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Hamilton Update : Nouvelles sur les arrestations et conseils pour rester en sécurité lors des prochains blocages

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Mar 032020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Plusieurs arrestations se sont produites à Hamilton, en Ontario, suivant le blocage de voie ferrée ayant récemment eut lieu en réponse au raid mené par l’OPP à Tyendinaga. La police s’est emparée des gens sur leur lieu de travail ou dans leurs maisons, totalisant cette fois quatre arrestations. Ces gens sont encore en ce moment détenu.es et comparaitront en Cour pour leur remise en liberté conditionnelle dans les deux prochains jours (Ndt : cet article date du 27 février). Bien que malencontreux et enrageant, rien de tout ça n’est surprenant. Au cours du dernier mois, de multiples vagues de blocages et d’actions de solidarité ont balayé le pays, causant d’incalculables dommages économiques et exposant en pleine lumière le Canada et son traitement des communautés autochtones. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’état ne réponde avec force et ne commence à arrêter les personnes impliquées. Considérant la multiplication des arrestations dans différentes villes, cette semaine semble avoir été un moment charnière à cet effet.

Le contrecoup de la résistance est la répression, celle-ci étant une tactique standard utilisée par l’État lorsqu’il se sent menacé. L’histoire des mouvements sociaux et des mouvements de libération est parsemé d’innombrables exemples de ce genre. Les arrestations et le harcèlement policier sont utilisés non seulement pour cibler des individus spécifiques, mais aussi, de manière plus critique, pour insuffler la peur chez les gens de manière plus générale et, ce faisant, étouffer l’action. Il est crucial que nous ne laissions pas cela se produire. La meilleure réponse à la répression étatique est de la rendre, en tant que stratégie, la plus inopérante possible. Ce n’est pas le moment de laisser cette intimidation freiner l’action, il est plutôt temps de nous pousser collectivement à être brave et à continuer d’agir. Certaines personnes décideront peut-être de continuer d’utiliser les mêmes tactiques, d’autres décideront peut-être de changer de cap et d’essayer de nouvelles façons de faire en réponse au contexte changeant. Dans tous les cas, la clé est de continuer d’être en lutte et de ne pas laisser la flame de la rébellion s’éteindre.

En rapport avec le thème de l’action, nous voulions dire quelques mots sur le risque. Bien que le risque soit une réalité omniprésente, il est loin d’être universel et les niveaux de risque sont très différents d’une personne à l’autre. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à des actions à travers le pays et seulement une infime proprotion s’est fait arrêter. Il y a une force dans les nombres, et la portée de cette lutte a créé un context dans lequel il serait difficile (et probablement très défavorable du point de vue de l’opinion publique) de faire des arrestations de masse. Dans le cas de Hamilton, seules des personnes très particulières ont été arrêtées. Elles sont, dans l’ensemble,  »les suspect.es habituel.les » pour la police de la ville. Ces personnes, qui sont très visibles dans leurs politiques et pratiques antagonistes, sont déjà connues (et fréquemment surveillées et harcelées) par la police de Hamilton et font face à d’autres charges criminelles, d’autres conditions et/ou viennent de conclure d’autres dossiers avec la Cour. Tout cela pour dire que, si vous êtes une personne qui auraient participé au blocage et que vous êtes inquiet.ète, l’arrestation de ces personnes n’est présentement pas une indication que la police effectuera une vague d’arrestation à travers la ville. Ceci étant dit, c’est un bon moment pour réfléchir à nos pratiques et à la réduction des risques qui y sont associés.

Nous encourageons fortement les gens, par exemple, à se masquer lorsqu’ils.elles participent à ce genre d’activité. Se masquer et dissimuler le plus possible son identité diminue beaucoup les riques au niveau personnel mais aide aussi à garder les gens autour de nous plus en sécurité. Plus il y a de gens masqués, plus il est difficile d’identifier des individus dans une foule. Et ceci ne se limite pas à la répression étatique. En plus de la police qui prend des photos et des vidéos lors des actions, il n’est pas exceptionnel que des gens de différents groupes de l’extrème droite se déplacent pour tenter de prendre des photos des gens immpliqués. Se faire doxer en ligne, en plus d’être très désagréable, est une menace tout aussi dangereuse que de se faire arrêter. Alors masquez vous! vous vous remercierez plus tard.

Finalement, si d’autres se font cibler ou se font arrêter, sachez qu’on vous soutient. Ne parlez pas à la police sous aucune circonstance, demandez de parler à un avocat, et attendez. Vous ne ferez pas face à la répression seul.e et vous serez supportez à travers le processus. Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons accumulé pas mal d’expérience sur la répression, et nous sommes bons.bonnes à la gérer. Nous sommes une grappe résiliente et nous vous aiderons à travers toute période difficile. Il n’y a rien d’amusant dans la répression, mais c’est totalement survivable. C’est quelque chose qui dans le long terme peut nous rendre plus fort.e plutôt que plus faible.

On se voit au prochain blocage ;)

Ressources utiles (en anglais)

Au sujet de se masquer et de dissimuler son identité
https://crimethinc.com/2008/10/11/fashion-tips-for-the-brave

Au sujet de la culture de la sécurité
https://north-shore.info/2019/11/05/confidence-courage-connection-trust-a-proposal-for-security-culture/

Au sujet de beaucoup de choses
https://the-tower.ca/

Blocage des rails du CN à Rosemont

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Mar 012020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

De nouveaux blocages ont surgit au coeur même de Montréal cet après
midi, une fête est organisée pour les supporter au Champ-des-possibles.
Plus d’une centaine de personnes sont actuellement présentes et de plus
en plus de gens s’y joignent. Dans le cadre de la nuit blanche, les
festivités montréalaises sont détournées pour réaffirmer la souveraineté
territoriale wet’suwet’en et dénoncer le projet de pipeline Coastal
Gaslink.

