Montréal Contre-information
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Appel à un contingent anticapitaliste lors de la manif pour le climat du 24 septembre

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Sep 162021
 

De la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)

Une autre grosse manif pour le climat, pourquoi faire ?

C’est sûr que ça serait bien qu’il y ait autant de monde qu’en 2019, mais au final, même Greta a pas pu faire changer les politiques de nos gouvernements. Bon, ok, ça tombe quelques jours après les élections, donc on peut espérer que ça mette un peu de pression sur les éluEs … Sauf que nous on sait que ça ne changera rien : Peu importe qui sera au pouvoir après les élections, rien de significatif ne sera fait, rien de significatif n’a jamais été fait au soit-disant Canada. Depuis le début de la colonisation, on vole, on exploite et on détruit le territoire sur lequel on se trouve, celui qui, ironiquement, assure notre survie.

Parce qu’il est important de noter que plusieurs partis ont mis leurs cartes clairement sur la table : ces partis vont continuer à investir dans des pipelines et d’autres projets écocidaires, et ce jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et ces partis qui veulent notre mort devraient obtenir la majorité, la très grande majorité des votes. Au Québec, à la date de l’écriture de ce texte, plus de 80% des intentions de vote vont vers des partis ayant une feuille de route désastreuse en environnement.

On peut chialer envers les politicailleries inutiles du parlement, mais on voit que le problème va plus loin que ça. La majorité de la population ne veut pas changer, et veut perpétuer un style de vie insoutenable pour la planète.

Et pourquoi les blâmer ? Le capitalisme continue de vendre ce style de vie, à travers ses pubs de marde qui pousse l’achat de cochonneries dont on n’a pas besoin, son cinéma répétitif qui glorifie constamment les riches et les puissantEs, son système d’éducation mercantiliste qui vend des formations sur la base du salaire attendu … Et l’État suit la cadence, promettant par exemple aux jeunes qu’ielles pourront s’acheter une maison. On sait pourtant très bien que les jeunes ne pourront jamais s’acheter une maison ! Et honnêtement, faudrait pas que ça arrive si on veut avoir une chance de limiter l’étalement urbain et la culture du char …

Mais bon, c’est le style de vie qu’on nous martèle constamment dans notre vie quotidienne, le rêve américain que le système essaie de nous entrer dans la gorge. Sauf que ce style de vie vendu par le Capital, c’est la mort de la Terre, et donc éventuellement notre mort à touTEs. Et donc, si le Capital veut continuer à nous emmerder avec ce style de vie insoutenable, et bien tant pis, nous nous passerons du Capital !

Et tant pis si nous ne sommes qu’une petite minorité qui s’inquiète encore de son avenir. Tant pis si la majorité du monde rêve toujours de gros ostie de chars, de grosses osties de maisons, pis de grosses osties de vacances toutes payées dans le sud. Nous n’allons pas rester assis sur notre cul alors que le monde brûle ! Nous n’allons pas rester les bras croisés alors que le capitalisme achève de vendre les derniers morceaux du monde !

LE CAPITAL DÉTRUIT LA TERRE ? GUERRE AU CAPITAL !

On se voit dans le contingent anticapitaliste !

Vendredi 24 septembre, 13h, en face de la statue de George-Étienne-Cartier.

Affiche

Chicoutimi : une personne s’immole dans le futur quartier numérique

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Sep 162021
 

Du Collectif Emma Goldman

Un événement d’une tristesse sans nom est survenu vendredi dernier, 10 septembre, lorsqu’une personne s’est immolée devant des policiers dans un stationnement en face du palais de justice au centre-ville de Chicoutimi. Une tragédie qui, dans certaines villes, aurait engendré des émeutes bien méritées contre les pouvoirs en place. Comme un rappel que nous sommes tanné.e.s de crever dans ce système pourri. La personne en question, dont le but ici n’est pas de faire sa biographie et de coller des intentions sur son acte, connu pour avoir fréquenté dernièrement la Maison des sans-abri, est maintenant dans un état stable à l’hôpital de Chicoutimi malgré les graves brûlures qu’elle a subies.

