Montréal Contre-information
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Blocage d’une compagnie de fracturation

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Août 152017
 

De Sub.media
Cliquez sur cc pour les sous-titres en français

Dimanche le 6 août, un groupe d’autochtones et de colons défenseur.es de la terre ont bloqué l’accès à la foreuse des puits Galt 4, 5 et 6 en Gaspésie sur le territoire Mi’kmaq, terre du 7e District de Gespegawagi, à 20 km de la ville de Gaspé.

Après avoir obtenu du financement du gouvernement du Québec, Junex a annoncé ses plans de débuter une forme non conventionnelle de forage horizontal sur le site de Galt en septembre.

Au cœur de la forêt, les défenseurs de la terre ont érigé une barricade, le « camp de la montagne » et ont appelé d’autres les joindre dans la lutte.

Gary Metallic Sr., le Chef du 7e District de Gespegawagi a appelé à du support et à ce que d’autres gens se joindre au camp : « En tant que membres du Conseil Tribal du District, nous appelons au support de ces Défenseurs et que les gens se rendent sur le site de protestation de Gaspé. En tant que personnes Mi’gmaq, nous avons un devoir et une obligation d’être aussi les défenseurs et les protecteurs de notre territoire Ancestral du District. Nous ne pouvons demeurer silencieux ni tolérer tout forage de pétrole sur notre territoire, qui empoisonnera nos terres, les eaux, la faune et la vie sauvage. »

Madonna Bernard, une défenseure Mi’kmaq de la terre combattant des installations d’entreposage de 100 millions de dollars d’Alton Gas sur son territoire, a aussi déclaré qu’elle appuie les gens qui font le blocage : « J’applaudis et je me place en solidarité avec leur prise de position contre Junex. Notre bataille est la même contre Alton Gas ici au district de Sipekne’katik en Nouvelle-Écosse. Les traités ont préséance sur toutes les autres lois au soi-disant « canada » et il est temps pour toutes les nations autochtones et leurs alliés sur l’Île Tortue de joindre leurs forces et de s’unir contre la corporation du canada pour protéger l’environnement et les générations futures. »

Le camp de la rivière a été érigé en support avec l’occupation, au pied de la route d’accès près de la 198.

Après plusieurs jours de harcèlement policier, la SQ a réussi à démanteler le blocage du camp de la montagne et à arrêter une personne.

Un second camp a été construit au pied de la route d’accès près de la route 198. Le camp de la Rivière est déterminé à continuer la lutte contre l’extraction de ressources et l’expansion coloniale.

Cette lutte qui est toujours en cours a un besoin urgent de support et de solidarité. Du support monétaire est particulièrement demandé pour le camp de la rivière et des fonds légaux sont immédiatement nécessaires. Dans les jours à venir du support matériel et physique est nécessaire. Le camp de la rivière continue à accueillir les défendeur.es de la terre.

Allez voir ces pages Facebook pour des mises à jours :

Camp de la rivière – Galt-Junex
Stop Alton Gas

Gary Metallic Sr., Chef du 7e District, Gespegawagi, lance un appel à venir supporter le blocage

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Août 152017
 

Traduction de l’anglais par MTL Contre-info

Le Conseil Tribal de notre 7e district supporte entièrement les défenseurs du site de protestation contre Junex Galt près de Gaspé.

Nous avons été en communication directe avec les défendeurs dans les derniers jours et, hier soir, ils ont été présents à notre conseil tribal de District à Listuguj, demandant notre support dans la protection de nos terres de District, les eaux, la faune et la vie sauvage.

En tant que membres du Conseil Tribal du District, nous appelons au support de ces Défenseurs et que les gens se rendent sur le site de protestation de Gaspé. En tant que personnes Mi’gmaq, nous avons un devoir et une obligation d’être aussi les défenseurs et les protecteurs de notre territoire Ancestral du District. Nous ne pouvons demeurer silencieux ni tolérer tout forage de pétrole sur notre territoire, qui empoisonnera nos terres, les eaux, la faune et la vie sauvage.

Nous vous demandons de nous rejoindre ce samedi au camp de support des défenseurs (le camp de la rivière) où nous avons invité nos gens à partager avec eux un repas qu’ils auront préparé pour former et consolider notre alliance avec eux pour défendre nos terres et nos ressources des dommages que causent le forage de pétrole par Junex.

Vôtre,
Gary Metallic Sr., Chef du 7e District, Gespegawagi, et les sous chefs et les membres de la famille des Surveillants du Conseil Tribal de Listuguj

 

Pour obtenir des directions et des mises à jour, allez voir la page Camp de la Rivière – Galt – Junex

Déclaration de support pour la Défense de la Terre en Gaspésie

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Août 142017
 

Traduction de l’anglais par MTL Contre-info

Moi, Madonna Bernard, en tant que Mi’kmaq du territoire Unamaki et en tant que protectrice de la terre et de l’eau, je me positionne en solidarité avec les gens de la Gaspésie qui résistent à Junex pour l’empêcher de forer du pétrole sur le territoire Mik’maq, terre du 7e district de Gespegawagi.

