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Néo-fascisme et piraterie ou le confusionnisme à l’œuvre

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Déc 172019
 

Du Collectif Emma Goldman

Voici le premier texte d’une série de trois traitants de la piraterie.

En général, lorsque l’on fait référence à la piraterie, certains clichés comme les drapeaux noirs à la tête de mort (Jolly Roger), les trésors et les mutilations physiques nous viennent rapidement en tête. Le pirate prend aussi les formes contemporaines du pêcheur somalien convertit à la piraterie, de l’informaticien ou des radios-pirates. Mais d’un néonazi, vraiment?

Boucanier, flibustier, pirate ou corsaire?

La piraterie, parfois aussi appelée la flibuste (1), est un phénomène ancien qui a longtemps servi les états avant qu’elle permette à des marins de se libérer pour un temps de l’oppression des empires et de la brutalité de leur monde. À leur âge d’or (1715-1725), ces entreprises ont provoqué une crise dans le lucratif système commercial de l’Atlantique et perturbé grandement le commerce des esclaves.

Loin de se considérer comme de vulgaires voleurs, ces parias de toutes les nations se voient comme des hommes sans patrie qui ont déclaré la guerre au monde. Comme le souligne Marcus Rediker, l’auteur du livre Pirates de tous les pays: « Les pirates s’opposent à l’élite et aux puissances de l’époque. Par leurs actions, ils deviennent des « scélérats » de toutes les nations […] plus les pirates construisent et profitent de leur existence autonome, plus les autorités sont déterminées à les détruire. » (p. 274)

Pour en savoir plus sur ce livre vous pouvez consulter le texte : [Livre] Pirates de tous les pays : l’âge d’or de la piraterie atlantique (1716-1726)

Jusqu’à présent, nous sommes bien loin des théories racistes promues par les skinheads néonazis.

Les corsaires ou la guerre de course

Durant la Deuxième Guerre mondiale en Allemagne, un réseau de jeunes antifascistes, qui a déclaré la guerre aux jeunesses hitlériennes, s’est revendiqué comme étant les pirates de l’Edelweiss. Alors aujourd’hui, comment les fascistes d’Atalante peuvent-ils se revendiquer d’un esprit corsaire? Tout simplement parce que le corsaire n’est pas un pirate mais un mercenaire accrédité au service d’un roi. Les corsaires, armés avec des capitaux privés, étaient munis d’une lettre de course délivrée par l’État qui les autorisait à faire la guerre. Comme Woods Roger, un corsaire britannique qui est devenu par la suite gouverneur général des Bahamas (1728-1732) ou encore le corsaire français Jean-François de La Rocque de Roberval dit le sieur de Roberval qui a été lieutenant-gouverneur au Canada.

La discipline de Jamaïque

Les boucaniers (1650-1680), qui adoptent entre eux l’expression des frères de la côte, tirent leur nom du boucan, une technique de fumage qu’ils tiennent des Arawak. À l’origine, les boucaniers provenaient principalement d’Angleterre, de France et des Pays-Bas. Mais ils ont rapidement été rejoints par des Amérindien.ne.s et des Africain.ne.s. Ils et elles squattaient des terres sur la grande île d’Hispaniola et leurs activités tournaient autour de la chasse aux cochons sauvages et de la collecte de l’or du roi d’Espagne.

Dans la mouvance libertaire, les boucaniers et les pirates des XVIe et XVIIe siècles sont souvent considérés comme des proto-anarchistes (2) en raison de leur organisation sociale horizontale. Le mode d’organisation de ces marins est appelé la discipline de Jamaïque et prévoit des contrôles démocratiques de l’autorité ainsi que des provisions pour les blessés: « En élaborant leur propre ordre social, les boucaniers (3) tentent de calquer l’utopie paysanne appelée pays de cocagne (4) où le travail est aboli, la propriété redistribuée, les différences sociales nivelées, la santé restaurée et la nourriture produite en abondance. » (p. 116)

On admettra bien volontiers, que nous sommes à mille lieues du Reich de mille ans.

De corsaire à pirate

L’explosion de la piraterie fait suite à la fin de la guerre de succession d’Espagne. Des capitaines comme Benjamin Hornigold, John Jenning et John Cockram continuent à attaquer leurs ennemis traditionnels: « on pillait pour les autres, on pille désormais pour soi-même ». (p. 88)

Ces pirates font le choix d’un mode de vie qui défient les traditions d’une société qu’ils et elles rejettent. Ils et elles s’appuient sur les traditions des boucaniers: « Chaque vaisseau fonctionne selon les termes d’un contrat court approuvé par l’équipage, établi au début d’un voyage ou à l’occasion de l’élection d’un nouveau capitaine. » (p. 120)

Encore aujourd’hui, les pirates continuent de fasciner et d’inspirer ceux et celles qui résistent aux puissants. Par exemple, les écologistes de l’organisation fondée par Paul Watson, Sea Shepherd. Watson est même surnommé le pirate écologiste. Il y a aussi les zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui se réclament de l’esprit de révolte de la flibuste.

Le prochain texte de la série: Femmes et pirates

(1) Le terme est utilisé aux XVIe et XVIIe siècles pour désigner le métier et les activités des pirates des Caraïbes (flibustiers, boucaniers, corsaires)
(2) Hakim Bey, Zone d’autonomie temporaire
(3) L’une des références qui sous-tend la culture des boucaniers est la révolution anglaise.
(4) Larousse:Pays imaginaire où l’on a tout en abondance et sans peine.

Procès de Raf Stomper à Montréal : un scénario perdant/perdant… sauf pour le principal intéressé

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Déc 132019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal, le 12 décembre 2019 – Aujourd’hui au Palais de justice de Montréal se déroule la quatrième et dernière journée du procès du leader visible d’Atalante Québec, Raphaël Lévesque (alias Raf Stomper), pour méfait, introduction par effraction et harcèlement criminel. Ces accusations découlent d’un stunt réalisé par Lévesque et six autres militants d’Atalante le 23 mai 2018 dans les bureaux du média Vice Québec.

Nous nous sommes relativement peu intéressé-e-s à ce procès jusqu’à maintenant, car nous y voyons un cirque judiciaire complètement disproportionné à la portée réelle de l’action ayant menée à la mise en accusation. Nous sommes toutefois conscient-e-s que notre perspective sur la question diffère sans doute de celles « des médias » (partie dans cette affaire), du « système de justice », et de la position libérale communément admise dans la société québécoise. C’est pourquoi nous avons cru bon la formuler ici explicitement. [Pour tout éclaircissement supplémentaire, les représentant-e-s des médias peuvent visiter https://montreal-antifasciste.info ou communiquer avec nous à alerta-mtl @ riseup.net]

Nous croyons en effet que le caractère à peu près politique que ce procès a acquis, en vertu du fait qu’un média ait été pris pour cible, fait précisément le jeu des fascistes. Il eut mieux valu, dès le départ, prendre cette action pour ce qu’elle était (une médiocre prestation de théâtre politique à oublier aussitôt) que d’en appeler au système de justice pénale, lequel garde les projecteurs braqués sur Lévesque et lui donne l’attention qu’il désire plus que tout.

De plus, la solidité de la cause elle-même est extrêmement discutable, à tel point que l’issue en est plus qu’incertaine. Quoi qu’il en soit du verdict, il s’agit à notre avis d’un scénario perdant/perdant. Si Lévesque gagne son procès, il en ressort blanchi et ragaillardi, ce qui donne à penser que lui et sa bande de crétins répéteront le même genre d’action à l’avenir. S’il est au contraire condamné pour harcèlement criminel ou méfait, une jurisprudence sera établie qui réduira d’autant plus le champ des possibilités d’action directe légitime, autant pour la droite que pour la gauche. Autrement dit, l’État disposera d’un nouvel outil pour réprimer la contestation, d’où qu’elle vienne.

Par ailleurs, si les rapports qu’ont faits les médias des premiers jours du procès sont exacts, il appert que la juge tombe exactement dans le panneau dressé pour elle par les fascistes, malgré les tonnes de preuves accumulées du vrai caractère d’Atalante : dépolitisation, voire « dédiabolisation » en règle de la manœuvre.

Le palais de justice n’est pas un terrain favorable à la lutte antifasciste. Nous ne disons pas qu’il faille dogmatiquement refuser l’engagement sur ce terrain, et n’éliminons pas la possibilité de s’y présenter s’il y a des gains ponctuels, voire marginaux, à y faire, mais nous ne croyons pas qu’il faille compter sur les tribunaux pour gagner la guerre, ni même quelque bataille importante. Les tribunaux ne sont garants que d’une chose : l’ordre libéral. C’est-à-dire les conditions de reproduction de l’État et du système capitaliste, lesquels s’appuient sur les inégalités systémiques que nos mouvements s’emploient par ailleurs à éliminer.

Nous croyons que les luttes antiracistes et antifascistes doivent avant tout être menées au jour le jour dans nos espaces de vies et de travail, dans nos communautés et dans nos rues, par un travail constant d’information et de promotion des valeurs positives qui nous animent. Quelle que soit l’issue du procès de Raf Stomper, la lutte continue. Montréal Antifasciste, ses allié-e-s et sympathisant-e-s continueront à traquer, exposer et généralement pourrir la vie des fascistes d’Atalante et de tous ceux et celles qui portent un projet politique fondé sur l’inégalité et l’exclusion. Jusqu’à la victoire.

