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Mise en Commun

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Mar 062017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Nous souhaitons initier un dialogue que nous avons jusqu’ici choisi d’éviter.

Des cliques se côtoient, mais peinent parfois à communiquer et souvent ne parlent pas le même langage, ni dans les mots, ni dans les gestes. Il s’agit ici de dégager ce que nous avons en commun et ce qui nous sépare. Certaines tensions non-adressées ont entraîné beaucoup trop de railleries, de ragots, de commentaires de mauvaise foi, de demi-réflexions et de brèches de sécurité. Certain.es voudraient voir dans ces échanges parfois véhéments de simples conflits interpersonnels, mais cette vision évacue tout contenu politique aux critiques émises. Pour éviter que tout ce truc soit réduit à du gossip et des débats de fin de soirée, nous avons voulu identifier les lignes de tensions, nommer politiquement les points de rupture et chercher de quelles façons on pourrait collectivement dégager plus de puissance. Notre intention ce n’est pas ici de « dénoncer » certaines pratiques ou de décourager les ami.es de les reproduire, mais d’éviter de fétichiser le pétage de vitrine et de constamment réfléchir collectivement aux bénéfices et aux coûts de nos actions.

Nous partons du constat que nous nous entendons sur les moyens d’action; nous nous sommes plus que souvent rencontré.es dans la rue, dans nos salons ou au café pour conspirer. Le point d’achoppement, ce n’est pas la légitimité de la violence, de l’action directe ou l’importance de l’opinion public. L’illégalisme permet de rompre avec la figure du citoyen, avec l’État et le capitalisme, d’échapper à leur hégémonie. Nous pensons néanmoins que l’action directe, la destruction ou l’illégalité n’ont pas de portée révolutionnaire en soi. Il n’y a pas de réaction magique qui se produit quand on brise une vitrine, pas de destruction contagieuse qui s’en échappe et qui se propage sans trop qu’on comprenne comment. La propagande par le fait, c’est bien, mais encore faut-il s’assurer qu’elle fonctionne. Pour avoir une résonance, nos actions doivent être communicables, elles doivent faire sens pour autrui, elles doivent être intelligibles. La mystique d’une insurrection qui se répand, on doit la comprendre, la démystifier, l’analyser et la prévoir.

L’idée est d’arriver à identifier comment la conjoncture politique et les rapports de force se modifient et d’en dégager des pistes à même de guider judicieusement nos choix dans nos modes d’actions. C’est d’être en constante recherche d’acuité. À notre avis, c’est seulement ainsi que nous réussirons à inspirer, à aspirer à d’autres possibles. Nous ne sommes pas en train d’appeler à la patience et la modération, dans l’attente d’un contexte qui nous serait plus favorable. Au contraire, ça suffit d’être à l’arrache du contexte, à attendre une grève étudiante ou la construction d’un pipeline, de peiner à garder la tête hors de l’eau à chaque vague de répression et de se brûler dans des actions qui ne résonnent pas à l’extérieur de notre clique d’initié.es. Le contexte qui nous favorise, l’arène où l’on se bat, le territoire que l’on habite, c’est à nous de les créer. Il faut les comprendre, les connaître sur le bout de nos doigts, apprendre à en dessiner les contours, à en tracer la direction. Il faut se donner toujours un coup d’avance sur la récupération de nos luttes, sur la répression, être attentif.ves aux modifications sensibles dans le rapport de force qu’on cherche à renverser. Il faut prévoir les conséquences de nos actions, apprendre à reconnaître ce qui nous avantage et ce qui nous nuit, à sortir notre épingle du jeu peu importe la situation – à en modifier les règles pour y arriver. Il faut conspirer, être des stratèges et pas seulement des tacticien.nes. Non pas des stratèges à la tête d’une armée, mais une armée de stratèges.

Certaines discussions, notamment lors de notre rencontre de l’été dernier, nous ont frappé d’un dogmatisme déroutant. Nous ne croyons pas qu’il existe des « pratiques anarchistes » pures ni de luttes anarchistes « en soi » : il y a des perspectives anarchistes sur des luttes. De s’en tenir à la pureté fantasmée de certains types d’action, hors de toute relation avec un contexte ou une lutte, en revient à les ériger en un fétiche dangereux. Très vite, on vient à penser l’action pour l’action, plutôt que pour la puissance qu’on peut en dégager. Une action réussie appelle à l’organisation de la suivante, et puis de la suivante, sans jamais s’ancrer dans une perspective à plus long terme. On s’engage dans une spirale, où toute remise en question ou critique est perçue comme un désengagement face à la lutte et face au groupe affinitaire. On en vient à organiser une balade sans vraiment se demander si c’est une bonne idée de la conclure au milieu d’une fête d’enfant.

Parler d’un acte de guerre en revendiquant le vandalisme de cinq commerces relève autant de ce fétichisme des moyens d’action que d’une terminologie prétentieuse et dangereuse. S’y complaire, c’est accepter la mise en scène de notre puissance, c’est se contenter du spectacle de notre radicalité. Créer un climat d’insécurité dans le quartier en maintenant un niveau de vandalisme constant c’est une chose, revendiquer des actions en grandes pompes et s’arranger pour qu’elles éclatent dans l’espace public en est une autre.

Ce qui nous donne la puissance, ce n’est pas le niveau de préparation d’une clique d’expert.e.s en destruction. La puissance on la trouve dans le commun, dans le partage de notre rapport au monde subversif. Lorsque le projet anarchiste se présente comme une entreprise individuelle, même au sein d’un groupe affinitaire, il demeure tout au plus du libéralisme, fut-il radical. Si l’insurrection n’est pas un concept, ce n’est pas non plus le projet d’individus en lutte. La puissance, c’est la sensation de participer à une force qui nous dépasse, qui nous transcende, qui nous définit autant qu’on la définit. Ce n’est pas dans les mouvements sociaux qu’on la cherche, mais bien dans les moments insurrectionnels. C’est alors qu’on comprend le côté irrémédiablement commun de la lutte, que la volonté de s’attaquer à la police et au capitalisme est partagée par tout ceux et celles qui prennent parti, qu’on se reconnaît entre ami.es. Ainsi se crée le sentiment partagé de participer à la perpétuation d’une culture de résistance face au capitalisme, aux rapports de domination qui en découle, et à tous les autres systèmes d’oppression. Puissance et communauté de lutte s’identifient sans résidu.

On ne peut pas se suffire du sentiment de puissance et de la joie qu’on ressent en attaquant un commerce ou en caillassant des flics. Il faut qu’on se donne les moyens de gagner. Que l’on nous comprenne bien, nous n’exigeons rien du Capital ni de l’État. Il ne s’agit pas de demander des logements sociaux et ensuite un quartier autogéré et ensuite une vie sans travail. Gagner veut dire accroître notre puissance collective. Quatre ans après la grève de 2012, on peut affirmer que les amitiés politiques que nous y avons puisées en ont fait une lutte « victorieuse ». Les mois d’avril et de mai de cette année-là ont vu des moments proprement insurrectionnels, non pas seulement dans le sens que ça pétait tous les soirs, mais au sens où nos relations étaient définies en fonction de, par et pour la grève. Certes, il ne faut pas se perdre dans une reproduction de luttes passées, comme autant de recettes à reproduire, et il est nécessaire de cultiver un sentiment de rupture avec le pouvoir. Mais il faut se prendre au sérieux, et être à la hauteur de nos adversaires. Cela veut dire parfois attaquer là où illes ne s’y attendent pas, les surprendre et déjouer l’appareil anti-insurrectionnel qui commence à être sacrément bien rodé. Bon gré, mal gré, il nous faut avouer que s’il y a bien une chose que le pouvoir sait gérer, autant sur le plan du discours que celui de la répression effective, c’est une bande de potes qui s’isole dans l’illégalisme. Il nous faut être talentueux.ses, intelligent.es, parfois intransigeant.es, parfois indulgent.es, mais toujours stratèges. Il faut arrêter de planifier nos actions comme si on les accomplissaient par dépit, à défaut de mieux. Il nous faut arriver à transpercer le spectacle de notre puissance et de nos actions. C’est ainsi que nous nous mettrons à disposition de la joie de résister, c’est-à-dire de vouloir gagner.

