhaite contribuer à transformer la culture autour des conflits qui reproduit souvent une norme de justice punitive. Comment répondre à la culture de _call-out_ qui ostracise et génère de la honte, de la culpabilité et une anxiété constante? Comment répondre à la professionalisation du care qui dépossède des capacités d’écoute et de soin, à l’appareil institutionnel médical qui individualise et pathologise la douleur? Quelles pratiques sont les plus propices à atténuer et soigner les blessures que nous nous causons? Comment interrompre la reproduction des cycles de violence et affirmer communément la responsabilité, la sensibilité et le soin?

L’événement s’inscrit dans une tradition anarchiste, où la lutte contre les diverses formes de domination et d’exploitation s’allie à des pratiques de soin et de guérison, en nourrissant la puissance du coeur, du corps et de l’esprit, tant à un niveau collectif qu’individuel. La foire ouvrira un espace de partage et de dialogue qui se veut bienveillant et où pourront se croiser différentes tendances anti-autoritaires – anarchistes, communistes anti-étatique, autonomes, queers, féministes, socialistes libertaires, anticoloniaux, anti-racistes, etc.

Retrouvons-nous le 8 février 2020, à Hochelaga au 1611 avenue d’Orléans (coin Adam), pour mettre en commun nos expériences et réflexions et enrichir les cultures de conflit.

Journée d’action le 17 janvier #StopLine3

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Jan 102020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis la source du fleuve Mississippi, un appel résonne dans l’Île de la Tortue : stoppez la ligne 3 !

Bien avant la fondation des Etats-Unis, les peuples Dakota et Anishinaabeg vivaient et prenaient soin des eaux dans ce qui s’appelle actuellement « le Minnesota ». L’entreprise canadienne Enbridge propose aujourd’hui de construire un oléoduc sur les terres et eaux des peuples autochtones du nord du Minnesota – un projet nommé « la ligne 3 ». Il est prévu que cet oléoduc traverse 211 plans d’eau et des cultures de riz sauvage parmi les plus riches du monde, violant alors les droits des traités des Anishinaabeg négociés en 1837, 1854 et 1855. Le segment de la ligne 3 au Minnesota est le dernier obstacle à cet oléoduc qui enverra chaque jour un million de barils de pétrole provenant des sables bitumineux de l’Alberta sur la rive ouest du lac Supérieur. La ligne 3 représente une augmentation de 10 % de la production des sables bitumineux.

Alors que le Minnesota se trouve présentement en train d’examiner les derniers permis de traversées de cours d’eau, nous vous invitons à vous joindre à nous pour une journée d’engagement publique joyeuse, exubérante et ludique, et à envisager les possibilités d’une vie sans pétrole. Personnes autochtones, colons et migrant-e-s – nous sommes tous d’accord : un monde d’extraction n’est pas le monde que nous voulons !

Agir pour soutenir les peuples Dakota et Anishinaabeg à préserver leurs terres patrie et leur culture permet d’ouvrir ensemble des possibilités de réinventer nos vies au-delà du colonialisme et du capitalisme. Vous n’avez pas besoin de faire partie d’une organisation, d’un gouvernement ou d’un autre type de système pour vouloir un changement. Ce que nous revendiquons est simplement une éthique de notre liens entre nous et à la terre, car la terre est notre unique lieu de vie.

Entre le 17 à 19 janvier nous faisons donc appel à tous ceux qui aimeraient voir un monde de différent à se rassembler et à démontrer ce désir en utilisant le hashtag #StopLine3. Des déploiements de banderole aux manifestations en passant par des déambulations festives dans les rues et des journées d’éducation – tout ce qui nous aide à répandre notre joie et notre esprit de défi est bienvenu.