En direct de ces festivités ferroviaires, Chantale Simard déclarait :
« La situation est très simple: le Canada retrouvera son calme colonial
quand le gouvernement de Trudeau écoutera les chefs traditionnels et
abandonnera son ridicule projet de pipeline ». S’arrêtant de dancer
quelques instants pour s’exprimer calmement, Juan Tremblay-Cortez
affirmait : « Nous sommes ici en tant que protecteurs et protectrices de
l’eau et de la terre. L’appel a été lancé partout, ceux et celles qui
ont à coeur les territoires et la vie qu’ils rendent possible doivent
agir par tous les moyens et bloquer ponts, ports, routes et rails. À la
télévision ils ont dit : partout, maintenant! »

Mashteuiatsh : Plus de 100 personnes manifestent en appui aux Wet’suwet’en et contre GNL Québec

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Fév 272020
 

Du Collectif Emma Goldman

Plus d’une centaine de personnes, Autochtones et Allochtones ensemble, ont manifesté hier à Mashteuiatsh, avec un fort soutien de la communauté. Ce rassemblement se voulait en appui à la lutte des Wet’suwet’en, qui se battent contre le passage d’un gazoduc (Coastal GasLink) sur leur territoire, mais également en opposition au projet de GNL Québec de faire passer un gazoduc sur les territoires ancestraux de plusieurs peuples Autochtones dont les Innus, les Atikamekws et les Anishnabeg. Selon les organisatrices et l’organisateur de la manifestation, ces luttes ont en commun la défense de la Terre Mère. En entrevue avec Le Quotidien, Paul Basilish, un aîné de la communauté, a affirmé : « Entre autochtones, on doit se tenir ensemble. On ne doit pas sacrifier notre territoire pour créer des jobs pour une génération. Je veux laisser un territoire en bonne santé à mes petits-enfants [1] ». Une dizaine de personnes ont simultanément manifesté à l’Anse-Saint-Jean, répondant à un appel du Collectif Bas-Saguenay pour s’opposer au projet de GNL Québec.

Le projet d’une usine de liquéfaction du gaz naturel à La Baie, d’un immense gazoduc traversant une grande partie du Québec et de transport du gaz par bateaux sur le Fjord du Saguenay, comme les autres grands projets, continue de soulever une vive opposition, malgré l’intense lobbying de ses promoteurs et de leurs allié-e-s. Alors que l’opposition est actuellement accusée de « polariser » le débat avec de maigres moyens de communication et quelques actions de sensibilisation, qui demeurent pour l’instant symboliques et non perturbatrices, les promoteurs bénéficient de l’action audacieuse et très partisane des élites régionales qui tentent de faire avancer le projet et de balayer l’opposition dans un déni de représentativité (une forme de bâillon light). Il est plus que jamais nécessaire de le nommer : la quête de « l’opinion publique » offre un piège clair et net pour les opposants et opposantes aux grands projets. L’exemple de la lutte des Wet’suwet’en est là pour nous éclairer davantage. Notre seule chance de se faire entendre et de faire échouer ceux-ci est de redoubler d’audace dans des actions qui auront un impact direct sur les parties prenantes au dossier ou qui dresseront les projecteurs sur leurs choix ignomieux. Ces actions, sous le prisme déformant des médias de masse et de leurs commères éditorialistes, pourront certes choquer quelques belles mères et mononcles, baignant depuis trop longtemps dans les litanies de la droite ambiante. Elles forceront néanmoins les promoteurs, élu-e-s, actionnaires et compagnies à remettre en question leurs plans, leurs investissements et les possibilités d’entreprendre ces grands projets dans nos milieux de vie. L’action directe peut en définitive nous redonner un contrôle (sans intermédiaire) sur nos vies.

La réconciliation est morte: proposition stratégique

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Fév 252020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

LA RÉCONCILIATION EST MORTE

par tawinikay
(aka Southern Wind Woman)

La réconciliation est morte. Elle est morte depuis un certain temps.

Si une seule chose m’a apporté de la joie ces dernières semaines, c’est ce qui a commencé lorsque les matriarches de Unist’ot’en ont brûlé le drapeau canadien et ont déclaré la réconciliation morte. Comme une traînée de poudre, cette déclaration a traversé le cœur des jeunes aux travers des territoires. De leur bouche, les dents dénudées, ils ont fait écho : « la réconciliation est morte ! la réconciliation est morte ! » Leurs yeux sont plus aiguisés à percevoir une vérité que beaucoup de nos aînés ont été trop timides pour nommer. L’ère Trudeau de la réconciliation a été une farce dès le début. Elle a toujours été plutôt destinée aux colons canadiens qu’aux autochtones.

« La réconciliation est morte » est un cri de guerre.

Cela signifie que la pression pour respecter notre part du marché est terminée. La jeune génération a jeté les menottes au sol. Nous entrons peut-être dans une nouvelle ère, où le militantisme remplace la négociation et la contestation juridique. Une époque où nous commençons à nous soucier moins du jugement juridique et moral du colonisateur et plus de nos responsabilités.

Critiquer la réconciliation, ce n’est pas faire honte aux anciens et aux personnes qui ont participé à la Commission Vérité et Réconciliation, c’est attaquer un gouvernement qui a profité de ce moment de vulnérabilité pour renforcer son image globale. Je l’ai déjà dit et je le répète, je ne blâme pas notre génération âgée d’espérer un avenir plus pacifique. Ceux qui ont vécu l’horreur des pensionnats et le scoop des années 60, les jours d’autorisation de circuler et les abattages de chiens de traîneau ne pouvaient que souhaiter une vie meilleure pour les générations à venir. Il est de la responsabilité de ces jeunes générations de se lever et de dire que ce qui leur est offert n’est pas suffisant. C’est à nous de dire que nous préférons encore cent ans de lutte plutôt que d’accepter la douce assimilation qui nous est offerte. C’est à nous de remercier nos aînés pour leur service et de nous tourner ensuite vers les lignes de front avec nos plumes, nos tambours et nos poings.

Parce que les idées seules ne changent rien. C’est un mensonge libéral. Il faut que les mots soient supportés par l’action pour faire la différence. Cette action doit être entreprise ensemble. Ni les idées ni la pratique ne sont créées par les individus. Tout ce qui est écrit ici est le résultat de discussions et d’interactions avec d’autres défenseurs des terres, des amoureux, des anarchistes, des mères, des enfants et des résistants. Nous devons être responsables de ce que nous disons tout en reconnaissant que le savoir est créé par les communautés. Il faut toujours voir les choses de cette façon afin de subvertir la hiérarchie, de ne jamais permettre qu’une personne soit élevée au-dessus d’une autre.

Ce qui est écrit ici vous appartient donc à tous. Prenez-le et faites-en ce que vous voulez.
Discutez. Défendez-le. Dénoncez-le. Faites-en votre affaire.

Oubliez les règles.

