Montréal Contre-information
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Riposte pour les autonomies corporelles

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Mai 312025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ce jeudi matin à Montréal, nous avons déployé une grande bannière qui, si on la traduit, se lit comme suit: « Être anti-choix n’est pas être pro-vie; c’est exercer un sexiste et violent contrôle sur celle-ci ».
Cette action s’inscrit en amont d’un événement prévu à Québec ce samedi. Depuis trop longtemps, des groupes natalistes à travers le Canada organisent un rassemblement annuel devant le Parlement d’Ottawa afin d’attaquer le droit à l’avortement. Depuis l’an passé, on a droit aux rejetons quebs, de la CQV notamment, qui organisent un événement du même type devant l’Assemblée Nationale. Vous savez, les taouins à Berri qui chillent proche d’une clinique avec des pancartes anti-avortement et une croix… eux.

Alors comme d’habitude, nous serons dans leurs pattes. Nous riposteront tant qu’il le faudra. Pour vous tenir au jus des activités PRO-CHOIX de samedi, faites un tour sur la page de nos camarades de Qc Antifasciste ou du regroupement des femmes du qc. Ou faites votre propre plan.

Soyez bruyantEs et visibles
NOS CORPS NOS CHOIX ET BASTA

Compte-rendu de la Fête populaire contre le fascisme du 19 mai 2025

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Mai 252025
 

De Montréal Antifasciste

Mise en contexte

À l’approche de la Journée nationale des Patriotes 2025, célébrée cette année le lundi 19 mai, l’organisation ethnonationaliste Nouvelle Alliance (NA) avait annoncé son intention de tenir pour la deuxième année consécutive au parc La Fontaine de Montréal une commémoration en l’honneur du colon de la Nouvelle France, Adam Dollard des Ormeaux. Le 20 mai 2024, le groupuscule d’extrême droite s’était déjà réuni à cet endroit, devant la statue de Dollard, pour la même raison (l’année précédente, c’est plutôt au Pied-du-Courant, dans le bas de la ville, que les militant·es de NA s’étaient rassemblé·es pour rendre hommage aux patriotes du Bas-Canada). Rappelons déjà que la figure folklorique de Dollard des Ormeaux n’est pas exactement le héros que NA et les nationalistes réactionnaires de leur farine insistent encore pour glorifier…

Une des affiches qui ont été placardées dans le Plateau Mont-Royal en mai 2024, dans les jours précédant la commémoration des patriotes.

Tanné·es de laisser une cinquantaine de nationalistes identitaires aux idées dépassées déambuler à Montréal en toute impunité, des citoyen·nes et des voisin·es inquièt·es, accompagné·es de membres d’organismes communautaires, de militant·es antiracistes et de syndicalistes se sont mobilisé·es dans les dernières semaines pour organiser une « Fête populaire contre le fascisme » en guise de protestation.

L’affiche de la Fête populaire contre le fascisme qui est apparue sur les poteaux de Montréal dans les semaines précédant l’événement.

Ce rassemblement à caractère festif avait pour principal objectif d’occuper l’environnement immédiat de la statue de Dollard des Ormeaux afin de dénoncer la montée en influence de l’extrême droite, de manière générale, et les ambitions de Nouvelle Alliance en particulier. La fête fut en soi un grand succès, puisque selon notre décompte, elle a attiré entre 300 et 400 personnes au parc entre 10 h et 14 h. Nous saluons à ce titre les formidables efforts entrepris par les personnes concernées, et sommes rassuré·es de constater que les Montréalais·es et les Québécois·es n’hésitent pas à se mobiliser pour confronter cette récente vague de normalisation de l’extrême droite dans le discours public.

Un certain nombre d’articles de presse ont été publiés au cours des derniers jours, la majorité faisant la démonstration d’un manque flagrant de connaissance du contexte et de la stratégie politique mise en œuvre par Nouvelle Alliance. Nous saluons bien sûr l’intérêt grandissant — bien que tardif — des médias traditionnels pour l’extrême droite québécoise, mais il est clair que leur travail en la matière est encore lacunaire, et que pour différentes raisons d’ordre structurel, ces médias ignorent généralement les efforts considérables que notre collectif a déployés au cours des dernières années pour éclairer ce sujet.

Voici donc un bilan détaillé, vu de l’intérieur, du déroulement de la journée du 19 mai 2025, qui, nous l’espérons, pourra mettre en lumière des éléments qui n’ont pas été relevés ou ont simplement été évacués par les médias et les principaux observateurs.

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Avant le rassemblement…

La veille de la commémoration, le dimanche 18 mai au soir, Nouvelle Alliance avait publié sur ses comptes de médias sociaux une série de photos reprenant l’allure austère caractéristique du groupuscule, en précisant que « le chant Patriote[1] sera entonné au pied du monument à Dollard des Ormeaux ».

Publication de Nouvelle Alliance à la veille de la commémoration de Dollard des Ormeaux, le 18 mai 2025.

Les membres de NA étant certainement bien au fait de la fête populaire prévue en même temps que leur événement au pied dudit monument, il ne faisait aucun doute qu’ils avaient dû concocter un plan pour s’approprier et occuper l’espace contesté.

Ainsi, tel que prévu, le lundi matin vers 8 h, un contingent d’une douzaine de personnes, composé d’une partie du noyau dur de NA et de quelques goons possiblement recrutés pour l’occasion, s’est regroupé a l’extrémité opposée du parc La Fontaine. Ce contingent, tout de noir vêtu et en formation militaire, était visiblement équipé de gants « coqués » de combat et de protège-dents. Donc, prêt et disposé à la baston.

Eliott Labrie Lapante, membre du noyau dur de Nouvelle Alliance, n’a visiblement jamais digéré qu’on mette en question son courage! Il porte encore ici ses gants coqués, plusieurs heures après l’affrontement du matin.
Cet individu, qui nous était jusqu’alors inconnu et que nous avons identifié comme Dany Ayotte, de Québec, était particulièrement actif dans la confrontation physique du matin. On voit qu’il porte encore ses gants coqués plusieurs minutes après l’affrontement.

Le petit groupe s’est peu après mis en marche vers la statue de Dollard Des Ormeaux, dans l’objectif clair de dégager physiquement les organisateur·rices du rassemblement populaire qui commençaient à s’y installer, afin, nous le présumons, de prendre le contrôle de l’espace « par tous les moyens nécessaires ».

Heureusement, alerté·es par la publication de la veille et la possibilité d’un scénario violent, quelques militant·es autonomes se sont mobilisé·es au petit matin pour leur faire face et prévenir que des citoyen·nes ne souhaitant que mettre de l’avant leur vision d’un Québec inclusif et accueillant soient lâchement attaqué·es. Il s’en est donc suivi un affrontement physique dans la portion sud-est du parc La Fontaine, lors duquel les membres de NA n’ont pas hésité à utiliser leur équipement de combat.

Il est ainsi apparent que le noyau dur de Nouvelle Alliance est arrivé le matin en anticipant, et en désirant, ce type d’affrontement. Cette nouvelle approche combative, que nous n’avions pas jusqu’à présent associée à leur organisation, détonne incontestablement avec l’image de dandys petits-bourgeois propres sur eux mise de l’avant par le groupuscule depuis plusieurs années. Il sera intéressant d’observer pendant combien de temps encore les membres de NA pourront maintenir cette ambiguïté. Il nous semble en effet difficile d’espérer se tailler une carrière en politique officielle en faisant de l’entrisme au sein du Parti Québécois et du Bloc Québécois, et en même temps de se castagner en rangs serrés contre des militant·es de gauche.

Une fois la confrontation terminée — suite à l’intervention du SPVM —, les membres de NA ayant participé à l’agression furent retenus par la police à distance du monument où étaient prévus les deux événements rivaux de la journée.

Il convient ainsi de noter que le délai occasionné par la confrontation a permis aux organisateur·rices de la fête populaire d’installer tranquillement leurs six chapiteaux, d’accrocher de nombreuses bannières autour de la statue et d’aller de l’avant avec l’événement convivial et familial. Nous saluons donc le courage des personnes qui ont fait barrage à cette Nouvelle Alliance — aux pulsions violentes désormais décomplexées — pour protéger leur communauté et, en définitive, garantir le succès de l’événement.

Le rassemblement festif au Parc Lafontaine

Vers 10 h, l’heure de la fête arrivée, les sympathisant·es antifascistes ont commencé à se rassembler de plus en plus nombreux·euses. Des litres de café ont été servis, le maquillage pour enfants a débuté, la musique entraînante s’est mise à résonner dans le parc et les matchs de soccer improvisés ont rempli de joie ce point de repère culturel tant apprécié. L’ambiance était résolument festive!

L’une des bannières affichées autour de la statue de Dollard des Ormeaux.
Des centaines de hot-dogs ont été servis.

Plusieurs tables d’information on été installées sous des chapiteaux.
Les participant·es à la fête populaire ont scandé des solgans antifascistes pour enterrer les discours emmerdants de Nouvelle Alliance.

On ne peut pas en dire autant de l’expérience vécue par la petite bande d’identitaires rameutée autour de NA, qui n’ont pas pu s’approcher de la statue et se sont retrouvé·es à faire mine basse devant les forces de l’ordre pendant plusieurs dizaines de minutes.

Nouvelle Alliance se retranche piteusement derrière le cordon policier.

Malheureusement pour Nouvelle Alliance, la vraie vie n’est pas une cour de récréation, et le fait d’annoncer son évènement en premier ne suffit pas à réserver un espace, surtout lorsque c’est pour y propager la haine d’autrui déguisée en amour de sa nation.

Les militant·es et sympathisant·es du groupuscule nationaliste ont donc été contraint·es de s’installer sur le trottoir à plusieurs dizaines de mètres du monument à Dollard des Ormeaux, séparé·s de celui-ci par un important cortège policier et plusieurs centaines de participant·es à la fête contre le fascisme. Déçu·es et affichant leurs expressions les plus dépitées, les militant·es de Nouvelle Alliance et leurs sympathisant·es ont tenté, plutôt mal que bien, de tenir leur commémoration malgré tout, noyée par les beats de la fête populaire et les chants antifascistes.

Nouvelle Alliance commémore ses fantômes sur le trottoir.

Parlant de leurs sympathisant·es, mentionnons la présence notable de David Leblanc, un bonehead néonazi bien connu des milieux antifascistes, puisqu’il aime se prendre en photo en faisant le salut nazi (il a notamment milité avec Soldiers of Odin Québec), et dont nous avions parlé il y a exactement un an, puisqu’il était présent à la commémoration de Nouvelle Alliance du 20 mai 2024.

Le bonehead Dave Leblanc est ici pris d’une vilaine crampe au bras.
Leblanc (ici de dos) rigolait déjà franchement en mai 2024 avec les membres de NA, ici Émile Coderre.
Dave Leblanc était déjà toléré dans l’événement de Nouvelle Alliance en 2024, ici tenant le Carillon Sacré-Cœur aux côtés de son compère néonazi Shawn Beauvais MacDonald.

À l’époque, les responsables du groupuscule identitaire avaient répondu qu’ils ne pouvaient pas contrôler tous les participants à leurs évènements, puisque ce sont des activités publiques, et qu’ils ne connaissaient pas le sombre personnage qu’est Leblanc. Quelle excuse les cryptofascistes de Nouvelle Alliance vont-ils nous sortir cette année? En toute connaissance de cause et sans lever un sourcil, ces derniers ont permis à un néonazi fier et assumé de marcher à leur côté toute la journée, et ont même été jusqu’à lui serrer la main et taper la discut ».

Le bonehead Dave Leblanc se tient ici à côté du chef de Nouvelle Alliance, François Gervais, qui donne une entrevue à Alexandre Cormier-Denis, le 19 mai 2025.
Le néonazi Dave Leblanc marche avec Nouvelle Alliance, le 19 mai 2025.

Dire que certains osent encore douter de la position idéologique de Nouvelle Alliance…

Un autre sinistre personnage qui a refait apparition pour une deuxième année consécutive est Shawn Beauvais MacDonald, le principal organisateur du Frontenac Active Club, qui a encore été aperçu rôdant autour du rassemblement de Nouvelle Alliance. Après être arrivé seul, il a cette fois-ci été rejoint par deux autres personnes et est reparti peu après.

Beauvais MacDonald était déjà de la partie lors de la commémoration de Nouvelle Alliance en 2024.
Shawn Beauvais MacDonald est revenu en 2025, mais il est parti peu après cette rencontre à une certaine distance de la fête. Était-ce des acolytes? Des flics qui l’invitaient à déguerpir? Qui sait?

Toutefois, l’apparition la plus significative des figures connues de l’extrême droite à la commémoration de NA est sans doute celle d’Alexandre Cormier-Denis. Ce dernier, dont nous avons déjà parlé ici (et dont nous sommes appelé·es à parler encore très bientôt…), avait annoncé la semaine précédente qu’il comptait participer à la commémoration de NA et invité ses sympathisant·es à faire de même. Cormier-Denis, rappelons-le, est le principal animateur du projet de « réinformation » d’extrême droite, Nomos.TV, qui se démarque notamment par son nationalisme ethnique et ses positions profondément racistes et islamophobes. Rappelons aussi que ses positions extrêmes l’avaient fait disqualifier d’une commission parlementaire sur l’immigration en 2023.