Un autre monde est possible, maintenant.

https://lifewithoutline3.home.blog

Instagram: @WaterIsLifeJ17

Caribou forestier: Quand les loups ont le dos large

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Jan 092020
 

Coupe à blanc dans les Chic-Chocs en Gaspésie

Du Collectif Emma Goldman

Le gouvernement caquiste de François Legault vient une nouvelle fois de faire la preuve que ses intérêts et ses priorités sont placés du côté de l’industrie et des patrons. Alors que les caribous forestiers peinent à survivre, la Coalition Avenir Québec (CAQ) vient d’abolir des mesures de protection visant trois territoires (massifs de forêts matures) au Saguenay-Lac-St-Jean sur le Nitassinan, soit 46 000 hectares de forêt. Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, a déclaré dernièrement: « On a aussi tout l’aspect industriel qui nous dit : “Bien là, M. Dufour, si vous faites quelque chose pour le caribou, on va perdre des emplois” » [1]. L’industrie forestière, toujours plus avare de nouveaux territoires à exploiter, se réjouit d’une nouvelle comme celle-ci. Pour le caribou présent dans la région de Charlevoix, le ministre y va encore une fois d’une décision tout aussi teintée d’intérêts : abattre des loups au lieu de mettre en place des mesures afin de protéger le cheptel présent sur ce territoire où seulement 26 individus ont été observées lors du dernier recensement. Dans le rapport d’inventaire produit par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs qui a été mis en ligne dernièrement, il est clairement écrit noir sur blanc que le problème n’est pas le loup, mais la présence de l’industrie forestière et de l’étalement urbain causé par le tourisme: « Le territoire occupé par le caribou de Charlevoix est fortement perturbé par diverses activités industrielles et récréotouristiques » [2].

Évidemment, cette décision du gouvernement caquiste a fait réagir plusieurs personnes dont Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur d’écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). Ce dernier possède un doctorat en biologie et un stage postdoctoral sur le caribou. Mais voilà que le grand champion international de la connerie, le ministre Pierre Dufour (bachelier en science politique et possédant un certificat en marketing), se permet de rabrouer Saint-Laurent: « C’est facile d’être assis dans sa tour d’ivoire à l’université de Rimouski et de dire : « Voici comment ça fonctionne » ou encore « Si M. St-Laurent est capable de faire repousser une forêt mature – comme il dit toujours : « Ça prend une forêt mature » –, s’il est capable de me repousser une forêt en l’espace d’un an, qu’il me le dise, parce que je n’ai pas la solution » [3]. Au final, il est clair que le ministre Dufour [4] et la CAQ vont faire le strict minimum pour se sauver la face. Utiliser une solution à très court terme, abattre les loups, au lieu de favoriser la protection des territoires afin d’empêcher toute destruction de l’habitat du caribou. Opter pour la seconde option en viendrait à donner une baffe à ses amis de l’industrie forestière. La même catastrophe se passe en Gaspésie où l’industrie forestière a tellement coupé d’arbres dans la réserve faunique de Matane que les forestiers ont atteint les sommets des Chic-Chocs, refuge des derniers caribous de la région. Et comme l’a déclaré monsieur Saint-Laurent, malgré l’abattage de coyotes et d’ours, prédateurs du caribou, la population de ce dernier est toujours en déclin.

Coupe à blanc en Abitibi

Les Premières Nations en résistance

Le Première Nation innue de Pessamit a publié un communiqué affirmant sa volonté de protéger le caribou : « Les Pessamiulnuat ont cessé depuis plus de dix ans le prélèvement de ce gibier, sacrifiant ainsi une partie importante de leur culture. En retour, quels ont été les sacrifices des forestières qui sont scientifiquement reconnues comme étant la principale cause du déclin de l’espèce? Quelles ont été les actions concrètes du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs durant ces années, où le déclin n’a fait que s’accentuer? Il est grand temps que le gouvernement du Québec prenne ses responsabilités », affirme Éric Kanapé. Le communiqué déclare également que « la culture innue est aujourd’hui menacée par l’altération de la forêt due au type de foresterie qu’on y pratique. Une foresterie qui, à ce jour, a très peu tenu compte des besoins des Pessamiulnuat et qui a altéré une grande partie des écosystèmes naturels du territoire. L’intégrité biologique des forêts est toutefois nécessaire pour le maintien des pratiques traditionnelles, qui reposent tout particulièrement sur le prélèvement de la ressource faunique » [5]. Le Conseil des Innus de Pessamit veut que le gouvernement du Québec crée une aire protégée afin d’aider les caribous.

