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Déclaration d’appui à Jaggi Singh, arrêté à Montréal pour avoir « supposé la personne » de Michel Goulet à Québec

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Août 312017
 

De Montreal-Antifasciste

Montréal, le 29 août 2017 — Ce matin, le militant montréalais Jaggi Singh a été arrêté et accusé d’avoir résisté à son arrestation et assumé l’identité d’une tierce personne après s’être identifié en blague auprès de la police de Québec comme Michel Goulet, un ancien joueur des Nordiques. Il sera transféré à Québec, où il devra comparaître en cour municipale demain à 9 h.

Cette arrestation survient dans le contexte d’une campagne haineuse menée par l’extrême droite contre la personne de Jaggi, dont une pétition mise de l’avant par le groupe raciste La Meute exigeant son arrestation. Cette campagne de salissage a été reprise par des politiciens de droite et certains journalistes au cours de la dernière semaine.

Plus particulièrement, ces accusations découlent de la participation de Jaggi à la manifestation antiraciste qui a eu lieu à Québec le 20 août dernier, où il a été brièvement détenu. Ce jour-là, près d’un millier de personnes sont descendues dans les rues de Québec pour dénoncer une manifestation anti-immigration organisée par le groupe d’extrême droite La Meute. Jaggi a passé l’entièreté de la contre-manifestation à parler dans un mégaphone, à faire jouer de la musique et à jouer avec des enfants devant la ligne de police. À un certain point, la police l’a placé en état d’arrestation, mais l’a relâché une demi-heure plus tard. Jaggi a émis une déclaration publique suite à son arrestation.

Bien qu’il ait été la seule personne arrêtée ce jour-là, Jaggi n’était pas l’organisateur de la contre-manifestation du 20 août et n’y occupait aucun rôle officiel de leadership.

Qu’à cela ne tienne, l’extrême droite au Québec considère Jaggi comme le chef d’un gigantesque complot ourdi par les antifascistes, le gouvernement fédéral et de nébuleuses élites mondialistes. Dans les médias sociaux, des fascistes et théoriciens du complot partagent des mèmes où Jaggi devient un personnage plus grand que nature, une espèce de grand manipulateur qui tire les ficelles d’absolument tout ce que fait l’extrême gauche à Montréal. Dans cet ordre d’idée tordu, il est accusé d’être le grand responsable de la contre-manifestation du 20 août, où La Meute a subi l’humiliation d’être confinée à un garage sous-terrain pendant plusieurs heures, ainsi que de tous les incidents violents qui ont eu lieu ce jour-là. Une pétition en ligne demandant que Jaggi soit arrêté et accusé de différents délits a été lancée et diffusée par des membres de l’extrême droite, dont certains membres de La Meute, du Front patriotique du Québec, de Storm Alliance et du Mouvement républicain du Québec.

Que l’extrême droite blâme une personne de couleur pour l’ensemble de l’opposition qu’elle rencontre n’a rien de surprenant. Toutefois, la situation a été exacerbée quelques jours à peine après la déconfiture de La Meute, lorsque le maire de Québec, Régis Labaume, a publiquement blâmé « la gang de Singh » et a affirmé aux médias qu’il déteste Jaggi Singh, pour ensuite le déclarer persona non grata dans la capitale provinciale. Le Journal de Montréal a enchaîné avec une chronique assassine sous la plume de Richard Martineau, intitulée « Jaggi Singh Superstar ». L’ancien ministre péquiste Bernard Drainville a ensuite invité Jaggi à son émission de radio pour exiger de lui qu’il condamne la violence qui s’est produite à Québec le 20 août. Drainville s’est théâtralement offusqué lorsque Jaggi a expliqué qu’il n’était qu’un participant à la contre-manifestation et n’était pas en position de formuler une condamnation générale.

C’est le contexte toxique dans lequel Jaggi a été arrêté ce matin. Ça n’est pas la première fois que des politiciens, des journalistes et des militants d’extrême droite collaborent pour développer un récit sensationnel qui entraîne de graves conséquences dans la vie des individus. C’est un scénario qui s’est répété à maintes reprises depuis la crise des accommodements raisonnables et n’a fait que s’intensifier sous l’effet des médias sociaux, en particulier dans le contexte actuel du passage de réfugiés au Canada. Même si Jaggi Singh n’est qu’une seule personne, et d’aucune façon le chef de qui que ce soit, il est important de condamner cette diabolisation pour ce qu’elle est et a toujours été, soit un moyen de nuire aux mouvements sociaux et aux personnes opprimées que ces mouvements soutiennent.

Nous demandons aux allié-e-s progressistes, aux antifascistes et à tous ceux et toutes celles qui ont à cœur les libertés civiles, de soutenir Jaggi et toutes les autres personnes qui seraient ciblées dans la foulée de la contre-manifestation du 20 août et harcelées par l’extrême droite de façon générale. Une manière de montrer votre appui est de vous présenter à la cour municipale de Québec demain matin à 9 h. Du covoiturage est organisé à partir de Montréal.

-30-

alerta-mtl@antifa.zone

Mise en contexte et compte rendu des actions contre La Meute à Québec le 20 août

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Août 312017
 

Le groupe islamophobe et anti-immigration La Meute est accueilli par des antifascistes et confiné dans un stationnement sous-terrain pendant cinq heures

De Montreal-Antifasciste

Montréal /Québec, 25 août, 2017 — Des antiracistes et antifascistes de partout au Québec ont réussi à perturber un rassemblement du groupe xénophobe, anti-immigration et violemment islamophobe La Meute, à Québec, le 20 août. Pendant plus de cinq heures, les xénophobes de La Meute ont dû se terrer dans un garage sous-terrain, tandis que des centaines de militant-e-s antiracistes se rassemblaient à l’extérieur du bâtiment où ils et elles s’étaient réuni-e-s, un énorme édifice gouvernemental situé derrière l’Assemblée nationale. Après quelques affrontements avec la police de Québec et altercations entre antifascistes et sympathisants de La Meute (y compris un « bonehead » friand de saluts hitlériens), la police a finalement dégagé la place pour permettre à La Meute de sortir de son trou et de marcher en silence autour du parlement pendant quelques minutes, ses membres visiblement ébranlés par le confinement prolongé, considérablement réduits en nombre et encadrés par une forte protection policière.

