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11 juin : La communication est une arme

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Mai 242017
 

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

Chaque flic a un secret : attaquer le pouvoir est facile

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Mai 232017
 

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Partout où il n’y a pas de flic – et ils ne peuvent pas être partout en même temps – il y a des banques, des condos gentrificateurs, des bureaux gouvernementaux, des caméras de surveillance, des murs blancs, et l’infrastructure du capitalisme (les chemins de fer, les autoroutes, les oléoducs, les projets de construction, etc.). Ceuzes qui attaquent ne croient pas que l’histoire ait un seul chemin, celui écrit par les autorités, celui vers une société de plus en plus contrôlée et morte. Autour de nous, la surveillance généralisée nous montre que les autorités ont peur du potentiel de nos actions pour vivre librement. En choisissant de nous révolter contre chaque chose qui nous empêche de vivre véritablement, nous pouvons contribuer à détruire ce monde imposé tout en en créant un autre.

Un monde où les gens sont libres de construire les réseaux et les relations qu’illes désirent pour répondre à leurs besoins, de manière commune et avec les autres, sans la coercition du capital. Où les prisons sont rasées et où le patriarcat, la police, les politiciens et les patrons sont choses du passé. Où les économies du don comme l’entraide et la solidarité dévastent l’esclavage salarié et la marchandisation de nos vies. Un monde où nous sentons que nous faisons partie de la Terre et que nous en dépendons, non pas qu’elle est à exploiter.

Un monde d’anarchie.

Coucou les bobos

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 19 mai, nous avons décidé de nous rassembler pour attaquer le restaurent Ludger, le bureau de Projet Montréal et le IGA de Saint-Henri.

Si nous avons attaqué-es le Ludger, ce n’est pas seulement pour dénoncer les plats trop cher qu’on y sert, mais pour s’attaquer au mode de vie des jeunes professionnels yuppis qui viennent envahir les quartiers populaires avec tout leur fric et qui contribue largement à l’exclusion des pauvres dans le quartier.

Si nous avons attaqué le bureau de Projet Montréal ce n’est pas seulement pour leur rôle dans la gentrification du quartier en sortant l’argument de la mixité sociale et en favorisant l’implantation de nouveaux commerces et de nouveaux projets de condos. Nous avons attaqué le bureau, car c’est le monde politique au grand complet qu’on voulait attaquer. Nous refusons d’être représentés et diriger par quelqu’un-e d’autre que ce soit le premier ministre ou un député d’arrondissement. Nous sommes maîtres de notre propre vie.

Si nous avons attaqué le IGA ce n’est pas seulement parce que la bouffe y est trop cher, mais parce que nous croyons que bien manger ne devrait pas être un luxe, mais quelque chose de gratuit et accessible à tous et à toutes. Dans ce quartier, certaines personnes ont faim et nous ne voulons pas être des observateurs désolés de la situation.

Nous sommes très conscient-es qu’en s’attaquant à ces cibles ce ne sont pas les grandes institutions capitalistes qui ont été visées. Il reste que ces commerces sont le reflet, à plus petite échelle, d’un monde qui favorise toujours les plus nantis face aux plus pauvres qui subissent toujours plus la misère. C’est pourquoi nous avons voulu pendant un instant renversé l’ordre des choses et faire comprendre à ces gens qu’ à force de se faire piétiner dessus à chaque jour nous pouvons aussi mordre. Nous voulons une vie riche pas une vie de riche.

Nous avons été réjoui-es le lendemain matin en voyant dans les nouvelles que d’autres commerces avaient été attaqués dans la même nuit à Verdun.

p.s On espère ne pas avoir trop déranger votre petit souper du vendredi.

Des insoumi-ses


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Toi aussi tu restes à “Montréal” cet été?

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Mais où est-ce qu’on va quand on reste en ville?

Dans les parcs? Sur les balcons des ami-es? Qu’est-ce qu’on fait quand on ne veut pas se résigner au métro-boulot-dodo ou au loisir des festivals de la ville ou au 375e anniversaire de la colonisation de l’île? À l’été qui passe mollement au fil des bières dans les parcs? Qu’est-ce qu’on fait du potentiel de l’été et des espaces soudainement ouverts sous le soleil et les nuits chaudes? Fini l’hivernation. J’ai envie que la vie soit un voyage même si je reste ici. J’ai envie que le camping sauvage, ça soit pas juste dans le bois ou sur la route vers la Gaspésie. Je veux d’une présence qui se creuse une place en divers lieux pour nourrir les amitiés, la créativité des relations d’entraide et nos rébellions. Être ensemble avec la ville comme terrain à occuper (tout en s’activant pour que la ville ne fête pas trop son occupation coloniale), perturber les limites imposées par les clôtures, les interdictions de flâner et les gazons bien taillés. Ne pas demander la permission et (s’)occuper des bâtisses, des ruelles, des terrains en friche.

Fak… C’est quoi le plan?
Ça promet!

L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le 25 mars 2017, près de 200 personnes ont répondu à l’appel d’aller confronter des groupes d’extrême-droite qui planifiaient perturber une journée d’ateliers anti-racistes/anti-fascistes à Montréal. L’appel a été lancé après qu’un événement Facebook ait fait surface, appelant à empêcher les « ateliers terroristes ». Cet événement a été créé par la Coalition Canadienne des Citoyens Concernés (CCCC), le même groupe qui avait appelé les rallies du 4 mars dernier qui ont eu lieu à travers le Canada contre les immigrant.es. Ce jour-là, pour la première fois, le groupe fasciste La Meute a été capable de prendre les rues de Montréal.

Vers 9ham, des gens ont commencé à se rassembler sur le campus de Concordia, au centre-ville, devant le pavillon Hall où les ateliers allaient se tenir. La foule était composée d’un mélange d’étudiant.es, d’anti-fascistes et d’anarchistes, dont près de la moitié avait le visage couvert. C’était un matin froid et boire du café sans retirer nos masques s’est avéré plus difficile que d’habitude, mais la menace réelle d’une autre mobilisation de l’extrême-droite, similaire à celle du 4 mars, nous a gardé.es vigilant.es.

Après environ 45 minutes, une mini-van grise s’est arrêtée à côté de la foule. Georges Hallak, le leader et apparemment seul membre du CCCC, est débarqué. Avec un rictus de mange-marde et un drapeau canadien attaché à l’extrémité d’un bâton de hockey (les fuckings canadiens…), il a commencé a marcher vers la foule, arrivant tout juste à faire quelques pas avant de rencontrer un barrage de poings. La police a rapidement tracé son chemin jusqu’à lui, menotté Hallak, et l’a enfourné dans une voiture de patrouille.

La foule a rit et applaudit, autant excitée qu’incrédule face à la scène qui venait de se produire (sérieusement, un drapeau canadien collé à un bâton de hockey… what the fuck?). Pour ajouter du ridicule à la situation, il s’est avéré qu’Hallak était en livestream sur Facebook pendant que ça se passait. Le vidéo de sa disparition éclair vit dans nos coeurs et sur nos disques durs. L’ambiance a ainsi été posée : semblerait-il que la foule soit en mode confrontation.