En Abitibi, le gouvernement québécois se magasine une crise avec les communautés Anishinabeg à propos de la harde de caribous de Val d’Or. Déjà sous le gouvernement Couillard, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, avait déclaré qu’il ne serait pas question de sauver les 18 caribous restant près de Val d’Or. Selon un rapport préliminaire sur lequel se basait le ministre, il faudrait investir 76 millions sur 50 ans pour sauver le caribou forestier, un montant trop grand pour le libéral [6]. Et il faut ajouter à cela leur éternelle chansonnette sur la perte d’emplois et le risque de voir des entreprises fermer. Pour les libéraux, la vie a donc un prix. Sauver une espèce en voie de disparition contre quelques millions étalés sur plusieurs décennies ne vaut pas la peine. Surtout qu’il aurait fallu mettre un frein à ses amis des industries minière et forestière, ce que ce dernier n’a jamais voulu faire. Aujourd’hui, autre gouvernement, mêmes intérêts. Outre l’abattage de loups, le ministre Dufour n’a pas l’intention de faire grand-chose d’autre sinon une rencontre avec les chefs Anishinabeg. Le bouffon de service n’a pas dérogé de sa ligne en déclarant qu’il faut prendre en compte l’aspect industriel afin d’éviter la perte d’emplois. La cheffe de la communauté de Lac-Simon n’a pas tardé à répliquer : « On a déjà eu des crises nous autres, puis s’il faut qu’il y ait une crise pour les caribous, on va la faire encore. Les compagnies forestières savent qui on est ». D’ailleurs, il y a plus d’un an, les communautés de Lac-Simon, de Kitcisakik et de Winneway ont pris des engagements afin de protéger le caribou. Les Anishinabeg ont aussi mis un terme à la chasse aux caribous, activité ancestrale de ce peuple. Le chef de la communauté de Kitcisakik a aussi fait un lien avec les orignaux en danger dans la réserve faunique La Vérendrye : « Qu’est-ce qui va arriver avec le cheptel d’orignaux? Avec les agissements du ministre dans ce dossier-là. On y voit un parallèle là ». [7] En effet, sûrement pas grand’ chose à espérer de ce côté…

L’économie avant la vie 

« La forêt, c’est une manière d’exploiter économiquement quelque chose qui repousse. Mais c’est sûr que ça peut avoir un effet sur le caribou, on ne se le cachera pas. » – Pierre Dufour

La forêt, c’est un réservoir de ressources à exploiter pour faire tourner l’économie, rien de plus. Du moins, c’est ce que l’on peut en comprendre en lisant les propos du ministre caquiste. Si l’industrie forestière est au bord du gouffre, c’est à cause de l’industrie elle-même et de la concurrence internationale engendrée par le capitalisme. Une industrie avare qui ne sera jamais rassasiée et qui est prête à couper à blanc n’importe quelle forêt afin d’empiler encore plus les profits. Les dirigeants pourraient faire massacrer tous les caribous et l’industrie ne serait pas plus sauvée pour autant.

Au final, tout le monde le sait que de tuer des loups ne va rien changer à moyen et long terme. Le loup est un animal extrêmement important pour les écosystèmes. C’est la destruction des vieilles forêts où se trouvent le précieux lichen et les champignons que les caribous mangent ainsi que la multiplication des chemins forestiers qui facilitent les déplacements des loups qui mettent en danger les hardes de caribous forestiers.