Mise en contexte

[Aller directement au compte-rendu d’action]

Voilà maintenant plus d’une décennie que l’atmosphère politique et sociale du Québec est de plus en plus contaminée par un discours xénophobe colporté par des idéologues conservateurs, des médias mainstream sensationnalistes, des émissions de « radio-poubelles », des chroniqueurs de droite et des politiciens populistes. Il y a dix ans, ce discours toxique a mené à une crise nationale autour de la question des « accommodements raisonnables » et ensuite, en 2013, à une « charte des valeurs » grossièrement islamophobe proposée par le Parti québécois (PQ). Fondé à la fin des années 1960, le PQ était initialement une coalition de nationalistes de droite et de gauche qui partageaient l’objectif de réaliser l’indépendance du Québec. Il a organisé et perdu deux référendums sur cette question en 1980 et 1995 (Jacques Parizeau, alors premier ministre du Québec, a d’ailleurs mis cette dernière défaite sur le compte de « l’argent et le vote ethnique ») pour ensuite graduellement devenir un parti néo-libéral ordinaire. Son aile gauche a été de plus en plus marginalisée au fil du temps tandis que le parti effectuait un virage identitaire dans l’espoir d’attirer une base électorale xénophobe.

Ce virage identitaire n’a pas été suffisant pour plusieurs personnes d’extrême-droite qui, ces dernières années, se sont regroupées dans un ensemble de groupuscules à la rhétorique anti-immigration et anti-islam et au programme politique ambigüe et confus, faisant de plus en plus écho au fascisme historique sur la forme et le fond.

En janvier dernier, l’attentat perpétré par Alexandre Bissonnette au Centre culturel islamique de Québec, qui a fait six morts et dix-neuf blessés graves, a constitué un tournant pour ce milieu. De façon perverse, l’extrême-droite a profité de ce massacre pour s’affirmer davantage et prendre l’offensive. Ces groupes incluent une branche québécoise de la formation d’inspiration néo-nazie les Soldats d’Odin, les néo-fascistes de la Fédération des Québécois de souche, la plus récente Storm Alliance, et les populistes de La Meute.

Fondée par d’anciens militaires, La Meute est extrêmement régimentée et autoritaire. Ses dirigeants dictent une multitude de consignes à la base, incluant une ligne vestimentaire, l’interdiction stricte de parler aux médias et même ce que les figures officielles du groupe peuvent « aimer » sur Facebook. Des personnes qui ont quitté La Meute s’inquiétaient d’une ligne politique extrêmement centralisée malgré l’apparence d’une structure décentralisée, ce qui rappelle la structure des milices fascistes classiques. Le leadership et le service de sécurité de La Meute ont même adopté des chemises noires comme uniforme ces derniers mois. Ils ont publiquement déclaré qu’ils étaient prêts à assurer la sécurité pour tout événement de droite, n’importe où au Québec, qui serait visé par des militant-e-s antiracistes. La « Garde » de La Meute a ainsi assuré la sécurité lors de l’intervention de sommités islamophobes locales comme Djemila Benhabib et Mathieu Bock-Côté et à une conférence pathétique organisée par le groupe nationaliste d’extrême-droite Mouvement républicain du Québec. Ou encore, lors de la tournée nationale du vlogueur inspirée de l’Alt-Right et enthousiaste de La Meute, André « Stu Pitt » Pitre.

Bien que La Meute ne cesse de répéter qu’elle n’est ni raciste ni opposée à l’immigration, des milliers de commentaires racistes ont été postés par ses membres sur leur page Facebook publique ainsi qu’au sein de groupes Facebook « secrets ». Récemment, un de ses lieutenants a d’ailleurs été aperçu lors du rassemblement de Charlottesville, en Virginie, les 11 et 12 août 2017, en train de donner l’accolade au nationaliste blanc disgracié Chris Cantwell (ce lieutenant était Shawn Beauvais-MacDonald; il aurait soi-disant été suspendu de l’organisation, ce qui n’a pas empêché Robert Proulx [Proule sur Facebook], qui se présente comme le « responsable de la sécurité » de La Meute « d’aimer » par la suite son post des « 14 words » néo-nazis sur Facebook; de plus, Beauvais-MacDonal est toujours listé comme membre du Clan 06 de Montréal, et nous avons la preuve photographique qu’il a participé à la manifestation de La Meute qui a eu lieu à Québec le 20 août 2017).

Ce haut placé récemment « suspendu » de La Meute, Shawn Beauvais-MacDonald, adhère au fameux credo suprémaciste blanc des « 14 words ».

Le 4 mars 2017, des centaines de membres de La Meute ont marché aux côtés d’autres groupes racistes d’extrême-droite dans le cadre d’une journée nationale d’action contre la motion 103 condamnant l’islamophobie et présentée au parlement fédéral par le député libéral Iqra Khalid. À Montréal, leur manifestation a eu lieu sous protection policière et en dépit d’une forte mobilisation antifasciste. Cela faisait des décennies qu’un groupe d’extrême-droite n’avait pas réussi à manifester de la sorte dans une ville pourtant connue pour son militantisme de gauche.

Un peu plus de contexte : La ville de Québec est le lieu d’une mobilisation néo-nazie assez active depuis des années; cette mobilisation s’appuie sur une équipe de « boneheads » qui font partie du mouvement Rock Against Communism (RAC) et qui ont créé une milice fasciste nommée Atalante. Celle-ci est responsable d’un déploiement de bannières, le 19 août dernier, afin d’intimider les réfugié-e-s accueilli-e-s au State olympique de Montréal (les bannières faisaient en autres référence à la « rémigration »). Enfin, l’Atalante a également créé un club de combat identitaire à Québec.

La bullshit anti-réfugiés de La Meute

Bien que La Meute ne cesse de répéter qu’elle n’est pas contre l’immigration ni contre les réfugié-e-s, cette question était au cœur de la mobilisation du groupe à Québec le 20 août 2017.

En raison de la situation politique américaine— notamment la perspective que le président Trump remette en question le statut des réfugié-e-s haïtien-ne-s accueilli-e-s après le séisme qui a frappé Haïti en 2010—et de l’Entente entre le Canada et les États‑Unis sur les tiers pays sûrs, il y a eu une nette augmentation de demandes de statut de réfugié sur la base d’un passage irrégulier de la frontière canadienne (comme les demandes d’asile faites à la frontière sont immédiatement refusées en vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs, les personnes traversent la frontière de façon irrégulière pour pouvoir faire leur demande au Canada). Les gouvernements québécois et canadien ont réagi à cette augmentation en fournissant des hébergements temporaires (en accommodant le Stade olympique de Montréal et en montant un camp de tentes près de la ville frontalière de Lacolle).

Les groupes d’extrême-droite, dont La Meute, se sont rués sur cet enjeu comme des mouches sur un tas de fumier. Une forte mobilisation antifasciste a permis de contrer un rassemblement organisé par Storm Alliance à la frontière canado-américaine le 1er juillet 2017 et de faire échouer une manifestation contre l’immigration au State olympique de Montréal le 6 août 2017. Cependant, les dirigeants de Storm Alliance ont promis de mener d’autres actions à la frontière dans les prochaines semaines tandis que La Meute a réussi à marcher dans les rues de Québec le 20 août. Bizarrement pour un groupe dont la base est fortement nationaliste québécoise, la manifestation de La Meute était menée par un drapeau canadien et s’est présentée comme une expression d’appui envers la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Leur raisonnement est que les personnes qui font des demandes d’asile sont « illégales » et que la police devrait faire respecter la loi et défendre les frontières. Ce raisonnement ne tient pas la route puisque les personnes en situation irrégulière qui veulent faire une demande d’asile se livrent à la GRC dès qu’elles franchissent la frontière afin que leur demande soit traitée par l’Agence des services frontaliers du Canada. La façon dont ces personnes entrent au Canada et sont prises en charge n’a rien d’illégal ou de clandestin.

