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Prison pour migrant.e.s : une manif de bruit empêche la visite du site de construction, avec une mise à jour sur les nouvelles compagnies impliquées et les enchères en cours

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Fév 212019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Depuis des semaines, le sol est recouvert d’une épaisse plaque de glace et des montagnes de neige s’accumulent autour du site de construction pour la nouvelle prison pour migrant.e.s à Laval; mais cela n’empêche pas le gouvernement du Canada de travailler d’arrache-pied pour préparer les prochaines étapes de la construction de cette monstruosité. Nous ne devons pas détourner notre attention sous prétexte d’attendre le dégel du printemps.

Vers début février, il est devenu public que la période d’enchères pour le contrat d’Entrepreneur général avait débuté et qu’il y aurait une visite du site pour les soumissionnaires le 20 février à 10 heures du matin. Suivant cette information, tôt le matin du 20 février, un groupe de personnes s’est rassemblé afin de prendre un bus pour rejoindre le site de construction à Laval.

Le groupe s’est rapidement frayé un chemin sur la route menant au contrôle de sécurité pour les soumissionnaires, et a établi un piquet pour bloquer les véhicules des compagnies souhaitant soumissionner de se rendre au site. Les véhicules là pour chercher des ami.es et membres de famille sortant de la prison ont été les bienvenus de traverser le blocage, et ont répondu avec des klaxonnes et cris de soutien pour la manif. Les personnes présentes ont bruyamment communiqué la nature déplorable du projet de prison et ont fait comprendre à tous ceux et celles considérant y travailler qu’il y aurait des gens présent.e.s pour bloquer ce projet à chacune de ses étapes.

Le groupe a crié, tapé sur des poêles et casseroles et soufflé dans des cornes pendant plus d’une heure, brandissant des signes et bannières contre les prisons et les frontières ainsi que des affiches présentant les silhouettes de personnes déportées au courant des dernières années. Des représentants de compagnies ont été apostrophé.e.s personnellement, afin de leur laisser savoir que les personnes opposées au projet savaient qui ils et elles étaient. Certains représentants présents, y envoyés par leur patron, ont exprimé leur soutien pour la manif suite à des discussions avec des manifestant.e.s. Après une heure, la plupart des soumissionnaires potentiels avaient quitté dans leur voitures, après avoir accepté qu’ils ne passeraient pas. À 11h, une heure après le début planifié de la visite, les manifestant.e.s sont parti.e.s, ne laissant derrière eux qu’un petit groupe, principalement composé de policiers.

Avec un mois restant dans la période de soumission, c’est le moment d’évaluer ce que nous savons et ce que nous pouvons faire pour perturber le projet. En continuant à lire, vous trouverez des mises à jour importantes sur l’état du projet de prison ainsi que des informations nouvellement publiques à propos d’autres compagnies impliquées.

Ce qui est arrivé jusqu’à maintenant

Depuis l’été 2017, le groupe Lemay, basé à Montréal, et le Groupe A, basé à Québec, travaillent sur les plans architecturaux de la prison. En décembre 2018, Englobe Corporation et Excavation Loiselle ont complété leurs travaux d’assainissement sur les vastes terrains du CSC, qui pourraient servir à accueillir une prison additionnelle sur la Montée St-François. Ces terrains accueillent déjà la prison pour migrant.e.s actuelle, les prisons fédérales pour hommes à sécurité minimale et moyenne et l’institution provinciale Leclerc. Depuis un certain temps déjà, le calendrier censé indiquer les dates réelles du début de la construction est incertain.

Le 31 janvier 2019, toutefois, le ministère des Travaux publics et services gouvernementaux Canada a lancé l’appel d’offres pour les soumissionnaires qui seront en charge de la plus grande partie du travail relatif à la construction de la prison (l’Entrepreneur général). Les documents remis aux soumissionnaires intéressés fournissent de l’information importante sur les prochaines phases du travail.

