Montréal Contre-information
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Extinction Rebellion, le Black Friday & l’environnement

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Déc 082019
 

De Contrepoints

«On aurait dû rentrer dans le H&M et tout choper!»

Coin Peel et Ste-Catherine, en plein centre-ville de Montréal, le 29 novembre 2019.
Drôle de journée: après mes trois heures de cours, j’avais prévu aller faire un tour à la manif étudiante pour l’environnement, même si mon cégep était pas en grève, même si je savais que le métro serait bondé en plein Black Friday. Après tout, c’était une journée symbolique contre le capitalisme, ça semblait logique d’y participer.

Arrivée sur place un peu en retard, j’étais plutôt surprise de constater qu’au lieu d’une manifestation étudiante, j’étais plutôt entourée d’une ribambelle de drapeaux d’Extinction Rebellion, accompagnés d’une poignée de militant-es arborant les mêmes couleurs qui criaient dans un mégaphone. De chaque côté de la rue, des masses de gens étaient amassées, et scandaient des slogans en direction des magasins. «Ah, enfin, un peu d’action!» me dit alors mon ami, enthousiaste. Mais rapidement, on se rend compte qu’en terme d’action, on allait être déçu-es: la foule, statique, exprimait son soutien à une douzaine de jeunes militant-es aux mains collées sur les vitrines, à travers une ligne de policiers. Ces derniers, quand on balayait la scène du regard, étaient très nombreux aux alentours; une tasse de café à la main, plusieurs d’entre eux se préparaient lentement à décoller les protestataires, le sourire aux lèvres.

«On va bloquer le magasin?» demande mon ami, plein d’espoir, à sa voisine. «On dirait pas» répond-t-elle, en nous pointant les flots d’acheteurs qui continuent d’entrer et de sortir de la boutique, des sacs de vêtements à la main. «Mais ça sert à quoi alors ce spectacle-là?» lui lance-t-il, abasourdi. Elle hausse les épaules, désinvolte, et s’éloigne pour rejoindre une petite bande enjouée qui danse au milieu de la rue. «This music is really commercial» me glisse un passant, les sourcils froncés. J’éclate de rire, le bonhomme n’a visiblement rien compris, car l’ambiance est de plus en plus lit. Traversant la foule, j’accoste alors une militante qui distribue du chili vegan, pour lui demander ce qui se passe exactement. «En ce moment, XR fait son show: on était supposé-es arriver ben plus tôt au square Dorchester, mais y font rien qu’à leur tête, y’ont complètement take over la journée. Là, on attend juste que leur grande mise en scène de jeunes martyrs soit finie pour aller faire le party au square. Sont tous-tes mineur-es, ceux qui ont les mains collées dans les vitrines, savais-tu? Y paraît que ça fait plus cute dans les médias» me dit-elle, ironique. «C’est quand même une drôle de stratégie, quand on y pense, pour contrer la catastrophe écologique, envoyer des jeunes se coller les mains sur des magasins de grandes chaînes. Ça crée des martyrs, c’est juste bon pour faire un show, mais ça change rien en bout de ligne. Nous, on aurait voulu que ça brasse un peu plus, mais on s’est même fait rabrouer quand on criait des slogans anticapitalistes tantôt!» ajoute-t-elle, un peu amère. Au moment où elle me dit ça, la musique arrête, et une militante portant le dossard d’Extinction Rebellion nous informe au micro que la première militante vient de se faire relâcher par les policiers, provoquant une salve d’applaudissements. La soirée a continué au rythme des jeunes relâché-es, jusqu’à ce qu’on se déplace finalement au square Dorchester, à moitié transi-es de froid, pour boire une bière avant de quitter. «On aurait dû rentrer dans le H&M et tout choper!» beugle un garçon hilare, visiblement prêt à en découdre avec les policiers. C’est drôle, me dis-je alors: la soirée (et donc l’action d’éclat d’Extinction Rebellion) était tellement inoffensive que les policiers l’ont laissée se dérouler longuement, sans lui mettre les bâtons dans les roues une seule fois.

Avec un peu d’ambition, pourtant, une manifestation au centre-ville pendant que la rue Sainte-Catherine débordait de client-es aurait pu porter un bon coup au capital, envoyer un message clair au gouvernement, réellement enrayer le pouvoir. L’heure n’est plus à la sensibilisation, le consensus est là: on court à notre perte. Ce qu’il faut, dorénavant, c’est s’inspirer des manifestations un peu partout dans le monde, et bloquer l’économie. Occuper des places, des squares, des rues, les tenir envers et contre les assauts de la police, et prendre les choses en main, sans attendre que l’État nous protège du désastre écologique. Êtes-vous game?

Insécurité nationale : Visites à domicile de la GRC à Montréal

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Déc 072019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Problèmes en vue pour l’État canadien, dans ses QG de police et ses coulisses technocratiques, en ce qui concerne son régime colonial et raciste de frontières et de prisons. Avec leur réseau de postes frontaliers, de patrouilles, de technologies de surveillance, de centres de détention, de tribunaux, de soi-disant alternatives à la détention et d’escouades d’expulsion, les dirigeants de ce pays comptent bien consolider l’autorité nécessaire pour déterminer qui peut vivre ou non sur le territoire qu’ils gouvernent frauduleusement, décider de qui peut trouver un logement, envoyer ses enfants à l’école, accéder aux soins médicaux et vivre au quotidien sans crainte. Ils sont soutenus dans ce projet par les médias de masse toujours prêts à faire un drame des passages de frontières irréguliers, en renforçant des mythes qui présentent le Canada comme un pays amical et accueillant, dissimulant une réalité meurtrière et cruelle – et bien sûr aussi par l’extrême droite, qui a pour tâche essentielle de canaliser la colère des pauvres et des travailleur.se.s vers leurs semblables, victimes tout comme eux du système économique mondial à l’origine de leur sentiment d’impuissance.

Pourtant, ce réseau de domination est loin d’être impénétrable. La frontière terrestre du Canada avec les États-Unis est trop vaste pour être complètement contrôlée ; les points de passage clandestins abondent. De même, il n’est pas impossible de dépasser la durée de validité d’un visa et de se tenir à l’écart des activités de l’ASFC. Partout au pays, les migrant.e.s organisent des réseaux de solidarité pour que personne n’ait à faire face aux défis sérieux que sont l’accès aux services sans statut et le fait d’être confronté, seul, à un système d’immigration raciste.

Cette année, une liste des noms des agents de l’ASFC a été publiée, encourageant les gens à les tenir responsables de leurs effets destructeurs sur nos communautés et nos camarades. Et au cours des deux dernières années, en réponse aux efforts du gouvernement pour construire de nouvelles prisons pour migrant.e.s, les entrepreneurs de la région de Montréal ayant accepté de travailler à la construction de celle qui doit ouvrir ses portes à Laval en 2021 ont fait face à des manifestations et à une série d’attaques, à commencer par le déversement de criquets dans la firme d’architecture Lemay au printemps 2018. En juillet dernier, la BMW d’un vice-président de Lemay a été incendiée à l’extérieur de son domicile. Dans la nuit du 26 octobre, l’entrepreneur général de la prison, Tisseur, semble avoir perdu un camion en raison d’un incendie criminel ciblé. Plus récemment, ce mois-ci, les véhicules stationnés au siège social du sous-traitant DPL se sont fait crever les pneus.

De telles actions ont un impact à la fois matériel et psychologique ; comme l’a dit le président de la société d’excavation Loiselle aux médias après le vandalisme de son siège social : « Je ne veux pas de trouble avec ces gens-là ». Si ces attaques se poursuivent et se propagent, l’État pourrait rapidement avoir du mal à maintenir et à étendre l’application des frontières, l’immigration et la citoyenneté.

Il n’est pas surprenant que les services de police, dont quatre au moins dans la région de Montréal se retrouvent dans leur juridiction territoriale (SPVM, SPL (Laval), SPAL (Longueuil) et SQ) avec des événements non résolus liés à la prison des migrant.e.s, unissent leurs forces pour partager leurs ressources et coordonner une enquête plus intensive. D’ailleurs, un article paru dans La Presse en juillet dernier a révélé qu’une telle action était en cours de préparation.

Dans la semaine du 28 octobre, on a pu voir les premiers signes évidents de cette escalade des ressources répressives : un petit nombre de militant.e.s de longue date ont en effet reçu des visites à domicile et des appels téléphoniques d’agents de la GRC sur l’île de Montréal. Les agents font partie d’une EISN (Équipe intégrée de la sécurité nationale), une unité qui a coordonné la sécurité de sommets comme le G7 et enquêté sur d’autres cas de ce qu’ils appellent de « l’extrémisme violent ». Chaque EISN est composée d’agents de la GRC, d’agents du SCRS et de membres des services de police locaux, ainsi que de membres de l’ASFC et de Citoyenneté et Immigration Canada [source: Wikipedia].

Les agents qui ont effectué ces visites en octobre n’avaient pas de mandat, et ils ont dit qu’ils voulaient discuter du militantisme pour la justice migrante ainsi que des mouvements anti-gentrification, en relation avec des actes criminels en cours d’enquêtes. Les personnes visitées n’ont pas laissé entrer les flics et ne leur ont pas parlé.