Il ne suffit pas de craquer une allumette au hasard au milieu de la nuit, en se demandant si cette fois le brasier va prendre. Pour démarrer un feu, ça prend du combustible et de l’oxygène. Cet incendie que l’on désire allumer, c’est le seul qui est à même d’éclairer les fissures qui lézardent le capitalisme. C’est celui de la révolution. Pas la Révolution du PCR ou du Grand Soir. La révolution c’est la force qui nous anime, qui nous réunit et qui nous meut. C’est celle des réunions, de la conspiration, des caucus, de la planification. C’est celle de la mise en commun, autant des moyens de production ou du vol que du développement de la puissance qui naît de la confiance qu’on se partage. Ce n’est pas un horizon à atteindre, mais un processus en soi, une lutte contre le pouvoir sans cesse renouvelée. Ce n’est surtout pas la cessation de quelques individualités regroupées vis-à-vis du capitalisme. C’est la création d’une culture de lutte à même de continuer à amener du bois au feu, parce qu’un feu se passe bien d’allumette.

Les points, les nœuds, les foyers de résistance sont disséminés avec plus ou moins de densité dans le temps et l’espace, dressant parfois des groupes ou des individus de manière définitive, allumant certains points du corps, certains moments de la vie, certains types de comportement. Des grandes ruptures radicales, des partages binaires et massifs? Parfois. Mais on a affaire le plus souvent à des points de résistance mobiles et transitoires, introduisant dans une société des clivages qui se déplacent, brisant des unités et suscitant des regroupements, sillonnant les individus eux-même, les découpant et les remodelant, traçant en eux, dans leur corps et dans leurs âmes, des régions irréductibles. Tout comme le réseau des relations de pouvoir fini par former un épais tissu, qui traverse les appareils et les institutions sans se localiser exactement en eux, de même l’essaimage des points de résistance traverse les stratifications sociales et les unités individuelles. C’est sans doute le codage stratégique de ces points de résistance qui rend possible une révolution.

– Foucault

L’autre souveraineté – Les Innus

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Mar 042017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais
La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle
Extraits choisis, www.littor.al

Célébré de part et d’autre du monde blanc comme un tournant dans la manière de traiter avec les communautés autochtones, un « traité moderne» crucial s’apprête à être signé, si tout va mal. Le traité Petapan avec les communautés innues de Mashteuiatsh, Essipit et Nutashkuan est le résultat de 30 ans de négociations, durant lesquelles six autres communautés innues et attikamekws ont fini par se retirer du processus, laissant une poignée de chefs de conseils de Bande statuer sur l’avenir d’un territoire 16 fois plus large que l’île de Montréal.

Prévu pour être signé vers la fin de mars prochain à l’Assemblée nationale, le traité Petapan se targue de reconnaître « l’autonomie gouvernementale » du territoire d’Innu Assi, mettant supposément fin de ce fait à la longue histoire des empiètements, de l’acculturation et de l’extermination des peuples premiers. Si cette histoire brutale fut certes menée à coup de traités, le dernier en liste serait, dit-on, d’une autre nature. Au contraire de la Convention de la Baie James, qui a permis l’intégration constitutionnelle de pas moins de 20% du territoire « québécois » – près de 300 000 km2 – aux mains des Cris, le traité Petapan n’entend pas « éteindre » les droits ancestraux, mais seulement les « harmoniser » à ceux du Québec…

Englobant les bassins-versants du Lac Saint-Jean, une bonne partie du Labrador et toute la Côte-Nord, le Nitassinan, territoire traditionnel des Innus et des Attikamekws, s’étend sur près de 100 000km2. C’est là que se sont réfugiés les animaux et les poissons traqués aux confins de la civilisation – les deux tiers du Nitassinan sont zonés comme réserve à castor –, et où gisent les minéraux et rivières torrentielles qui n’ont pas encore été harnachées. D’où l’importance cruciale de ce traité pour un gouvernement qui n’en finit plus de vouloir en finir avec les ressources naturelles.

Au-delà de ses apparences altruistes, le traité Petapan cache une anguille considérable sous la roche mère. Certes, les Innus y deviendront les « gestionnaires » de leur territoire – pas tous les Innus, évidemment tout ceci ne concerne que les chefs de bande dûment attitrés. Gestionnaires… c’est le terme qu’utilisait le gouvernement pour désigner les familles tenant un certain territoire de chasse, jusqu’à ce qu’il le remplace par « gardiens de territoire », pour éviter toute confusion. Mais si les projets de développement devront recevoir la caution des Innus, et s’ils se verront sans doute octroyer la traditionnelle « indemnité de vacances » de 3% des recettes, ce transfert de la gestion du territoire vers ses «propriétaires» ancestraux ne vise rien de moins qu’à lui forcer la main pour l’ouvrir au développement des infrastructures. Voyez l’astuce: au terme d’une période de 12 ans, le gouvernement fédéral cessera de verser toutes les prestations d’assistance auxquelles ont aujourd’hui droit les réserves, laissant au gouvernement semi-autonome, pour ne pas dire au protectorat innu, le soin de lever ses propres taxes.

Sans plus d’assistance du gouvernement fédéral — qui existe en compensation des atrocités commises par celui-ci –, les Innus devront se résoudre à ouvrir ses ressources à l’exploitation, sous peine de tout simplement crever de faim. D’autant plus que les coûts déjà engagés pour les négociations, avec ses innombrables études de terrain et avis juridiques, s’élèvent à plus de 40 millions de dollars… Sans compter que le gouvernement du Québec s’était d’abord réservé la propriété entière et exclusive des ressources hydrauliques et du sous-sol, ainsi que 75% des minéraux de surface. S’il a dû se raviser devant les protestations, laissant finalement les Innus régner seuls sur leurs ressources, le territoire de l’Innu Assi prévu par l’entente de principe a été depuis coupé de plus de la moitié, passant de 2 538 km2 à 1 250 km2. À Nutashkuan, un projet de barrage hydroélectrique de 50 méga-watts attend déjà la conclusion de l’accord avec fébrilité – l’entente de principe de 2004, devant servir de base au traité, le prend pour acquis, en soutenant au futur simple que « Le Québec s’engagera à donner priorité à la Première Nation de Nutashkuan sur le développement des forces hydrauliques de 50 MW et moins situées sur Innu Assi » . À voir la dislocation et l’éparpillement du territoire projeté de l’Innu Assi, on comprend bien pourquoi cela a pris 30 ans pour identifier et retirer de l’accord toutes les zones à fort potentiel géologique.