Voici, pour s’en donner une idée, un échantillon (parmi des douzaines d’exemples) des positions de Cormier-Denis (sur l’immigration, « l’ensauvagement », l’avenir du patriotisme, etc.), qui doivent bien rejoindre celles de Nouvelle Alliance quelque part, puisqu’ils s’entendent comme larrons en foire :

La présence de Cormier-Denis montre clairement que le projet de société proposé par Nouvelle Alliance résonne avec les pires éléments fascistes et fascisants du Québec. François Gervais, président de Nouvelle Alliance, lui a d’ailleurs fièrement accordé une entrevue en direct de plusieurs minutes, dans laquelle nous avons eu droit à une description confuse de la journée, où étaient amalgamés antifascistes, « bolcheviques » et indépendantistes progressistes sans aucune réflexion congrue.

François Gervais en entrevue avec Alexandre Cormier-Denis pour la chaîne Nomos.tv.

Si certains ont pu croire que Nouvelle Alliance était au-dessus des discours racistes de Cormier-Denis et de ses acolytes, c’était clairement à tort. Nomos et Nouvelle Alliance sont très exactement du même mouvement.

Une fois les mornes discours de NA conclus, leur « commémoration », qui n’aura duré tout au plus qu’une vingtaine de minutes — comparativement à une heure l’année dernière — s’est tristement mue en marche solennelle (pas l’ombre d’un sourire en vue), vers 12 h 30.

Les boute-en-train de Nouvelle Alliance prennent un plaisir manifeste à défiler.

La cinquantaine de sympathisant·es du groupuscule a ainsi défilé sur la rue Rachel et la rue Saint-Denis, entouré·es de plusieurs dizaines de policiers, en direction du square Saint-Louis, d’où devait partir la Grande marche des Patriotes organisée annuellement par la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB). En chemin, les ethnonationalistes, toujours dirigés par leur président, ont scandé des slogans aux accents réactionnaires et psychorigides, tels que « Patrie, Nation, Tradition », en plus des classiques comme « le Québec aux Québécois ». Notons au passage que ces slogans font échos à ceux de l’extrême droite française. Les néonazis du Comité du 9 Mai, par exemple, qui ont marché en toute impunité à Paris il y a quelques semaines, ont l’habitude de scander, notamment, « Europe, Jeunesse, Révolution ».

Même cadence, même dégaine, même teneur : il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, il faut bien le comprendre. En plus de ses précurseurs québécois, l’inspiration de NA lui vient des pires variétés de l’extrême droite européenne (identitaires, royalistes, nationalistes révolutionnaires, etc.), et il convient de le noter.

Pendant ce temps, la Fête populaire contre le fascisme battait son plein dans la joie et l’allégresse. Plus de 500 hot-dogs ont été servis, au plus grand bonheur des petit·es et des grand·es, et les jeux et la musique se sont poursuivis encore plusieurs heures après le départ de Nouvelle Alliance.

Nous applaudissons encore une fois les efforts extraordinaires déployés par les organisateur·rices, et félicitons chaque personne qui a choisi de prendre une partie de son lundi férié pour mettre de l’avant et défendre des valeurs inclusives et antiracistes.

Il y avait de la musique…
On a bien dansé!
On a redécoré le monument à Dollard…
Entre 300 et 400 personnes sont passées par la fête au cours de la journée.
Plusiseurs drapeaux, dont celui des fiertés, flottaient sur la fête antifasciste.

Notons également la présence à la fête de nombreux·ses militant·es indépendantistes progressistes, et notamment des membres du Front pour l’indépendance nationale (FIN) et de OUI Québec, qui brandissaient une affiche produite pour l’occasion : « L’indépendance du Québec sera antifasciste ».

Le tricolore des patriotes flottait lui aussi sur la fête antifasciste!

Au square Saint-Louis

Mais les mésaventures de Nouvelle Alliance n’étaient pas terminées : elles se sont poursuivies à son arrivée au square Saint-Louis, vers 13 h, lorsque ses membres ont tenté une fois de plus de parasiter la Grande marche des Patriotes organisée annuellement par la Société Saint-Jean-Baptiste. À leur grand désarroi, leur présence ne fut pas la bienvenue, et ce, pour la deuxième fois de la journée!

La SSJB, contrairement à l’année dernière, avait réfléchi à la pertinence de ses partenariats et pris la décision judicieuse d’indiquer à l’avance aux dirigeants de Nouvelle Alliance qu’ils ne pourraient pas prendre part à leur marche cette fois-ci. Toutefois, comme les bottines ne suivent pas toujours les babines, le moment venu, la position officieuse des têtes dirigeantes de la SSJB n’a pas su s’imposer. La SSJB a au contraire tenté de négocier un compromis avec Nouvelle Alliance, leur permettant de participer s’ils acceptaient de ranger bannière et drapeaux. Tout comme l’an dernier, cependant, les militants de NA sont revenus sur leur parole et ont bel et bien déployé leurs couleurs dès que le cortège s’est ébranlé. Par chance, la présence d’un petit (mais solide!) contingent indépendantiste progressiste a contrecarré leurs plans.

En effet, des militant·es de OUI Québec accompagné·es de camarades du Front pour l’indépendance nationale (FIN) se sont regroupé·es pour empêcher Nouvelle Alliance de marcher au sein du cortège principal, créant un cordon sanitaire crucial. Après un moment de flottement lors duquel les indépendantistes progressistes ont courageusement tenu la ligne, malgré la présence plus nombreuse des militant·es de NA, la police est intervenue pour séparer les deux camps et, littéralement, tasser les progressistes du chemin.

Nouvelle Alliance s’est heurté à un contingent antifasciste parmi le regroupement indépendantiste, qui a empêché le groupuscule identitaire de rejoindre le cortège principal de la Grande marche des Patriotes.

L’entièreté de la marche organisée par la SSJB s’est ainsi déroulée sans la présence toxique de Nouvelle Alliance, cette dernière marchant plusieurs dizaines de mètres derrière, complètement encadrée par le SPVM.

Des indépendantistes progressistes ont formé un cordon sanitaire entre Nouvelle Alliance et la Grande marche des Patriotes.

Nous tenons à féliciter OUI Québec et le FIN, qui ont eu le courage d’assumer leurs principes antifascistes malgré l’appui chambranlant des organisateur·rices de la marche. Nous avons souvent critiqué au fil des ans les mouvements indépendantistes contemporains pour leur complaisance à l’égard des groupes d’extrême droite qui polluent leurs rangs. Rendons à César ce qui revient à César : la récente prise de position forte de OUI Québec est à tout le moins encourageante pour l’avenir du mouvement souverainiste.

Malheureusement, tous les groupes souverainistes ne sont pas créés égaux, et la présence saugrenue de l’Action socialiste de libération nationale (ASLN) à la Grande marche des Patriotes le prouve. Ces derniers, dont nous avons récemment démontré le rapprochement avec Nouvelle Alliance, se sont joints à leurs nouveaux camarades le temps de la marche. De franches poignées de main ont été échangées, et quelques détonnant points rouges ont été aperçus au milieu des drapeaux bleus du contingent de Nouvelle Alliance. Cette situation marque un point tournant dans les relations entre l’ASLN et NA. Alors que les deux collectifs cachaient jusqu’à tout récemment leur rapprochement, le chat est désormais sorti du sac et leur alliance s’en trouve officialisée. Malgré leurs différences idéologiques quant au futur idéal pour le Québec, il semblerait que leurs positions sociales réactionnaires présentent un terrain d’entente suffisant. Que le reste du camp indépendantiste soit avisé, un soutien à l’un de ces deux groupes est un soutien pour leur projet de société conservateur, anti-immigration, anti-diversité, « anti-wokes » et foncièrement réactionnaire.

Une image qui résume toute la sordide affaire : le chef de Nouvelle Alliance, François Gervais, flanqué du bonehead néonazi, David Leblanc, accorde une entrevue au fanatique ultranationaliste ethnique, Alexandre Cormier-Denis, pour la chaîne de réinformation d’extrême droite, Nomos.TV, pendant que Billy Savoie et les bozos staliniens de l’ASLN ricanent comme des benêts en arrière-plan.

Conclusion

Comme nous avons pu le constater, Nouvelle Alliance s’affirme de plus en plus dans une niche d’extrême droite assumée et violente dont elle pensait naïvement pouvoir sortir avec gloire et infecter de ses idées nauséabondes le mouvement souverainiste.

Il serait donc temps que les médias traditionnels diffusent les bonnes informations et ne gobent pas la propagande mensongère, déjà très active, des milieux d’extrême droite québécois. Il est dommage, par exemple, que des journaux publient sans broncher les états d’âme de commentateurs confus ou de mauvaise foi, comme la militante laïcarde Nadia El-Mabrouk dans le cas qui nous occupe, qui dans une lettre publiée dans Le Devoir du 23 mai, avoue d’emblée ne pas vraiment connaître Nouvelle Alliance (et donc ignorer ce qu’ils portent comme projet et discours), mais défend tout de même leur présence dans la grande famille souverainiste, en nous invitant du même souffle au dialogue et à l’amour universel…

Heureusement, la nouvelle génération souverainiste ne s’y trompe pas, comme en fait foi la prise de position de OUI CVM, qui dénonce haut et fort cette nouvelle alliance réactionnaire et tout ce qu’elle représente.

La lutte pour l’indépendance du Québec est une question fort complexe, et les antifascistes de différentes allégeances ne s’entendent certainement pas sur la finalité, mais quoi qu’il advienne du Québec à l’avenir, nous faisons aujourd’hui cette promesse : les fascistes n’y feront JAMAIS la loi.

Bonus tracks :

Le militant de premier plan de Nouvelle Alliance, Émille Coderre, dont nous avons déjà évoqué le passé problématique et maintes fois relevé les entrées au PQ et au Bloc, se fend ici d’un geste de la main largement réputé pour être un signe de reconnaissance des mouvements suprémacistes blancs contemporains… Bravo, champion.

The many moods of Franky Gervais…

[1]               [Tex Lecor, 1969]

David Barrette, le suprémaciste blanc… toujours protégé par son employeur

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Mai 092025
 

De Montréal Antifasciste

En août dernier, la publication de notre article sur le Frontenac Active Club semble avoir mis un frein important aux volontés d’expansion de ce groupe d’inspiration néonazie.

Martin Brouillette, de Rawdon, après s’être fait barrer l’entrée du gym où il s’entraînait, nous a contactés pour nous demander de retirer son nom de l’article… pour la sécurité de sa famille. Évidement, sa famille n’a jamais rien eu à craindre des antifascistes, et c’est seulement son propre militantisme suprémaciste blanc et ses nombreuses provocations sur les réseaux sociaux qui ont produit son sentiment d’insécurité. À ce jour, nous n’avons pas d’indice nous permettant de croire que Martin Brouillette poursuit ses activités néonazies… hormis le fait qu’il affiche encore fièrement ses tatouages fascistes sur son compte Facebook, avec ses enfants.

Les autres membres du groupe n’ont plus donné signe de vie, et les publications sur le compte Telegram de FAC se sont réduites, pour l’essentiel, à la republication du contenu généré par d’autres groupes du réseau Active Club international et d’autres affiliés néonazis du Canada anglais.  Dernière mention en date : des membres du FAC auraient participé à la plus récente action de visibilité du réseau nationaliste blanc (néonazi) formé autour du groupuscule Nationalist-13, à Toronto, le 3 mai dernier, avec une trentaine d’acolytes de la région et d’ailleurs au Canada.

Quant à celui qui faisait office de leader du groupe, Raphaël Dinucci, de Laval, il n’a pas immédiatement réagi à l’article, mais le changement de leadership au sein du FAC s’est poursuivi, et il s’est progressivement effacé du portrait pour laisser la place à Shawn Beauvais MacDonald. On ne présente plus ce dernier, sulfureux personnage qui s’est illustré dans les dernières années en participant à tous les projets néonazis québécois (Alt Right Montréal, Atalante, White Lives Matter, etc.) et en participant largement à leur autodestruction!

Celui-ci a continué à faire ce qu’il fait le mieux, en dépit de son pseudo « FriendlyFash » : être une personne absolument détestable. On a pu, par exemple, le voir errer seul les fins de semaine sur l’avenue Mont-Royal ou le boulevard Saint-Laurent, portant des vêtements ostentatoires à la gloire d’Adolf Hitler, faisant semblant de lire en terrasse et attendant des provocations antifascistes qui ne viennent pas (nous ne sommes pas complètement idiot·es). Seul, il ne l’a pas toujours été, puisqu’il a durant quelques mois pris sous son aile la très jeune et raciste Sandrine Girardot (dont nous avons déjà parlé) en l’hebergeant chez lui. Il semble, au vu de récentes publications, que le militant neonazi de 40 ans se soit finalement conduit avec la jeune Girardot (24 ans) comme l’ordure et le prédateur qu’il est.