Par conséquent, toute la prémisse de la manifestation du 20 août à Québec était clairement une imposture visant à dissimuler le programme xénophobe et le racisme flagrant de La Meute.

Compte-rendu des actions

Après avoir appris que La Meute planifiait d’organiser un rassemblement et une manifestation à Québec, des militant-e-s antiracistes et antifascistes de Québec, Montréal et d’autres régions se sont dépêché-e-s d’organiser une contre-manifestation en moins de deux semaines.

Les organisateurs et organisatrices de Québec ont appelé à la tenue d’une manifestation populaire pacifique, tandis que le nouveau réseau Montréal Antifasciste et ses allié-e-s ont mobilisé les forces antifascistes dans le respect implicite d’une diversité de tactiques. Trois autobus ont été loués pour transporter les manifestant-e-s de Montréal, et plusieurs autres militant-e-s se sont rendu-e-s à Québec par leurs propres moyens. En tout, Montréal a mobilisé entre 150 et 200 personnes à Québec.

La Meute avait indiqué qu’elle n’annoncerait le point de rendez-vous sur sa page Facebook « secrète » que 24 heures avant le rassemblement. Comme des rumeurs ont circulé voulant qu’ils essaieraient de marcher de l’Hôtel de ville jusqu’à l’Assemblée nationale, le lieu de rendez-vous de la contre-manifestation a été fixé à la Place d’Youville, un square public situé grosso modo entre ces deux points.

Le vrai point de rendez-vous de La Meute a toutefois fait l’objet d’une fuite : ses membres allaient se rassembler dans le garage sous-terrain de l’édifice gouvernemental situé derrière l’Assemblée nationale pour en sortir en glorieuse formation le temps venu.

Ce scénario, en fin de compte, n’allait jamais se réaliser.

Les chef et les membres de La Meute sont confinés dans un garage sous-terrain, Québec, 20 août 2017.

Ce choix de point de ralliement était évidemment une idée farfelue, une idée que les antifascistes en provenance de Montréal allaient se dépêcher de tourner à leur avantage stratégique. Plutôt que de débarquer à la Place D’Youville comme prévu, elles et ils se sont préparé-e-s à un déploiement rapide exactement à l’emplacement où La Meute avait prévu de se réunir. À 12 h 30 précises, les antiracistes et antifascistes ont débarqué et pris d’assaut la porte de garage de l’édifice, prenant tout le monde par surprise, y compris la police de Québec, qui a dû se déployer à l’arrache-pied pour tenter tant bien que mal d’endiguer l’avancée des manifestant-e-s (non sans rappeler un sketch de Benny Hill). C’était trop peu trop tard, puisque le terrain était déjà occupé et la porte du garage complètement bloquée par les antifascistes.

La plus grande contre-manifestation ne devait pas quitter la Place d’Youville avant 13 h, cependant, et l’objectif de bloquer tous les points d’accès à ce gigantesque édifice posait un défi colossal, d’autant plus que le repérage avait été minimal avant l’arrivée des autobus. Deux scénarios se dessinaient alors : 1) garder cette position relativement forte et attendre l’arrivée des renforts du plus gros contingent de contre-manifestant-e-s avant de redéployer une partie des militant-e-s antifascistes de l’autre côté de l’édifice pour empêcher les membres de La Meute de s’y rassembler, ou 2) se redéployer immédiatement, coupant ainsi en deux le groupe de quelques 150 personnes et rendant les deux groupes plus vulnérables aux tactiques policières. Le premier de ces deux scénarios a été privilégié, ce qui s’est avéré une erreur tactique.

Plusieurs appels ont été lancés aux camarades de l’organisation locale de Québec pour qu’ils et elles envoient du monde en renfort pour soutenir le blocage et entamer un blocage de l’autre côté du building. Malheureusement, le changement de plan des autobus en provenance de Montréal ayant été décidé seulement une heure avant, les camarades de Québec étaient très réticents à modifier leurs propres plans, de peur d’exposer les contre-manifestant-e-s à des risques imprévus, ce qui est tout à fait compréhensible. Il est également possible que l’urgence de la situation, à ce moment, n’ait pas été bien communiquée, mais tout porte à croire que le principal problème ait été une différence fondamentale quant aux objectifs de l’action entre l’organisation de Montréal et celle de Québec. (Sur ce point, il nous parait nécessaire de préciser, pour ceux et celles qui en douteraient, que le changement de plan n’a été décidé et mis en œuvre qu’APRÈS avoir vérifié et validé auprès des camarades de Québec que c’était correct de le faire. L’idée ici n’est pas de distribuer le blâme, mais de constater qu’il y a eu un manque de coordination quant aux orientations stratégiques et aux objectifs respectifs des deux côtés de la mobilisation.) De plus, la manifestation n’a quitté la Place D’Youville (qui se trouve à sept minutes de marche) qu’à 13 h 30, soit une heure après le début du blocage, et plutôt que de venir directement en renfort ou de se déployer de l’autre côté du bâtiment, s’est rendue devant l’Assemblée nationale, ce qui, de notre point de vue, ne servait à rien puisque La Meute était effectivement confinée au garage sous-terrain. Les deux douzaines de manifestant-e-s qui sont venues d’avance en renfort au blocage n’ont pas suffi à gonfler nos rangs de manière considérable.

Ce manque de coordination s’est avéré une erreur stratégique importante, puisqu’entre 12 h 30 et 13 h, les membres de La Meute ont été capables de se rassembler par grappes en passant par le côté non bloqué de l’entrée principale, à quelques mètres à peine du blocage et de la ligne d’anti-émeute. C’est de cette manière qu’ils ont pu constituer un groupe de 200 à 300 personnes.

Pendant cette période de flottement, l’initiative a été prise de distribuer des t-shirts noirs aux personnes réunies autour du garage en leur demandant s’ils et elles voulaient se masquer. Les 50 masques ont été distribués en quelques minutes.

Lorsqu’un important sous-groupe de la contre-manifestation s’est enfin dirigé vers l’emplacement du blocage, le black bloc a mené un contingent d’environ 250 personnes autour du bâtiment pour tenter de bloquer l’entrée principale, à la fois pour empêcher d’autres membres de La Meute d’y entrer et compléter le siège en empêchant leur manifestation d’en sortir. Environ la moitié de la contre-manifestation est restée pour bloquer la porte de garage.