Nous considérons qu’il est important de partager ces événements publiquement afin que nos camarades puissent prendre des précautions appropriées, reconnaître les méthodes utilisées et éviter la diffusion de fausses informations. Quiconque est contacté par la GRC, d’autres services de police ou le SCRS d’une façon semblable ou dans le cadre de cette enquête est fortement encouragé à en informer ses camarades dès que possible.

Dans le cadre d’enquêtes antérieures, l’EISN de Montréal a eu recours à différentes tactiques : écoutes téléphoniques, filatures de suspects, entrées dans des maisons et des bureaux à l’insu des suspects, ainsi qu’à des infiltrations et des informateurs payés. Même en combinant ces méthodes à d’autres depuis plusieurs années, l’EISN a été incapable de porter des accusations dans le passé. Collectivement, notre pouvoir face à ce type d’enquête est clair : on n’insistera jamais assez sur la valeur du silence et de la non-coopération absolue avec la police. Il n’y a rien à gagner à laisser entrer des agents chez vous ou à leur dire quoi que ce soit. Sans mandat valide, la police n’a pas le droit d’entrer dans votre domicile ou votre bureau (voir « Surprise ! On a des droits ?! » du COBP). Communiquez avec un avocat de confiance si vous n’êtes pas certain de vos droits dans une situation donnée.

De plus, nous bénéficions d’une réflexion continue sur nos pratiques en matière de sécurité. Efforçons-nous de bâtir une culture aussi sécuritaire que possible pour nous et nos camarades qui nous permette aussi de combattre avec conviction et d’accroître notre capacité. Cette réflexion récemment publiée sur la culture de la sécurité [elle sera bientôt disponible en français ; NdMtlCi.] a beaucoup à offrir à la fois comme introduction au sujet et comme incitation à réévaluer et à affiner nos pratiques.

En mettant en lumière d’autres luttes auxquelles les anarchistes ont contribué, notamment l’anti-gentrification, et en brandissant le spectre du « terrorisme », même s’il ne s’agit que de simples enquêtes sur des incendies criminels et des vitres brisées, la GRC montre qu’elle ne cherche pas seulement à résoudre des crimes précis, mais bien qu’elle veut perturber la capacité de nos mouvements à contester les fondations racistes et colonialistes de l’État canadien et les impératifs capitalistes qui le gouvernent partout. Avec ou sans poursuites judiciaires, ils veulent criminaliser les idées qui les menacent. Ils veulent que nous ayons peur de prendre les risques nécessaires pour construire quelque chose de différent. Ils veulent briser la solidarité entre celles et ceux qui parlent publiquement et celles et ceux qui agissent clandestinement, afin que l’organisation publique se limite aux canaux de protestation approuvés, et que les interventions anonymes soient dénoncées et isolées. Il est important de noter qu’ils nous montrent également que nos mouvements menacent effectivement leur capacité à remplir leurs fonctions, ce qui prouve bien que ce n’est pas le moment de se retirer.

Nous savons que la simple menace de la répression peut être efficace pour perturber les mouvements. Bien que les informations sur cette enquête et les tactiques de l’EISN soient préoccupantes, nous ne voyons aucune raison d’être paranoïaque ni de paniquer. C’est simple : si les policiers ont des questions, cela montre qu’ils ne savent pas ce qu’ils veulent et qu’ils manquent d’informations. La lutte se poursuit, et c’est grâce à la participation continue et croissante d’une grande variété de groupes et d’individus dédiés à assurer leur sécurité mutuelle, à partager informations et ressources, et à refuser que l’État sème la division entre nous que nous serons toutes et tous les plus redoutables opposant.e.s à la police et au régime frontalier.

Lorsqu’on est pris pour cible par les forces de répression, il peut être tentant de faire appel à des discours enracinés dans la légalité, de dénoncer les soi-disant excès de l’État ou de réclamer la protection des « libertés civiles ». Mais nos mouvements seront plus forts à long terme en admettant que, si nous voulons voir leur monde de confinement et de contrôle disparaître dans les flammes, il est inévitable qu’ils tenteront de nous arrêter par tous les moyens à leur disposition. Une fois libéré.e.s du mythe de l’opinion publique, il deviendra clair que nous n’avons rien à gagner de nous faire passer pour des victimes. Il s’agira simplement de pratiquer une solidarité inébranlable et de priver l’État du pouvoir qu’il recherche.

 

Appel à la solidarité

En cas de raids ou d’arrestations en lien avec l’enquête de l’EISN/GRC, nous appelons à une offensive de solidarité à Montréal et ailleurs, contre les infrastructures frontalières, ou toutes autres cibles pertinentes dans votre région. ?

Déboulonner Atalante: Pas nazis mais… oui cependant

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Déc 052019
 

De Montréal Antifasciste

Quoi qu’en disent les principaux et principales intéressé-e-s, leur filiation néofasciste/identitaire/nationaliste-révolutionnaire/anticommuniste/nazie est aussi claire, nette, formelle et irréfutable que la connexion Stompers/Légitime Violence/Atalante. Et si les tatouages, choix vestimentaires, préférences musicales et simagrées des membres connu-e-s d’Atalante sont un tant soient peu indicatifs de leur orientation politique, leurs sympathies « néo-nazies » sont tout aussi incontestables.

En septembre dernier Montréal Antifasciste a fait paraître un article révélant les occupations professionnelles de certain-e-s des activistes clés du groupe néofasciste Atalante Québec. Le but de l’exercice, comme toujours, était d’exposer les militant-e-s fascistes « à leurs communautés, collègues et employeurs, familles et voisins, à qui ils et elles cachent généralement la vraie nature de leurs activités (…) car les projets qu’ils portent en privé mettent en danger à la fois leurs collègues et les membres du public qu’ils y côtoient, tout particulièrement les personnes racisées, musulmanes, juives, queers et/ou identifiées à gauche. »

Rompant avec l’habitude, les militant-e-s d’Atalante se sont fendu-e-s d’un communiqué pour répondre « aux propos diffamatoires incitant à la haine contre eux » et aux « fausses allégations lancées contre [nos] membres ». Bizarrement, le communiqué se défend d’accusations qui ne sont formulées nulle part et en déforme d’autres pour mieux s’en défendre. Surtout, le communiqué tente de dépeindre Atalante et ses militant-e-s comme une espèce d’organisation communautaire de bienfaisance vouée à « l’entraide familiale », qui n’aurait absolument rien à voir avec un « mouvement néo-nazi ».

Pour mettre les choses parfaitement au clair, voici ce dont nous accusons Atalante Québec et pourquoi nous déployons nos efforts contre ce groupe : c’est une organisation d’extrême droite modelée directement sur des mouvements néofascistes et identitaires européens comme CasaPound (Italie), Groupe Union Défense (GUD), Troisième Voie et Bastion Social (France), de tendance « nationaliste révolutionnaire » (laquelle est héritière du courant strasseriste du Parti nazi), qui s’est formée autour du gang de boneheads ultranationalistes Québec Stompers Crew et du groupe de « rock anticommuniste » Légitime Violence.

S’il fallait encore le prouver, nous ne nous ferons pas prier pour enfoncer le clou.

///

 

Trop de protestations, ce me semble…

D’entrée de jeu, le communiqué se campe sur la défensive :

« Dans un premier lieu, Atalante n’est pas un mouvement prônant la haine de l’autre, mais l’amour des siens. (…) Aussi, ce que des adultes consentants font dans leur chambre à coucher ne nous intéresse pas et ne nous regarde pas. De ce fait, nous refusons toutes les accusations stigmatisantes d’homophobie qui sont lancées par nos adversaires. »

Cette mise au point est pour le moins curieuse, puisque ni l’article de Montréal Antifasciste auquel ce communiqué prétend répondre, ni d’ailleurs aucun autre article que nous ayons publié, n’accusent spécifiquement Atalante d’homophobie. Pourquoi donc s’en défendre avec autant d’empressement? Il y a de quoi faire réfléchir…

S’en suit alors un paragraphe que seul pourrait adéquatement accompagner un solo de violon larmoyant. L’action sociale d’Atalante « dans son milieu » consiste, explique-t-on, à mener des « distributions alimentaires », à nettoyer des graffitis et à faire de « l’entraide familiale », tandis que son action politique se limite à organiser « des collages, des coups d’éclat, des contremanifestations, des commémorations et des formations philosophiques ou de conditionnement physique. »

Même en passant sur le fait que l’action politique dont il est question repose sur la promotion d’un projet « ultranationaliste » farouchement identitaire et xénophobe (bonjour la « remigration »), la présentation d’Atalante comme une organisation communautaire parfaitement inoffensive ne trompe personne – sauf bien sûr les naïf-ve-s qui se laissent bercer par cette tentative grossière de dissimuler la vraie nature du projet.

Le communiqué poursuit en s’indignant qu’on puisse « les » accuser d’avoir « agressé plusieurs personnes racisées et parfois à l’arme blanche ». Là encore, cette réaction est curieuse, car nous n’avons jamais dit cela. Ce que nous avons bel et bien signalé, cependant, est qu’un membre central des Québec Stompers, Yan Barras, aussi militant d’Atalante depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, a poignardé six personnes en 2007 et a été condamné à deux ans de prison ferme pour ce crime violent. Il est aussi vrai que nous avons rappelé dans l’article « Démasquer Atalante » que l’entourage du groupe compte plusieurs individus ayant été trouvés coupables d’avoir mené des agressions armées à caractère raciste, dont Mathieu Bergeron, Steve Lavallée, Jonathan Côté et Rémi Chabot-Brideault. La présence régulière de Mathieu Bergeron, par exemple, dans les actions et activités d’Atalante suffit à démontrer, sans dire que tous les membres d’Atalante ont commis de pareilles attaques, qu’il est tout à fait légitime de faire le rapprochement.