Mais venons-en au principal objet de cet article : David Barrette, de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Contrairement aux autres membres du Frontenac Active Club, que la discrétion en ligne caractérise (à l’exception notable de Beauvais-MacDonald), David Barrette a plutôt tendance à repousser les limites de l’expression ordurière avec ses discours haineux en ligne. Il fait l’éloge d’Hitler, compare la forme des crânes de différentes « races » en fonction de leur intelligence et se moque des meurtres de personnes racisées aux mains de la police; rien n’est trop raciste (ou même trop nazi) pour Barrette. Les normes de modération de Facebook étant désormais pratiquement inexistantes, Barrette est libre d’y publier quotidiennement ses élucubrations nazies sans aucune répercussion.

Il est également clair que la police et les tribunaux au Québec ne sont pas vraiment intéressés à combattre les discours haineux en ligne. Qu’on en prenne pour preuve leur inaction totale devant des infractions claires et répétées, ou le pitoyable bâclage de l’affaire contre Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger ». Au risque de nous répéter, il est à nouveau évident que c’est à la communauté dans son ensemble qu’incombe la responsabilité de lutter contre les marées montantes du racisme et du fascisme, qu’il s’agisse de personnes alignées sur l’antifascisme militant, ou de quiconque désire prendre des mesures concrètes.

Nous avons été choqués récemment de voir Barrette franchir un nouveau pas dans la violence en ligne. Dans un récent message, il a écrit : « Fuck your optics, I’m going in » [« Je me fous des apparences, je me lance »] – une référence claire à la phrase qu’a publié le tireur de la synagogue Tree of Life, à Pittsburgh, en octobre 2018, juste avant de tuer onze personnes de confession juive –, ce qui peut raisonnablement donner l’impression que Barrette est lui aussi sur le point de se lancer dans un massacre de même nature. Il a peu après fait suivre son message d’un « Je plaisante… », et le fait que rien ne se soit produit tend à confirmer qu’il « plaisantait » effectivement, mais ce type de « plaisanterie » (surtout venant d’un antisémite décomplexé comme Barrette) n’est pas à prendre à la légère.

Nous avons déjà établi dans notre dernier article que David Barrette est une menace constante pour nos communautés – il a attaqué un rassemblement pro-LGBTQ+, diffuse des discours haineux en ligne comme d’autres respirent, et il a des antécédents de violence documentés par son casier judiciaire (voir plus loin dans cet article) –, mais le fait de déclarer publiquement qu’il se prépare à commettre une fusillade de masse est clairement un drapeau rouge, peu importe qu’il « plaisante » ou non. Prédire les fusillades de masse est une tâche pratiquement impossible, de l’avis même des spécialistes en la matière, mais nous pouvons au moins attester que Barrette présente un grand nombre de signaux d’alarme en ce qui a trait à ses opinions nazies extrêmes, et qu’il les a déjà mises en pratique en dehors du monde virtuel (que ce soit en s’organisant avec le Frontenac Active Club ou en attaquant physiquement des personnes LGBTQ+ lors d’une manifestation). Nous pensons que la collectivité doit être informée de cette affaire et la prendre très au sérieux, mais il nous apparaît particulièrement important de la signaler à son employeur, l’entreprise GloboTech Communications (ou plus simplement Globo.tech).

Barrette est très prolifique sur la plateforme de clavardage IRC, où lui et quelques autres minables passent leurs journées à dire de la merde absolue, ou dans le cas de Barrette, à parler de son amour pour Hitler et de sa haine des personnes racisées et LGBTQ+. À un moment donné, il mentionne : « j’ai un collègue arabe et je l’aime bien »… On ne peut qu’imaginer à quel point cette relation de travail doit être intense. D’autant plus qu’à un autre moment, il dit : « jparle avec des juives, des noires, des arabes… »… « jleur dit ouvertement que le but c’est de deporter (des) millions de personnes comme eu » (sic). Et croyez-le ou non, c’est l’une de ses réflexions les plus cohérentes, parmi les divagations d’un nazi halluciné qui se nourrit de haine.

Un petit répit comique est venu interrompre ce flot incessant de haine sur IRC, le mois dernier, lorsque Barrette a accidentellement publié une photo de sa bite dans le clavardoir du groupe #montreal — et les réactions étaient impayables :

Nous savons que plusieurs personnes préoccupées et se sentant concernées par la lutte contre les idées haineuses ont contacté Globotech, l’entreprise qui emploie David Barrette. Étrangement, cette entreprise semble insister pour protéger le néonazi : aussitôt que son nom est mentionné, que ce soit au téléphone, par courriel ou par le service de clavardage, les représentant·es de l’entreprise n’ont soudainement plus rien à dire.

Récemment, des camarades nous ont informé·es du lourd dossier criminel de David Barrette, pour des faits qui laissent présumer que le principal intéressé pourrait avoir un profil de récidiviste violent. Un survol de son dossier criminel nous montre qu’il a été déclaré coupable de menaces de mort ou d’avoir causé des lésions, de menace de brûler ou d’endommager des biens, de complot, de non-respect de probation…

À propos des multiples noms de domaines gérés par Barrette (nous avons déjà établi que les domaines national-socialists.club et freespeech.club lui appartiennent) nous ne sommes pas en mesure de prouver qu’ils sont hébergés chez GloboTech, puisqu’ils sont cachés derrière Cloudflare.

Toutefois, nous avons découvert une chose très intéressante dans les enregistrements MX (Mail eXchange, une liste de serveurs qui ont le droit d’envoyer des courriels pour le compte d’un nom de domaine). En effet, Barrette avait inclus une des adresses IP de Globo.tech dans la liste des serveurs acceptés pour freespeech.club et national-socialists.club. Seuls les administrateurs de GloboTech peuvent savoir si les sites web (dont l’un est clairement à caractère nazi) sont hébergés sur leurs serveurs, mais les enregistrements MX montrent que Barrette avait au minimum l’intention d’utiliser les serveurs de Globo.tech pour envoyer des courriels à partir de ses sites.

Les responsables de Globo.tech semblent penser qu’illes peuvent rester neutres dans la situation actuelle, mais la neutralité n’existe pas, et encore moins lorsqu’elle sert à protéger un nazi qui attaque des manifestations LGBTQ+, propage la haine sur Internet et fait au passage allusion à des tueries de masse.

Et lorsque GloboTech protège David Barrette, l’entreprise elle-même en devient malheureusement complice, d’autant plus si par son inaction, elle lui permet d’utiliser ses ressources pour diffuser de la haine.

GloboTech ne peut pas faire l’autruche plus longtemps.

L’enfer est brun, l’enfer est rouge : le « communisme » dévoyé de l’ASLN rencontre le nationalisme ethnique de Nouvelle Alliance

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Mai 032025
 

De Montréal Antifasciste

[Collaboration avec Québec Antifasciste et le Collectif Emma Goldman.]

En février dernier, la page FB Poubelle Alliance, qui se donne un malin plaisir à satiriser le groupuscule identitaire Nouvelle Alliance (NA), dont nous avons souvent parlé (notamment ici et ici), révélait de présumés liens naissants entre ce dernier et l’Action socialiste de libération nationale (ASLN, anciennement, le Parti communiste du Québec).

Nous savions déjà que cette formation marginale appartient à un segment de la gauche qui ne nous charme pas tant : ringarde et poussiéreuse dans ses idées, nationaliste, antiwoke (c’est-à-dire, en langage clair, réactionnaire) et, fidèle à la tradition rouge-brune, complaisante envers des régimes autocratiques. (Après avoir quitté Québec Solidaire pour appuyer le Parti québécois des « camarades » Péladeau et Lisée – voir « Le Parti communiste appuie… le PQ » [Le Journal de Québec, 2018]; « Des communistes séduits par PKP » [La Presse, 2014] – , l’aile jeunesse du parti aurait été séduite par les sirènes du stalinisme, notamment en réhabilitant Enver Hoaxa, qui fut le premier ministre de l’Albanie pendant plus de quarante ans, et le dictateur roumain Nicolae Ceausescu.)

Un rapide coup d’œil au site internet et aux communications récentes de l’ASLN (dont des tentatives de mèmes qu’on ne pourrait décrire autrement que comme ultrapoches) suffit à révéler le caractère profondément cringe de cette bébitte, à la fois sur le fond et dans la forme.

Folklorique galerie de portraits mise en évidence lors d’un « camp de formation » de l’ASLN, en février dernier. On reconnaît à droite le toujours actuel et pertinent Joseph Staline. Yikes.
Un échantillon de la mémétique avant-gardiste de l’ASLN.

La nature exacte des liens entre l’ASLN et Nouvelle Alliance restait à définir, mais plusieurs indices tendaient à en valider l’hypothèse. Il est a priori pour le moins étrange qu’une formation qui se veut de gauche, tout réactionnaire soit-elle, tende littéralement la main à des militants situés à l’extrême droite de l’échiquier politique sur la base d’une aspiration commune à l’indépendance du Québec, mais nous avons désormais la preuve tangible de ce rapprochement.

Le 24 mars dernier, l’ASLN a mis en ligne une invitation à un « Colloque des patriotes » devant avoir lieu à Desbiens, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les 3 et 4 mai prochain, au programme duquel figure un « débat » entre les « chefs » de l’ASLN et ceux de Nouvelle Alliance. S’en est suivi une série de publication sur TikTok et Instagram où Billy Savoie, le « chef » de l’ASLN, fait la promotion de l’événement et du débat en question, en promettant notamment de confronter les militants de Nouvelle Alliance sur leurs « niaiseries ». Et d’autres mots concernant de la tourtière et des œufs cuits durs.

Nous persistons pour notre part dans la conviction qu’ouvrir le débat avec des ethnonationalistes revient à les légitimer, et que cette ouverture à leur égard est en réalité un signe d’ouverture à leurs propositions toxiques.

De plus, il est permis de se demander si l’ASLN porte réellement des positions susceptibles de remettre en question les « niaiseries » de Nouvelle Alliance ou de créer un « débat » un tant soit peu intéressant ou pertinent. (Spoiler alert : nos attentes sont basses.) Voici à ce propos la réponse éclairante de Billy Savoie à un message laissé sous la publication faisant l’annonce du colloque :

Le « chef » de l’ASLN, Billy Savoie, explique ici à un internaute que le communisme de son organisation n’est pas d’extrême gauche… On ne peut qu’approuver.

Nationalistes antiwokes, se défendant d’être réactionnaires en mettant de l’avant des personnes de couleur tokenisées… jusque là, la différence avec Nouvelle Alliance paraît assez mince. Fans du Parti Québécois, catholaïques et opposés à « l’immigration massive », on dirait plutôt que la communiste ASLN cherche à rivaliser de régressisme avec Nouvelle Alliance pour se tailler un créneau sur l’échiquier nationaliste/indépendantiste… mais drapée de rouge.

Vouloir nationaliser les multinationales – si elles sont étrangères – et encourager les PME – si et seulement si elles sont marquées du sceau national – c’est plus ou moins cohérent dans une authentique perspective communiste, pour un ensemble de raisons assez évidentes. Le communisme sans l’abolition des systèmes oppressifs, c’est déjà un communisme dévoyé, mais se déclarer communistes ET nationalistes, tout en proposant des politiques sociales plus ou moins identiques à un groupuscule d’extrême droite, ça devient carrément du rouge-brunisme toxique.

En l’occurrence, l’Action socialiste de libération nationale semble surtout jouer le jeu de Nouvelle Alliance en légitimant leur démarche et en leur donnant une plateforme supplémentaire pour faire valoir leur vision étriquée de la nation canadienne-française.

NA s’est toujours prétendue ni de droite ni de gauche, malgré sa plateforme clairement réactionnaire et la horde de ses sympathisants fascisants, quasi-fascistes et full-blown fascistes! En donnant la parole à ces militants logés à l’extrême droite, quoi qu’en en disent ses « chefs », l’ASLN semble se fendre en quatre pour amplifier leur message.

Quant à NA, elle se retrouve ici avec les seuls confus (c’est le moins qu’on puisse dire) qui acceptent encore de leur parler.

Avec cette dérive évidente, l’ASLN perd des plumes; ses militants sont persona non grata dans les milieux indépendantistes, et certains des initiateurs du groupe n’apparaissent plus dans leurs publications.

Est-ce que devenir chummy-chummy avec l’extrême droite aurait pu créer des tensions au sein d’une formation théoriquement de gauche? Qui sait, peut-être que les autres membres de leur exécutif comprendront à qui profite vraiment ce rapprochement grotesque…

Un des « chefs » de l’ASLN, Sébastien Paquette, sympathise avec le « chef » de Nouvelle Alliance, François Gervais.

Bonus track :

Billy Savoie, qui est semble-t-il enseignant au secondaire, donne à lire à ses étudiant·es de secondaire 5 un livre d’Alexandre Dougine, qui est tristement connu pour être la conscience idéologique de Vladimir Poutine, et pour être le fondateur du mouvement National-Bolchévique. Et la la.

Ce qui se passe en Turquie d’un point de vue anti-autoritaire

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Avr 052025
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pourquoi le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu

Contexte

La République de Turquie, fondée sur le génocide des Arméniens dans la région dans un élan nationaliste et meurtrier, n’a pas beaucoup changé au cours du siècle dernier. Pour les non-musulmans, les Kurdes, les Alevis et les femmes qui ne détenaient ni la majorité ni le pouvoir, l’État et sa société ont toujours été une source d’oppression.

