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Des équipements de Squatex incendiés à Sainte-Jeanne-d’Arc

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Juil 182017
 

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Des équipements de machinerie lourde de la compagnie pétrolière Squatex ont été la proie des flammes au cours de la nuit de jeudi à vendredi à Sainte-Jeanne-d’Arc.

La compagnie a déjà mené des travaux de forages dans le secteur. Les équipements étaient situés sur un terrain à l’extérieur.

Les services d’urgences ont été dépêchés sur les lieux d’un incendie vers 8 h 30 vendredi. L’incendie, qui est maintenant maîtrisé, est considéré comme suspect par les policiers.

Il aurait débuté au cours de la nuit dernière. Un enquêteur et un technicien en scène incendie ont été réclamé sur les lieux.

La SQ évalue les coûts des dommages à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

La plus faible des têtes de l’Hydre: Enbridge, Ligne 3

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Mai 132017
 

J’ai commencé mes recherches pour cet article alors que je me trouvais à Standing Rock, après avoir appris que le Premier Ministre Justin Trudeau venait d’approuver un projet de pipeline de 7,5 milliards pour remplacer la ligne 3. À ce moment, je ne savais même pas qu’une telle proposition était sur la table. Au soi-disant Canada, les pipelines Kinder Morgan et Énergie Est ont eu leur part du lion en terme d’attention médiatique.

Ma première pensée quand j’ai vu la carte du pipeline est qu’il semble avoir été calculé pour passer à travers des régions où le mouvement environnemental est à son plus pauvre et là où l’activisme anti-pétrole serait le plus impopulaire. Ma seconde pensée fut de me demander ce que je pourrais bien faire pour y mettre fin. Je crois que dans des climats politiques plus hostiles c’est davantage important que des organisateurs sachent qu’il-elles ont le support de la part d’un mouvement plus étendu.

Après avoir lu quelques articles, j’ai été excité par les possibilités de cette campagne. En bref, la Ligne 3 est un pipeline vieillissant qui a atteint la limite de sa longévité. Vous pourriez aussi l’appeler une bombe à retardement. Mon point ici est que si le projet de remplacement de la Ligne 3 est stoppé, et si la Ligne 3 est mise hors fonction, alors pour la première fois dans l’histoire du mouvement contre les pipelines, on va pas simplement les empêcher d’étendre leurs capacités, nous allons aussi les réduire. Nous allons renverser le courant.

Qu’est-ce que la Ligne 3?

Le projet de remplacement de la ligne 3 de Enbridge est un projet de 7,5 milliards, prévu pour sillonner vers le sud-est; de Hardisty, Alberta (près de Edmonton), à travers le Saskatchewan, le Manitoba, le Dakota du Nord et le Minnesota jusqu’à Superior, Wisconsin, sur la pointe ouest du Lac Supérieur. Le pipeline original de 34 pouces a été construit en 1968. Ce nouveau pipeline serait de 36 pouces (environ 1 mètre) de diamètre et pourrait acheminer 760 000 barils par jour (bpj).

Ce projet serait le plus coûteux de l’histoire de Enbridge. La ligne transporte actuellement 390 000 bpj, loin en-dessous de son débit maximal de 760 000 bpj. Ces flux ont été restreints pour des raisons de sécurité.

Bizarrement, dans le cas présent Enbridge cherche à convaincre les régulateurs à quel point la Ligne 3 n’est pas sécuritaire. Selon un témoignage d’experts que la compagnie a rendu à la Public Utilities Commission du Minnesota, la corrosion et les craques sont si extensives que de continuer de l’utiliser pourrait causer des fuites catastrophiques.

À quel point est-il en si mauvais état? Enbridge affirme que la moitié des joints sont rouillés, et qu’il y a cinq fois plus de craques de stress par mile que les autres pipelines dans le même corridor. Ce fut originellement construit avec de l’acier défectueux et les soudures faites avec des technologies passées date. Un ouvrier a qualifié l’exercice de les maintenir sécuritaires « un jeu de whack-a-mole ».

Selon Enbridge, « Approximativement 4000 excavations d’intégrité (inspections invasives de pipelines) aux États-Unis seulement sont prévues pour la Ligne 3 au cours des prochains 15 ans, pour maintenir ses niveaux actuels d’opération. Cela pourrait résulter en des impacts d’année en année sur des propriétaires terriens comme sur l’environnement. En moyenne, de 10 à 15 excavations sont prévues pour chaque mile sur la Ligne 3 s’il n’est pas remplacé… »

Enbridge a les yeux fixés sur l’horloge maintenant, puisque le Département de la Justice Américaine a donné l’ordre à la compagnie en juillet de remplacer son pipeline en entier pour Décembre 2017, ou bien de s’engager à des mises à jour de sécurité substantielles de la ligne existante. Ce décret fait partie d’une entente que la compagnie a conclue après un déversement massif, en 2010, de 3,8 millions de litres de bitume dans la rivière Kalamazoo au Michigan.

Bien qu’Enbridge remplace la Ligne 3 car ils le doivent, ils vont aussi tenter de passer quelque chose hors du regard du public. Non seulement le «remplacement» proposé augmente la capacité du pipeline, ça lui permettrait aussi de transporter du pétrole des sables bitumineux. Présentement, la Ligne 3 transporte du pétrole brut « léger » – qui est en large partie extrait des puits de pétrole conventionnels de l’ouest canadien- mais la complétion du remplacement de la Ligne 3 permettrait à Enbridge de transporter du bitume dilué à travers la frontière. Ce projet n’a pas eu à esquiver les lourdeurs politiques comme d’autres pipelines traversant la frontière, tels que Keystone XL, et a déjà une permission présidentielle.

La nouvelle ligne suivrait un tracé parallèle à la Ligne 3 sur le plus long de sa route, mais prendrait un tracé différent pour les derniers 3000 kilomètres entre Clearbrook, Minnesota et Superior, Wisconsin. Et puis, oui, le pipeline d’origine serait décommissionné puis laissé dans le sol.

Or récapitulons. Ce « remplacement » doublera la capacité de la Ligne 3, changera la nature du produit à être transporté, suivra une route différente, et le pipeline qu’il remplacera va demeurer sous terre. N’aimez-vous pas vivre à l’âge de la persuasion?