¡No pasaran!

Messe des morts : le néonazi Pascal Giroux mange une volée

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Déc 132019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le vendredi 28 novembre, le festival de black metal La Messe des Morts avait lieu au théâtre Paradoxe. Trois néonazis avaient été signalés sur place ou avaient annoncé leur intention d’être là sur les réseaux sociaux. L’un d’eux, Pascal Giroux a mangé toute une volée en quittant le théâtre.

Pascal Giroux est un militant néonazi assumé depuis la grande époque des boneheads à Montréal. Dernièrement il avait rejoint le groupe islamophobe les Soldiers of Odin et il participait à tous leurs mauvais coups, jusqu’à leur dissolution en 2018. Sur les photos on peut le voir avec un chandail Section Saint-Laurent, un hoodie SOO, poser devant un drapeau du Soleil Noir et protéger la maison du néonazi Phillipe Gendron en 2018, lors d’une manifestation antiraciste.

Les communautés antifascistes et black métal sont vigilantes et il n’y aura plus de safe space pour les nazis. Fred, Maxime, William, Joey, vous êtes prévenus.

Montréal est antifasciste.

Varennes : un nazi d’Atalante sur la rue Sainte-Anne

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Déc 112019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Vincent Cyr, résident de la rue Sainte-Anne à Varennes est un néo-nazi dangereux, membre de l’organisation Atalante Québec. Vincent fait parfois de la boxe dans le parc de la Commune avec ses amis nazis. Il participe régulièrement aux activités d’Atalante à Montréal.

Dans la nuit de lundi 11 décembre 2019, 1000 tracts ont été distribués dans sa rue, son quartier, aux abribus et devant les lieux importants de la ville. Parce que le monde comme lui se cache et que la population doit savoir.

Chassons les nazis, où qu’ils soient!

signé : des antifascistes de la rive sud

Déboulonner Atalante: Pas nazis mais… oui cependant

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Déc 052019
 

De Montréal Antifasciste

Quoi qu’en disent les principaux et principales intéressé-e-s, leur filiation néofasciste/identitaire/nationaliste-révolutionnaire/anticommuniste/nazie est aussi claire, nette, formelle et irréfutable que la connexion Stompers/Légitime Violence/Atalante. Et si les tatouages, choix vestimentaires, préférences musicales et simagrées des membres connu-e-s d’Atalante sont un tant soient peu indicatifs de leur orientation politique, leurs sympathies « néo-nazies » sont tout aussi incontestables.

En septembre dernier Montréal Antifasciste a fait paraître un article révélant les occupations professionnelles de certain-e-s des activistes clés du groupe néofasciste Atalante Québec. Le but de l’exercice, comme toujours, était d’exposer les militant-e-s fascistes « à leurs communautés, collègues et employeurs, familles et voisins, à qui ils et elles cachent généralement la vraie nature de leurs activités (…) car les projets qu’ils portent en privé mettent en danger à la fois leurs collègues et les membres du public qu’ils y côtoient, tout particulièrement les personnes racisées, musulmanes, juives, queers et/ou identifiées à gauche. »

Rompant avec l’habitude, les militant-e-s d’Atalante se sont fendu-e-s d’un communiqué pour répondre « aux propos diffamatoires incitant à la haine contre eux » et aux « fausses allégations lancées contre [nos] membres ». Bizarrement, le communiqué se défend d’accusations qui ne sont formulées nulle part et en déforme d’autres pour mieux s’en défendre. Surtout, le communiqué tente de dépeindre Atalante et ses militant-e-s comme une espèce d’organisation communautaire de bienfaisance vouée à « l’entraide familiale », qui n’aurait absolument rien à voir avec un « mouvement néo-nazi ».

Pour mettre les choses parfaitement au clair, voici ce dont nous accusons Atalante Québec et pourquoi nous déployons nos efforts contre ce groupe : c’est une organisation d’extrême droite modelée directement sur des mouvements néofascistes et identitaires européens comme CasaPound (Italie), Groupe Union Défense (GUD), Troisième Voie et Bastion Social (France), de tendance « nationaliste révolutionnaire » (laquelle est héritière du courant strasseriste du Parti nazi), qui s’est formée autour du gang de boneheads ultranationalistes Québec Stompers Crew et du groupe de « rock anticommuniste » Légitime Violence.

S’il fallait encore le prouver, nous ne nous ferons pas prier pour enfoncer le clou.

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Trop de protestations, ce me semble…

D’entrée de jeu, le communiqué se campe sur la défensive :

« Dans un premier lieu, Atalante n’est pas un mouvement prônant la haine de l’autre, mais l’amour des siens. (…) Aussi, ce que des adultes consentants font dans leur chambre à coucher ne nous intéresse pas et ne nous regarde pas. De ce fait, nous refusons toutes les accusations stigmatisantes d’homophobie qui sont lancées par nos adversaires. »

Cette mise au point est pour le moins curieuse, puisque ni l’article de Montréal Antifasciste auquel ce communiqué prétend répondre, ni d’ailleurs aucun autre article que nous ayons publié, n’accusent spécifiquement Atalante d’homophobie. Pourquoi donc s’en défendre avec autant d’empressement? Il y a de quoi faire réfléchir…

S’en suit alors un paragraphe que seul pourrait adéquatement accompagner un solo de violon larmoyant. L’action sociale d’Atalante « dans son milieu » consiste, explique-t-on, à mener des « distributions alimentaires », à nettoyer des graffitis et à faire de « l’entraide familiale », tandis que son action politique se limite à organiser « des collages, des coups d’éclat, des contremanifestations, des commémorations et des formations philosophiques ou de conditionnement physique. »

Même en passant sur le fait que l’action politique dont il est question repose sur la promotion d’un projet « ultranationaliste » farouchement identitaire et xénophobe (bonjour la « remigration »), la présentation d’Atalante comme une organisation communautaire parfaitement inoffensive ne trompe personne – sauf bien sûr les naïf-ve-s qui se laissent bercer par cette tentative grossière de dissimuler la vraie nature du projet.

Le communiqué poursuit en s’indignant qu’on puisse « les » accuser d’avoir « agressé plusieurs personnes racisées et parfois à l’arme blanche ». Là encore, cette réaction est curieuse, car nous n’avons jamais dit cela. Ce que nous avons bel et bien signalé, cependant, est qu’un membre central des Québec Stompers, Yan Barras, aussi militant d’Atalante depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, a poignardé six personnes en 2007 et a été condamné à deux ans de prison ferme pour ce crime violent. Il est aussi vrai que nous avons rappelé dans l’article « Démasquer Atalante » que l’entourage du groupe compte plusieurs individus ayant été trouvés coupables d’avoir mené des agressions armées à caractère raciste, dont Mathieu Bergeron, Steve Lavallée, Jonathan Côté et Rémi Chabot-Brideault. La présence régulière de Mathieu Bergeron, par exemple, dans les actions et activités d’Atalante suffit à démontrer, sans dire que tous les membres d’Atalante ont commis de pareilles attaques, qu’il est tout à fait légitime de faire le rapprochement.

La vive indignation qui traverse ensuite le communiqué à l’égard de la violence des « groupes antifascistes », tout comme la ridicule affirmation que les « pages internet d’extrême gauche » lancent « de fausses allégations contre [nos] membres (…) dans le but de les assassiner socialement, professionnellement et même physiquement » (nous soulignons), ont aussi de quoi laisser perplexe, compte tenu des menaces de violence explicites proférées dans plusieurs chansons de Légitime Violence :

« Ces petits gauchistes efféminés,
qui se permettent de nous critiquer,
ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder! »
(Légitime Violence)

« Tu cours à ta perte, tu connais notre réputation.
Une lame qui te transperce, un bruit une détonation!!! (…)
Tu succombes à nos coups tu passes sous nos roues. (…)
À grands coups de matraque j’entends tes os qui craquent. »
(Anti-Rash Action)

 

Pas nazis, mais…

Ce qui nous amuse le plus dans cette décharge pleurnicharde, c’est sans doute la prétention que le projet d’Atalante « n’est pas animé par une logique raciale », que le rapprochement avec le nazisme relève de la « diffamation » et que ce seraient en fait les « doctrines totalitaires » des mouvements antifascistes qui porteraient ceux-ci à suggérer que des « personnes » dans l’entourage d’Atalante seraient « adepte[s] du national-socialisme ».

Déjà, pour ce qui est de la « logique raciale » qui n’animerait pas Atalante, il faudrait qu’on nous explique le choix de reproduire l’effigie de Julius Evola sur un mur du gymnase privé du groupe, lui dont « la révolte contre le monde moderne » est fondamentalement et profondément raciste.

Le portrait du théoricien suprémaciste Julius Evola (pour qui Adolph Hitler n’était pas assez radical…) figure entre ceux de Friedrich Nietzsche et Dominique Venner sur le mur du gymnase privé d’Atalante.

Et que penser de militant-e-s fascistes qui déplorent le prétendu caractère « totalitaire » de leurs adversaires?

Quoi qu’il en soit, plutôt que de produire une énième démonstration écrite en guise de réplique à cette risible tentative de disculpation, nous laisserons parler les photos et vidéos tirées des comptes de médias sociaux des membres d’Atalante.