Évidemment, nous sommes conscients et conscientes que plusieurs villages dépendent de l’industrie forestière (coupes en forêt ou scieries). La situation des paroisses marginales, des villages et villes mono-industrielles présente une contradiction importante de l’économie capitaliste : une localité et ses ressources naturelles sont exploitées par une industrie (les taux de profits augmentant sans cesse sans qu’en profitent les travailleurs et travailleuses) et cette localité vit une dépendance envers la même industrie pour l’emploi et la simple survie économique de la place. Plusieurs régions périphériques du Québec ont été colonisées pour répondre aux intérêts de grands capitalistes qui souhaitaient en extraire les ressources naturelles, pour ensuite les transformer et les commercialiser dans les régions centrales et à l’étranger, et y entretenir une main-d’œuvre à bon marché, disciplinée par la rareté des emplois de qualité.

Tôt ou tard, il faudra mettre fin à ce cercle d’exploitation et de dépendance. Quand il n’y aura plus rien à couper et à exploiter, l’industrie pliera bagage et ne laissera derrière elle que désolation et destruction. Les travailleurs et travailleuses du bois seront toujours dans le même merdier de précarité et les municipalités de petite envergure auront encore des problèmes de survie. Les habitants et habitantes doivent s’organiser et trouver de nouvelles manières d’habiter le territoire. Cela ne veut pas dire d’arrêter complètement « l’exploitation forestière » car il existe des façons de faire où la foresterie n’est pas le rouleau compresseur de la mort comme elle l’est en ce moment. De plus, il faut mettre en place une économie basée sur nos besoins réels et prendre en compte la capacité des territoires et des écosystèmes. Reprenons du pouvoir sur nos vies et nos territoires!

Comment?

La création de comités de quartiers et de municipalités autonomes, qui pourraient éventuellement se fédérer à l’échelle des villes et des régions, permettrait aux habitant-e-s des périphéries de s’organiser sur des bases à la fois locales et régionales pour faire front contre les problématiques que nous avons en commun et développer un contre-pouvoir à la gestion et l’aménagement du territoire d’« en haut ». La révolution ne pourra être complète sans un désengagement des périphéries, à quelque échelle qu’elles soient, par rapport à leurs centres. Notre action se doit d’être locale et axée sur la satisfaction des besoins réels de la population (notamment par la souveraineté alimentaire) et non selon les dictats fixés par un marché qui engendre et maintient les inégalités. Toutefois, nous ne pouvons repenser nos régions sans inclure dans notre démarche les Premières Nations. La colonisation du « Saguenay-Lac-Saint-Jean » s’est faite sur des terres volées, le Nitassinan, qui n’ont jamais été cédées. La véritable revitalisation passe par la décolonisation du territoire.

[1] https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/201912/11/01-5253342-caribous-le-ministre-dufour-pret-a-sacrifier-des-cheptels.php

[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1402897/animal-population-hardes-espece-etat-critique

[3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1428968/caribous-charlevoix-ministre-dufour-tour-ivoire-rimouski-court-solutions

[4] Le ministre Dufour s’est excusé pour ses propos via sa page Facebook. Il reste néanmoins que ses piètres excuses ne cachent pas sa pensée et ses visées, mais servent seulement à lui sauver le peu de crédibilité qu’il lui reste.

[5] https://www.neomedia.com/saguenay-lac-st-jean/actualites/actualites/378869/caribou-forestier-la-premiere-nation-innue-de-pessamit-affirme-sa-volonte-de-proteger-le-pipmuacan

[6] https://www.journaldemontreal.com/2018/03/08/sauver-les-caribous-forestiers-couterait-trop-cher-selon-quebec

[7] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1434114/caribous-val-dor-autochtone-adrienne-gerome-abitibi

Rêvons en grand: un appel à l’action pour les Wet’suwet’en

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Jan 072020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

À lire également: Rien (d’important) ne change: Une analyse des changements de propriétaires de l’oléoduct CGL – texte en anglais

Où êtes-vous parti·e·s?

Janvier dernier, nous étions si nombreux·euses.