La période d’enchères en cours

Le 31 janvier est donc le jour 1 de la période d’enchères de six semaines pour la position d’Entrepreneur général. Les soumissions seront acceptées jusqu’au 20 mars, date à laquelle la compagnie avec l’offre la plus petite obtiendra le contrat.

Au cours de la période d’enchères, les compagnies intéressées à faire des offres pour le projet sont invitées à enregistrer leurs informations sur la liste publique des soumissionnaires intéressés. Sur cette liste, accessible sur le site du gouvernement, on peut trouver le nom de la compagnie, la personne ressource, un courriel et un numéro de téléphone pour chaque compagnie qui démontre publiquement son intérêt envers le projet. Notons que certaines compagnies peuvent être intéressées au projet sans le déclarer publiquement sur cette liste.

En date du 20 février, les informations suivantes sont disponibles pour six soumissionnaires potentiels :

  1. Contact Shane Ross, President
    Compagnie Standard Building Contractors
    Courriel shane@standard.builders
    Téléphone 6138477258
  2. Contact Richard Paradis, Estimateur Senior
    Compagnie Construction SOCAM ltée
    Courriel r.paradis@socam.ca
    Téléphone 450-662-9000 #223
  3. Contact Matthew Poplaw, Sales
    Compagnie Securassure
    Courriel matthew@securassure.ca
    Téléphone 5143733131
  4. Contact Lina Tremblay, Estimateur
    Compagnie Groupe Geyser
    Courriel ltremblay@groupegeyser.com
    Téléphone 4506252003
  5. Contact Richard A. Germano, Président
    Compagnie Corporation de construction Germano
    Courriel info@germanoconstruction.com
    Téléphone 450-668-7807
  6. Contact Jacques Hosson, Estimateur
    Title Estimateur
    Company Tisseur Inc.
    Email estimation@constructiontisseur.ca
    Phone 8193221523 #258

Aussi présents pour la visite au site:

Compagnie Bruneau électrique Inc.
Email info@bruneauelectrique.com
Phone 514 353-4343, 450 759-6606

Compagnie Construction CYBCO
Email info@cybco.ca
Phone 514 284-2228

Peu importe qui obtiendra le contrat, la compagnie sera impliquée dans le projet jusqu’à la fin projetée de celui-ci (à la fin de mars 2021). Elle sera responsable de la sous-contraction de plus petites parties du travail de construction, contrats qui ne seront probablement pas rendus publics.

Autres compagnies impliquées dans le projet

Parmi les documents publiés avec l’appel d’offres se trouve une liste d’autres compagnies avec des contrats reliés à la prison, ainsi qu’à la personne responsable pour le dit contrat au sein de chaque compagnie. Certaines, comme Lemay ou le Groupe A, sont des noms que nous avons déjà vus, leurs contrats étant publics depuis un certain temps déjà.

Lemay et le Groupe A

Ces deux compagnies sont listées comme étant en charge de la partie « architecture » du projet, représentées respectivement par les architectes Pierre Larouche et Patrice Beauchemin.

Mylène Carreau, une architecte paysagiste affiliée à Lemay, représente sa firme pour le rôle additionnel que joue cette dernière en tant que chargée de l’architecture du paysage pour le projet.

LEMAY
3500, rue Saint-Jacques
Montréal (QC) h4c 1h2
t. (514) 932-5101
f. (514) 935-8137

Groupe A
819, avenue Moreau
Québec (QC) g1v 3b5
t. (418) 653-8341
f. (418) 653-1989

Certaines compagnies présentes sur la liste sont nouvelles et seraient possiblement membres d’un groupe de firmes avec lesquelles le gouvernement entretient ce qu’on appelle un « offre permanent ».

KJA Consultants Inc.

L’ingénieur Louis Beauchemin, du bureau montréalais de KJA Consultants Inc., est mis à l’honneur dans le document présentant sa compagnie de design d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques, ainsi que son travail sur un éventuel système de convoyage pour la prison.