Dix minutes plus tard, un skinhead solitaire s’est matérialisé de l’autre côté de la rue. Vêtu de pantalons de l’armée, avec des lunettes fumées de mauvais goût, et des « bretelles rouges[1. Dans certains cercles skinhead, les bretelles rouges doivent être méritées, gagnées en commettant un acte violent comme une attaque contre un ennemi perçu de race blanche. Toutefois, quelques skinheads portent du rouge non pas parce qu’ils ont commis un acte de violence mais simplement parce que ça fait partie de leur sous-culture.] », l’homme s’est promené autour, a parlé à la police, et s’est caché derrière une voiture de police, apparemment confus quant à l’endroit où se trouvait le reste de ses amis. Quelques projectiles ont été lancés dans sa direction, mais la foule ne s’est pas occupé de lui plus longtemps. Éventuellement, un petit groupe d’individus masqué s’est approché et l’a poussé au sol (note : les Doc Marten’s ont une adhérence terrible et ne sont pas très performants dans la neige). Après quelques coups de poings, la police a mis fin à la bagarre, ce qui a fait retourner les individus masqués dans la foule.

Au milieu de toute cette excitation, nous avons échouer à remarquer que le conducteur de la mini-van s’était stationné à moins d’un bloc de distance de la manif. Après avoir confirmé que c’était bien le même véhicule, la foule s’est approché pour quelques secondes avant qu’elle ne s’enfuit. Une volée de roches a frappé le véhicule, même si nous n’avons pas été capables de le rattraper.

Dans le livestream d’Hallak, il mentionne s’être coordonné avec les Soldats d’Odin (SDO), un groupe de d’auto-défense anti-immigrants. SDO a été formé en Finlande en 2015 mais a depuis lors établit des chapitres dans des dizaines de villes à travers le Canada. Peu après l’arrestation d’Hallak, près d’une vingtaine de membres de SDO ont été repérés en face d’un McDonald, à un bloc de distance de la manif. Quelques dizaines de personnes vêtues de masques se sont séparées de la foule principale dans un effort pour aller les confronter, mais la police était partout.

Après s’être regroupé, SDO a marché vers la manifestation, ne réussissant à s’approcher qu’à un demi bloc de distance avant d’être accueillis par un groupe de militant.es fâché.es. La police a d’abord prévenu les deux côtés de s’affronter, mais un petit groupe a avantageusement fait usage d’une ruelle pour lancer des œufs sur SDO et des morceaux de glace. SDO a rebroussé chemin vers le McDonald et s’est dispersé.

À un certain point lors de ces premières confrontations, la police a été capable d’isoler un anti-fasciste, de le battre et de l’arrêter. Il s’est fait donné une amende et été relâché plus tard. Durant les heures qui ont suivi, plusieurs des manifestant.es présent.es le matin ont participé aux ateliers du matin sans qu’ils n’aient été perturbés, alors que quelques autres moments hilarants se passaient au dehors.

Deux membres de SDO ont été repérés en train de manger des cheeseburgers dans le McDonald. Un petit groupe d’individus masqué est entré dans l’Arche Dorée et a tenté de les confronter, mais il en a plutôt résulté une conversation incroyablement malaisante entre les deux groupes. Nous nous tenions autour avec gêne alors que des personnes, qu’on présume avoir été là par intérêt pour les nouveaux déjeuners servis toute la journée, se demandaient si on était en file. Les deux hommes sont devenus de plus en plus grincheux, et on a décidé que des renforts pourraient être utiles. Rapidement, un foule d’une vingtaine de personnes est arrivée et a attaqué un des membres de SDO avec des œufs et des coups de poing. Lorsqu’un pickup est arrivé pour les aider à fuir, un autre membre s’est fait tabasser au sol et le véhicule a eu une vitre fracassée grâce à une roche bien lancée.

La mini-van d’Hallak, stationnée devant la station de police puisque son conducteur voulait apparemment s’assurer de son état, a été bien redécorée (juste à temps pour le printemps!). La police a tenté de faire entrer Hallak dans son véhicule mais ont été forcer de le garder dans leur voiture lorsqu’une petite foule prête à la confrontation est arrivée. La mini-van et la voiture de patrouille se sont éloignées, et ont disparu.

Après une heure sans voir les racistes, les manifestant.es se sont dispersé. Le matin a été rempli d’événements et d’activités amusantes, ce qui était bienvenu pour nous remonter le moral après les échecs du 4 mars. Malgré tout cela, nous pensons qu’il est important de relever certains aspects qui méritent d’être améliorés.

Bien que les racistes aient été neutralisés et en sous-nombre comparé aux anti-racistes, ils ont tout de même été capables de se rassembler, même si c’était juste sur le trottoir. Ceci peut être en soi une victoire pour eux. Leur capacité à prendre la rue servira à galvaniser leurs rangs et à leur offrir des opportunités pour rayonner et recruter des membres potentiels. Une approche sans plateforme fonctionne mieux si nous réussissons à rendre totalement impossible pour eux le fait de se présenter en grand nombre.

Les groupes qui se présentent à ces événements (CCCC, les Soldats d’Odin, La Meute) ont une présence très publique sur internet. Une surveillance en ligne peut nous aider à glaner des informations cruciales quant à leurs tactiques et à leurs capacités logistiques. Les visages de ces personnes et leurs noms complets sont sur Facebook.

Ces manifestations peuvent consister en beaucoup de temps mort. Nous attendons parfois plusieurs heures avant que l’ennemi ne fasse signe. Utilisons ce temps pour organiser des assemblées informelles et des conseils de porte-parole lors desquels nous pouvons partager des idées et discuter de stratégies pour se retrouver avec plus de cohésion dans les rues.

L’anarchie : What The Fuck?

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Mai 222017
 

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Les anarchistes s’opposent à toute forme de pouvoir qui opprime. Nous aspirons à un monde basé sur l’auto-détermination et l’aide mutuelle. Alors que le monde tends vers la tyrannie, la sûreté de nos communautés sera assurée par les actions directes de ceuzes qui en font partie. Si tu êtes prêt.es à agir sans attendre des ordres, tu es l’un.e des nôtres.

Les anarchistes sont de ceuzes qui regardent la réalité en face et désirent la transformer complètement : éliminer l’exploitation et la domination. Les anarchistes sont parmi les seul.es à offrir une vision claire d’une autre manière de vivre. En nous organisant dans des réseaux et des espaces communautaires à travers le monde, nous arrivons à nous assister les un.es les autres en répondant à des besoins de base et en construisant une capacité collective à nous défendre nous-mêmes. Dans les quartiers, les lieux de travail et les écoles, les anarchistes luttent contre l’embourgeoisement, contre la violence de la police, et contre l’exploitation tout en créant des infrastructures inclusives, créatives et alternatives pour la survie. À travers les biorégions, nous nous organisons pour protéger notre eau potable et la terre dont toute la vie dépend.