La résistance

Mais il n’y en aura, manifestement, « pas de facile ». Il suffit parfois d’un petit ferment d’opposition pour faire tourner au vinaigre une machination mûrie depuis des années. Contre le traité Petapan, un regroupement de « gardiens de territoire » Innus s’élève présentement, et commence à faire des vagues. En se présentant aux instances de sélection au hasard des «gestionnaires de terrains de piégeage» devant former le « comité Tshitassinu » afin de bénévolement conseiller l’application du traité, ces opposants partent des discussions qui ont tôt fait de remettre en question l’entièreté du processus. De multiples blocages de routes et de chemins forestiers, auxquels se sont rajoutés des membres des communautés Attikamekws, tout bonnement ignorés par l’entente, mettent une pression non-négligeable sur un processus dont la validation tient sur une apparence d’irréprochabilité éthique.

Si l’opposition au traité Petapan voit clair dans le jeu du gouvernement, c’est qu’elle part de son propre mode de vie éprouvé. En ce qui concerne la pratique millénaire de la chasse, de la trappe et de la pêche, le traité ne vise rien de moins que l’extinction de ce mode de vie, passé sous le vocable de « l’harmonisation » des pratiques traditionnelles avec les systèmes québécois et canadien de permis, de certificats, d’enregistrement des prises, de périodes de chasse et de quotas de captures (point 5.7 de l’entente de principe) C’est donc le mode de vie le plus propre aux autochtones d’avant la colonisation – la chasse et la pêche comme moyen principal de survie –, qui se retrouve attaqué dans un de ses derniers retranchements sur le continent. Là, où se sont réfugiés les derniers animaux sauvages pouvant subvenir aux besoins d’une population limitée de chasseurs-trappeurs, la convoitise des minières et des hydroélectriques entend détruire ce que les colonies de peuplement ont chassé partout ailleurs. Or, le rapport des Innus traditionalistes opposés au traité Petapan à la pratique ancestrale de la chasse est considéré comme « sacré ». Autant dire qu’elle ne saurait être « harmonisée » avec les normes blanches sans perdre son âme. La chasse, entendue au sens plein, comme activité spirituelle inaliénable, renferme une relation immémoriale au territoire Innu, et un savoir sur la manière d’y vivre d’autant plus durablement qu’elle se passe de tout développement. Comme le rappelle un occupant-chasseur de territoire innu : « Nos ancêtres ont vécu sur ce territoire bien avant la création des Conseils de bande par les Européens. Ils nous ont transmis les connaissances nécessaires pour vivre et s’organiser pendant des millénaires sur le Nitassinan. Nous n’avons pas besoin d’un traité et d’un gouvernement pour contrôler et limiter nos pratiques traditionnelles. La longue marche innue n’a jamais eu besoin des lois européennes sur le Nitassinan! »

Il ressort donc que ce souverainisme autochtone en réémergence au soi-disant Québec n’est pas celui qui se dit dans les conseils de Bande et se lit dans les ententes de principe. Les regroupements de chasseurs innus et attikamekws opposent une indépendance de fait à l’indépendance de jure du traité Petapan, dénoncé comme une incursion de la conception européenne de l’État. Il ne faut donc pas hésiter, s’il s’agit de supporter cette affirmation autochtone d’une indépendance ancestrale, à répondre à leur appel à la solidarité. En reconnaissant, d’abord, en quoi les structures mises en branle par les négociations du traité sont entièrement tributaires des Blancs – rappelons que plus de 50% des employés du conseil de Bande d’Essipit sont en réalité des Blancs venant des Escoumins et d’autres municipalités limitrophes; la résistance à leurs manœuvres insidieuses est ainsi tout autant du ressort de la solidarité non-autochtone que de la résistance des communautés concernées. En prenant au sérieux, ensuite, les conceptions du monde et du territoire spécifiques à ces communautés, comme incarnant le vrai visage d’une résistance continue aux agressions de la civilisation du développement, en même temps que leur cible privilégiée. Ce qui amène à se demander, concrètement, comment reconnaître leur indépendance de fait, et comment assister à leur rejet des projets extractivistes. Car cette île de la Tortue où l’on séjourne renferme nombre de manières de vivre farouchement souveraines, qui ne demandent qu’à être considérées à ce titre dans nos esprits. Quitte à devoir y dissoudre ce qu’on a pris coutume de considérer comme le Québec et le Canada.

Appuyons la lutte contre le traité Petapan!

Pour plus de renseignements,visitez la page Facebook du Regroupement des familles traditionnelles de chasseurs-cueilleurs Ilnuatsh. Restez à l’affut!

Tue le flic dans ta tête

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Mar 042017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais
La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle

« La meilleure des polices ne porte pas l’uniforme »
– La rumeur, groupe de hip-hop français

La haine des flics ? Vous l’avez aussi ? Ils vous cassent les pieds, vous donne des tickets, vous harcèle, vous arrête, vous embarque, vous matraque, vous vaporise du poivre de cayenne, ou vous lance des lacrymos, vous tabasse, vous surveille, vous suivent, vous agresse, vous font chanter, vous menotte, vous jette en cage, vous crève un œil, vous terrorise?

Ils se sentent importants en se pavanant en uniforme à mettre leur nez dans les affaires de tout le monde. Ils représentent l’autorité de l’État. Ils détiennent le monopole de la violence légitime. Ils font respecter la loi et l’ordre, sous menace de te dérober ta vie et de te foutre en cage. Ils sont les chiens de garde du pouvoir.

Les flics te font chier. Mais au-delà de se foutre le nez dans tes affaires, ils existent pour maintenir le système tel qu’il est et empêcher les gens de se révolter. Malgré ce qu’on en dit, c’est leur fonction principale. On entend souvent l’argument classique évoquant que « les policiers sont gentils, mais comme partout il y a des pommes pourries qui entachent leur réputation ». On justifie leur utilité en exposant sans cesse leurs exploits d’avoir arrêté un tel pédophile ou un proxénète. Ce type d’interventions font certes partie des tâches policières parce que nous avons été historiquement dés-appropriés de nos capacités de gérer les conflits de façon autonome, mais en réalité, le pouvoir se fout du bien-être des gens. Plus un quartier s’embourgeoise et plus ses nouveaux citoyens et commerçants réclameront un quartier propre et sécuritaire. Les flics ne vont pas aller tabasser un proprio qui fait des augmentations de loyer illégales, mais le crackhead au coin de la rue on lui réserve un tout autre sort. « La police au service des riches et des fascistes », nous rappelle le bon vieux slogan.

Le 15 mars arrive vite, et comme chaque année, une manifestation sera organisée par le C.O.B.P. – le collectif opposé à la brutalité policière. Et chaque année, il y a de la confrontation et des arrestations. Le C.O.B.P., comme son acronyme l’évoque, ne s’oppose pas à la police en tant qu’institution, mais à une police brutale. Le collectif s’acharne depuis des années à proposer un discours citoyen quémandant de faire respecter les droits. Ils poursuivent en déontologie policière les policier.e.s aux comportements déviants, ils tentent de faire des recours collectifs contre des arrestations de masses et transformer certaines lois, comme ça a été le cas pour le règlement P-6 qui interdisait le port de masque lors des manifestations. Ce règlement a finalement été invalidé en 2016, grâce aux efforts de plusieurs compagnons et avocats. Néanmoins, une police moins brutale n’existe pas, car sa fonction ultime est de maintenir l’ordre en infligeant la peur. C’est-à-dire que si une révolte incontrôlable éclate, ces chiens armés nous tireront dessus sans hésiter. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas lutter, sinon que nous devrions affronter la réalité telle qu’elle est. Un flic représente une institution répressive servant au maintien du pouvoir de l’État sur nous. Il n’y a pas de bon flic. Il n’y a aucune bonne loi. Nous voulons combattre tous les germes et les fondements du monde autoritaire, incluant l’État, ses lois, la logique du droit et sa police.

