Montréal Contre-information
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RBC Fucks Around, RBC Finds Out

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Nov 012021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le pipeline Coastal GasLink est financé par la RBC. La nuit du 26 octobre, des anarchistes à Montréal ont coordonné des actions de solidarité avec les défenseur.es de la terre Wet’suwet’en. Nous avons cassé les vitres, ou utilisé un extincteur de fumée rempli de peinture pour vandaliser la façade de 6 différentes branches RBC à travers la ville.

Lors des jeux olympiques de 2010 sur les terres volées de soi-disant Vancouver, des rebelles avaient multiplié ainsi des attaques envers le commanditaire RBC. Plus d’une décennie plus tard, il est temps de recréer cette inspirante coordination diffuse.

Si RBC veut faire chier, RBC va en subir les conséquences. Les institutions, compagnies et individus responsables de l’industrie écocidaire ont des noms et des adresses. Les branches RBC, les guichets, et les membres de CA ne sont pas des exceptions.

C’est facile: Une équipe bien masquée émerge d’une ruelle avoisinante, jette un regard pour s’assurer que la voie soit libre, et dédie moins de 30 secondes au lancer de roches vers les fenêtres, avant de disparaître.

Pour plus de conseils, lisez:

Le système d’opération Tails a été utilisé pour faire cette vidéo, soumise anonymement.

R.I.P. Matt Cicero

Ce texte qu’il a écrit est toujours pertinent : 6 Reasons I Support Arson (As a Tool for Social Justice)

Blocage de la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques

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Sep 232021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À deux jours d’une grande manifestation pour le climat à Montréal, une quinzaine de manifestantEs ont bloqué l’accès des camions à la plateforme de transbordement actuelle de Ray-Mont Logistiques, à Pointe-Saint-Charles. L’action a forcé l’interruption des activités sur les lieux de l’infrastructure que Ray-Mont projette de déplacer à Hochelaga-Maisonneuve, dans le cadre d’une immense ré-industrialisation du secteur. L’action de perturbation fait suite au blocage de mercredi dernier du chantier situé à l’est de Viau et à une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes samedi dernier dans Hochelaga.

Vendredi, encore une fois, des milliers de personnes vont marcher pour demander aux gouvernements d’agir face à la crise climatique et environnementale. Cependant tout ce que les personnes au pouvoir peuvent nous offrir est trop peu, trop tard, les actions qui sont posées ne faisant que renforcer le pouvoir de l’économie sur le vivant. Civile ou non, la désobéissance et l’action directe nous permettent d’affronter ensemble la destruction des écosystèmes dont nous faisons parti et le vol des terres autochtones qui continue à ce jour que ce soit par la construction d’un pipeline, la déforestation, la construction d’une mine desservant une industrie dite « verte » ou la transformation d’un fleuve en « autoroute des marchandises » telle que propose la stratégie maritime de la CAQ, dans laquelle s’inscrit le projet de plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistique. Il est plus que temps de nous poser concrètement en obstacle aux projets de développement, de renforcer les liens entre nous qui permettent d’agir sans recours à la politique — et d’inviter tout le monde qui refusent la domination capitaliste et coloniale à se retrouver et à s’organiser.

Les clients de Ray-Mont Logistiques ne font pas un choix avisé en continuant de se fier aux services de l’entreprise, car les perturbations vont se multiplier.

Le terrain vague restera vague !

Blocage des travaux de Ray-Mont Logistiques

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Sep 172021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Près de 50 personnes ont forcé hier matin l’interruption des travaux sur le terrain où l’entreprise Ray-Mont Logistiques projette de construire une immense plateforme de transbordement, en s’installant au milieu de la machinerie pour y établir un campement de fortune.

Situé à l’est de l’avenue Viau, ce terrain abandonné par les industries depuis plusieurs années est maintenant habité de toutes sortes de façons par les gens du quartier, revigoré par une flore et une faune qui contrastent avec le bitume et béton qui l’entourent. Alors que la CAQ voudrait y voir advenir une zone industrialo-portuaire et une augmentation du transport de marchandises, nous nous opposons à la destruction de l’un des derniers espaces non marchandisés et verts de l’Est de l’île. Que ce soit pour y construire une bretelle d’autoroute, un poste d’Hydro-Québec ou une plateforme de transbordement. Ce terrain vague, qui était un lieu de vie pour de nombreuses personnes marginalisées jusqu’à leur violente expulsion au printemps dernier, est pour beaucoup d’entre nous un endroit qui nous permet de nous extraire de la ville le temps d’une promenade, un lieu où on arrive encore à respirer en pleine canicule, un espace où on arrive à imaginer la suite du monde au-delà des autoroutes et des usines.

S’inscrivant dans la stratégie maritime de la CAQ « Avantage Saint-Laurent », la plateforme de transbordement proposée par Ray-Mont Logistique s’aligne avec de nombreux projets visant à faire du fleuve Saint-Laurent une « autoroute de marchandises », permettant d’augmenter davantage le commerce international, et par le fait même, contribuer à accélérer l’exploitation et la destruction du territoire. On peut penser au projet d’agrandissement du port de Montréal dans la ville de Contrecoeur, au projet de GNL Québec au soi-disant Saguenay–Lac-Saint-Jean, au projet Laurentia, maintenant abandonné en raison d’importantes contestations, à la « Zone d’innovation littorale Est » à Québec, et bien plus encore. Ces projets ont en commun de réduire le territoire et les cours d’eau qui le traversent à sa valeur marchande, dans un contexte où la crise climatique et environnementale nous somme de faire autrement.

Que le projet de Ray-Mont Logistiques ait l’aval du gouvernement et de la municipalité ou non, nous continuerons d’occuper cet espace, nous continuerons de nous poser en obstacle à sa destruction et nous continuerons de nuire, par tous les moyens à notre portée, au saccage des écosystèmes et des territoires que nous habitons.

À celles et ceux qui en ont assez de laisser le béton et les machineries dicter la poursuite effrenée d’un monde qui court à sa perte, ceci est un appel à s’organiser et à se rejoindre pour opposer la solidarité, le commun et la lutte à la dévastation capitaliste et coloniale.

LE TERRAIN VAGUE RESTERA VAGUE

Appel à un contingent anticapitaliste lors de la manif pour le climat du 24 septembre

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Sep 162021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Une autre grosse manif pour le climat, pourquoi faire ?

C’est sûr que ça serait bien qu’il y ait autant de monde qu’en 2019, mais au final, même Greta a pas pu faire changer les politiques de nos gouvernements. Bon, ok, ça tombe quelques jours après les élections, donc on peut espérer que ça mette un peu de pression sur les éluEs … Sauf que nous on sait que ça ne changera rien : Peu importe qui sera au pouvoir après les élections, rien de significatif ne sera fait, rien de significatif n’a jamais été fait au soit-disant Canada. Depuis le début de la colonisation, on vole, on exploite et on détruit le territoire sur lequel on se trouve, celui qui, ironiquement, assure notre survie.