Les anarchistes voient que l’imposition du racisme, de la société de classe, de la nationalité, du genre et du patriarcat participent tous à la création d’un monde où quelques-uns possèdent tout et où, pour survivre, le reste est forcé à travailler pour eux. Un monde maintenu en place aussi par les institutions de contrôle direct sous la forme de la police et des prisons.

Les anarchistes reconnaissent que l’État nous attaque doublement. D’un côté, sous la forme du marché capitaliste et de l’autre, avec le massacre des peuples et de la terre depuis des centaines d’années. Les anarchistes sont de ceuzes qui en ont assez de tout ça.

Naturellement, les policiers, les politiciens et les riches décrient les anarchistes comme dangereux, et ils ont raison parce que si les anarchistes le pouvaient, tous ces rôles n’existeraient plus. Nos corps et nos esprits deviennent las alors qu’on nous intime de grandir, de taire notre rage, d’aller voter, d’attendre une autre décennie pour que les choses changent. Nos rêves et nos désirs aspirent au débordement, à quelque chose de différent.

L’anarchisme signifie autant la destruction les forces qui veulent nous garder à genoux que de trouver des ami.es, des amoureux.ses, des familles et des communautés pour nous appuyer les un.es sur les autres, avec une rage et une joie déliées. Les rues inondées par des danses et des rires durant l’émeute, le potluck qui laisse tout le monde repus, le centre social rempli de livres et d’idées, les amitiés basées sur l’affinité et la solidarité inconditionnelle, la fenêtre éclatée pour laisser passer la lumière de l’extérieur.

Dans un monde rempli d’aliénation et d’apathie, les anarchistes veulent agir en accord avec leurs idées. Les anarchistes sont ceuzes qui mettraient le feu à un bulldozer ou à une nouvelle maison de luxe plutôt que de laisser une forêt se faire raser, ou qui aimeraient mieux entendre le bruit de la vitre qui éclate plutôt que le discours d’un politicien. Déserter et désobéir à toutes les règles écrites contre nous, en squattant et en volant pour survivre, en rejetant les rôles qui nous sont assignés, comme bonne travailleuse, bon étudiant, bonne citoyenne, bonne femme, bon homme. Réécrire les fins habituelles, en supportant les prisonnier.ères plutôt qu’en les laissant disparaître dans l’isolement, en tabassant les violeurs et les homophobes plutôt qu’en subissant leur violence, en créant des formes d’amour qui nous donnent de la force plutôt que de nous contenir et nous limiter. Prendre le contrôle de notre environnement en faisant des graffitis sur les murs ou en occupant l’espace et en plantant des jardins. En nous armant de la capacité à créer un nouveau monde et en détruisant celui qui nous a été imposé.

L’anarchisme à Montréal

Pour une introduction de base aux valeurs anarchistes, tu peux aller voir « Pour tout transformer, un appel anarchiste », de même que d’autres textes d’introduction sur Millefolium, un projet anarchiste local de distribution de zines.

Montreal Contre-information est un site web local qui publie des nouvelles et des analyses à propos de luttes anarchistes à Montréal. On y retrouve une archive de contre-information incluant des flyers, des posters, des publications, des bannières et des graffitis. Il y a aussi une page avec des événements à venir à Montréal, de même que des guides pratiques pour toute personne qui veut développer des capacités pour l’action directe.

La Déferle est un espace social anarchiste à Montréal dans le quartier d’Hochelaga. L’insoumise est une librairie anarchiste au centre-ville.

Si tu veux en savoir plus à propos de l’anarchie en Amérique du Nord, tu peux visiter ces sites webs (anglophones) :

crimethinc.com – analyses anarchistes et ressources introductives
itsgoingdown.com – couverture de l’activité anarchiste à travers l’amérique du nord
sub.media – couverture vidéo de l’anarchisme (parfois avec des sous-titres français)

420 – Autant contre la légalisation que la criminalisation

 Commentaires fermés sur 420 – Autant contre la légalisation que la criminalisation
Mai 222017
 

Le texte suivant fait partie d’un zine ayant été distribué cette année au 4:20 de Montréal, accompagné de deux autres textes récemment publiés sur anarchistnews.org (A Lament for Criminality et Psychonauts Can Also Be Pirates : How to Do Drugs and Get Free). Un reportage de l’événement suivra prochainement, accompagné d’un pdf du zine pour que d’autres le distribuent ailleurs lors d’événements semblables.

J’aborde l’ « enjeu » de la légalisation du pot, et les espaces qu’il occupe principalement avec deux choses en tête :

D’abord, peut-être qu’avec le désir de montrer le sérieux de nos positions (ou parce que nous nous croyons trop cool?), il semble que nous ayons abandonné les espaces alternatifs non punk, queer ou hipster à la droite et aux libéraux. Ces espaces ont été dominés par des gens avec qui nous n’avons pas d’affinité en tant qu’anarchistes, mais dans lesquels participent (du moins modérément) toutes sortes de jeunes rebelles hostiles à certains aspects de la loi et l’ordre, et qui ne portent pas la « cannabis culture » comme l’identité stupide qu’elle est souvent. En tant que weirdo iconoclaste ayant tendance à bien m’entendre avec toutes sortes de gens, mais sans jamais vraiment être adapté à quelque part de particulier, je déteste la tendance des anarchistes à s’isoler volontairement.

J’ai toujours été dégouté par les éléments remplis de préjugés racistes et anti ouvrier.res (contre la classe des travailleur.euses) de l’aile droite du mouvement pour la légalisation du pot, qui domine largement là d’où je viens : Vancouver. Je veux intervenir dans ces espaces pour montrer à d’autres rebelles potentiels qu’il y a des chemins non-réformistes qu’on peut prendre, et qu’on ne devrait pas aspirer à une légitimité au sein des systèmes qui nourrissent notre misère et notre aliénation.

En l’honneur de tous les vieux ami.es et connaissances qui meurent à un rythme horriblement tragique avec l’épidémie de fentanyl dans le Lower Mainland en Colombie-Britannique, que ni l’aile droite du mouvement pour la légalisation du pot, ni l’aile gauche de ceuzes qui se concentrent sur des pratiques de réduction des méfaits ne peuvent adresser adéquatement. Ce qui est nécessaire, c’est un assaut total, à la fois contre l’État et les patrons qui nous ont laissés complètement disempoweré.es et isolé.es, vers une individualité libre et créative, basée sur des communautés rebelles, que le monde néolibéral a pour intention de détruire et d’effacer.