Honor the Earth, un ONG basé au Minnesota, n’aiment pas. Selon leur site web : « Enbridge veut simplement abandonner la Ligne 3 et passer à autre chose, parce que ce pipeline a au-delà de 900 ‘anomalies structurelles’ », puis construire une toute nouvelle ligne dans son corridor. Si ce nouveau corridor est établi, on s’attend à ce que Enbridge propose la construction de plusieurs autres pipelines sur celui-ci. On ne peut pas permettre ça. »

Résistance au Minnesota

Grâce au travail splendide de Honor the Earth et d’autres activistes au Minnesota, la campagne contre la Ligne 3 s’augure bien. Voici une description:

Le groupe conservationniste Friends of Headwaters a été formé pour diverger la Ligne 3 hors des lacs à riz sauvage du Minnesota. Ils ont proposé un pipeline plus long qui tracerait plus loin au sud à travers des terres agricoles. Une loi de l’État requiert que les compagnies de pipeline soumettent une évaluation environnementale des projets proposés. Il y a trois ans, lorsque Enbridge a d’abord amené le remplacement, ils ont tenté d’étudier leur site choisi uniquement. Friends of Headwaters a insisté qu’ils étudient aussi les routes praticables en-dehors de la région de Mississippi River Headwaters.

Une longue poursuite judiciaire s’est ensuivi, et en décembre 2015, la Cour Suprême du Minnesota a pris le côté des environnementalistes. Enbridge s’est fait ordonner de compléter une évaluation plus compréhensive, incluant des trajets alternatifs.

Le Minnesota rédige présentement sa Déclaration d’impact environnemental (EIS) pour la Ligne 3, après des mois de bataille sur ce que l’étude pourrait inclure et qui procéderait aux analyses. L’ébauche du EIS devrait être produite pour Avril 2017 et le public aura la possibilité de commenter durant ses audiences publiques. Une décision finale sur un permis est attendue pour le Printemps 2018.

Aussitôt que la EIS du Minnesota sera produite en avril, le Minnesota Center for Environment Advocacy planifie de continuer de lutter contre la Linge 3 en cour. Or considérant tous ces facteurs, il est sûr que Enbridge va échouer à rencontrer son ultimatum fixé pour décembre 2017. Ça va être intéressant de voir ce qui en advient.

Soyons réalistes, cependant. Y a un gros tas d’argent en jeu ici. Je trouve difficile à imaginer des décideurs de mettre hors fonction un pipeline de 390 000 bpj. Je n’ai as eu connaissance d’un pipeline majeur ayant été mis hors fonction simplement parce qu’il était trop vieux et non sécuritaire. Un exemple de cela est le pipeline TransNorthern à l’est du Canada. En novembre dernier, un trio de femmes québécoises ont fermé un pipeline par une action de verrouillage. Elles l’ont fait pour amener l’attention sur le fait que le National Bureau of Energy (NBE) a recommandé que ce pipeline, construit dans les années ’50, soit décommissionné. TransNorthern continue de l’opérer malgré sa non conformité aux améliorations ordonnées par le NBE que la compagnie se devait de faire.

Ça serait grandiose si la Ligne 3 était mise hors fonction dans l’état du Minnesota, mais c’est également possible que la Ligne 3 cause un déversement et que, lorsque ça arrivera, une armée d’experts portent le blâme sur les environnementalistes en les accusant d’avoir causé un délai dans le remplacement de la Ligne 3. Vous vous souvenez du Lac Mégantic? Un train de pétrole qui a exposé dans une petite ville du Québec, tuant 47 personnes, et le jour d’après les docteurs du spin médiatique utilisaient ce désastre comme argument en support aux pipelines, car le pétrole sur rails n’est pas sécuritaire. Ces bâtards sont sans pitié.

Ce qui nous amène à une réalité que nous allons probablement avoir à subir dans le futur proche. Alors que l’infrastructure des pipelines vieillit, le « public » sera présenté avec un nouveau choix: des beaux pipelines tout neufs, ou bien des vieux, rouillés et fuyants. C’est l’expérience classique du double aveugle; un faux choix destiné à forcer l’acceptation de quelque chose de non-désiré. Vous savez… comme la démocratie. De façon perverse, les environnementalistes pourraient se voir accusés d’être la cause des déversements pétroliers. Les activistes vont rejeter cette logique, mais ça pourrait être séduisant pour les centristes et autres penseurs de pensées préfabriquées. Il serait sage de penser à un contre-message.

La réalité demeure que la Ligne 3 pourrait se déverser avant qu’elle soit fermée. Ma prédiction est que Enbridge va obtenir une extension du délai au-delà de Décembre 2017 pour continuer d’opérer ce pipeline. Et c’est certain que d’autres pipelines vont rompre.

Une nouvelle approche

Supposons que, plutôt que d’occuper le corridor pour empêcher le pipeline d’être bâti, les défenseurs de la terre utilisaient l’événement d’un déversement de pétrole pour forcer la fermeture d’un pipeline? Quoique ce soit plutôt indésirable d’occuper le site d’un déversement, cela pourrait être accompli en occupant un site d’importance critique pour le fonctionnement de ce tuyau, comme une station de pompage ou une soupape, et en prévenant les travailleurs d’y accéder. Il pourrait y avoir de nombreux avantages à une telle stratégie.

Premièrement, lorsqu’il y a une fuite de pétrole, un pipeline est déjà fermé. Quoiqu’un récent déchaînement d’actions directes ciblant des soupapes a démontré qu’il est certainement possible de fermer des pipelines soi-même de façon sécuritaire, ça serait plus facile et moins psychologiquement exigeant de garder un pipeline hors-ligne plutôt que de le mettre hors fonction.

Deuxièmement, une fuite de pétrole provoque un impact émotionnel. Pour la plupart des gens, l’économie pétrolière est si normale que ça demande un changement de conscience pour perturber leur acceptation de celle dernière. Ça fournit un moment propice pour qu’une action directe anti-pipeline puisse être plus largement comprise, et permette d’attirer comme par miracle des sympathisant-es et des supporteur-es. La propagande anarchiste avec un côté artistique donne l’impression que les idées radicales font partie du sens commun, et alors, l’argument se construit par lui-même : si un pipeline est appelle au désastre, il doit être mis hors service.

Troisièmement, si on ferme des pipelines qui sont en fonction, on ne fera pas que stopper l’expansion de l’industrie du pétrole et du gaz, nous forçons son rapetissement. Nous saisissons l’initiative des mains des capitalistes. Nous défaisons le mythe opérationnel de l’habileté politique; celui voulant que nous n’avons «pas le choix!».