Toutefois, aussitôt que le contingent est arrivé de l’autre côté, une altercation a éclaté entre des antifascistes et des sympathisants de La Meute, ce qui a immédiatement entraîné l’intervention de la police anti-émeute à coups de matraques et de projectiles lacrymogènes. Cette situation a vite dégénérée, puisque des membres du bloc étaient venu-e-s préparé-e-s à défendre les manifestant-e-s contre l’intervention des flics avec des feux d’artifice, des fumigènes et d’autres projectiles.

Suite à ce déploiement raté, les manifestant-e-s ont cherché un plan B pendant quelques minutes, et une altercation s’est produite entre des membres du bloc et des journalistes du réseau Global TV. Leur caméra s’est ramassée en pièces sur le pavé. (Cet incident n’est pas resté sans conséquence, puisque le traitement médiatique des événements de la journée a été encore plus agressif que d’habitude. La complicité des médias capitalistes avec la police et l’appareil répressif de l’État ne doit pas être sous-estimée. Les médias ont souvent livré sans poser de questions des images à la police comme preuves pour faire condamner des antifascistes. C’est pourquoi nous sommes nombreux et nombreuses à croire qu’il est tout à fait légitime de chasser les journalistes et de s’en prendre à leur matériel lorsqu’ils refusent d’arrêter de nous filmer.)

Il a alors été décidé de se diriger sur Grande Allée, une avenue touristique où s’alignent les bars et restaurants, pour revenir plus loin vers l’édifice où La Meute était terrée et tenter à nouveau d’en bloquer l’accès. Une benne à ordures a été poussée jusqu’à l’avant du cortège. Jusque-là, le contingent plus large de contre-manifestant-e-s suivait toujours le black bloc. Des chaises ont alors été ramassées sur les terrasses dans une tentative précipitée de construire une barricade à l’intersection d’une petite rue transversale avec le contenu de la benne à ordure. Des projectiles ont aussi été lancés dans la direction d’une poignée des flics de quartier qui étaient un peu plus loin. À notre avis, ceci a été une erreur tactique, puisqu’il n’y avait rien à gagner à ce moment précis. Rétrospectivement, nous croyons que la benne à ordure aurait dû être gardée pour plus tard et non pas utilisée à cette intersection, où elle ne servait aucun objectif puisque les flics en chemise à manches courtes ne présentaient pas une menace immédiate. De plus, le résultat net de cette poussée chaotique a été d’effaroucher le contingent plus large de contre manifestant-e-s, qui est resté paralysé pendant plusieurs minutes sans trop savoir comment interpréter ce pétage de coche. Ça a aussi nui au black bloc, parce qu’il n’était plus capable de mobiliser la masse critique qui l’avait suivi jusque-là. À ce moment, nous avons aussi raté l’occasion de revenir vers la cible en traversant le parc. Pour la petite histoire, en marge de tout ce chaos, un photojournaliste du Soleil s’est fait planter dans l’asphalte après avoir cru bon essayer d’enlever le masque d’un camarade. Il a découvert très vite que c’était, en fait, une très mauvaise idée.

Après une longue et irritante période d’hésitation, le bloc s’est dirigé vers les Plaines d’Abraham, un choix saugrenu plus tard expliqué par le manque de connaissance du terrain par les camarades qui étaient à l’avant du cortège. Après être revenu-e-s sur Grande Allée, des camarades ont aperçu au loin un petit groupe de personnes portant des drapeaux du Québec et du Mouvement de libération nationale du Québec (MLNQ). Certain-e-s se sont précipité-e-s à leur suite en direction de la Porte Saint-Louis et du Vieux Québec. Dans des vidéos publiées par un média alternatif, on peut voir qu’un membre de ce groupe, un homme dans la cinquantaine, s’est fait frapper par des antifascistes après avoir tenté de repousser ses poursuivants avec un bâton. Cette agression, à notre avis, était démesurée, compte tenu que nous n’avions aucune raison de croire que cet individu était un fasciste ou un nazi.

Suite à cet incident, le contingent s’est regroupé avec une certaine difficulté et a contourné le parlement pour rejoindre l’autre moitié de la contre-manifestation, qui était restée devant la porte de garage pour maintenir le blocage. Ce groupe avait maintenu sa position en scandant des slogans, en chantant, en dansant, en chassant les droitistes et en trollant les chefs et les gorilles de La Meute lorsque ceux-ci osaient sortir la tête de leur trou.

Un peu plus tard, le militant antiraciste Jaggi Singh, qui avait animé la foule réunie à l’aide d’un mégaphone et d’un système de son portable, s’est fait violemment arrêter par la police anti-émeute après avoir refusé un ordre de dispersion. Il a été détenu provisoirement et relâcher une demi-heure plus tard dans Limoilou.

Ensuite, comme la foule s’était peu à peu étiolée, la police a déclaré la manifestation illégale et finalement lancé une opération de dispersion pour dégager l’entrée du garage. Ils ont poussé tout le monde sur René-Lévesque en faisant un usage abondant de poivre de Cayenne, après quoi la contre-manifestation s’est graduellement défaite, alors que les Montréalais-e-s regagnaient les autobus. Un renseignement crucial a plus tard été porté à notre attention. Il s’avère que la police de Québec a harcelé l’un des chauffeurs d’autobus pendant plusieurs heures en lui posant des questions sur les manifestant-e-s et leurs plans. Il est plus que probable que le chauffeur ait révélé que les autobus devaient repartir vers 17 h 30, et que cette information ait ensuite été relayée aux chefs de La Meute, qui ont décidé d’attendre que la tempête passe plutôt qu’annuler leur manifestation. Il faut dire que la police et la Meute ont été de véritables BFF tout au long de la journée.

Vers 18 h, alors que les autobus quittaient la ville pour retourner à Montréal, La Meute est finalement sortie de son trou. À partir des photos et vidéos accessibles sur Internet, il est clair que ses membres étaient secoués par l’épreuve, épuisés par l’attente dans un garage mal ventilé et considérablement réduits en nombre. Manifestement, ses chefs étaient extrêmement irrités par la situation. Ils ont marché pendant environ une demi-heure, en silence, sous forte escorte policière, avec la face longue et l’air misérable.

Retombées immédiates

Comme d’autres l’ont souligné avec raison, La Meute n’a pu prétendre que ce fiasco complet fut une réussite que dans la mesure où les médias affirment que c’en est une. Et bien sûr, c’est ce que les médias ont fait avec une ardeur hors du commun. Les chefs de La Meute ont spinné toute l’affaire comme un choc entre la loi et l’ordre, de leur côté, et le chaos, du nôtre. Et les médias ont avalé goulument ce scénario pour en faire l’histoire officielle.