Mais à partir de 2002, en raison de la dictature d’Erdoğan, l’oppression, la pauvreté, la violence et l’exploitation ont commencé à se faire sentir également par la majorité de la société. En 2013, suite à des interdictions et oppressions croissantes, des millions de personnes sont sorties dans la rue pour défendre leurs libertés lors des émeutes du parc Gezi. Ce moment insurrectionnel a eu lieu dans des villes de tout le pays. La résistance qui a duré des mois s’est terminée par des attaques policières sans précédent à l’échelle nationale, au cours desquelles huit jeunes âgés de 15 à 22 ans ont été tués et des milliers d’autres arrêté·e·s. Depuis 2014, l’État turc est devenu un État policier et, après la tentative de coup d’État fictif de 2016, il est dirigé avec un autoritarisme absolu sous l’état d’urgence. Depuis 2021, en raison de la crise économique qui s’est intensifiée de manière exponentielle, 60 % de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté.

Des millions de personnes, plongées chaque année dans une misère plus grande, croyaient à chaque élection que le gouvernement et donc cette situation changeraient. Mais Erdoğan, qui contrôle les médias et le système judiciaire, a répandu la peur et la manipulation pour éviter que que cela ne se produise. Entre-temps, afin d’empêcher les groupes opprimés de se rassembler, il a créé une haine profonde au sein de la société, qualifiant chaque jour une nouvelle communauté d’ennemi-terroriste-agent étranger : Kurdes, Alevis, étudiant·e·x·s, syndicalistes, avocat·e·x·s, journalistes, intellectuel·le·x·s. Pendant que ces personnes étaient emprisonnées pour terrorisme par les tribunaux d’État, d’autres encore en liberté étaient, elles, trompées par la propagande selon laquelle les emprisonné·e·x·s étaient des terroristes. « Terrorisme » est devenu pour Erdoğan un mot magique afin de maintenir son pouvoir, tandis que les personnes qui défiaient l’autorité finissaient en prison, en exil ou partaient à la mort. Ainsi furent créé·e·x·s des individu·e·x·s zombifié·e·x·s et une société qui jour après jour perd de son pouvoir d’action et s’effondre politiquement, économiquement et moralement. C’est dans ce contexte précis que le soulèvement actuel est mené. Par des jeunes qui n’ont jamais connu d’ autre soulèvement de masse de leur vie, mais qui sont descendu·e·x·s dans la rue en disant « rien ne peut être pire que de vivre ainsi ». Des millions de jeunes qui ont été élevé·e·x·s en apprenant que les ancien·ne·x·s rebel·le·x·s étaient des terroristes et que l’État et la police étaient, du moins en théorie, des amis. Ces millions de jeunes sont maintenant confronté·e·x·s à une réalité radicalement différente. Examinons de plus près ces manifestations.

Vers le « coup d’État » du 19 mars

Le matin du 19 mars 2025, des centaines de policiers ont arrêté chez lui Ekrem İmamoğlu – le maire d’Istanbul, pressenti candidat à la présidence lors des prochaines élections et qui pourrait vaincre Erdoğan – pour terrorisme et corruption.

Si l’incident a suscité une indignation générale en Turquie et dans le monde entier, Imamoğlu n’était pas le premier maire métropolitain en Turquie à être révoqué et détenu par les tribunaux turcs. Depuis 2016, de nombreux maires élus de villes kurdes ont été révoqués, arrêtés et remplacés par un fonctionnaire dans le cadre d’opérations similaires.

Le fait que ces maires kurdes aient été accusés de cette infraction magique de terrorisme a convaincu la majorité de l’opinion publique turque de légitimer cette situation et de ne pas s’y opposer. Le silence face à cette injustice dans les villes kurdes a permis à Erdoğan de faire de même avec d’autres maires dirigés par le CHP (Cumhuriyet Halk Partisi, Parti Républicain du Peuple – deuxième plus grand parti politique, centre-gauche nationaliste turc) et a ainsi préparé le terrain pour ce « coup d’État » du 19 mars. La détention sous l’accusation magique de terrorisme de cet homme privilégié, sunnite, turc, riche, très populaire et politiquement assez puissant pour s’opposer à Erdogan, a provoqué un choc et un scandale immenses. Le message est clair : désormais, l’honneur d’être un terroriste pourrait être attribué non seulement aux personnes marginalisées, mais également à quiconque ne se serait pas rangé du côté d’Erdoğan.

Alors que la contestation publique s’est faite détruire un peu plus chaque année, les personnes ayant gardé le silence par respect pour les institution que représentent l’État, les médias et les tribunaux se retrouvent soudain parmi les cibles du Régime. Ainsi, des milliers de jeunes aux rêves étouffés sous le poids de la pauvreté, des restrictions et de l’oppression, non encore étiqueté·e·x·s comme terroristes, se sont soudainement réveillé·e·x·s pour laisser éclater leurcolère. Le 19 mars, iiels sont descendu·x·e·s dans les rues de nombreuses villes de Turquie pour amorcer des manifestations. Bien qu’il est difficile de dire que les manifestant·x·e·s soient homogènes, il est possible d’affirmer que la majorité d’entre elleux sont des membres de la génération Z sans aucune expérience préalable de contestation pour les raisons décrites ci-dessus. Ce sont des jeunes qui jusqu’à présent n’ont pas pu sortir de la bulle de peur créée par le gouvernement et qui ont été exposé·e·x·s à l’ingénierie sociale très intense de l’État turc par le biais d’institutions telles que l’école, les médias, la famille, etc. À présent privé·e·x·s de respirer par désespoir, iiels veulent le changement. Bien que la détention d’Ekrem İmamoğlu ait été l’étincelle qui a poussé ces jeunes à descendre dans la rue, iels ont commencé à exprimer leur colère et leurs revendications sur de nombreux autres sujets en clamant « la question ne concerne pas seulement İmamoğlu, vous n’avez pas encore compris cela ? ».

« Rien n’est plus horrible que de vivre de cette façon. »

Faire face à l’État et surmonter le mur de la peur

Comme presque tous les rassemblements en Turquie, ces manifestations ont été réprimées avec une violence massive par la police. Pour la première fois, les manifestant·e·x·s ont été confronté·e·x·s à la police, qui non seulement voulait disperser la foule, mais aussi faire payer cher à quiconque le prix de sa présence. Une police qui considère avoir le pouvoir de punir les gens sans besoin de jugement; une police arrogante et brutale vouant une haine personnelle envers les manifestant·e·x·s et un plaisir personnel à les torturer, une police sûre de ne pas être tenue responsable de ses actes de violence. Les manifestant·x·e·s, qui jusqu’alors considéraient la police comme un métier parmi d’autres, similaire à l’enseignement, aux soins infirmiers ou à l’ingénierie, n’avaient pas conscience qu’en traquant lesterroriste d’hier, la police s’était transformée en une sorte de mafia monstrueuse. En une nuit, des milliers de jeunes ont vu la loi punitive de l’ennemi s’appliquer à leur encontre et ont été brutalement attaqué·e·x·s par la police à l’aide d’une quantité incroyable de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de canons à eau. Face à cette attaque massive, la majorité de ces jeunes ne savait pas comment se protéger, comment prendre soin les un·x·e·s des autres, comment s’organiser. Pour beaucoup d’entre elleux, répondre à la police revenait à être un·x·e traître ou un·x·e terroriste. Une partie de la jeunesse s’est alors figée, tandis qu’un plus grand nombre, pensant n’avoir rien à perdre, a brisé la légitimité de la police et a riposté à la violence policière. Saisissant l’occasion d’exprimer leur colère pour la première fois, iels se sont couvert le visage et ont jeté tout ce qu’il leur était possible sur la police, ont dansé devant les canons à eau découvrant que le pouvoir et la légitimité de la police étaient des choses qui pouvaient être surmontées. Il ne semblaient pas y avoir de plan stratégique pour la suite de cette manifestation, ni de conscience politique bien réfléchie. La nuit a été dominée par la colère et le sentiment d’avoir été pour une fois entendu·e·x·s, ce qui en soi était hautement politique. Mais la nuit c’est également terminée par de nombreuses blessures et arrestations.

C’était la première fois, depuis 2013, qu’émergeait une manifestation si massive, avec des heures de résistance contre la police. Bien que les manifestations n’aient été diffusées sur aucune chaîne de télévision, elles ont été suivies par de nombreuses personnes via les réseaux sociaux. Le mur de la peur a été franchi par de nombreuses personnes qui ont réalisé qu’il était possible de défier l’État et de se rebeller. Le lendemain, de plus en plus de personnes descendaient dans les rues d’autres villes de Turquie pour manifester. Au même moment, l’État turc a restreint les bandes passantes web dans tout le pays et il fallut soudain plusieurs minutes pour télécharger ne serait-ce qu’une vidéo de dix secondes. Les manifestant·x·e·s expérimenté·e·x·s, qui ont soutenu les manifestations à la fois dans la rue et en ligne, ont informé les gens que ce problème pouvait être surmonté avec de VPNs. Et cette fois, par le biais d’Elon Musk, l’État turc a bloqué l’accès à environ 200 comptes X de journalistes, d’associations juridiques, de collectifs de médias et de partis politiques. Le même jour, le Haut Conseil de la radio et de la télévision (RTÜK) a interdit toute diffusion en direct sur les chaînes de télévision. Toujours le même jour, bien que cela n’ait pas de lien direct avec les manifestations, le conseil d’administration du barreau d’Istanbul, connu pour s’opposer à Erdoğan, a été dissous par décision de justice.

Au même moment, de nombreux·ses avocat·e·x·s de différentes villes qui souhaitaient défendre les manifestant·x·e·s détenu·e·x·s ont également été arrêté·e·x·s dans les commissariats et les palais de justice. Le nombre de personnes détenues ne cessait d’augmenter. Certaines ont directement été condamnées à des peines de prison ou à des assignations à résidence. Le maire, Ekrem Imamoğlu, et une centaine d’hommes politiques, qui avaient été arrêtés la veille, étaient toujours interrogés au poste de police. Toute cette oppression et la peur en découlant n’ont pas découragé les gens de manifester dans les rues, mais ont au contraire renforcé leur détermination. Pendant les manifestations, les députés qui prenaient le micro et prononçaient des discours en espérant l’aide des élections et de la loi étaient hués. Les jeunes faisaient pression sur les députés pour qu’ils appellent à descendre dans la rue, et non aux urnes, et cela a été accepté. Ce moment en lui-même a marqué un nouveau seuil, car « appeler à descendre dans la rue » avait été reconnu comme illégitime pendant des années dans la loi et la société fabriquées par Erdoğan. Le fait que des députés engagé·e·x·s dans une politique « légale » aient osé le faire a été en soi assez surprenant pour tout le monde. C’était comme si des milliers de personnes franchissaient une par une un mur invisible dont jusqu’à présent la société entière ne savait pas s’il existait réellement ou non et que personne n’osait le dépasser. Une fois de l’autre côté, déconcertées, dans ce pays où elles n’avaient jamais mis les pieds, toutes ces personnes se demandaient ce qui allait leur arriver.

Stratégies de l’État turc

De nombreux·ses acteur·ice··x·s de l’opposition sociale établi·e·x·s de longue date en Turquie ont appelé à ces manifestations, condamné l’arrestation d’Imamoğlu, soutenu les revendications des jeunes pour la justice, la démocratie et la liberté, et se sont élevé·e·x·s contre les violences policières et les interdictions. Parallèlement, le mouvement politique kurde (Parti DEM, Partiya Demokratîk a Gelan – en kurde, Halklarin Demokratik Partisi – en turc), l’un des acteurs les plus puissants de la contestation, a choisi de limiter son soutien à ses dirigeants les mieux placés. Seul·e·x·s les représentant·x·e·s du parti ont effectué une visite symbolique sur les lieux des protestations et ont publié une déclaration qualifiant la détention d’Imamoğlu de coup d’État. Le soutien du parti DEM à un soulèvement aussi vaste et généralisé, où des citoyens et citoyennes ordinaires ont manifesté pour la première fois depuis des années, aurait pu changer la donne pour le destin du pays et mettre Erdoğan dans une position plus difficile que jamais. Avec le recul, il n’est pas difficile de deviner ce qui a motivé Erdoğan à entamer un processus de paix avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, Partiya Karkerên Kurdistan – en kurde) ces dernières semaines. La raison pour laquelle le Parti DEM a adopté une telle position reste toutefois plus complexe, et l’histoire nous dira pourquoi. Néanmoins, à ce stade, je pense qu’il est plus important de parler des résultats que des raisons, car la distance prise par le Parti DEM a eu deux conséquences importantes. Tout d’abord, La police dans la rue, tout comme Erdoğan dans l’arène politique, ont réussi à échapper à une menace très importante. La participation du Parti DEM et de la jeunesse kurde aux manifestations aurait pu rendre la tâche d’Erdoğan beaucoup plus difficile. Comparativement aux émeutes du parc Gezi, une évidente défaillance d’expérience, de résilience et de compétences organisationnelles, dû à l’absence du parti DEM et de la jeunesse kurde, se fait clairement sentir dans les soulèvements actuels. Je pense que si un génie offrait un souhait magique à Erdoğan et sa police, ils l’utiliseraient pour éloigner les Kurdes de ces manifestations.