Cet événement tragique reflète la réalité qui règne au centre-ville depuis plusieurs années. Dans le quartier le plus défavorisé de Chicoutimi, la situation se dégrade de plus en plus pour les moins nantis, engendrant une détresse devenue insupportable pour plusieurs. Des maisons de chambres qui passent au feu mettant à la rue des personnes déjà proche d’y vivre, le manque de ressources et la difficulté d’accéder aux services en santé mentale, une offre alimentaire bien limitée, une répression toujours plus présente avec l’augmentation des patrouilles policières et l’embourgeoisement du centre-ville qui amène des entreprises privées et des restaurants « chics, branchés » avec des menus très dispendieux, et en plus de cela, les initiatives mises en place pour aider les plus démunis manquent cruellement de ressources et ne parviennent pas à aider efficacement toutes les personnes [1] qui en ont besoin et qui vont chercher cette aide précieuse (ex : Travail de rue, Café-Jeunesse, etc.). Pour les politiciens locaux, c’est comme-ci personne ne vivait au centre-ville ou bien celles qui l’habitent sont perçues comme un problème à régler, une entrave au développement du quartier. Ce territoire vierge est un terrain de jeu qu’ils peuvent modeler comme bon leur semble. Commerces, restaurants et stationnements, voilà ce qui pousse comme des champignons au centre-ville. La seule fois où les élus ont eu l’air de comprendre que des gens vivent dans le quartier, c’est quand ils ont déplacé le poste de police au centre-ville afin de « sécuriser » la place dans le but d’attirer des entrepreneurs.

En 2015, peu de temps après l’implantation du nouveau poste de flics, Karine Potvin, propriétaire de l’École musicale du 94 rue Jacques-Cartier Est et qui était à l’époque administratrice de l’Association des centres-villes, résumait bien la situation (sans le vouloir) dans Horizon commerce, le Bulletin commercial de Promotion Saguenay :  « Les gens d’affaires et les habitants du quartier commencent tout juste à s’approprier leur nouvel environnement après plusieurs années d’incertitude. Au début, ils se disaient que c’était trop beau pour être vrai! Ils sont d’autant plus satisfaits et confiants qu’ils constatent que le niveau de sécurité a connu une amélioration fulgurante avec l’implantation du poste de police. ». Le pauvre, on le traque, on le cache, car il faut nettoyer le quartier des indésirables. Mais les gens ne disparaissent pas et les problèmes sont transportés ailleurs, comme dans le quartier Saint-Paul (pas très loin du centre-ville) où de plus en plus de personnes pauvres se réfugient, étant chassé du centre-ville soit par la répression ou le manque de logements abordables engendré, entre autres, par les maisons de chambres qui ont passé au feu mais qui n’ont pas été reconstruites.

Toutefois, il ne faut pas se méprendre. Les politiciens et les politiciennes sont bien au courant des problématiques de pauvreté au centre-ville de Chicoutimi. Ils/elles voient passer les études comme tout le monde. S’ils/elles ne font rien, c’est par ce qu’ils/elles veulent, c’est défendre leurs intérêts et aider les gens de leur classe sociale, les entrepreneurs, les propriétaires et les investisseurs. Rappelons que bien des politiciens locaux, Simon-Olivier Côté en tête (conseiller municipal au centre-ville), sont eux-mêmes des entrepreneurs et des propriétaires de commerces et de logements. C’est la lutte des classes en action. Il n’y a donc rien à attendre des élus, jamais ils ne viendront réellement en aide aux pauvres. Ils feront quelques concessions quand la situation sera devenue intenable, 2-3 miettes lancées par terre qui les feront passer pour de bons samaritains. S’il faut encore s’en convaincre, simplement lire ce qui suit…

10 millions de dollars pour un quartier numérique au centre-ville de Chicoutimi

Sous l’administration de Jean Tremblay, les élus voulaient faire du centre-ville un quartier des affaires. Maintenant, avec Josée Néron, c’est au tour du quartier numérique! Un nouveau branding bien vendeur et propre. « Le ministère de l’Économie et de l’Innovation, qui avait déjà annoncé cette enveloppe de 10 M$, s’est dit heureux de ce pas important dans la revitalisation du centre-ville de Chicoutimi. », peut-on lire dans un article du journal Le Quotidien [2]. Pour les politiciens au pouvoir (autant au régional qu’au provincial), la revitalisation du quartier passe par l’injection de millions afin d’attirer des entreprises et non pas par des mesures sociales qui viendraient aider plusieurs centaines de personnes qui habitent le quartier (!!) à s’extirper de la pauvreté. Quand ils annoncent sourire aux lèvres la revitalisation du centre-ville, ils supposent que l’on habite un quartier qui a perdu sa force vitale et là-dessus, ils ne se trompent pas. Mais s’il faut revitaliser le quartier, c’est via des  mesures sociales qu’il faut le faire. On crève au centre-ville. On ne crève pas du manque de stationnements ou du manque de jeunes professionnels friqués du domaine du numérique (de toute façon, nous les paumé.e.s, on ne peut pratiquement pas se payer de voiture ou d’ordinateur). On crève de faim, on crève de chaud, frappés par un char, de violence conjugale, on crève d’overdose, on crève de misère. Comme les études, les statistiques et les cris du cœur des organismes communautaires du quartier ne suffisaient pas à le faire comprendre, maintenait une personne s’immole sur la rue Racine, peut-on être plus clair?