Le pire de tout, c’est que le pouvoir est tellement bien rodé que la police n’a presque jamais besoin d’intervenir afin de faire respecter le statuquo. Le contrôle est intériorisé dans nos corps et dans nos têtes. Nous sommes domestiqués depuis notre naissance à respecter les règles, à aller à l’école, à aller travailler, à respecter l’autorité, à nous conformer. On nous fait croire que nos actes n’ont aucun impact et on nous fait savoir que si nous choisissons d’en finir avec ces institutions ; les propriétaires, l’État, la police, les patrons, etc., c’est la misère et la prison qui nous attend. Beaucoup baissent les bras. Mais la réalité, c’est qu’ils ne peuvent pas être partout et tout le temps comme Big Brother. En s’organisant un peu, il est toujours possible de déjouer les tentacules du pouvoir et de tenter l’irréversible. Il s’agit d’abord d’une dose de courage pour chasser la police de nos têtes et confronter nos peurs.

Expulsons d’abord la police de nos têtes, de nos quartiers et de nos vies. À l’attaque !

Tout le monde déteste les racistes!

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Fév 032017
 

Graffiti pris en photo à Pointe-St-Charles à Montreal

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Dimanche soir dernier, six personnes de la communauté musulmane de Québec ont été assassinées dans leur mosquée. Cela démontre que l’idéologie d’extrême-droite raciste est bel et bien vivante dans la supposément égalitaire et tolérante société québécoise, laquelle participe actuellement à nourrir un climat islamophobe dans lequel les racistes se sentent de plus en plus légitimes d’agir. Cette fois-ci, ce n’est pas un acte qui peut être ignoré, contrairement aux têtes de porcs qui avaient été laissées devant la même mosquée quelques mois auparavant, acte qui n’avait intéressé pratiquement personne, ou aux agressions verbales et physiques quotidiennement lancées dans la rue aux gens racisé-es.

Le jour des funérailles organisées pour les victimes de la fusillade, des gens ont brisé les fenêtres d’une mosquée du quartier Pointe-Saint-Charles, à Montréal. Plusieurs ont réagit pour exprimer leur support. Une vigile a rassemblé une centaines de personnes venues apporter leur support devant la mosquée. Un graffiti anarchiste a été peint en solidarité, sur un mur de publicité de l’autre côté de la rue. Sur les fenêtres cassées, des affiches anti-fascistes titrées « Contre le racisme, l’islamophobie et l’anti-sémitisme, soyons à l’offensive » ont été posées.

Plusieurs se demandent comment il est possible que ça puisse se passer ici. Pourtant, le racisme et la haine de ceux et celles extérieurs à la chrétienté ne sont pas choses nouvelles au Canada. Ce pays a été fondé sur le génocide des autochtones ainsi que sur leur ghettoisation dans les réserves. Contrairement à ce qu’on nous apprend à l’école, l’appareil de colonisation du soit-disant Québec a lui aussi participé à ce massacre de masse. La société québécoise a eu son lot de racisme au travers des époques, que ce soit avec la nouvelle forme d’esclavage qu’est l’incarcération de masse des personnes noires et autochtones, avec les pensionnats autochtones, l’exploitation des travailleur.ses migrant.es sans-papiers, ou la Charte des Valeurs islamophobe. Bien sûr, la montée en flèche de l’idéologie nationaliste de droite dans les dernières années a eu un grand impact sur les meurtres survenus à Québec, mais il ne faut pas oublier que ce mode de pensée existait même avant que quelqu’un comme Trump prennent le pouvoir aux États-Unis ou qu’une politicienne comme Marine Le Pen puisse avoir 30% des intentions de vote aux prochaines élections françaises.

Il n’est pas surprenant que l’acte xénophobe ayant eu lieu dimanche dernier se soit produit dans la région de la capitale. Plusieurs groupes racistes diffusent au grand jour leur idéologie abjecte depuis de nombreuses années et ce, dans une grande impunité. Des groupes comme Atalante Québec ou les Soldats d’Odins et plusieurs autres peuvent bien se cacher derrière leur fausse bannière de « seulement dénoncer l’Islam radical », nous ne tomberons pas dans cette supercherie. Nous savons très bien que ce sont des gens qui agissent avec une logique raciste. Comment un groupe comme Atalante peut-il dire qu’il n’est pas raciste, alors qu’une de leurs conférences a été organisée avec des groupes néo-fascistes italiens, comme Casapound, qui se revendiquent de l’héritage de Mussolini ? Québec a aussi son lot de radios poubelles écoutées chaque jour par des milliers de personnes. Les chroniqueur.ses de ces radios peuvent toujours se laver les mains en disant qu’ils et elles n’appellent pas au meurtre, mais le fait est qu’ils et elles contribuent grandement à la banalisation du racisme et de l’islamophobie. Soyons clairs : ces gens ont aussi du sang sur les mains et leur discours de haine doit absolument être confronté avec tous les moyens nécessaires. Que se soit en entartant des gens comme Mathieu Bock-Côté, en perturbant toutes leurs conférences ou en ne laissant jamais une manifestation raciste se dérouler paisiblement.

La réponse face à l’extrême droite doit être déterminée et sans relâche, ces gens doivent avoir peur d’afficher publiquement des discours haineux. On ne devrait attendre aucun changement venant de la classe politique, qui elle aussi a contribue au racisme ambiant : elle banalise la haine envers les musulmans, maintient des frontières et un appareil policier intrinsèquement racistes et perpétue la violence coloniale sur laquelle le Canada a pioché ses fondements. La lutte contre le racisme et le monde qui le nécessite ne viendra que de nous-mêmes et sans intermédiaire de quelconque représentant-e – en combattant les fascistes organisés dans la rue lorsque l’opportunité se présente et en attaquant tout ce qui leur donne de la légitimité. Nous devons nourrir des pratiques anti-fascistes radicales en continuant de nous battre contre les fondements racistes de notre société – le gouvernement colonial et la civilisation industrielle, le nationalisme, la police, les prisons et les frontières.

150e, 375e : vive les rebelles!

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Jan 132017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Cette année, le Canada célèbrent son 150e anniversaire d’existence coloniale et Montréal, son 375e. Tout au long de la prochaine année, nous allons célébrer les histoires de résistance au projet colonial canadien, en continuant à les inclure dans nos luttes présentes. Ceci est un appel adressé aux anarchistes à travers le territoire du soi-disant Canada, et à tous.tes ceux et celles qui luttent contre la société coloniale, afin de combiner nos diverses capacités de toutes les manières possibles dans cette lutte contre ce cauchemard persistant.