La vive indignation qui traverse ensuite le communiqué à l’égard de la violence des « groupes antifascistes », tout comme la ridicule affirmation que les « pages internet d’extrême gauche » lancent « de fausses allégations contre [nos] membres (…) dans le but de les assassiner socialement, professionnellement et même physiquement » (nous soulignons), ont aussi de quoi laisser perplexe, compte tenu des menaces de violence explicites proférées dans plusieurs chansons de Légitime Violence :

« Ces petits gauchistes efféminés,
qui se permettent de nous critiquer,
ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder! »
(Légitime Violence)

« Tu cours à ta perte, tu connais notre réputation.
Une lame qui te transperce, un bruit une détonation!!! (…)
Tu succombes à nos coups tu passes sous nos roues. (…)
À grands coups de matraque j’entends tes os qui craquent. »
(Anti-Rash Action)

 

Pas nazis, mais…

Ce qui nous amuse le plus dans cette décharge pleurnicharde, c’est sans doute la prétention que le projet d’Atalante « n’est pas animé par une logique raciale », que le rapprochement avec le nazisme relève de la « diffamation » et que ce seraient en fait les « doctrines totalitaires » des mouvements antifascistes qui porteraient ceux-ci à suggérer que des « personnes » dans l’entourage d’Atalante seraient « adepte[s] du national-socialisme ».

Déjà, pour ce qui est de la « logique raciale » qui n’animerait pas Atalante, il faudrait qu’on nous explique le choix de reproduire l’effigie de Julius Evola sur un mur du gymnase privé du groupe, lui dont « la révolte contre le monde moderne » est fondamentalement et profondément raciste.

Le portrait du théoricien suprémaciste Julius Evola (pour qui Adolph Hitler n’était pas assez radical…) figure entre ceux de Friedrich Nietzsche et Dominique Venner sur le mur du gymnase privé d’Atalante.

Et que penser de militant-e-s fascistes qui déplorent le prétendu caractère « totalitaire » de leurs adversaires?

Quoi qu’il en soit, plutôt que de produire une énième démonstration écrite en guise de réplique à cette risible tentative de disculpation, nous laisserons parler les photos et vidéos tirées des comptes de médias sociaux des membres d’Atalante.

///

 

Ian Stuart Donaldson était le chanteur du groupe Skrewdriver et le fondateur du réseau international de boneheads néonazis Blood & Honour. Ian Stuart est à l’origine de l’euphémisme « rock anticommuniste » pour décrire la galaxie des groupes de musique d’extrême droite d’allégence ultranationaliste/nazie au sein du mouvement « White Power » depuis les années 1980. Le groupe Légitime Violence est l’héritier de cette tradition au Québec, tout comme un grand nombre des groupes « anticommunistes » dont les membres et sympathisant-e-s d’Atalante portent régulièrement les couleurs, dont SPQR, Bronson (Italie), Brassic, Offensive Weapon (États-Unis), In Memoriam, Lemovice (France), etc. Au Canada, Blood & Honour est inscrit sur la liste des «entités terroristes » du gouvernement fédéral.

 

Consulter l’article au complet sur Montréal-antifasciste.info

 

Qu’est-ce que la propriété ?

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Déc 042019
 

De subMedia

[sous-titres français]

 

Alexander Liberio : metalhead, nazi… séminariste orthodoxe

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Nov 242019
 

De Montréal Antifasciste

Sous les pseudonymes « Neuromancer » et « iamneuromancer », Alex Liberio s’est associé à d’autres néonazis sur différents serveurs Discord et sur le forum Iron March en plus de participer activement aux activités militantes du groupe «Alt-Right Montreal» entre 2016 et 2018.

En mai 2018, les efforts pugnaces de militant-e-s antifascistes de Montréal ont permis d’exposer l’existence d’un salon de discussion Alt-Right privé sur un serveur Discord[1], lequel devait servir de tremplin pour les activités « IRL[2] » d’un petit groupe de militants néonazis de la région de Montréal. Une série d’articles publiés par The Montreal Gazette a forcé à l’exil deux des principaux organisateurs de ce groupe : Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », et Athanasse Zafirov, alias « Date » (aussi « LateOfDies » ou « Sam Houde/Hoydel »). Zeiger était une figure centrale, non seulement de ce petit groupe montréalais, mais aussi du réseau international qui se constituait entre 2015 et 2018, notamment en tant que prolifique producteur de contenu pour le site The Daily Stormer, modérateur du forum Iron March et propagandiste clé du courant explicitement national-socialiste et accélérationniste du mouvement Alt-Right. Il est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt au Québec et est disparu dans la nature. Quant à « Date » (aussi « LateOfDies »), qui semble s’être graduellement radicalisé politiquement en passant par le milieu des « Pickup Artists » personnifié par le misogyne Roosh V, il était l’un des organisateurs clés du milieu Alt-Right local et national, notamment en tant que coresponsable du rassemblement pancanadien qui a eu lieu en juillet 2017 en Ontario. Il s’est relocalisé en Californie en 2018, où il a pu s’installer confortablement au programme de doctorat de l’Anderson School of Management de l’UCLA, malgré notre article exposant sa nouvelle vie.

D’autres militants notoires de ce petit groupe ont aussi été exposés par la communauté antifasciste, dont Shawn Beauvais MacDonald, alias « FriendlyFash » (aussi « Bubonic ») et Vincent Bélanger Mercure, alias « Le Carouge à Épaulettes » (autre part « BebeCoco »), qui ont participé avec Sohier Chaput et d’autres militants canadiens aux manifestations du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, Virginie, les 11 et 12 août 2017, et Julien Côté Lussier, alias « Passport », lequel a agi comme porte-parole de l’organisation ID Canada (une tentative de légitimation du mouvement « ethnonationaliste/identitaire » au près du grand public canadien) et s’est récemment illustré en se portant candidat aux élections fédérales de 2019 dans le sud-ouest de Montréal. Des sympathisant-e-s antiracistes de sa circonscription ont révélé que Côté Lussier est toujours à l’emploi du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté malgré son militantisme fasciste.

Un autre des membres les plus actifs du salon de discussion « Montreal Storm », l’utilisateur « Neuromancer », participait aussi au forum Iron March sous le pseudonyme « iamneuromancer », comme l’a révélé la récente fuite de l’archive complète du forum :

Le message d'introduction d'Alexander Liberio, alias Neuromancer, au forum néonazi Iron March.

Le message d’introduction d’Alexander Liberio, alias « iameuromancer », au forum néonazi Iron March.

Montréal Antifasciste est aujourd’hui en mesure d’affirmer que « Neuromancer » est Alexander Liberio, un musicien de la scène métal montréalaise et étudiant en science cognitive de l’Université McGill jusqu’à l’an dernier. Sentant peut-être la soupe chaude suite au doxxing de Zeiger et à la publication du contenu du forum « Montreal Storm », Liberio s’est éclipsé aux États Unis pour s’enrôler au séminaire Holy Trinity Orthodox de Jordanville, dans l’état de New York. Cette conversion reste toutefois parfaitement cohérente avec sa vision du christianisme, qui est selon lui synonyme de « culture blanche », « fasciste de manière inhérente » et sans doute le meilleur véhicule pour « réaliser les 14 words » (le credo nationaliste blanc formulé par le terroriste néonazi David Lane[3]).

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Alex Liberio (date de naissance : 6 août 1989) est connu sous le pseudonyme « Neuromancer Wintermute » au sein de la scène métal montréalaise comme membre de différents projets musicaux depuis le début des années 2010.

Le profil d'Alexander Liberio, alias Neuromancer Wintermute sur le site metal-archives.com.

Le profil d’Alexander Liberio, alias « Neuromancer Wintermute », sur le site metal-archives.com. NOTE: En février 2022, le groupe Vehemal a communiqué avec MAF pour préciser ce qui suit: « Bien qu’il soit vrai qu’Alex Liberio a été notre guitariste pendant une certaine période, nous n’étions pas au courant de ses activités en ligne. Nous tenons à affirmer que Vehemal condamne tous propos et gestes haineux. »

Il semble qu’il ait été président du conseil étudiant du Collège Vanier en 2012-2013, après quoi il s’est consacré à sa musique et s’est inscrit au programme de science cognitive de l’Université McGill. Difficile de dire quand exactement il a pris le tournant nazi, mais il s’est plaint à quelques reprises d’avoir été trahi par un ami et « fully doxxed[4] » en 2016 suite à une intervention à caractère nationaliste blanc lors d’un événement public antiraciste. Étrangement, nous ne savons rien de ce prétendu doxxing et n’en retrouvons aujourd’hui aucune trace…

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

En ce qui nous concerne, nous l’avons aperçu pour la première fois le 4 mars 2017, dans la manifestation « coming out » de La Meute à Montréal, près du petit contingent de PEGIDA Québec et en compagnie de quelques individus formant sans doute déjà le noyau initial du groupe « Montreal Storm », ou Alt-Right Montreal, dont Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov. Il a d’ailleurs accordé à cette occasion une entrevue à Global TV, ce qui nous a permis de mettre un visage sur le pseudonyme :

Alexander Liberio, alias Neuromancer, participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Sur Discord, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » dit avoir donné une entrevue à Global News.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » donne une entrevue à Global News le 4mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », accorde une entrevue à Global News, le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer », relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

C’est quelques semaines plus tard qu’il s’est inscrit, le même jour (le 26 mars), au forum Iron March et au salon de discussion Montreal Storm sur Discord :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Fahrenheit » sur Discord est Loïc Pardiac.