Parce qu’il est important de noter que plusieurs partis ont mis leurs cartes clairement sur la table : ces partis vont continuer à investir dans des pipelines et d’autres projets écocidaires, et ce jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et ces partis qui veulent notre mort devraient obtenir la majorité, la très grande majorité des votes. Au Québec, à la date de l’écriture de ce texte, plus de 80% des intentions de vote vont vers des partis ayant une feuille de route désastreuse en environnement.

On peut chialer envers les politicailleries inutiles du parlement, mais on voit que le problème va plus loin que ça. La majorité de la population ne veut pas changer, et veut perpétuer un style de vie insoutenable pour la planète.

Et pourquoi les blâmer ? Le capitalisme continue de vendre ce style de vie, à travers ses pubs de marde qui pousse l’achat de cochonneries dont on n’a pas besoin, son cinéma répétitif qui glorifie constamment les riches et les puissantEs, son système d’éducation mercantiliste qui vend des formations sur la base du salaire attendu … Et l’État suit la cadence, promettant par exemple aux jeunes qu’ielles pourront s’acheter une maison. On sait pourtant très bien que les jeunes ne pourront jamais s’acheter une maison ! Et honnêtement, faudrait pas que ça arrive si on veut avoir une chance de limiter l’étalement urbain et la culture du char …

Mais bon, c’est le style de vie qu’on nous martèle constamment dans notre vie quotidienne, le rêve américain que le système essaie de nous entrer dans la gorge. Sauf que ce style de vie vendu par le Capital, c’est la mort de la Terre, et donc éventuellement notre mort à touTEs. Et donc, si le Capital veut continuer à nous emmerder avec ce style de vie insoutenable, et bien tant pis, nous nous passerons du Capital !

Et tant pis si nous ne sommes qu’une petite minorité qui s’inquiète encore de son avenir. Tant pis si la majorité du monde rêve toujours de gros ostie de chars, de grosses osties de maisons, pis de grosses osties de vacances toutes payées dans le sud. Nous n’allons pas rester assis sur notre cul alors que le monde brûle ! Nous n’allons pas rester les bras croisés alors que le capitalisme achève de vendre les derniers morceaux du monde !

LE CAPITAL DÉTRUIT LA TERRE ? GUERRE AU CAPITAL !

On se voit dans le contingent anticapitaliste !

Vendredi 24 septembre, 13h, en face de la statue de George-Étienne-Cartier.

Affiche

Chicoutimi : une personne s’immole dans le futur quartier numérique

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Sep 162021
 

Du Collectif Emma Goldman

Un événement d’une tristesse sans nom est survenu vendredi dernier, 10 septembre, lorsqu’une personne s’est immolée devant des policiers dans un stationnement en face du palais de justice au centre-ville de Chicoutimi. Une tragédie qui, dans certaines villes, aurait engendré des émeutes bien méritées contre les pouvoirs en place. Comme un rappel que nous sommes tanné.e.s de crever dans ce système pourri. La personne en question, dont le but ici n’est pas de faire sa biographie et de coller des intentions sur son acte, connu pour avoir fréquenté dernièrement la Maison des sans-abri, est maintenant dans un état stable à l’hôpital de Chicoutimi malgré les graves brûlures qu’elle a subies.

Cet événement tragique reflète la réalité qui règne au centre-ville depuis plusieurs années. Dans le quartier le plus défavorisé de Chicoutimi, la situation se dégrade de plus en plus pour les moins nantis, engendrant une détresse devenue insupportable pour plusieurs. Des maisons de chambres qui passent au feu mettant à la rue des personnes déjà proche d’y vivre, le manque de ressources et la difficulté d’accéder aux services en santé mentale, une offre alimentaire bien limitée, une répression toujours plus présente avec l’augmentation des patrouilles policières et l’embourgeoisement du centre-ville qui amène des entreprises privées et des restaurants « chics, branchés » avec des menus très dispendieux, et en plus de cela, les initiatives mises en place pour aider les plus démunis manquent cruellement de ressources et ne parviennent pas à aider efficacement toutes les personnes [1] qui en ont besoin et qui vont chercher cette aide précieuse (ex : Travail de rue, Café-Jeunesse, etc.). Pour les politiciens locaux, c’est comme-ci personne ne vivait au centre-ville ou bien celles qui l’habitent sont perçues comme un problème à régler, une entrave au développement du quartier. Ce territoire vierge est un terrain de jeu qu’ils peuvent modeler comme bon leur semble. Commerces, restaurants et stationnements, voilà ce qui pousse comme des champignons au centre-ville. La seule fois où les élus ont eu l’air de comprendre que des gens vivent dans le quartier, c’est quand ils ont déplacé le poste de police au centre-ville afin de « sécuriser » la place dans le but d’attirer des entrepreneurs.

En 2015, peu de temps après l’implantation du nouveau poste de flics, Karine Potvin, propriétaire de l’École musicale du 94 rue Jacques-Cartier Est et qui était à l’époque administratrice de l’Association des centres-villes, résumait bien la situation (sans le vouloir) dans Horizon commerce, le Bulletin commercial de Promotion Saguenay :  « Les gens d’affaires et les habitants du quartier commencent tout juste à s’approprier leur nouvel environnement après plusieurs années d’incertitude. Au début, ils se disaient que c’était trop beau pour être vrai! Ils sont d’autant plus satisfaits et confiants qu’ils constatent que le niveau de sécurité a connu une amélioration fulgurante avec l’implantation du poste de police. ». Le pauvre, on le traque, on le cache, car il faut nettoyer le quartier des indésirables. Mais les gens ne disparaissent pas et les problèmes sont transportés ailleurs, comme dans le quartier Saint-Paul (pas très loin du centre-ville) où de plus en plus de personnes pauvres se réfugient, étant chassé du centre-ville soit par la répression ou le manque de logements abordables engendré, entre autres, par les maisons de chambres qui ont passé au feu mais qui n’ont pas été reconstruites.