De la propagation intentionnelle de la petite vérole aux conditions qui causent l’assassinat et la disparition d’un terriblement grand nombre de femmes et d’hommes autochtones assassiné.es et disparu.es, le projet du Canada a consisté en un génocide contre les personnes autochtones se manifestant à travers des formes variées et ayant encore cours aujourd’hui. Le Canada tente d’imposer un état de dépendance à la société coloniale en détruisant l’autonomie des personnes autochtones en les empêchant de vivre des fruits des territoires (à travers le système des réserves), et à travers le génocide culturel menant à une fracture générationnelle et une amnésie collective (ceci étant institutionnalisé à travers le système des pensionnats autochtones qui exista jusque dans les années 90).

Nous désirons saboter la machinerie qui fait fonctionner cet héritage colonial. L’infrastructure de cette machine et le développement de projets d’exploitation signifie la dévastation de la terre qui nourrit toute la vie. Il s’agit des dispositifs policiers du Canada, de l’assaut de Gustafsen Lake à la violence sexuelle généralisée contre les femmes autochtones par la SQ. Cela signifie aussi les projets de contrôle colonial nécessaire au fonctionnement du Canada; la stérilisation forcée et systématique, le système de réserves et l’incarcération massive des personnes autochtones et noires. Cette machinerie est aussi sociale – l’identification sociale avec la ville, la nation et la blancheur.

375e : vive Montréal! est une campagne touristique où une enveloppe budgétaire a été allouée à chaque quartier de Montréal par l’État pour les célébrations. Ceci sera utilisé comme opportunité pour accentuer le mouvement de gentrification et le nettoyage social, et pour normaliser le narratif étatique d’une colonisation bienveillante et inévitable. Le programme événementiel et les vidéos promotionnels mettent en scène principalement des artistes et des musicien.nes francophes blanc.hes – démontrant ainsi sur qui ils.elles misent dans le cadre de ce nouveau projet de développement et de contrôle : à travers des artistes nationalistes et hipsters et la culture populaire québécoise. Bien que cette campagne, à travers les gens qu’elle mobilise, soit sans gêne une campagne pour la suprématie blanche, nous sommes aussi familier.ères à outrance avec le script du multiculturalisme canadien – qui représente et intègre différente catégories identitaires dans le projet génocidaire, pour nourrir insidieusement le contrôle social.

Au minimum, nous pouvons montrer qu’il y a des personnes que le Canada tente d’intégrer à ce projet de suprémacie blanche qui sont en rébellion contre celui-ci. Trouvons les différents moyens qui nous permettrons de nous connecter à travers les vies ségréguées que nous expérimentons tous les jours. À travers de tels liens, nous pouvons espérer avancer vers la création d’un projet de rébellion auquel les gens peuvent s’identifier, qui se situe à la fois en dehors du nationalisme blanc de droite et du multiculturalisme libéral de gauche.

Voici quelques idées pour inspirer les gens sur les manières de s’organiser pour répondre à cet appel :

– Perturber les festivités du 375e et du 150e, dans chaque quartier de Montréal et à travers le Canada.
– Approfondir les relations de solidarité entre les gens qui désirent se battre contre le projet du Canada. Pour ce faire, nous croyons qu’il est crucial de ne pas reconduire la passivité de la politique d’ “allié.es”, où les allié.es ne sont pas mu.es par leurs propres raisons de lutter. Tout le monde a intérêt à défendre la terre contre la destruction coloniale. En tant qu’anarchistes, nous avons d’innombrables raisons de nous battre sur des termes de solidarité réciproque avec toute personne qui lutte contre les frontières, la police, l’extraction de ressources et la domination économique nécessaires au Canada. Nous pensons que des affirmations comme “être un.e allié.e des personnes autochtones” est contradictoire et n’a pas de sens si l’on reconnaît qu’il n’existe pas de catégories homogènes de gens. En fait, nous ne devrions pas ignorer le fait qu’il y a souvent des conflits au sein des communautés autochtones autour des objectifs et des tactiques. Par exemple, à Standing Rock, le Red Warrior Camp (qui a employé des tactiques confrontationnelles et perturbatrices contre le pipeline) s’est fait demander de quitter le camp par les chefs qui condamnaient toute action en dehors de la désobéissance civile non-violence qui permet d’obtenir le sceau de légitimité des médias et des blanc.hes.
– Créer de la contre-information pour communiquer des perspectives anti-coloniales.
– Confronter, perturber et attaquer toutes les manifestations de l’ordre colonial: le fonctionnement de l’économie capitaliste, les projets et les infrastructures d’extraction de ressources, les dispositifs répressifs de la police et des prisons, les narratifs dominants du colonialisme (statues, musées, églises, etc.) et toutes les autres manières par lesquelles le colonialisme est maintenu dans les endroits où vous vivez.

L’existence du Canada et de Montréal est de manière inhérente un projet de contrôle et de dévastation écologique – voici ce à quoi ressemblent le “progrès” et le “développement”. Ces processus fracturent toujours davantage tout semblant de communauté que nous pourrions essayer de nourrir, ce qui a en retour des effets profonds sur nos capacités à nous rebeller. Nous désirons rompre avec les relations sociales de production, de consommation, de citoyenneté et de blancheur. Nous désirons ouvrir la possibilité de vivre différemment les relations, ce qui veut aussi dire de créer des opportunités pour nous rendre incontrôlables. Nous désirons perturber le narratif qui célèbre un Canada amical et bienveillant. Engageons le conflit avec Montréal et le Canada à chaque fois que cela est possible. Fuck Montréal, Fuck le Canada : bloquons-les!

Defend the Hood

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Déc 222016
 

De subMedia.tv

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En 2016, de nombreuses attaques directes ont été lancées contre divers symboles de la gentrification dans Hochelaga-Maisonneuve et Saint-Henri. Nous avons voulu donner aux militants l’occasion d’exprimer un point de vue que les grands médias choisissent systématiquement d’ignorer ou de déformer. Submedia.tv a obtenu ces entrevues exclusives avec deux anarchistes impliqués dans ces actions.

Pour protéger l’identité de ces personnes, leur voix a été doublée.

Qu’est-ce que ça implique, pour vous, de lutter contre la gentrification ?

1: Avant tout, on parle juste pour nous deux ici, pas pour les autres gens qui ont participé à l’action. On ne veut pas représenter qui que ce soit d’autre.

2: Je ne veux pas me limiter à lutter contre la gentrification, que je vois comme une intensification de la misère du capitalisme. Et je suis contre le capitalisme sous toutes ses formes. Je lutte contre la gentrification parce qu’elle affecte ma vie et celle de tellement de gens autour, mais aussi parce que c’est un contexte qui permet d’échanger des idées et des pratiques, de nourrir une plus large perspective de lutte anarchiste. J’ai été inspirée par des anarchistes dans d’autres villes, qui ont ancré leur lutte dans l’endroit où elles vivent. Ils ont réussi à rendre certains quartiers dangereux pour les autorités et peu accueillants pour les entreprises capitalistes. J’aimerais que la police ait peur d’être attaquée quand elle patrouille dans Hochelag ; que les petits commerces bourgeois hésitent avant de s’installer ici, parce que leurs primes d’assurances vont être super chères ; que les gens pensent au fait que s’ils parquent leur char de luxe dans le quartier pour la nuit, il risque de se faire trasher ; que dès qu’un graf ou une affiche est enlevée, elle soit aussitôt remplacée.