Dans la rue. À bloquer les ponts, les ports, les autoroutes, les quartiers des affaires, les terminaux de carburant et même à prendre d’assaut le complex de TC Energy. On fonçait sur des immeubles de bureaux, on pendait des banderoles, harcelait des politiciens, la police et les tribuneaux. On sensibilisait, engageait, incitait. Des réunions se tenaient sans doûte tard le soir et nos rêves nous gardaient éveillé·e·s. On développait des stratégies. Nous étions en colère, passioné·e·s et déterminé·e·s. C’était tellement beau! Ça nous a inspiré, nous a donné de l’espoir.

Qu’est-ce qui s’est passé?

Pas possible que ce soit fini, car tout continue! La force n’est pas le consentiment. La GRC — les mêmes commandants qui se sont octroyé le droit de tuer — sont encore implantés dans le territoire Wet’suwet’en à harceler les gens. Leur audace est telle qu’ils ont établi un poste de surveillance dans un lieu où ils n’ont pas affaire et où ils n’ont aucune juridiction.

Le poste 9A fonctionne déjà au dela de la zone autour de Unist’ot’en et CGL anticipe d’en construire un autre plus important, dans les environs du printemps prochain. Une centaine de personnes liées à l’industrie sont installées à 9A et d’autres arrivent tous les jours par camion, tandis que d’autres prennent des hélicos qui polluent par leur bruit et particule.

CGL et ses sous-traitants détruisent la terre tous les jours avec des coups-à-blanc et en faisant sauter les montagnes avec de la dynamite tout au long du droit de passage de l’oléoduc. Cette activité stresse les animaux sauvages et les poussent vers de nouvelles zones et sur les routes, où la circulation ne cesse de croître.

Rien de cela ne devrait arriver.

Ces terres sont des terres autochtones non cedées.

Pour tout le monde qui y a mit pied, il est facile de vouloir défendre le yintah, facile d’en tirer de l’inspiration.

On peut boire directement des sources des rivières Skeena et Bulkley, lieux de reproduction pour 30% des saumons. Dans le silence des journées d’hiver, les pins imposants laissent tomber de leurs branches tout en douceur des couches de neige et les corbeaux sautent d’arbre en arbre. En août, les sommets des montagnes glaciales restent enneigés, l’eau du Wedzin Kwah coule froid et turquoise et les fleurs magentas de l’épilobe s’ouvrent comme des taches de peinture sur le paysage tandis que les aigles parcourent la longueur de la rivière.

C’est pittoresque — et il faut que chaque détail soit maintenu tel quel pour permettre au Wet’suwet’en de survivre et prospérer. Et à cette heure, à ce moment même, il nous est possible de les aider à rendre ceci possible. Et ils nous demandent de les appuyer, ils n’ont jamais cesser de le demander. C’est nous qui avons arrêté·e·s.

Pourquoi?

Si vous avez arrêté parce que vous n’étiez pas sûr·e·s quel camp soutenir, soutenez-les tous.

S’il n’est pas clair ce qui est voulu:

  • Ils ont besoin de gens sur place, surtout à long terme (il y a de l’argent dispo pour aider des personnes autochtones à s’y rendre);
  • Des actions respectant le droit naturel et avec les accords d’allié en place (ce qui ne veut pas forcement dire de demander la permission);
  • Les camps ont aussi publié des listes de souhaits sur leurs sites web;

Si vous ne savez pas par où commencer, commencez ici (les liens sont tous en anglais):

L’alternatif à essayer (ce qui n’est pas la même que l’abilité) c’est la complicité. Nous sommes nombreux·euses à profiter de nos vies et des privilèges qui vont avec, tel la possibilité de voyager, avancer sa carrière, aller en classe ou avoir du temps de loisir.

Ceci n’est pas un argument à se culpabiliser et « tout sacrifier pour la révolution » — c’est un argument à faire de cette lutte une priorité et d’y accorder autant d’importance que les autres élèments de sa vie: carrière, études, sociabilité, aventures, voyages… C’est un argument à prendre ceci au sérieux, car ce l’est, et il faut qu’on se prenne donc nous-même au sérieux; on parle de la survie des gens et de leur culture. On parle de souverainté et guérison autochtones. Cette lutte est anticoloniale, mais elle est aussi anticapitaliste et antiétatique, avec de la place pour plein d’actions différentes.