Le deuxième point explique cela plus précisément : l’absence des Kurdes en tant que partie prenante de ce mouvement a laissé plus de place à la tendance nationaliste et étatiste, déjà très présente parmi les manifestant·e·x·s. La conséquence fut que les manifestant·x·e·s ayant une approche intersectionnelle, tel·le·x·s que les Kurdes, les féministes, les LGBTI+, les socialistes, les anarchistes, les défenseurs des droits des animaux, etc., sont devenu·e·x·s encore plus marginalisés. La crainte de mettre leur sécurité encore plus en jeu a amené une réticence naturelle parmi ces personnes à afficher leurs identités, par exemple en brandissant un drapeau arc-en-ciel. Dans la plupart des villes, les personnes queers ne se sentaient pas assez en sécurité pour participer aux manifestations ni individuellement ni de manière collective. Si Erdoğan et sa police pouvaient faire un deuxième vœu, ils choisiraient certainement l’absence de dynamique intersectionnelle au sein de ces manifestations. Parce que l’intersectionnalité, tant en termes de nombre que de qualité, représente le pire cauchemar d’Erdoğan. Parce que l’avenir et la durabilité de la colère émergée lors de ces jours ainsi que la question de savoir si elle menacerait un jour l’État ou non dépendent de son caractère intersectionnel. Comme expliqué plus haut, c’est grâce à sa politique de destruction des fondements de l’intersectionnalité qu’Erdoğan a réussi à atteindre son autorité absolue. Il ne fait aucun doute que dans cette lutte, l’union des personnes opprimées profiterait à tous les opprimé·x·e·s et désavantagerait leur ennemi commun. Malheureusement, je dois dire qu’Erdoğan et sa police semblent avoir de la chance et que leurs deux souhaits les plus chers se réalisent pleinement dans le soulèvement qui a lieu depuis le 19 mars.

Ce qui se passe actuellement : une résistance généralisée face à une répression très violente

À ce jour, le 27 mars, les manifestations se poursuivent avec le caractère exponentiel que j’ai mentionné plus haut. La semaine dernière, les queers, féministes, anarchistes, socialistes… ont fait des progrès significatifs pour devenir plus visibles et donner aux manifestations un caractère révolutionnaire. Simultanément, le lancement d’une campagne de boycott massif contre de nombreuses entreprises liées au gouvernement a provoqué une grande panique. Le même jour, le fait de voir des hauts fonctionnaires du gouvernement prendre la pose avec des entreprises boycottées et faire la publicité de leurs produits pour les soutenir a prouvé une fois de plus que nous étions officiellement en guerre : l’organisation criminelle étatique turque et son capital ont déclaré la guerre à toustes celleux qu’ils percevaient comme une menace pour leurs intérêts.

Dans cette guerre, la priorité n’est pas toujours d’arrêter des gens mais aussi de collecter des données sur qui se trouve sur le front adverse. Ce n’est pas sans raison que la police, après avoir, hier, encerclé des manifestations universitaires, a déclaré qu’elle libérerait les manifestant·x·e·s en échange du retrait de leurs masques. Dans un même temps, plusieurs guides sur la sécurité digitale publiés sur les réseaux sociaux par celleuxqui sont dans la rue depuis des années ont permis de sauver des vies. Dans certaines universités, les professeurs fidèles à Erdogan ont partagé les feuilles de présence avec la police pour signaler les étudiant·x·e·s qui ne suivent pas les cours ces jours-ci. Mais de nombreux·se·s autres professeurs ont soutenu l’appel au boycott universitaire suite à quoi iels ont déjà été démis·e·x·s de leurs fonctions. Même si j’ai dit que les arrestations ne sont pas la première priorité, il est bon de rappeler que les prisons autour d’Istanbul ont atteint leur capacité maximale et de nouvelleaux détenu·x·e·s devront être envoyé·e·x·s dans les prisons des villes voisines. Quelque chose qui n’aura surpris que les personnes qui ne connaissent pas la véritable fonction de la loi : Le délit mineur de « violation de la loi sur les réunions et les manifestations », – lequel n’était pas pris au sérieux dans les cycles de contestations précédentes car la plupart du temps, les gens ne recevaient même pas d’amende à l’issue du procès – sert à présent à envoyer des dizaines de personnes en prison.

La nécessité de prendre le parti de la pierre jetée sur la police plutôt que celui de la personne qui la jette.

Il devient clair une fois de plus que l’approche que nous ont enseigné le système judiciaire et les politiciens, selon laquelle nous devrions prendre inconditionnellement le parti de l’un des protagonistes d’un conflit, ou que le statut de victime et d’agresseur devrait être attribué à deux personnes/identités différentes et strictement séparées l’une de l’autre, nous conduit dans un piège. Il est frappant de voir comment tant de manifestant·e·x·s âgé·e·x·s de 16 à 24 ans, qui sur la base de l’éducation obligatoire qu’iels ont reçue de l’école, des médias et de la famille sont prêt·e·x·s à menacer et à expulser les Kurdes ou les LGBTI+ qui voudraient se joindre aux manifestations, deviennent à la fois des agresseur·se·s et des victimes. Depuis le début du soulèvement le 19 mars, en tant que victimes de l’État plus de 2 000 personnes ont été arrêtées. Des milliers d’autres ont été blessées, certaines mortellement,des dizaines ont été emprisonnées, un nombre inconnu ont été chassées du domicile de leur famille, expulsées de chez elles, virées de leur emploi, exclues de l’université ,qualifiées de terroristes par les services de renseignement. Cela est en partie dû au pouvoir qu’elles ont perdu en raison de leur rôle d’agresseur·euse·s Je constate que ce piège a fonctionné pour certains terroristes d’hier et qu’une partie importante d’entre elleux, en particulier au sein des partis politique kurde, qui ont pourtant passé leur vie à lutter contre l’État, sont à présent indifférent·e·x·s à la violence de l’État et aux revendications des manifestant·x·e·s. C’est également à travers ce filtre que j’analyse le manque de réactivité et le silence du mouvement antifasciste en Suisse et en Europe. C’est pourquoi je trouve important d’expliquer ce qui se passe dans ce soulèvement aux autres rebelles du monde entier. Je souhaite expliquer que le soulèvement actuel, malgré sa complexité, mérite d’être soutenu et la solidarité internationale ne peut se faire que dans une perspective anti-autoritaire qui ne tombe pas dans le piège d’une prise de parti rigide. Il est possible de soutenir ce mouvement sans blâmer la victime d’avoir été torturée par la police et sans excuser l’agresseur qui a tenté d’y supprimer le drapeau kurde.

« Queer – Resist »

Où se situer face à un soulèvement aussi controversé ?

Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu, car les manifestant·x·e·s ne sont pas seulement des nationalistes/apolitiques de la génération Z. De nombreuses personnes queer, kurdes, anarchistes, socialistes, antispécistes, féministes, qui s’impliquent dans des luttes intersectionnelles élèvent aujourd’hui leurs voix contre l’injustice et résistent à l’État turc dans les rues, comme elles le font depuis des années. Malgré leur peur à l’égard de la majorité des manifestant·e·x·s, iels préfèrent être dans la rue et iels subissent une part plus importante de la violence de l’État. La complexité de ce soulèvement signifie qu’iels ont plus que jamais besoin de soutien. Il est essentiel de soutenir ce soulèvement pour qu’iels en ressortent avec un peu de terrain conquis ou du moins sans être davantage repoussé·e·x·s. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car les manifestant·x·e·s, même si certain·ne·x·s nourrissent des idées contre-révolutionnaires, sont légitimes dans ce contre quoi iels se révoltent : les organes et les politiques de l’État turc, symbolisées par Erdoğan. C’est ce qui détermine la légitimité d’un soulèvement. Peu importe que la majorité des manifestant·x·e·s veuille que le dictateur Erdoğan tombe et soit remplacé par le nationaliste İmamoğlu. Aujourd’hui, nous pouvons nous serrer les coudes dans la lutte pour faire tomber Erdoğan et demain, nous pourrons nous séparer lorsque la demande sera de le remplacer par İmamoğlu. Une fois que nous aurons détruit la plus grande puissance existante, nous nous battrons pour détruire la deuxième plus grande puissance, puis la troisième, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pouvoir au-dessus de nous. Ce point de vue anarchiste appelle à soutenir toute menace contre Erdoğan, son État, sa police, son système judiciaire. La critique de ces manifestations ne doit pas servir à isoler le soulèvement, mais plutôt à éclairer les débats qui suivront en cas de victoire.

Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car un dictateur utilise tout le pouvoir et toutes les ressources de l’État turc, devenu une « organisation criminelle », pour massacrer des personnes qui n’ont pas ce même pouvoir et ces même ressources, peu importe qui elles sont. Non seulement les manifestant·e·x·s, mais aussi leurs avocat·e·x·s, les journalistes qui documentent les actes de torture, les médecins qui soignent les blessé·e·x·s lors des manifestations, celleux qui en parlent, celleux qui ouvrent leurs portes aux personnes touchées par les gaz lacrymogènes, toustes celleux qui ne sont pas en obéissance absolue sont désormais puni·e·x·s. Dans la Turquie de 2025, où l’État contrôle tous les aspects privés et publics de la vie et où tout notre soutien potentiel est démantelé, la survie d’Erdoğan à ce soulèvement reviendrait à laisser toutes les personnes qui ont remis en question son autorité enfermées dans un bâtiment en flamme. C’est peut-être la première, la seule et la dernière chance que nous avons depuis des années d’agir contre le pouvoir d’Erdoğan. C’est pourquoi tout soutien à ce soulèvement ou tout coup porté contre sa cible, l’État turc, revêt une importance vitale. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car pour ceux qui ne détiennent ni le pouvoir et ni la majorité, les femmes, les Kurdes, les Alevis, les homosexuel·le·x·s, les pauvres, les jeunes, les immigré·e·x·s, les terroristes d’hier, le premier pas vers la respiration, l’écoute et la liberté est l’effondrement de l’ordre actuel. Le soulèvement actuel en Turquie mérite d’être soutenu car c’est peut-être la dernière chance pour nous, terroristes d’hier, qui avons déjà été emprisonné·e·x·s et contraint·e·x·s à l’exil pour nous être rebellé·e·x·s pendant des années, de revoir la lumière du jour dans le pays où nous sommes né·e·x·s.

À Montréal, la police bloque les antifascistes… pour permettre aux adeptes de black metal de célébrer les exploits militaires des nazis

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Déc 032024
 

De Montréal Antifasciste

Montréal, le 30 novembre 2024 — Hier soir avait lieu le deuxième des trois soirées du festival black metal de la Messe des Morts, au théâtre Paradoxe, dans le quartier Ville-Émard de Montréal. À cette occasion, une manifestation antifasciste a été organisée pour dénoncer la complaisance chronique du festival et de nombreux adeptes du genre à l’égard du courant NSBM (national socialist black metal), ou néonazi, qui traverse ce milieu, et plus particulièrement la présence dans la programmation 2024 du festival d’au moins quatre groupes liés à ce courant par leurs thématiques, leurs affiliations ou leurs collaborations.

Suite à la campagne de pression exercée sur le promoteur, Sepulchral Productions, et le locateur de la salle, le groupe Paradoxe, trois des groupes problématiques au programme, Horna, Sargeist et Chamber of Unlight — soit ceux dont les liens avec le NSBM sont les plus clairs — ont été refusés de territoire au Canada en raison d’un signalement de menace à la sécurité nationale, si l’on doit en croire le communiqué du promoteur. Deux autres groupes, Conifère et Phobocosm, s’étaient désistés de la programmation dans les jours précédant le festival, pour des raisons « évidentes » et « personnelles », respectivement.

Toutefois, le groupe suédois Marduk, dont nous avons relevé les obsessions thématiques pour les exploits militaires des SS et de la Wehrmacht durant la Deuxième Guerre mondiale, a non seulement pu jouer ses concerts prévus, mais a en plus remplacé au pied levé les groupes absents, montant sur scène les trois soirs du festival.

À l’extérieur du théâtre, au point culminant d’une campagne soutenue de dénonciation et de mobilisation initiée plusieurs semaines auparavant, environ 200 personnes ont répondu à l’appel et se sont jointes à la manifestation organisée par le collectif Montréal Antifasciste. Une foule diversifiée et combative était au rendez-vous, comptant des résident·es du quartier, des organismes communautaires du Sud-Ouest et plusieurs contingents autonomes formés, notamment, derrière les bannières du SITT-IWW et de la section locale de Voix juives indépendantes.