KJA CONSULTANTS INC .
1410, rue Stanley, bur. 1003
Montréal (QC) h3a 1p8
t. (514) 284-3119

BPA (Bouthillette Parizeau)

La firme de consultation en ingénierie BPA, autrement connue en tant que Bouthillette Parizeau, sera impliquée dans les services alimentaires et la mise en service de la prison. Pour cette dernière, ce sera l’ingénieure Dalia Ramy qui représentera la firme, tandis que Sylvie Savoie sera en charge des services alimentaires.

BPA
6655, boul. Pierre-Bertrand
Bureau 250
Québec (QC) g2k 1m1
t. (514) 383-3747

Stantec

Stantec, une importante firme de design, consultation et ingénierie dont les bureaux se trouvent à Longueuil, semble être fortement impliquée dans plusieurs aspects du projet.

Les ingénieurs Alexandre Manseau-Nguyen et Bruno Lehoux sont respectivement en charge des travaux électriques et d’alarme d’incendie, ainsi que des services de protection contre les incendies, tandis que Jonathan Hallee est en charge de l’aspect télécommunication.

Stantec est aussi impliqué dans plusieurs aspects des travaux d’ingénierie, avec les représentants suivants responsables des différentes sous-sections : Louis-Stéphane Raciot comme Gestionnaire de projet en ingénierie, l’ingénieur Alexandre Jean en charge de la mécanique, Michel Gendron de l’électrique, Patrick Bourgeois de la structure et Martin Charron pour le génie civil.

STANTEC
400-375, boul. Roland-Therrien
Longueuil (QC) j4h 4a6
t. (514) 281-1033

Horaire de travail et sécurité du site

Il n’est toujours pas clair quel type de travail sera réalisé à quel moment, mais les documents de l’appel d’offres indiquent que lorsque la construction débutera, les travaux se termineront avant 21 heures, du lundi au vendredi. Les travaux causant du bruit seront réalisés entre 7 heures du matin et 18 heures, et aucun travail ne sera effectué le dimanche ou les jours fériés.

Il y aura des bureaux sur le site afin de conserver les documents de manière sécuritaire, ainsi que deux caméras qui feront du live streaming et dont les images seront accessibles à des représentants du gouvernement en tout temps.

Des barrières obstruant la vue du site seront érigées. Les documents mentionnent que tous les travailleurs et travailleuses devront passer un contrôle de sécurité et seront interdits de communiquer avec les détenus de la prison Leclerc (située juste à côté du site).

Qu’attendre de l’avenir proche

Il est raisonnable de s’attendre à ce que des travaux de re-excavation et de fondations débutent assez rapidement suivant l’octroiement du contrat d’Entrepreneur général à la fin du mois de mars. Cela signifie que celles et ceux opposé.e.s à la construction d’une nouvelle infrastructure créée uniquement dans le but d’augmenter la capacité du gouvernement à détenir et déporter des migrant.e.s, doivent se mettre aussi rapidement au travail, la construction pouvant débuter sérieusement dès le mois prochain.

Les compagnies considérant s’impliquer dans ce projet totalement inacceptable, servant uniquement à déchirer des familles et des communautés, feraient bien de rester à l’écart. Elles pourraient risquer leur réputation, leur clientèle et leur argent en choisissant d’offrir leur expertise à ce projet qui est sans ambiguïtés violent et raciste, à un moment où il est extrêmement important pour tout le monde de se positionner contre la suprématie blanche et la xénophobie. Les compagnies fournissant des matériaux pour la construction, ou qui seraient intéressées à sous-contracter pour travailler au projet même à un niveau plus limité devraient aussi y penser à deux fois avant de prendre une décision immorale et indéfendable.