Nous supporterons tous.tes défendeur.euses de la Terre Mère. En tant que peuples autochtones, protéger la Terre Mère est notre devoir et notre droit inhérent. Nous ne laisserons pas le système des AANC (Affaires Autochtones et du Nord du Canada) et le gouvernement protéger l’environnement parce que c’est un système corrompu. Faire de l’argent est leur seul objectif, peu importe le prix que paieront l’environnement et les générations futures.

Alors j’applaudis et je me place en solidarité avec leur prise de position contre Junex. Notre bataille est la même contre Alton Gas ici au district de Sipekne’katik en Nouvelle-Écosse. Les traités ont préséance sur toutes les autres lois au soi-disant « canada » et il est temps pour toutes les nations autochtones et leurs alliés sur l’Île Tortue de joindre leurs forces et de s’unir contre la corporation du canada pour protéger l’environnement et les générations futures. Le système AANC a été mis en place pour pouvoir se débarrasser du « problème autochtone » et plusieurs de nos gens sont si colonisés à croire au système que nous sommes en train d’être assimilé.es à la société normale.

Le chef AANC ici, dans ce district, supporte Alton Gas, et le KMK (ceuzes qui sont soi-disant en charge de nos droits Mi’kmaqs) a donné la permission à cette compagnie d’aller de l’avant, mais en tant que personnes autochtones grassroot nous n’avons pas donné notre consentement au KMK (Kwilmu’kw Maw-klusuaqn – Mi’kmaq Rights Initiative) pour gérer nos droits intrinsèques et à conclure des ententes en catimini et filtrer l’argent pour que les chefs AANC signent des contrats qui cèdent nos droits. Nos traités protègent TOUTES les personnes, l’eau, la terre, l’air et les animaux pour qu’ils s’épanouissent et vivent ensemble dans la Paix, l’Harmonie et en équilibre les un.es avec les autres.

URGENCE: Appel à la Solidarité!

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Août 112017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Depuis lundi, nous bloquons la route qui mène aux sites d’exploration pétrolèire Galt 4, 5, et 6 de la compagnie Junex. Nous sommes une multiplicité de personnes anonymes et autonomies mettant tout notre coeur à défendre l’eau, la terre et l’air.

Un second camp a été créé en bas de la montagne, près de la rivière petite fourche, à la jonction de la 198. Nous avons un urgent besoin de support! Rejoignez nous en grand nombre le plus rapidement possible! La police pourrait intervenir à tout instant. Le maintien du blocage que vous apportez.

Nous avons aussi besoin de nourriture de matériel et d’argent.

Faites circuler l’information et la révolte!

Non aux hydrocarbures en territoire Mi’gmak et partout ailleurs!

Blocage Galt (GASPESIE): Appel a l’action!

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Août 072017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Sur un territoire Migmaq non-cédé, loin de nos barricades, nous voyons la riviere qui coule dans la majestueuse Baie de Gaspe. A plus grande distance, nous voyons la foret infinie qui est devorée pièce par pièce par l’industrie coloniale. L’appat du gain nous a conduit a extraire des hydrocarbures des sous-sols.

Depuis hier, nous blockons et occupons afin de réaffirmer la souverainete Migmaq sur les propriétés illegitimes de Junex. Sur la route des projet Galt, situes entre Gaspé et Murdochville, nous avons organisé un blocage et un camp comme acte de solidarité envers les protecteur.trice.s des territoires et de l’eau de l’Ile de la Tortue.

Parce que nous somme contre l’extraction du pétrole dans son systeme de reproduction de la violence coloniale. Parce que nous refusons de laisser Junex explorer, fracturer, stimuler, injecter ou utiliser quelquonque modes afin d’extraire ses ressources. Parce que le pari catastrophique de Junex met a risque l’entiereté de ce territoire, notre camp durera aussi long que nécessaire afin que ses projets violents demeurent bloqués pour toujours.

Au cotés des protecteur.trices des territoires et de l’eau qui contribuent a réoccuper cette parcelle du territoire Migmaq volé, nous lancons un appel a joindre notre groupe de défense contre cet assault. Nous sommes nombreux, mais nous avons besoin de davantage de support pour parvenir a protéger les territoires et l’eau menacée de ce projet subventionné par l’Etat.

C’est dans ses mesures qu’un feu sacre migmaq sera allumé afin de signifier l’unicite du front de lutte contre la violence coloniale des industries et afin de reaffirmer l’autodetermination des autochtones sur des territoires occupes. Nous invitons les protecteur.trice.s des territoires et de l’eau, les warriors et les allié.e.s allochtones a se joindre dans cette lutte commune. Contre la négation de la violence contre les territoires, l’eau et les communautées autochtones, nous nous tenons debouts et nous ne seront pas défait.e.s.

Vous pouvez vous joindre a nous sur les barricades ou bien prendre des initiatives paralleles afin de supporter le blocage et le camp. Des détails plus précis sur le lieu du blocage suiveront : on peut vous dire que c’est sur la 198 entre Gaspé et Murdochville, a 20 km de Gaspé. Partagez!

Des bannières de célébration du 150e du Canada détruites sur le pont Mercier

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Juil 102017
 

Près d’une semaine après que les nouvelles bannières célébrant le “Canada 150” aient été installées sur le pont Mercier, plusieurs avaient déjà été réduites en lambeaux.