1: Et si on veut que ces gens là aient peur, c’est parce qu’on veut l’espace pour expérimenter d’autres façons de vivre, et parce que la cohabitation n’est pas possible. Leur monde va toujours vouloir la destruction des autres mondes, ceux de liberté, de partage, de gratuité, de relations en dehors du travail et du loisir, de joie en dehors de la consommation…

2. Je pense que ça vaut la peine d’expliciter comment la lutte contre la gentrification est inévitablement une lutte contre la police. L’outil principal de la municipalité pour mener à bien son projet de nettoyage social, c’est la police et la pacification des habitants. Cette réalité-là est au cœur des réflexions qui orientent nos actions. La pacification prend différentes formes : c’est l’installation des caméras, l’aménagement des parcs et des rues, mais c’est aussi l’imaginaire créé par le discours de bullshit sur  »la mixité sociale ». Les consultations publiques, les études et les projets de logements abordables, c’est juste une façade : pendant ce temps-là, le nettoyage social avance et de plus en plus de gens se font expulser. Si ces moyens de pacification ne fonctionnent pas, la ville a recours à la répression, c’est-à-dire à la police. C’est les policiers qui expulsent les locataires, empêchent l’existence de squats, etc. Toute forme d’organisation offensive, qui refuse les tentatives de médiation avec l’autorité municipale, va un jour faire face à la police. C’est donc aussi important de développer notre capacité à défendre les iniatives contre la répression.

Sans nécessairement délaisser l’action communautaire, de nombreux-euses anarchistes privilégient le mode d’action directe, pourquoi?

1: On n’a pas de revendications. On n’a pas fait cette action pour faire pression sur le pouvoir, pour qu’il nous accorde certaines choses. C’est sûr que les gens devraient avoir accès à du logement, mais je ne pense pas qu’on devrait s’attendre à ce que l’État réponde à des demandes de logements sociaux qui sont faites depuis les années 1980, dans un quartier qui s’embourgeoise. Je suis plus intéressée à voir de quoi ça pourrait avoir l’air si les gens prenaient l’espace et le défendaient, sans demander. Je ne suis pas intéressée à dialoguer avec le pouvoir.

2: Le dialogue avec les autorités municipales c’est, avec la menace de répression policière, la principale méthode de pacification. Pour nous garder dans l’inaction, emprisonnés dans un imaginaire où l’on ne peut rien prendre ou rien empêcher.

1: Ce qui est bien avec l’action directe, c’est que tu te débarrasses finalement du médiateur ultime, l’État, en agissant directement sur une situation. Plutôt que donner du pouvoir à la ville, en lui demandant quelque chose, on veut nous-mêmes agir sur les forces qui gentrifient le quartier. L’État a peur des gens qui refusent son rôle de médiateur.

Pourquoi choisir une stratégie d’action directe en dehors d’un contexte propice comme celui d’un mouvement social ?

2: Parce qu’on veut pas attendre  »le bon contexte ». On pense que c’est en intervenant dans des situations fucked up du monde dans lequel on vit qu’on crée des contextes. Le fait que ce monde soit horrible est en soi un  » bon contexte  ». Ça vaut la peine de se révolter tous les jours.

1 : Je pense que c’est important de mettre l’accent sur ça, je ne crois pas qu’il faille qu’on attende les mouvements sociaux pour agir. Les gestes de révolte ont toutes sortes d’impacts, même s’ils ne s’inscrivent pas dans un mouvement social. En plus, quand il va y avoir le prochain grand moment de révolte, on va être davantage préparées pour y participer.

Finalement, que répondez-vous à ceux et celles qui disent que la gentrification est un processus inévitable?

1. La gentrification c’est un processus du capitalisme et du colonialisme comme d’autres. Ça a l’air inévitable, et ça l’est peut-être, mais ça vaut tout de même le coup de lutter contre et de ne pas se laisser faire. Dans le monde insupportable dans lequel on vit, j’ai l’impression que ma vie peut juste trouver un certain sens si je me bats.

2. Au mieux, le processus de gentrification va se déplacer ailleurs, si un quartier résiste. Quand même, lutter contre le capitalisme et l’État, ça ouvre des possibles qui ne peuvent pas exister autrement.

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Le vol, l’action directe, la solidarité

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Juil 042016
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Aujourd’hui, 1er juillet, est le jour où la fondation de l’État du soi-disant Canada est célébrée. Nous avons choisi cette journée afin d’annoncer que dans les dernières semaines, nous avons redistribué gratuitement des objets et de la nourriture que nous avons volée dans des boutiques de bourgeois, auprès de personnes marginalisées et de familles provenant de diverses communautés oppressées à “Montréal”, territoire Kanien’kehà:ka non cédé. Ce texte vise à expliquer pourquoi nous avons commis ces actions, à créer des liens de solidarité avec ceux et celles qui ont récemment commis des actions similaires, et à encourager qui que ce soit à continuer de développer de telles initiatives.

Nous publions ce texte le jour du 1er juillet car nous sommes contre tous les États, et en particulier contre la violence coloniale de ceux-ci, comme le Canada, qui sont fondés sur le génocide des nations autochtones et sur l’exploitation et l’exclusion raciste des personnes qui n’ont pas la peau blanche. Nous croyons que le bien-être de la majorité des individus dans le monde dépend de la lutte constante que nous devons mener au jour le jour contre des États industriels et impérialistes comme le Canada, promoteurs et bénéficiaires principaux du capitalisme globalisé. Ce sont ces raisons qui nous poussent à enfreindre les lois de tels États, dans ce cas-ci à voler des entreprises capitalistes afin de redistribuer des biens auprès de communautés qui sont directement affectés par ce système. Le vol à l’étalage est une forme d’action directe qu’un nombre incroyable d’individus emploient afin de se procurer ce qui leur est nécessaire et ce qui leur plaît, et que le système refuse de partager. Cette fois, nous avons décidé de le faire de manière intentionnelle et collective, comme action faisant partie d’une lutte anti-oppressive bien plus large, et dans un esprit de liberté et d’autodétermination globale.

Nous avons été inspirés par des luttes récentes qui sont géographiquement et politiquement proches de nous, et nous tenons à exprimer notre solidarité avec l’ensemble des actions qui ont été réalisées. D’abord, les nations et communautés autochtones qui continuent, depuis des centenaires, à lutter pour leur survie et pour la défense de la terre, de l’eau et de la vie : les Algonquins qui se sont mobilisés contre le développement de condos le long de la rivière Ottawa, les Innus contre le barrage électrique de Muskrat Falls, les Odjibway pour le nettoyage des sols et des eaux contaminés au mercure à Grassy Narrows, et les Mohawks de Kanehsatà:ke qui continuent à lutter contre l’exploitation minière dans leur communauté. Dans les derniers mois, il y a eu plusieurs occupations de bureaux et d’offices gouvernementaux par des gens qui dénoncent la complicité des États et du Canada dans la mort et la violence portée auprès de communautés marginalisées : l’occupation du mouvement Black Lives Matter devant le quartier général de la police à Toronto, les diverses occupations de communautés autochtones des bureaux de l’AANC (Affaires autochtones et du Nord Canada) en solidarité avec la nation Attawapiskat, et l’occupation de solidarité sans frontières des bureaux de l’agence frontalière canadienne à Montréal afin de dénoncer la  violence de la déportation et des détentions des migrant-e-s et des personnes sans-statut. Nous sommes également inspirés par la résistance continuelle et moins visible de ceux et celles qui se battent pour leur survie et afin de vivre dans la dignité, forcée de vivre sans un statut légal, comme les personnes sans-papier, les personnes criminalisées et les personnes sans-abris.