Quatrièmement, ça recentre l’attention loin d’une mentalité qui présente chaque cause unique comme étant le but suprême de l’activisme écologique. Il y a plus de 200 000 pipelines sillonnant le territoire de l’Ile de la Tortue. Ça représente une ligne de front qu’on trouve presque partout. Ça redirige donc le focus plus près de chez soi, et idéalement ça mènerait à des situations où la tactique devient normale, puisque ça arrive partout.

Enfin, tout ce qu’on peut faire pour augmenter le risque politique et économique des corporations face aux ruptures de pipelines est bien. Si les déversements sont accompagnés de conséquences plus sévères pour les compagnies, ces dernières auront plus d’incitatifs à les prévenir.

Un graffiti célèbre dans les squats en Espagne se lit « ÉVICTIONS = ÉMEUTES ». Dans deux ans d’ici, pourrions nous dire « DÉVERSEMENTS DE PÉTROLE = OCCUPATIONS »?

De Zones autonomes temporaires à Zones autonomes permanentes

Je souhaite que la campagne contre la Ligne 3 mène à quelque chose de semblable à la résistance de Standing Rock, mais qui tire aussi des leçons de cette lutte. Ça a été depuis longtemps ma croyance que la résistance au capitalisme industriel devrait aller main dans la main avec la création de communautés autonomes capables de survivre et prospérer indépendamment de l’économie des combustibles fossiles, et que les blocages permettent de vivre un moment où l’impossible devient possible, où nous pouvons frapper au coeur du capitalisme en défiant collectivement l’illusion de la propriété qui tient tout le système en place.

Mon objectif politique est la création d’une fédération de communes autonomes capables de combler leurs besoins indépendamment de l’économie des combustibles fossiles.

Pour cette raison, je suis allé à Standing Rock avec l’espoir que d’autres ressentent la même chose, et que plusieurs personnes ressentent le besoin de réclamer les terres des traités et de créer une communauté autonome permanente sur le site. Hélas, ce site n’était pas idéal, à la fois parce que le camp Oceti Sakowin/Oceti Oyate se trouvait sur une plaine d’inondation, et parce qu’il se trouvait sur un ancien cimetière sacré.

Certains colons se sentiront inconfortables avec l’idée d’approcher avec un quelconque programme les moments d’opportunité créés au fil de campagnes de résistance menées par des autochtones. Les alliés non-autochtones ne sont-ils-elles pas censé-es se laisser guider par les peuples autochtones? À cela, je répliquerai avec une histoire.

Fait inconnu de la plupart des gens, après la victoire du mouvement anti-fracturation hydraulique dans le Mik’mak’i (ou soi-disant Nouveau Brunswick) et que la plupart des participant-es soient rentrés chez eux-elles, l’occupation a continué. Il y avait un petit groupe de gens extrêmement engagés qui ont tenté de faire exactement ce que je propose ici; de tourner un camp de résistance en une éco-communauté permanente.

Certains de ces gens étaient autochtones, certains Acadiens, et d’autres des colons d’autres origines. Ils ont pu passer tout l’hiver et le printemps. Mon-ma partenaire et moi étions là au printemps et nous avons commencé un jardin avec l’aide d’un aîné Mi’kmaq. Ce fut un moment splendide, dans un lieu splendide. Un rêve splendide.

Le soutien local était évident et massif, quoique passif. Quand le camp avait besoin d’argent, ils n’avaient qu’à faire un blocage de la route pour lever des fonds, laissant les voitures passer une à la fois pour demander un payage. La plupart des gens, autochtones comme colons, donnaient de l’argent. Un jour, dans la plus étrange expérience de performance de rue de ma vie, mon-ma partenaire et moi avons agrémenté ce spectacle bizarre avec des feux d’artifices. Je me souviens de m’être dit… Bon dieu, j’aime ce coin des maritimes; où ailleurs dans le monde ça ferait autant de sens?

À la fin, le rêve a été abandonné à cause de conflits interpersonnels, mais à ce point-là le projet avait déjà arrêté de progresser car les occupants n’avaient ni le savoir-faire ni les ressources pour bâtir des structures permanentes. Elle-ils ne sentaient pas que d’autres gens, qui ont été si actif-ves à ce camp quand il était une attraction en vogue, s’en préoccupaient assez pour venir les aider à construire cette communauté rêvée. Pour eux-elles c’était la prochaine étape naturelle, et ça leur a fait mal que d’autres ne puissent pas le voir. Ça m’attriste encore que ce rêve demeure irréalisé, et dans ma mémoire il ne sera que le souvenir d’une opportunité manquée, qui renforce ma résolution d’être préparé-e pour le prochain moment de potentialité imprévisible.

Ajoutons que certains des Acadiens qui ont été impliqués ont démarré un projet de terre dans la forêt de Mi’kmak’i, qu’ils ont développé en grande partie pour acquérir les savoir-faires pouvant leur permettre d’avoir du succès dans ce type de projet. Cet endroit, situé au sein du légendaire vortex de Cocagne, est, tant qu’à moi, un héritage persistant de la résistance à Elsipogtog.

Aussi, soyons réalistes, la plupart des gens qui viendront à la ligne de front ne vont pas décider d’y vivre à long terme. Pour le mouvement révolutionnaire que j’envisage de voir émerger, les gens devraient vouloir continuer à vivre de manière permanente dans une zone libérée après que l’action se soit éteinte. Cette part de théorie n’est pas testée. Est-ce que suffisamment de gens veulent vivre dans des communautés clandestines tout au long des quatre saisons?

Soit, lorsque la crise s’approfondira et que les enjeux de survie deviendront beaucoup plus prononcés, nous ferons certainement le nécessaire. C’est le meilleur espoir que j’aie; qu’on va connaître du succès là où de nombreuses générations de radicaux ont échoué, pas parce qu’on est plus brilliant-es ou courageux-es, mais parce qu’on doit. L’instinct de survie est quelque chose de puissant.

Alors que les idéologies de la démocratie libérale et le dogme de la croissance infinie se révèlent n’être que les attrapes qu’ils sont réellement, de plus en plus de gens vont chercher des réponses. Je n’ai pas beaucoup de réponses, mais je vois la création de zones autonomes comme un enjeu réaliste. De tels territoires libérés nous donnent l’opportunité d’apprendre, d’expérimenter, de mettre des idées en pratique, de créer des liens basés sur des valeurs partagées, et d’inspirer soi-même et les autres à travers des expériences directes. C’est seulement à travers l’expérimentation, à travers l’essai et l’erreur, à travers le sang, la sueur et les larmes qu’on va apprendre à être libres. Standing Rock a fourni à des milliers de gens une expérience physique directe dans un laboratoire de liberté. De telles expériences sont transformatrices, et nous préparent pour ce qui est à venir.