Pour un monde sans prisons ni frontières
Pour la liberté de mouvement et la liberté de vivre pour toutes et tous

Pour plus d’information concernant le projet de prison pour migrant.e.s, et pour télécharger du matériel et des documents de recherche reliés à la lutte contre celui-ci, visitez stopponslaprison.info

Pour lire les documents résumés ici, vous pouvez les télécharger directement sur le site du gouvernement du Canada à partir de ce lien. Nous recommandons d’utiliser la navigateur TorBrowser afin d’éviter de donner votre adresse IP.

Atalante et ses partisan.e.s – Partie 1: Heïdy Prévost, l’influenceuse

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Fév 132019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contreculturelles, pour recruter. C’est le rôle qu’occupe Légitime Violence, dont tous les membres sont également membres d’Atalante, à commencer par Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper, leader du band et kapo de l’organisation fasciste. On l’a vu aussi, une grande partie des membres et sympathisant.e.s d’Atalante sont fans de Légitime Violence et amateurs de musique soi-disant extrême comme le National Socialist Black Metal (NSBM).

Plusieurs autres milieux (la musique et en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature…) sont également touchés, dans une moindre mesure, par l’organisation Atalante. Le travail d’identification est donc loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette première partie nous vous présentons Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, membre active d’Atalante qui se rêve une carrière d’influenceuse.

Portrait

Heïdy Valkyrie est née le 14 décembre 1990. Elle vit dans la banlieue de Québec et est mère de trois enfants. Elle travaille au Centre des Services partagés du Québec (CSPQ) à Québec et est membre du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). La fin de semaine, elle travaille occasionnellement au salon « ParadoXe – Tatouage & Body Pierçing professionnels »  (2480 Chemin Ste-Foy, local 025 G1V 1T6 Québec).

Heïdy travaille dans la fonction publique, au département de l’accompagnement et de la logistique du Centre des Services partagés du Québec (CSPQ).

La fin de semaine, elle travaille à la boutique ParadoXe (dont elle porte le logo sur cette photo).

Heïdy Prévost est une artiste pluridisciplinaire (chant, dessin, photographie…) qui s’est récemment lancé dans une activité de « modèle alternatif », avec l’objectif de se professionnaliser. Elle cherche également à représenter des marques, des bands, etc. Comme toute bonne influenceuse, elle est très active sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram ou elle partage son quotidien. Elle possède dans les deux cas une page personnelle et professionnelle. Si elle n’a pas encore une très forte audience (elle s’est lancée il y a seulement deux mois), elle a déjà plusieurs contrats photo à son actif et elle vient de signer un contrat avec l’agence montréalaise Dress 2 Impress.

Du métal noir au fascisme

Tout irait bien pour Heïdy si elle n’était aussi une militante active de l’organisation néofasciste Atalante Québec. Heïdy est proche de l’extrême droite depuis des années. Elle a probablement rencontré ce mouvement en fréquentant la scène Métal Noir, dont plusieurs bands sont ouvertement racistes ou se réclament du NSBM. Lire à ce sujet l’article “Épidémie de peste noire dans la scène black métal” préparé par le collectif antifasciste français La Horde.

Heïdy avec des patchs de Burzum et Peste Noire, des bands NSBM (National-Socialist Black Metal).

Heïdy avec un tatouage du band Peste Noire.

Heïdy avec un chandail La Messe des Morts, le festival qui avait tenté de faire jouer le band NSBM Graveland à Montréal en novembre 2016.

C’est donc probablement dans la scène musicale NSBM qu’Heïdy s’est forgé son identité politique, de plus en plus à droite, jusqu’à se convertir au fascisme le plus dur.

On peut la voir ici poser avec un chandail à l’effigie du soleil noir, symbole occulte qui est une variante de la croix gammée et dont il est aujourd’hui avéré qu’il a été inventé par les nazis.