Toutefois, il ne faut pas se méprendre. Les politiciens et les politiciennes sont bien au courant des problématiques de pauvreté au centre-ville de Chicoutimi. Ils/elles voient passer les études comme tout le monde. S’ils/elles ne font rien, c’est par ce qu’ils/elles veulent, c’est défendre leurs intérêts et aider les gens de leur classe sociale, les entrepreneurs, les propriétaires et les investisseurs. Rappelons que bien des politiciens locaux, Simon-Olivier Côté en tête (conseiller municipal au centre-ville), sont eux-mêmes des entrepreneurs et des propriétaires de commerces et de logements. C’est la lutte des classes en action. Il n’y a donc rien à attendre des élus, jamais ils ne viendront réellement en aide aux pauvres. Ils feront quelques concessions quand la situation sera devenue intenable, 2-3 miettes lancées par terre qui les feront passer pour de bons samaritains. S’il faut encore s’en convaincre, simplement lire ce qui suit…

10 millions de dollars pour un quartier numérique au centre-ville de Chicoutimi

Sous l’administration de Jean Tremblay, les élus voulaient faire du centre-ville un quartier des affaires. Maintenant, avec Josée Néron, c’est au tour du quartier numérique! Un nouveau branding bien vendeur et propre. « Le ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui avait déjà annoncé cette enveloppe de 10 M$, s’est dit heureux de ce pas important dans la revitalisation du centre-ville de Chicoutimi. », peut-on lire dans un article du journal Le Quotidien [2]. Pour les politiciens au pouvoir (autant au régional qu’au provincial), la revitalisation du quartier passe par l’injection de millions afin d’attirer des entreprises et non pas par des mesures sociales qui viendraient aider plusieurs centaines de personnes qui habitent le quartier (!!) à s’extirper de la pauvreté. Quand ils annoncent sourire aux lèvres la revitalisation du centre-ville, ils supposent que l’on habite un quartier qui a perdu sa force vitale et là-dessus, ils ne se trompent pas. Mais s’il faut revitaliser le quartier, c’est via des  mesures sociales qu’il faut le faire. On crève au centre-ville. On ne crève pas du manque de stationnements ou du manque de jeunes professionnels friqués du domaine du numérique (de toute façon, nous les paumé.e.s, on ne peut pratiquement pas se payer de voiture ou d’ordinateur). On crève de faim, on crève de chaud, frappés par un char, de violence conjugale, on crève d’overdose, on crève de misère. Comme les études, les statistiques et les cris du cœur des organismes communautaires du quartier ne suffisaient pas à le faire comprendre, maintenait une personne s’immole sur la rue Racine, peut-on être plus clair?

À terme, ce nouveau quartier numérique pourrait même devenir une zone d’innovation : « Confirmées par le gouvernement Legault à la fin de l’automne 2020, les zones d’innovation seront en quelque sorte des parcs industriels nouveau genre, qui vise à stimuler les projets de recherche appliquée entre les grandes entreprises et celles qui sont en démarrage. » [3]. Un parc industriel « nouveau genre », en plein ce dont les personnes pauvres ont besoin!

Il est évident que les changements vont venir d’en bas, c’est-à-dire des personnes qui vivent ces injustices et les organisations de base qui militent jour après jour sur le terrain pour l’amélioration des conditions de vie des gens du quartier. Il faut s’organiser entre laissés-pour-compte, se rencontrer, discuter et créer nos propres alternatives qui vont nous permettre d’améliorer nos vies et de combler nos besoins. Mettons en place un rapport de forces avec lequel nous serons capables de lutter contre ceux et celles qui profitent de notre misère; les politiciens, les propriétaires et les entrepreneurs véreux!

Un travailleur précaire qui vit et travaille au centre-ville de Chicoutimi depuis une décennie 

1. Certaines personnes ne peuvent pas recevoir de dépannage alimentaire par manque de ressources.

2. Patricia Rainville. 10 M$ pour un quartier numérique à Chicoutimi, Le Quotidien

3. Ibid

Une santé à l’échelle humaine : un.e anarchiste vacciné.e opposé.e au passeport vaccinal

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Août 232021
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Traduction de Attaque

Le Québec est en train de mettre en place, pour les prochains jours, un système de passeport vaccinal et l’Ontario va probablement faire de même. Le pass est un document confirmant votre identité et votre statut vaccinal, qu’il faudra présenter pour accéder à de nombreux endroits. Pas un jour ne passe ici sans qu’il y ait une avalanche de lettres ouvertes et de messages sur les réseaux sociaux demandant l’obligation de montrer un pass pour se déplacer en la ville, avec chaque travailleur.euse qui se verrait donc attribuer une fonction de flic.

J’ai été entièrement vacciné.e dès que ça a été possible pour moi et tou.te.s mes proches ont fait pareil. Cependant, je pense que le pass vaccinal est quelque chose d’abject et que ceux/celles qui le recommandent commettent une grave erreur.

Le choix de ma bande de se faire vacciner n’était qu’un des résultats des discussions en cours sur la façon de se rapporter à la santé collective pendant la pandémie. Nous n’avons pas obéi aux mesures de confinement ou aux règles relatives aux rassemblements – nous avons établi nos propres lignes de conduite, sur la base de nos propres considérations éthiques, politiques et pratiques. Nous avons posé une question différente. Parfois, cela nous a conduit.e.s à être plus prudent.e.s que ce que la loi permettait, parfois cela a signifié enfreindre les règles. Nous étions loin d’être les seul.e.s dans ce cas et je sais que mon cercle de proches a bénéficié des discussions d’autres personnes.

La pandémie a été quelque chose d’unique dans notre vie, mais ses défis éthiques ne le sont pas : le contrôle du comportement des autres est un élément central dans la politique démocratique. Le gouvernement nous considère comme une masse de personnes à gérer, en vue de différents objectifs, en particulier le profit et la paix sociale. Ils regardent le monde d’en haut, à travers un prisme de domination et de contrôle – c’est autant le cas pour la pandémie que pour le changement climatique et la pauvreté. Des politiciens et des partis différents auront des priorités différentes et notre possibilité d’agir est réduite à préconiser la façon dont nous voulons être géré.e.s – ou la façon dont nous voulons être géré.e.s par ces autres personnes.

Nous en venons à intérioriser la logique de la domination et à mettre les besoins de l’ordre et de l’économie avant les nôtres. Nous commençons à regarder le monde d’en haut, nous aussi, loin de nos propres expériences, de nos désirs, nos idées, nos valeurs et relations. « C’est ça la guerre sociale : une lutte contre les structures de pouvoir qui nous colonisent et nous entraînent à regarder le monde du point de vue des besoins du pouvoir lui-même, à travers le prisme métaphysique de la domination. »

Dans le contexte de la pandémie, regarder le monde d’en haut signifie comprendre la situation à travers les médias institutionnels (qu’ils s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux), à travers des cartes avec différents couleurs, à travers des zones désignées comme « rouges », à travers les débats politiques, à travers des règles énoncées par des experts (je veux leur connaissance, pas leur autorité). Cela signifie penser à nos propres décisions en termes de ce que tout le monde devrait faire, agir nous-mêmes de la manière dont nous pensons que tout le monde devrait agir. Nos propres priorités disparaissent et la possibilité d’action des autres est perçue comme une menace.