Une masse de porcs pour la messe des morts…

Malheureusement, la manifestation a été dès le départ paralysée et encadrée par un dispositif policier absolument démesuré : plusieurs centaines d’agents à pied, à vélo, en voiture et à cheval, répartis sur deux pâtés de maisons, formant un périmètre étanche tout autour du théâtre. Malgré qu’une cinquantaine de camarades soit parvenue à déjouer temporairement ce dispositif, celui-ci s’est avéré beaucoup trop imposant pour que nous puissions le défier efficacement ou durablement. La manifestation a donc été gelée sur place sur le boulevard Monk, à moins de 100 mètres du théâtre, vers 17 h 45. Les policiers ont ensuite érigé un point de contrôle plus au sud et opéré un tri au faciès pour diriger les festivaliers sur une rue parallèle de manière à contourner le périmètre d’insécurité et rejoindre l’entrée du théâtre. On peut dire que les policiers, ce soir-là, ont littéralement fait le jeu des fascistes. Fait à noter, de nombreux membres du SPVM placés en première ligne portaient l’écusson « Thin Blue Line », un signe de reconnaissance d’extrême droite dont l’utilisation est découragée, mais pas encore interdite par le service.

Autre fait cocasse, la mascotte stéroïdée du milieu néonazi local s’est présentée vers 18 h, juste pour « voir notre petit rassemblement ». Après cinq minutes d’un face à face tendu, il est reparti la queue entre les jambes. Dans les circonstances, une altercation physique aurait inévitablement déclenché une brutale intervention policière, laquelle aurait entraîné une fin désastreuse de la manifestation. Nous félicitons nos camarades d’avoir su garder leur sang-froid devant cette flagrante provocation.

(À ce propos, un message aux politiciens [et aux médias] qui hallucinent de l’antisémitisme dans chaque manifestation de solidarité avec la Palestine : les vrais antisémites, les foutus néonazis, sont là tout juste sous vos yeux, mais ceux-là, vous préférez envoyer vos chiens enragés pour les protéger.)

Après une heure sur place à scander des slogans antifascistes (« Siamo tutti antifascisti! », « Ville-Émard en a marre, des fachos et des bâtards! »), constatant que nous ne pourrions rien accomplir de plus en restant dans cette souricière étanche, le groupe est parti en manifestation vers le sud sur le boulevard Monk. Le SPVM a alors étroitement flanqué le cortège d’un peloton d’antiémeutes de chaque côté. À une centaine de mètres de l’édicule du métro Monk, un commandant de peloton, irrité par les remontrances légitimes d’un camarade, a inexplicablement décidé de mener ses hommes dans une violente charge contre la tête du cortège, à coups de bâtons et de boucliers, en plus de décharger libéralement une bonbonne de poivre. Histoire de bien faire comprendre qui est le boss, vous voyez! La manifestation s’est ensuite dispersée dans le métro, sous l’œil belliqueux des antiémeutes.

Le collectif Montréal Antifasciste tient à remercier chaleureusement toutes les personnes et les organisations qui ont participé à la campagne de dénonciation et de mobilisation.

Un bilan de campagne positif

Comme nous l’avions expliqué dans notre article publié le 27 octobre dernier, la communauté antifasciste de Montréal n’avait pas cru bon de monter une campagne de dénonciation contre la Messe des Morts dans les dernières années, comme elle l’avait fait en 2016, car la programmation ne présentait aucun groupe particulièrement problématique. Celle de 2024, au contraire, se présentait comme une provocation.

Au début d’octobre, nous avions communiqué avec l’administration du Théâtre Paradoxe (qui relève d’une entreprise d’économie sociale) pour l’encourager à prendre les mesures nécessaires afin d’empêcher les groupes en question de se produire dans son enceinte. Malheureusement, tous nos efforts diplomatiques n’ont pas abouti, l’administration du théâtre se disant captive d’un contrat avec le promoteur de la Messe des Morts, qui, dans tous les cas, est le véritable responsable de ce fiasco grotesque. Nous n’avons donc eu d’autre choix que de tenir notre promesse d’enchaîner avec une manifestation en marge du festival.

Pivot : « Le collectif Montréal antifasciste dénonce un festival de musique black métal »
La Presse : « Tirs groupés contre un festival de black métal  »

Quoi qu’on puisse dire des événements de vendredi soir, absolument dominés par le SPVM, nous estimons avoir atteint les objectifs de la campagne plus largement :

  • deux des quatre groupes visés, les plus proches du réseau NSBM, n’ont pas pu jouer au festival ;
  • nous avons efficacement alerté la communauté à une situation problématique ; tout particulièrement l’administration du Théâtre Paradoxe qui, manifestement, connaissait mal le vampire qu’elle avait invité chez elle ;
  • nous avons révélé les contradictions flagrantes qui traversent le milieu du black metal et causé des frictions salutaires entre les adeptes complaisant·es et les fans antiracistes du genre ;
  • nous avons entraîné des conséquences économiques majeures pour le promoteur du festival, dont les activités au fil des ans dénotent une sympathie certaine pour le NSBM ;

En fin de compte, nous dressons un bilan positif de cette campagne de dénonciation et de mobilisation. Dans les prochains mois, nous allons maintenir la communication avec l’administration du Théâtre Paradoxe pour faire en sorte que l’édition 2024 du festival soit la dernière qui ait lieu dans cette salle. Nous allons également maintenir la pression sur le promoteur du Festival, qui a encore une fois donné la preuve de sa complaisance à l’égard d’une idéologie haineuse et de ses manifestations dans le genre black metal, malgré ses prétentions à la neutralité politique.

Et bien entendu, nous allons continuer à exercer une veille constante pour que Montréal reste, résolument, antifasciste.

— Le collectif Montréal Antifasciste

De la violence? : Un communiqué sur la casse lors de la manifestation BLOQUONS L’OTAN*

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Nov 252024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

*Ce communiqué est basé sur le journal du même nom, organisé par la CLAC et D4P, mais il en est indépendant. Nous expliquerons ici le raisonnement derrière nos actions du vendredi soir 22 novembre 2024, parce qu’on sait pourquoi on fait ces choses et parce qu’on croit fort en ce que l’on fait.

Remettons nous d’abords en contexte : le vendredi 22 novembre marque le début de l’assemblée parlementaire du bras armé du Nord global, soit de l’organisation du traité de l’Antlantique Nord (OTAN), qui se tiendra à soi-disant Montréal jusqu’au 25 novembre. Alors que les gouvernements s’adonnent déjà à faire de la vie des exploité.e.s et des exclu.e.s un cirque mortifère, l’OTAN vient mettre pression pour que le soi-disant Canada consacre 50% de plus de son PIB aux forces armées. Évidemment, nos « démocraties » sont tout-à-fait à l’aise avec cet investissement. Ça représenterait 55 miliards de dollard. L’OTAN est une instance décisionnelle qui concrétise des intérêts militaristes et impérialistes. Elle est d’ailleurs complice du génocide en Palestine.

L’OTAN c’est une aliance militaire entre les pays les plus riches du monde, dont le Canada, l’Allemagne, les Étas-Unis, la France, l’Italie et l’Angleterre. Et elle conspire aussi avec des alliés non-membres comme le Japon et l’entité sioniste (Israël). Sa fonction est de protéger les hégémonies capitalistes du Nord global, ayant pour secrétaire semi-formel les Étas-Unis. L’OTAN concrétise la menace et la capacité d’agir de façon dévastatrice face à toute tentative de libération du Sud global. Ses intérêts sont parfaitement impérialistes : les États produits et guidés par le grand capital aspirent à étendre leur emprise en exploitant des territoires externes où voler des ressources, saccager la nature et asservir les gens par une domination politique, économique et/ou miltaire.

L’OTAN veut normaliser l’horreur des crimes de guerre comis par les forces militaires occidentales en les camoufflants en missions humanitaires et en en séparant les différentes tâches entre plusieurs pays, diminuant le coût politique de leurs actions et maintenant leurs bases démocratiques dans la duperie. Les interventions militaires soutenues par l’OTAN viennent protéger des gouvernements alignés sur les intérêts américains, et cherchent à écraser toute tentative de renversement. Ces décisions ont pour but de maintenir les pays les plus pauvres dans leurs situations d’exploitation par le Nord global, de les maintenir sous la contrainte capitaliste. L’alliance de l’OTAN avec l’entité sioniste est cohérente idéologiquement, comme entreprise colonisatrice, mais Israël développe et fournit aussi nombreuses armes et techniques et technologies de contrôles que les États de l’OTAN utilisent pour leur domination capitaliste à travers le monde, autant dans leurs missions impérialistes que pour contrôler leurs propres populations.

Le « problème » que nous combattons ici n’est pas spécifiquement la venue de l’assemblée de l’OTAN, ni les agissements de la Caisse de dépot et placements du Québec (CDPQ, qui force tous les salariés du Québec à financer le génocide palestinien), elles n’en sont que des symptômes. Ce « problème », c’est le système dominant auquel nous nous opposons, celui qui cause toutes ces horreurs : le capitalisme.

Oh et d’ailleurs, non nous ne défendons pas la Russie et ne l’apprécions pas plus que l’OTAN, les gens associent souvent l’OTAN à se défendre de l’empire Russe et pensent que s’opposer à ce sommet voudrait dire avoir une sympathie pour des plus petits États, mais ce n’est pas notre cas, chaque fucken colonisateur de cette planète doit tomber. N’oubliez jamais que nous détestons ce système capitaliste et ses ramifications du plus profond de notre coeur.

On a plus le temps de rester calme et de demander gentiment. La résistance est légitime, l’État et la police ne peuvent plus avoir le monopole de la violence – surtout si c’est la seule langue qu’ils entendront. Nous souhaitons faire cesser la duperie et exposer au grand jour, dans la rue et les médias, les dérives gouvernementales et leurs obsessions militaires, ces infâmités que nous tolérons sous nos nez. Nous blessons le grand capital, matérialisé le plus densément au centre-ville pour nous opposer symboliquement et matériellement à l’horreur capitaliste sous-jacente aux crimes les plus odieux :

les vitres du palais des congrès, où se tenait l’assemblée de l’OTAN, une auto en feu, des anti-émeute couverts de peinture, des vitrines de commerces

Nos gestes sont chargés d’une rage qui nait face aux horreurs dont on est témoins et qu’on dénonce dans ce communiqué, mais aussi de notre misère : entre crises climatiques et crise du logement, inflation et jobs de marde, systèmes de santé et d’éducation en ruines, xénophobie, transphobie, covid et dépression, profilage et répression, montée du fascisme, etc. Tout cela répond du même système. C’est parce qu’on est à bout et horrifié-es qu’on se rassemble et qu’on affiche notre refus. Nos actions auront eu une portée symbolique et matérielle. Elles auront couté monétairement, auront dérangé, propoagé nos idéaux et visibilisé cette lutte légitime et nécessaire.

Avant même qu’il n’y ait de la casse, la police chargeait, frappait et gazait. Dans notre combat, nous avons bien vu la posture complice de nos gouvernements : la brutalité policière en est une matérialisation des plus limpides. La police, chien de garde de l’État, a utilisé ces armes et tactiques développées par l’entité sioniste et autres investissements de l’OTAN pour réprimer notre révolte. La police a encore, comme toujours, défendu les intérêts des riches et de l’État, poivrant, mattraquant, cassant des côtes et gazant, empoisonnant.

Elle tente, fort, d’étouffer les espoirs de libération des vies humaines et de la nature présentement massacrées, mais nous ne nous essouflons pas. Nous dénonçons les arrestations survenues hier et toutes les blessures encourrues (crâne fendu, bras cassé, projectiles dans les yeux, etc.), mais nous ne nous essouflons pas. L’automne a été chaud et l’hiver brûlera plus fort encore, parce que la lutte est tout ce qui nous reste d’espoir, parce qu’il faut faire tout ce que l’on peut, parce qu’on est profondément amoureux-ses de nos révolutions, amoureux-ses de nos camarades.

Les médias metterons l’accent sur notre violence, à nous, manifestant-es. Ils dénatureront nos messages qui confrontent les atrocités perpétrées par soi-disant Israël et l’OTAN, responsable de millions de morts. Alors il est crucial de rappeler que nous dénonçons la brutalité des structures d’oppression qui nous gouvernent, que la pire violence est celle des États et que cette violence est une conséquence du système capitaliste.

AMOUR ET RAGE.

– LE BLACK BLOC

En guise de réponse et d’appel aux fans de black metal

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Nov 232024
 

De Montréal Antifasciste

« Si à table se trouvent un nazi et dix autres personnes plaisantant avec lui, alors vous avez en fait une tablée de nazis. »

Ce dicton populaire se présente comme une boutade, mais l’idée qu’il exprime n’en est pas moins forte, juste et pertinente. Nous avons l’intime conviction que la complaisance à l’égard des courants les plus réactionnaires, les plus racistes et les plus haineux de l’extrême droite ne peut que vicier, par effet de contagion, les milieux où ils sont tolérés.

C’est la raison pour laquelle nous avons lancé dans les dernières semaines une campagne visant à dénoncer et à faire annuler la présence de plusieurs groupes adjacents au courant NSBM (néonazi) dans la programmation 2024 du festival black metal de la Messe des Morts, organisé par le label Sepulchral Productions et son principal responsable, Martin Marcotte[i]. Cette campagne culminera par une manifestation le 29 novembre à 18 h, devant le Théâtre Paradoxe, 5959 boulevard Monk, à Montréal.