Sur la photo ci-dessus, on remarque également son tatouage d’une rune d’Odal, ou Othala (sur sa main), symbole tiré de l’imagerie nordique ancestrale couramment utilisé par les néonazis comme signe de reconnaissance (à ce sujet, voir aussi notre guide visuel de l’extrême droite):

 

Membre d’Atalante

Difficile de dire avec précision quand Heïdy a commencé à fricoter avec Atalante. Cela dit, la prochaine série de photo est sans équivoque. Il s’agit des photos d’une distribution de nourriture effectuée à l’été 2018 par Atalante, partagées sur le compte Facebook et le site Internet de l’organisation, et que Heïdy Prévost a fièrement repartagé sur ses comptes Facebook et Instagram.

Heïdy avec Jonathan Payeur, Sven Côté, Raphal Lévesque, Simon Gaudreau et Renaud Lafontaine.

Heïdy Prévost en pleine distribution de nourriture pour le compte d’Atalante Québec.

Elle est donc une militante active de l’organisation, et encore très récemment, en novembre 2018, elle annonçait sa participation à la formation militante d’Atalante. Au programme : formation idéologique et boxe. « Jeunesse au cœur rebelle » est un slogan d’Atalante.

Un simple survol de ses publications nous montre qu’elle est amie avec les principales figures du noyau dur de l’organisation : les Québec Stompers. Ici une capture d’écran des personnes ayant réagi a une de ses publications sur Facebook.

Capture d’écran des réactions d’une publication Facebook d’Heïdy Prévost. Jonathan Payeur, Benjamin Bastien, Yannick Vézina et Raphaël Lévesque sont des membres en règle des Québec Stompers.

Photo de la Saint-Jean 2018. Heïdy (à droite) en compagnie de deux autres militantes d’Atalante, “Evymay” Lacroix au centre et Laurie Baudin (à gauche). Elles arborent toutes les trois un foulard avec le logo d’Atalante. Au centre, un chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Très récemment on voit ici Heïdy poser lors d’une soirée avec Jean Mecteau (Jhan Delabanniere), bassiste du groupe Légitime Violence. Lorsque Shawn Beauvais-Macdonald (Hans Grosse), un néonazi impénitent, membre d’Atalante à Montréal ayant fièrement participé à la manifestation “Unite the Right” à Charlottesville, fait un gag antisémite en réaction au nom de la soirée auquel Heïdy et ses amis participent (une photo de lui avec un long nez, caricature consacrée des Juifs par les antisémites), Heïdy se contente d’une réaction amusée :

Heïdy partage ici une photo d’Olivier Gadoury (à gauche), des Québec Stompers et Atalante. Notons le tatouage “Arbeit macht frei” (le travail rend libre), le tristement célèbre message d’accueil inscrit à l’entrée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz.

Heïdy Prévost est donc indéniablement une membre active d’Atalante, elle a dans son entourage proche des militants fascistes et elle s’amuse ouvertement de messages antisémites.

Normaliser le fascisme

L’autre problème, et la raison pour laquelle nous lui consacrons cet article, est qu’elle fait partie des personnes qui essaient de donner une image respectable (et même glamour) à l’organisation Atalante.

Comment s’y prend-elle? Comme pour un placement de produit publicitaire, elle glisse des références à Atalante (stickers, chandail, slogans…) au milieu de publication plus anodines sur ses shootings photo, son quotidien, sa vie professionnelle et ses projets.

Photo d’un de ses fils avec un sticker d’Atalante et la mention « La relève ».

Sa guitare avec un sticker Atalante. On la retrouve quelques mois plus tard avec d’autres stickers, dont celui-ci :

Placement de produit Atalante à plusieurs moments de l’année. Chandail « Jeunesse au cœur rebelle ».

Encore plus inquiétant, Heïdy semble réussir à créer la confusion au sein même des antiracistes, puisqu’elle est bookée comme « serveuse d’un soir », le 21 février 2019, pour une soirée spéciale au Scanner Bistro, l’un des piliers de la communauté punk de Québec qui est réputé pour ne pas accepter l’extrême droite.

Annonce de la soirée par le Scanner Bistro.