– Llud (Wreck/Black Banner Distro)

La « Guerre contre la drogue » n’a jamais commencé,
et ne se terminera pas avec la prohibition du pot

Une guerre fait rage depuis plus d’un millénaire. Beaucoup peut être dit à propos de cette guerre, mais généralement nous la résumons à la consolidation d’une force, de ressources et de la légitimité à travers la dépossession et la marchandisation de l’humanité et de la terre. Nous pouvons appeler cette guerre l’État. Cette guerre n’a initialement affecté que des petites parties du monde, autour des territoires contrôlés par des Empires variés comme les Incas ou les Égyptiens. Mais à présent, après plus de cinq cent ans de globalisation capitaliste, cette guerre affecte presque l’entièreté de la planète, laissant seulement quelques petites enclaves hors d’atteinte, comme en Papouasie ou dans la forêt Amazonienne. Des vagues constantes de domination et d’exploitation ont apporté des degrés de plus en plus grands de richesse et de contrôle aux puissants et une tragédie encore plus grande aux dépossédé.es. À travers ces processus, des gens ont été réduits à l’esclavage ou autrement exploités, des génocides ont été menés, et des écosystèmes entiers ont été réduit à leur composants chimiques.

Mais en quoi tout ça a à voir avec la « guerre contre la drogue »?

Puisque cette guerre a toujours eu pour fonction de dominer les peuples, les cultures, les animaux et les environnements qu’illes habitent, elle est aussi à propos du contrôle imposé sur les pensées des gens, ce qu’illes peuvent faire d’euxlles-mêmes, et ce qu’illes peuvent mettre dans leur corps.

Au Moyen-Âge, par exemple, certains éléments de la société européenne, particulièrement les paysan.nes, conservaient des aspects des cultures païennes, pré-chrétienne. Ces cultures mettaient l’emphase sur une forte connection à la nature, à la sexualité, sur des rôles genrés beaucoup moins rigides, une sexualité queer, où les femmes détenaient le contrôle sur leurs grosses ainsi que sur la prise d’herbes médicinales et de drogues psychoactives orienté vers des buts spirituels. Afin de gagner plus de contrôle sur les populations rebelles, les États européens ont mené des campagnes militaires, publicisées comme Croisades, et des Inquisitions sur des centaines d’années. Les gens qui avaient, ou dont la rumeur voulait qu’illes aient ces types de comportements, étaient jugé.e.s comme « sorcières » ou « hérétiques ». Ainsi, des milliers de personnes et particulièrement des femmes, furent torturées jusqu’à ce qu’elles confessent et soient brûlées au bûcher. Dans plusieurs cas, les frais de ces inquisitions étaient payés par les accusé.es, dont la propriété était saisie et divisée entre les juges et les accusateurs.

À l’époque, il existait également des terres libres qui n’appartenaient à personne, et qui étaient partagé.es par tous les paysans d’un secteur local, auxquelles ont référait comme « les communes ». Ces parcelles étaient utilisées pour récolter des herbes ainsi que pour des pratiques culturelles séparées de l’Église (dont il n’était possible d’appartenir qu’à une seule à l’époque). Les communes ont graduellement été avalées par la privatisation des terres à l’époque des Croisades et des Inquisitions. Ici, nous pouvons tracer des parallèles avec cette histoire et celle de l’héritage colonial du territoire que nous appelons « Canada ». Les langues et les cultures autochtones, qui avaient aussi de profondes connections à la terre et à sa vie végétale sauvage, ont été rendues illégales, envoyant de force les enfants autochtones dans des écoles religieuses, et auxquels on a appris à s’haïr eux-mêmes ainsi que leurs cultures. Tout cela coïncidant avec une dépossession massive de la terre des peuples autochtones, par l’État et les propriétaires terriens privés, autant qu’à travers la création de Parcs – c’est-à-dire des places où les gens peuvent visiter et observer la vie sauvage de laquelle ils ont été aliéné.es, mais où on leur interdit de vivre en faisant partie de la terre.

En observant spécifiquement l’enjeu de la marijuana, on peut voir que, tout autant que l’opium et la cocaïne, les lois qui en ont d’abord criminalisé l’usage faisaient partie d’un narratif ciblant les personnes chinoises, mexicaines et noires aux États-Unis, la même logique s’appliquant à travers la majorité de l’empire colonial britannique. Un élément clé de ce narratif raciste était la paranoïa avec laquelle la jeunesse blanche était amenée à des relations interraciales à travers l’usage de ces drogues, ce qui pouvait être vu comme une attaque contre la suprématie blanche.

La « guerre contre la drogue » n’a jamais été un enjeu purement local et, jusqu’à présent, a joué un rôle important dans la globalisation capitaliste. La « guerre contre la drogue » est une composante importante du capitalisme moderne, et rempli les prisons locales, de manière disproportionnée avec des personnes de couleur. Aux États-Unis, l’inondation des quartiers pauvres par le crack et l’héroïne fait partie d’une stratégie gouvernementale très bien documentée pour réprimer des mouvements sociaux rebelles. Dans des endroits comme le Mexique, où on fait souvent référence au gouvernement comme « narco-État », la « guerre contre la drogue » joue un rôle important pour terroriser les travailleur.euses et les paysan.nes. Les organisations paramilitaires jouent un rôle dans le processus entamé par l’Accord de Libre-Échange Nord-Américain qui dépossède les peuples autochtones de leurs terres utilisées en commun afin de les ouvrir à la culture de Coca pour produire la cocaïne, autant qu’aux cultures légales comme celle de l’avocat pour les marchés capitalistes globaux. Ceci a le triple effet de produire des profits pour les capitalistes, de garder les travailleurs.euses et les paysan.nes obéissante à travers la peur et la répression, et la délégitimisation ainsi que le refus d’accorder les ressources aux mouvements sociaux rebels.

Ceci est une situation désastreuse, et il est triste de voir la réponse qu’elle reçoit de la part du mouvement pour la légalisation de pot ici au Canada. Bien qu’il soit vrai que nous nous battons contre un ennemi gigantesque, et que cet ennemi ne puisse être attaqué qu’en partie, la vision réformiste étroite poussée par des gens comme Marc et Jodie Emery n’a pour effet que renforcer le système auquel nous devons nous opposer. Nous ne pouvons adresser de manière effective qu’un minuscule aspect de cette guerre, parce que le monstre que nous combattons continuera son chemin de misère et de destruction vers d’autres aspects.

Si le mouvement de légalisation du pot est victorieux par ses maigres buts, cela ne signifiera que de plus grans profits pour les corporations phramaceutiques et d’alcool, et pour quelques petits propriétaires de commerces (comme Marc Emery). Le reste d’entre nous perdra l’opportunité de revenus non-imposés, et notre weed pourra être régulé et rempli d’encore plus de produits chimiques que ce qu’il peut déjà être, la récolte d’une infinité variée d’autres herbes médicinales sauvages deviendra encore plus précaire alors que la terre continue à être pillée et empoisonnée par l’industrie, et le système carcéral trouvera toujours des raisons supplémentaires pour tuer et emprisonner les personnes de couleurs, autant que les pauvres et la classe des travailleur.euses, de la même manière qu’il en a toujours été. En combattant la prohibition, il est important de questionner la notion de légalité elle-même.