Finalement, nous applaudissons l’impressionnante action anti-gentrification qui s’est déroulée à Saint-Henri, où des dizaines d’individus ont pillé un magasin gentrifié de et espace pour des milliers de dollars. Ces personnes sont proches de nous non seulement géographiquement et politiquement, mais également quant aux choix des tactiques qu’ils et elles ont décidé d’employer. Le déplacement forcé et la marginalisation des résidant-e-s vivant dans un quartier en raison de la gentrification relève directement du capitalisme et de la spéculation immobilière (entre autres) qui se déroule sur les territoires urbains. Le pillage et les attaques sur des magasins bourgeois représentent des moyens d’action importants afin de lutter contre la gentrification, que ceux-ci soient petits ou grands.

L’action qui a été menée à Saint-Henri a certainement réussi à faire mousser l’attention publique et les médias de masse autour de la question de la gentrification. À travers ces discussions, certains arguments sont ressortis auxquels nous aimerions maintenant répondre. Certain-e-s disent que la gentrification est causé principalement par de grandes compagnies immobilières ou encore par des magasins à grande superficie, et que nous ciblons donc les mauvaises personnes (dans ce cas-ci les petites boutiques). Cet argument ignore complètement le fait que le développement de la gentrification, qui se fait en grande partie par le développement de grands immeubles à condos, est grandement facilité par l’implantation de nouvelles petites boutiques chics ou de cafés hipsters, qui proposent des produits fins qui sont complètement hors de prix et que la plupart des résident-e-s du quartier ne peuvent pas se procurer (ce qui crée, éventuellement, le remplacement de la population actuelle par les propriétaires de ces nouveaux condos, et ainsi de suite). Pendant ce temps, la sécurité policière devient accrue puisqu’elle protège ces transformations, et la ville dénonce de toute évidence ces attaques puisqu’elle tire profit des changements qui se produisent dans le quartier.

D’autres personnes vont approuver la lutte contre la gentrification, mais vont dénoncer publiquement l’utilisation de tactiques de pillage et d’autres moyens considérés comme étant illégaux aux yeux de la loi. Nous répondons à cela que l’ensemble des systèmes dont nous luttons contre et qui sont interreliés, comme la gentrification, l’État canadien, et le capitalisme globalisé, sont porteurs d’une violence et d’un misère incroyable qui se déroule à tous les jours, et cela depuis des centaines d’années. Pour survivre, nous nous devons de lutter contre ces systèmes qui nous sont imposés. Vous dites que nous sommes allés trop loin avec nos actions considérées comme étant illégales? Nous disons que nous ne sommes pas encore allés assez loin, et même bien loin de là. Briser quelques lois qui nous sont imposées est le moindre que l’on puisse faire. Nous espérons de tout notre cœur, pour le bien de tous et toutes, que nous serons en mesure d’aller bien plus loin, ensemble et collectivement, par tous les moyens nécessaires et qui sont actuellement en notre disposition.

Par amour et en solidarité avec tous ceux et celles qui luttent!

Haute-tension/Hors-tension : Non à la ligne de 735kV

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Avr 032016
 

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De Interruption

735 000 volts. C’est ce qui passera dans la nouvelle ligne de très haute tension qu’Hydro-Québec veut construire dès cette année. Le trajet de cette ligne fera 400 km et transportera l’électricité depuis la centrale de Chamouchouane au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en passant par Lanaudière, vers un poste éventuel inexistant pour le moment, à Terrebonne, nommé Judith-Jasmin, qui serait relié à la région montréalaise par un deuxième tronçon de 19 km vers le poste du Bout-de-l’Île. C’est le plus important projet de ligne électrique depuis 20 ans, estimé à 1,3 milliard de dollars. En effet, c’est la 12e ligne d’une telle force au soi-disant « Québec ».

Mais avant tout, il leur faut déboiser partout où les pylônes seront plantés. La déforestation a déjà débuté au Nord et dans Lanaudière. Elle cause plusieurs expropriations et traverse partiellement le territoire de chasse des Attikamekws au nord, St-Michel-des-Saints, St-Zénon, Ste-Émélie-de-l’Énergie, St-Alphonse-de-Rodriguez, Rawdon, etc.

Le projet est contesté par plusieurs habitant.e.s, agriculteur.trice.s et écologistes depuis maintenant 6 ans : « Inutile, environnementalement dévastateur et économiquement injustifié » (Citoyens Sous Haute Tension). Plus qu’un doute, c’est un refus catégorique. Le BAPE (Bureau des audiences publiques sur l’environnement) a recommandé au gouvernement d’attendre d’avoir plus d’informations, d’approfondir les études d’impact et de prendre en considération l’opposition du milieu. Néanmoins, l’État a adopté un décret imposant la poursuite des travaux. Hydro-Québec a donné une compensation de 4 millions de dollars à la MRC de Lanaudière et une autre d’un million à Manawan comme dédommagement pour faire avaler leurs salades. Mais il y a encore des gens qui s’opposent; la plupart ont des préoccupations foncières, ils sont des propriétaires fâchés parce que la valeur de leurs maisons baissera ou parce qu’ils ont des fermes et que les animaux ne supportent pas les champs électromagnétiques puissants de ces lignes de haute tension. Ils refusent de signer les lettres envoyées par Hydro-Québec qui demande l’accord des résidents pour couper les arbres sur leurs terrains tant qu’Hydro ne les aura pas dédommagés personnellement en argent. En réponse, Hydro les harcèle et a obtenu une injonction. Même s’il est réjouissant que des gens se mobilisent contre Hydro-Québec, ce refus ne fait que ralentir le processus de destruction systémique et n’aspire pas à son arrêt. On peut même aller jusqu’à dire que les motifs de ces oppositions sont absolument contradictoires avec les désirs de liberté sauvage qui nous habite. Notre désir est d’élargir le champ des possibles alors nous souhaitons proposer d’autres avenues pour en freiner la réalisation. En ce moment, le projet va de l’avant et le déboisement a déjà commencé.

Un autre mythe national

La mafia Hydro-Québec n’a pas intérêt à reculer devant un tel projet, qui représente énormément de bénéfices. En effet, l’ère des combustibles fossiles est en déclin. Devant l’épuisement des ressources pétrolières, les coûts de l’extraction et du transport sont devenus trop élevés. Le virage vert est en marche depuis plusieurs décennies et dans ce contexte, l’hydroélectricité, perçue comme une énergie renouvelable et verte, devient une marchandise précieuse. Les grandes organisations mondiales du commerce et de la finance sont en train de restructurer et transformer l’industrie et le transport afin de s’adapter aux « énergies vertes ». Le nouveau ministre des Transports du Québec a d’ailleurs pour mission novatrice l’électrification des transports publics avec de nouveaux véhicules hybrides et électriques. Les voitures électriques deviennent de plus en plus accessibles, Hydro installe des bornes de recharge de batteries dans tous les coins du soi-disant « Québec », même les véhicules de chantier seront électriques dans un futur proche. Et cela dans l’objectif de maintenir la vitesse et la productivité de l’industrie. Les infrastructures de transport de l’énergie, tout comme les routes, les chemins de fers, les ports, les pipelines et les aéroports, sont indispensables à l’expansion de l’industrie, un projet tentaculaire en soi.