[Mise à jour: la soirée Barmaid d’un soir au Scanner avec Heïdy Valkyrie a été annulée dans les minutes suivant la publication de cet article.]

Combattre le fascisme, sous toutes ses formes

En conclusion, on peu affirmer qu’Heïdy Prévost, alias Heïdy Valkyrie, n’est pas une idéologue de l’organisation, ni la militante la plus active, mais à l’instar du projet Légitime Violence, elle est à sa façon l’une des porte-étendard de l’organisation Atalante.

Nous appelons les scènes musicales punk et métal, le milieu du tatouage et du piercing, et les artistes photo à ne pas se laisser berner et à refuser fermement la présence du fascisme.

Le quartier s’organise : bloquons OSHA condos!

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Jan 302019
 

De Chlag.info

«Osha, une identité»

Les promoteurs d’OSHA condos ont annoncé vendredi dernier qu’ils allaient modifier leur campagne publicitaire qui fait l’objet de multiples dénonciations depuis plus d’une semaine. La polémique rapidement soulevée par les panneaux géants qui ont envahi le quartier ne saurait être à la mesure de la condescendance témoignée par les développeurs de ce projet. Les promoteurs misent sur le mythe colonialiste de la rencontre pacifique entre les colons et les autochtones en présentant Jacques Cartier leur tendant la main, métaphore grotesque pour caricaturer la venue de nouveaux arrivants dans un quartier défavorisé. De plus, l’image d’origine utilisée par OSHA montrait plutôt Jacques Cartier offrir une croix qui a été effacée par leur graphiste pour servir plus adéquatement leur stratégie publicitaire. Niant le racisme colonial qui imprègne cette campagne, le responsable marketing d’OSHA affirme qu’il ne s’agit que d’une simple référence à l’histoire du quartier: «Rappeler les racines du nom d’Hochelaga, ce n’est que ça. Et l’image qu’on voit, c’est une image historique de Jacques Cartier qui tend la main. Avec le propos, ça marche». Or, cette référence réitère le mythe de la colonisation comme vecteur de progrès civilisationnel, tout en crachant sur l’histoire, ancienne et récente, du quartier. Au-delà de ce choix marketing révisionniste et violent, les raisons pour s’opposer à ce projet sont innombrables et nous sommes exaspéré.e.s de voir se produire ce quartier-marchandise.

«Un quartier dans un quartier»

Le secteur sud de Hochelaga-Maisonneuve, plus pauvre, avait jusqu’ici été épargné par les projets de condos de cette ampleur.

Cet immense complexe immobilier de plus de deux cents unités sera érigé au coin des rues Sainte-Catherine et Nicolet. Dans un article précédent, nous exprimions nos craintes face à ce futur épicentre de la gentrification dans le secteur sud-ouest de l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve. Loin d’être isolée, cette opposition au projet de condos était alors partagée par plus de 2000 résident.e.s du quartier, qui avaient signé une pétition du comité BAILS exigeant « […] qu’aucun condo ne soit développé sur le terrain de Goyette Auto situé sur la rue Ste-Catherine entre Nicolet et Chambly ». Sur la table depuis quatre ans, la menace que représente OSHA semble maintenant se concrétiser, alors que la prévente débutera le 16 février.