Il est important de souligner que tout en prévenant une plus large analyse du problème, le mouvement pour la légalisation du pot nous distrait en soulignant le pacifisme et un « moindre mal » ineffectif en faveur de divers partis politiques en temps d’élection, pour atteindre ses buts. Tristement, il souligne aussi une solidarité seulement envers les contrevenants « non-violents » de stupéfiants (ce qui veut dire des propriétaires blancs de classe moyenne), et nous sommes incapables de pratiquer une solidarité expansive à travers des actions – une solidarité qui prendrait en considération ceuzes qui ne sont pas des anges parfaits et innocents, ceuzes qui peuvent avoir des problèmes à survivre dans ce monde pour un million de raisons – qui pourrait réellement adresser le problème.

La guerre contre la drogue n’a jamais été à propos d’une haine mystérieuse contre une plante stupide, mais comme je l’ai expliqué, elle est une des manières fondamentales que le pouvoir nous a régulé pendant des centaines d’années. Avec cela en tête, nous pouvons comprendre que l’idée même d’une politique respectable et légitime renforce la prohibition. Les frontières renforcent la prohibition. Le racisme renforce la prohibition. Le sexisme renforce la prohibition. La prison renforce la prohibition. La propriété renforce la prohibition, et la notion même d’État-Nation renforce la prohibition.

Oui, il est important de se battre contre l’absurdité qu’est la possibilité d’être kidnappé par une police armée pour avoir fait brûlé une plante. Mais il est aussi important de briser et d’aider les autres à briser toutes les autres lois absurdes.

Cette guerre qu’est l’État n’a jamais été une victoire ou une défaite complète. La résistance historique à la domination a inclus des communautés esclaves en fuite (connus comme marons) qui s’organisaient et attaquaient leurs anciens maîtres, des communautés autochtones engagées dans des luttes à long-terme contre les colonisateurs; des femmes, des personnes queers et trans qui s’organisent pour se défendre contre des attaques et vivant des vies joyeuses à la marge d’une société qui veut les détruire; des jeunes et des contre-cultures qui prennent leur liberté en main, des femmes qui prennent le contrôle de leurs corps et refusent la logique du patriarcat, des travailleurs qui sabotent la machinerie qui intensifie leur soumission à l’économie, et une multitude d’autres formes.

Cette résistance continue sous plusieurs formes aujourd’hui. Il est important d’aider les gens à traverser les frontières illégalement. Il est important de se battre contre le système carcéral. Et il est important de briser et de généraliser un mépris pour les lois de propriété qui nous empêchent de nous loger nous-mêmes, et qui nous forcent à garder des jobs qui nous broient. C’est important parce que nos vies et un respect de soi et des autres est en jeu.

Guerre totale contre le marché et les hiérarchies!

Pot libre, vies libres et terres libres pour tous.tes!

Aux premières lignes de la bataille contre l’islamophobie

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Le 4 mars, un appel a été lancé par un groupe (probablement composé d’une seule personne) connu sous le nom de la Coalition Canadienne des Citoyens Concernés pour une série de manifestations islamophobes à travers le Canada. Les rassemblements étaient organisés contre le projet de loi M-103, une motion parlementaire condamnant l’islamophobie (au lendemain du massacre de la mosquée de Québec plus tôt cette année) décrite par le CCCC comme une attaque contre la liberté d’expression[1. M-103 est une dénonciation standard et peu remarquable par un politicien. C’est une motion non-contraignante qui appelle à la reconnaissance du problème du racisme et de l’islamophobie et à leur destruction, à la réalisation d’études et à la récolte de statistiques, et à la recherche de solutions, mais qui ne suggère rien de bien concret au-delà de ça.]. Le 4 mars, les rassemblements étaient déclarés officiellement « pour la liberté d’expression, contre la charia et contre la globalisation » et les directives internes invitaient tout particulièrement les gens à ne pas amener des signes de la « supremématie blanche » ou ouvertement racistes (ce qui ne les a pas empêchés de nous crier « traîtres à la race » ou de faire des saluts nazis).

L’islamophobe derrière le CCCC basé à Montréal, George Hallak, semble avoir adopté une approche du genre « lance le sur le mur et voit si ça colle », en créant des événements Facebook à travers le Canada et en publiant ensuite une demande sur le mur l’événement pour voir si une personne de la localité pouvait s’en occuper. Non seulement ça a eu du succès dans le Canada anglais – dans plusieurs villes, des racistes de différentes localités ont fait la rencontre les uns des autres et se sont aussi présentés la dite journée (même s’ils ont été généralement beaucoup moins nombreux et submergés par les antiracistes) – mais au Québec, l’effort a été pris en charge par les groupes d’extrême-droite de la province et a, ici, ouvert la possibilité du premier « coming out » coordonné et uni de l’extrême-droite.

Depuis maintenant plus de 20 ans, les forces radicales de Montréal – généralement menées par les anarchistes et les maoïstes – ont empêché chaque rassemblement public de l’extrême droite avec consistance. Une fois de plus, les forces s’étaient préparées à faire la même chose que par le passé. Malgré des températures très froides (-20ºC), un nombre de gens comparable à celui des multiples mobilisations antifascistes de 2016 (quelques centaines) s’est présenté, et certaines personnes étaient préparées à agir. Cependant, à la différence de 2016 où il y avait tout au plus une dizaine de racistes qui se pointait, cette fois, ils étaient plus de 100 avec leur propre corps de sécurité compétent, imposant et coordonné avec la police.

À Montréal, notre côté a eu le dessus de manière superficielle – nous étions plus qu’eux, quelques-un.es des leurs se sont fait frapper, certain de leurs signes et drapeaux ont été pris de force, la police était positionnée pour les « protéger » de nous et lorsque certain.es d’entre nous ont pris le dessus sur la police, les fascistes se sont éloignés pour finalement se disperser – mais ceci n’était en réalité qu’un échec pour nous. Pour se rendre au site du rassemblement, les racistes ont marché à travers le centre-ville. Une fois le contingent raciste arrivé, ils ont été capable de tenir leur position (protégée par la police) pour plus d’une heure en s’affichant de manière impressionnante (gros drapeaux, pancartes, etc.). Lorsque la police a été finalement débordée et que certaines de nos forces ont pu rejoindre les racistes, ces derniers ne se sont pas enfui, mais ont plutôt marché de manière ordonnée sous escorte policière jusqu’à leur point de départ, et de là se sont dispersés.

Ce que nous décrivons plus haut a été l’objectif de l’extrême-droite depuis des années, mais les groupes qui s’y essayaient (pour prendre un exemple récent, PEGIDA Québec l’a tenté à de multiples reprises en 2015 et 2016) étaient incapables de réussir – chaque fois, leurs forces étaient minuscules et ils avaient l’air minables. D’après ce qu’on a vu le 4 mars et d’après de nombreux compte-rendus, ils se sentent aujourd’hui bien loin de ça. Par le passé, pour chaque personne qui se présentait de leur côté il y en avait une dizaine qui affirmait sur les médias sociaux vouloir s’y pointer mais qui ne le faisait pas (par peur d’être grandement submergés et humiliés ou blessés). Pour cette raison, le fait qu’ils aient réussi à manifester pourrait vouloir dire qu’ils feront encore mieux la prochaine fois.