À terme, ce nouveau quartier numérique pourrait même devenir une zone d’innovation : « Confirmées par le gouvernement Legault à la fin de l’automne 2020, les zones d’innovation seront en quelque sorte des parcs industriels nouveau genre, qui vise à stimuler les projets de recherche appliquée entre les grandes entreprises et celles qui sont en démarrage. » [3]. Un parc industriel « nouveau genre », en plein ce dont les personnes pauvres ont besoin!

Il est évident que les changements vont venir d’en bas, c’est-à-dire des personnes qui vivent ces injustices et les organisations de base qui militent jour après jour sur le terrain pour l’amélioration des conditions de vie des gens du quartier. Il faut s’organiser entre laissés-pour-compte, se rencontrer, discuter et créer nos propres alternatives qui vont nous permettre d’améliorer nos vies et de combler nos besoins. Mettons en place un rapport de forces avec lequel nous serons capables de lutter contre ceux et celles qui profitent de notre misère; les politiciens, les propriétaires et les entrepreneurs véreux!

Un travailleur précaire qui vit et travaille au centre-ville de Chicoutimi depuis une décennie 

1. Certaines personnes ne peuvent pas recevoir de dépannage alimentaire par manque de ressources.

2. Patricia Rainville. 10 M$ pour un quartier numérique à Chicoutimi, Le Quotidien

3. Ibid

Le 15e Festival international de théâtre anarchiste de Montréal recherche des pièces !

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Sep 102021
 

Du Festival international de théâtre anarchiste de Montréal

Le FITAM se prépare pour 2022 ! Nous sommes à la recherche de pièces pour notre prochaine édition. L’événement se déroulera à Montréal dans une salle de spectacle, ou bien à distance en événement virtuel selon les circonstances. Vous avez jusqu’au 30 novembre 2021 pour acheminer vos candidatures. Nous avons hâte de vous lire !

Date limite d’inscription : 30 novembre 2021

Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (FITAM), seul festival au monde dédié au théâtre anarchiste, recherche des pièces, textes et monologues, spectacles de danse-théâtre, mime, marionnettes, en français ou en anglais, portant sur le thème de l’anarchisme ou sur tout sujet se rapportant à l’anarchisme, c’est-à-dire en opposition à toute forme d’oppression comme l’État, le capitalisme, la guerre, l’aliénation, le patriarcat, etc. Le FITAM accepte les pièces traitant de justice écologique et sociale, de féminisme, de racismes, de luttes de classes et de genres, dans une perspective libertaire, provenant d’auteur·e·s anarchistes et non-anarchistes.

Deux Tonkas incendiés sur les terrains de Ray-Mont Logistics

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Août 282021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

M. Raymond,

Nous apprenions récemment que vous vous étiez qualifié pour une subvention du Gouvernement du Québec d’une somme de 580 000$ pour votre contribution à la lutte contre les changements climatiques. Félicitations! Nous tenions également à mettre la main à la pâte. C’est pourquoi nous avons décidé d’alléger l’attirail de votre machinerie lourde en grillant deux de vos Tonkas. Dans la nuit du 25 au 26 août, nous avons incendié une pelle mécanique et un bulldozer sous les yeux endormis du gardien de nuit.

Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles! Prenez un peu de temps pour vous, au chalet, ou à la mer. Peut-être qu’une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie.

Il semble évident que la bête acharnée de travail que vous êtes n’est que très peu affectée par la perte de quelques engins. En effet, nous constatons que les travaux vont bon train malgré tout. Vous faites fausse route. Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche becs et ongles, coûte que coûte. L’invitation est donc lancée pour un automne chaud!

On se revoit très vite.