Le Canada est un État colonial. Il existe pour gouverner un territoire et gérer les ressources de ce territoire. Ce n’est ni plus ni moins que ça. Il a fait un excellent travail afin de convaincre ses citoyens qu’il défend quelque chose, quelque chose de bon. C’est ainsi qu’il maintient sa légitimité. Le mythe national de la politesse et de la civilité gagne le soutien des électeurs. Il a été soigneusement construit au fil du temps et il peut être déconstruit. En fait, les règles du Canada changent tout le temps. J’écrirais bien davantage à ce sujet, mais la vérité est que je ne pourrais pas faire mieux que ce que j’ai récemment découvert en ligne. @Pow_pow_pow_power a récemment écrit ce qui suit :

Les gouvernements des colons ont inventé les règles au fur et à mesure depuis le début de leurs invasions. Alors que chaque génération lutte pour s’éduquer au respect des règles, ils les ignorent et font ce qu’ils veulent quand ils veulent. Cela ne devrait pas être une surprise. Il en a toujours été ainsi parce qu’ils se placent au-dessus de tout – des autres personnes, de nos frères et soeurs animaux, de l’équilibre de la nature et certainement de « ce qui est juste ». Les lois ont toujours été adoptées pour légitimer leurs caprices et leurs intérêts en tant qu’intentions de dirigeants apparemment rationnels, et pour nous garder soumis à leurs besoins.

Nous vivons actuellement à une époque où nos structures impérialistes se sont montrées très soucieuses de paraître ordonnées et civilisées aux yeux des autres régimes de pouvoir afin de cultiver un sentiment de supériorité. C’est pourquoi la violence à laquelle nous nous sommes habitués ne prend plus la forme de massacres, de tortures publiques et d’exils, mais de raids nocturnes et de disparitions, de criminalisations et de l’enfermement dans des systèmes de négligence. Elle est devenue plus dépendante de la violence structurelle et de l’effacement que de la violence directe, et donc plus insidieuse. L’insidieux est plus efficace et plus difficile à identifier comme source d’injustice.

C’est pourquoi, lorsque nous les abordons, dans la légalité, la paix, la rationalité, l’équité et la douceur, avec autant de grâce et de calme que possible, nous sommes facilement rejetés avec des sourires blancs polis de « meilleures intentions », de « regrets les plus profonds » et de « nous faisons de notre mieux », en fait « nous faisons mieux que la plupart ». Et lorsque nous insistons, plus fermement, plus passionnément, plus justement, la réponse des gouvernements des colons est aussi claire que nous le voyons maintenant : « Pourquoi ne pouvez-vous pas simplement obéir ? »

Les Canadiens veulent croire que la violence coloniale est une chose du passé, donc le gouvernement la leur cache. C’est pourquoi la GRC n’autorise pas les journalistes à les filmer alors qu’ils lancent leurs chiens sur les femmes qui défendent leurs terres. C’est pourquoi ils s’en tireront à bon compte.

Le temps est venu d’arrêter de chercher la justice dans le droit des colons.

Pour les peuples autochtones du Canada, il est impossible d’éviter la violence que nous inflige l’État. Lorsque nous levons le poing et que nous ripostons, c’est toujours un acte d’autodéfense. Toujours. S’engager dans la non-violence ou le pacifisme face à un ennemi violent est une chose dangereuse. Pourtant, essayer d’éviter d’utiliser la violence jusqu’à ce que cela soit absolument nécessaire est un principe noble. Un principe qui porte en lui le plus d’espoir pour un nouvel avenir. Mais que signifie la violence pour l’État colonisateur ?

Pour eux, prendre d’assaut un territoire avec des armes à feu et en retirer ses occupants légitimes, ça, ce n’est pas violent. Raser les sommets des montagnes ou les forêts coupées à blanc, ou aspirer le pétrole du sol pour ensuite le brûler dans l’air, ce n’est pas violent. Confiner des poulets, des cochons et des vaches dans de minuscules caisses, sans leur permettre de voir la lumière du soleil, en les utilisant comme des machines à manger, ce n’est pas violent.

Mais briser une fenêtre d’un bureau du gouvernement…
Cela va trop loin.

Il est temps que nous voyions leurs lois pour ce qu’elles sont : imaginaires et hypocrites. Les lois sur les colons existent pour protéger les colons. Nous ne sommes pas des colons. Nous sommes Michif. Nous sommes Anishinaabek. Nous sommes Onkwehón. Nous sommes Nêhiyawak. Nous sommes Omàmiwininì. Nous sommes Inuits. Nous sommes Wet’suwet’en. Alors pourquoi continuons-nous à faire appel à leurs lois pour notre légitimité ?

À chaque fois, les communautés dépensent des centaines de milliers de dollars pour contester les droits fonciers. La Première nation Chippewa of the Thames a utilisé l’argent gagné dans le cadre d’une revendication territoriale pour lancer une contestation judiciaire contre le Canada disant qu’ils n’ont jamais été consultés de manière appropriée, et qu’ils n’ont pas consenti à ce que le pipeline de la ligne 9 traverse leur territoire. La Cour suprême s’est prononcée contre eux, affirmant que les peuples autochtones n’ont pas le droit de dire non à des projets industriels sur leurs territoires. La ligne 9 est toujours opérationnelle. Les Wet’suwet’en ont sans doute remporté la plus importante contestation judiciaire de l’histoire du Canada. Le verdict Delgamuukw a vu les tribunaux reconnaître que le territoire des We’suwet’en n’est pas cédé, qu’ils détiennent le titre et la juridiction légale, et pourtant, regardez comment le Canada honore cela. Ce n’est pas avec des victoires juridiques que nous gagnerons notre terre et notre dignité. Le Canada se soucie aussi peu du droit canadien que du droit autochtone…

Il en va de même pour les Nations unies et leur précieuse UNDRIP. Nous avons vu que l’État adoptera les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et les interprétera en fonction de leurs besoins. Ce document stipule que les gouvernements et les entreprises doivent obtenir un consentement préalable, libre et éclairé pour s’engager dans des projets sur leurs territoires. La Colombie-Britannique l’a adopté et, pourtant, proclame que cela ne signifie pas qu’ils doivent obtenir le consentement des Wet’suwet’en. Le consentement ne signifiera jamais réellement le droit de dire non. Et l’ONU n’a aucun moyen de le faire respecter.

Le temps est passé pour les contestations judiciaires devant leurs tribunaux qui ne font que drainer nos ressources et nous ralentir. Je rends hommage aux parents et aux ancêtres qui ont tenté de trouver une solution pacifique, qui ont fait confiance aux bonnes intentions des autres humains. Mais les colons ont prouvé que les options pacifiques qu’ils nous ont offertes sont des mensonges. Trompez-nous une fois, honte à vous.