À Québec les choses étaient pires encore – ce qui est obscène, puisque c’est la ville où, il y a cinq semaines, une personne d’extrême-droite a tué six personnes et sérieusement blessé de nombreuses autres en ouvrant le feu dans une mosquée. L’extrême droite a mobilisé plus de 100 personnes, dont la majorité était d’âge mûr ou plus vieux encore, et qui n’était probablement pas du genre à vouloir aller jusqu’à la confrontation physique. Cependant, un plus petit contingent associé avec le groupe fasciste Atalante était aussi présent, et, à un certain moment, a donné l’impression qu’il cherchait la bataille. Étant donné le petit nombre d’antifascistes présent.es le 4, il n’est pas clair qui aurait été chassé de là si la police n’avait pas été présente.

(Afin de mettre en contexte la situation de la ville de Québec, il est à noter que la semaine précédent le 4, une grande manifestation anti-raciste a eu lieu ainsi qu’un festival anti-raciste ayant attiré de nombreuses personnes. La situation n’est donc pas due à l’absence de développement positifs sur le terrain, mais simplement que ces derniers ne se sont pas traduit en un équilibre de forces qui nous était favorable le 4, et ce pour une variété de raisons.)

Au Saguenay, au nord-est de la ville de Québec, il y a eu près de 100 racistes qui ont marché, avec à peu près à moitié moins d’antiracistes. Bien qu’en plus petit nombre, des forces similaires se sont unies dans les villes de Trois-Rivières et Sherbrooke.

Les événements du 4 mars ont été rendus possible à cause du travail organisationnel de l’extrême-droite autant qu’à un environnement social islamophobe malsain.

Les acteurs

La Meute a repris l’appel du CCCC à travers le Québec. Elle est une organisation d’extrême-droite ayant une présence massive sur internet (plus de 43 000 membres sur son groupe Facebook non-sécurisé) et qui attendait le moment où elle pourrait organiser un événement public majeur en dehors de la cyber-réalité.

Fondé en 2015 par deux ex-militaires, Éric Venne (alias Éric Corvus) et Patrick Beaudry, les premiers événements organisés par le groupe se sont tenus dans la région de la ville de Québec et de Saguenay. En août 2016 leurs flyers ont commencé à faire leur apparition sur les places publiques, et quelques semaines plus tard, Venne et d’autres membres ont perturbé un événement d’information organisé par un groupe de volontaires qui planifiait héberger une famille de réfugié.es syrien.nes.

Comme c’est souvent le cas pour de tels groupes, La Meute soutient n’être ni d’extrême-droite ni raciste, seulement contre la « charia » et « l’islam radical ». Plus encore, et procédant toujours dans même logique que plusieurs autres groupes semblables – mais pas tous, ils justifient partiellement leur opposition à l’islam suivant les termes qu’il serait sexiste et homophobe. Venne a même pris la peine de se présenter à la vigile du Village Gai de Montréal ayant suivi le massacre de juin 2016 au club Pulse à Orlando.

L’objectif déclaré de La Meute est de devenir une force politique d’importance au sein du grand public. Il demeure tout de même un groupe d’extrême-droite, même s’il n’aime pas être décrit ainsi. Pour reprendre les propos de Sylvain Brouillette (aka Sylvain Maikan) qui assure leurs relations avec les médias, « Marine Le Pen est beaucoup plus proche de nous que Donald Trump ». Comme ils l’ont montré le 4 mars, La Meute vise à attirer des gens allant de racistes conscients d’extrême-droite à des gens qui ne se considèrent sincèrement pas comme tel, mais qui sont motivés par une combinaison de désinformation et de peur des musulmans.

Le 4 mars a été un test important pour La Meute. S’ils avaient été battus, ça aurait été un revers majeur. Le groupe a obtenu beaucoup d’attention médiatique à cause de son grand nombre de membres Facebook, mais comme on le sait bien, c’est vide de sens en soi – en d’autres termes, pour eux, cette situation était de l’ordre du « présente-toi ou tais-toi ». Ils ont aussi été rejoints par de plus petits groupes (PEGIDA Québec, Les Soldats d’Odin), des boneheads, et d’autres qui n’arrivent pas à faire quoi que ce soit de public avec nombres réels à Montréal ou choisissent de ne pas le faire. Alors soudainement, tous ces petits milieux, avec une personne ici et là se sont unis en quelque chose que nous n’avons pas pu empêcher, sous la protection de La Meute. Certain.es supposent que beaucoup de gens ont dû se présenter de l’extérieur de Montréal, ce qui peut être vrai, mais ce qui n’est pas vraiment pertinent. En plus, puisqu’il y avait d’autres rassemblement dans d’autres villes, les forces de l’extérieur de Montréal auraient dû avoir moins d’importance que lors des mobilisations précédentes.

Et rappelons-nous : hors de Montréal, en fait, les manifestant.es antifascistes ont été submergé.es par les racistes.

La ville de Québec est la capitale de la province. Elle est plus petite, beaucoup plus blanche, et beaucoup plus conservatrice que Montréal. Plus encore, ça fait des années qu’elle baigne dans la propagande raciste des « radios poubelles », qui pointent les musulmans non-seulement comme une menace contre l’ « Occident », mais contre Québec en particulier, en des termes qui sont souvent impossibles à distinguer de ceux de groupes comme La Meute. Dans un contexte aussi favorable, plusieurs groupes d’extrême-droite ont été capables de se développer.

Outre La Meute, Les Soldats d’Odin est un autre groupe actif à Québec. C’est une organisation internationale née en Finlande et basée en grande partie autour de l’organisation de patrouilles de rue anti-musulmans. En 2016, le groupe a mis en place plusieurs chapitres à travers le Canada, incluant le Québec. En janvier 2017, leur organisation de Québec a été bouleversée par le remplacement de leur leader Dave Tregget par Katy Latulippe, une partisane de la ligne dure (depuis lors, Tregget a débuté un nouveau groupe Storm Alliance). Selon un article de journal récent, Latulippe « a promis de ramener la branche de Québec des Soldats d’Odin à ses racines finlandaises et à démarrer des patrouilles des zones les plus musulmanes de la ville de Québec. L’objectif, dit-elle, n’est pas d’intimider les immigrants musulmans mais plutôt de leur faire prendre conscience des valeurs du Québec. »

Un autre groupe notable – qui était aussi actif à Québec le 4 mars, aux côtés de La Meute, Les Soldats d’Odin et Storm Alliance – ebt Atalante, un groupe de la Troisième Voie comptant plusieurs boneheads et d’anciens boneheads (la promotion du groupe a été faire à des shows du groupe de musique Légitime Violence). Atalante fait partie de la tendance la plus clairement fasciste et consciemment raciste de l’extrême-droite du Québec, aux côtés d’autres groupes comme la Fédération des Québécois de Souche (plus présente dans la région du Saguenay) et La Bannière Noire (basée à Montréal).