Une réponse rapide

Mon but est de connecter le moment politique actuel avec la vision de plusieurs éco-anarchistes – c’est-à-dire la création de communes autonomes capables de survivre et prospérer indépendamment de l’économie des combustibles fossiles.

Alors, commençons à penser à comment nous pourrions y arriver. Qu’est-ce qu’il faudrait?

À Standing Rock, j’ai mis une tonne d’énergie à bâtir des abris et à les isoler pour l’hiver, comme plusieurs autres gens l’ont fait. Plusieurs abris ont été abandonnés plus tard et avaient à être ramassés. Je crois que ça ferait beaucoup de sens si les gens en ligne de front penseraient à acquérir ou construire des maisons mobiles qui sont facile à monter, défaire et transporter. Le modèle de Standing Rock change la donne, mais il y a aussi beaucoup de choses à améliorer.

Lorsque j’étais à Standing Rock, il y avait un manque d’entreprise d’actions stratégiques. Plusieurs personnes pourraient voir cela comme attribuable à un manque de leadership, mais je le vois plutôt comme un manque de groupes d’affinité cohérents. Un plan d’action requiert un groupe pour le mener, et plus le plan est élaboré, plus le groupe a besoin d’être coordonné. Un exercice de sophistication impliquant la diversion et une multitude de flancs, comme ce qui est requis pour prendre un site lourdement armé, comme le site de forage à Standing Rock, nécessiterait plusieurs équipes partageant un certain niveau d’entraînement et de confiance.

Or quand je pense à l’avenir, j’imagine des groupes d’affinité constitués d’activistes à temps plein pour qui les activités du groupe sont leur intérêt premier dans la vie. Comment peut-on rendre plus réaliste la potentialité pour plus de gens de réaliser cela?

On a besoin de bases. Je pense qu’on a besoin d’une combinaison de communes urbaines et de projets de fermes rurales, d’où des éco-anarchistes peuvent lancer des actions. Nous avons besoin d’une culture de gens voyant la révolution comme un appel dans leurs vies, comme leur vocation. C’est ça que ça prend, je crois, pour que ce mouvement devienne révolutionnaire.

Où s’en va-t-on en tant que mouvement?

De retour à la Ligne 3. Comme vous voyez, c’est un pipeline. Vous êtes contre, je suis contre, et on peut l’arrêter. Pour moi, la question la plus intéressante est: Qu’est-ce qui sera accompli par la victoire? Bien-sûr la terre et les eaux seront défendues, et c’est une raison suffisante pour se battre; mais tous ces pipelines, mines, écoles et prisons ne sont que les symptômes visibles, manifestes d’une maladie qui s’appelle «capitalisme». Aussi longtemps que nous dépendons du capitalisme pour nos moyens, on ne fera tout au plus que mordre la main qui nous nourrit.

Le mouvement environnemental n’est pas révolutionnaire de façon inhérente. Que pouvons-nous faire en tant qu’anarchistes pour cultiver les tendances révolutionnaires qu’il peut contenir? Je ne suis pas intéressé à rendre le capitalisme plus soutenable, en aidant la machine à parfaire notre servitude. Le fait qu’il soit insoutenable pourrait être la dernière chance pour la liberté de l’humanité. Je ne veux pas passer le restant de ma vie à combattre différentes têtes de l’Hydre sans qu’au final nous ayions fondamentalement transformé notre façon de vivre.

Alors, je vous demande, où nous allons en tant que mouvement? Je demande, car si on veut l’amener quelque part, on a intérêt à avoir une idée claire de vers où on s’en va. Quelle vision avons-nous à offrir? Qu’avons-nous à offrir comme croyance aux autres? Quel esprit pouvons-nous faire ressortir dans la conscience collective? Quelles chansons allons-nous chanter de tout coeur quand on sera sur la ligne de front?

Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. Regardez Standing Rock. Qui aurait pu imaginer une telle chose jusqu’à récemment? Qui aurait seulement pris cet article au sérieux si je l’avais écrit il y a un an? Notre mouvement grandit, il s’étend, il devient de plus en plus fort à chaque jour… Nous gagnons les coeurs et les esprits de toujours plus de gens, et des enjeux de plus en plus grands deviennent de plus en plus atteignables. Il est temps d’articuler un programme de changement social voyant la résistance aux pipelines comme son point de départ.

Perspective anarchiste sur la résistance à LNG sur le territoire Gitwilgyoots

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Mar 142017
 

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Résistance à LNG sur le territoire Gitwilgyoots

Vers la fin août, une bande de femmes des lignées Tsimshian, Haida, Nisga et Gitxsan ont initié la défense de Lax U’u’la (Lelu Island) et la Flora Bank[1. Beaucoup de l’attention sur cette lutte a été les zostères et la Flora Bank, et comment cet habitat est essentiel au développement des jeunes saumons qui nagent à travers la Skeena. Bien que nous ne désirions pas diminuer l’importance de cet habitat, nous désirons aussi reconnaître que ces zones cruciales n’existent pas de manière isolée. La Flora Bank ne peut être séparée de l’Agnew Bank, des masses terrestres qui l’entourent, et des courants, des sédiments, et des créatures qui l’entourent et ont un impact sur elle d’encore plus de façons que nous ne pouvons l’imaginer. Nous désirons mettre en garde contre un focus étroit sur la Flora Bank – si l’usine de transformation de LNG est déplacée sur l’île Ridley (une île voisine qui n’est pas entourée par la Flora Bank), ce changement participera quand-même a une société capitaliste et renforcera l’État colonial.] contre la destruction de l’industrie LNG. Le Sm’ogyet Yahaan (chef héréditaire) de la tribu Gitwilgyoots et le Ligitgyet Gwis Hawaal (le leader héréditaire de la maison) et leurs familles ont commencé un camp d’autodéfense sur Lax U’u’la, qui est le territoire traditionnel de chasse et de pêche des Gitwilgyoots. Ils ont aussi été rejoints par une variété d’autres personnes significativement héréditaires des autres tribus Tsimshian, et une bande hétéroclite de sympathisant.es autochtones et non-autochtones venu.es de l’extérieur.