Il ne s’agit plus seulement d’Unist’ot’en.

Il s’agit de nous tous. D’un jour à l’autre, la GRC pourrait tenter d’intervenir et d’expulser le blocus ferroviaire de Tyendinaga. Je suis solidaire avec eux autant qu’avec les Wet’suwet’en. Il ne s’agit pas seulement de faire reculer le gouvernement et ses hommes de main militarisés à Unist’ot’en et Gitdum’ten, il s’agit aussi de les amener à desserrer leur emprise sur nous tous. Il s’agit de proclamer la mort de la réconciliation et de reprendre notre pouvoir.

Cela ne veut pas dire que nous devons oublier Unist’ot’en et les abandonner au moment où ils ont le plus besoin de nous. Il s’agit d’une proposition visant à élargir notre champ d’action afin que nous ne perdions pas notre élan vers l’avant si ce qui se passe à l’Ouest ne répond pas à nos rêves les plus fous. Il s’agit d’élaborer un récit plus fort.

Cela signifie que nous devrions réfléchir avant de prétendre que les Wet’suwet’en ont le droit à leur terre parce qu’elle n’est pas cédée. N’avons-nous pas tous droit à la terre volée à nos ancêtres ? Pour qu’une terre soit non cédée, cela signifie qu’elle n’a jamais été vendue, cédée ou perdue par conquête. La Proclamation royale de 1763 a exhorté le Canada et le Dominion à ne s’approprier des terres que par la conclusion d’un traité. C’est ce que les agents du Canada ont entrepris de faire. Ils ont continué à conclure des traités sur tout le continent, parfois en mentant sur le contenu des traités à des ancêtres qui ne parlaient pas anglais, parfois en trouvant celui qui signerait le traité sans se soucier de savoir si cette personne agissait avec le soutien de la communauté. Après la signature du dernier traité, le Canada a interdit aux Indiens d’engager des avocats pour contester les revendications territoriales. Et ils ont ensuite volé le reste de ce qu’ils voulaient. Ils ont continué à inonder les terres avec des colons jusqu’à ce que les peuples autochtones ne disposent plus que de 0,2 % des terres qu’ils protégeaient et sur lesquelles ils vivaient.

Je n’ai que faire d’en appeler à la légitimité d’un territoire non-cédé. Toutes les terres ont été volées. Le Canada ne possède de juridiction sur aucune de celles-ci, parce que tous les accords conclus pour les acquérir ont depuis été brisés.

On peut adresser la même critique à l’idée que la gouvernance héréditaire est le seul vrai leadership des peuples autochtones. Je ne suis pas pour les conseils de bandes. Mais c’est important de comprendre que plusieurs de nos relations ont perdu le système héréditaire qui nous a jadis aidés à bien vivre. Nous devrons raviver notre gouvernance. Nous pouvons nous inspirer des formes du passé et nous pouvons aussi en inventer de nouvelles. Toutes les formes d’organisation choisies librement sont légitimes. Notre légitimité ne sort pas de la bouche de nos leaders, mais elle réside dans notre connexion au territoire et à l’eau, ainsi que dans notre engagement à nos responsabilités envers toute la vie, celle d’aujourd’hui comme celle des générations à venir.

Tout ceci peut constituer une bonne chose, si nous l’acceptons ainsi. C’est insensé de croire que nous n’avons pas changé et évolué en 300 ans. De toute façon, nos systèmes se seraient transformés. Voilà une opportunité de combiner de nouvelles et belles idées avec les traditions et les cérémonies ancestrales des anciens, des communautés spirituelles où la hiérarchie est subvertie et le genre est libéré!

C’est le moment de tout renverser.

Le Canada a toujours eu peur que prenions notre pouvoir en mains. La réconciliation a été une distraction, une carotte agitée devant notre nez, une ruse pour que nous nous comportions bien. Le moment est venu de leur montrer à quel point nous voyons clair. Être déterminés et assurés ne veut pas dire ne pas avoir peur. Les temps qui arrivent sont dangereux. Dire : « Je n’obéirai pas », c’est dangereux.

La première chose à faire est d’arrêter de nous poignarder dans le dos entre nous. Siégez au conseil de bande si vous le voulez, mais que ça ne vous monte pas à la tête. Ne vous percevez jamais plus qu’un serviteur, un distributeur d’argent et quelqu’un qui fait respecter la loi. Ce n’est pas parce que vous êtes élu que vous avez gagné le respect de votre communauté. Ça ne fait pas de vous un aîné. Laissez-moi prendre le temps de lancer un gigantesque fuck you aux nations Métis qui ont signé les accords de pipeline parce qu’elles étaient si heureuses que le gouvernement les considère autochtones. Les Métis n’ont pas de droits de territoire en Ontario et continuent de signer des accords comme si c’était le cas, en poussant les nations autochtones qui ont réellement un territoire à se jeter sous un train. Laissez-moi étendre ce « fuck you » aux nations autochtones qui ont signé les accords de pipeline et restent en silence alors que leurs relations se font attaquer pour protéger l’eau. Ou encore pire, qui donnent des entrevues avec des lobbyistes pro-pétrole et des médias conservateurs en dénigrant les défenseurs de la terre dans leur entourage. Ne voient-ils pas comment les Canadiens dévorent leurs mots et salivent en constatant notre division, et l’utilisent pour dénigrer notre manière de vivre? Je n’excuse pas les attaques contre nos pairs qui ont perdu le chemin rouge, mais nous devons trouver une façon de les rallier à nous. Tout le monde n’est pas obligé d’être sur la ligne de front dans sa communauté, mais on devrait au moins refuser de coopérer avec le gouvernement colonial et les entreprises à son service.

La deuxième chose que nous devons faire, c’est agir. Mais nous ne devons pas nous limiter aux actions qui demandent le retrait policier du territoire Wet’suwet’en. Le gouvernement fédéral mène le bal; pas seulement à Unist’ot’en mais à tous les niveaux où des autochtones sont opprimés à travers le territoire. Toute attaque contre l’État canadien est une action de solidarité. Solidarité encore, toute affirmation de la souveraineté autochtone.

C’est le moment de commencer l’occupation dont vous rêvez.

Un bout de votre territoire a été annexé? Reprenez-le. Un nouveau pipeline doit être construit dans votre cour? Bloquez le chemin. Des propriétaires de chalets souillent le lac près de votre communauté? Donnez-leur un avis d’expulsion et installez un campement. Sabotez les fermes aquacoles qui tuent les saumons. Détruisez le barrage qui bloque la rivière. Jouez avec le feu.