 Nazi sans compromis

Par sa participation à Iron March, « Neuromancer »/Alex Liberio a côtoyé certains des néonazis les plus influents et les plus dangereux dans le monde, dont le créateur et principal administrateur d’Iron March, Alexander Slavros, et les membres de cette communauté « accélérationniste » qui allait créer Atomwaffen Division, un réseau néonazi sous-terrain lié à une série de  meurtres et de projets d’attentats. Par sa proximité avec Sohier Chaput, et par volonté de passer à l’action « IRL », il allait par ailleurs participer assidûment aux activités du « Montreal Stormers Book Club » (dans le vocabulaire de The Daily Stormer, ou « Pool Parties », dans le vocabulaire commun aux adeptes du forum Alt-Right The Right Stuff), dont le projet ID Canada notamment porté par Athanasse Zafirov, Julien Côté Lussier et d’autres. Voici un certain nombre de captures d’écran de ses échanges sur Iron March et le forum « Montreal Storm » :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaputs, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d'un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d’un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s'en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s'y produisait, n'est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s’en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s’y produisait, n’est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire »au près du grand public canadien.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire » auprès du grand public canadien. Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Le Carouge à épaulettes » sur Discord est Vincent Bélanger Mercure.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de « vérification de sécurité extrême » qu'observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de vérification de sécurité « extrême » qu’observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l'année des rencontres en personne pour l'Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l’année des rencontres en personne pour l’Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche » en 2020! Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d'être haïs ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d’être haïs  ». Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Personne ne sera surpris de constater qu'Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe.

Personne ne sera surpris de constater qu’Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe…

La chrétienté comme véhicule privilégié du fascisme

Liberio/« Neuromancer » fait partie d’un courant non négligeable au sein de la mouvance Alt-Right/néonazie qui s’identifie à la tradition chrétienne orthodoxe. Il ne cache d’ailleurs pas sa conviction que la chrétienté est le meilleur véhicule pour le nazisme :

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère que l'idélogie nazie est la loi biblique appliquée.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère que l’idélogie nazie est « la loi biblique appliquée ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l'histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n'aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l’histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n’aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la chrétienté est synonyme de « blancs ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l'Église orthodoxe.

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l’Église orthodoxe.

Pas étonnant, au vu de cette profession de foi, que Liberio ait choisi de devenir séminariste dans l’Église orthodoxe russe. Il s’est ainsi inscrit à la première année de séminaire à l’automne 2018, au Holy Trinity Orthodox Seminary, à Jordanville, NY, lequel est rattaché au Diocese pour l’est des É-U. de l’Église orthodoxe russe. Pour autant que nous sachions, il y est toujours inscrit à ce jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s'est inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, de Jordanville, NY, à l'automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s’est inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, à l’automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l'année académique 2019-2020.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l’année académique 2019-2020.

Le code disciplinaire du séminaire stipule qu’un diplôme peut être « retenu » devant la preuve accablante d’une inconduite morale sérieuse. Reste à voir si le séminaire considère que la participation à diverses activités et organisations néonazies constitue « une inconduite morale sérieuse »… ou si l’Église orthodoxe russe est effectivement un véhicule approprié pour réaliser la vision d’Adolph Hitler et de ses partisans contemporains.

Démonstration de la preuve

À partir du courriel inclus par « iamneuromancer » dans le forum Iron March (iamneuromancer@gmail.com), nous avons trouvé une annonce publiée en ligne en 2015 afin de recruter un joueur de cornemuse pour un groupe folk métal (vraisemblablement le groupe Bibracte, que Liberio a animé pour un temps avec sa partenaire) :

Cette annonce comportait également un numéro de téléphone. Une recherche avancée pour ce numéro révèle une annonce de sous-location d’un appartement dans Hochelaga, publiée sur un forum de discussion chinois.Non seulement les photos de l’appartement publiées dans cette annonce correspondent directement au décor que l’on aperçoit dans les quelques vidéos publiées sur la chaîne YouTube Icon Iconium, où l’on reconnaît Liberio et ses rats, mais l’on y trouve également l’adresse alexander.liberio@mail.mcgill.ca :

Une recherche pour Alexander Liberio confirme ensuite hors de tout doute les liens actuels avec le séminaire orthodoxe de Jordanville, NY.

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Quelles conséquences pour ces nazis? Quelles implications pour nos collectivités?

De Charlottesville à El Paso, en passant par les attentats d’Atomwaffen Division et de Christchurch, les activités en ligne de la génération d’Alexander Liberio ont régulièrement franchi le seuil de la « vie réelle », semant carnage et terreur dans plusieurs pays. Ce qui peut frapper, au-delà de ce constat, est la fragmentation et l’extrême fragilité de leurs rapports, compte tenu de la relative facilité avec laquelle il est possible de perturber et disperser les réseaux exposés dans ces différents forums de discussion. Comme nous le montre la cascade de nouvelles révélations issues du forum Iron March dans la foulée de la plus récente fuite, il est cependant extrêmement facile pour ces jeunes hommes blancs « normaux » de mener leur vie régulière de classe moyenne, comme étudiants, fonctionnaires, hipsters, etc., tout en poursuivant activement leur fantasme de guerre raciale et de génocide, de « charia blanche » et de « soldats sur le terrain ». La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quelles sont les conséquences concrètes pour ces wannabe paladins de la guerre raciale?

Et surtout, peut-être, nous invitons nos lecteurs et lectrices à considérer quelles sont les implications pour nos collectivités si ces nazis peuvent poursuivre leurs activités en toute impunité

Nous avons bien l’intention de continuer à redoubler d’effort pour faire en sorte que ces individus ne puissent pas simplement continuer à fomenter la haine comme si de rien n’était et surtout, pour que leurs réseaux ne soient pas seulement perturbés, mais incapables de se reconstituer. Car, comme le montre la série actuelle d’attentats et de meurtres de masse, même si ces réseaux sont stratégiquement précaires, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses d’un point de vue tactique.

Cela étant dit, une réponse efficace demandera nécessairement une mobilisation beaucoup plus vigoureuse des communautés antiracistes et antifascistes, de sorte que nos modes et moyens d’action correspondent à l’ambition d’éradiquer pour de bon les nazis de nos vies et de garantir un avenir viable pour tous les enfants.

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[1]               Discord est un logiciel conçu pour faciliter la communication vocale des communautés de joueurs en ligne. Ses fonctionnalités, ainsi que le caractère privé des communications, ont attiré en masse les membres du mouvement Alt-Right, qui en ont fait un usage intensif entre 2016 et 2018.

[2]               « In Real Life » par opposition aux activités virtuelles ou strictement en ligne.

[3]               La tristement célèbre injonction de David Lane va comme suit : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (nous devons assurer la survie de notre people et garantir l’avenir des enfants blancs). Il a composé cette phrase tandis qu’il était incarcéré pour ses activités au sein de « The Order », une organisation terroriste néonazie active dans les années 1980, responsable de nombreux meurtres et attentats armés, dont l’assassinat de l’animateur de radio Juif Alan Berg.

[4]               Le doxxing est une tactique qui consiste à rendre public les renseignements personnels d’un personne pour lui nuire d’une manière ou d’une autre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Doxing

Le vendredi 29 novembre : personne ne paie ! Un appel international pour une grève contre la hausse du coût de la vie

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Nov 212019
 

De CrimethInc.

Tout le monde paie pour que les riches s’enrichissent. Nous payons avec notre labeur, en travaillant pour remplir leurs poches. Nous payons des loyers dont les prix augmentent de façon vertigineuse au fur et à mesure que la gentrification nous jette hors de chez nous. Nous payons également avec la destruction de l’environnement, l’effacement de nos communautés, et le stress de la vie quotidienne. Nous payons pour des choses qui auparavant étaient gratuites, tel que l’eau. Nous payons des impôts pour qu’ils puissent engager plus de flics afin de nous terroriser. Tout le monde paie, mais eux seuls en profitent.

Nous pourrions parler du coût élevé de la vie – mais qui vit réellement ?

Le 29 novembre, personne ne paie. Ceci est un appel à la grève et à s’attaquer à tout ce qui nous étouffe, à tous les moyens qu’ils mettent en œuvre pour nous empêcher de vivre.

Il y a un appel à Seattle pour organiser une grève contre le coût des transports en commun. À Portland, un rassemblement est prévu le 29 novembre à Pioneer Square ; le même jour à San Francisco, un autre rassemblement est également prévu à l’intersection de la 16ème rue et de Mission. Depuis plusieurs semaines déjà, il y a des manifestations à New York contre la mise en application de nouveaux tarifs dans les transports publics, et d’autres actions sont déjà prévues pour cette semaine. Chicago suit également le mouvement. Où que tu sois, tu peux organiser quelque chose et mener une action avec tes ami·e·s.