Sur les 7 phases annoncées, seule la dernière est destinée à la création de «logements sociaux» sous la forme d’une coopérative d’habitation d’une trentaine d’unités. Soulignons que ce geste se situe cependant bien loin d’un acte de bonté de la part des promoteurs. Il s’agit en fait d’un compromis tactique; en 2016, l’arrondissement avait réussi à négocier avec le promoteur la mise en place d’un volet social, en échange d’une dérogation lucrative permettant d’ajouter un quatrième étage aux immeubles. Ce geste autorise aussi la classe dirigeante du quartier à défendre le projet sous les auspices de la mixité sociale, du renouveau commercial et de la revitalisation urbaine; tant de termes ne servant qu’à masquer le phénomène de gentrification engendré. La volonté des élu.es est toutefois transparente : « Le projet a un caractère stratégique. Il pourrait y avoir un effet d’entraînement et amener d’autres investisseurs », confiait au journal Métro l’ancien maire, Réal Ménard, en 2016. Cet idéal de prospérité, en lien avec la revitalisation du secteur, n’est possible qu’à condition d’y chasser les populations marginalisées. En effet, ce projet n’a que faire du territoire dans lequel il s’apprête à s’implanter dans la mesure où, précisément, il vise à le transfigurer et à le remplacer par – pour reprendre les mots des promoteurs – une « toute nouvelle communauté ».

«Le dernier quartier abordable»

OSHA affirme «ne s’attaquer à aucun logement dans le quartier», mais c’est à tout le secteur que ce projet s’attaque. Un secteur qui présente les plus hauts taux de précarité et de pauvreté, de familles monoparentales, de maisons de chambre ou de travail du sexe dans Hochelaga-Maisonneuve. Tous ces gens y habitant incarnent des modes de vie auxquels ils sont attachés: ces personnes y ont droit de cité et aucun discours ne saurait légitimer le mépris dont font preuve les promoteurs, les fonctionnaires ou les élu.e.s envers les habitant.es de l’arrondissement. Il n’existe actuellement aucun complexe de condos de cette ampleur au sud de la rue Ontario et ce mastodonte immobilier y aura des conséquences majeures.

Si la nouvelle crée de l’incertitude dans les environs, les effets de l’embourgeoisement se font déjà sentir. L’application abusive de règlements contre les cigarettes dans le parc voisin du projet abondamment fréquenté par des gens du quartier, la volonté de fermer une maison de chambre juste en face par l’arrondissement en 2017, la chasse aux crackhouses par le SPVM qui s’en est suivi et, plus généralement, une présence très visible des policiers du PDQ 23 ne sont que quelques exemples qui nous font voir que le travail de déblayage est déjà commencé. Tel que l’affirme Annie Martel, présidente de la Société de développement commercial (SDC) et proprio du Terre à soi, citée dans le plan d’action pour la prostitution de la rue Ste-Catherine du SPVM, « La rue Sainte-Catherine Est est engagée dans un renouveau commercial; le dynamisme de ses marchands et son parti-pris pour le commerce équitable sont autant d’indices que la rue est en pleine effervescence et que la prostitution de rue n’est pas compatible avec le développement des affaires». De l’entre-soi du «quartier dans un quartier» à la volonté affichée de transformer les alentours et de déplacer les «indésirables», il nous est difficile de croire aux discours angéliques de la revitalisation urbaine et de la mixité sociale.

«OSHA contribuera au renouveau formidable»

Il faut dire que ce segment de la rue Sainte-Catherine est dans la mire des spéculateurs depuis quelques années et que sa «revitalisation» est souhaitée par une diversité impressionnante d’acteurs du quartier. La SDC, le Comité Local de Revitalisation, la Table de quartier, les élu.e.s et l’administration de l’arrondissement, tous.tes sont prêt.e.s à liquider ce qu’il reste de refuge pour tou.te.s les poqué.e.s du quartier. Tandis qu’un changement de garde s’opère au niveau des élu.e.s municipaux et provinciaux, le vent progressiste qui souffle sur Hochelaga-Maisonneuve pourrait nous laisser croire à des actions et changements concrets autour de la question des condos et de la gentrification. Il n’en est rien.

Pour les élu.e.s des partis de gauche, que ce soit Pierre Lessard-Blais ou Alexandre Leduc, ces enjeux sont un véritable tabou. Si les valeurs portées par leurs partis devaient les amener à s’opposer à ce type de projet dévastateur pour le quartier et les plus vulnérables, les changements sociodémographiques induits par l’arrivée dans la circonscription d’une classe de petits commerçants et de jeunes propriétaires de condos leur sont toutefois statistiquement favorables. Pris au piège entre leur électoralisme et leurs «principes», le secteur est cédé aux intérêts mercantiles des promoteurs immobiliers et des commerçant.e.s.