///

 

Ian Stuart Donaldson était le chanteur du groupe Skrewdriver et le fondateur du réseau international de boneheads néonazis Blood & Honour. Ian Stuart est à l’origine de l’euphémisme « rock anticommuniste » pour décrire la galaxie des groupes de musique d’extrême droite d’allégence ultranationaliste/nazie au sein du mouvement « White Power » depuis les années 1980. Le groupe Légitime Violence est l’héritier de cette tradition au Québec, tout comme un grand nombre des groupes « anticommunistes » dont les membres et sympathisant-e-s d’Atalante portent régulièrement les couleurs, dont SPQR, Bronson (Italie), Brassic, Offensive Weapon (États-Unis), In Memoriam, Lemovice (France), etc. Au Canada, Blood & Honour est inscrit sur la liste des «entités terroristes » du gouvernement fédéral.

 

Consulter l’article au complet sur Montréal-antifasciste.info

 

Alexander Liberio : metalhead, nazi… séminariste orthodoxe

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Nov 242019
 

De Montréal Antifasciste

Sous les pseudonymes « Neuromancer » et « iamneuromancer », Alex Liberio s’est associé à d’autres néonazis sur différents serveurs Discord et sur le forum Iron March en plus de participer activement aux activités militantes du groupe «Alt-Right Montreal» entre 2016 et 2018.

En mai 2018, les efforts pugnaces de militant-e-s antifascistes de Montréal ont permis d’exposer l’existence d’un salon de discussion Alt-Right privé sur un serveur Discord[1], lequel devait servir de tremplin pour les activités « IRL[2] » d’un petit groupe de militants néonazis de la région de Montréal. Une série d’articles publiés par The Montreal Gazette a forcé à l’exil deux des principaux organisateurs de ce groupe : Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », et Athanasse Zafirov, alias « Date » (aussi « LateOfDies » ou « Sam Houde/Hoydel »). Zeiger était une figure centrale, non seulement de ce petit groupe montréalais, mais aussi du réseau international qui se constituait entre 2015 et 2018, notamment en tant que prolifique producteur de contenu pour le site The Daily Stormer, modérateur du forum Iron March et propagandiste clé du courant explicitement national-socialiste et accélérationniste du mouvement Alt-Right. Il est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt au Québec et est disparu dans la nature. Quant à « Date » (aussi « LateOfDies »), qui semble s’être graduellement radicalisé politiquement en passant par le milieu des « Pickup Artists » personnifié par le misogyne Roosh V, il était l’un des organisateurs clés du milieu Alt-Right local et national, notamment en tant que coresponsable du rassemblement pancanadien qui a eu lieu en juillet 2017 en Ontario. Il s’est relocalisé en Californie en 2018, où il a pu s’installer confortablement au programme de doctorat de l’Anderson School of Management de l’UCLA, malgré notre article exposant sa nouvelle vie.

D’autres militants notoires de ce petit groupe ont aussi été exposés par la communauté antifasciste, dont Shawn Beauvais MacDonald, alias « FriendlyFash » (aussi « Bubonic ») et Vincent Bélanger Mercure, alias « Le Carouge à Épaulettes » (autre part « BebeCoco »), qui ont participé avec Sohier Chaput et d’autres militants canadiens aux manifestations du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, Virginie, les 11 et 12 août 2017, et Julien Côté Lussier, alias « Passport », lequel a agi comme porte-parole de l’organisation ID Canada (une tentative de légitimation du mouvement « ethnonationaliste/identitaire » au près du grand public canadien) et s’est récemment illustré en se portant candidat aux élections fédérales de 2019 dans le sud-ouest de Montréal. Des sympathisant-e-s antiracistes de sa circonscription ont révélé que Côté Lussier est toujours à l’emploi du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté malgré son militantisme fasciste.

Un autre des membres les plus actifs du salon de discussion « Montreal Storm », l’utilisateur « Neuromancer », participait aussi au forum Iron March sous le pseudonyme « iamneuromancer », comme l’a révélé la récente fuite de l’archive complète du forum :

Le message d'introduction d'Alexander Liberio, alias Neuromancer, au forum néonazi Iron March.

Le message d’introduction d’Alexander Liberio, alias « iameuromancer », au forum néonazi Iron March.

Montréal Antifasciste est aujourd’hui en mesure d’affirmer que « Neuromancer » est Alexander Liberio, un musicien de la scène métal montréalaise et étudiant en science cognitive de l’Université McGill jusqu’à l’an dernier. Sentant peut-être la soupe chaude suite au doxxing de Zeiger et à la publication du contenu du forum « Montreal Storm », Liberio s’est éclipsé aux États Unis pour s’enrôler au séminaire Holy Trinity Orthodox de Jordanville, dans l’état de New York. Cette conversion reste toutefois parfaitement cohérente avec sa vision du christianisme, qui est selon lui synonyme de « culture blanche », « fasciste de manière inhérente » et sans doute le meilleur véhicule pour « réaliser les 14 words » (le credo nationaliste blanc formulé par le terroriste néonazi David Lane[3]).

///

Alex Liberio (date de naissance : 6 août 1989) est connu sous le pseudonyme « Neuromancer Wintermute » au sein de la scène métal montréalaise comme membre de différents projets musicaux depuis le début des années 2010.

Le profil d'Alexander Liberio, alias Neuromancer Wintermute sur le site metal-archives.com.

Le profil d’Alexander Liberio, alias « Neuromancer Wintermute », sur le site metal-archives.com. NOTE: En février 2022, le groupe Vehemal a communiqué avec MAF pour préciser ce qui suit: « Bien qu’il soit vrai qu’Alex Liberio a été notre guitariste pendant une certaine période, nous n’étions pas au courant de ses activités en ligne. Nous tenons à affirmer que Vehemal condamne tous propos et gestes haineux. »

Il semble qu’il ait été président du conseil étudiant du Collège Vanier en 2012-2013, après quoi il s’est consacré à sa musique et s’est inscrit au programme de science cognitive de l’Université McGill. Difficile de dire quand exactement il a pris le tournant nazi, mais il s’est plaint à quelques reprises d’avoir été trahi par un ami et « fully doxxed[4] » en 2016 suite à une intervention à caractère nationaliste blanc lors d’un événement public antiraciste. Étrangement, nous ne savons rien de ce prétendu doxxing et n’en retrouvons aujourd’hui aucune trace…

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

En ce qui nous concerne, nous l’avons aperçu pour la première fois le 4 mars 2017, dans la manifestation « coming out » de La Meute à Montréal, près du petit contingent de PEGIDA Québec et en compagnie de quelques individus formant sans doute déjà le noyau initial du groupe « Montreal Storm », ou Alt-Right Montreal, dont Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov. Il a d’ailleurs accordé à cette occasion une entrevue à Global TV, ce qui nous a permis de mettre un visage sur le pseudonyme :

Alexander Liberio, alias Neuromancer, participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Sur Discord, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » dit avoir donné une entrevue à Global News.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » donne une entrevue à Global News le 4mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », accorde une entrevue à Global News, le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer », relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

C’est quelques semaines plus tard qu’il s’est inscrit, le même jour (le 26 mars), au forum Iron March et au salon de discussion Montreal Storm sur Discord :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Fahrenheit » sur Discord est Loïc Pardiac.

 Nazi sans compromis

Par sa participation à Iron March, « Neuromancer »/Alex Liberio a côtoyé certains des néonazis les plus influents et les plus dangereux dans le monde, dont le créateur et principal administrateur d’Iron March, Alexander Slavros, et les membres de cette communauté « accélérationniste » qui allait créer Atomwaffen Division, un réseau néonazi sous-terrain lié à une série de  meurtres et de projets d’attentats. Par sa proximité avec Sohier Chaput, et par volonté de passer à l’action « IRL », il allait par ailleurs participer assidûment aux activités du « Montreal Stormers Book Club » (dans le vocabulaire de The Daily Stormer, ou « Pool Parties », dans le vocabulaire commun aux adeptes du forum Alt-Right The Right Stuff), dont le projet ID Canada notamment porté par Athanasse Zafirov, Julien Côté Lussier et d’autres. Voici un certain nombre de captures d’écran de ses échanges sur Iron March et le forum « Montreal Storm » :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaputs, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d'un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d’un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s'en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s'y produisait, n'est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s’en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s’y produisait, n’est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire »au près du grand public canadien.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire » auprès du grand public canadien. Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Le Carouge à épaulettes » sur Discord est Vincent Bélanger Mercure.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de « vérification de sécurité extrême » qu'observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de vérification de sécurité « extrême » qu’observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l'année des rencontres en personne pour l'Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l’année des rencontres en personne pour l’Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche » en 2020! Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d'être haïs ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d’être haïs  ». Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Personne ne sera surpris de constater qu'Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe.

Personne ne sera surpris de constater qu’Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe…

La chrétienté comme véhicule privilégié du fascisme

Liberio/« Neuromancer » fait partie d’un courant non négligeable au sein de la mouvance Alt-Right/néonazie qui s’identifie à la tradition chrétienne orthodoxe. Il ne cache d’ailleurs pas sa conviction que la chrétienté est le meilleur véhicule pour le nazisme :

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère que l'idélogie nazie est la loi biblique appliquée.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère que l’idélogie nazie est « la loi biblique appliquée ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l'histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n'aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l’histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n’aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la chrétienté est synonyme de « blancs ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l'Église orthodoxe.