Ce campement a été installé pour prévenir plus de destruction de leur territoire, alors que Petronas et Pacific North West LNG (PNW LNG) planifient de construire une centrale de gaz naturel liquéfié (LNG) de 11 milliards de dollars sur Lax U’u’la, qui est à l’embouchure de la rivière Skeena près de Prince Rupert en Colombie-Britannique. Depuis 2012, ils conduisent des évaluations environnementales et archéologiques, qui ont résultées en plus d’une centaine de sites de tests de forage et de blocs de coupe, et ont coupé au cours du processus plusieurs arbres culturellement modifiés[2.NDT : se dit des arbres que les autochtones entaillent pour déterminer si leur centre est creux en vue de la construction des canots.] Cette centrale serait nourrie par 3 pipelines, incluant le Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) récemment approuvé par le gouvernement provincial et détenu par Trans Canada, qui traverse de nombreux territoires autochtones, et auquel résistent présentement les gens de la nation Gitxsan au campement Madii Lii. Cette centrale de LNG proposée a rencontré l’opposition non pas uniquement des Sm’ogyet Yahaan, mais a aussi été unanimement refusée par les 9 tribus Tsimshians de Lax Kw’alaams alliées, qui ont refusé une offre de 1.25 milliards de dollars de Petronas à trois rencontres séparées à Lax Kw’alaams, Vancouver et Prince Rupert. Sans prendre en considération le refus du projet et pour préparer la construction de la centrale LNG, Petronas/PNW LNG ont tenté de continuer à conduire des évaluations environnementales et d’ingénierie à Lax U’u’la, qui incluent des tests de forage détruisant activement l’habitat indispensable à tout le saumon vivant à travers le bassin-versant de Skeena.

Une des principales rivières qui coule dans le Skeena est la Wdzin Kwah (soi-disant Morice/Bulkley), qui est la rivière présentement protégée par le Clan Unist’ot’en, des gens du peuple Wet’suwet’en et leurs sympathisants.es. Le campement Unist’ot’en a aussi débuté en résistance à une méga infrastructure pétrolifère (incluant un autre pipeline majeur projeté par la corporation Trans Canada). Unist’ot’en, Madii Lii et Lax U’u’la sont les trois premières frontières audacieuses contre le développement de LNG dans le Bassin-versant de Skeena. Au moment de l’écriture de ce texte, d’autres s’organisent vers l’ouverture de nouveaux fronts d’action dans cette bio-région.

L’importance du saumon n’est ni abstraite ni théorique. En plus des impacts négatifs sur la santé mentale liés à la déconnexion et à la destruction de terres, la plupart des communautés qui vivent au sein du bassin-versant de Skeena reposent sur le saumon, l’oolichan et d’autres fruits de mer pour nourrir leur famille. Même si tu es fauché et que du ne peux t’acheter de la nourriture à l’épicerie, tu peux toujours compter sur la réserve constante de saumon sauvage de la rivière pour nourrir tes enfants et passer l’hiver. La même chose peut être dite de la vie sauvage comme les orignaux, les chevreuils, les castors, les baies, etc. qui pourraient aussi être fortement affecté.es si ces projets se réalisaient. Plusieurs personnes maintiennent aussi un revenu relativement autonome dans la réaliste capitaliste présente en récoltant de manière soutenable cette abondance.

Ceuzes qui dépendent de notre travail et de notre obéissance ont toujours vu comme une menace la capacité des gens à se soutenir eux-mêmes de manière indépendante. L’état de dépendance forcée a été et est toujours un objectif de la colonisation. La dépendance doit être créée pour limiter la mobilité communautaire à des zones bien délimitées (comme des villages, des villes ou des réserves). Ces zones sont facilement contrôlées, et toute résistance ou révolte peut être surveillée et modérée. Ceuzes qui savent comment vivre avec les saisons et de la terre sont une menace puisqu’illes n’ont pas besoin de ce que l’état fournit pour prospérer.

L’État canadien et les corporations internationales investissent dans les projets d’extraction de ressources à travers le soi-disant Canada. L’impact de ces projets d’extraction sur des ressources qui soutiennent la vie comme l’eau propre, le gibier sauvage et les plantes médicinales n’est pas un effet collatéral non-intentionnel du capitalisme. Il fait d’une pierre deux coups. Les oléoducs, les mines, les terres fracturées pour leur gaz et l’expansion des chemins de fer ne sont pas des projets individuels – ils font tous parties du même effort pour maintenir une société et un mode de vie qui est dépendant de ressources naturelles qui s’amenuisent tout en détruisant du même coup le potentiel de toute vie en dehors du contrôle étatique.

Cette lutte est aussi inextricablement liée à la revitalisation des cultures autochtones, à la décolonisation de la terre, de nos esprits et de nos relations sociales, de la lutte contre le patriarcat et d’une réconciliation authentique entre les autochtones et les non-autochtones. Bien sûr, cela veut dire la destruction de l’état et de l’économie capitaliste.

À date, la résistance au projet de Petronas/PNW LNG s’est principalement orientée sur l’eau. Leur projet demeure aux étapes initiales, en ce qu’il reste des évaluations d’ingénierie devant être effectuées avant le début de la construction d’une véritable centrale. En pratique, cela a principalement pris la forme d’essais pour empêcher les travailleur.euses d’effectuer tout travail, et de perturber les évaluations environnementales et d’ingénierie. Cela veut dire escorter les arpenteurs environnementaux hors des rives de Flora et Agnew, prévenir l’entrée et l’ancrage des bateaux foreurs sur les rives, ralentir ou forcer la marche arrière de bateaux amenant des travailleurs.euses sur des barges. Jusqu’à présent, ces efforts ont été limités et n’ont malheureusement que temporairement mis fin aux opérations de forage. Cependant, avec la force grandissante des warriors et une solidarité croissante, il est toujours possible de briser le rêve de Petronas et Christy Clark.

Il y a aussi une forme de résistance dans la réaffirmation de Lax U’u’la comme lieu de guérison et de cérémonie. Des infrastructures sont continuellement construites et il y a d’autres préparations pour défendre l’île elle-même (qui sert aussi à maintenir et à étendre les opérations aquatiques). Plusieurs structures ont été construires et lorsqu’il y aura une confrontation moins constante, l’intention est d’utiliser ces espaces comme espace pour enseigner à la jeunesse les modes de vie liés à la terre ancestrale, et à guérir des traumatismes constants de la colonisation.