En tant que mesure étatique contre le Covid-19, le passeport vaccinal ressemble aux couvre-feux et aux confinements, aux amendes majorées et aux pouvoirs coercitifs accordés aux règlements administratifs. Il s’agit d’une mesure d’ordre public. Toutes ces restrictions sont censées empêcher le genre de conversations qui ont fait descendre les gens dans la rue, ces derniers mois, pour défendre des campements, pour démolir des statues et rendre hommage aux victimes des pensionnats.

Je veux m’opposer à la domination, mais aussi à ses faux.sses critiques. Certains anarchistes ont pensé développer une critique des réponses autoritaires à la pandémie, mais elles/ils n’ont réussi qu’à être réactionnaires. Encore une fois, ils/elles regardent le monde d’en haut, d’où la seule action collective concevable est celle de l’État. Elles/ils se rabattent sur le discours des droits individuels, mais il n’y a rien d’anarchiste dans une liberté soit découpée en petits morceaux qui nous sont données à la cuillère. Leur analyse devient complètement dépourvue de principes lorsqu’ils/elles commencent à défendre le droit des conservateurs religieux à continuer à tenir leurs cérémonies. Elles/ils sont impliqué.e.s dans le mouvement anti-masque, qui n’a rien à voir avec un choix éthique individuel, mais plutôt avec la négation de l’épidémie de Covid-19. Ils/elles finissent bras dessus, bras dessous avec ceux qui considèrent tout bien commun comme une attaque contre leurs privilèges.

Pour moi, la liberté signifie aussi la responsabilité. C’est un impératif individuel de faire ses propres choix, mais aussi de comprendre que l’on est engagé.e dans un réseau de relations. Il s’agit d’association volontaire, mais aussi de comprendre que nous sommes également engagé.e.s dans des réseaux de relations avec tout le monde (sans oublier tous les êtres vivants, la terre et l’eau). Nous avons des responsabilités envers ces réseaux. Quand nos choix face à la pandémie partent de nous-mêmes et se développent vers l’extérieur, vers les personnes que nous aimons et plus loin encore vers les sociétés dans lesquelles nous vivons, nous ne regardons plus le monde d’en haut, mais à l’échelle humaine.

Cela s’appelle l’autonomie et c’est en soi une menace pour les puissants. Cela signifie organiser nos vies sur des bases radicalement différentes, qui entrent en conflit avec les tentatives des puissants de maintenir l’ordre et l’obéissance.

Un système de passeport vaccinaux est un moyen de réprimer l’autonomie. Je m’en fiche d’aller au restaurant ou à un concert et mon groupe continue d’éviter les foules dans des lieux fermés, même si l’État dit que nous ne sommes plus obligé.e.s de les éviter. Organisons-nous pour éviter la répression et continuer à agir selon nos propres priorités. On se voit dans les rues.

Small is Beautiful : Organisation anarchiste et implantation sociale locale

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Août 092021
 

Du Collectif Emma Goldman

Ce qui suit est un texte de réflexion personnelle d’un militant du collectif. Il ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des membres, mais souhaite avancer certaines réflexions.

Il y a près de sept ans, en 2014, était publié le communiqué officiel annonçant la dissolution de l’Union Communiste Libertaire (UCL). Créé en même temps que sa fondation, en 2008, le Collectif Emma Goldman avait, du Saguenay, consacré beaucoup de son temps et son énergie au projet de fédération dans l’idée de faire prendre de l’expansion au mouvement anarchiste dans la province et en faire rayonner les idées et pratiques au plus grand nombre. L’organisation permettait le développement de campagnes d’actions en unité théorique et pratique qui étaient coconstruites et propagées dans les milieux des différents collectifs (l’UCL en a compté jusqu’à six – Drummondville, Montréal, Québec, Saguenay, Saint-Jérôme et Sherbrooke). Du côté des publications et de la diffusion d’informations, nous produisions le journal Cause Commune (plusieurs milliers d’exemplaires sur papier journal à chaque édition), des revues, des affiches et différentes publications avec une certaine rigueur sur le plan du contenu et des idées. Pour tout organiser, nous nous en remettions au principe du fédéralisme libertaire : les prises de décision se faisaient dans les réunions des collectifs locaux, les décisions étaient relayées par des délégué-e-s aux instances fédérales (d’autres réunions) et aux comités. Il s’agissait d’une forme de démocratie directe. Le temps de gestion, voir ici par exemple tous les déplacements pour des réunions, les longues délibérations sur un peu tout et n’importe quoi, jusqu’aux remises en question sur le graphisme et l’implication dans le secrétariat, était du temps de que les militants et militantes avaient en moins dans leur engagement dans les luttes locales (sans oublier que le nombre d’heures pouvait également précipiter l’épuisement militant). Bien sûr, les outils développés au niveau fédéral étaient d’une grande aide dans le travail local. Mais, sans remettre en cause les principes de fédéralisme libertaire et de démocratie directe, il est tout à fait possible de penser qu’un fonctionnement moins « lourd » (moins énergivore) aurait pu être possible – surtout dans une organisation de moins d’une centaine de membres.

Avec l’expérience acquise au cours des années de l’UCL, le Collectif anarchiste Emma Goldman a continué son chemin en solo à partir de 2014. Bien que nous souhaitions multiplier les collaborations avec d’autres groupes, celles-ci se sont faites plus rares et éphémères – notre condition d’isolement géographique y est sans doute pour beaucoup. En revanche, nous avons pu concentrer l’essentiel de nos efforts et de nos moyens aux luttes sociales du Saguenay-Lac-St-Jean, développer du matériel qui répondait plus directement aux enjeux et cibles de nos milieux et, il faut le dire, passer beaucoup moins de temps en réunion. Travailler en petit groupe a certainement des avantages à ce niveau : la coopération et les décisions se font plus aisément, la recherche de solutions et le règlement des désaccords accaparant moins de temps. Les affiches et journaux que nous avons continué de produire n’ont pas la même qualité que celles de l’UCL, mais elles nous prennent une toute petite fraction du temps qu’elles pouvaient prendre au sein de la fédération.

Tout compte fait, et sans en faire une doctrine, il y a certainement une beauté appréciable dans l’organisation en collectif politique de petite taille. Après tout, il est illusoire de penser que l’implantation sociale de l’anarchisme puisse se réaliser à grande échelle avant qu’elle ne le soit sur le plan local. Les anarchistes ne cherchent pas à prendre le contrôle de mouvements; elles et ils travaillent à la base et leurs pratiques se déploient d’abord à petite échelle avant d’essaimer. Cela n’empêche pas pour autant de développer des liens avec d’autres groupes et de faire appel à eux. Ce modèle d’organisation a, on ne peut le nier, des limites nettes. Il est par exemple beaucoup moins évident qu’un groupe de petite taille isolé reçoive des appuis en cas de répression ou de menaces. Il me semble important de poursuivre les questionnements quant aux formes efficaces que pourraient prendre le développement de liens et d’outils communs avec les camarades de collectifs des autres régions. Comme d’autres, je suis avec attention le travail sur le terrain que font les camarades dans le Kamouraska, sur la Pointe de la Gaspésie, à Sherbrooke, Trois-Pistoles, Gatineau, Hamilton, Québec, Toronto, Montréal, Halifax, etc. et j’y tire, personnellement, l’inspiration pour continuer.