Depuis la publication de notre dossier sur ces groupes, le 27 octobre, nous avons reçu une déferlante de commentaires ulcérés provenant d’adeptes du genre black metal qui nous accusent, suivant un script bien connu, de diaboliser ou de chercher à « canceller » le milieu tout entier. Pour l’essentiel, ces réactions ont en commun d’ignorer complètement la critique et de recourir à toute sorte d’arguments fallacieux pour défendre bec et ongles le milieu contre-culturel dont il est question.

Pour être tout à fait clairs, nous ne reprochons pas à ce milieu d’être foncièrement néonazi – nous n’opérons pas et n’avons jamais opéré cet amalgame, quoi qu’en disent nos critiques. Ce que nous lui reprochons, c’est sa trop grande tolérance aux éléments néonazis qui y persistent, comme en témoigne la présence d’au moins quatre groupes liés de proche ou de loin au NSBM dans la programmation 2024, dont la tête d’affiche, le groupe suédois Marduk, qui cultive une profonde ambiguïté à cet égard.

Le présent billet a pour but de répondre à nos critiques, en réitérant une fois de plus l’invitation lancée aux adeptes de black metal à faire le ménage une fois pour toutes dans ce milieu.

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Le 20 novembre 2024, Radio-Canada titrait « Saluts nazis et croix gammées au Bas-Saint-Laurent, des actes “inquiétants” »; la veille s’entamait à Ottawa le procès de Patrick Gordon Macdonald, alias « Dark Foreigner », un propagandiste lié au réseau néonazi Atomwaffen Division; la semaine précédente, des militants néonazis avaient déployé une bannière à Hamilton, en Ontario, appelant à « l’expulsion massive » des immigrants; la même semaine, dans la foulée de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, un groupuscule néonazi paradait dans les rues de Columbus, en Ohio, avec des drapeaux ornés de la croix gammée.

Tous ces événements ne sont pas produits dans les années 1930, ou dans les années 1980, mais en novembre 2024, au Québec, au Canada et aux États-Unis. Il serait absolument malhonnête de prétendre que les mouvements fascistes ne présentent pas une réelle menace aujourd’hui. Depuis une décennie au moins, la droite populiste monte en force un peu partout dans le monde, et dans son sillon l’extrême droite redresse la tête, avec son cortège de fascistes et de suprémacistes de tous acabits.

C’est dans ce contexte alarmant que s’inscrit notre campagne de dénonciation de la Messe des Morts.

Il est établi que le black metal est parasité depuis toujours par un courant néonazi, le sous-genre NSBM. Celui-ci ne s’affiche pas toujours ouvertement dans ce milieu, mais il le traverse de manière persistante et surtout, il y est largement toléré. Les éléments du milieu black metal qui condamnent et rejettent explicitement le courant néonazi (comme le courant Red and Anarchist Black Metal) y font figure d’exception.

L’attitude la plus répandue lorsqu’on dénonce cette réalité est celle que nous avons observée au cours des dernières semaines : une réaction épidermique caractérisée par un déni catégorique et une défense exorbitée du milieu black metal. Comme le type de musique qu’ils affectionnent constitue une partie centrale de leur identité, les fans le « prennent personnel » : iels sont fans de black metal; iels ne sont pas personnellement nazis, ERGO, le black metal ne peut pas être nazis. Or ce dont il s’agit au fond, ce n’est pas de l’adhésion de tel ou tel fan du genre aux principes du national-socialisme, mais d’un phénomène de complaisance au sous-genre NSBM qui traverse le milieu.

On retrouve essentiellement les mêmes quatre ou cinq arguments, qui ensemble forment une sorte de raisonnement circulaire :

  • « Même pas vrai! »;

Le NSBM en tant que tel ou son influence présumée au sein du milieu black metal seraient une sorte de mythe perpétué par « les communistes » et autres « mauvaises personnes ». C’est la position la plus facile à réfuter. Le NSBM est incontestablement un des courants constitutifs du black metal, et ce, depuis les débuts mêmes du genre.

  • Le NSBM existe bien (quelque part, ailleurs…), mais ici c’est une entité négligeable, du moins c’est inexistant à la Messe des Morts, qui est au-dessus de tout soupçon;

Le NSBM serait un phénomène hyper marginal, et mieux vaudrait l’ignorer complètement, selon cette ligne argumentaire. Comme toujours dans de pareils cas, nous contestons avec force cette position de l’autruche. Le courant NSBM est certes minoritaire dans son expression explicite, mais sa présence « culturelle » implicite dans le milieu est chronique et son influence y est diffuse. La présence au festival de ces trois ou quatre groupes aux associations notoirement louches et/ou aux obsessions douteuses pour le nazisme – tout comme la programmation de Graveland en 2016 – témoigne du fait que les liens avec le NSBM, et le cryptofascisme dans le cas de Marduk, ne sont jamais bien loin de la Messe des Morts. Nous savons par ailleurs que Martin Marcotte, le principal responsable de Sepulchral Productions et promoteur de la Messe des Morts, a lui-même distribué du matériel NSBM dans les années 2000, en plus d’organiser des spectacles avec des groupes néonazis à la même époque, et jusque dans les dernières éditions de la Messe des Morts! À notre connaissance, Marcotte et Sepulchral n’ont jamais publié de rétractation ou de déclaration dénonçant publiquement le courant néonazi du black metal ou adoptant une position antiraciste officielle, laquelle aurait à tout le moins pour effet de lever l’ambiguïté à cet égard. Les vagues prétentions au caractère « apolitique » de l’événement ne suffisent pas.

  • C’est vrai qu’il existe des éléments plus ou moins nazis dans le milieu, mais « vous ne pouvez pas comprendre », ça fait partie des codes du genre, c’est une culture de la transgression, et dans la plupart des cas, ça n’est « pas politique ».

Les éléments NSBM dans la scène n’auraient ainsi qu’un caractère folklorique, strictement pour le « shock value ». Cette position est absurde. Un événement et un milieu où des éléments nazis sont tolérés sont par définition politiques. Pour paraphraser la militante afro-américaine Angela Davis, dans un milieu où fourmillent notoirement des néonazis, il ne suffit pas de ne pas être nazi; il faut être activement antinazi. Faute de quoi le milieu sera chroniquement soupçonné de complaisance et de complicité. La défense de la manifestation culturelle ne tient pas la route : la culture et la politique sont en fait indissociables et souvent consubstantielles[ii]. Toute prétention à l’apolitisme au sein de mouvements culturels ou contre-culturels doit donc être prise avec scepticisme.

  • C’est vrai qu’il y a des nazis, mais c’est « pas grave », ils ont « bien le droit »;

Est-il vraiment nécessaire d’expliquer pourquoi cet argument est absolument merdique? Le fascisme, et a fortiori, le nazisme, ne sont pas des idées comme les autres. Ce sont des idéologies haineuses qui ont des effets concrets dans la vie des personnes et des groupes qu’elles prennent pour cible et qui, lorsqu’elles arrivent à leurs fins, ont des conséquences absolument catastrophiques. Là-dessus, l’histoire est sans appel. Il n’est peut-être pas étonnant qu’un genre musical cultivant une fascination pour la morbidité se laisse tenter par les aspects occultes ou « maléfiques » du nazisme, mais la ligne est fine entre la fascination morbide et la complaisance. Et c’est précisément cette complaisance que nous reprochons au milieu black metal.

  • C’est « juste de la musique »; j’en écoute, moi, du NSBM, et ça n’est qu’une question de préférences et de liberté individuelle; ça ne veut pas dire que je suis nazi;

Permettez-nous d’en douter fortement. Vous avez de sérieuses questions à vous poser si vous affectionnez de la musique prônant des idées génocidaires ou glorifiant les actions des nazis. En tous cas, il ne faut pas vous étonner que les antifascistes considèrent que vous faites partie du problème… La liberté d’expression n’est pas et ne doit jamais devenir un paravent pour la promotion et la banalisation d’idées haineuses. C’est bien sûr ce que cherchent à faire actuellement les nouveaux populistes d’extrême droite[iii], qui se servent de cette défense, combinée à la désinformation et au confusionnisme, pour faire valoir dans le courant dominant les pires réflexes réactionnaires, ce qui favorise bien sûr leurs avancées sur le plan politique. Ne nous laissons pas berner.

  • De toute façon les antifas sont bien pires (et bien plus violents); vous dites que vous êtes antifascistes, mais c’est vous les vrais fascistes!

Certains commentateurs ont monté en épingle des anecdotes personnelles d’altercations pour chercher à démontrer que les antifascistes sont globalement des êtres éminemment violents qui ne cherchent qu’à intimider et réprimer quiconque ne pense pas comme elleux. C’est un stratagème bien connu. Il est facile et bien pratique de décontextualiser des incidents isolés pour faire dévier la conversation et éviter de regarder le problème en face. Il n’est un secret pour personne que les antifascistes cherchent à « canceller » les nazis. C’est même dans la définition de tâches. Or en l’occurrence, ce que nous avons demandé à la direction du Théâtre Paradoxe, et indirectement au promoteur de la Messe des Morts, c’est de rayer de l’affiche les trois groupes examinés dans notre article (plus celui identifié par Pivot dans son article consacré à cette polémique). Nous ne cherchons pas forcément à faire annuler le festival au complet (quoiqu’à ce stade-ci, le problème semble chronique…), mais principalement à encourager un examen de conscience au sein du milieu black metal. Nous persistons et signons en ce sens.

Manifestement, au regard de la réaction qu’a suscitée notre campagne de dénonciation de la Messe des Morts, la mauvaise foi fait partie de cette sous-culture au même titre que la confusion et la complaisance. Bien trop souvent, ses adeptes déploient des efforts de contorsion considérables pour ignorer les éléments problématiques signalés, ou du moins pour en nier le caractère problématique.

Pour reprendre le dicton cité en exergue : si vous êtes dans un party ou un néonazi s’affiche librement, et que tout le monde tolère sa présence, s’accommode de ses frasques ou ne cherche pas activement à l’exclure, vous êtes en fait dans un party nazi. C’est d’autant plus vrai si les groupes engagés pour animer la soirée ont déjà eu des membres nazis, ont déjà joué avec des nazis, ou ont déjà acheté des articles de propagande nazie sur des sites nazis, ou se spécialisent dans les chansons glorifiant les exploits nazis. Et si le promoteur du party a lui-même déjà distribué la musique d’artistes nazis et organisé des spectacles de nazis… Vous commencez à saisir le pattern?

Il existe pourtant une voie de sortie. Il serait tout à fait possible pour ces groupes, ces événements, ces promoteurs, et même les adeptes du genre regroupé·es conséquemment, de prendre position de manière claire et univoque contre toute idéologie à caractère haineux, dont le racisme et l’antisémitisme, le sexisme et l’homophobie, et en particulier contre le fascisme et le nazisme. Une telle prise de position publique aurait pour effet de dissiper toute ambiguïté. Il y aurait bien sûr des conséquences rattachées à un pareil énoncé de principes – celleux des adeptes du genre qui adhèrent au NSBM se sentant sans doute trahis –, mais c’est le prix à payer pour nettoyer un milieu contre-culturel qui mérite mieux que de traîner en permanence ce boulet.

C’est possible, et ça s’est déjà fait. Dans les années 1980 et 1990, les milieux contre-culturels punks et skins étaient parasités par des éléments néonazis, et la communauté s’est mobilisée pour les en exclure définitivement. Ça n’a pas toujours été lisse et sans accrocs, mais aujourd’hui encore, ces éléments sont systématiquement ostracisés et les boneheads doivent encore se cacher pour jouer en circle jerk.

Ceci est donc une invitation à prendre position et à faire le ménage de cette scène une fois pour toutes. Pour cela, il faut d’abord cesser de se voiler les yeux et regarder le problème en face.

Saurez-vous relever le défi?


[i]               Lire également cet article du média indépendant Pivot : https://pivot.quebec/2024/11/15/le-collectif-montreal-antifasciste-denonce-un-festival-de-musique-black-metal/

[ii]               Il s’avère de plus en plus clairement aujourd’hui que les transformations politiques procèdent des transformations culturelles, et que les développements politiques que nous observons de nos jours, la montée en force de la droite et de l’extrême droite, sont le résultat d’une patiente manipulation des codes culturels de masse par d’habiles acteurs idéologiques au fil des dernières décennies.

[iii]              Parmi les armes fourbies par ces idéologues (pensons au trumpisme et à Elon Musk) figurent au premier chef la désinformation et le confusionnisme, soit la méthode consistant à brouiller délibérément le sens des mots et des concepts politiques pour semer la confusion et ébranler le sens de la réalité chez les sujets, ce qui favorise leur adhésion à divers fantasmes de complot et aux fausses solutions promises par les démagogues. Une autre de leurs armes favorites est le « gaslighting », soit une forme de manipulation mentale consistant à manipuler ou déformer de l’information de manière à faire douter une personne de sa perception de la réalité. Un des principaux défis qui se présentent à nous à l’ère de la post-vérité est précisément de combattre les effets pervers de ces stratagèmes sur la sphère politique et sur la société de manière générale.

Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant?