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l’Église orthodoxe.

Pas étonnant, au vu de cette profession de foi, que Liberio ait choisi de devenir séminariste dans l’Église orthodoxe russe. Il s’est ainsi inscrit à la première année de séminaire à l’automne 2018, au Holy Trinity Orthodox Seminary, à Jordanville, NY, lequel est rattaché au Diocese pour l’est des É-U. de l’Église orthodoxe russe. Pour autant que nous sachions, il y est toujours inscrit à ce jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s'est inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, de Jordanville, NY, à l'automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s’est inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, à l’automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l'année académique 2019-2020.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l’année académique 2019-2020.

Le code disciplinaire du séminaire stipule qu’un diplôme peut être « retenu » devant la preuve accablante d’une inconduite morale sérieuse. Reste à voir si le séminaire considère que la participation à diverses activités et organisations néonazies constitue « une inconduite morale sérieuse »… ou si l’Église orthodoxe russe est effectivement un véhicule approprié pour réaliser la vision d’Adolph Hitler et de ses partisans contemporains.

Démonstration de la preuve

À partir du courriel inclus par « iamneuromancer » dans le forum Iron March (iamneuromancer@gmail.com), nous avons trouvé une annonce publiée en ligne en 2015 afin de recruter un joueur de cornemuse pour un groupe folk métal (vraisemblablement le groupe Bibracte, que Liberio a animé pour un temps avec sa partenaire) :

Cette annonce comportait également un numéro de téléphone. Une recherche avancée pour ce numéro révèle une annonce de sous-location d’un appartement dans Hochelaga, publiée sur un forum de discussion chinois.Non seulement les photos de l’appartement publiées dans cette annonce correspondent directement au décor que l’on aperçoit dans les quelques vidéos publiées sur la chaîne YouTube Icon Iconium, où l’on reconnaît Liberio et ses rats, mais l’on y trouve également l’adresse alexander.liberio@mail.mcgill.ca :

Une recherche pour Alexander Liberio confirme ensuite hors de tout doute les liens actuels avec le séminaire orthodoxe de Jordanville, NY.

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Quelles conséquences pour ces nazis? Quelles implications pour nos collectivités?

De Charlottesville à El Paso, en passant par les attentats d’Atomwaffen Division et de Christchurch, les activités en ligne de la génération d’Alexander Liberio ont régulièrement franchi le seuil de la « vie réelle », semant carnage et terreur dans plusieurs pays. Ce qui peut frapper, au-delà de ce constat, est la fragmentation et l’extrême fragilité de leurs rapports, compte tenu de la relative facilité avec laquelle il est possible de perturber et disperser les réseaux exposés dans ces différents forums de discussion. Comme nous le montre la cascade de nouvelles révélations issues du forum Iron March dans la foulée de la plus récente fuite, il est cependant extrêmement facile pour ces jeunes hommes blancs « normaux » de mener leur vie régulière de classe moyenne, comme étudiants, fonctionnaires, hipsters, etc., tout en poursuivant activement leur fantasme de guerre raciale et de génocide, de « charia blanche » et de « soldats sur le terrain ». La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quelles sont les conséquences concrètes pour ces wannabe paladins de la guerre raciale?

Et surtout, peut-être, nous invitons nos lecteurs et lectrices à considérer quelles sont les implications pour nos collectivités si ces nazis peuvent poursuivre leurs activités en toute impunité

Nous avons bien l’intention de continuer à redoubler d’effort pour faire en sorte que ces individus ne puissent pas simplement continuer à fomenter la haine comme si de rien n’était et surtout, pour que leurs réseaux ne soient pas seulement perturbés, mais incapables de se reconstituer. Car, comme le montre la série actuelle d’attentats et de meurtres de masse, même si ces réseaux sont stratégiquement précaires, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses d’un point de vue tactique.

Cela étant dit, une réponse efficace demandera nécessairement une mobilisation beaucoup plus vigoureuse des communautés antiracistes et antifascistes, de sorte que nos modes et moyens d’action correspondent à l’ambition d’éradiquer pour de bon les nazis de nos vies et de garantir un avenir viable pour tous les enfants.

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[1]               Discord est un logiciel conçu pour faciliter la communication vocale des communautés de joueurs en ligne. Ses fonctionnalités, ainsi que le caractère privé des communications, ont attiré en masse les membres du mouvement Alt-Right, qui en ont fait un usage intensif entre 2016 et 2018.

[2]               « In Real Life » par opposition aux activités virtuelles ou strictement en ligne.

[3]               La tristement célèbre injonction de David Lane va comme suit : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (nous devons assurer la survie de notre people et garantir l’avenir des enfants blancs). Il a composé cette phrase tandis qu’il était incarcéré pour ses activités au sein de « The Order », une organisation terroriste néonazie active dans les années 1980, responsable de nombreux meurtres et attentats armés, dont l’assassinat de l’animateur de radio Juif Alan Berg.

[4]               Le doxxing est une tactique qui consiste à rendre public les renseignements personnels d’un personne pour lui nuire d’une manière ou d’une autre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Doxing

Solidarité avec David Campbell, prisonnier antifasciste

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Nov 132019
 

De Montréal Antifasciste

David Campbell est un camarade antifasciste actuellement  incarcéré pour des événements qui se sont déroulés lors d’une manifestation d’extrême droite à New York le 20 janvier 2018.

L’événement, « A Night For Freedom », ou « une nuit pour la liberté », a été organisé par le misogyne et militant raciste Mike Cernovich, avec la participation du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, et l’animateur de podcast nationaliste blanc canadien Stefan Molyneux. Cet événement s’inscrivait dans un processus continu de consolidation d’une scène politique dite « alt lite »; c’est-à-dire un milieu raciste, misogyne et traversé par diverses théories du complot pseudo-scientifiques relatives à la race et au genre, mais pas réellement néonazi.

Lors de la manifestation, une bagarre a éclaté au cours de laquelle un homme de 56 ans en état d’ébriété a été assommé. Pendant la bagarre, un policier a jeté David au sol sans préavis, lui cassant ainsi la jambe à deux endroits. En l’absence d’autres arrestations effectuées de part et d’autre lors de cette manifestation, l’agent a allégué que David avait traqué, frappé et étranglé le participant de l’Alt-Right, puis tenté d’étrangler l’agent lui-même. Ces allégations ont ensuite été diffusées par les médias de droite, qui n’ont pas tardé à dénigrer David comme un « voyou antifa ».

Les accusations initiales ont été abandonnées après que les images de surveillance n’aient étayé aucune des allégations ci-dessus. Cependant, elles ont été remplacées par l’accusation plus vague, mais plus grave, de « Gang Assault » (agression perpétrée en groupe). La définition de cet acte criminel rend tout groupe de trois personnes ou plus impliqué dans une bagarre mutuellement responsable des actions de l’ensemble des participants, et porte une lourde peine minimale obligatoire de trois ans et demi.

Après presque deux ans de manœuvres juridiques diverses, David a négocié un plaidoyer de non-coopération pour une peine de 18 mois dans un établissement local, afin d’éviter un procès et une peine beaucoup plus longue dans un établissement loin de ses amis et de sa famille. Au cours de la même période et parallèlement, le procureur de Manhattan a inexplicablement offert des ententes de plaidoyer beaucoup plus indulgentes, impliquant uniquement des services communautaires, à un certain nombre de militants d’extrêmes droite ayant été arrêtés et inculpés dans une affaire très similaire qui s’est produite une dizaine de mois après l’arrestation de David. Le procureur n’a donné aucune justification pour ce traitement différencié. L’agent qui a arrêté David n’a pas été tenu responsable d’avoir cassé la jambe de ce dernier et d’avoir menti sur ses actions.

Amoureux des langues et des arts, David était à deux semaines de déménager à Paris pour étudier la traduction française au moment de son arrestation. C’est son engagement envers l’antifascisme et sa communauté qui l’a amené à la manifestation ce soir-là.

Comme il l’a dit dans ses propres mots :

« Je suis antifasciste, et je vais en prison pour ça. C’est une histoire longue et compliquée. En un mot, j’ai été arrêté lors d’une manifestation contre l’Alt-Right à New York l’année dernière. Une bagarre a éclaté, et j’ai été pris dedans. Un flic m’a plaqué par derrière, m’a cassé la jambe et a menti à ce sujet. Les tabloïds m’ont dépeint comme un voyou et le procureur m’a accusé de « gang assault », une loi vague et draconienne. […]

« Il est douteux que toute pression publique puisse me sortir de prison, mais quoi qu’il m’arrive, le précédent pour répondre à ce genre de répression doit être établi. Trump remplit les tribunaux, à tous les paliers, avec des juges de droite non qualifiés. Des lois proposant des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour les personnes réputées antifascistes, souvent simplement définies comme ayant participé à des manifestations tout en portant un masque, sont régulièrement mises de l’avant dans les législatures d’État et fédérales. Si c’est ce qu’ils m’imposent à moi, un nerd plus ou moins « normal », un jeune antifasciste de tous les jours en 2019, alors vous pouvez être sûr que le pire est encore à venir, et c’est peut-être vous qui en ferez les frais, à moins que vous ne disiez clairement, dès maintenant, que c’est un comportement inacceptable de n’importe quel gouvernement dans une société supposément libre et juste. Dénoncez ces conneries. Même si vous ne m’aimez pas, ne m’acceptez pas ou n’approuvez pas mes tactiques, dénoncez ces conneries, pour notre bien collectif »

David purgera 12 mois d’une peine de 18 mois à la prison de Rikers. Une chose que les gens peuvent faire pour l’aider est de lui écrire une lettre; David lit et écrit l’anglais et le français, et il a précisé qu’il aimerait recevoir des articles en français (ceux-ci ne peuvent pas être découpés d’un magazine ou d’un journal, mais peuvent être imprimés à partir d’Internet). Consultez son site Web de soutien https://freedavidcampbell.com pour un guide sur l’écriture à David ou à d’autres prisonniers, et pour en savoir plus sur David, ses intérêts et ses réflexions.