Une grève revient à donner un coup. Ce n’est pas seulement un boycott; cela signifie interrompre le système, l’empêcher de fonctionner. Tout au moins, tu pourrais dans ton coin éviter de payer les transports en commun dans ta ville. Mais il vaut mieux rendre notre refus public et collectif. Sauter par dessus les tourniquets tou·te·s ensemble. Forcer et ouvrir les portes et intervenir si des agents de sécurité essaient d’harceler ou d’arrêter quelqu’un. Saboter les différentes machines. Faire en sorte que les murs proclament « Personne ne paie ! » avec des affiches ou des tags. Installer une table d’information et distribuer des textes sur pourquoi personne ne devrait jamais avoir à payer quoi que ce soit. Ou encore créer un syndicat des fraudeurs comme cela a été fait en Suède.

Partout dans le monde, les gens se révoltent contre l’augmentation du coût de la vie. En Équateur, les gens ont occupé le parlement et ont forcé le gouvernement à annuler toutes les nouvelles mesures d’austérité mises en place. Au Chili, une fraude des transports en commun massive a donné naissance à une révolte nationale que même l’armée n’a pas réussi à étouffer. De Paris à Beyrouth, en passant par Hong Kong, les gens reconnaissent que notre seul espoir est de résister ensemble.

Le 29 novembre prochain survient à la veille du 20ème anniversaire des manifestations qui ont perturbé et interrompu prématurément le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce à Seattle en 1999, montrant par la même occasion le pouvoir de l’action directe pour changer le cours de l’histoire. Aujourd’hui, l’opposition au capitalisme s’est largement répandue, mais c’est à nous qu’il incombe de répandre les pratiques de résistance qui nous rendront ingouvernables.

Le mouvement de fraude des transports en commun au Chili.

Personne ne paie – parce qu’ils dépenseront des millions pour des flics, mais ils tueront quelqu’un pour simplement avoir refusé de payer un ticket à deux dollars. Personne ne paie – parce que l’infrastructure qu’ils construisent n’est pas destinée à nous servir, mais bien à nous contrôler. Personne ne paie – parce que nous ne voulons pas seulement de quelques réformes fragmentaires, nous voulons montrer que nous sommes assez fort·e·s pour changer le monde nous-mêmes. Personne ne paie.

Julien Côté Lussier : l’excès d’orgueil du néonazi qui a voulu jouer la game électorale

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Nov 072019
 

De Montréal Antifasciste

LE MILITANT NATIONALISTE BLANC EST TOUJOURS À L’EMPLOI D’IMMIGRATION CANADA

Grâce aux efforts diligents de militant-e-s antiracistes et de son réseau local de sympathisant-e-s, Montréal Antifasciste est en mesure de confirmer que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun aux dernières élections fédérales, Julien Côté (Lussier), est un militant nationaliste blanc de longue date, un participant actif à différents forums de discussion Alt-Right (néonazi), un organisateur clé de ce milieu à Montréal et au Canada… et un employé du ministère de l’Immigration du Canada.

 

Le 15 octobre dernier, à six jours seulement des élections fédérales canadiennes, la CBC publiait un article révélant que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté, était jusqu’à l’année dernière le porte-parole national d’ID Canada, une organisation « identitaire » qualifiée par la CBC de « groupe nationaliste blanc et xénophobe », lequel adhère notamment à la théorie du « grand remplacement » très répandue chez les extrémistes de droite. (Cette théorie fumeuse a d’ailleurs motivé plusieurs des massacres fascistes de ces dernières années, dont ceux de Christchurch et d’El Paso.)

Nous devons humblement admettre que la candidature de Julien Côté nous avait échappé jusqu’à la parution de cet article. Malheureusement pour Côté, cependant, le projecteur national soudainement braqué sur sa candidature nous a rappelé son rôle dans le milieu Alt-Right montréalais…

Dans les heures suivant la parution de l’article, un certain nombre de statuts publiés par Montréal Antifasciste, et d’autres sympathisant-e-s antiracistes/antifascistes ont révélé l’étroitesse de ses liens avec l’extrême droite[1], ce qui a exercé une telle pression sur Côté qu’il s’est senti obligé de recourir aux services de Shawn Beauvais-MacDonald pour « sécuriser » l’opération de démarchage qu’il avait prévu de mener à Verdun le 19 octobre.

Drôle idée, direz-vous, que celle de s’adjoindre les services d’un nazi notoire après avoir nié être raciste sur toutes les tribunes. Il a peut-être eu raison d’appeler des renforts, au vu de la mobilisation populaire qui s’est organisée spontanément dans le quartier pour confronter directement Côté et son sbire, mais admettons que le choix du garde du corps laissait fort à désirer si l’intention du candidat était de dédiaboliser sa démarche.

Une résidente du quartier nous a expliqué pourquoi elle et d’autres résident-e-s excédé-e-s se sont mobilisé-e-s suite à la parution de l’article de la CBC :

« Pour nous, il était clair que Julien Côté Lussier utilisait la campagne électorale comme prétexte pour recruter d’éventuel-le-s sympathisant-e-s. Il avait imprimé son numéro de téléphone sur ses affiches, faisait campagne sur les rues en offrant des cafés et des discussions, il s’infiltrait dans toutes les plateformes web des citoyens du quartier et même son site web invitait les internautes à prendre contact en privé pour connaître sa plateforme électorale. Nous nous sommes mobilisé-e-s rapidement pour faire connaître le vrai visage de Côté, pour exposer son jeu et limiter sa visibilité. Nous avons également contacté Montréal Antifa car nous avons vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple affaire de quartier et qu’il était important que l’activité de Julien Côté soit répertoriée ».

Nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative de la base et tenons à souligner que le présent article n’aurait peut-être pas été produit, n’eût été de la diligence et la pugnacité des résidentes et résidents qui nous ont écrit et offert leur collaboration. C’est précisément à ça que doit ressembler un mouvement antiraciste et antifasciste vigoureux.

À partir de là, et en revisitant les informations que nous avions déjà sur Côté, nous avons vite compris que les révélations de la CBC n’étaient que la pointe de l’iceberg.

 

Un compte Twitter (trop peu trop tard) nettoyé

Le 20 octobre, l’utilisateur Twitter @Un_Migrant a révélé que le compte Mox_Nisi appartenait vraisemblablement à Julien Côté. Il n’est sans doute pas fortuit que Mox_Nisi ait commencé à faire une promotion excessivement enthousiaste de la candidature de Côté… précisément le même jour où celui-ci a fait connaître ladite candidature! Voici une série de captures d’écran illustrant cette curieuse concordance :

 

La connexion néonazie se confirme

En fait, ça n’a rien d’un hasard si Beauvais-MacDonald est le goon qui est venu protéger Côté de la colère des résident-e-s de Verdun le 19 octobre : si le premier représente l’aspect bête et méchant du milieu Alt-Right montréalais, l’autre fait sans doute partie de ce qui sert d’avant garde intellectuelle à ce mouvement nationaliste blanc. Les deux se sont vraisemblablement connus en 2016-2017, au sein du petit groupe de militants Alt-Right qui animaient le salon de discussion « Montreal Storm » avec d’autres « ethnonationalistes » (que l’on décrirait plus correctement comme les plus récents héritiers de la tradition néonazie historique…) tels que Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov, alias « Date ».

Trompé par son ego, Côté a été le principal artisan de sa propre chute. En retraçant les miettes numériques qu’il a laissées derrière lui au fil des ans, nous avons pu établir hors de tout doute raisonnable que Côté (date de naissance, 22 septembre 1981) est l’utilisateur « Passport » sur le forum « Montreal Storm » et dans d’autres salons Discord privés réservés aux membres cautionnés (vouched) du mouvement Alt-Right canadien.

Ne serait-ce que pour les raisons tactiques évidentes, nous n’énumérerons pas ici toutes les preuves accumulées, mais la somme et la nature de ces preuves forment un dossier accablant. Seulement en comparant l’avatar de Côté qui apparaît sur son compte Skype dans l’entrevue qu’il a accordée à CityNews Edmonton en janvier 2018 et l’avatar choisi par « Passport » sur Discord, il saute aux yeux que c’est la même illustration, soit la toile Der Wanderer über dem Nebelmeer, du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Une référence extrêmement nichée, vous en conviendrez avec nous. En suivant un lien affiché par « Passport » sur Discord vers la vidéo d’une conférence de Jordan Peterson à Ottawa, où il s’est rendu en compagnie de Zafirov pour adresser une question à Peterson, nous avons pu confirmer que la voix de « Passport » que l’on entend sur la bande audio est bel et bien celle de Côté.