Bien joué, les vandales!

Une installation du Canada150 recouverte de peinture à Montréal… et une proposition

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Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le vendredi 16 juin, des anarchistes ont vandalisé une installation faisant la promotion du 150e anniversaire du Canada – célébrant l’assassinat de personnes autochtones et le vol de leurs terres (entre autres). Un immense panneau d’affichage “Canada150” se trouvant au-dessus d’un stand d’information de Parcs Canada, a été couvert de peinture noire, alors qu’étaient collés à proximité des posters anti-coloniaux sur une affiche commémorant Sir Wilfred Laurier.

Le lieu choisi se situe près de deux destinations touristiques importantes, le Canal Lachine et le Marché Atwater. Le timing des actions a été prévu afin que les foules du week-end ne ratent pas la redécoration. Samedi après-midi, la peinture n’avait pas été nettoyée.

Nous avons été inspiré.es par les appels ayant largement circulés dans les derniers mois qui invitaient à perturber le Canada150, la célébration du génocide autochtone. En tant que personnes vivant dans des villes canadiennes et désirant saboter la machinerie économique, politique et symbolique de l’état colonial, nous encourageaons une attaque diversifié contre Canada150.

Des actions subversives et hautement visibles contre les installations de Canada150, aussi bien qu’avec les statues et les monuments, peut perturber le narratif officiel soulignant l’unité d’un pays diversifié dont la célébration est méritée. Ici, à Montréal, où le 375e anniversaire de la ville est célébré en tandem avec Canada150, nous pouvons trouver des opportunités de faire une pierre deux coups.

Les cibles sont partout puisque la colonisation mobilise toutes les facettes du capital et du pouvoir de l’État canadien. Vendredi, par exemple, la propriété de Parc Canada – une agence fédérale qui semble innofensive au premier abord – a été endommagée. La plupart des parcs du Canada se trouvent sur des territoires autochtones traditionnels. La conversion de ces territoires en parcs provinciaux et fédéraux est un facteur important l’histoire du génocide des autochtones par le Canada et pour le projet canadien actuel. Ces zones, autrefois des maisons, des territoires de chasse et des territoires de cueillette à partir desquels les gens pouvaient subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs familles, ont été transformés en parcs gérés de manière très spécifique par l’état. Ce n’est pas une coïncidence que les premiers parcs nationaux aient été établis lors de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique et à la toute fin de la rébellion Métisse.

Des actions directes ciblant des infrastructures difficiles à défendre (même dans et autour de zones urbaines) comme des autoroutes, des chemins de fer et des pipelines, peuvent avoir un impact direct sur les revenus des gouvernements et des profiteurs corporatifs coloniaux. Cela brise le contrôle social dont la gouvernance coloniale dépend. Ces attaques bâtissent des savoir-faires, de la confiance, et une capacité collective qui est inestimable dans les temps où l’action collective est intensifiée.

À travers l’action, nous bâtissons des réseaux de solidarité matérielle effective avec les luttes autochtones qui se trouvent en première ligne. Ceuzes d’entre nous qui sommes dans les villes avons accès à du financement substantiel et à d’autres ressources pouvant aider des personnes autochtones défendant leurs terres à acheter des fournitures vitales, à payer du transport et à assurer les frais légaux. Nous pouvons nous organiser pour nous présenter lorsque nous sommes invité.es par des autochtones à des actions pour protéger la terre, en nombres utiles et avec des contributions pertinentes. Lorsque nous, les colonisateurs.trices, nous engageons à fournir de tels efforts, nous devons aller au-delà d’un cadre d’allié et comprendre les raisons qui nous sont propres et qui nous poussent à participer à des projets anticoloniaux et anticapitalistes, en reconnaissant qu’une lutte anticoloniale est inséparable de la nôtre.

Nous sommes dévoués aux projets qui continueront jusqu’en 2018, pour renforcer la résistance contre le Canada au-delà de ces honteux 12 mois d’auto-promotion coloniale exacerbée.

Fuck le 150e, fuck le Canada!


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Fuck le Canada : de la peinture aux couleurs de l’anarchie verte est lancée sur les trains VIA Rail célébrant le génocide colonial

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Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À travers les territoires du soi-disant Canada, l’héritage génocidaire de la civilisation coloniale est célébré par les politiciens, les flics, les capitalistes et les lécheurs de bottes et, ce, pour une année entière remplie de spectacles grotesques. Avec des avions de chasse aux couleurs du drapeau canadien, des concerts et des défilés ainsi que des publicités sur les trains de passagers de VIA Rail, le Canada essaye de blanchir 150 années de violence coloniale.

Pour nous, il n’y a rien à célébrer dans la campagne génocidaire contre les peuples autochtones, dans la dévastation écologique ou dans la mise en place d’un État qui réprime la férocité de nos désirs et nous dérobe de notre capacité à vivre librement. Ce que nous désirons célébrer, c’est plutôt la résistance des peuples autochtones à travers l’île Tortue: des peuples Gitwilgyoots qui résistent à la construction d’un immense terminal de gaz naturel liquéfié sur leur territoires à la résistance des Mi’kmaq contre fracturation sur leurs territoires.