Des citoyens concernés

Articles refusés

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Août 242021
 

En tant que plateforme anarchiste de contre-information, nous cherchons à être un outil et une ressource pour un grand nombre de collectifs et d’individus, ayant des idées, des pratiques et des besoins différents. Par contre, les réalités de la surveillance policière, prenant pour cible toutes formes d’infrastructures associées aux mouvements radicalement opposés à l’ordre social, nous obligent à gérer le projet en cercle restreint. Voilà une tension au sein de ce projet qui nous a fait réfléchir à quelques occasions au cours des dernières années. Nous ne croyons pas être en mesure d’y échapper.

C’est plutôt pour y pallier que nous avons voulu ajouter un certain niveau de transparence à nos pratiques, en publiant en continu une liste des soumissions dont nous refusons la publication, avec la raison de ce refus. Cette pratique emprunté à certains des sites Indymedia prend la forme d’une page que vous trouverez ici, composée pour le moment de quelques exemples tirés des derniers mois afin d’illustrer l’affaire.

D’autres déclarent offrir une tribune pour une grande diversité de tendances, visant à rassembler un maximum de groupes autour d’une unique plateforme au nom de la consolidation, en s’engageant à ne pas centraliser la ligne idéologique, mais refusent tout de même la publication de textes qui posent problème pour l’idéologie dominante au sein du projet, sans devoir rendre compte à personne. Nous tentons de prendre une autre voie : nous voulons diffuser une vision claire des luttes révolutionnaires et anti-autoritaires à partir du contenu publié sur notre site, en laissant place aux débats qui nous aident à approfondir nos idées et à aiguiser nos pratiques, sans prétendre être la plateforme pour toute et chacune des initiatives contestataires et en étant transparente sur les raisons pour lesquelles nous refusons parfois certaines soumissions.

Nos consignes de soumission demeurent les mêmes, ils peuvent être consultés ici.

Nous prenons l’occasion pour souligner que nous ne publions généralement pas les textes en format communiqué de presse, conçu pour remplir les exigences des médias de masse. Nous cherchons à créer un espace pour les récits et réflexions destinés en premier lieu aux gens directement concerné.es par les luttes.

Nous avons aussi tendance à refuser des publications n’ayant aucun lien avec Tiohtià:ke (Montréal), avec une autre région dans les environs ou avec une lutte ailleurs sur le continent que nous croyons importante relativement à notre contexte, comme les luttes de défense de territoire autochtone au soi-disant Canada.

Solidairement,
MTL Contre-info

Une santé à l’échelle humaine : un.e anarchiste vacciné.e opposé.e au passeport vaccinal

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Août 232021
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-info

Traduction de Attaque

Le Québec est en train de mettre en place, pour les prochains jours, un système de passeport vaccinal et l’Ontario va probablement faire de même. Le pass est un document confirmant votre identité et votre statut vaccinal, qu’il faudra présenter pour accéder à de nombreux endroits. Pas un jour ne passe ici sans qu’il y ait une avalanche de lettres ouvertes et de messages sur les réseaux sociaux demandant l’obligation de montrer un pass pour se déplacer en la ville, avec chaque travailleur.euse qui se verrait donc attribuer une fonction de flic.

J’ai été entièrement vacciné.e dès que ça a été possible pour moi et tou.te.s mes proches ont fait pareil. Cependant, je pense que le pass vaccinal est quelque chose d’abject et que ceux/celles qui le recommandent commettent une grave erreur.

Le choix de ma bande de se faire vacciner n’était qu’un des résultats des discussions en cours sur la façon de se rapporter à la santé collective pendant la pandémie. Nous n’avons pas obéi aux mesures de confinement ou aux règles relatives aux rassemblements – nous avons établi nos propres lignes de conduite, sur la base de nos propres considérations éthiques, politiques et pratiques. Nous avons posé une question différente. Parfois, cela nous a conduit.e.s à être plus prudent.e.s que ce que la loi permettait, parfois cela a signifié enfreindre les règles. Nous étions loin d’être les seul.e.s dans ce cas et je sais que mon cercle de proches a bénéficié des discussions d’autres personnes.

La pandémie a été quelque chose d’unique dans notre vie, mais ses défis éthiques ne le sont pas : le contrôle du comportement des autres est un élément central dans la politique démocratique. Le gouvernement nous considère comme une masse de personnes à gérer, en vue de différents objectifs, en particulier le profit et la paix sociale. Ils regardent le monde d’en haut, à travers un prisme de domination et de contrôle – c’est autant le cas pour la pandémie que pour le changement climatique et la pauvreté. Des politiciens et des partis différents auront des priorités différentes et notre possibilité d’agir est réduite à préconiser la façon dont nous voulons être géré.e.s – ou la façon dont nous voulons être géré.e.s par ces autres personnes.