Julien Côté Lussier : l’excès d’orgueil du néonazi qui a voulu jouer la game électorale

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Nov 072019
 

De Montréal Antifasciste

LE MILITANT NATIONALISTE BLANC EST TOUJOURS À L’EMPLOI D’IMMIGRATION CANADA

Grâce aux efforts diligents de militant-e-s antiracistes et de son réseau local de sympathisant-e-s, Montréal Antifasciste est en mesure de confirmer que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun aux dernières élections fédérales, Julien Côté (Lussier), est un militant nationaliste blanc de longue date, un participant actif à différents forums de discussion Alt-Right (néonazi), un organisateur clé de ce milieu à Montréal et au Canada… et un employé du ministère de l’Immigration du Canada.

 

Le 15 octobre dernier, à six jours seulement des élections fédérales canadiennes, la CBC publiait un article révélant que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté, était jusqu’à l’année dernière le porte-parole national d’ID Canada, une organisation « identitaire » qualifiée par la CBC de « groupe nationaliste blanc et xénophobe », lequel adhère notamment à la théorie du « grand remplacement » très répandue chez les extrémistes de droite. (Cette théorie fumeuse a d’ailleurs motivé plusieurs des massacres fascistes de ces dernières années, dont ceux de Christchurch et d’El Paso.)

Nous devons humblement admettre que la candidature de Julien Côté nous avait échappé jusqu’à la parution de cet article. Malheureusement pour Côté, cependant, le projecteur national soudainement braqué sur sa candidature nous a rappelé son rôle dans le milieu Alt-Right montréalais…

Dans les heures suivant la parution de l’article, un certain nombre de statuts publiés par Montréal Antifasciste, et d’autres sympathisant-e-s antiracistes/antifascistes ont révélé l’étroitesse de ses liens avec l’extrême droite[1], ce qui a exercé une telle pression sur Côté qu’il s’est senti obligé de recourir aux services de Shawn Beauvais-MacDonald pour « sécuriser » l’opération de démarchage qu’il avait prévu de mener à Verdun le 19 octobre.

Drôle idée, direz-vous, que celle de s’adjoindre les services d’un nazi notoire après avoir nié être raciste sur toutes les tribunes. Il a peut-être eu raison d’appeler des renforts, au vu de la mobilisation populaire qui s’est organisée spontanément dans le quartier pour confronter directement Côté et son sbire, mais admettons que le choix du garde du corps laissait fort à désirer si l’intention du candidat était de dédiaboliser sa démarche.

Une résidente du quartier nous a expliqué pourquoi elle et d’autres résident-e-s excédé-e-s se sont mobilisé-e-s suite à la parution de l’article de la CBC :

« Pour nous, il était clair que Julien Côté Lussier utilisait la campagne électorale comme prétexte pour recruter d’éventuel-le-s sympathisant-e-s. Il avait imprimé son numéro de téléphone sur ses affiches, faisait campagne sur les rues en offrant des cafés et des discussions, il s’infiltrait dans toutes les plateformes web des citoyens du quartier et même son site web invitait les internautes à prendre contact en privé pour connaître sa plateforme électorale. Nous nous sommes mobilisé-e-s rapidement pour faire connaître le vrai visage de Côté, pour exposer son jeu et limiter sa visibilité. Nous avons également contacté Montréal Antifa car nous avons vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple affaire de quartier et qu’il était important que l’activité de Julien Côté soit répertoriée ».

Nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative de la base et tenons à souligner que le présent article n’aurait peut-être pas été produit, n’eût été de la diligence et la pugnacité des résidentes et résidents qui nous ont écrit et offert leur collaboration. C’est précisément à ça que doit ressembler un mouvement antiraciste et antifasciste vigoureux.

À partir de là, et en revisitant les informations que nous avions déjà sur Côté, nous avons vite compris que les révélations de la CBC n’étaient que la pointe de l’iceberg.

 

Un compte Twitter (trop peu trop tard) nettoyé

Le 20 octobre, l’utilisateur Twitter @Un_Migrant a révélé que le compte Mox_Nisi appartenait vraisemblablement à Julien Côté. Il n’est sans doute pas fortuit que Mox_Nisi ait commencé à faire une promotion excessivement enthousiaste de la candidature de Côté… précisément le même jour où celui-ci a fait connaître ladite candidature! Voici une série de captures d’écran illustrant cette curieuse concordance :

 

La connexion néonazie se confirme

En fait, ça n’a rien d’un hasard si Beauvais-MacDonald est le goon qui est venu protéger Côté de la colère des résident-e-s de Verdun le 19 octobre : si le premier représente l’aspect bête et méchant du milieu Alt-Right montréalais, l’autre fait sans doute partie de ce qui sert d’avant garde intellectuelle à ce mouvement nationaliste blanc. Les deux se sont vraisemblablement connus en 2016-2017, au sein du petit groupe de militants Alt-Right qui animaient le salon de discussion « Montreal Storm » avec d’autres « ethnonationalistes » (que l’on décrirait plus correctement comme les plus récents héritiers de la tradition néonazie historique…) tels que Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov, alias « Date ».

Trompé par son ego, Côté a été le principal artisan de sa propre chute. En retraçant les miettes numériques qu’il a laissées derrière lui au fil des ans, nous avons pu établir hors de tout doute raisonnable que Côté (date de naissance, 22 septembre 1981) est l’utilisateur « Passport » sur le forum « Montreal Storm » et dans d’autres salons Discord privés réservés aux membres cautionnés (vouched) du mouvement Alt-Right canadien.

Ne serait-ce que pour les raisons tactiques évidentes, nous n’énumérerons pas ici toutes les preuves accumulées, mais la somme et la nature de ces preuves forment un dossier accablant. Seulement en comparant l’avatar de Côté qui apparaît sur son compte Skype dans l’entrevue qu’il a accordée à CityNews Edmonton en janvier 2018 et l’avatar choisi par « Passport » sur Discord, il saute aux yeux que c’est la même illustration, soit la toile Der Wanderer über dem Nebelmeer, du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Une référence extrêmement nichée, vous en conviendrez avec nous. En suivant un lien affiché par « Passport » sur Discord vers la vidéo d’une conférence de Jordan Peterson à Ottawa, où il s’est rendu en compagnie de Zafirov pour adresser une question à Peterson, nous avons pu confirmer que la voix de « Passport » que l’on entend sur la bande audio est bel et bien celle de Côté.

Par sa participation à différents salons de discussion canadiens et à différents projets d’organisation politique, Côté/Passport était non seulement une figure centrale du petit club Alt-Right de Montréal, mais aussi de la communauté Alt-Right qui essayait alors de se consolider nationalement. Il était notamment, comme l’a relevé la CBC, au cœur du projet d’ID Canada, un groupuscule malhabilement calqué sur les organisations du mouvement « identitaire » européen, comme Génération Identitaire. (C’est d’ailleurs pour défendre une affiche d’ID Canada posée à Edmonton que Côté, en tant que porte-parole de l’organisation, avait accordé une entrevue à CityNews en janvier 2018. Le subtil en-tête de l’affiche était : « VOUS VOUS FAITES REMPLACER ».) Mais ça n’est pas tout. Il était aussi l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement national du milieu Alt-Right canadien tenu en Ontario en juillet 2017[2], et l’un de ceux qui ont organisé la conférence du professeur nationaliste blanc Ricardo Duchesne à Montréal un mois plus tôt. Côté s’est aussi rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements de l’Alt-Right aux États-Unis, notamment à des rencontres du National Policy Institute de Richard Spencer.

Par son activité virtuelle et « dans la vraie vie », il est clair que Julien Côté, alias « Passport », a joué un rôle de tout premier plan, aux côtés d’autres néonazis confirmés, dans la tentative d’expansion du mouvement nationaliste blanc au Canada. Mais il n’avait pas fini de nous surprendre.

 

La curieuse histoire du militant anti-immigration qui travaille pour le ministère de l’Immigration

Plusieurs sources internes ont pu confirmer à Montréal Antifasciste que Julien Côté est employé au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Non seulement Côté s’en est-il lui-même vanté sur Facebook (voir les captures d’écran ci-dessous), mais une recherche dans la Gazette du gouvernement du Canada révèle que la Commission de la fonction publique a « accordé à Julien Lussier, analyste de soutien opérationnel, la permission (…) de se porter candidat (…) à l’élection fédérale dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun (Québec). » Il s’avère donc que son nom complet est Côté Lussier. Décidément, les noms composés ont la côte chez les néonazis de bonne famille.