Plus tôt ce matin, nous avons sali la propagande du 150e canadien décorant les flancs d’un train VIA Rail en partance de Tio’Tia:Ke (“Montréal”) vers Gichi Kiiwenging (“Toronto”). Nous désirions célébrer à l’avance un 1er juillet anti-colonial, parce que c’est tous les jours que le colonialisme existe. En novembre dernier, le même chemin de fer avait été bloqué en solidarité avec Standing Rock.

Les infrastructures férroviaires a joué un rôle important dans l’établissement de la société coloniale bâtie sur les corps morts d’autochtones et d’immigrants – l’expansion coloniale était contingente à la construction des chemins de fer pour le transport de trouves et la transformation de “ressources naturelles” en marchandises pour l’exploitation humaine.

À travers les territoires dominés par l’état canadieu, cette infrastructure continue à jouer un rôle de maintien important pour l’économie capitaliste. Lors de l’insurrection d’Oka se sont propagées des actions de solidarité à travers le territoire du soi-disant Canada: barrages de routes et de chemins de fer, et sabotages de chemins de fer et des lignes de transport d’électricité. Ces actions de solidarité on fait véritablement craindre l’économie canadienne et ses politiciens alors qu’ils tentaient d’écraser cette insurgence autochtone.

C’est avec de la peinture vert et du noir que nous avons couvert le train – les couleurs d’un anarchisme contre la civilisation et la domestication. Nous sommes des anarchistes colonisateurs.trices inspiré.es par les luttes autochtones qui visent à affirmer leur autonomie par tous les moyens nécessaires. Et dans les temps à venir qui seront ceux de la résistance aux pipelines et aux incursions territoriales, nous espérons que nos gestes de solidarité seront ressentis de manière significative et percutante. Affaiblir le pouvoir de l’état Canadien, et le détruire complètement, est un but que nous avons en commun avec bien des luttes autochtones. Si nous désirons être capables de choisir la manière dont on vit, créer les relations sociales qu’on désire, et être libérés des policiers, des patrons, des politiciens et de toute autorité, nous voyons la destruction de l’État, du capitalisme et de la civilisation comme la seule option.

Fuck le Canada! Solidarité avec ceuzes qui résistent et se révoltent!

P.S.: Nous avons utilisé des extincteurs remplis de peinture. Si vous êtes intéressé.es à les essayer vous-mêmes, regardez ce vidéo d’instruction.


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Une campagne de graffitis: 375+150 = Bullshit!

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Juin 302017
 

Montréal est recouvert d’images et de graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et pour la justice migrante

De Le Collectif No Borders

Cette semaine, entre les démonstrations nationalistes du 24 juin (fête du Québec) et du 1er juillet (fête du Canada), un groupe appellé Le Collectif Sans Frontières à Montréal a recouvert diverses parties de la ville avec des images et des graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et de justice pour les migrants.

Voici quelques-uns des messages partagés sur les graffitis et les affiches :
375+150 = Bullshit
Construisons une ville sans frontières
Arrêtez les déportations
Open The Borders
Refugees Welcome
Réfugié-e-s bienvenu-e-s
Ils construisent des murs, nous bâtissons des ponts
Ni Canada, Ni Québec. Fuck le 150e
Ni Québec, ni Canada.
Quebec, Canada … same shit, different piles.
Canada 150: Fake News

Parmi les images, un drapeau canadien en feu.

« de 2 »

Cette action a été prise dans l’esprit de la résistance anticoloniale, le soutien aux luttes antiracistes et antifascistes, ainsi que la solidarité avec la justice pour migrants, ainsi que pour faire de Montréal une ville et société solidaire. Le Collectif Sans Frontières s’engage également à reprendre les espaces de la propagande capitaliste, coloniale et nationaliste.

Différentes peintures et images sont apparues à divers endroits à Montréal, y compris (non exhaustive), dans les quartiers de Côte-des-Neiges, Parc-Extension, Marché Jean-Talon, Villeray, St-Michel, Rosemont, Petite-Patrie, le Mile-End, Plateau Mont-Royal, St-Henri, Pointe-St-Charles et au centre-ville de Montréal.

Nous avons inclus ci-dessous différents liens offrant plus d’informations et qui contextualisent les luttes anticoloniales, antiracistes, antifascistes et de justice pour migrants, mais aucun des groupes affiliés aux liens ci-dessous ne participe directement ou indirectement à cette action. Les liens de photos incluent également les images de peintures d’origine, afin d’encourager d’autres à Montréal, et au-delà, à redécorer les rues et espaces de leurs communautés. Nous encourageons tous vos efforts de redécoration et vous invitons à partager vos photos avec nous.

Au plaisir de vous voir dans les rues !
— Le Collectif No Borders (lecollectifnoborders@gmail.com)

Décoloniser Canada 150

NonAuCanada.Info

Warrior Publications

Canada 150 banners destroyed on Mercier Bridge

Canada150 Installation Defaced in Montreal, and a Proposal

150e, 375e : vive les rebelles!