Lorsqu’on canalise tous nos espoirs et nos rêves de lutte vers un même endroit, on va tout droit à l’épuisement avec le cœur brisé. Luttons pour le peuple Wet’suwet’en, oui! Mais honorons leur courage et leurs actes en les laissant nous inspirer à faire de même. Luttons pour eux en luttant pour le manoomin, les milieux humides et les grizzlis.

Choisissez bien vos complices. Les libéraux qui reconnaissent qu’ils sont en terres volées ont souvent trop investi dans ce système pour le voir changer réellement. Les communistes imaginent un système sans un Canada capitaliste, mais ils veulent un État communiste, qui aura inévitablement besoin de contrôler le territoire et de l’exploiter. Construisez des liens de confiance avec des ceux qui veulent la destruction de l’État pour que des communautés autonomes prennent place et pour restaurer l’équilibre entre les humains et toutes nos relations. Choisissez ceux qui écoutent plus qu’ils ne parlent, mais pas ceux qui feront tout ce que vous leur direz sans réfléchir. Ceux-là sont motivés par la culpabilité. Trouvez ceux dont le feu intérieur brûle pour un monde plus sauvage et plus juste. La plupart sont anarchistes, mais pas tous. Et tous les anarchistes n’ont pas un bon esprit.

La création d’un champ de bataille à plusieurs fronts divisera leurs énergies. Les blocages de chemins de fer fonctionnent! Si les sabotages ferroviaires nocturnes, les fils de cuivre et les blocages continuent et se multiplient, cela entraînera l’arrêt de tout le trafic ferroviaire dans cette terrible économie. Plus il y en aura, mieux ce sera. Ne le faites pas que pour les Wet’suwet’en, faites-le pour les rivières et les cours d’eau qui sillonnent sous les rails. Faites-le pour les ancêtres qui ont vu ces chemins de fer envahissants annoncer leur disparition.

Et comme le dit cette critique venant de Montréal : ne vous organisez pas en vue d’une arrestation intentionnelle et symbolique.

S’ils viennent exécuter une injonction, déplacez-vous vers une autre partie du chemin de fer.
S’ils arrivent avec une deuxième injonction, bloquez l’autoroute la plus importante dans les environs.
S’ils arrivent avec une troisième injonction, déplacez-vous vers le port le plus proche.
Restez en liberté et soyez féroce. Les gens d’Unist’ot’en et de Gidum’ten n’ont pas eu cette option, mais vous, vous l’avez. Anticipez leur prochaine intervention et gardez une longueur d’avance.

C’est un moment parmi bien d’autres. Nos ancêtres ont été habiles, parfois dans l’attente silencieuse, parfois en luttant, tout en continuant de transmettre secrètement nos cérémonies et nos histoires. Je les honore autant que je vous honore maintenant. Nous sommes encore ici grâce à eux, et nos enfants et nos petits-enfants seront encore là grâce à nous. N’oublions jamais qui nous sommes. Luttons avec cérémonie.

Je suppose que ceci est une proposition d’adopter une stratégie d’anarchisme autochtone, ici, sur l’Ile de la Tortue. Un rejet des tactiques qui demandent des choses à des gens puissants et un retour à la fabrication d’une multitude de solutions locales et diverses. C’est un rejet du style d’organisation à la Idle No More. Ne reproduisons pas les erreurs du passé (pour une critique détaillée d’INM, voir https://warriorpublications.wordpress.com/2012/12/12/idle-no-more-speak-for-yourself/ , et pendant que vous y êtes, lisez tout le reste). C’est un appel à choisir nos propres leaders et à créer une gouvernance qui refuse la hiérarchie. C’est une demande qu’on rejette la réconciliation et qu’on aille vers une revendication militante. L’idée d’un anarchisme autochtone est encore jeune. Écrivez-moi à ce sujet.

Ceci est un de nos moments. Faisons en sorte que ce ne soit pas qu’une demande de quitter Unist’ot’en, mais une demande de quitter tout le territoire. L’idée n’est pas que CGL cesse de faire de l’argent, mais de dénoncer le rôle même de l’argent. Ce moment parle de la colonisation partout. Ce moment nous concerne tous.

Aux colons qui vont inévitablement lire ce texte.

Ce qui est écrit ici vous concerne aussi. Pas dans le sens de : « Soulevez-vous et reprenez vos terres ». Ça, ça a déjà été fait.

Mais je lis les messages des récits d’actions et les médias, et je vous vois tomber dans toutes sortes de vieux pièges. Vous n’êtes pas seulement un rouage dans la machine de la solidarité. Vous pouvez aussi entreprendre des luttes dans votre ville. Souvenez-vous du Two Row: vous pouvez mener des batailles parallèles vers les mêmes objectifs.

J’ai entendu plusieurs aînés dire que nous ne gagnerons pas cette bataille seuls, et c’est certainement vrai. Merci pour les façons dont vous avez attaqué l’économie et l’État. Merci d’avoir répondu à l’appel. Maintenant, prenez ces réflexions et faites-en ce qui vous plaira.

Vous aussi devriez chercher des moyens de défendre le territoire et l’eau là où vous vivez. Chercher les manières de miner et d’affaiblir le pouvoir du gouvernement sur ces terres. Ne vous découragez pas si la GRC ne quitte pas Unist’ot’en. Ce n’est qu’une bataille parmi d’autres. Ce n’est qu’un début. Ne tombez pas dans le piège de faire appel aux lois canadiennes ou internationales.

Voyez-vous tels que vous êtes, telle qu’est votre communauté. Agissez de manière à créer un monde où la réconciliation est possible, un monde dans lequel les vôtres redonnent les terres et vous démantelez l’État canadien centralisé. Ne romantisez pas les autochtones avec qui vous vous organisez. Ne croyez pas que vous ne pouvez pas questionner leur jugement, ou choisir de vous organiser avec certains plutôt que d’autres. Trouvez ceux qui gardent une flamme vive dans le cœur, ceux qui préfèrent continuer à lutter plutôt qu’accepter la carotte de la réconciliation. N’agissez jamais par culpabilité et par honte.

Et ne vous laissez pas croire que vous pouvez transcender votre colonialisme en faisant du travail de solidarité. Comprenez que vous pouvez et devez trouver vos propres façons de vous connecter à ce territoire. À partir de vos propres traditions, héritées ou créées par vous-mêmes.