Soyons clairs: malgré deux ou trois incidents exagérément violents et quelques erreurs tactiques de notre côté, cet affrontement à Québec est un échec cuisant pour La Meute et une réussite pour les antifascistes de manière générale.

Les commentateurs libéraux et les médias semblent irrémédiablement pris dans la logique circulaire des relations publiques. Allo!? Les antifascistes ne se battent pas contre l’extrême droite et la dérive fascisante pour gagner des points de popularité! Nous le faisons car nous croyons qu’il ne faut laisser aucune plateforme aux discours haineux. Point. Ça ne sera pas toujours joli, des erreurs seront commises, des leçons apprises et appliquées. Mais nous pouvons garantir ceci : la lutte contre le fascisme ne pourra jamais être strictement non-violente. C’est tout simplement du délire de prétendre le contraire, et le plus tôt nous reconnaîtrons cette réalité, le plus tôt nous pourrons construire un mouvement plus large d’autodéfense antifasciste. Quiconque considère valide l’argument voulant que quelques incidents violents isolés délégitiment la cause antiraciste tout entière (un argument spécieux répété ad nauseam par les analystes libéraux et les perroquets des médias) n’a manifestement pas encore saisi toute l’importance et la profondeur de cette cause.

Les groupes comme La Meute prétendent qu’ils ne sont pas violents mais ils adhèrent tous à divers degrés à un point de vue suprémaciste blanc, lequel est fondamentalement violent. Un très grand nombre de membres de La Meute flirtent avec des groupes ouvertement fascistes et expriment TOUT LE TEMPS des sentiments racistes en ligne. Ses chefs mettent de l’avant un discours xénophobe, et spécifiquement islamophobe, ce qui est extrêmement violent dans une ville où il y a à peine sept mois, un fanatique d’extrême droite a assassiné six musulmans pour le seul motif qu’ils priaient dans l’intimité d’une mosquée.

Voilà pourquoi, nous devons les empêcher de grossir et de prendre de la place dans nos communautés et dans nos villes. Par tous les moyens nécessaires. Est-ce que cela signifie que chacun des gestes posés de notre côté sont parfaits? Bien sûr que non. Nous devons TOUJOURS faire notre autocritique et reconnaître nos propres erreurs.

Quelques leçons

  • Il nous faut mieux définir nos objectifs. Il semble que la mobilisation du côté montréalais et celle du côté de Québec aient eu des objectifs différents. Il nous faut mieux communiquer nos intentions respectives à l’avenir, puisqu’il est absolument certain que nous devrons nous coordonner entre régions très bientôt. Aussi, au sein du milieu antifasciste radical, entre groupes d’affinité, nous devons mieux définir des objectifs spécifiques pour des actions spécifiques.
  • Il nous faut mieux définir nos ennemis. La Meute n’est pas une organisation nazie. Il est un peu gênant que certain-e-s de notre côté soient incapables de faire la différence entre un groupe populiste vaguement d’extrême droite et sans programme politique clair, comme La Meute, et des groupuscules carrément néofascistes comme Atalante ou la Fédération des Québécois de souche. Bien sûr, ils sont tous nos ennemis idéologiques, mais si nous espérons les battre, il est nécessaire que nous les reconnaissions pour ce qu’ils sont vraiment.
  • Par conséquent, il nous faut mieux choisir les cibles de violence physique. Très peu de gens versent une larme pour le « bonehead » néonazi qui se fait réarranger le portrait. Mais ça n’est pas si simple pour mononque Gérard de Saint-Georges, qui est un peu raciste sur les bords mais ne ferait pas de mal à une mouche. Certes, il faut faire en sorte que les racistes ne se sentent pas en sécurité (et après dimanche, on peut au moins cocher cette case là…), mais ne surchargeons pas d’avantage un système de santé déjà en difficulté.
  • Il existe une séparation de longue date entre les cultures organisationnelles de Montréal et de Québec, une différence culturelle qui refait sporadiquement surface. La communauté militante de Montréal est traditionnellement plus militante à la fois dans le ton et dans la pratique, y compris dans son approche de l’organisation antifasciste. Notre position est que l’autodéfense populaire et militante doit être développée partout où l’extrême droite prend de la vitesse. De l’autre côté, il y a certains aspects des réalités des autres régions que les militant-e-s de Montréal doivent apprendre à mieux comprendre et à respecter davantage. Peut-être que le renforcement et le transfert des capacités entre les différentes régions pourrait être davantage priorisés, et d’une manière mutuellement respectueuse des différences (ce qui est parfois difficile).
  • Il nous faut combattre et déconstruire le récit libéral voulant que toutes les formes de violence sont également répréhensibles. C’est une illusion complaisante, ignorante et anhistorique. À chaque occasion, il nous faut aussi contester les récits insignifiants que construisent les médias au sujet de la lutte antifasciste, parce que tant et aussi longtemps que nous les laisserons faire, ces récits favorables à l’ennemi seront leur modèle par défaut.

¡No pasarán!

— Des antifascistes de Montréal

Mort imminente du terrain vague : faut qu’on se bouge contre la Cité de la logistique

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Août 312017
 

De La Fronde: Journal anarchiste montréalais La fronde est disponible à L’Insoumise et La Déferle

Des vitres brisées à Hochelag, ça vous dit quelque chose ? Les anarchistes qui résistent contre la gentrification, qui rendent les nouveaux résidents yuppies anxieux et qui fatiguent les flics du poste 23, se sont passé le mot pour faire la vie difficile à ceux qui observent tous ces bâtiments et ces terrains vacants avec des signes de piasse dans les yeux.

Pourquoi Hochelag est un quartier auquel on tient tant ? Parce qu’on le connait par cœur, on est familiers, on fait plus ou moins confiance à nos voisins, tout le monde se parle, on est proches les un.es des autres, y’a des loyers pas chers, des friperies et des banques alimentaires, beaucoup de gens criminalisés ou précaires avec qui on peut partager une analyse contre la police, les prisons et la vie chère. C’est un quartier populaire avec ses recoins. À l’heure où les commerçants, les élus et les promoteurs voraces tentent d’imposer leur monde par tous les moyens, une solidarité se tisse entre les habitants pour résister au développement commercial et à la hausse des loyers. À tous ceux qui luttent, peut-être devrions-nous nous préoccuper de l’avenir du terrain vague à l’est d’Hochelag, ce lieu où nous aimons tant aller traîner depuis belle lurette. Si nous ne le défendons pas, il sera sous peu envahi à son tour par un immense projet industriel : la Cité de la logistique.