Alan Gilbert

Entretien : Un portrait des luttes sociales et antiautoritaires dans le Bas du Fleuve

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Juin 022021
 

Du Collectif Emma Goldman

Au cours des dernières années, nous avons vu apparaître plusieurs projets intéressants au Bas-du-Fleuve, principalement dans le secteur de Rimouski / Trois-Pistoles, mais pas seulement. Il y a un essaimage libertaire autour de différents projets comme un centre social et une auberge notamment et dans les milieux communautaire et syndical. La chose n’est pas entièrement nouvelle, mais ce regain a suscité plusieurs questions que j’ai voulu adresser à une personne engagée dans les luttes là-bas. Autant dire que l’entretien qui en résulte n’est pas un portrait exhaustif de tous les groupes en présence. Il faut aussi préciser que l’entretien a été réalisé il y a plusieurs mois déjà. L’information demeure à mon avis importante puisque l’existence des militantes sociales et militants sociaux en dehors de la métropole et de la capitale fait l’objet d’un oubli quasi constant.

BCEG : Salut! Peux-tu nous faire un petit portrait des différents groupes militants qui luttent dans le coin de Rimouski et les idées qu’ils portent?

Camarade du Bas du fleuve : Il y a plusieurs groupes mobilisés autour d’enjeux environnementaux dans la région, surtout contre les hydrocarbures (Prospérité sans pétrole, Non à une marée noire dans le Saint-Laurent, Rimouski en transition). Il y a aussi des groupes relativement actifs à l’université (UQAR) : le Comité féministe, le Comité étudiant de Rimouski en environnement (CÈDRE) et le Carrefour international bas-laurentien pour l’engagement social (CIBLES) (antenne uqarienne), qui œuvre en éducation populaire sur les enjeux de justice migratoire. Les actions plus militantes sont souvent menées par des groupes spontanés… Dernièrement, y’a le collectif Églantine qui a vu le jour autour d’une vigie pour Joyce Echaquan. Autour de Rimouski, y’a Le Récif à Rivière Trois-Pistoles qui est en train de mettre sur pied un centre social et qui agit comme lieu de résidence et de brassage d’idées depuis un bout. Au Kamouraska, y’a le collectif La Camarine qui organise des activités interculturelles et de soutien à diverses luttes anti-oppressives. Après, il y a peut-être aussi d’autres groupes que je connais moins, mais dans tous les cas, si ça vous intéresse d’en savoir plus sur les groupes mentionnés ci-haut, ils sont tous retrouvables sur Facebook !

Aussi, je viens de flasher sur Syndic-à-l’Est, qui est un groupe très informel qui s’attarde plus à la réflexion et au soutien à la défense des droits des travailleuses et travailleurs. Dans le milieu communautaire, y’a Action populaire Rimouski-Neigette qui œuvre en défense collective de droits des personnes vivant de la précarité pis le Comité logement de Rimouski-Neigette qui sont plus revendicateurs. Pendant le premier confinement, y’a eu un petit mouvement autour de la grève des loyers avec Solidarité logement – BSL qui voulait inciter les locataires à se parler et se solidariser…

Il n’y a pas de collectif ou groupe organisé autour d’Extinction Rebellion à Rimouski. Dans le fond, il y a eu quelques rencontres de gens pour discuter d’actions et de divers enjeux de la région. La page Facebook (Extinction Rebellion Rimouski), qui existe depuis 2019, sert surtout pour les communications publiques, comme vitrine à des actions / lieux de diffusion anonyme.

BCEG : Quels sont les enjeux porteurs des luttes dans votre secteur?

Camarade du Bas-du-fleuve : Disons que les enjeux environnementaux ont pas mal la cote dans la région, mais les gens autour de cette page (Extinction Rebellion Rimouski) s’attardent peut-être plus aux luttes anti-oppressives (anti-coloniales, anti-racistes, anti-capitalistes) et s’associent plus à une mouvance anarchiste qui voudrait rediffuser le pouvoir dans la population plutôt qu’il soit entre les mains d’une élite politico-économique.

BCEG : Quels sont les freins à ces luttes?

Camarade du Bas-du-fleuve : Les principaux freins sont probablement liés aux communications entre personnes intéressées par des actions militantes… ou du moins dès qu’on parle d’actions un peu plus dérangeantes mettons. Les médias sont souvent ouverts à diffuser nos communiqués de presse, mais évidemment ça soulève toutes sortes de commentaires de la population sur les réseaux sociaux. Par contre, je ne pense pas que ça joue comme un frein. Peut-être qu’il y a un effet d’éparpillement qui serait un frein? Autant territorial que d’enjeux ; comme Rimouski est la « grosse ville » du coin, c’est possible de se mobiliser autour d’enjeux très spécifiques et peut-être perdre en vision plus systémique des enjeux? Et y’a certainement un effet « ne pas vouloir déranger » lié au fait que nous vivons dans un petit milieu et que tout le monde se connait. Mais, cet effet a un aspect positif aussi d’encourager l’acceptation d’idées variées et peut-être encourager le travail ensemble ?

BCEG
 : Qu’est-ce que tu vois comme les plus gros défis qui peuvent se poser à la persistance dans le temps des groupes militants dans votre coin?

Camarade du Bas-du-fleuve : Je dirais que c’est la mobilité des militant.e.s !! Plusieurs personnes vont et viennent dans le Bas-Saint-Laurent, donc la durée du passage est certainement un enjeu. Aussi, plusieurs personnes qui décident de rester le font dans l’optique de mener un projet personnel ou auto-entrepreneurial qui finit par prendre beaucoup de place dans leur vie (par exemple, les projets maraîchers d’auto-suffisance alimentaire ont pas mal la cote chez les militant.e.s du coin).

J’espère que ça répond à tes questions quand même pas pire. Je t’invite vraiment à contacter aussi les différents groupes que j’ai name-droppés si tu veux voir un portrait plus large des mobilisations dans le coin … pis le Réseau libertaire brume noire à Gaspé.

BCEG : Merci pour ce portrait! Ça vaudrait certainement la peine de les rejoindre et surtout d’éventuellement trouver des moyens efficaces de tisser des liens de solidarité entre nos milieux.