Nous en venons à intérioriser la logique de la domination et à mettre les besoins de l’ordre et de l’économie avant les nôtres. Nous commençons à regarder le monde d’en haut, nous aussi, loin de nos propres expériences, de nos désirs, nos idées, nos valeurs et relations. « C’est ça la guerre sociale : une lutte contre les structures de pouvoir qui nous colonisent et nous entraînent à regarder le monde du point de vue des besoins du pouvoir lui-même, à travers le prisme métaphysique de la domination. »

Dans le contexte de la pandémie, regarder le monde d’en haut signifie comprendre la situation à travers les médias institutionnels (qu’ils s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux), à travers des cartes avec différents couleurs, à travers des zones désignées comme « rouges », à travers les débats politiques, à travers des règles énoncées par des experts (je veux leur connaissance, pas leur autorité). Cela signifie penser à nos propres décisions en termes de ce que tout le monde devrait faire, agir nous-mêmes de la manière dont nous pensons que tout le monde devrait agir. Nos propres priorités disparaissent et la possibilité d’action des autres est perçue comme une menace.

En tant que mesure étatique contre le Covid-19, le passeport vaccinal ressemble aux couvre-feux et aux confinements, aux amendes majorées et aux pouvoirs coercitifs accordés aux règlements administratifs. Il s’agit d’une mesure d’ordre public. Toutes ces restrictions sont censées empêcher le genre de conversations qui ont fait descendre les gens dans la rue, ces derniers mois, pour défendre des campements, pour démolir des statues et rendre hommage aux victimes des pensionnats.

Je veux m’opposer à la domination, mais aussi à ses faux.sses critiques. Certains anarchistes ont pensé développer une critique des réponses autoritaires à la pandémie, mais elles/ils n’ont réussi qu’à être réactionnaires. Encore une fois, ils/elles regardent le monde d’en haut, d’où la seule action collective concevable est celle de l’État. Elles/ils se rabattent sur le discours des droits individuels, mais il n’y a rien d’anarchiste dans une liberté soit découpée en petits morceaux qui nous sont données à la cuillère. Leur analyse devient complètement dépourvue de principes lorsqu’ils/elles commencent à défendre le droit des conservateurs religieux à continuer à tenir leurs cérémonies. Elles/ils sont impliqué.e.s dans le mouvement anti-masque, qui n’a rien à voir avec un choix éthique individuel, mais plutôt avec la négation de l’épidémie de Covid-19. Ils/elles finissent bras dessus, bras dessous avec ceux qui considèrent tout bien commun comme une attaque contre leurs privilèges.

Pour moi, la liberté signifie aussi la responsabilité. C’est un impératif individuel de faire ses propres choix, mais aussi de comprendre que l’on est engagé.e dans un réseau de relations. Il s’agit d’association volontaire, mais aussi de comprendre que nous sommes également engagé.e.s dans des réseaux de relations avec tout le monde (sans oublier tous les êtres vivants, la terre et l’eau). Nous avons des responsabilités envers ces réseaux. Quand nos choix face à la pandémie partent de nous-mêmes et se développent vers l’extérieur, vers les personnes que nous aimons et plus loin encore vers les sociétés dans lesquelles nous vivons, nous ne regardons plus le monde d’en haut, mais à l’échelle humaine.

Cela s’appelle l’autonomie et c’est en soi une menace pour les puissants. Cela signifie organiser nos vies sur des bases radicalement différentes, qui entrent en conflit avec les tentatives des puissants de maintenir l’ordre et l’obéissance.

Un système de passeport vaccinaux est un moyen de réprimer l’autonomie. Je m’en fiche d’aller au restaurant ou à un concert et mon groupe continue d’éviter les foules dans des lieux fermés, même si l’État dit que nous ne sommes plus obligé.e.s de les éviter. Organisons-nous pour éviter la répression et continuer à agir selon nos propres priorités. On se voit dans les rues.

Brûler des églises, renverser des statues

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Août 092021
 

De Antimídia

Dans différentes parties des territoires colonisés, les statues des esclavagistes, violeurs, colonisateurs et génocidaires ont été arrachées, déboulonnées ou détruites. Pourquoi se défaire de ces symboles ? Que représentent-ils ? Et quelles valeurs les maintiennent debout ?

[La vidéo est sous-titrée en français.]


Small is Beautiful : Organisation anarchiste et implantation sociale locale

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Août 092021
 

Du Collectif Emma Goldman

Ce qui suit est un texte de réflexion personnelle d’un militant du collectif. Il ne reflète pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des membres, mais souhaite avancer certaines réflexions.