Le terrain vague situé complètement à l’est du quartier est une ancienne gare de triage du CN peu utilisée. Parsemé d’anciennes fondations sur lesquelles la végétation a poussée, de vieilles ruines devenues un skate-park sauvage recouvert de graffitis, de boisés où plusieurs individus ont posé leurs tentes et avec les tracks de chemin de fer qui le traverse, c’est notre lieu favori pour aller faire des feux de camp.
Le projet de développement industriel envisagé serait dans les faits, une extension du port de Montréal, gérée par un partenariat d’entreprises privées et de l’État. Selon les élus, la Cité de la logistique serait, due à sa location, un pôle stratégique pour le transport qui attirerait des entreprises de manipulation et de traitement de marchandises. Il implique un prolongement du boulevard l’Assomption jusqu’à la rue Notre-Dame, et de l’avenue Souligni, à côté du chemin de fer déjà existant, ce qui faciliterait l’accès au port par les camions de conteneurs. La Cité de la logistique occuperait un vaste territoire qui comprendrait en plus du terrain vague, un autre secteur s’allongeant jusqu’à l’autoroute 25.

L’entreprise Ray-mont Logistique a déjà acheté au CN une part du terrain vague, soit un lot de 240 000 mètres pour la somme de 20 millions de dollars. Le propriétaire Charles Raymond possède aussi le terminal de conteneur situé sur la rue Wellington dans le Sud-Ouest de la ville en plus d’autres terminaux portuaires du genre à Vancouver. Paraîtrait-il qu’il a l’intention de déménager son terminal du sud-ouest vers cette Cité de la logistique. Aucun projet de construction officiel n’a encore été déposé à l’arrondissement. Le maire de l’arrondissement Réal Ménard insiste pour que le projet soit à « valeur ajoutée », c’est-à-dire qu’il crée de l’emploi et contribue à l’économie. Un groupe de citoyens du quartier a récolté 5000 signatures afin de demander une audience publique qui aura sans doute lieu cet été. Ceux et celles-ci ne s’opposent pas au développement en général, mais à une nuisance industrielle dans leur cour. Ils et elles préféreraient probablement un développement commercial avec des petites boutiques et restos chics.

Le projet est sur la glace jusqu’aux audiences publiques, mais le paysage a déjà commencé à se métamorphoser sur une grosse partie du terrain. La décontamination préalable à toute construction future a débuté. Il y a d’immenses montagnes de roches ressemblant à des tranchées. Des camions y circulent du matin au soir. Pour faire face aux plaintes de bruit des gens qui habitent tout prêt, l’entrepreneur Ray-mont propose de construire un mur entre les habitations et le futur quartier industriel.

Certes, le projet de la Cité de la logistique fait mal au cœur. Le développement de l’industrie ne cesse jamais, d’autant plus que pour s’accroître, le capital a besoin d’élaborer ses infrastructures de transport de marchandises et de rendre toute circulation plus fluide et plus rapide, par son réseau d’autoroutes, de ports, d’aéroports, de chemin de fer, de lignes de transport d’électricité et de câbles de fibre optique d’internet. Même si en ville, il n’y a presque pas de nature à protéger, on peut quand même mettre un frein à la colonisation par le capital et ses industries en attaquant ses infrastructures et en bloquant ses flux. Ce sont ces infrastructures qui contribuent à l’exploitation des ressources pillées des terres et des forêts puis au génocide des peuples autochtones qui luttent pour leur survie et leur autonomie. Nous devons faire ces liens entre notre réalité et celle d’autres, construire un rapport de solidarité dans la lutte et enraciner la lutte dans nos vies, dans notre réalité, en solidarité avec tous ceux et celles­ qui sont déterminés à vivre libre.

Nique les promoteurs, les compagnies qui contribuent au développement et les flics qui les protègent. Ne laissons pas les ruines du terrain vague se faire envahir par de nouveaux projets de développement, que ce soit pour mettre en place de nouvelles industries ou pour embellir l’espace avec de nouveaux condos et commerces. Nous ne voulons ni du travail qu’ils nous proposent, ni de leurs nouveaux produits et services trop chers.

Appel à une semaine d’actions contre le lobby du pétrole en solidarité avec la lutte contre Junex en Gaspésie : 4 au 10 septembre

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Août 262017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Plusieurs groupes luttent actuellement contre l’exploitation des hydrocarbures en Gaspésie afin d’empêcher Junex, Pétrolia, Squatex et autres radins de saccager la péninsule.

Le moment est oppurtun pour mettre fin à leurs conneries parce que notre rapport de force existe et prend de l’ampleur et parce que l’industrie pétrolière n’est pas encore ancrée dans les mentalités.

Dans cette perspective, nous lançons un appel à l’organisation d’actions durant la semaine du 4 au 10 septembre en appui avec le blocage des puits de Junex, le camp de la rivière à Gaspé et en solidarité avec la municipalité de Ristigouche Sud-Est. Le 5 septembre débutera le procès de Ristigouche poursuivit par Gastem pour 1,5 millions pour avoir adopté un règlement visant à protéger les sources d’eau potable de ses 168 citoyens.

Tous les moyens sont bons pour mettres fin à leurs activités. Nous faisons appel à votre imagination pour nous démontrer votre appui. Voici quelques suggestions pour vous inspirer:

Bannières, conférences, appel aux dons, événements familliaux, occupation, blocage, sabotage, fête, tractage, affichage, graffiti, musique, poésie, spectacle de rue, sculpture, manif en vélo, en 4 roues, en tracteur ou en hélicoptère, dégât de melasse, vidéo youtube, bombe de semences, manger bio ou sortir son bac de récup., grève de la faim, mettre de la gum balloon dans le gun à gaz, feux d’artifice, manger le dessert avant le plat principal, des cannes de tomates qui pendouillent derrière ton char, demander des subventions au gouvernement pour creuser tout et n’importe quoi, acheter des claims, se créer une compagnie pétrolière (faire diversion sur la bourse), flash mob, boire de l’eau potable pendant qui en reste, etc. etc. etc.

ARRIERE MALFRATS!

A titre informatif, voici une liste non-exhaustive de différentes instances ou acteurs ciblés faisant partie de la grande famille du lobby pétrolier au Québec.

– Bureaux de Pétrolia, Junex, Gastem et Squatex
– Raymond Savoie, Président de Gastem
– Martin Bélanger, Président de Pétrolia
– Jean-Yves Lavoie, Président de Junex
– Pierre Arcand, ministre des catastrophes naturelles
– David Heurtel, ministre de l’environnement
– Bernard Lemaire, investisseur dans Junex et fondateur de Cascades

Cet appel s’inscrit dans une lutte anti-coloniale, anti-oppressive et anti-capitaliste dans le but de créer des liens de solidarité entre différents groupes ou individus à travers le territoire.

On va gagner!

Un autobus de La Meute vandalisé à Québec

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Août 252017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Au cours de la manifestation ratée de La Meute à Québec, des camarades ont identifié un autobus utilisé par les membres de La Meute basés à Montréal pour se rendre à Québec. Des camarades ont travaillé ensemble pour surveiller les alentours, dégonfler les pneus et enlever la plaque d’immatriculation de l’autobus. Le but est évidemment de rendre misérable la journée (et la vie) pour ces racistes privilégiés.