Les 4ème et 5ème révolutions industrielles

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Mai 222021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cet article est tiré de la 12e édition du journal anarchiste 325. Nous le traduisons et publions ici en tant que geste de solidarité avec le collectif 325 dont l’infrastructure de contre-information est ciblée par la police britannique, ce qu’il faut comprendre dans le contexte de répression internationale, mais aussi car ce texte propose une analyse très pertinente des développements technologiques qui donnent lieu à de nombreuses conversations et actions ces jours-ci, en les replaçant dans une perspective historique plus large. 

« L’une des caractéristiques de cette quatrième révolution industrielle est qu’elle ne change pas ce que nous faisons, mais c’est nous-même qu’elle change. » — Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du Forum économique mondial, qui a créé le centre pour la quatrième révolution industrielle à San Francisco, aux États-Unis.

Une révolution industrielle est un événement économique, social, philosophique et politique par lequel l’élite s’approprie ce qui est libre – la terre, la nature, les talents, les relations sociales, les compétences et les rêves – pour les reconditionner et les transformer en agents des mécanismes du profit et du pouvoir. Pour ce faire, ses protagonistes privent la majeure partie de la population d’autonomie, d’autodétermination, d’autosuffisance, d’estime de soi, d’entraide, de relations et de liberté.                

Nous avons connu trois révolutions industrielles au cours des 250 dernières années. Nous sommes maintenant entre les griffes des quatrième et cinquième révolutions. Toutes ces révolutions ont été fondamentalement basées sur les industries extractives et la dévastation des écosystèmes.       

La première révolution industrielle advint entre 1760 et 1870 lorsque l’eau et la vapeur ont été utilisés pour mécaniser la production grâce à l’invention de la machine à vapeur, ce qui a aussi eu comme effet la mondialisation et la dé-localisation par le chemin de fer. La première révolution industrielle a rompu le rapport des gens à la nature, inaugurant l’ère des villes.             

La deuxième révolution industrielle eu lieu entre 1870 et 1914 et a ammené l’électricité à l’Occident avec l’acier, le pétrole et le moteur à combustion, permettant la production de masse et l’éradication des industries artisanales.

La troisième révolution industrielle a commencé dans les années 1980 lorsque l’électronique et la technologie de l’information ont automatisé la production et ont commencé à se décentraliser. Au même moment, l’ascension de la révolution numérique a finalement ‘démocratisé’  l’ordinateur personnel et l’Internet, un développement qui a davantage miné la relation déclinante de l’humanité occidentale avec le monde naturel et les uns avec les autres. En tant que citoyens, les personnes sont devenues les parties d’une communauté mondiale au lieu de leur communauté locale qui disparaissait rapidement. La troisième révolution industrielle et la quatrième naissante ont créé la solitude et l’isolement systémique, des problèmes de santé mentale généralisés et une dépendance plus subtile et plus complète au système: lorsque les relations humaines et les réseaux familiaux ne peuvent plus être garantis pour assurer notre survie, nous sommes amenés à croient que le recours à la machine l’est.       

Ces révolutions industrielles successives ont consolidé et approfondi cette rupture non seulement avec le monde naturel pour une grande partie de la population mondiale, désormais urbaine et dépendante des mécanismes de la culture civilisée, mais agrandissent toujours plus le fossé entre les riches et les pauvres.       

L’objectif de la quatrième révolution industrielle (4RI) est la convergence des technologies physiques, biologiques et numériques dans le but d’une nouvelle vision de l’humanité et de la planète. La 4RI, la Cyber-Physique ou l’Industrie 4.0 implique la connectivité de masse, l’intelligence artificielle, la robotique, l’accès aux connaissances via Internet, le stockage de données, les véhicules autonomes, une puissance de traitement d’information massive via la 5G, l’impression 3D, les nanotechnologies, la biotechnologie, la génétique, la bio-impression (fabrication de cellules, d’organes et de parties du corps), la prolongation de la vie, la réalité augmentée, la science des matériaux, le stockage d’énergie, les ordinateurs quantiques et l’Internet des objets tels que les bâtiments intelligents et les villes intelligentes, le blockchain et les crypto-monnaies. Ce sont des technologies ‘perturbatrices’ à tous les niveaux: gouvernance, finance, logistique, société, ontologie humaine. La conformité passe également par le fait que la 4RI fait appel à notre besoin de ‘confort, d’harmonie et de plaisir’. C’est ce qu’on entend par un monde de ‘technologie sans friction’ dans le sens d’un monde technifié.     

Dans ce nouveau monde, la Covid-19 a présenté à la techno-élite la plus grande opportunité: des populations mondiales isolées physiquement les unes des autres, dans certains pays une élimination tacite d’humains qui sont des fardeaux pour un système qui n’aura pas besoin est autorisé, une dépendance totale à la technologie pour communiquer ensemble, pour travailler ou pour se divertir, l’utilisation de ces technologies pour instaurer une surveillance et un comformisme de masse à une échelle jusqu’ici inimaginable et l’expérience et la peur d’une mort imminente inhabituelle à grande échelle. Cela nous a aussi montré certaines réalités: que malgré deux cents ans de ‘progrès’, tout ce qui s’est réellement passé, c’est que les élites ont consolidé leurs propres réserves, que les systèmes de protection sociale ont été pratiquement détruits, que l’humanité-même a été antant ‘découplée’ de la nature qu’en fait nous ne pouvons pas nous soutenir pendant une crise sans le système et que les promesses de l’élite – qu’elles soient politiques, économiques ou technologiques – ne seront jamais tenues.

Si la 4RI est la mise en place des moyens (les nouvelles technologies) que les élites tenteront d’utiliser pour faire face à l’instabilité qui résultera de l’inégalité des ressources, du désastre climatique et de l’ascentionde l’informatique et du pouvoir post-industriel, alors la Cinquième Révolution Industrielle (5RI) commence à ce point où il y a une acceptation massive de ces nouvelles technologies qui convergent à travers nos corps, nos environnements et nos réalités à tel point que le monde des machines est toujours présent, même à l’échelle nanométrique ou jusqu’à la portée humaine la plus éloignée dans l’espace. C’est pourquoi si vous faites une simple recherche sur la 5RI, vous ne trouverez que l’écoblanchiment capitaliste sur le soi-disant ‘développement durable’ et le blablatage marketing d’une techno-utopie prétendant vouloir « améliorer la vie de tous » . C’est parce que les technocrates et les élites ne veulent pas que les vraies réalités de ces développements technologiques soient connues jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard pour faire quoi que ce soit.