Considérez ce texte donc comme un appel à l’action.

Considérez-le un encouragement ponctuel à construire des réseaux et un momentum capable de s’adapter, prendre des risques et ainsi capturer l’énergie.

Retrouvez-vous entre proches et discutez:

Qu’est-ce qui vous permet de prendre des risques? Comment peut-on mettre ces choses en place? Comment peut-on incorporer plus d’énergie et de capacité dans nos actions sans se compromettre au niveau de la sécurité? Quelles pratiques et cultures voulons-nous développer pour nous permettre de procéder? Qu’est-ce qui a bien marché ici ou ailleurs? Si ailleurs, quelles leçons sont pertinentes à en tirer?

Qu’est-ce que l’État? Quels sont ses composants, aux niveaux physiques et symboliques? Quels sont les autres éléments et participants dans cette lutte? Si c’est le capital qui pousse ce projet vers l’avant, comment peut-on entraver soit les capitaux, soit les profits?

Dormez bien les ami·e·s et rêvez en grand. Une autre fin est possible.

Tous les regards sur les Wet’suwet’en : Appel à une semaine de solidarité internationale !

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Jan 052020
 

Du Camp Unist’ot’en

Voir aussi :

Du MARDI le 7 JANVIER 2020 (date anniversaire de la descente de la GRC et de CGL) au DIMANCHE le 12 JANVIER 2020

Nous appelons toutes les communautés qui défendent la souveraineté autochtone et qui reconnaissent l’urgence de freiner les projets extractivistes menaçant la vie des générations futures à entreprendre des actions de solidarité.

Le territoire souverain et non cédé des Wet’suwet’en est sous attaque. Le 31 décembre 2019, la juge Marguerite Church de la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accordé une injonction contre les membres de la nation Wet’suwet’en, laquelle assume l’intendance et la protection de ses territoires traditionnels contre de multiples pipelines destructeurs, dont celui de Coastal GasLink (CGL), qui transporte du gaz naturel liquéfié (GNL). Les chefs héréditaires des cinq clans Wet’suwet’en rejettent la décision de Church, qui criminalise les Anuk’nu’at’en (loi Wet’suwet’en) ; en ce sens, ils ont émis et appliqué une ordonnance d’expulsion des travailleurs de CGL du territoire. Le dernier entrepreneur de CGL a été escorté hors du territoire par les chefs Wet’suwet’en le samedi 4 janvier 2020.

En janvier 2019, lorsque la GRC a fait une violente descente sur nos territoires et nous a criminalisés pour avoir assumé nos responsabilités envers nos terres, nous avons vu des communautés du Canada et du monde entier se soulever en solidarité avec nous. Aujourd’hui, notre force d’action découle du fait que nous savons que nos alliés du Canada et du monde entier se lèveront à nouveau avec nous, comme ils l’ont fait pour Oka, Gustafsen Lake et Elsipogtog, en fermant des lignes de chemin de fer, des ports et des infrastructures industrielles et en faisant pression sur les représentants élus du gouvernement pour qu’ils respectent la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. L’État doit cesser d’imposer sa violence en soutenant les membres du 1 %, qui volent nos ressources et condamnent nos enfants à un monde rendu inhabitable par les changements climatiques.

À l’heure où la GRC se prépare à commettre de nouveaux actes de violence coloniale contre le peuple Wet’suwet’en, allumez vos feux sacrés et venez à notre aide.

Nous demandons que toutes les actions entreprises en solidarité avec nous soient menées de façon pacifique et dans le respect des lois de la ou des nations autochtones du territoire en question.

Pour plus d’informations :

Wet’suwet’en Supporter Toolkit

Faire un don à Unist’ot’en

Faire un don à Gidimt’en