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Dénoncer la violence

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Août 242017
 

De Céline Hequet

Je n’étais pas à la contre-manifestation de dimanche dernier, à Québec, mais la déferlante médiatique qui s’en est suivie m’a donné envie de barrer les portes à double tour et de laisser les Devoir s’accumuler sur le perron jusqu’à ce qu’une tempête hivernale les emporte. De force.

En effet, sur toutes les plates-formes, les politiciens se sont empressés de faire leur activité préférée, soit de dénoncer «la violence», un terme employé tellement souvent qu’on ne sait plus trop ce qu’il veut dire. Quelle violence? De la police? De ceux qui lancent des objets dans la rue? De ceux qui pensent que certaines personnes méritent plus que d’autres de vivre dans des pays riches?

Dans le cas de certains élus, on s’est même demandé s’ils ne s’étaient pas fait hacker leur compte Facebook ou s’il fallait bel et bien y voir une trahison des gens qui les avaient mené sur le chemin de la renommée. On sait ce qu’il faut faire pour être politically correct; c’est à peu près la même chose que pour devenir le plus ennuyeux des politiciens de carrière. Et ce n’est pas comme ça qu’on va changer le Québec.

Oui, comme d’autres, j’ai vu les images de cet homme malmené par les militants antifascistes, alors qu’il affirme à la caméra être venu manifester avec eux. On m’a rapporté que l’individu dénonçait d’autres personnes à la police qu’il ne jugeait pas assez pacifiques.

Était-il vraiment un sympathisant de la contre-manifestation ou venait-il au contraire précisément pour la miner? Le doute plane. Mais c’est vrai, on ne devrait pas frapper les gens sans s’assurer préalablement qu’ils sont bien des nazis.

Je pourrais le reprocher aux militants d’extrême gauche. Cependant, quand je regarde les 100 dernières années d’histoire en Occident, je sais qui se trouve du bon côté. Et dans 50 ans, ce ne sont pas trois chaises cassées et un nez qui saigne que l’on racontera aux élèves, mais deux guerres mondiales et les camps de la mort.

Alors non, quand on me demande de dénoncer la violence de mes camarades – de ceux qui ont pu voir en direct le salut nazi qui, seulement en vidéo, m’a fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre – ça, je ne peux pas l’accepter. J’ai l’impression qu’on me demande de frapper le doigt qui pointe l’incendie.

La violence, c’est celle de l’extrême droite qui, si elle était cohérente avec elle-même, s’auto-déporterait en Europe. Vous n’avez pas plus le droit d’être là que quiconque, sauf les autochtones. Retournez d’où vous venez, on ne vous veut justement plus.

La violence, c’est celle des membres de La Meute qui lèchent les bottes du SPVQ parce qu’ils savent très bien que, dans les quartiers, les flics font déjà le sale boulot de profilage à leur place.

La violence, c’est celle de Jean-François Lisée qui, plagiant Trump sur Charlottesville, a osé tweeter «Manifs à Québec: la violence, les masques, c’est pas une façon de s’exprimer. Peu importe son opinion. Point final. #polqc», comme s’il y avait deux côtés tout aussi fautifs.

La violence, c’est celle des flics qui tirent des gaz lacrymogènes à bout portant sur des manifestant.e.s parce qu’ils n’en ont pas eu assez d’éborgner un des nôtres en 2012.

La violence, c’est celle des terroristes qui posent des bombes dans les mosquées des gens de chez nous.

La violence, c’est celle d’Atalante qui voudraient voir des personnes retourner vivre dans un pays où leur vie est menacée.

Alors, en toute responsabilité, parce que je connais les grands enjeux qui se cachent derrière ce tapage médiatique et ces images sensationnalistes, tout ce que je peux dire c’est: solidarité avec les antifascistes! Et bienvenue aux réfugié.e.s.

Les chefs traditionnels du 1er et du 7e district s’opposent aux projets de Junex

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Août 232017
 

Aujourd’hui, nous, Chefs des Conseils traditionnels des 1er et 7e Districts de Mi’kma’ki, sommes réunis pour le Banquet Junexit organisé par le Camp de la Rivière. Nous sommes ici non seulement pour soutenir l’occupation mise en place depuis le 7 août contre Junex, mais également pour réaffirmer nos droits et titres ancestraux sur ce territoire non-cédé et invaincu, tel que stipulé par la Proclamation Royale de 1763. Nous affirmons notre présence sur les lieux en vue de protéger notre territoire sous les Clauses de protection pour les territoires non-cédés et protégé par le droit constitutionnel, la charte des droits, les droits de l’homme et le droit international.

La Cheffe de Unamaki, le 1er District Mi’kmaq, qui mène sa propre lutte contre l’exploration gazière et pétrolière de Alton Gas, ainsi que la lutte historique et victorieuse contre la fracturation en 2011, à Elsipogtog (6e District), ajoute ainsi son appui à l’opposition présente du 7e District à l’exploration et à l’extraction sur son territoire par Junex.

Après le démantèlement de la barricade, la lutte ne fait que commencer, et des coalitions se forment entre les Chefs des Districts Mi’kmaq du nord et du sud, ainsi que les protecteurs de l’eau et de la terre allochtones.

En tant que Chefs de Conseils traditionnels Mi’kmaq, nous affirmons notre souveraineté complète et inviolable sur la terre que Junex tente de détruire en toute illégalité. Nous ne sommes pas concernés par les Chefs des Conseils de Bande imposés par la Loi sur les Indiens, dont l’autorité se borne exclusivement aux frontières des Réserves Indiennes fédérales, comme stipulé dans le Chapitre 91.24 de la Loi constitutionnelle. La Loi sur les Indiens ne définit que les frontières des réserves, et non pas les territoires traditionnels de chasse et de pêche. En dehors des Réserves Indiennes fédérales, l’autorité et la juridiction relève des droits ancestraux, et donc des Chefs traditionnels de Districts.

Nous demandons un moratoire immédiat sur toute exploration et/ou développement de gaz et/ou de pétrole dans le 7e District du territoire traditionnel Mi’kmaq.

En tant que peuple Mi’kmaq, nous avons le devoir et l’obligation de défendre et de protéger le territoire ancestral de notre district. Nous ne pouvons pas rester silencieux et accepter le forage de notre territoire, qui empoisonnera notre terre, notre eau, notre faune et notre flore. Nous appelons tous les groupes et individus qui se sentent concernés par la protection de l’eau et de la terre sur le territoire de Gespegawagi à faire entendre leur appui, à agir et à rejoindre la lutte sur place.