Il y a près de sept ans, en 2014, était publié le communiqué officiel annonçant la dissolution de l’Union Communiste Libertaire (UCL). Créé en même temps que sa fondation, en 2008, le Collectif Emma Goldman avait, du Saguenay, consacré beaucoup de son temps et son énergie au projet de fédération dans l’idée de faire prendre de l’expansion au mouvement anarchiste dans la province et en faire rayonner les idées et pratiques au plus grand nombre. L’organisation permettait le développement de campagnes d’actions en unité théorique et pratique qui étaient coconstruites et propagées dans les milieux des différents collectifs (l’UCL en a compté jusqu’à six – Drummondville, Montréal, Québec, Saguenay, Saint-Jérôme et Sherbrooke). Du côté des publications et de la diffusion d’informations, nous produisions le journal Cause Commune (plusieurs milliers d’exemplaires sur papier journal à chaque édition), des revues, des affiches et différentes publications avec une certaine rigueur sur le plan du contenu et des idées. Pour tout organiser, nous nous en remettions au principe du fédéralisme libertaire : les prises de décision se faisaient dans les réunions des collectifs locaux, les décisions étaient relayées par des délégué-e-s aux instances fédérales (d’autres réunions) et aux comités. Il s’agissait d’une forme de démocratie directe. Le temps de gestion, voir ici par exemple tous les déplacements pour des réunions, les longues délibérations sur un peu tout et n’importe quoi, jusqu’aux remises en question sur le graphisme et l’implication dans le secrétariat, était du temps de que les militants et militantes avaient en moins dans leur engagement dans les luttes locales (sans oublier que le nombre d’heures pouvait également précipiter l’épuisement militant). Bien sûr, les outils développés au niveau fédéral étaient d’une grande aide dans le travail local. Mais, sans remettre en cause les principes de fédéralisme libertaire et de démocratie directe, il est tout à fait possible de penser qu’un fonctionnement moins « lourd » (moins énergivore) aurait pu être possible – surtout dans une organisation de moins d’une centaine de membres.

Avec l’expérience acquise au cours des années de l’UCL, le Collectif anarchiste Emma Goldman a continué son chemin en solo à partir de 2014. Bien que nous souhaitions multiplier les collaborations avec d’autres groupes, celles-ci se sont faites plus rares et éphémères – notre condition d’isolement géographique y est sans doute pour beaucoup. En revanche, nous avons pu concentrer l’essentiel de nos efforts et de nos moyens aux luttes sociales du Saguenay-Lac-St-Jean, développer du matériel qui répondait plus directement aux enjeux et cibles de nos milieux et, il faut le dire, passer beaucoup moins de temps en réunion. Travailler en petit groupe a certainement des avantages à ce niveau : la coopération et les décisions se font plus aisément, la recherche de solutions et le règlement des désaccords accaparant moins de temps. Les affiches et journaux que nous avons continué de produire n’ont pas la même qualité que celles de l’UCL, mais elles nous prennent une toute petite fraction du temps qu’elles pouvaient prendre au sein de la fédération.

Tout compte fait, et sans en faire une doctrine, il y a certainement une beauté appréciable dans l’organisation en collectif politique de petite taille. Après tout, il est illusoire de penser que l’implantation sociale de l’anarchisme puisse se réaliser à grande échelle avant qu’elle ne le soit sur le plan local. Les anarchistes ne cherchent pas à prendre le contrôle de mouvements; elles et ils travaillent à la base et leurs pratiques se déploient d’abord à petite échelle avant d’essaimer. Cela n’empêche pas pour autant de développer des liens avec d’autres groupes et de faire appel à eux. Ce modèle d’organisation a, on ne peut le nier, des limites nettes. Il est par exemple beaucoup moins évident qu’un groupe de petite taille isolé reçoive des appuis en cas de répression ou de menaces. Il me semble important de poursuivre les questionnements quant aux formes efficaces que pourraient prendre le développement de liens et d’outils communs avec les camarades de collectifs des autres régions. Comme d’autres, je suis avec attention le travail sur le terrain que font les camarades dans le Kamouraska, sur la Pointe de la Gaspésie, à Sherbrooke, Trois-Pistoles, Gatineau, Hamilton, Québec, Toronto, Montréal, Halifax, etc. et j’y tire, personnellement, l’inspiration pour continuer.

Alan Gilbert