Fascism & Anti-Fascism: A Decolonial Perspective

Anti-Canada 150 Poster Pack

Déclaration pour une Cité sans frontières

Community Alert: Montreal is NOT a Sanctuary City

 

Qu’est-ce que c’est qu’un Justin Trudeau? Sur le nationalisme canadien et la paix sociale

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Juin 292017
 

De NonAuCanada.info

Comme la plupart de gens, la politique canadienne ne m’intéresse pas vraiment. Ceci est vrai même pour celleux d’entre nous qui habitent le territoire contrôlé par l’Etat canadien. Surtout de ces jours, avec un clown maléfique à la tête du gouvernement américain, les yeux des gens au Canada sont plus ou moins rivés sur l’autre côté de la frontière. Aux rares moments où on pense un peu au Canada, c’est souvent juste pour faire les louanges d’un icône politique qui suscite la jalousie des progressistes du monde entier – Justin Trudeau.

On prend de petites pauses dans notre fixation sur la comédie Trump pour se sentir vaguement soulagés-es de voir un beau jeune homme marchant dans le défilé de la fierté gay ou de le voir faire des amis avec des réfugiés ou que la moitié de son cabinet sont des femmes.


Mais qu’est-ce que c’est, un Justin Trudeau? Quel est son rôle dans le projet capitaliste et colonial canadien? Quel est son rapport aux dix ans de gouvernement conservateur qui l’ont précédé? Et qu’est-ce que ça veut dire de s’opposer à un état mené par une telle personnalité politique?

Comme je viens de dire, je ne fais pas attention au Canada. Mais de la manière dont je vois les choses, la politique canadienne est définie par trois éléments: la comparaison favorable aux États-Unis, l’extraction de ressources (c’est-à-dire l’expansion coloniale) et les relations fédérales-provinciales. Commençons par jeter un coup d’oeil sur les derniers gouvernements à travers ce prisme.

Les prédécesseurs de Trudeau

Pour un petit survol des deux ou trois derniers gouvernements canadiens, pendant douze ans le parti Libéral de Chrétien/Martin a été construit autour d’accords de libre-échange néolibéraux. Ces accords ont permit une accélération de l’extraction des ressources au Canada pour un marché global et ont déchainé les sociétés extractives canadiennes sur tous les coins du monde. Chrétien et Martin ont équilibré le buget avec moins de compression de programmes que chez le gouvernement Clinton pendant la même période et ont évité la guerre en Iraq: ce qui voulait dire, pour nous autres avec les yeux fixés en permanence sur le spectacle américain, que Chrétien n’était pas si mauvais que ça (alors même que les gens combattaient le Zone de libre-échange des amériques dans les rues de Québec en 2001).

Ces mêmes industries extractives libérées par les Libéraux ont apporté les Conservateurs de Harper au pouvoir, surtout l’industrie pétrolière des sables bitumineuses en Alberta, suite à la fusion des deux partis de droite et la victoire dans leur sein des éléments les plus conservateurs. Il a redéfini le rapport entre les provinces et le gouvernement fédéral en réduisant des programmes fédéraux que les provinces ont souvent dû financer. La plupart du règne de Harper a eu lieu pendant les années Obama, ce qui voulait dire qu’il lui manquait la cruciale comparaison favorable avec les ÉU (quoique le Canada ait largement évité la crise économique de 2008, situation pour laquelle le gouvernement Harper s’est attribué le mérite).

Pendant les dix années où régnait Harper, une résistance de plus en plus puissante et bien organisée est sortie contre lui, poussée en avant par les nations autochtones à travers le pays qui ont organisé à une échelle impressionnante. Cette résistance était aussi caractérisée par la multiplication de liens entre les résistants-es autochtones, qui ont développé leurs habilités au cours de plusieurs réclamations de terres et la poursuite d’une autonomie territoriale au fil des décennies précédantes, et des colons anarchistes et d’autres de la gauche anticapitaliste (a preciser).

Notamment, cette résistance a pu empecher que l’huile des sables bitumineuses puissent atteindre un port par oléoduc, ce qui constituait une victoire majeure pour la résistance et un coup grave à la crédibilité du gouvernement Harper. L’identité nationale canadienne comme cela a existé depuis les années soixante-dix s’oppose à la base à la politique antagoniste menée par Harper et ses positions sur les questions sociales ainsi que son militarisme, son nationalisme et sa xénophobie. Des gens étaient prêts à regarder ailleurs pendant un temps au nom de la nécessité économique, mais cela a galvanisé de plus en plus de résistance lorsque Harper cherchait à mettre en oeuvre une politique de conservatisme sociale vers la fin de son mandat. Plusieurs gouvernements provinciaux ont aussi basculé à gauche pendant ces années, notamment la Colombie-Britannique, l’Alberta et (un peu) l’Ontario, en partie en réponse aux coûts associés aux programmes que Harper leur a abandonné, mais également pour récupérer la colère populaire.

Paix sociale, pour l’économie

Un regard sur ces deux gouvernements récents nous permet de mieux comprendre la mission de Trudeau. Le gouvernement Harper n’a pas pu aller aussi loin qu’il aurait voulu avec l’expansion des projets d’extraction de ressources car il n’a pas pu assurer les deux autres jambes du tabouret de la politique canadienne: la pression sur les provinces suite au replie du gouvernement fédéral et l’image de régression sociale par rapport aux É-U ont provoqué trop d’opposition. À la base, le mandat de Trudeau est de produire une paix sociale suffisante pour permettre une expansion infrastructurelle. C’est surtout important pour lui de construire cette paix avec les nations autochtones, où l’opposition tend à être plus engagé, expérimenté et capable d’agir dans des zones critiques loin des villes (car le Canada est hyper grand et moi et la plupart des autres anarchistes habitent une poignée de grandes zones urbanisées tout près de la frontière, loin des industries extractives tout-importantes).