Imprimez ce zine et distribuez-le à vos compagnons autochtones [PDFs ci-dessous].
Prenez des risques. Rêvez grand. Poursuivez l’anarchie. Restez humbles.

CE ZINE A ÉTÉ PUBLIÉ PAR APHIKONA DISTRO
Contactez-les à aphikonadistro@riseup.net

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Imprimer : Page couverture  Texte (8,5 x 11″)
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Pour plus de lectures sur le sujet (principalement pour les colons), voyez les derniers écrits de l’auteure – Autonomously & with Conviction: a Metis Refusal of State-led Reconciliation

Montréal – Une boîte signalétique au bord des rails du CN part en fumée

 Commentaires fermés sur Montréal – Une boîte signalétique au bord des rails du CN part en fumée
Fév 252020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de dimanche à lundi, une boîte électrique de signalement se trouvant aux abords du chemin de fer du CN dans Pointe-St-Charles, a été cramée. Nous espérons que le trafic soit interrompu à nouveau, et cela, le plus longtemps possible. Nous avons ciblé les rails car, non seulement sont-elles les infrastructures coloniales par excellence, mais une grande partie du transport des ressources naturelles transit par les voies ferrée. Nous saluons chaleureusement celles et ceux qui luttent contre l’extractivisme et la domination ; les mines qui détruisent les territoires (et même les mines de lithium, nécessaire à la conception de batteries de voitures électriques), l’exploitation et le transport du pétrole et du gaz naturel, la dévastation des forêts, d’un bout à l’autre du pays. Nous voulons la liberté, la dignité, l’autodétermination et une vie saine, pour tous et toutes sans concession.

Un mini gazoduc de marde pour un financement de projets de marde

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Fév 232020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

21 février, Saguenay – Dans la nuit de jeudi à vendredi, des membres de la Cellule des abysses ont installé un mini gazoduc rempli de marde devant les bureaux de Promotion Saguenay en plus d’en asperger la devanture. Cette société de « développement » de Saguenay a choisi son camp. Dernièrement, Promotion Saguenay a donné 33 000 $ sur 4 mois à l’ex-députée néodémocrate Karine Trudel afin de payer son salaire de porte-parole du groupe Je crois en ma région. Ce « regroupement » fait de la propagande pour Arianne Phosphate, Métaux BlackRock et GNL Québec.

Comme si cela n’était pas suffisant, Promotion Saguenay a octroyé la somme de 42 000$ à la firme de relations publiques TACT afin que cette dernière accompagne la société de « développement » à faire accepter socialement les grands projets prévus au soi-disant Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette décision a été voté à l’unanimité par le conseil d’administration de Promotion Saguenay. Le directeur-général, Patrick Bérubé, a défendu cette prise de position en déclarant: « Si les projets sont bons économiquement pour notre ville, c’est en partie notre mandat d’en faire la promotion ». En gros, Promotion Saguenay utilise de l’argent public dans le but de faire de la pub pour des compagnies déjà immensément subventionnées par les divers paliers de gouvernement.

GNL Québec, avec à sa tête le milliardaire américain Jim Breyer, n’a pas besoin de plus de fonds pour faire la promotion de son projet écocide. Ses millions et sa poignée de lobbyistes devraient suffire à payer leur propagande et à acheter tous les politiciens nécessaires, du fédéral au municipal. Un des arguments majeurs de GNL Québec est que le gaz naturel liquéfié servira à remplacer le charbon. Rappelons que Breyer est administrateur et actionnaire de Blackstone Group, un immense fonds d’investissements co-propriétaire d’une des plus grosses centrales au charbon des États-Unis. La femme de Breyer, Angela Chao, est à la tête du Foremost Group, une entreprise qui transporte chaque année des millions de tonnes de charbon (en majorité vers la Chine). Les masques tombent et nous continuons à attaquer nos ennemis. Nous avions promis d’autres actions et nous respectons notre promesse. Après Arianne Phosphate et les bureaux de Métaux BlackRock l’année dernière, c’est autour de Promotion Saguenay, organe de financement des grands projets, d’être attaqué. Cette action directe symbolique et ludique est un petit réchauffement avant le printemps. Espérons qu’elle pue au nez autant que les relations incestueuses entre Port Saguenay et Ville Saguenay (Stéphane Bédard est sur le conseil d’administration de Port Saguenay en plus d’être payé comme consultant externe de la mairesse de Saguenay). D’autres actions suivront. Il fallait bien une petite remise en forme!

Les lignes ferroviaires du CN bloquées sur la Rive Sud de «Montréal» – appel public aux renforcements!

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Fév 202020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Une voie ferrée du CN traversant la ville de St-Lambert, connectant Montréal à l’Est du Canada et aux États-Unis, est présentement bloquée à l’intersection de la rue St-Georges. Nous agissons en solidarité avec les Wet’suwet’en qui luttent contre le projet de corridor énergétique de CGL et dont le territoire est envahi par la GRC.

Depuis le début de cette invasion, les blocages se sont multipliés à travers le pays. Nous sommes inspirés par les actes courageux de résistance autochtone dont nous avons été témoins, notamment les barrages ferroviaires en cours à Kahnawake et Tyendinaga. Nous avons installé ce nouveau campement bloquant les voies du CN, car nous pensons que ces défenseurs de l’eau et de la terre ne devraient pas avoir à se battre seuls.

Nous invitons tous ceux qui peuvent nous rejoindre sur le site de ce campement. Le blocage est érigé un bloc au sud de la rue Saint-Georges et de l’avenue St-Charles. Vous pouvez vous y rendre en prenant le bus 2 ou 54 sud du métro Longueuil (apportez de la monnaie pour un tarif supplémentaire). Nous encourageons tout le monde à apporter des vêtements très chauds, de l’eau, de la nourriture et tout équipement de camping d’hiver auquel vous avez accès.

Nous continuerons à bloquer la voie ferrée jusqu’à ce que la GRC se retire des territoires Wet’suwet’en. Nous encourageons les autres à prendre action afin de forcer le gouvernement à accepter les demandes des chefs héréditaires Wet’suwet’en.

Pour de plus amples informations, suivez le twitter @MTLanticolonial, qui fera un suivi en continu du blocage, ou écrivez à mtl-wetsuweten-solidarity@protonmail.com.