La Gazette du Canada, Partie I, volume 153, numéro 37 : COMMISSIONS, 30 août 2019

En fouillant un peu plus dans le passé de Côté Lussier, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il était loin d’en être à ses premières frasques en matière de ruades anti-immigration.

En septembre 2012, lui et sa partenaire, Magdalena Baloi-Lussier (Madi Lussier, qui a par ailleurs agi à titre d’agente officielle de la candidature de Côté Lussier), se sont vu retirer une invitation à témoigner devant un comité parlementaire sur l’immigration lorsqu’une députée néo-démocrate s’est rendu compte que le couple Baloi-Lussier était responsable d’un site anti-immigration épousant des thèses racistes. Selon un article paru dans le Journal Métro :

« Le site des Lussier comprend des sections appelées “Chinafication” et “Arabization” de même qu’une interview vidéo avec le Canadien suprémaciste blanc Paul Fromm réalisée lors d’une conférence “raciste” du groupe [American Renaissance]. »

La version archivée du site « Canadian Immigration Report », ainsi que le contenu de la chaîne YouTube liée au projet, confirme la teneur des inquiétudes des membres du comité, qui ont ainsi convaincu leurs collègues de retirer le statut de témoins au couple Baloi-Lussier.

La nature de ce site correspond par ailleurs à celle d’un autre projet que Côté Lussier a voulu mettre sur pied avec ses camarades nazis du forum Discord (le site aujourd’hui zombifié borderwatch.ca) pour répertorier les passages irréguliers à la frontière Canada/E.U.

Autre lien pour le moins curieux, le député qui les avaient invités à témoigner, le Conservateur Chungsen Leung (qui soit dit en passant était le secrétaire parlementaire de Stephen Harper en matière de multiculturalisme de 2011 à 2015), est celui-là même que « Passport » décrit sur Discord comme un député « fermement de [notre] côté » qui « aimerait que les blancs aient une colonne vertébrale » et qui « reconnaît que [nous] sommes une race supérieure ».

Ainsi donc, un individu raciste ayant causé une polémique en marge d’une audience officielle du comité sur l’Immigration en 2012, laquelle polémique a même fait l’objet de nombreux articles de presse à l’époque, a pu rester à l’emploi du ministère de l’Immigration jusqu’à aujourd’hui. Se pourrait-il que le ministère de l’Immigration du Canada, l’une des nombreuses agences gouvernementales responsables de réguler et de perpétuer un système d’apartheid fondé sur l’emprisonnement de migrant-e-s et un régime de déportations sans cesse renouvelé, une organisation dont l’histoire est ancrée dans le racisme, le sexisme et le capacitisme, ait un tel niveau de tolérance pour le suprémacisme blanc? Quand on y pense un peu, ça n’est pas particulièrement étonnant.

 

///

Il est fort regrettable qu’un individu comme Julien Côté Lussier ait pu continuer pendant de nombreuses années à promouvoir le racisme sans être tenu responsable de ses actions. En travaillant au ministère de l’Immigration du Canada, en voyageant à l’étranger pour participer à des colloques d’extrême droite et en occupant une position stratégique au sein d’organismes racistes au pays, il était bien placé pour jouer un rôle central dans la reconsolidation d’un milieu néonazi fragmenté et désorganisé au Canada. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête pour décider de se porter candidat aux élections fédérales, un choix funeste qui allait assurément attirer une attention non désirée et provoquer l’intervention des antiracistes de sa circonscription. Quoi qu’il en soit, nous avons bien l’intention d’exploiter ce grave manque de discernement…

Gageons qu’il va regretter d’avoir mis sa face sur le proverbial poteau.

 

 

 


[1]               Une séance de questions et réponses sur Reddit a d’ailleurs vu Côté littéralement accablé par une bordée de questions embarrassantes sur sa plateforme.

[2]               Ce milieu a fait les manchettes en août de la même année, lorsque Beauvais MacDonald et Bélanger-Mercure ont été identifiés par des antifascistes parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage à Charlottesville, Virginie, pour participer aux manifestations suprémacistes blanches du tristement célèbre rassemblement « Unite the Right ». Gabriel Sohier Chaput, du même groupe, a plus tard été identifié comme un prolifique propagandiste du courant néonazi de l’Alt-Right, notamment en rééditant l’ouvrage Siege de James Mason (l’une des principales inspirations du groupe terroriste Atomwaffen Division et d’une grande partie du mouvement national-socialiste contemporain) et en signant de nombreux articles pour le site The Daily Stormer d’Andrew Anglin.

En mai 2018, Sohier-Chaput a été doxxé par des antifascistes de Montréal et forcé à l’exil sous le coup d’une série d’articles publiés dans la Montreal Gazette. En même temps, le contenu du salon « Montreal Storm » a été rendu public sur le serveur Unicorn Riot, qui mène un projet d’archive des forums nazis sur Discord.

D’autres individus de ce milieu, dont le principal modérateur du forum Discord national et coanimateur du podcast néonazi This Hour Has 88 minutes, « Axe in the Deep », de son vrai nom Clayton Sanford, ont été identifiés dans les mois suivants par des journalistes diligents de Vice.

Le PPC de Maxime Bernier et l’extrême droite

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Oct 182019
 

De Montréal Antifasciste

Bien que voter ne soit pas vraiment notre tasse de thé, il faut bien reconnaître que les campagnes électorales sont des périodes où les gens s’intéressent de manière plus aiguë à la politique, de manière générale, et aux politiques des différents partis, dont plusieurs auront un impact concret dans leur vie. Cette fois-ci (et ce n’est pas la première fois), les conservateurs sont aux prises avec un parti national sur leur droite, le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier, qui présente des candidats partout au pays avec un programme populiste dont les principaux axes sont le déni des changements climatiques et le sentiment populiste anti-immigration.

Maxime Bernier a été ministre fédéral de 2006-2007 et de 2011-2015 au sein du gouvernement du Parti conservateur de Stephen Harper. Il s’est présenté à la direction du Parti conservateur à l’élection de 2017 et a terminé deuxième avec plus de 49 % des voix au 13e tour, après avoir conservé l’avance sur l’éventuel gagnant, Andrew Scheer, au cours des 12 premiers tours. En août 2018, Bernier a démissionné du Parti conservateur pour créer le Parti populaire du Canada (PPC). Le PPC s’est rapidement accroché aux angoisses cultivées par certains au sujet de l’immigration et des immigrant-e-s en faisant de cette question l’enjeu central de sa plateforme, en plus de soutenir sans réserve le développement des pipelines et de propager diverses théories complotistes niant la réalité des changements climatiques. En fait, bien que le déni climatique soit le thème de droite que l’on retrouve avec le plus de constance sur les comptes de médias sociaux des candidats québécois du PPC, ce sont les nouvelles liées au racisme qui ont le plus souvent mis les populistes de Bernier sur le devant de la scène.

Le PPC correspond à un phénomène (qui a fait ses preuves dans le monde entier) où un nouveau parti de droite se détache du principal parti conservateur pour ouvrir un espace sur sa droite. Au Canada, dans le genre, c’est le Parti réformiste de Preston Manning qui a jusqu’ici connu le plus grand succès dans les années 1990. Le Parti réformiste du Canada a émergé du flanc droit du Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney, en 1987, et son succès a été tel qu’il a remplacé les conservateurs avant de s’y joindre à nouveau en 2000. Comme le PPC aujourd’hui, le Parti réformiste du Canada s’est attiré l’appui massif des Canadien-ne-s de droite, dont la plupart étaient des conservateurs déçus, mais aussi d’une poignée de néonazis et autres personnages d’extrême droite qui ont pris le train en marche pour être plus tard chassés du parti. Le Parti réformiste a finalement absorbé le Parti progressiste-conservateur et pris le nom de « nouveau » Parti conservateur du Canada sous la direction de Stephen Harper. C’est cette nouvelle formation qui a été le bercail politique de Maxime Bernier, où il a fait carrière avant de créer le PCC. Autrement dit, le PPC s’inscrit dans une dynamique qui se poursuit depuis des décennies où une partie de l’électorat canadien parvient à pousser la politique parlementaire toujours plus à droite. Dans un certain sens, il n’y a là rien de nouveau, mais il ne faut pas perdre du vue que le contexte mondial et national est aujourd’hui beaucoup plus favorable à l’extrême droite, et ce n’est pas un hasard si de nombreux partisans de Bernier comparent sa campagne d’« outsider » à celle de Donald Trump.

Bien que le PPC ne soit pas un parti nazi ou fasciste, Bernier, alors même qu’il se présentait à la direction du Parti conservateur en 2017, était déjà désigné par certains néonazis canadiens, comme un « franc-tireur » qui pourrait aider à changer les choses en leur faveur, comme l’a fait Trump aux États-Unis. Ils n’avaient pas tort. Depuis la fondation du PPC, Bernier a adopté la stratégie du « dogwhistle » pour s’attirer l’appui des éléments les plus réactionnaires de l’électorat blanc au Canada. En tant que tel, le parti est devenu un pôle d’attraction pour de nombreux éléments de l’extrême droite espérant soit renforcer leur pouvoir politique, soit (pour les plus lucides) déplacer le cadre du débat vers la droite. Prendre des selfies aux côtés de Bernier est devenu une espèce de hobby pour une partie de la réaction canadienne, et ce, avant même que les médias se mettent à parler des séances de photos de néonazis comme Alex Brisson de Huntingdon, Paul Fromm de l’Ontario, les membres du Northern Guard en Alberta, et les membres des Proud Boys posant avec « Mad Max ».