Par sa participation à différents salons de discussion canadiens et à différents projets d’organisation politique, Côté/Passport était non seulement une figure centrale du petit club Alt-Right de Montréal, mais aussi de la communauté Alt-Right qui essayait alors de se consolider nationalement. Il était notamment, comme l’a relevé la CBC, au cœur du projet d’ID Canada, un groupuscule malhabilement calqué sur les organisations du mouvement « identitaire » européen, comme Génération Identitaire. (C’est d’ailleurs pour défendre une affiche d’ID Canada posée à Edmonton que Côté, en tant que porte-parole de l’organisation, avait accordé une entrevue à CityNews en janvier 2018. Le subtil en-tête de l’affiche était : « VOUS VOUS FAITES REMPLACER ».) Mais ça n’est pas tout. Il était aussi l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement national du milieu Alt-Right canadien tenu en Ontario en juillet 2017[2], et l’un de ceux qui ont organisé la conférence du professeur nationaliste blanc Ricardo Duchesne à Montréal un mois plus tôt. Côté s’est aussi rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements de l’Alt-Right aux États-Unis, notamment à des rencontres du National Policy Institute de Richard Spencer.

Par son activité virtuelle et « dans la vraie vie », il est clair que Julien Côté, alias « Passport », a joué un rôle de tout premier plan, aux côtés d’autres néonazis confirmés, dans la tentative d’expansion du mouvement nationaliste blanc au Canada. Mais il n’avait pas fini de nous surprendre.

 

La curieuse histoire du militant anti-immigration qui travaille pour le ministère de l’Immigration

Plusieurs sources internes ont pu confirmer à Montréal Antifasciste que Julien Côté est employé au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Non seulement Côté s’en est-il lui-même vanté sur Facebook (voir les captures d’écran ci-dessous), mais une recherche dans la Gazette du gouvernement du Canada révèle que la Commission de la fonction publique a « accordé à Julien Lussier, analyste de soutien opérationnel, la permission (…) de se porter candidat (…) à l’élection fédérale dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun (Québec). » Il s’avère donc que son nom complet est Côté Lussier. Décidément, les noms composés ont la côte chez les néonazis de bonne famille.

La Gazette du Canada, Partie I, volume 153, numéro 37 : COMMISSIONS, 30 août 2019

En fouillant un peu plus dans le passé de Côté Lussier, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il était loin d’en être à ses premières frasques en matière de ruades anti-immigration.

En septembre 2012, lui et sa partenaire, Magdalena Baloi-Lussier (Madi Lussier, qui a par ailleurs agi à titre d’agente officielle de la candidature de Côté Lussier), se sont vu retirer une invitation à témoigner devant un comité parlementaire sur l’immigration lorsqu’une députée néo-démocrate s’est rendu compte que le couple Baloi-Lussier était responsable d’un site anti-immigration épousant des thèses racistes. Selon un article paru dans le Journal Métro :

« Le site des Lussier comprend des sections appelées “Chinafication” et “Arabization” de même qu’une interview vidéo avec le Canadien suprémaciste blanc Paul Fromm réalisée lors d’une conférence “raciste” du groupe [American Renaissance]. »

La version archivée du site « Canadian Immigration Report », ainsi que le contenu de la chaîne YouTube liée au projet, confirme la teneur des inquiétudes des membres du comité, qui ont ainsi convaincu leurs collègues de retirer le statut de témoins au couple Baloi-Lussier.

La nature de ce site correspond par ailleurs à celle d’un autre projet que Côté Lussier a voulu mettre sur pied avec ses camarades nazis du forum Discord (le site aujourd’hui zombifié borderwatch.ca) pour répertorier les passages irréguliers à la frontière Canada/E.U.

Autre lien pour le moins curieux, le député qui les avaient invités à témoigner, le Conservateur Chungsen Leung (qui soit dit en passant était le secrétaire parlementaire de Stephen Harper en matière de multiculturalisme de 2011 à 2015), est celui-là même que « Passport » décrit sur Discord comme un député « fermement de [notre] côté » qui « aimerait que les blancs aient une colonne vertébrale » et qui « reconnaît que [nous] sommes une race supérieure ».

Ainsi donc, un individu raciste ayant causé une polémique en marge d’une audience officielle du comité sur l’Immigration en 2012, laquelle polémique a même fait l’objet de nombreux articles de presse à l’époque, a pu rester à l’emploi du ministère de l’Immigration jusqu’à aujourd’hui. Se pourrait-il que le ministère de l’Immigration du Canada, l’une des nombreuses agences gouvernementales responsables de réguler et de perpétuer un système d’apartheid fondé sur l’emprisonnement de migrant-e-s et un régime de déportations sans cesse renouvelé, une organisation dont l’histoire est ancrée dans le racisme, le sexisme et le capacitisme, ait un tel niveau de tolérance pour le suprémacisme blanc? Quand on y pense un peu, ça n’est pas particulièrement étonnant.

 

///

Il est fort regrettable qu’un individu comme Julien Côté Lussier ait pu continuer pendant de nombreuses années à promouvoir le racisme sans être tenu responsable de ses actions. En travaillant au ministère de l’Immigration du Canada, en voyageant à l’étranger pour participer à des colloques d’extrême droite et en occupant une position stratégique au sein d’organismes racistes au pays, il était bien placé pour jouer un rôle central dans la reconsolidation d’un milieu néonazi fragmenté et désorganisé au Canada. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête pour décider de se porter candidat aux élections fédérales, un choix funeste qui allait assurément attirer une attention non désirée et provoquer l’intervention des antiracistes de sa circonscription. Quoi qu’il en soit, nous avons bien l’intention d’exploiter ce grave manque de discernement…

Gageons qu’il va regretter d’avoir mis sa face sur le proverbial poteau.

 

 

 


[1]               Une séance de questions et réponses sur Reddit a d’ailleurs vu Côté littéralement accablé par une bordée de questions embarrassantes sur sa plateforme.

[2]               Ce milieu a fait les manchettes en août de la même année, lorsque Beauvais MacDonald et Bélanger-Mercure ont été identifiés par des antifascistes parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage à Charlottesville, Virginie, pour participer aux manifestations suprémacistes blanches du tristement célèbre rassemblement « Unite the Right ». Gabriel Sohier Chaput, du même groupe, a plus tard été identifié comme un prolifique propagandiste du courant néonazi de l’Alt-Right, notamment en rééditant l’ouvrage Siege de James Mason (l’une des principales inspirations du groupe terroriste Atomwaffen Division et d’une grande partie du mouvement national-socialiste contemporain) et en signant de nombreux articles pour le site The Daily Stormer d’Andrew Anglin.

En mai 2018, Sohier-Chaput a été doxxé par des antifascistes de Montréal et forcé à l’exil sous le coup d’une série d’articles publiés dans la Montreal Gazette. En même temps, le contenu du salon « Montreal Storm » a été rendu public sur le serveur Unicorn Riot, qui mène un projet d’archive des forums nazis sur Discord.

D’autres individus de ce milieu, dont le principal modérateur du forum Discord national et coanimateur du podcast néonazi This Hour Has 88 minutes, « Axe in the Deep », de son vrai nom Clayton Sanford, ont été identifiés dans les mois suivants par des journalistes diligents de Vice.

La gentrification d’Hochelaga-Maisonneuve force L’Industrielle à fermer ses portes

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Nov 012019
 

Photo prise lors du party de la Fête du travail à L’Industrielle avec le groupe Fidel Fiasco, le 2 septembre dernier. (Crédits : Cédric Martin)

De Dure Réalité

Hé oui ! Encore un autre lieu culturel associé à la scène alternative qui s’éteint, l’un des seuls d’Hochelaga-Maisonneuve. Nous avions un rêve, celui d’avoir un local reflétant les valeurs de la contre-culture et du syndicalisme avec pignon sur rue, dans notre quartier. Nous étions un groupe de bénévoles avec l’envie d’organiser un lieu ouvert sur l’ensemble de la communauté. Nous n’avons pas récolté le moindre dollar dans cette aventure, au contraire.

Nous voulions qu’il y ait un lieu dans lequel il serait possible pour les musicien.ne.s engagé.e.s d’offrir des performances, pour les artistes visuel.le.s d’exposer le fruit de leur travail, pour les syndicalistes de tout acabit de se réseauter et pour les habitant.e.s du quartier de s’organiser. Les quelques mois où nous avons été en activité nous ont bel et bien prouvé que c’était un besoin dans le quartier. Les autorités municipales en ont décidé autrement.

C’est donc avec une grande tristesse, et suite aux pressions répétées du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) et de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, que nous nous devons de mettre la clé dans la porte de L’Industrielle, espace culturel et syndical.

Nettoyer le quartier pour l’arrivée d’Osha Condos ?

4 août 2019

Le rappeur Will E. Skandalz en prestation à L’Industrielle le 4 août 2019. (Crédits : Cédric Martin)

Depuis notre arrivée dans le quartier au courant de l’été, nous avons été frappé par la présence policière complètement démesurée, principalement aux alentours de la rue Sainte-Catherine. Il était simplement impossible de passer plus de quelques minutes dans le coin sans croiser une voiture de patrouille du SPVM. Dès notre ouverture, les policiers et policières ont commencé à venir intimider les gens qui fréquentaient l’espace, souvent en convoi allant jusqu’à une dizaine de véhicules. L’intimidation policière s’est poursuivie tout au long de l’aventure. C’est ça la liberté d’expression ?

Comme si ce n’était pas assez, l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a décidé également de se joindre à l’effort de répression nous visant. C’est ainsi que les autorités municipales se sont mises à faire pression sur notre propriétaire et nous-mêmes puisqu’il semble que nous ne respections pas le permis d’occupation du bâtiment. Pourtant, les anciens locataires du local, qui l’ont occupé pendant de nombreuses années, n’ont jamais eu de problème à ce niveau, malgré que les activités y étaient très semblables. Coïncidence ?