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Nov 082024
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Alors, les fascistes ont gagné aux états-unis, en france, en italie … et ils s’en viennent ici. Qu’est-ce qu’on fait maintenant? On fait ce qu’on a toujours fait: on s’organise!

Construire un réseau de support pour personnes immigrantes

Beaucoup de personnes vont être forcées de fuir les états-unis. La menace de la « dénaturalisation » (un gros mot pour dire la déportation des personnes non-blanches) implique que beaucoup de personnes racisées seront forcées de quitter les états-unis dans l’urgence. Beaucoup de personnes LGBTQ+, en particulier des personnes trans, vont devoir trouver des refuges rapidement, à cause des lois transphobes et queerphobes.

Il y a des américains qui travaillent présentement à construire un réseau souterrain pour amener les gens à des endroits sûrs. Nous devrions donc nous assurer d’avoir des endroits sûrs ici pour les accueillir. Tant que le canada marque les états-unis comme un tiers pays sûr, beaucoup de ces gens se retrouveront sans statut. Le problème d’un état plus social comme le nôtre est qu’on dépend beaucoup de lui pour nos services. Il n’y a donc pas beaucoup de ressources pour les personnes sans statut à Tio’tia:ke.

Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrantes (iwc-cti.ca) travaille avec des personnes au statut précaire et aura besoin d’aide. Solidarité sans frontières (solidarityacrossborders.org) supporte aussi des personnes au statut précaire et aura besoin de notre aide.

Aider vos antifascistes locaux

Nous ne sommes pas dans un lieu sûr nous-mêmes. Le fascisme est en hausse ici aussi. Le gouvernement legault se faufile lentement vers le fascisme, et les conservateurs fédéraux seront probablement élus avec un mandat d’extrême-droite. Et c’est sans compter les nazis locaux et leurs supporteurs. Contactez votre collectif antifasciste local (à Tio’tia:ke voir montreal-antifasciste.info) pour voir comment vous pourriez aider, ou bien créez votre propre collectif! Au minimum, enlevez tous les signes de la présences des fascistes. Ne les laissez pas prendre racine dans votre quartier!

On remarque aussi une hausse du nombre de shows de punk et de metal, malgré la fermeture de plusieurs scènes camarades. Ces shows sont beaucoup apolitiques, et si nous ne sommes pas prudent-e-s, les scènes pourraient être investies par des fachos. Tenir des tables de merchs camarades pourrait aider à rappeler aux gens ce qui est en jeu, et l’importance de jeter dehors les fascistes et nazis de nos shows.

Construire des alternatives à nos services perdus

Un des gros enjeux aux états-unis, et possiblement au canada bientôt, c’est l’accès à l’avortement et aux hormones d’affirmation de genre. Mais il y avait un moment où on pouvait assurer ces services nous-mêmes. La génération plus ancienne de personnes trans se souvient peut-être de l’époque où les personnes trans se rencontraient afin d’apprendre comment faire leur propre estrogène et testostérone. Le collectif américain Four Thieves Vinegar Collective (fourthievesvinegar.org) offre ce service en enseignant aux gens des habiletés pharmaceutiques de base.

Une autre solution pourrait être de construire une coopérative de clinique de santé. La Clinique Communautaire Pointe-Saint-Charles (ccpsc.qc.ca) en est un exemple, et fournit des services à la Pointe depuis des décennies. Bien que ces coopératives doivent respecter la loi, il pourrait être plus facile d’offrir des services additionnels sur le côté qu’à un hôpital ou une clinique d’état. Cela pourrait être crucial pour des personnes sans statut, par exemple.

Se préparer pour des catastrophes climatiques

À ce stade, il faut s’attendre à des catastrophes climatiques. Les « leaders » actuels du monde ont fait leur politique d’ignorer la crise climatique. Nous ne devons pas nous attendre à ce que des actions concrètes soient prises dans un avenir proche. Des mesures de mitigation seront prises, mais probablement uniquement pour protéger les quartiers les plus riches, au dépens des autres. Nous voyons déjà des murs marins être construits pour protecter les maisons des personnes blanches, poussant l’eau vers les quartiers racisés.

Nous avons été frappé-e-s fort cet été à Laval, mais ce n’est rien comparé avec ce qu’on a vu à Asheville (caroline du nord) et Valence (espagne). Le collectif Firestorm Books à Asheville donne de l’information sur ce qu’ielles ont fait après la catastrophe. Il existe aussi des brigades anarchistes mobiles dédiées à intervenir rapidement après une tempête de tornades ou un ouragan. Ces brigades sont souvent plus rapides à intervenir que les ressources étatiques, en particulier dans les zones les plus pauvres.

Bien que nous ne sommes pas présentement dans une zone de tornades ni d’ouragans, cela pourrait changer bientôt. Nous aurions besoin de ressources de ce genre.

Apprendre à désobéir

Cela peut être tentant de se lancer dans une action très visible, mais ce n’est pas quelque chose que la majorité des gens peuvent faire. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez rien faire! Toutes les petites actions peuvent aider: Oublier de demander une preuve de résidence avant de donner un service. Marquer un médicament comme perdu, et le donner à une personne sans statut. Perdre la requête d’information de la police, ou bien leur envoyer la mauvaise information à la mauvaise adresse. Conspirez avec vos collègues pour refuser une politique raciste et/ou sexiste.

Le gouvernement legault a passé récemment la raciste loi 96, qui force les employé-e-s du gouvernement à parler en français aux personnes qui viennent demander des services. Ce qu’on voit en pratique, c’est que presques tou-te-s les travailleu-se-s désobéissent à la loi, malgré la réception d’une directive stricte en ce sens. La plupart des employé-e-s du gouvernement vont vous parler dans la langue que vous préférez, même si la loi le leur interdit.

Ce refus d’obéir est important. C’est ce que nous avons besoin dans un état fasciste. Enfin, on ne pleurera pas si certains (ou toutes!) les ambassades se mettent à brûler durant la nuit, mais ce n’est pas quelque chose que tout le monde voudrait faire. Apprendre à désobéir, c’est quelque chose que nous pouvons tou-te-s faire, et que nous devons apprendre à faire. 

Conclusion

Le but de ce petit article est juste pour vous donner quelques indices sur ce que vous pouvez faire. Il y a cependant beaucoup d’autres choses dont on aura besoin! La clé est d’être curieu-se, observateur-rice, et imaginatif-ve. Regardez autour de vous, parlez à des camarades, regardez ce qui manque aux gens, déterminez ce qu’il faut faire. Les vieilles approches nous ont menées dans ce pétrin: peut-être qu’il est temps d’en trouver de nouvelles.

Une chose est certaine: ils veulent nous entraîner dans leur grande noirceur. Le moindre que l’on peut faire, c’est de les faire chier un max!

Vers un autre soulèvement

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Oct 292024
 

De Trognon.info

Ces lignes répondent à un article paru dans Tinderbox, un journal hors-ligne d’anarchie combative.

Fin 2010 un acte individuel de désespoir dans la ville de Sidi Bouzid a déclenché un bouleversement audacieux, enragé et joyeux qui a voyagé à travers l’Afrique du Nord jusqu’au Moyen-Orient et au-delà. Les populations ont défié les systèmes oppressifs dans lesquels elles étaient immergées depuis des générations et se sont rassemblées dans les rues pour renverser les élites politiques à leur tête. Les autorités, d’abord stupéfaites par cet esprit courageux qu’elles ne pouvaient pas comprendre, ont alors délivré une réponse cynique et brutale.

Cette défaite est toujours en train d’être infligée aux populations de la région, et elle est aussi ressentie dans le monde entier par celles et ceux qui se sont tenus en solidarité avec les soulèvements mais qui ont été pour la plupart incapables de surmonter leur impuissance tandis que les soulèvements étaient massacrés.

Les horreurs dans la région durant la dernière décennie sont nombreuses. Pour en nommer quelques unes qui me restent le plus en tête : Sissi a ramené l’Égypte au temps d’une dictature militaire avec le soutien matériel des États-Unis. Les régimes dans les autres pays nord-africains sont en train de paver tout signe de liberté pendant que les pays européens les persuadent de fermer les routes migratoires sur la Méditerranée. Sans les campagne militaires meurtrières du Hezbollah et du CGRI en Syrie, Assad n’aurait pas survécu au soulèvement. Le régime iranien lui-même a brutalement réprimé trois différents soulèvements dans le pays au cours de la dernière décennie. La plupart des gens au Liban sont dans une lutte quotidienne pour la survie à cause de la cupidité de ses dirigeants politiques pendant que des foules aux ordres du Hezbollah répriment des manifestations de rue. Au début des soulèvements, le Hamas, qui a abattu des opposants politiques en plein jour dans les rues de Gaza, a éliminé les tentatives d’un soulèvement en rassemblant les organisateurs des manifestations et les menaçant de meurtre. Les dirigeants dans la région ont compris une fois de plus qu’ils peuvent utilisé tous les moyens contre les populations sous leur contrôle sans réel empêchement de l’extérieur. Indifférence, cynisme et opportunisme l’emportent sur les appels moraux, et les alliances stratégiques sont toujours en jeu. Le monde continue de tourner. Pour celles et ceux d’entre nous qui n’ont pas regardé ailleurs, comment ne pouvons-nous pas voir un lien entre Assad bombardant des villes syriennes jusqu’à la saturation et Netanyahou en train de raser Gaza ?

Les auteurs et autrices de « Vers la dernière intifada » (Tinderbox n°6) ne reconnaissent pas ces expériences de la dernière décennie. Au lieu de cela, ils et elles proposent de rejoindre le camp opposé d’une alliance géopolitique américaine (en maintenant le centralisme américain à leur propre façon). Selon elles et eux, l’Axe de la Résistance montre la voie à suivre aux anarchistes pour lutter contre l’empire. Cet article semble confondre résistance avec « la Résistance ». C’est-à-dire, qu’ils et elles font tomber toute forme de résistance de gens en Palestine, et plus largement dans la région, dans une représentation particulière, adoptant un terme parapluie utilisé par les États, les militaires, les organisations para-étatiques/para-militaires pour décrire leurs propres activités. Les auteurs et autrices de l’article mettent en garde les anarchistes contre une trop grande sensibilité à la hiérarchie – comme si c’est le seul aspect de « la Résistance » que les anarchistes pourraient trouver difficile à accepter.

Cela fait maintenant un an après l’incursion sanglante du Hamas en Israël. À part les discours, les accomplissements de la Résistance jusqu’ici sont : le Hezbollah a lancé des roquettes inefficaces qui ont seulement infligé des dommages significatifs à un village druze, les dirigeants iraniens s’occupent en faisant des appels vers l’Occident pour régner en Israël, des milices en Irak ont attaqué quelques bases militaires US dans le pays au début et puis sont tombées dans le silence, tandis que seuls les Houthis semblent avoir pris « l’Unité des Fronts » de Nasrallah au sérieux. Ils ont réussi à perturber des routes maritimes mondiales et porté des attaques aériennes inattendues sur Israël. Entre-temps, Israël a anéanti la direction du Hezbollah, lance des bombes sur le Liban quotidiennement, bombarde régulièrement des sites en Syrie sans représailles, et commet des exécutions à Téhéran. L’Axe de la Résistance et l’Unité des Fronts sont de simples slogans qui masquent les affaires stratégiques entre les organisations politiques, autoritaires et les États avec leurs propres intérêts (souvent différents). C’est illusoire de le voir comme quelque chose d’autre. Et Israël qualifie de bluff « la Résistance » avec une escalade militaire exponentielle.

Les massacres d’Israël à Gaza, avec le soutien matériel des pays occidentaux, sont incessants. Le régime d’apartheid en Cisjordanie et Israël a été bâti pendant des décennies, laissant presque aucun oxygène à respirer pour celles et ceux vivant sous son contrôle. Face à cette triste réalité et une accablante impuissance d’y mettre fin, les anarchistes sont peut-être à la recherche d’une résistance efficace (ou plutôt, semble-t-il, d’une image de celle-ci). Mais si nous voulons combattre l’oppression, nous ne pouvons pas nous contenter avec une quelconque opposition. Choisir de rejoindre un système autoritaire, militariste contre un autre ne mettra pas fin aux horreurs de ce monde – ni dans ce conflit ni dans aucun autre. Ce n’est ni intrinsèquement défaitiste ni un signe d’indifférence privilégiée de refuser de prendre parti entre groupes et États belliqueux. Nous arrivons à cette conclusion seulement si nous réduisons la réalité à des représentations simplistes. Au lieu de cela, en s’ouvrant à la complexité et la spécificité, l’agir anarchiste peut être un effort libérateur. C’est là que nous pouvons trouver des affinités, construire des relations sur une base différente, et rassembler la force et le courage – ou peut-être, l’humilité et la passion – pour l’attaque. Les anarchistes trouvent leur efficience lorsque ils et elles peuvent ébranler et détruire des systèmes oppressifs. Nous ne la trouverons pas dans une prouesse militaire qui, en fin de compte, produit plus d’oppression et de misère. Et donc celles et ceux qui ont un esprit qui leur est propre et la mémoire des révoltes passées combattront pour un autre soulèvement.

Depuis la côte nord de la Méditerranée, avec un cœur lourd et une âme en feu
Début octobre 2024