Certains (par exemple, B’nai B’rith Canada) ont suggéré que Martin Masse, le porte-parole du PPC et l’architecte de sa stratégie de relations publiques, est en grande partie responsable de cette tolérance à l’égard de l’extrême droite. Masse était propriétaire et éditeur du Québécois Libre, un journal libertaire en ligne qui a fermé ses portes en 2016. Il est cependant fort peu probable que les relations intimes du PPC avec les racistes soient principalement dues à l’influence d’une seule personne. Le PPC se positionne plutôt comme une option de choix pour ceux et celles qui trouvent que les conservateurs ne sont pas assez à droite.

Le racisme est clairement l’un des outils les plus efficaces en appui à une telle stratégie, comme en témoignent les panneaux d’affichage et les tweets du PPC contre « l’immigration de masse » et contre « antifa », ou la diatribe de Bernier sur « l’Islam radical », qui serait « la plus grande menace pour la liberté, la paix et la sécurité dans le monde aujourd’hui ». Bernier accuse les autres partis d’être « complaisants et de se plier aux exigences des islamistes », et il promet que « le PPC ne fera aucun compromis avec cette idéologie totalitaire ». Le programme de Bernier prévoit une réduction massive de l’immigration au Canada en réduisant le seuil de nouveaux immigrants à entre 100 000 et 150 000 par année, et promet du même coup de doubler le nombre de « migrants économiques ». Il veut aussi que le gouvernement supprime tout financement du multiculturalisme officiel, qu’il quitte le Pacte mondial pour la migration des Nations Unies et qu’il accorde la priorité aux réfugié-e-s qui, entre autres choses, « rejettent l’islam politique ». (À cet égard, il est utile de consulter cet article du magazine Politico, qui observe que les attitudes envers les immigrant-e-s sont devenues un facteur clé pour déterminer quel parti politique les Canadien-ne-s vont choisir d’appuyer.)

Une telle stratégie requiert un exercice d’équilibriste. Pour réussir, Bernier et le PPC doivent jouer des notes qui feront vibrer l’extrême droite, tout en prenant soin de ne pas dépasser les bornes pour l’électorat moyen. C’est peut-être d’ailleurs la raison pour laquelle Bernier ne s’est pas présenté à la manifestation de décembre dernier à Ottawa contre le Pacte des Nations Unies sur la migration. Lors de ce rassemblement organisé par le groupe antimusulman « ACT for Canada », Bernier devait prendre la parole aux côtés de membres de La Meute, de Rasmus Paludan du parti d’extrême droite danois Stram Kurs, et de Travis Patron du Parti nationaliste canadien (nationaliste blanc en fait), avant de se retirer à la dernière minute.

Un certain nombre d’articles de presse ont révélé les liens avec l’extrême droite de certaines personnes actives au sein du PPC en tant qu’organisateurs ou en tant que membres dont les signatures ont été utilisées pour donner au PPC le statut officiel de parti. Par exemple :

  • Darik Horn, un bénévole du PPC et agent de sécurité qui a accompagné M. Bernier à divers événements et réunions avec les médias, s’est avéré être un membre fondateur du Parti nationaliste canadien (néofasciste).
  • Shaun Walker, un immigrant américain et organisateur du PPC à St Catharines, en Ontario, ainsi que l’un de ceux qui ont donné leur signature pour que le PPC devienne un parti officiel, a été le président de la National Alliance (une organisation néonazie basée aux États-Unis) en 2007, et a été condamné pour crimes haineux contre des personnes de couleur. À la suite de ces révélations, Walker a été expulsé du PPC et Bernier a prétendu qu’il avait échappé au processus de filtrage du parti. Cependant, il s’est aussi avéré que Bernier lui-même suivait Walker sur Twitter.
  • Janice Bultje, une membre fondatrice de PEGIDA Canada (sous le nom de « Jenny Hill ») et Justin L. Smith, chef de la section de Sudbury des Soldiers of Odin, ont également signé pour que le PPC devienne un parti officiel.

Sans grande surprise, un certain nombre de candidats du PPC ont fait les manchettes lorsque leurs messages passés et présents sur les médias sociaux ont été révélés :

  • Brian Everaert, le candidat du PPC dans Sarnia-Lambton, a affiché des tweets où il qualifie l’Islam de « verrue sur le cul du monde », ainsi que des messages sur Hilary Clinton et en faveur de l’idée d’armer les enseignant-e-s. Bernier refuse de condamner Everaert.
  • Une série de messages racistes et transphobes sur les médias sociaux sont attribués à Bill Capes, le candidat du PPC dans Essex.
  • Le candidat du PPC dans Kamloops Ken Finlayson a publié sur les médias sociaux une comparaison entre l’activiste climatique Greta Thunberg et l’image d’une jeune fille employée dans de la propagande nazie des années 1940.
  • Sybil Hogg, la candidate du PPC dans Sackville-Preston-Chezzetcook, a publié au cours de la dernière année une série de messages sur Twitter et Facebook contenant des déclarations islamophobes, dont une où elle qualifiait l’Islam de « mal absolu ».

Le traitement médiatique de ces incidents est quelque peu trompeur, cependant, car il suggère que le PPC ne contient que quelques pommes pourries, alors qu’en réalité, tout le parti est animé de tels sentiments. Un bon indicateur de cela, et un signe que cette filiation est intentionnelle, est le nombre de candidat-e-s qui sont parti-e-s (ou ont été expulsé-e-s) après qu’il fût devenu clair que les responsables du parti ne condamneraient pas l’extrême droite :

  • Le 12 septembre, Brian Misera a été démis de ses fonctions de candidat du PPC dans Coquitlam-Port Coquitlam après avoir demandé (en vain) à la direction du parti de rejeter publiquement le racisme.
  • Le 30 septembre, Chad Hudson, qui avait été candidat du Parti populaire dans la circonscription de Nova-Ouest, en Nouvelle-Écosse, a quitté le parti en raison du racisme qui y prévaut, expliquant : « Je crois fermement maintenant que je rends davantage service à la collectivité en dénonçant cette haine et ces immondices qu’en restant dans la course. »
  • Le 8 octobre, Victor Ong, le candidat du PPC dans Winnipeg-Nord, a démissionné, déplorant le fait que le parti ait « attiré toutes sortes de marginaux, des dizaines de théoriciens du complot et tout un éventail d’abjections diverses d’un océan à l’autre. Sans parler de la base aigrie de Bernier, qui est animée par l’idéologie “le blanc a raison” et est pleine de membres arborant des casquettes “Make America Great Again”. »

En effet, un examen rapide des pages Facebook des candidats du PPC révèle que ce qui est vraiment remarquable, c’est à quel point les reportages portant sur les tweets et messages FB racistes ont été sélectifs. Presque tous les candidats du PPC au Québec ont récemment (et à maintes reprises) partagé des articles provenant de sources négationnistes des changements climatiques, dont un grand nombre affichent un penchant clairement complotiste. Mark Sibthorpe, candidat dans Papineau, a même produit son propre « exposé » sur YouTube « révélant » comment George Soros est à l’origine d’un complot mondialiste international visant à détruire les économies et à faire de l’argent en semant la panique au sujet des changements climatiques. Après le déni climatique, les craintes concernant les menaces à la « liberté d’expression » et « l’immigration massive » sont des thèmes récurrents pour les candidats québécois du PPC, et environ un sur cinq a récemment partagé des articles de ce que nous pourrions appeler des sources « nationales-populistes » ou d’extrême droite, dont LesManchettes.com, le site d’André Boies (celui qui avait traduit en français le manifeste « The Great Replacement » du tueur de Christchurch), la chaîne YouTube « Stu Dio » d’André Pitre, et un mélange éclectique comprenant Faith Goldy, Alexis Cossette-Trudel, Black Pigeon Speaks, les Gilets jaunes et la très raciste « Voice of Europe ».

Les candidats du PPC ne sont pourtant pas tous du même acabit. Pour certains, il s’agit de leur première incursion en politique, alors que d’autres sont là depuis un certain temps déjà. Par exemple, Ken Pereira, le célèbre dénonciateur de la Commission Charbonneau, devait se présenter comme candidat pour le PPC au Québec, jusqu’à ce qu’il se voie forcé de retirer sa candidature au début de septembre après l’arrestation de son fils pour meurtre. Pereira produit des vidéos sur la chaîne YouTube d’André Pitre, alléguant toutes sortes de conspirations farfelues, dont celles relatives à QAnon, que Vice décrit comme « une théorie fumeuse voulant qu’un individu se faisant appeler “Q” divulgue des renseignements détaillant une guerre secrète menée par Trump contre “l’état profond” et une cabale internationale de pédophiles — et qui qualifie les attaques terroristes du 11 septembre “d’attaque sous fausse bannière”. »

Dans le même ordre d’idée, Raymond Ayas, qui écrit pour Postmillenial et est actif dans l’extrême droite catholique au Québec, se présente comme candidat du PPC dans Ahuntsic-Cartierville. En tant que porte-parole de l’Association des parents catholiques du Québec, Ayas a défendu dans les médias en 2017 une conférence de Jean-Claude Dupuis, membre de la Société-Saint-Pie-X et ancien dirigeant du Cercle Jeune Nation, et de Marion Sigaut (une proche d’Alain Soral en France). Il convient aussi de noter que des membres d’Atalante auraient été présents lors de cette conférence pour assurer en la sécurité.