Comment ne pas faire le parallèle avec l’arrivée d’Osha Condos, situé à deux coins de rue du local que nous occupions, en plein coeur de la partie la plus pauvre du quartier ? Il nous semble clair que le SPVM et l’arrondissement veulent nettoyer le quartier pour le rendre présentable aux yeux des spéculateurs, promoteurs de condos et autres entrepreneurs bon chic bon genre. C’est ça le projet de Projet Montréal ? On sort les pauvres du quartier à grand coup de règlements municipaux et de répression policière ? C’est comme ça qu’on revitalise un quartier, c’est ça ?

Montréal, ville culturelle et engagée ?

12 août 2019

Prestation du groupe Feed à L’Industrielle, le 12 août 2019. (Crédits : Cédric Martin)

L’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve fait vraiment des pieds et des mains pour s’assurer de tuer toute initiative culturelle indépendante. Les espaces où il est possible pour la contre-culture de s’exprimer se font de plus en plus rare à cause des pressions du SPVM et de l’arrondissement. Nous étions l’un des seuls espaces restants où il était possible d’organiser un concert underground. Il semble que les autorités préfèrent les spectacles d’artistes mainstream, sponsorisés par des multinationales de l’entertainment et vidés de tout contenu revendicateur.

Montréal surfe présentement sur sa réputation de ville culturelle et ouverte. C’est bon pour le tourisme, c’est bon pour AirBnB et Uber aussi. Mais est-ce que Projet Montréal prend seulement le temps de voir ce qui est bon pour la population de la ville et du quartier ? Est-ce vraiment de plus de condos dont nous avons besoin ? Est-ce vraiment de commerces où la marchandise se vend trois fois plus cher qu’ailleurs dont nous avons besoin ? Nous ne croyons pas.

Aujourd’hui, nous fermons nos portes, mais nous faisons la promesse de ne pas quitter le quartier. Nous restons et nous continuerons à nous organiser, à nous exprimer, à revendiquer et à lutter, quoiqu’en pensent les autorités municipales.

Pour des espaces culturels où la scène indépendante peut s’exprimer sans se ruiner !
Pour des espaces communautaires qui répondent aux besoins de la population locale !
Pour des espaces où il est possible de s’organiser et de revendiquer !

Le collectif de L’Industrielle, espace culturel et syndical

Semaine d’action climatique : prendre place !

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Oct 262019
 

De Les temps fous

Les militant-es d’Extinction Rebellion ont entrepris des actions de perturbation et de blocage un peu partout en Occident dans le cadre de la semaine d’action « La rébellion d’octobre ». À Montréal, le groupe a fait la une des journaux, en arrivant à faire fermer le pont Jacques-Cartier durant plusieurs heures en matinée et en bloquant le boulevard René-Lévesque en fin de journée. De l’aveu des manifestant-es, c’était l’objectif visé par leurs actions : faire un coup d’éclat, donner de la visibilité à la cause environnementale et obtenir une tribune pour parler de l’urgence climatique.

« Un moindre mal pour avoir une tribune »

L’attention médiatique est toutefois une arme à double tranchant, et on a pu le constater dans les jours qui ont suivi ces actions de blocage : on a bien peu parlé d’écologie, et beaucoup plus du dérangement causé par les actions de perturbation. Sur toutes les tribunes, on a vu les militant-es de XR se confondre en excuses et essuyer — parfois bien maladroitement — une pluie d’insultes venant d’animateurs-trices, de chroniqueurs-ses, de citoyen-es ou de politicien-es. 

Bloquer un pont qui relie une métropole et sa banlieue à l’heure de pointe, c’est pourtant bien plus qu’un stunt médiatique. Si cette action a pu convaincre qui que ce soit de la nécessité de prendre acte face l’urgence climatique, ce n’est certainement pas en lisant le Journal de Montréal ou en écoutant Dutrizac crier des bêtises que c’est arrivé. On doit arriver à détourner le regard des médias pour comprendre ce qui est mis en jeu par de telles actions de blocage. C’est un grain de sable dans l’engrenage, qui arrive à stopper la machine capitaliste pendant un moment. C’est ça qui dérange tant, c’est l’interruption de ce monde effréné qui nous entraîne tous et toutes avec lui dans le désastre écologique. Un monde organisé autour du travail et de la voiture — autour des marchandises et de leur circulation — qu’on arrive à interrompre si facilement dès qu’une de ses courroies de transmission se coince. Suffit de quelques crinqué-es avec du matériel d’escalade. 

Au-delà de l’attention médiatique qu’on amène à la cause environnementale, on doit arriver à assumer les blocages pour ce qu’ils sont : une critique de l’organisation spatiale et temporelle de notre société et une attaque envers les infrastructures sur lesquelles repose la destruction organisée de la planète. On ne devrait pas s’excuser de remettre en question le fait que des centaines de milliers de personnes prennent leurs voitures, matin et soir, cinq jours semaine, pour faire plusieurs dizaines de kilomètres vers le boulot. Au contraire, assumons la critique portée par ce type d’action et incarnons les changements qu’on souhaite voir arriver. C’est ainsi qu’on arrive à « convaincre » les gens de se rallier à notre cause : en démontrant que c’est possible de mettre ce monde qui nous tue en déroute, possible de s’organiser et d’agir pour construire d’autres façons de faire et de vivre.

De Hong-Kong à Santiago: Bloquer la métropole planétaire

La puissance contenue dans l’interruption des infrastructures de circulation de main-d’oeuvre et de marchandises n’est pas unique au territoire montréalais. De par le monde, ceux et celles qui résistent à l’ordre existant s’emparent des autoroutes, ronds-points, métros, gares, ports et aéroports afin de briser la mécanique de la métropole et de réinventer leur rapport au territoire urbain. À cet égard, les blocages par des milliers de manifestant-es des aéroports internationaux de Hong-Kong et Barcelone, ou le saccage de plus de 40 stations de métro dans la capitale du Chili, ont mis en lumière la puissance que peut dégager l’interruption des flux de main-d’oeuvre et marchandises à l’échelle de la métropole planétaire. Un militant de Hong Kong défendait, à ce titre, l’importance du blocage des flux pour la suite du mouvement en affirmant que « l’insubordination continue dans le métro, dans les zones commerciales très fréquentées, dans des endroits comme l’aéroport […] peut avoir des effets perceptibles sur l’économie, le flux de touristes, l’investissement étranger, et ce genre de choses ». À la suite de ces actions d’envergure, le discours public porté par les militant-es de Hong-Kong et Barcelone était empreint d’une détermination qui permettait de transmettre le courage dont les forces vives du mouvement ont besoin pour donner suite à la lutte. 

Le territoire du soi-disant Québec est entrelacé entre la métropole et son extension extractiviste qui colonise toujours davantage et poursuit l’entreprise de destruction écologique en cours. Prendre place dans le théâtre de la fin du monde, c’est aussi quitter notre rôle de spectateur métropolitain pour s’imposer sur la scène des espaces mortifères de l’industrie extractiviste. Il s’agit non seulement de bloquer les flux des marchandises vers la métropole, mais aussi d’occuper avec détermination et sans concessions les territoires balafrés par les minières, pétrolières et autres industries extracitviste.

« Quand nous aurons appris à aimer le monde, à aimer la vie plutôt que l’argent »

Dans une lettre ouverte aux militant-es d’Extinction Rebellion, un camarade français de la ZAD écrivait il y a quelques mois que « peut être l’une des meilleures manières d’être rebelle aujourd’hui implique de tomber amoureux-se de quelque part, de s’y attacher si profondément que l’on est prêt-e à tout pour défendre la vie qui s’y trouve ». Derrière la question environnementale, c’est le rapport au territoire qu’on entretient, qui se doit d’être radicalement transformé. Mais que reste-t-il à défendre dans les rues quadrillées des métropoles nord-américaines ? Comment les 500 000 manifestant-es qui déambulent entre les gratte-ciel du centre-ville financier, le port commercial qui borde le fleuve sur des kilomètres et les tours à condos des anciens quartiers ouvriers, peuvent aspirer à prendre racine dans des espaces aussi inhospitaliers à toute forme de vie à même de rompre avec l’ordre des choses ? Comment penser la lutte dans le contexte colonial qui se réactualise sans cesse, et arriver à l’inscrire dans des territoires volés, aseptisés et disputés ? C’est là tout le défi qui se pose aux écologistes montréalais-es : arriver à bloquer et habiter la métropole dans un même mouvement.

Prendre place sur le territoire métropolitain ne consiste ainsi pas uniquement en un blocage, une interruption des activités de celle-ci, mais aussi en une subversion des manières que l’on a d’habiter chaque place, chaque ruelle, chaque parcelle, afin de s’y inscrire dans toute notre vitalité. On doit se réapproprier les rues, les parcs, les bâtiments, en changer l’usage et les faire nôtres : transformer une autoroute en festival, une place publique en lieu de vie, un centre commercial en jardin ! Refusons de jouer le « mort » dans un énième die-in et d’habiter le territoire tel des « images » ternes et sans volonté. Au contraire, nous voulons habiter pleinement avec toute la puissance de notre mouvement les brèches que l’on fracturera dans la métropole. Lorsque les forces de la mort tenteront de nous réduire au silence, nous défendrons inlassablement le territoire et la vie qui l’habite. Nous assumerons une image qui n’est pas le reflet de ce qu’attend de nous le pouvoir, mais le reflet de ce qu’exigent de nous les périls de notre temps.