Pour des milliers d’années, les communautés se sont soutenues elles-mêmes grâce aux offrandes abondantes de la rivière Skeena et des terres qui l’entourent. Ces projets d’extraction de ressources menacent de détruire la capacité des gens de vivre de la terre, en opposition à l’état. La colonisation européenne a presque mené à l’extinction des bisons des prairies, et si on ne se bat pas, le saumon sauvage du pacifique suivra certainement.

Si nous cherchons à voir la victoire de cette lutte contre les pétro-corporations et l’état canadien, nous devons continuer à apporter un support matériel solide. Nous devons aussi faire proliférer l’agitation sociale et le dérangement de la vie quotidienne de la population dans les centres urbains à travers cette région et ailleurs.

Il y a plusieurs façons de montrer notre solidarité avec cette résistance féroce et toujours plus expansive. Des fonds sont toujours nécessaires pour l’entretien des bateaux et pour de l’essence. Le campement tente spécifiquement de lever des fonds suffisants pour acheter des pièges à crabe, de nouveaux bateaux et des lignes de pêche pour continuer à récolter de la nourriture autour de Lax U’u’la, pour en fournir à leurs aîné.es et leurs communautés. Vous pouvez aussi venir visiter la région par vous-mêmes, avec un.e ami.e ou une bande pour contribuer sur le terrain à ce campement de défense. La lutte est toujours renforcée par une attaque large et décentralisée, la solidarité peut aussi inclure une résistance aux développements dans vos propres régions (Site C Dam, le Trans Mountain et la Ligne 9 n’étant que quelques exemples). Ces projets sont aussi facilités par les bureaucrates qui travaillent pour les gouvernements et les compagnies, et dont les bureaux sont situés dans les centres urbains. Dans le passé, la solidarité a été montrée à travers des manifs de bruit et d’autres actions contre ces bureaux et les infrastructures des compagnies.

Vous pouvez donner au fond de défense de Lax U’u’la à travers leur page GoFundMe : http://www.gofundme.com/lelu_island

Sites web utiles :

www.laxuula.com

Stop Pacific NorthWest LNG/Petronas on Lelu Island

www.madiilii.com

www.facebook.com/unistoten

www.skeenadefense.com

Stantec Montreal Offices:

300-1080 Beaver Hall Hill
Montreal, Quebec H2Z 1S8

600-1060 Robert-Bourassa Boulevard
Montreal, Quebec

La TD Bank redécorée en solidarité avec Standing Rock

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Mar 062017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

De sympathiques amiEs ont rendu visite à la succursale de la banque TD située sur Chabanel durant la nuit du 3 mars.

La TD ayant des fonds dans le Dakota Access Pipeline (DAPL), nous jugions pertinent de leur rappeler leur responsabilité pour les expulsions du Campement de Standing Rock ayant eu lieu cette semaine en territoires Sioux. Les banques, par leur financement de projets extractivistes, cautionnent la destruction colonialiste des territoires et la violence envers les peuples autochtones.

Solidarité de Tio’tia:ke
À bas les frontieres!
Leurs pipelines ne passeront pas!

L’autre souveraineté – Les Innus

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Mar 042017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais
La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle
Extraits choisis, www.littor.al

Célébré de part et d’autre du monde blanc comme un tournant dans la manière de traiter avec les communautés autochtones, un « traité moderne» crucial s’apprête à être signé, si tout va mal. Le traité Petapan avec les communautés innues de Mashteuiatsh, Essipit et Nutashkuan est le résultat de 30 ans de négociations, durant lesquelles six autres communautés innues et attikamekws ont fini par se retirer du processus, laissant une poignée de chefs de conseils de Bande statuer sur l’avenir d’un territoire 16 fois plus large que l’île de Montréal.

Prévu pour être signé vers la fin de mars prochain à l’Assemblée nationale, le traité Petapan se targue de reconnaître « l’autonomie gouvernementale » du territoire d’Innu Assi, mettant supposément fin de ce fait à la longue histoire des empiètements, de l’acculturation et de l’extermination des peuples premiers. Si cette histoire brutale fut certes menée à coup de traités, le dernier en liste serait, dit-on, d’une autre nature. Au contraire de la Convention de la Baie James, qui a permis l’intégration constitutionnelle de pas moins de 20% du territoire « québécois » – près de 300 000 km2 – aux mains des Cris, le traité Petapan n’entend pas « éteindre » les droits ancestraux, mais seulement les « harmoniser » à ceux du Québec…

Englobant les bassins-versants du Lac Saint-Jean, une bonne partie du Labrador et toute la Côte-Nord, le Nitassinan, territoire traditionnel des Innus et des Attikamekws, s’étend sur près de 100 000km2. C’est là que se sont réfugiés les animaux et les poissons traqués aux confins de la civilisation – les deux tiers du Nitassinan sont zonés comme réserve à castor –, et où gisent les minéraux et rivières torrentielles qui n’ont pas encore été harnachées. D’où l’importance cruciale de ce traité pour un gouvernement qui n’en finit plus de vouloir en finir avec les ressources naturelles.

Au-delà de ses apparences altruistes, le traité Petapan cache une anguille considérable sous la roche mère. Certes, les Innus y deviendront les « gestionnaires » de leur territoire – pas tous les Innus, évidemment tout ceci ne concerne que les chefs de bande dûment attitrés. Gestionnaires… c’est le terme qu’utilisait le gouvernement pour désigner les familles tenant un certain territoire de chasse, jusqu’à ce qu’il le remplace par « gardiens de territoire », pour éviter toute confusion. Mais si les projets de développement devront recevoir la caution des Innus, et s’ils se verront sans doute octroyer la traditionnelle « indemnité de vacances » de 3% des recettes, ce transfert de la gestion du territoire vers ses «propriétaires» ancestraux ne vise rien de moins qu’à lui forcer la main pour l’ouvrir au développement des infrastructures. Voyez l’astuce: au terme d’une période de 12 ans, le gouvernement fédéral cessera de verser toutes les prestations d’assistance auxquelles ont aujourd’hui droit les réserves, laissant au gouvernement semi-autonome, pour ne pas dire au protectorat innu, le soin de lever ses propres taxes.