Suzanne Patles, Unamaki, 1er District de Mi’kma’ki
Gary Metallic, Gespegawagi, 7e District de Mi’kma’ki

Ville de Québec : les anti-fascistes bloquent la manifestation d’un groupe islamophobe

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Août 222017
 

De Sub.media

Des centaines d’anti-fascistes et d’anti-racistes ont bloqué une manifestation planifiée par La Meute, un groupe d’extrême-droite islamophobe et anti-immigration. Les manifestant.es ont affronté la police, attaqué un nazi, et ont fait en sorte que les membres de La Meute demeurent enfermés pendant plusieurs heures dans un stationnement intérieur à étages. Lorsque les manifestant.es sont parti.es, le groupe d’extrême-droite a pu sortir et prendre la rue.

Réponse de Jaggi Singh au maire Régis Labeaume

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Août 222017
 

Régis Labeaume, le maire de droite de la ville de Québec, vient tout juste de publier des commentaires incendiaires contre les manifestant·e·s antiracistes, ainsi que contre moi personnellement. Ses propos ont été rapportés ici.

Voici ma réponse publique et officielle :

Le maire Labeaume, tout comme Donald Trump, fait des rapprochements entre les militant·e·s antiracistes – et les tactiques que nous utilisons – et l’extrême-droite raciste. Cette comparaison faussée est absurde, tout comme les accusations lancées par Trump après Charlottesville. Avec ses commentaires d’aujourd’hui, le maire Labeaume joue le jeu des racistes de Québec, en répétant la même tactique manichéenne que depuis son arrivée dans l’espace public.

Plus largement, Labeaume reproduit la rhétorique de l’extrême-droite raciste en ordonnant aux gens de « retourner d’où ils viennent ». Il s’agit d’un des principaux « arguments » utilisés par l’extrême-droite et les groupes anti-immigration, incluant les racistes de la Meute, du Storm Alliance, et des Soldats d’Odin, qui ont tous une base importante dans la ville du maire Labeaume.

En me ciblant spécifiquement, le maire Labeaume encourage les trolls d’Internet et les activistes anonymes de l’extrême-droite qui, sur une base quotidienne, font des commentaires racistes à mon égard et m’envoient des menaces. Cette personnalisation à mon endroit est dangereuse et provocatrice. De plus, elle entretient une fausse image, puisque je ne dirigeais aucun groupe dimanche dernier. J’étais plutôt un participant actif dans la mobilisation antiraciste, en occupant un rôle public et ouvert, comme le confirment plusieurs camarades et médias. Selon un témoignage, « Avant de se faire arrêter violemment, le militant Jaggi Singh ne faisait que danser et scander des slogans, ou partageait quelques informations aux contre-manifestant-e-s ».

Labeaume, tout comme Trump, a une attitude sectaire et populiste, tout en bénéficiant d’une importante tribune médiatique. En parlant de « la gang à Singh », Labeaume rappelle les théories conspirationnistes de l’extrême-droite qui attribue toute les mobilisations à George Soros. L’extrême-droite de Québec croit, pour sa part, que je suis le principal responsable de la mobilisation antifasciste, et Labeaume reprend exactement leur argumentaire. Les propos du maire me rappellent les commentaires des skinheads racistes, mais avec un complet veston-cravate. (écoutez à partir de 1:35)

Le maire de Québec outrepasse ses pouvoirs s’il pense qu’il peut décider si moi, ou qui que ce soit, est le bienvenu dans sa ville. Il n’y a pas de frontière entre Québec et Montréal (et s’il y en avait une, je ne la respecterais pas de toute façon). Je vais définitivement continuer à visiter la ville de Québec, sur mes propres termes, et je compte participer à nouveau aux manifestations qui vont s’y tenir, et y visiter des ami·e·s et des camarades.

Par ailleurs, je sens qu’il est nécessaire d’ajouter que j’ai des liens forts avec la ville de Québec. J’y ai passé un été, il y a plusieurs années, durant lequel j’ai travaillé au Complexe scientifique sur la rue Einstein, tout en améliorant mon français. J’ai eu le privilège d’entendre un discours par le formidable syndicaliste Michel Chartrand à Québec, ce qui m’a aidé à améliorer ma connaissance de la langue d’une nouvelle manière. J’ai passé une année complète à m’engager dans un travail d’éducation populaire pour la justice sociale, en passant beaucoup de temps à Québec en prévision du Sommet des Amériques en 2001. Bien que je sois né à Toronto, que j’habite à Montréal, que je sois un militant anarchiste, le maire de Québec ne peut pas m’imposer à moi (ou à qui que ce soit) quand et comment je peux visiter la ville de Québec.

Plutôt que de s’en prendre aux manifestant·e·s antiracistes, Labeaume devrait probablement réfléchir à sa propre complicité et sa responsabilité par rapport au climat xénophobe actuel dans la ville de Québec. Au cours des dernières années, un mélange explosif de radio-poubelles, de politiciens populistes comme Labeaume, et de cynisme a fait de la ville de Québec un terreau fertile pour l’extrême-droite raciste, où les groupes anti-immigration ont une grande marge de manoeuvre pour s’organiser ouvertement et en toute impunité. En insultant les manifestant·e·s antiracistes, Labeaume crée un écran de fumée pour masquer son inaction et son indifférence face au racisme, à la xénophobie et à l’islamophobie, qui ont eu des conséquences meurtrières dans la ville de Québec.

Il apparaît de manière évidente que ni le maire, ni la police de Québec, n’ont la capacité de régler le problème de l’extrême-droite raciste dans leur ville, et s’en rendent même complices de différentes manières. Face à cette situation, les militant·e·s antifascistes de Québec, Montréal et des autres villes vont continuer à s’organiser sur leurs propres bases, à travers l’éducation populaire, le soutien aux immigrant·e·s et aux autres communautés ciblées, et, lorsque nécessaire, s’engager dans l’action directe pour confronter les racistes d’extrême-droite et les fascistes.

Heureusement, la ville de Québec est beaucoup plus que les radio-poubelles, que le maire Labeaume, et que les groupes d’extrême-droite. Il y a une belle communauté dans la ville, que j’ai bien connue dans le passé. Mes expériences à Québec, à l’exception des racistes d’extrême-droite et de la police, ont été positives. J’ai beaucoup appris de d’autres militant·e·s de la communauté, et je salue leur résilience et leur mobilisation. Les commentaires récents de Labeaume, qui confortent sa base raciste, ne font qu’alimenter notre détermination à nous mobiliser encore plus efficacement entre antiracistes et antifascistes.

Pour reprendre un slogan entendu sur les rues de Québec ce dimanche, « Tout le monde déteste les racistes! Bienvenue aux réfugié·e·s, aux migrant·e·s, aux musulman·e·s, aux Haïtien·ne·s, et à tous et toutes! »

— Jaggi Singh, militant antifasciste et anarchiste