Un mythe est construit autour de l’hydro-électricité comme étant une source d’énergie verte et renouvelable. On la vante presque comme étant le joyau national du soi-disant « Québec » avec ses nombreuses rivières d’eau douce à gros débit. En réalité, nous devons percevoir l’hydro-électricité comme une ressource exploitable, vendable autant que peuvent l’être le fer, l’uranium ou le pétrole. Aujourd’hui, le territoire est complètement défiguré, il ne reste que quelques rivières à gros débit n’étant pas encore envahies par des barrages. L’électricité si propre dont ils parlent est en fait une gigantesque entreprise de destruction des écosystèmes, de pollution des rivières et de destruction des modes de vies des communautés dont la survie dépend de ces rivières. Quand un barrage est construit, le cours d’eau est bloqué et un réservoir d’eau venant inonder une grande surface de territoire se crée. La rivière en question déborde de son lit près du barrage et s’assèche sur toute sa longueur. Les arbres et les végétaux inondés meurent et libèrent du méthane et du dioxyde de carbone dans les eaux et dans l’air. Le méthane et le dioxyde de carbone sont des gaz à effet de serre; on ne répertorie que 12% des gaz à effet de serre émis sur le territoire colonisé par l’État Canadien viennent des barrages hydro-électriques. Une autre conséquence de ces inondations est la contamination des eaux par le méthyle-mercure, venant de la libération du mercure inorganique fossilisé dans les sols. Lorsque le sol est inondé par l’eau, le mercure libéré se transforme en méthyle-mercure, une neurotoxine se retrouvant dans la chaîne alimentaire par la suite. Les poissons, les animaux et les humains qui la consomment peuvent développer toutes sortes de maladies, dont des troubles cardio-vasculaires et des cancers. Il est d’ailleurs déconseillé aux gens de consommer les poissons de ces rivières pendant une période de 30 ans suivant l’inondation d’un bassin. En résumé, les nombreuses rivières d’eau douce du soi-disant « Québec », autrefois potable, ont toutes été intoxiquées. Les animaux et les humains qui en dépendent pour boire et se nourrir s’empoisonnent ou perdent leur source d’eau potable. Résultat : des écosystèmes vieux de milliers d’années et des formes de vies ancestrales perturbées et détruites.

L’intention première d’Hydro-Québec est de toute évidence la création de marchés de vente aux États-Unis, avec de beaux discours chantant que l’hydroélectricité est plus propre que l’électricité au charbon. Sur leur site internet, ils en font la comparaison. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que c’est la salope d’industrie mise en place avec sa logique d’accaparement depuis la colonisation par les Européens il y a 500 ans qui cause la destruction de la vie. Hydro-Québec explore donc les marchés américains et parle même d’entreprendre d’autres projets de construction de barrages sur les quelques rivières d’eau douce encore intactes. Ils n’ont évidemment aucun scrupule quant aux dommages réels causés par leur soif de s’enrichir.

La saignée de l’électricité

Hydro-Québec possède environ 62 centrales hydro-électriques. Depuis le début des années 2000, les grandes rivières de la Baie-James et de la Côte-Nord ont soit été dérivées pour alimenter un complexe hydroélectrique (ex. la Caniapiscau, l’Opinaca, la Eastmain et la Rupert), soit gravement perturbées suite à l’installation de centrales hydroélectriques (ex. Sainte-Marguerite, La Romaine et Toulnustouc). Ces fameuses lignes de haute tension transportent l’électricité provenant du Nord et fournissent toute la province, ses centres urbains, ses banlieues, ses industries et ses mines. À titre d’exemple, fournir une seule mine en chauffage et en électricité, pour rendre son environnement sous terre soutenable pour les gens qui y travaillent, équivaut à la consommation énergétique d’une ville comme Trois-Rivières. Tel que le disent les opposant.e.s au projet, la province n’a nullement besoin de produire plus d’électricité. En fait, la plus grande partie de l’électricité produite est déjà en surplus. On ne consomme pour le moment que 15% de l’électricité produite, le reste est perdu à travers le transport, ou bien gaspillée puisqu’il n’est pas rentable de l’emmagasiner dans des batteries. En effet, si le courant produit n’est pas consommé tout de suite, il est perdu. Ainsi, cette ligne de 735 000 volts transportera l’énergie provenant des barrages du Nord : Baie-James, Manicouagan et des nouveaux barrages de La Romaine sur la Côte-Nord, des projets ayant rencontré de fortes résistances par les habitants de ces régions durant les dernières années. L’État justifie d’ailleurs le projet en disant que ces nouveaux barrages provoquent un engorgement sur les lignes existantes.

N’oublions pas qu’Hydro-Québec est une société d’État qui a le monopole en matière d’électricité, qui donne fréquemment des contrats à des compagnies à numéro nébuleuses, qui impose des hausses de tarifs, qui exproprie des terrains en échange de compensations dérisoires et qui travaille uniquement dans le but de favoriser l’industrie. Ici, ce qui nous importe va bien au-delà de la valeur des maisons. Il en est de l’anéantissement de l’environnement, réalité maquillée par toute la fausse publicité d’Hydro-Québec. Car en réalité, que l’énergie de l’industrie vienne d’une centrale thermique au charbon, de réacteurs nucléaires ou d’hydroélectricité, le paradigme reste le même : la productivité, le pillage des territoires et l’expansion des marchés. Aucune énergie vouée à l’industrie ne peut être propre.

Nous luttons pour nous réapproprier nos vies. Nous avons l’intention de détruire ce qui détruit la nature, car nous avons besoin d’elle pour être bien et vivre sainement. L’industrie, les barrages, les mines, les coupes forestières sont des parasites dévastateurs. Il suffit de s’imaginer être un oiseau survolant les airs qui contemple le paysage pour se rendre compte que la dévastation entamée est irréversible, pour voir les trous dans les forêts, pour voir les terres inondées par les bassins des barrages. On comprend vite que l’écologie est loin d’être la priorité d’Hydro-Québec et de ses actionnaires. Ceux-ci se paient des voyages de chasses et pêche dans des hôtels-resorts de riches et s’approprient le reste du territoire en s’achetant des chalets, ils posent des chaînes et des clôtures, affichent des pancartes « terrains privés, accès interdit ». Les responsables de ces entreprises n’ont pas droit au pardon.

Nous honorons tous actes de résistance, nous saluons le courage des communautés en luttes pour l’autodétermination et la liberté sauvage, nous sommes avec celles et ceux qui s’opposent à la déforestation ravageuse dans la forêt Ouareau, avec les Cris qui s’opposent aux coupes dans la forêt Broadback, avec Six Nations qui luttent également contre les coupes forestières dans la Red Hill Valley en lien avec une ligne de haute tension au sud de soi-disant « Ontario », avec les Mi’kmaq qui luttent contre les gaz de schistes, avec les Mohawks qui menacent de bloquer le projet de pipeline d’Énergie-Est, avec celles et ceux qui occupent Lax U’u’la (l’île Lelu) en bloquant la construction du terminal de Pacific Northwest LNG et avec tous les complices à l’esprit sauvage et combatif.

En ce moment même, le déboisement de l’emprise de la ligne dans la région a débuté, ainsi que l’établissement des chemins d’accès. Il est encore temps d’arrêter la construction et ce n’est ni l’État ni aucun député, même avec de la bonne volonté, qui va nous aider. On attend quoi?

Pour nous contacter: anti735[at]riseup.net

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