On nous dit que le progrès technologique est ‘inévitable’. La 5RI inaugurera des changements conceptuels si énormes concernant la façon dont nous voyons notre corps, la technologie et le ‘monde naturel’ que de nombreuses distinctions commenceront à avoir moins de frontières. Pour les vielles ‘reliques’ que nous sommes, qui considèrent une prothèse comme la résolution d’un handicap, la 4RI fournit la technologie qui, grâce au développement incessant, vise à obtenir des résultats supérieurs au membre d’origine. Le 5RI ne consiste pas seulement à étendre et à affiner les technologies et les incursions de la 4RI, il s’agit de les normaliser, d’amener le public à adopter ces technologies en appliquant leur propagande au plus bas instincts des humains. La 5RI est l’acceptation qu’un membre robot-cybernétique soit supérieur à un membre organique et le fait de désirer davantageun représentant artificiel plutôt qu’unqui soit organique et chaotique. Dans le contexte de cette nouvelle réalité d’artificialisation totale en évolution, alors que la technologie del’intelligence artificielle se miniaturise et intervient dans tout ce qui est à la portée des spécialistes, le résultat de la 4RI est une vision nouvelle de la Terre et une nouvelle ‘humanité’. Une ‘Humanité +’ qui vit dans un monde-prison dépendant de ‘l’énergie verte’ et régulée par des fonctionnaires, des scientifiques et des technocrates par des méthodes comme l’intelligence artificielle, la biotechnologie et la nanotechnologie. Si la 4RI est l’émergence et le développement convergent de ces nouvelles technologies post-industrielles, alors la 5RI résulte de l’accélération du rythme de développement et de l’acceptation massive de ce même complexe techno-industriel. La 5RI se caractérise par une vitesse exponentielle sans précédent (le temps des machines) en opposition autemps linéaire/non-linéaire (temps humain), ce qui signifie que même les concepteurs et les ingénieurs sociaux de ce nouveau monde admettent qu’ils ne peuvent pas contrôler les résultats de ces nouvelles technologies. On tend vers l’émergence de quelque chose d’encore plus horrible que le Skynet fictif de la série Terminator: la singularité technologique.

Ray Kurzweil écrit dans Humanité 2.0 qu’ « il est difficile de penser à quelquonque problème qu’une superintelligence ne pourrait pas résoudre ou du moins nous aider à résoudre. Maladie, pauvreté, destruction de l’environnement, souffrance inutile en tout genre: ce sont des choses qu’une surintelligence équipée la nanotechnologie avancée serait capable d’éliminer. » Il ajoute que « les machines peuvent emmagasiner des ressources de manières qui sont impossibles pour les humains ». En lisant ces déclarations, il est difficile de penser à un problème que nous ne pouvons pas résoudre par notre propre intelligence et l’intelligence de la planète avec des moyens plus simples, de la détermination et un changement de perspective et de comportement. De plus, il est évident que les humains sont tout à fait capables de mettre les ressources en commun, c’est seulement que ceux qui possèdent et profitent de toutes ces ressources les refusent aux autres par la force. Choisir de ne pas changer la situation et ne pas lutter contre le ‘futur’ est une position que la plupart choisiront.

C’est-à-dire qu’après un siècle de progrès technologique et de promesses d’éradiquer la faim dans le monde et la pollution, quelques-uns sont riches à un niveau incompréhensible, tandis que les masses se démènent pour un niveau de vie de base; les avancées médicales et les médicaments communs sont encore rares dans de nombreux pays. On nous donne des babioles pour nous tenir tranquilles: Internet, les smartphones, les applications, les médias sociaux, les jeux-vidéos, les livestreams et les podcasts, d’autres prothèses et d’autres promesses viendront. Les avancées réelles ne seront pas redistribués plus équitablement que la richesse accumulée des révolutions industrielles précédentes. Par contre, c’est nous qui devront probablement endurer ces progrès réels: la surveillance totale dans un avenir sans vie privée, des demandes pour le contrôle total de la pensée, un conformisme total par le conditionnement, la dépendance à la société, le citoyennisme, les systèmes de prestations tels que le revenu (minimum) universel garanti. Si une révolution industrielle ne peut répondre suffisamment aux besoins de l’humanité pour être pleinement acceptée, soit elle éliminera ces besoins ou soit elle s’imposera par la force.

Dans le contexte de la 4RI et de la 5RI, quelles qualités les machines manquent-elles actuellement ; l’empathie, l’amour, l’intimité. Ce sont justement ces qualités qui ont été endommagées chez l’humain par le complexe techno-industriel, que l’on parle de la peur de l’intimité ou des relations à distances développées par l’usage des médias sociaux, du manque d’empathie dont on sait maintenant que ça a été induit par des médicaments tels que le paracétamol et par le poison dans la nourriture et l’eau – afin que la technologie réponde vraiment à nos besoins (maintenant modifiés), des esclaves brutalisés domestiqués à un système mécaniste de matérialisme, de cupidité qui valorise l’intérêt individuel. Cela fait partie de la domination du monde des machines: soigner les handicaps et les maladies incurables signifie la mécanisation du corps; parler du prolongement de la vie signifie le règne des élites à tout jamais.       

Tandis que les prêtres de la technologie s’enthousiasment de la libération de nos corps biologiques – ces prisons biologiques, en téléchargeant notre conscience, réalisant l’immortalité et à la possibilité de considérer nos corps comme de simples combinaisons interchangeables lorsque désiré ou qu’il le faut, ce qui se produit réellement c’est que les corps de la majorité sont en train de se transformer en de litérales prisons par les rares qui bénéficieront des avancées dans la prolongation de la vie et du contrôle des maladies, exactement comme ielles le font en ce moment (les systèmes de santé publique sous-financés sont généralement équipés de vieilles technologies de moins bonne qualité et pour beaucoup, les systèmes de santé publique ne sont pas accessibles du tout). Mais ces nouvelles technologies transhumanistes ne sont pas vouées à libérer tout le monde.

Malgré les mensonges des futuristes, l’implantation de ces technologies élargira le fossé entre inclus et exclus. Des citadelles de puissance se dresseront et seront plus éloignées de la colère de la population que jamais auparavant. Comme le corps devient de la matière première pour un nouveau secteur de bio-science dans un monde où les machines feront la majeur partie du travail, le corps humain deviendra un autre réservoir de capital, dans de nouvelles formes d’exploitation et d’industrie. En fait, ça se produit déjà avec la recherche sur les cellules souches, l’épissage des gènes, le bio-renforcement, les nouveaux produits pharmaceutiques, les prothèses et les bases de données ADN massives. L’individualité privée et souveraine entrera simplement dans une nouvelle sphère d’évaluation, de marchandisation, d’ajustement et de divisions sociales infinis au service du capital, de la bio-surveillance, de la complaisance et des inégalités. Dans la 4RI, la société de consommation s’approfondit et devient plus sombre que le simple fait d’acheter des choses. La finalité de l’industrie 4.0 est de nous ‘découpler’ de nos corps et de notre compréhension de nous-mêmes comme faisant partis de la biosphère et du rythme biologique, de sorte que ceux-ci soient aussi considérés comme achetables, à améliorer et à ‘réparer’, comme un ensemble de pièces mécaniques constamment manipulables et interchangeables qui peuvent toutes être fabriquées et remplacées à un prix et promues comme possédant des qualités supérieures aux pièces biologiques d’origine. Un être artificiel qui, une fois entré dans le temple de la technologie, devient dépendant à tout jamais des produits pharmaceutiques, des chirurgies, de la techno-psychiatrie, des ‘mises à jour’, des appareils et des entreprises qui les maintiennent. L’avenir technologique du corps humain n’est peut-être pas la mort (pour les rares qui peuvent se permettre d’être immortel), mais ce sera un monde morbide, de froid, de faim et sans-vie.