Bien que petit, le groupe Atalante a été actif depuis sa fondation ; il a tenu deux manifestations publiques dans la ville de Québec, a organisé une conférence avec l’intellectuel d’extrême-droite italien Gabriele Adinolfi (lui-même un des fondateurs des politiques de Troisième Voie) et une messe catholique publique avec la Société de Saint Pie X (une secte romane catholique dissidente aux liens étroits avec l’extrême-droite internationale). Dans le cadre de son approche de troisième voie, Atalante a organisé des événements pour offrir de la nourriture et de jouets gratuits à des quartiers ouvriers – mais à des « néo-français » seulement.

À Québec, le 4 mars, bien que la masse de la manifestation était composée de La Meute, c’était Atalante qui semblait se positionner pour se battre contre notre côté à un certain moment. Ceci dit, leur relation à la montée anti-musulmans n’est pas sans nuance : dans une déclaration publiée sur leur groupe Facebook après la manif, ils critiquent l’étroitesse du focus sur l’islam, en disant que les ennemis réels sont le multiculturalisme, l’immigration massive et les systèmes « banksters », et condamnant comme inutile toute mobilisation qui s’en éloigne. Dans la même optique, ce jour-là, on pouvait voir écrit sur leur bannière une citation modifiée de Marx « Immigration – Armée de Réserve du Capital ». (Ce n’est pas la première fois qu’Atalante s’est fait un devoir de critiquer des racistes moins idéologiques – récemment, ils ont distribué des tracts à un lancement de livre du journaliste islamophobe populaire Mathieu Bock-Côté, appelant à une approche plus radicale.)

Contexte social

Au-delà de l’implication et du travail organisationnel des groupes d’extrême-droite, il y a des facteurs sociaux plus larges derrière la différence marquée de la manière dont le 4 mars s’est passé au Québec et au Canada anglais. L’islamophobie et la xénophobie sont généralement moins contestées dans la sphère publique au Québec qu’ailleurs au Canada, et la réponse de la gauche au racisme (depuis des générations maintenant) a été bien plus faible et moins cohérente que partout ailleurs en Amérique du Nord. Cela est dû au fait que le problème de l’identité nationale et du nationalisme québécois n’a jamais été neutralisé ni résolu de manière libératrice ici. Alors qu’en de nombreux autres endroits il y a une vaste part de la population n’étant pas de gauche qui est hostile à l’extrême droite parce qu’elle la voit comme étant en quelque sorte extrémiste, non-démocratique ou autrement peu ragoûtante (pour des raisons que nous ne considérerions pas de gauche, mais dont nous bénéficions toutefois passivement), au Québec cette partie de la population est bien plus ambivalente et peut balancer d’un côté ou de l’autre dépendamment de comment les choses sont présentées. Cela offre un plus grand bassin aux racistes organisés dans lequel aller faire du repêchage, et plus d’espace pour opérer au niveau des idées. Par exemple, ils ne sont pas toujours considérés comme « à côté de la plaque ».

Toujours est-il que ça vaut la peine de rappeler aux lecteurs.trices que lors de la période de la Nouvelle Gauche, les soi-disant « long sixties », le Québec était un pôle progressif du Canada, et le mouvement nationaliste du Québec était dominé par des forces progressistes. Bien que ce texte ne soit pas le lieu où se plonger dans une histoire étendue de ce qui s’est mal passé, certaines des racines du problème peuvent être retracées jusqu’à ce « point culminant », où une identification avec les forces anti-coloniales à travers le monde a mené bien des Québécois nationalistes à rejeter la possibilité que leur nation soit un oppresseur, ou que leur propre mouvement soit un véhicule de racisme. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir d’anciens radicaux, des activistes de gauche et même des leaders de cette génération tenir des positions ouvertement racistes et d’extrême-droite. Ce qui diffère peut-être de d’autres contextes en Amérique du Nord c’est que ces individus ne reconnaissent pas toujours le fait qu’ils ont changé de côté.

En plus de ce qui précède, le massacre du 29 janvier, lorsqu’Alexandre Bissonnette (une personne d’extrême droite) a fait une fusillade dans une mosquée de la banlieue Ste-Foy de la ville de Québec, a véritablement encouragé l’extrême-droite. (La mosquée avait été la cible de vandalisme islamophobe à de nombreuses reprises par le passé, dont en juin 2016 lorsqu’une tête de porc avait été laissée sur son porche accompagnée de la note « bon appétit ».)

Alors que des milliers de personnes se sont réuni lors de vigiles après le massacre, et qu’il y a eu beaucoup de couverture médiatique à propos de l’islamophobie pour plusieurs jours, au Québec l’enjeu de l’identité nationale mentionné précédemment a fait en sorte qu’en une semaine, non seulement les néonazis et les fascistes, mais aussi de larges pans de la droite populiste nationaliste ont réinterprété l’événement comme quoi le Québec serait maintenant sous attaque par les « multiculturalistes » et les « islamistes » qui veulent « exploiter » la tuerie pour mettre un frein à la liberté d’expression, pour humilier et calomnier la ville de Québec en tant que raciste, etc. – tout cela parfaitement symbolisé par l’insignifiant projet de loi M-103. Ces personnes ont sincèrement senti qu’il y a beaucoup de racisme du Canada contre le Québec, et que tout discours sur l’ « islamophobie » n’est qu’un écran de fumée – et nous devons souligner que ceci est une position que la gauche n’a jamais neutralisée ici, même au sein de ses propres rangs.

Alors que le massacre du 29 janvier a été condamné par presque toutes les sections de l’extrême-droite, ce n’est pas une exagération d’affirmer que plusieurs voient la nation du Québec comme ayant été la réelle victime. Plus encore, l’attaque a été clairement encouragée et enhardie par d’autres forces de l’extrême-droite et par les racistes ordinaires, pas seulement au Québec mais à travers le Canada anglais aussi. Elle a été suivie par une série d’actes de vandalisme contre des mosquées, une alerte à la bombe contre les musulmans à l’université Concordia à Montréal, et des attaques renouvelées contre les musulmans dans les médias, particulièrement sur les radios poubelles.

C’est dans ce contexte que la manif du 4 mars a eu lieu.

Pas seulement Trump

Le Québec est une nation différente du Canada anglais ou des États-Unis ; alors que l’ « effet Trump » joue un rôle dans les événements ici, le Québec est aussi indépendamment travaillé par des processus internes qui ont mené en ce sens. Effectivement, pointer Trump du doigt, ou les crimes impérialistes du Canada au Moyen-Orient comme principaux facteurs derrière l’islamophobie ici est devenu un argument mobilisé par certaines figures qui cherchent à minimiser ou simplement nier les racines profondes du racisme au Québec. En faisant porter le blâme à des politiques décidées à Ottawa ou à Washington, DC, de tels arguments laissent une fois de plus le Québec comme innocente victime, libre de tout blâme.