Sans plus d’assistance du gouvernement fédéral — qui existe en compensation des atrocités commises par celui-ci –, les Innus devront se résoudre à ouvrir ses ressources à l’exploitation, sous peine de tout simplement crever de faim. D’autant plus que les coûts déjà engagés pour les négociations, avec ses innombrables études de terrain et avis juridiques, s’élèvent à plus de 40 millions de dollars… Sans compter que le gouvernement du Québec s’était d’abord réservé la propriété entière et exclusive des ressources hydrauliques et du sous-sol, ainsi que 75% des minéraux de surface. S’il a dû se raviser devant les protestations, laissant finalement les Innus régner seuls sur leurs ressources, le territoire de l’Innu Assi prévu par l’entente de principe a été depuis coupé de plus de la moitié, passant de 2 538 km2 à 1 250 km2. À Nutashkuan, un projet de barrage hydroélectrique de 50 méga-watts attend déjà la conclusion de l’accord avec fébrilité – l’entente de principe de 2004, devant servir de base au traité, le prend pour acquis, en soutenant au futur simple que « Le Québec s’engagera à donner priorité à la Première Nation de Nutashkuan sur le développement des forces hydrauliques de 50 MW et moins situées sur Innu Assi » . À voir la dislocation et l’éparpillement du territoire projeté de l’Innu Assi, on comprend bien pourquoi cela a pris 30 ans pour identifier et retirer de l’accord toutes les zones à fort potentiel géologique.

La résistance

Mais il n’y en aura, manifestement, « pas de facile ». Il suffit parfois d’un petit ferment d’opposition pour faire tourner au vinaigre une machination mûrie depuis des années. Contre le traité Petapan, un regroupement de « gardiens de territoire » Innus s’élève présentement, et commence à faire des vagues. En se présentant aux instances de sélection au hasard des «gestionnaires de terrains de piégeage» devant former le « comité Tshitassinu » afin de bénévolement conseiller l’application du traité, ces opposants partent des discussions qui ont tôt fait de remettre en question l’entièreté du processus. De multiples blocages de routes et de chemins forestiers, auxquels se sont rajoutés des membres des communautés Attikamekws, tout bonnement ignorés par l’entente, mettent une pression non-négligeable sur un processus dont la validation tient sur une apparence d’irréprochabilité éthique.

Si l’opposition au traité Petapan voit clair dans le jeu du gouvernement, c’est qu’elle part de son propre mode de vie éprouvé. En ce qui concerne la pratique millénaire de la chasse, de la trappe et de la pêche, le traité ne vise rien de moins que l’extinction de ce mode de vie, passé sous le vocable de « l’harmonisation » des pratiques traditionnelles avec les systèmes québécois et canadien de permis, de certificats, d’enregistrement des prises, de périodes de chasse et de quotas de captures (point 5.7 de l’entente de principe) C’est donc le mode de vie le plus propre aux autochtones d’avant la colonisation – la chasse et la pêche comme moyen principal de survie –, qui se retrouve attaqué dans un de ses derniers retranchements sur le continent. Là, où se sont réfugiés les derniers animaux sauvages pouvant subvenir aux besoins d’une population limitée de chasseurs-trappeurs, la convoitise des minières et des hydroélectriques entend détruire ce que les colonies de peuplement ont chassé partout ailleurs. Or, le rapport des Innus traditionalistes opposés au traité Petapan à la pratique ancestrale de la chasse est considéré comme « sacré ». Autant dire qu’elle ne saurait être « harmonisée » avec les normes blanches sans perdre son âme. La chasse, entendue au sens plein, comme activité spirituelle inaliénable, renferme une relation immémoriale au territoire Innu, et un savoir sur la manière d’y vivre d’autant plus durablement qu’elle se passe de tout développement. Comme le rappelle un occupant-chasseur de territoire innu : « Nos ancêtres ont vécu sur ce territoire bien avant la création des Conseils de bande par les Européens. Ils nous ont transmis les connaissances nécessaires pour vivre et s’organiser pendant des millénaires sur le Nitassinan. Nous n’avons pas besoin d’un traité et d’un gouvernement pour contrôler et limiter nos pratiques traditionnelles. La longue marche innue n’a jamais eu besoin des lois européennes sur le Nitassinan! »

Il ressort donc que ce souverainisme autochtone en réémergence au soi-disant Québec n’est pas celui qui se dit dans les conseils de Bande et se lit dans les ententes de principe. Les regroupements de chasseurs innus et attikamekws opposent une indépendance de fait à l’indépendance de jure du traité Petapan, dénoncé comme une incursion de la conception européenne de l’État. Il ne faut donc pas hésiter, s’il s’agit de supporter cette affirmation autochtone d’une indépendance ancestrale, à répondre à leur appel à la solidarité. En reconnaissant, d’abord, en quoi les structures mises en branle par les négociations du traité sont entièrement tributaires des Blancs – rappelons que plus de 50% des employés du conseil de Bande d’Essipit sont en réalité des Blancs venant des Escoumins et d’autres municipalités limitrophes; la résistance à leurs manœuvres insidieuses est ainsi tout autant du ressort de la solidarité non-autochtone que de la résistance des communautés concernées. En prenant au sérieux, ensuite, les conceptions du monde et du territoire spécifiques à ces communautés, comme incarnant le vrai visage d’une résistance continue aux agressions de la civilisation du développement, en même temps que leur cible privilégiée. Ce qui amène à se demander, concrètement, comment reconnaître leur indépendance de fait, et comment assister à leur rejet des projets extractivistes. Car cette île de la Tortue où l’on séjourne renferme nombre de manières de vivre farouchement souveraines, qui ne demandent qu’à être considérées à ce titre dans nos esprits. Quitte à devoir y dissoudre ce qu’on a pris coutume de considérer comme le Québec et le Canada.

Appuyons la lutte contre le traité Petapan!

Pour plus de renseignements,visitez la page Facebook du Regroupement des familles traditionnelles de chasseurs-cueilleurs Ilnuatsh. Restez à l’affut!

Sabotages dans Lanaudière

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Fév 102017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Les bruits courrent dans Lanaudière qu’une pelleteuse hydraulique et un tracteur ont été lourdement sabotés sur le chantier de construction de la nouvelle ligne de haute tension à Ste-Émelie-de-l’Énergie. Il paraît que le sous-contractant d’Hydro-Québec ne pourra prendre sa retraite comme prévu cette année à cause des dommages coûteux sur ses machines. Le chantier, dans cette section est à l’étape de la préparation en vue de la déforestation imminente du corridor.

Il y a eu aussi, au début de l’hiver, un sabotage du canon à neige à la station de ski Val St-Côme. Il aurait été découpé en morceaux et rendu inutilisable.

Il semble que les destructeurs de l’environnement n’ont pas de répit.