Extinguishing Rebellion

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Oct 242019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Extinction Rebellion [XR], une mouvance internationale écologiste se disant non-violente et aussi extrême que la situation, a fait son apparition sur la scène montréalaise il y a environ un an. Le 8 octobre 2019, une poignée de leurs activistes ont réussi un coup d’éclat, forçant la fermeture du Pont Jacques-Cartier pendant plus d’une heure en pleine heure de pointe matinale. Leurs actions démontrent une volonté de se mettre physiquement en jeu devenue nécessité incontournable dans la lutte écologique. En ce sens, leur courage et leur détermination ne peuvent qu’être rassurants. Cependant, des critiques fusent d’un peu partout à l’endroit de leur idéologie et leurs pratiques, soulevant des enjeux importants à aborder.

À Paris, où des militant.es de XR ont, entre autres, effacé des tags anti-police pendant l’occupation d’un centre commercial, une lettre ouverte note une banalisation des violences policières, une non-violence dogmatique qui révèle une violence insidieuse, et l’exclusion des classes populaires du cadre d’action. On leur reproche aussi un manque de lecture stratégique de la situation et des rapports de force.

Une critique de la branche anglaise de XR fait état de leur incompréhension profonde du fonctionnement et des impacts de la répression judiciaire des militant.es.

À peu près tout le monde se moque de leur envie de se faire arrêter par la police, mais il ne s’agit pas d’une blague : c’est le fruit d’une interprétation bizarre et dangereuse de l’histoire des mouvements sociaux, et ça favorise la construction d’un mouvement blanc et de classe moyenne peu importent les efforts pour donner à l’organisation une apparence intersectionnelle.

Même face à des partisans d’un pacifisme particulièrement intransigeant, il est bouleversant de constater à quel point on peine à distinguer entre une vraie initiative de XR et un canular :

D’autres ont abordé les justifications que XR font de la non-violence. Regardons ceci de plus près. Le groupe cite une étude académique de Erica Chenoweth intitulée « Why Civil Resistance Works », pour affirmer que les mouvements non-violents ont réussi deux fois plus souvent que les mouvements ayant eu recours à la violence, entre 1900 et 2006, dans le cadre de conflits entre des forces étatiques et non-étatiques. On aimerait bien que, dans un monde si complexe, des statistiques aussi claires puissent nous guider dans le choix de nos moyens d’action. Il y a juste quelques petits problèmes.

Numéro un : l’étude définit « un mouvement violent » là où plus de 1 000 combattants armés sont morts sur le champ de bataille. Ainsi sont exclus les émeutes urbaines, de même que des groupes armés allant de la Fraction Armée rouge aux Zapatistes. Et effectivement, les luttes qui entraînent plus de 1 000 morts ont tendance à témoigner de la militarisation profonde d’un conflit insoluble, ce qui rend extrêmement difficile pour le camp non-étatique d’atteindre les objectifs qui l’ont poussé à se mobiliser au début. La force d’une insurrection est sociale, non pas militaire.

Deuxièmement, pour les fins de l’étude les « mouvements non-violents » incluent ceux qui sont principalement, mais pas entièrement non-violents. Notons que personne ne propose un mouvement pour le climat qui serait principalement violent, il s’agit plutôt de faire place à une diversité de tactiques, où plusieurs types de moyens d’action sont valorisés et se renforcent idéalement les uns les autres.

C’est-à-dire un mouvement qu’un statisticien pourrait en effet classifier comme principalement non-violent, mais où il y a bien des gens en black bloc sur la ligne de front affrontant la police, et des bandes nocturnes sabotant les infrastructures sans se faire prendre, ce qui leur permet d’attaquer à plusieurs reprises. Nulle part dans l’étude la non-violence ne se traduit-elle par l’obligation de se rendre à la police lorsqu’on enfreint la loi.

On pourrait aussi se questionner sur :

  • la tendance du pouvoir à nommer comme « violente » toute contestation qui perturbe réellement le cours normal des choses, sans égard aux gestes concrètement posés;
  • le fait que c’est souvent la violence des forces policières qui suscite une réponse « violente » d’un mouvement social, autrement dit la violence est souvent imposée à un mouvement lorsqu’il pose une vraie menace aux pouvoirs en place;
  • la définition de la victoire vis-à-vis nos objectifs pluriels à moyen et à long terme, ainsi que la capacité du pouvoir à offrir des concessions au prix de la pacification et la récupération : lorsqu’il s’agit du futur de la vie sur terre, le compromis est-il possible?

En tout cas, se baser sur « Why Civil Resistance Works » pour justifier qu’on doit s’asseoir dans la rue en faisant des signes de paix aux flics est une insulte à l’intelligence des militant.es. Que les leaders de XR n’essaient pas de nous faire croire qu’ils.elles sont guidé.es par la science sociale quant ils.elles ne font qu’acter une moralité arrimée à l’état policier ou un désir de servir d’interlocuteur légitime du pouvoir. XR demande aux gouvernements de « dire la vérité », mais lorsqu’il est question de stratégies de contestation, ils ne s’intéressent pas à une réflexion honnête sur les choix qui se présentent à nous.

Pourtant, il suffit de regarder à peu près n’importe où ailleurs où les rebelles ont réussi à faire reculer le pouvoir dans les derniers mois, que ce soit à Hong Kong, en Équateur, au Chili, ou les gilets jaunes en France, ou bien de comprendre les luttes autochtones de défense des territoires au « Canada », pour faire un simple constat : il est essentiel d’avoir une capacité d’auto-défense si on veut forcer l’État et le capital à réellement céder du terrain.

Nous ne voulons pas trop répéter les critiques de XR qui ont déjà été bien exprimées ailleurs. De plus, XR présente ses apparitions locales comme étant autonomes, donc on aimerait donner à leurs structures au Québec le bénéfice du doute et ne pas trop les juger à partir des actions des groupes dans d’autres pays, même si celles-ci semblent souvent être les conséquences logiques de l’idéologie fondatrice du groupe, à laquelle les différentes branches souscrivent.

Nous sommes aussi conscient.es que des lignes de fracture existent au sein de toute organisation politique de masse, donc cette intervention ne vise pas l’ensemble des individus du groupe. Au contraire, nous n’avons pas de doute que plusieurs de ces militant.es seront des camarades et des complices formidables qui nous apprendront beaucoup au cours des prochaines années de développement d’une lutte acharnée et diversifiée contre le monde qui détruit la planète.

En observant les débuts de XR à Montréal, par contre, nous entretenons quelques craintes vis-à-vis l’organisation locale.

En entrevue à TVA Nouvelles suite au blocage du Pont Jacques-Cartier, un porte-parole de XR Montréal défend les activistes ayant grimpé sur le pont contre l’accusation d’extrémisme en précisant que « c’est des gens comme vous et moi, qui ont été 100% non-violents, ils n’ont pas résisté à la police, ils ont discuté raisonnablement. » On a des questions quant à ce qui est sous-entendu par « comme vous et moi » et quelles personnes ou classes de personnes échapperaient à cette désignation. Il faut aussi penser aux effets de ce genre de discours sur ceux et celles qui ne sont pas 100% non-violents, qui résistent à la police, qui ne voient pas l’avantage de discuter raisonnablement. Logiquement, ce serait ces gens-là les « extrémistes », et ils.elles mériteraient le traitement médiatique et judiciaire plus sévère appelé par ce terme.

Ce discours alimente la construction d’une division entre la bonne et la mauvaise militance, ce qui a tendance à augmenter la répression subie par ceux et celles qui prennent déjà les plus gros risques, qui cherchent une rupture totale avec l’ordre dévastateur du capital et de l’État, sabotant du même coup le tissage de liens entre les groupes et individus qui renforcerait la lutte.

On a aussi vu des efforts de conscientisation et quelques actions de style « sit-in », la dernière ayant eu lieu l’après-midi du 8 octobre suivant le blocage du pont en matinée. Le rassemblement de 250 personnes a été incapable d’atteindre le cible de l’action après que les lignes de l’escouade anti-émeute du SPVM n’ont pas cédé face à des cris de « nous sommes non-violents, s’il-vous-plaît, laissez-nous passer ! », suivis du slogan « Police, doucement, on fait ça pour vos enfants ». La scène mortifère en disait long sur les limites de la désobéissance « civile », celle-ci de fait enfermée dans une servilité éteignant toute réelle perspective de rébellion.

Nous serions ravi.es si des événements à venir nous contredisaient, mais nous croyons voir les mêmes dynamiques ayant suscité des critiques légitimes de XR ailleurs dans le monde s’installer dans leurs discours et leurs modes d’action à Montréal. Il ne s’agit pas d’écarter toute façon de faire qui diverge des nôtres, mais plutôt de nommer des échecs stratégiques et tactiques pour ce qu’ils sont, de refuser la désolidarisation à l’encontre des militant.es qui n’adoptent pas un pacifisme total, et de poser les bases d’une réelle intelligence collective de lutte. À l’heure de l’urgence climatique, on n’a pas le temps de se faire des illusions.