Le PPC aura de la chance s’il gagne plus qu’une circonscription au Canada, et il est tout à fait possible qu’il s’étiole et disparaisse. Il pourrait tout aussi bien consolider un bloc d’électeurs à la droite des conservateurs et rendre le débat politique au Canada encore plus hostile aux personnes racisées, aux peuples autochtones, aux musulmans et aux immigrants. Quoi qu’il en soit, il y a peu de chance que les racistes et réactionnaires qui ont gravité autour du PPC nous fassent le bonheur de disparaître de sitôt, et certains pourraient rester dans le décor encore longtemps. À tout le moins, il sera utile de garder un œil sur eux.

 

Appel à l’action : solidarité avec le Rojava – contre l’invasion turque !

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Oct 102019
 

De CrimethInc.

Manifestation aujourd’hui (jeudi) à 18h devant le consulat turque (1250 René-Lévesque ouest) – événement Facebook

La communauté kurde de Montréal organise aussi une manifestation samedi 12h (midi) au Square Phillips (585 St-Catherine Ouest) – FB

À Québec, Le Front Étudiant Unis de l’Université Laval organise aussi une vigile à Québec ce vendredi 18h Consulat des États-Unis (2 Place Terrasse Dufferin) – FB

Le 6 octobre, l’administration Trump a annoncé qu’elle retirait les troupes états-uniennes du nord de la Syrie, donnant essentiellement au président turc Recep Tayyip Erdoğan le feu vert pour envahir le Rojava, procéder à un nettoyage ethnique et recoloniser la région par la force. Nous appelons le monde entier à manifester devant et/ou à perturber les consulats turcs, les bureaux du gouvernement des États-Unis, les fabricants d’armes et les entreprises liées au gouvernement turc, telles que Turkish Airlines.

Depuis 2012, la régions autonome du Rojava est le théâtre d’une expérience multiethnique inspirante en matière d’autonomie des femmes et d’autodétermination. Expérience au sein de laquelle des millions de personnes se sont organisées en un réseau de conseils, de communes et de coopératives, et ce, tout en combattant “l’État Islamique” (EI). Après des années de combat, malgré les morts innombrables, les combattants et combattantes du Rojava ont participé à la libération de tout le territoire occupé par l’EI et ont libéré les prisonniers et prisonnières de leurs bastions.

Dans une tentative de justification visant à autoriser l’invasion de la Syrie par la Turquie, Trump a twitté que les contribuables américains n’avaient pas à assumer les coûts de détention des combattants de l’EI. En fait, les États-Unis n’ont jamais payé un centime pour leur détention, celle-ci étant entièrement organisée par les Forces Démocratiques Syriennes (FDS). La réalité est que l’invasion turque du territoire Kurde créera les conditions permettant à l’EI de réémerger et de reprendre ses opérations en Syrie et dans le monde. Pendant des années, la Turquie a permis à ce que des armes, des recrues et des ressources parviennent à l’EI via ses frontières—les autorités turques spécifiant à répétition que les organisations kurdes au Rojava étaient une menace plus urgente que l’EI.

Autant l’EI que l’invasion turque représentent une menace existentielle pour tous les groupes ethniques et religieux originaires de la région, y compris les Arabes, les chrétiens (Arméniens, Assyriens, Chaldéens, Syriaques), les Turkmènes, les Tchétchènes, les Alévis et les Yézidis. Beaucoup de ces groupes ont gagné leur droit de parole et de représentation pour la première fois depuis des décennies, mais font maintenant face à un massacre imminent aux mains de l’armée turque et des djihadistes.

L’invasion turque du Rojava établit un nouveau précédent en matière d’aggression militaire, de nettoyage ethnique et de destruction d’expériences féministes et égalitaires comme celles au Rojava. Elle prépare le terrain à plus de massacres et d’oppression partout dans le monde, ouvrant la voie à des autocrates ethno-nationalistes comme Trump, Erdoğan, Bashar al-Assad Jair Bolsonaro et Vladimir Putin pour dominer la politique mondiale pendant les générations à venir.

Depuis des mois, les habitants du Rojava ont lancé des appels à la solidarité internationnale en cas d’invasion. Nous devons attirer l’attention sur la situation desespérée des habitants du Rojava et faire savoir qu’il y aura des conséquences à ce carnage insensé.

Garder le silence c’est être complice.

Nous appelons toutes les personnes de bonne conscience à manifester et à perturber les consulats turcs, les bureaux du gouvernement des États-Unis, les fabricants d’armes et les entreprises liées au gouvernement turc, telles que Turkish Airlines. Le Comité Européen de Solidarité avec le Rojava s’est joint aux organisations du Rojava en appellant à une journée d’action internationale le 12 octobre contre l’invasion turque, nous soutenons cet appel et appelons à plus d’actions, avant et après le 12 octobre.

Nous devons mettre en place un contexte favorable à une action directe de grande envergure afin de construire un mouvement global qui puisse rendre de telles atrocités impossibles. Ensemble, nous pouvons stopper cette invasion.

On se voit dans la rue.

Quelques actions à venir


Signataires

Si votre organisation soutient cet appel, s’il-vous-plaît diffusez ce texte et contactez-nous à coordination.for.rojava@protonmail.com pour cosigner.

  • Coordination for the Defense of Rojava
  • 1312 Press
  • Acid Communist League of Atlanta
  • Agency (www.anarchistagency.com/)
  • Horacio Almanza Alcalde
  • Angry Socialist Community – ASC (@AngrySocialists)
  • Anon Anarchist Action
  • Antifascists of the Seven Hills
  • Antifascistas Belo Horizonte – Brazil
  • Atlanta Antifascists
  • The Autonomous University of Political Education
  • The Base
  • Bay Area Mesopotamia Solidarity Committee
  • Black Rose Anarchist Federation – Los Angeles Local
  • Black Socialists of America
  • Bloomington Anarchist Black Cross
  • The Boiling Point Collective (http://facebook.com/pg/boilingpointkzoo/about/)
  • The Rev. Dr. Colin Bossen, Unitarian Universalist Minister, First Unitarian Universalist Church of Greater Houston
  • Breakaway Social Center
  • Colorado Springs Anti-Fascists
  • Cooperation Jackson
  • CrimethInc. Workers’ Collective
  • The Dandelion Network
  • Decolonize This Place (decolonizethisplace.org)
  • Demand Utopia Seattle
  • Democratic Socialists of America – Communist Caucus
  • Denver Anarchist Black Cross
  • Direct Action Front for Palestine
  • DC Antifascist Coalition
  • Ricardo Dominguez, Associate Professor, UCSD
  • Economics for Everyone – Olympia (facebook.com/EconomicsforEveryoneOly/)
  • Extinction Rebellion Seattle
  • The Fayer Collective
  • The Final Straw
  • Frontline Organization Working to End Racism (FLOWER)
  • Flyover Social Center
  • David Graeber
  • Hispagatos
  • The Holler Network
  • Industrial Workers of the World – Atlanta
  • Inhabit
  • It’s Going Down
  • Kali Akuno
  • Kasa Invisível Belo Horizonte – Brazil
  • Knoxville Anti-Fascist Action
  • The Lucy Parsons Center
  • Midwest Unrest (@MW_Unrest)
  • No Space for Hate Bloomington (https://nospace4hate.btown-in.org/)
  • Noumenon Distro
  • Olympia Solidarity Network (olyassembly.org/olysol/)
  • One People’s Project (idavox.com)
  • Pacific NorthWest Antifascist Workers Collective
  • Dr. Ian Alan Paul, Assistant Professor of Emerging Media at Stony Brook University
  • People’s Defense League – South Louisiana
  • PM Press (www.pmpress.org/)
  • Progressive Global Commons (@ProGloCommons)
  • rek2 (as individual)
  • Revolutionary Abolitionist Movement- Elm City
  • Revolutionary Abolitionist Movement – NYC
  • Revolutionary Organizing Against Racism (ROAR Collective)
  • The Right to the City – Timisoara, Romania
  • Rojava Montréal
  • Rojava Solidarity Colorado (@RojavaSoliCO)
  • Rojava Solidarity Portland (facebook.com/rojavasolidarityportland/)
  • Rojava Solidarity Seattle
  • Scuffletown Anti-Repression Committee
  • Seattle Rising Tide
  • Micol Seigel, author of Violence Work
  • Soflaexit (Soflaexit.com)
  • Solidarity Against Fascism East Bay (SAFEBay)
  • Sprout Distro
  • Tar Sands Blockade – Texas
  • The Teardown Community
  • The Torch Antifascist Network
  • Voices in Movement
  • A World Without Police
  • Youth Liberation Front (Portland, Seattle, Wisconsin, Carolina, Bay Area, Illinois)