#ShutDownCanada #AllEyesOnWetsuweten #WetsuwetenStrong #Wetsuweten

Blocus a St-Pascal, Kamouraska

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Fév 172020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Aujourd’hui le dimanche 16 Fevrier vers 11h une vingtaine de personnes se sont rassemblé.e.s à la gare de St-Pascal du Kamouraska. Nous avons marché dans la ville en support à la lutte des Wet’suwet’en pour la reconnaissance effective de leur gouvernance traditionnelle et la défense de leurs territoires ancestraux contre le saccage de ceux-ci, lié à la construction d’un nouveau corridor énergétique, en Colombie-Britanique.

Ensuite, un barrage a été érigé pour une durée indéterminée sur les voies du CN, bloquant ainsi tout le traffic ferroviaire vers les maritimes.

Les Wet’suwet’en exigent l’arrêt des travaux par TransCanada sur le gazoduc Coastal GasLink et le retrait de la police de la GRC de leur territoire.Le pays a été créé par le génocide et l’invasion des premières nations. Les événements des derniers jours démontrent que le Canada applique encore la loi du plus fort. Notre présence ici, aujourd’hui, s’inscrit dans une continuité d’action de solidarité et de blocages économiques qui visent à établir un rapport de force avec TransCanada et les gouvernements en place!

#SHUTDOWNCANADA

« D’un océan à l’autre » : Les blocages de trains, le colonialisme et l’histoire des chemins de fer canadiens

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Fév 162020
 

De Les temps fous

Le réseau ferroviaire du CN est paralysé depuis plus d’une semaine par des blocages en solidarité avec la communauté Wet’suwet’en, qui s’oppose à la construction du Coastal GasLink pipeline sur leur territoire non cédé. La communauté mohawk de Tyendinaga bloque la circulation des trains de passagers et de marchandises entre Toronto et Montréal depuis le 5 février et un blocage à New Hazelton des voies ferrées a forcé la fermeture du port de Prince Rupert en Colombie-Britannique. Les blocages en solidarité aux Wet’suwet’en se multiplient depuis à travers le « Canada » : des campements se sont installés sur les rails à Kahnawà:ke, Listuguj, Magnetawan, Diamond, entre autres.

Le CN annonçait jeudi la fermeture de la portion Est de son réseau et l’entièreté du réseau Via Rail, des millions de dollars auraient déjà été perdus par les entreprises qui dépendent de transport ferroviaire et on prévoit des pénuries et des pertes de marchandises dans plusieurs domaines. Alors que le président de la Chambre de commerce du Canada affirme qu’un blocage du réseau ferroviaire de cette ampleur représente une urgence pour l’économie canadienne, le premier ministre appelle les manifestants à « respecter les lois canadiennes » et les demandes et menaces d’injonction s’accumulent.

L’impact économique et politique de ces blocages met en lumière le rôle central de l’extractivisme et des infrastructures ferroviaires dans l’économie canadienne, mais ces blocages soulèvent également le rapport structurel entre le transport des marchandises et le colonialisme canadien. D’une actualité frappante, l’histoire du développement du réseau de chemins de fer permet d’illustrer la façon dont s’imbriquent l’industrialisation, l’unification de la nation canadienne, le droit canadien, le colonialisme et la violence d’État.

Les chemins de fer au cœur de la constitution canadienne

Durant la seconde moitié du 19e siècle, les projets de chemin de fer reliant différents points des colonies nord-américaines se multiplient. Entrepreneurs et hommes d’affaires investissent des sommes colossales dans l’établissement de nouvelles lignes, appuyés par des subventions gouvernementales tout aussi importantes. Les villes connectées deviennent des artères économiques stratégiques, et les chemins de fer contribuent largement à leur industrialisation, en plus de créer des nouveaux besoins en bois, mazout, fer et acier. Les chemins de fer permettent d’atteindre des régions inaccessibles au réseau navigable et — assurant le transport de colons, de marchandises ou de forces armées — ils deviennent rapidement un dispositif majeur de la colonisation de l’arrière-pays.

Bien plus qu’un simple outil économique, le réseau ferroviaire est au cœur de la Confédération et joue un rôle clé pour le nationalisme canadien. La construction de l’Intercolonial Railway, reliant le Canada-Uni aux provinces maritimes, est posée comme condition à la signature de l’Acte constitutionnel de 1867. La Colombie-Britannique se joint ensuite à la confédération en 1871, suite à la promesse de John A. McDonald de construire le Canadian Pacifique Railway (CP) qui allait relier les provinces de l’Est aux provinces de l’Ouest. Le projet du Canadian Pacifique devient ainsi un acteur majeur de l’unification du Canada, autant symboliquement que matériellement. Le gouvernement opte pour un trajet qui évite de franchir la frontière américaine, traversant les territoires appartenant à la Hudson Bay Company, jusqu’alors peu colonisés et habités par de nombreuses Premières nations et communautés métisses. Largement subventionnée, la construction du CP est entachée par des scandales de corruption qui forceront le gouvernement de McDonald à démissionner en 1873.

En parallèle au CP, une multitude de chemins de fer aux tracés moins ambitieux voient le jour, encore une fois subventionnés par le gouvernement et ratissant les territoires des Premières nations. L’engouement spéculatif est tel que peu de projets sont réellement rentables et une grande partie se retrouve au bord de la faillite suite à la Première Guerre mondiale. Plusieurs lignes sont alors rachetées et nationalisées par le gouvernement qui les amalgamera pour créer le Canadian National Railway (CN).

L’Indian Act et la North-West-Mounted-Police

L’adoption du Indian Act en 1876 donne le cadre légal aux traités qui permettront au gouvernement canadien de privatiser et de s’approprier les terres autochtones traversées par les chemins de fer. Le système de Conseil de bandes et le système de réserves perscrits par l’Indian Act imposent une structure politique et un mode de propriété des terres en rupture avec les traditions et cultures des Premières nations, qui permettront au gouvernement de dicter les termes de la négociation de la cessation des terres, et ce en toute « légalité ».

En 1873, l’ancêtre de la Gendarmerie royale du Candada (GRC) — la North-West-Mounted-Police — est créée dans le but spécifique de contrôler les populations autochtones des Prairies. À partir de 1881, la Police montée est affectée à la protection de la construction du Canadian Pacifique et déménage sa base à Régina, nouvellement fondée en vue de la construction du chemin de fer. Le transport ferroviaire sera un atout de taille pour la Police montée, lui permettant de mobiliser rapidement des recrues pour faire face aux révoltes métisses et faire appliquer l’Indian Act.