Malgré son geste symbolique de s’excuser pour les écoles résidentielles[1. Les écoles résidentielles étaient établies un peu partout sur le territoire canadien à partir de la fin des années 1800 et le dernier n’a fermé ses portes qu’en 1996. Ces programmes ont vu des enfants de communautés autochtones (qui avaient d’habitude déjà été déposédées de leurs territoires traditionelles et envoyées sur des réserves) enlevés de leurs familles sans leur consentiment et déplacées près des zones urbaines où ils étaient interdits de parler leur langue ou d’engager dans des pratiques culturelles. L’essentiel de leur éducation s’agissaient de produire des travailleurs-euses manuels-lles obédients-es. Le nombre de morts provoquées par par les écoles résidentielles n’est pas connu à cause de la pratique d’enterrrement dans des fossées communes anonymes, mais au plus bas il est évalué à environ 10 000 morts et plusieurs écoles ont maintenu un taux de mortalité de 50% pendant des décénnies. Que les écoles s’engageaient activement à éliminer les cultures autochtones leur ont valu l’étiquette de pratique de génocide culturelle.] et le lancement d’une enquête, Harper a vu paraitre le spectre d’une insurrection autochtone pendant ses années au gouvernement. Cela est peut-être le risque le plus important auquel l’État canadien doit faire face et ça fait que les investissements infrastructurels paraissent moins sûrs, car l’Etat n’est pas en position de faire avancer les projets. Le rôle de Trudeau est avant tout la contre-insurrection – diviser, pacifier et fragiliser la solidarité afin d’isoler les éléments de la résistance qui refuseront tout compromis mais qui pourraient être vaincus.

Difficile d’exagérer le niveau de bonne volonté dont a jouit Trudeau cette dernière année pendant qu’il mettait en oeuvre son programme. Plus haut, j’ai dit que la définition de l’identité canadienne date des années 1970 – en effet, cela est largement dû au père de Justin, Pierre Elliot Trudeau, un des premiers ministres canadiens les plus influents. Justin Trudeau cherche à récréer cette identité culturelle canadienne positive pour, d’un côté, pacifier la résistance aux projets importants et de l’autre d’implanter une certaine forme de politique libérale (Libéral) parmi les habitants du territoire canadien, surtout parmi celleux qui sont arrivés-es plus récemment.

L’invention de l’identité canadienne

Tout nationalisme a pour base des mensonges et des récits imaginaires, mais au Canada, ceci est bien plus évident qu’ailleurs. On peut dire que l’identité canadienne était créée à partir de rien dans les années soixante et soixante-dix. Le Canada n’avait pas de drapeau avant 1965, on chantait « Que Dieu garde la reine / God Save the Queen » au lieu de « Oh Canada » jusqu’en 1980, il n’y avait pas de littérature ou musique canadienne à proprement parler (il existait de formes musicales régionales, mais l’identité littéraire et culturelle était surtout celle du Commonwealth Britannique). Le Canada s’est battu en rang avec l’Angleterre pendant les guerres mondiales mais n’avait pas de politique étrangère indépendante. Et il n’existe pas de cuisine canadienne à part quelques trucs volés des nations autochtones (le sirop d’érable) et quelques plats de pauvreté venus de Québec (la poutine).

Le Canada n’est qu’un vide, un effacement. Tout ce que signifiait le mot « Canada » jusqu’aux années soixante était la lente et méthodique génocide contre les peuples et cultures autochtones et l’exportation de ressources. Le projet de Canada se résumait à ça – et il s’y résume toujours, bien que Pierre Trudeau et son prédécesseur immédiat Lester B Pearson, également du Parti libéral, ont tenté de l’embellir.

Premier ministre de 1968 à 1979, Trudeau le premier a injecté beaucoup d’argent dans les arts et la culture pour produire une génération d’écrivains, de musiciens et d’artistes qui, diffusés par des médias d’Etat élargis, ont créé une idée de ce que ça veut dire d’être canadien. En ceci, il a pu s’appuyer sur des institutions telles que l’Office national de film du Canada (qui a vu largement croître ses opérations à la fin des années 60 pour que la culture officielle parvienne aux périphéries canadiennes) et le Conseil des arts du Canada (qui a géré une augmentation importante de financement destinée aux artistes pour la production de contenu à thème canadien au long des années Trudeau). La production de cette nouvelle identité canadienne était toujours aussi liée aux réssources naturelles (pensons à Gordon Lightfoot et ses chansons nostalgiques sur les paysages sauvages et vides ouverts par la voie ferrée), mais souvent présentée comme une appréciation d’une beauté naturelle vierge (la canonisation du Groupe des sept et d’Emily Carr).