Il y a plusieurs exemples de cela, mais le plus outrageux est probablement l’article « The New World Order Hist Quebec City » par Robin Philpot, un anglophone depuis longtemps déjà apologiste du racisme au Québec (déjà en 1991 Philpot écrivait que, dans son conflit avec l’État du Québec, la Mohawk Warrior Society était utilisée par la CIA ou la GRC). Dans son article « New World Order », d’abord publié sur le site web Global Research basé à Montréal et ayant ensuite été republié sur Counterpunch, Philpot soutient essentiellement que le massacre du 29 janvier était le résultat de l’impérialisme global, et pas d’un quelconque problème particulier avec l’islamophobie ici. Effectivement, dans sa couverture de nombreuses mobilisations de masse islamophobes au Québec, Philpot soutient que la province ne peut pas être islamophobe à cause… des grandes manifestations contre la guerre en 2003 ici.

Que de tels arguments ne mènent nulle part peut être démontré par le simple fait qu’ils échouent à prévoir ou à expliquer des événements comme celui du 4 mars.

Afin de comprendre les choses, le Québec a besoin d’être vu comme une nation distincte, mais aussi comme une nation faisant intrinsèquement partie de et qui se voit comme appartenant à l’identité plus large supra-nationale du 21e siècle de « blancheur » et de l’ « Occident » – non seulement en ce qui concerne les crimes blancs de l’Occident à l’étranger, mais aussi en termes de relations sociales « à la maison ». Ceci fait du Québec une nation en un certain sens pareille et en un autre différente des autres sociétés prétendument « blanches » et « Occidentales ». Par exemple, en ce qui a trait aux groupes mentionnés dans ce texte, plusieurs des points de référence intellectuels sont différents (par exemple, plus européens, plus fermement catholique), et même lorsqu’ils sont partagés (par exemple, la Nouvelle Droite européenne a aussi influencé l’alt-right américaine) ils jouent un rôle différent parce qu’ils nous parviennent sans avoir été traduits et à travers des canaux différents.

La « qualité stratégique » d’une percée de l’extrême-droite ici, pour ceuzes d’entre vous qui êtes aux États-Unis, serait difficile à mesurer, et peut s’avérer minime. D’un autre côté, comme les événements récents l’ont montré, tout endroit où ces gens peuvent faire des avancées significatives peut constituer une inspiration ou un point de levier pour les gens de leur espèce ailleurs.

D’une manière ou d’une autre, ce qui est maintenant à l’ordre du jour pour les nôtres au Québec est de déterminer la signification des événements récents. Pour les antifascistes et autres forces progressistes, la priorité est claire : construire à partir de nos positions de force, établir des liens avec de nouveaux.elles allié.es, et s’assurer qu’un moment comme le 4 mars ne se reproduise pas.

Forest Friends: Get (A) Clue!

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Mai 222017
 

D’ici moins d’un mois, ce sera le 11 juin, la Journée Internationale de Solidarité avec Marius Mason et Tous.tes les Anarchistes en Prison à Long-Terme. Montréal participera en organisant une soirée de jeux de société où on jouera à l’édition du Earth Liberation Front du jeu Clue! (le 11 juin, à La Déferle, 7pm – cliquez ici, plus d’informations à venir)

Dans Forest Friends: Get (A) Clue!, les joueurs.euses doivent tenter de trouver les trois composantes principales d’une attaque contre la Civilisation Industrielle : l’animal ayant attaqué, le lieu de l’attaque et l’arme utilisée pour attaquer. Nous cherchons à connaître ces éléments pour permettre aux autres ami.es de la forêt de célébrer l’attaque (puisque dans ce monde forestier imaginaire, il n’y a pas de policiers cherchant à emprisonner ces camarades pour leurs braves actions).

Par exemple, l’action se passe dans la station de ski du mont Vail plutôt qu’à la librairie, et de l’essence et des allumettes sont utilisées plutôt qu’un poignard. Nous avons élaboré une version imprimable du jeu pour que des événements similaires puissent être organisés dans d’autres villes, ou tout simplement si vous désirez enseigner cette importante histoire à des enfants.

(English only)
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Les lieux :

Station de Ski du mont Vail
Le 19 octobre 1998, des membres du ELF ont mis le feu à cinq édifices et quatre télésièges de la station de ski du mont Vail. Un communiqué affirme que l’incendie ayant causé des dommages de plus de 12 millions de dollars a été fait pour le Lynx dont l’habitat serait détruit par l’expansion de la station.

Ferme Jefferson Poplar
Le 21 mai 2001, des membres du ELF ont incendié deux édifices et treize véhicules de la Ferme Jefferson Poplar à Clatskanie, Oregon, une ferme arboricole spécialisée dans les arbres « à croissance rapide » qui causent du tort à la diversité des écosystèmes. Les dommages ont été estimés à un demi-million de dollars. Sur place, on pouvait lire le graffiti « Vous Ne Pouvez Pas Contrôler Ce Qui Est Sauvage! »

Rue des Rêves
Le 3 mars 2008 des membres inconnus du ELF ont mis le feu à quatre maisons d’une valeur de plusieurs millions de dollars à Woodinville, Washington, causant des dommages d’une valeur 7 millions de dollars de dommages. On peut lire sur la note laissée sur place : « Built Green? Nope black! » et « Les McMansions en RDC (Rural Cluster Developments) r (are) not green ». La note était signée ELF.

COOP d’Agricultural Fur Breeder [Élevage de fourrure]
Le 11 mars 1997, des membres communs du ALF/ELF ont fait exploser cinq bombes tuyau dans la coop d’Agricultural Fur Breeders à Sandy, Utah. Les bombes ont détruit quatre camions et rasé les bureaux de la coop, causant plus d’un million de dollars de dommages.

Hall de l’Agriculture de l’Université du Michigan
Le 31 Décembre 1999, les membres du ELF ont arrosé d’essence les bureaux du Hall de l’Agriculture et y ont mis le feu. Cet incendie a causé environ un million de dollars de dommages. Cette cible a été choisie à cause des travaux de recherche scientifiques visant à remplacer des plantes de culture naturelles avec des OGM dans les nations les plus pauvres d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Centre d’Horticulture de l’Université de Washington
Le 21 mai 2001, des membres du ELF ont fait exploser une bombe incendiaire au centre d’Horticulture de l’Université de Washington à Seattle, Washington. L’attaque a causé des dommages d’une valeur de plus de 7 millions de dollars et plusieurs scientifiques ont perdu des années de documentation et ont été forcés d’abandonner certaines de leurs recherches, qui bénéficiait à entreprises forestières.