Suivant l’extermination intentionnelle des troupeaux de bisons par les colons entre 1870 et 1880, la survie de plusieurs Premières nations des Prairies dépend des apports en nourriture fournis par la Police montée. La menace de la famine les oblige ainsi à signer des traités cédant leurs territoires à la Couronne et les assignant à des réserves au nord des lignes de chemin de fer. Entre 1871 et 1921, la Couronne canadienne signe 11 traités avec les Premières nations qui lui céderont à peu près l’entièreté des territoires allant de l’«Ontario» jusqu’aux Rocheuses.

Carte des traités signés avec les Premières nations

La poursuite du colonialisme canadien : des chemins de fer aux pipelines

Les similitudes entre l’histoire de la construction des chemins de fer et les différents projets de pipelines dépassent les simples coïncidences. Subventions gouvernementales, rachats des projets déficitaires, vols des terres des Premières Nations, actes de droit et intervention des forces armées : ce qui se dégage de l’histoire des chemins de fer durant la deuxième moitié du 19e siècle, c’est la persistance actuelle du colonialisme structurel sur lequel le Canada s’est construit. L’appropriation des terres des Premières nations est au cœur de la constitution et du Droit canadien. Au-delà des beaux discours de la réconciliation, le colonialisme se poursuit au même rythme et se maintient encore aujourd’hui à coup de législations et de matraques. Le Canada s’est construit sur l’exctractivisme et la circulation des marchandises. Les blocages de trains de la dernière semaine arrivent à mettre en évidence les fondements colonialistes du territoire canadien, mais aussi ces points faibles, sa dépendance envers ses infrastructures de transport et l’efficacité avec laquelle on peut arriver à le mettre en déroute.

SHUT DOWN CANADA

ALL EYES ON WET’SUWET’EN

Carte intéractive des blocages en soutien aux Wet’suwet’en

Neuvième jour du plus long blocage ferroviaire de l’histoire du Canada

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Fév 142020
 

De Real People’s Media

TERRITOIRE MOHAWK DE TYENDINAGA – La Gendarmerie royale du Canada a envahi le territoire des Wet’suwet’en en Colombie-Britannique le 5 février 2020 pour faire appliquer une injonction du tribunal visant à retirer les Wet’suwet’en du territoire qui leur appartient. L’injonction a été obtenue par la société Coastal GasLink (CGL) afin de forcer son projet de gazoduc de 670 kilomètres de long à traverser le territoire traditionnel non cédé des Wet’suwet’en. Ce développement pose des menaces profondes et importantes pour la vie humaine et non humaine dans une région importante sur le plan culturel et environnemental, et va à l’encontre du soi-disant processus de « paix et de réconciliation » du gouvernement canadien avec les peuples des Premières nations.

En réponse à cette agression coloniale contre les Wet’suwet’en, les Mohawks de Tyendinaga ont installé un campement le long de la voie ferrée du CN et ont formulé leur revendication : qu’aucun train ne passe sur la voie ferrée tant que la GRC n’aura pas quitté le territoire des Wet’suwet’en. En conséquence, tout le trafic ferroviaire le long du corridor Toronto-Montréal passant par le territoire des Mohawks de Tyendinaga a été arrêté, entraînant un fardeau économique croissant pour le Canada. Quelques jours après le début du blocage de la ligne de chemin de fer, CN Rail a réussi à obtenir une injonction du tribunal, et la police provinciale de l’Ontario a délivré l’injonction demandant aux défenseurs des terres de Tyendinaga de quitter le territoire et de permettre la reprise du trafic ferroviaire. La réponse des habitants de Tyendinaga a été inébranlable :

« En ce qui concerne l’injonction signifiée au peuple de Tyendinaga, nous, le peuple, refusons que les lois de l’État-nation canadien nous soient imposées. Nous avons, et avons toujours eu, nos propres lois et coutumes, avant, pendant et après les tentatives de génocide et d’assimilation du Canada. Un document nous ordonnant de quitter notre propre pays ou d’autoriser le passage de biens étrangers sur notre territoire n’a aucune signification. Nous resterons sur nos positions et, comme indiqué, nous ne partirons pas tant que la GRC ne se sera pas retirée des territoires traditionnels des Wet’suwet’en. »

La police provinciale de l’Ontario a envoyé un petit nombre de véhicules pour surveiller le blocus et a mandaté des « agents de liaison » pour aborder à différentes reprises les défenseurs des terres pour des « négociations ». Les officiers de liaison de la PPO ont continué à arriver armés à la fermeture du chemin de fer, bien qu’ils aient accepté de ne pas apporter d’armes chargées pour négocier. Ce faisant, l’OPP a violé l’esprit de paix et de réconciliation ainsi que les protocoles traditionnels pour une relation respectueuse de nation à nation.

Sous cette menace d’injonction, avec des agents de l’OPP lourdement armés à proximité, la possibilité d’un violent raid de police semble imminente. Cependant, il existe une voie claire vers une solution pacifique au blocage du chemin de fer. Il y a, comme l’a dit Kanenhariyo, un enseignement à donner aux agents de l’OPP sur les voies ferrées.

« Nous avons l’obligation, comme vous, d’être liés les uns aux autres dans une relation respectueuse, et vous avez la responsabilité, comme nous, d’être pacifiques, de vous asseoir et de polir notre chaîne. »

« Nous avons une relation avec votre souveraine », a expliqué Kanenhariyo, « une relation directe, et la dernière fois qu’elle est venue ici en 2010, elle a réaffirmé cette relation avec nous. Elle a apporté ces clochettes et y a inscrit la description de notre relation depuis 300 ans. » Il a poursuivi en disant que les deux maillons de la chaîne d’alliance en argent symbolisent les peuples britannique et mohawk, le maillon central représentant leur relation commune. Si jamais l’argent venait à être terni, chaque partie pourrait tirer sur la chaîne pour réunir les deux côtés afin de pouvoir ensemble polir la chaîne, ce qui permettrait de résoudre les problèmes ayant contribué à ternir la relation.

En attendant une solution pacifique, les défenseurs des terres de Tyendinaga sont déterminés à continuer à bloquer le chemin de fer. Ils sont rejoints en cela par les communautés autochtones, les jeunes et les colons alliés qui se livrent à des actes de perturbation économique d’un océan à l’autre. Loin de la caricature raciste qui décrit les défenseurs des terres autochtones comme des êtres irrationnels et déraisonnables, les Mohawks de Tyendinaga proposent une paix juste et cohérente avec l’histoire tant que le gouvernement du Canada et les forces de police le constituant cessent leur agression contre les nations autochtones et la terre, et reviennent à leurs responsabilités envers le wampum à deux voies et la chaîne d’alliance en argent.