Pendant ce temps, la Terre continue de mourir et les développements technologiques, loin de fournir les solutions promises, la détruisent à une vitesse qui augmente sans cesse, avide de matières, d’électricité et de métaux rares. L’extraction des métaux rares nécessaires à la fabrication des téléphones intelligents cause des dommages incalculables à l’environnement et à la santé humaine.

Baotou, en Mongolie, est un des principaux sites d’extraction de métaux rares et les mines sont entourées de résidus toxiques (déchets miniers), surtout du thorium radioactif. Au Congo, l’extraction de ce minerais rare, le Coltan, est bien connue pour avoir dévasté et causé des dommages incalculables aux territoires, aux communautés humaines et à la faune. La société minière Molycrop en Californie, aime se présenter comme une société minière éthique, mais son extraction de néodyme utilisé pour les aimants de haut-parleur, d’europium servant à créer la couleur dans les écrans d’iPhone et de cérium, utilisé avec le solvant pour polir les écrans, reste du pillage à une échelle insoutenable de matières qui devraient être laissés dans la Terre. Ces mines exigent que des immenses étendues de nature soient ravagées pour leur création. À l’heure actuelle, il n’y a pas d’échappatoire à cette réalité: la technologie dépend de la destruction des écosystèmes, affecte les derniers animaux sauvages et les communautés autochtones, avec des populations humaines civilisées de plus en plus confinées dans des ‘habitats’ technologiques – des mégapoles ‘intelligentes’. Les failles où vivre seront plus petites. Nos réseaux et nos vies individuelles seront surveillés minutieusement avec l’invasion plus intime de notre souveraineté et de notre autonomie. Est-ce plus ou moins terrible que ce l’est pour un paysan forcé de quitter sa terre pour aller s’installer dans une nouvelle ville et travailler à l’usine? Ou bien la lutte que les peuples autochtones ont mené et continuent de mener partout dans le monde? Nous devons essayer de préserver ce que nous pouvons de la nature fragile qui diminue, tout en organisant et en menant des attaques qui n’atteignent pas seulement les infrastructures, mais aussi les symboles et les représentants de l’État, de la technologie et du capital. Nous devons penser et nous préparer maintenant, acquérir les compétences et les moyens dont nous et les autres aurons besoin pour naviguer dans ce nouveau monde et réfléchir à ce que signifie être anarchiste.

Nous devons essayer de limiter les dégâts causés par les civilisations prédatrices, garder la mémoire combative vivante, nous rappeler pourquoi nous nous battons et pour quoi nous luttons. Nous sommes confrontés à rien de moins que la tentative d’effacer la vie sauvage non domestiquée et l’élimination entière de modes de penser et d’être par le biais du conditionnement social, de la répression, de la participation forcée et volontaire. Les structures resteront les mêmes: des inégalité infinis, l’esclavage, les privilèges et les oppressions, l’autoritarisme, la destruction, la médiation et l’aliénation.

Il y aura des failles dans leurs systèmes, il y en a toujours. Donc l’anarchie, la volonté de liberté et la volonté de souveraineté continueront également d’être, émergeant à travers chaque faille et fissure. La continuité de la lutte réside dans les questions de la liberté, de l’autonomie personnelle, de l’esclavage, du contrôle et de la surveillance du plus grand nombre par quelques-uns selon leur agenda.

Ces choses ne changent pas, que l’on parle de le première révolution industrielle ou de la enième.

Cellule de recherche et d’entrainement – N.T.
Publié en janvier 2021 dans le 325 #12

Répression de la contre-information internationale : Déclaration de solidarité de la Croix noire indonésienne

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Mai 112021
 

De la Croix noire indonésienne (WA)

La même chose se produit en Indonésie, où la police encourage toujours davantage le bâillonnement et la répression des médias de contre-information, avec notamment la création d’une « cyber police » ou police des médias sociaux, dont l’un des objectifs est d’isoler la diffusion de l’information, non seulement des réseaux anarchistes, mais aussi d’autres dissident.e.s politiques et de celles et ceux qui ont le courage de critiquer l’État. 

De 2014 à 2019, la police indonésienne a déboursé environ 900 milliards de roupies pour payer des influenceurs sur les réseaux sociaux afin de freiner la propagation et la croissance des médias de contre-information. En 2018, la police indonésienne a commencé à viser de nouveau spécifiquement le mouvement anarchiste en Indonésie, et a produit récemment une déclaration interdisant aux médias de couvrir les violences policières. Cependant, nous n’avons aucun doute que les individus et les groupes qui se concentrent sur la contre-information et les rapports grassroots continueront à exister et à se développer. Face à la gravité de cette situation où l’État, le capitalisme et tous ses outils tentent de forcer le silence et la répression, que ce soit en ligne ou dans le monde physique, ce n’est pas le moment de se taire ni de s’abandonner à la peur.

Les gouvernements de divers pays se servent de l’augmentation continue des cas de Covid-19 à l’échelle internationale  pour élaborer des politiques qui mettent à mal non seulement notre capacité économique, mais aussi nos libertés les plus fondamentales.

Nous pensons que rien n’est totalement sûr et exempt de risques, surtout lorsqu’on gère des sites de contre-information en ligne. Et c’est en fait la raison fondamentale pour laquelle nous devons réagir à cette situation de plus en plus étouffante.

Nous appelons à la solidarité internationale (par tous les moyens possibles) pour nostate, 325, Anarchist Black Cross Berlin, Montréal Contre-info, Northshore Counter-Info, Act For Freedom Now! et les autres sites de contre-information. Solidarité pour chaque prisonnier anarchiste dans tous les coins du monde (Toby Shone, Monica, Franciscoet les autres), envers les mouvements anti-éviction de Bara-Baraya, Pancoran et Pakel, et toutes les formes de lutte pour la libération et l’indépendance.

Il faut bien commencer quelque part, il faut bien commencer un jour, quel meilleur endroit qu’ici ? Quel meilleur moment que maintenant ? -RATM

Croix noire anarchiste (WA) – Indonésie (PALANG HITAM ANARKIS)