À l’époque, ces investissements culturels avaient comme but de réduire le malaise régional contre une élite anglophone en Ontario qui paraissait souvent déphasée par rapport au reste du pays. La Loi sur les langues officielles de 1969 était la pierre angulaire législative d’une identité nationale fondée sur deux peuples, les français et les anglais, qui cherchait à mieux intégrer les francophones, surtout les québecois, dans l’identité canadienne tandis que la Révolution tranquille atteignait son sommet. C’était ça la carotte, mais Trudeau a également montré qu’il était prêt à se servir du bâton, car l’invocation de la Loi sur les mesures de guerre en 1970 qui ciblaient les nationalistes québecois et les communistes était l’arrestation de masse la plus conséquente de l’histoire canadienne jusqu’au sommet du G20 en 2010. Simultanément, Trudeau le premier voulait encadrer l’identité nationale qu’il s’affairait à produire comme étant en quelque sort « progressiste », ce qu’il a pu faire en s’opposant à la Guerre de Vietnam et en accueillant des milliers d’objecteurs de conscience américains, geste qui se reposait sur le changement d’image éffectué par Pearson (où l’armée canadienne est devenue une force de maintien de la paix) et en faisant évoluer les idées sur la race et l’immigration.

Elles étaient également les années de l’assurance santé universel (programme introduit par Pearson et mis en oeuvre par Trudeau) et l’élargissement massif des programmes de l’assurance emploi et soutien de revenu, tous les trois administrés par les provinces avec des sous du gouvernement fédéral. Les politiques redistributives de ce genre font donc partie intégrante de cette version de l’identité canadienne, ce qui voulait dire que les menaces de Harper contre l’assurance santé universal (en ouvrant la porte aux assureurs privés) et les importantes réductions budgétaires et le sous-financement de la sécurité sociale par les gouvernements Chrétien/Martin et Harper présentent à Justin la possibilité de se faire leur défenseur.

Au Québec, cette époque n’était pas entièrement la même et elle mérite sa propre analyse, ce que je n’essayerai pas ici. La renaissance culturelle francophone de cette époque mettait en avant une identité québecoise distincte, mais elle jouait sur beaucoup des mêmes thématiques et valeurs qu’au Canada anglophone et son rôle, de produire un sentiment d’unité autour des projets d’expansion coloniale, était quasiment le même.

Et l'(im)migration?

En 1971, Pierre Trudeau a également déclaré que le Canada adoptera une politique multiculturelle, ce qui rendait officielle qu’une partie de l’identité canadienne consistait d’accueillir d’autres pratiques cultures sur le territoire sans exiger leur assimilation aux normes dominantes (bien que la Loi sur le multiculturalisme ne soit signé qu’en 1988, grand nombre de ses éléments clés datent de l’époque Trudeau). Le bilinguilisme et la tolérance, les deux codifiés en loi, restent de bases importantes de l’image que souhaite projeter le Canada. Pendant cette période, le Canada a enlevé son interdiction de l’immigration non-européenne (la fin des années soixantes) et a partir de 1971 la majorité des immigrants qui s’installaient au Canada étaient d’origine non-européenne. Cependant, ils n’ont fait que remplacer une politique d’immigration ouvertement raciste par une axée plutôt sur la classe – la grille des points[2. La grille des points est utilisé par l’État pour choisir qui pourrait immigrer au Canada. Elle octroie des points à aux individus largement sur la base de traits fortement liés à sa position de classe, dont la richesse, l’immobilier, le niveau d’études, que leurs abilités soient jugés utiles et qu’ils-elles aient un emploi, et leur capacités linquistiques en anglais ou en français.].

La géographie du Canada lui permet un contrôle unique sur ses frontières et lui permet de sélectionner ses migrants. Le Canada, davantage peut-être que n’importe quel autre pays du monde, courtise les classes supérieures mondiales en les incitant à immigrer (un exemple connu serait les billions de dollars apportés par les immigrants venus de Hong Kong avant la réunification de l’île à la Chine). Des personnes considérées comme moins désirables seraient peut-être admises, mais se voient souvent assigner à une précarité à long terme par moyen de programmes tels que le statut de travailleur-euse étranger-ère temporaire et le système de visa, ainsi que par des purges fréquentes (comme celle qui ciblait la communauté Rom vers 2012). En 1978, le gouvernement Trudeau a formellement inscrit l’accueil des réfugiés dans la politique d’immigration canadienne et l’image du Canada comme réfuge sûr est également un élément important de l’identité canadienne positive de cette époque. Mais cette réputation de sanctuaire est très exagérée – plus de la moitié des migrants admis au Canada le sont pour des raisons économiques et puis encore un quart pour réunification familiale. Il n’y a qu’un part infime de l’immigration au Canada réservé pour les réfugiés, qui sont presque tous sélectionnés soigneusement à l’extérieur du pays.