Solidarité avec #NODAPL : comment bloquer des chemins de fer

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Déc 232016
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Cliquez sur CC sur l’application vidéo à Archive.org pour voir les sous-titres en français

Les trains sont l’un des principaux moyens de transport du pétrole sur l’Île Tortue. Des chemins de fer ont été bloqués physiquement de nombreuses fois pour freiner les projets d’« extraction de ressources » écocidaires.

Nous pouvons aussi bloquer les rails subtilement : il s’agit de duper le système de signalement des trains, pour lui laisser croire qu’il y a un train sur les rails. Ce truc force le trafic ferroviaire à arrêter jusqu’ à ce que le signal qui indique le passage du train soit retiré et que le blocage soit réglé. L’opération peut être effectuée en moins d’une minute et être répétée à de nombreuses reprises pour affecter la circulation de trains de manière significative. Trouver la source du blocage et régler la situation peut prendre des heures. Pendant ce temps, la circulation de trains est arrêtée.

Voici comment fonctionne le système :
Chaque rail est parcouru d’un courant de faible vélocité. Aux points de jonction d’un rail individuel, l’électricité passe grâce à des connexions créées par des fils de cuivre. Lorsqu’un train passe, une connexion électrique est formée entre les rails, ce qui signale sa présence.

Voici comment nous pouvons bloquer le signal :
La première étape est de te procurer des câbles à booster (de calibre 6 ou “6-gauge”). Pour les rendre plus difficile à trouver, tu peux les peindre en noir. La rouille sur les rails peut empêcher l’efficacité de la connexion, alors connecter directement les câbles sur les rails pourrait ne pas fonctionner. Pour éviter ce problème, tu peux trouver une section des rails où il y a deux jonctions face à face, et connecter les câbles de cuivre avec les câbles à booster. Tu peux cacher le fil avec de la neige ou des roches. La connexion va faire en sorte que les barrières des intersections entre les chemins de fer et les routes les plus proches s’abaissent.

Fuck les pipelines: trois banques sabotées en solidarité avec #NODAPL

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Déc 192016
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Dans la nuit du 13 décembre 2016, trois succursales de banques investissant dans les pipelines ont été sabotées dans différents quartier de Montréal, par des groupes coordonnés. Nous avons mis de la colle dans les serrures et dans les fentes des machines distributrices de succursales de la Toronto Dominion et de la Royal Bank of Canada. Nous avons aussi inscrit #NODAPL et « solidarité avec les personnes défendant les terres » sur les murs des banques.

TD et RBC sont parmis les plus grands investisseurs canadiens dans le Dakota Access Pipeline. RBC est aussi un investisseur majeur dans la ligne 3 de Enbridge, projet qui vient tout juste d’être approuvé par le gouvernement du Canada, et dans Kinder Morgan, dont le pipeline Trans Mountain vient aussi tout juste d’être approuvé. La résistance contre Enbridge et Kinder Morgan est active depuis des années. Par ce sabotage, nous la continuons, et nous nous attendons à ce qu’elle se poursuive dans le futur. Fuck les pipelines.

Ces actions ont été perpétrées par des anarchiste en solidarité avec la lutte actuelle à Standing Rock, qui tente de résister à la construction du Dakota Access Pipeline par tous les moyens nécessaires. Nous savons que le corps des ingénieurs de l’armée américaine a refusé de donner un droit de passage au Dakota Access Pipeline, mais nous savons aussi que Energy Transfer a l’intention de poursuivre. La lutte continue. Nous supportons toutes les personnes protectrices des terre et de l’eau, partout à travers le monde, qui se battent contre les projets d’infrastructures qui perpétuent la marche génocidaire du colonialisme et du capitalisme.

Nous savons qu’il est nécessaire pour nous de nous organiser pour détruire ces systèmes. Nous sommes parfois plus efficaces à découvert dans la rue et dans les terres, mais il nous faut des fois prendre le couvert de la nuit pour frapper le plus fort. Nous avons hate de nous joindre à vous, peu importe la ou les luttes à venir vont nous mener.

#NoDAPL
L’eau c’est la vie, le pétrole la mort!
Fuck les pipelines, fuck les banques!
Laissons le pétrole sous terre!

Blocage de la voie ferrée à Pointe-Saint-Charles

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Nov 172016
 

De Submedia.tv et La Pointe Libertaire

Dans un geste de solidarité avec les Premières Nations de Standing Rock un groupe de 15 militantes et militants allochtones ont bloqué vers 16h le 15 novembre la voie ferrée à Pointe-Saint-Charles. L’action de blocage a duré une vingtaine de minutes, au point de circulation ferroviaire le plus achalandé à Montréal. Les policiers ont menacé d’intervenir au moment ou un train de marchandises a dû s’immobiliser.

Les manifestant-e-s ont déployé 3 banderoles dont une au viaduc de la rue Wellington pendant qu’un rassemblement de solidarité d’une soixantaine de personnes se trouvant dans le parc de la Congrégation appuyait l’action sur les rails.

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Cette action de solidarité avait pour objectif de soutenir la lutte des autochtones du Dakota Nord qui empêche actuellement la construction d’un pipeline qui menace les communautés locales. D’ailleurs un militant de Kahnawake était sur place pour saluer l’action de solidarité avec Standing Rock.

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Pour les militant-e-s et les citoyens-nes qui de plus en plus refusent le passage des pipelines afin de protéger l’eau, source de vie, et leurs territoires d’éventuels déversements de pétrole et de contamination, l’action directe et la solidarité à travers l’ile de la Tortue (l’Amérique du Nord pour les autochtones du Canada) entre autochtones et allochtones sont devenus les seuls moyens pour bloquer l’expansion de l’industrie pétrolière, y compris par chemin de fer où les wagons, véritables bombes roulantes circulent au cœur de nos communautés.

Bref, le pétrole « de la mort » doit rester dans le sol et nous devons nous orienter résolument vers les énergies écologiques. Les militant-e-s d’un peu partout à travers l’Amérique savent que la lutte sera longue et que la bataille sera dure parce que l’industrie du pétrole appuyé par les banques et les gouvernements est particulièrement puissante.

Cette bataille, les militant-e-s affirment qu’il faut la gagner, ne serait-ce que pour protéger le présent et l’avenir des communautés partout en Amérique du Nord. « Et nous la gagnerons. » C’était là un sentiment partagé par plusieurs sur le lieu du rassemblement et dans la marche qui a suivi dans le quartier Pointe-Saint-Charles.

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