Cette sélectivité et la politique de multiculturalisme sont souvent crédités pour le rapport moins conflictuel du Canada avec l’immigration, par rapport à des pays comme la France ou les États-Unis. Mais dans un contexte comme celui de Toronto, où plus de la moitié des résidents sont nés à l’extérieur du pays, l’Etat a un intérêt évident à assurer l’intégration dans l’identité canadienne dominante des nouveaux-lles arrivés-es et des communautés qu’ils-elles forment. Ces dix dernières années, les nouveaux-lles immigrants-es, qui viennent souvent d’acheter une maison dans des zones urbaines en pleine expansion, ont souvent voté contre les impôts et pour des politiciens conservateurs, ce qui a contribué à des phénomènes tels que Rob Ford[3. Au cas où vous êtes arrivés-es à l’oublier, Rob Ford est surtout connu pour la révélation qu’il fumait du crack pendant qu’il était maire de Toronto entre 2010 et 2014 et pour avoir agit en permanence comme un espèce de connard sexiste et raciste. Qu’il soit mort en 2016 n’empêche pas qu’il soit toujour objet de ridicule.] ou la victoire du Parti conservateur dans la région torontonienne en 2011. Harper acceptait leur soutien tout en stigmatisant les migrant-es pour gagner également le soutien des réactionnaires.

Justin Trudeau a intérêt de remettre en avant cette vision positive et multiculturelle du Canada pour raisons de politique partisane, mais aussi pour atténuer la possibilité de tensions régionales (entre la région torontonienne et le reste du sud d’Ontario; l’équilibre de pouvoir entre le français et l’anglais, et ainsi de suite) et pour éviter un mouvement anti-immigration qui pourrait menacer l’accès aux travailleurs qualifiés et de nouveaux capitaux venus de l’étranger. Pour tout le discours de Pierre Trudeau que « l’uniformité n’est ni possible ni souhaitable », l’identité canadienne multiculturelle est surtout une manière pour permettre à chacun de participer à sa façon à la destruction acharnée menée par le projet capitaliste et colonial connu sous le nom de Canada. Comme le Canada ne représente rien d’autre que le pillage, nulle pratique culturelle à part la révolte anti-autoritaire peut le menacer, alors tous les gouvernements depuis les années 70 ont continué la pratique de Pierre Trudeau de financer et soutenir des événements « culturels » au nom de l’identité canadienne.

Une vague de nostalgie

Une grande partie du charme de Trudeau est grâce à une nostalgie pour le Canada qu’il nous vend: un retour aux opérations de maintien de paix (au lieu des postures belliqueuses des années Harper); un multiculturalisme fier (après les conneries des conservateurs sur « les pratiques culturelles barbares »); socialement progressiste (surtout en comparaison à Trump); et le tout fêté par une industrie culturelle made-in-Canada capable de résister à la machine culturelle américaine. C’est ça l’image du Canada dont une partie majeure de ceux qui ont évolué dans les années 70 ont envie d’être fière.

C’est logique que les gens aiment l’assurance santé, veulent accueillir des immigrants et sont soulagés par des prises de positions progressistes sur des questions sociales. Les désirs qui font qu’on puisse soutenir ces politiques ne sont pas en soi le problème. Le problème c’est que tout ça fait partie intégrante d’un projet nationaliste qui veut nous faire voir l’état et l’économie canadiens comme en quelque sort bienveillants pour qu’on baisse notre garde contre leurs attaques.

Grace à la promotion d’une forme de nationalisme canadien développé par son père, Justin Trudeau espère colmater la nature coloniale du projet canadien et la violence économique quotidienne du capitalisme. Pas moins que Donald Trump (ou que n`importe quel autre chef d’État), Trudeau évoque un passé à moitié inventé, une époque où il y aurait eu moins de conflit social et ou le nationalisme pouvait nous donner bonne conscience. Cette forme de nationalisme est ce qui permet à Trudeau de réunir les trois éléments de la politique canadienne: une réduction de la colère populaire permet a l’extraction de ressources d’avancer; ses positions progressistes sur les questions sociales font qu’on a l’air enviable par rapport aux ÉU; et le réinvestissement dans les programmes sociaux et dans les infrastructures par un gouvernement fédéral moins opposé à l’endettement allègent la charge sur les provinces, ce qui cree moins de conflit et rend plus facile l’implémentation de l’agenda du gouvernement fédéral.

Je ne suis même pas au Canada, mais ça me fout la nausée comment Trudeau est arrivé à faire que c’est de nouveau OK d’être un Canadien fier. Je n’ai pas envie de me sentir bien par rapport au Canada. Je n’ai pas envie d’être un pion dans leur gentil projet colonial ni d’être un exclu, chassé des villes embourgeoisées et des rangs des travailleurs-euses productifs-ves – je veux rendre visible l’immense violence de l’Etat canadien et de son économie. Je ne veux pas remplir le vide nommé Canada par de petits mythes minables sur comment l’assurance santé et le multiculturalisme font qu’on n’a pas raison de se plaindre – je veux porter un regard honnête sur la situation et choisir mon camp dans le conflit. Je n’ai pas envie de la paix sociale offerte par Justin Trudeau, car la paix sociale signifie le statu quo – je veux me battre pour mon autonomie et l’autonomie des autres, avec des terres et de l’eau sains.

Au lieu de se dessiner une feuille d’érable sur la joue pour le 150e anniversaire du Canada, prenons le moment pour regarder la bête d’en face. La fierté que nous offre le nationalisme est fausse et nous empêche de trouver la vraie force qu’on peut construire ensemble lorsqu’on identifie clairement nos ennemis et qu on se prépare a passer à l’offensif.