À tous les égards, nous nous opposons à ce que ce projet voit le jour. Il constitue un point tournant pour le quartier. Nous invitons donc toutes les forces en présence à prendre action pour contrer ce projet et à demeurer attenif.ve.s aux appels à venir.

Le quartier s’organise!
Bloquons OSHA!

Vous pouvez contacter directement OSHA afin de leur faire part de votre opinion sur le projet:
info@oshacondos.com
(514) 700-5320

Histoire radicale : le Computer Riot

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Jan 302019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Avec cette série de texte, nous tentons de rendre compte de l’histoire de la résistance militante prenant place sur les territoires du soit-disant « Canada », ainsi que de la réfléchir. Bien que les événements que nous explorerons n’impliquent pas nécessairement des anarchistes, nous croyons qu’ils revêtent une importance certaine. Ils constituent des repères culturels, des points de référence à partir desquels réfléchir idées et tactiques. Comme le dit le vieux diction, nous apprenons du passé, afin de se préparer, dans le présent, pour défendre le futur.
Le texte qui suit raconte le Computer Riot (émeute des ordinateurs, communément référée en français comme l’affaire Sir George Williams), qui s’est déroulée à l’Université Sir George Williams (aujourd’hui Université Concordia), en 1969. Afin de contextualiser cette histoire, nous commençons avec une (très courte) histoire du racisme anti-noir dans l’est du Canada.

Durant la première moitié du 19e siècle, des dizaines de milliers d’esclaves noirs s’enfuirent des plantations américaines vers le nord, en quête de libération. Plusieurs traversèrent la frontière canadienne, l’esclavage ayant officiellement été aboli au Canada en 1834. Il.les s’installèrent dans les centres urbains des provinces de l’est – en Ontario, au Québec et en Nouvelle-Écosse – formant de petites communautés tissées serrées.

Ces migrant.es noir.es nouvellement arrivé.es étaient généralement reçu.es avec racisme par la société blanche. Bien que la ségrégation n’ait jamais été consacrée par la loi canadienne, les noir.es se voyaient refuser l’accès à l’emploi, au logement et aux services gouvernementaux. Pendant que l’état mettait en place son système d’éducation public, les enfants noirs étaient forcé.es de s’empiler les un.es sur les autres dans des écoles à part, de moindre qualité. Les établissements réservés aux blanc.hes étaient chose commune, plusieurs hôtels, restaurants et hôpitaux refusant de servir les client.es noir.es.

En réponse, les communautés noires commencèrent à former leur propres organismes sociaux. À Montréal, de nombreux centres communautaires furent fondés afin de combattre l’exclusion sociale : le Women’s Coloured Club en 1902, le Union United Congregational Church en 1907, le Negro Community Centre en 1927. Ces organismes offraient plusieurs ressources, telles qu’une éducation et des soins gratuits, en plus de distribuer de la nourriture.

À la même époque, différents groupes racistes, s’établissant dans plusieurs villes, tentaient de s’implanter dans la sphère politique canadienne. Le Ku Klux Kan établit une section montréalaise, bien qu’il ne réussit pas à gagner de pouvoir de façon significative. Le Klan fut brièvement populaire en Saskatchewan, jusqu’à 25 000 personne y adhérant, aidant ainsi James Anderson à l’emporter sur le parti libéral aux élections provinciales de 1929.

La population noire de Montréal ne s’accroîtra pas de façon significative jusqu’à ce que soit levées, dans les années 1960, les restrictions fédérales en matière d’immigration. Entre 1961 et 1968, la population noire passe 7000 à 50 000 individus. Cette période est celle d’une prolifération d’idées anti-racistes et anti-coloniales, arrivant des États-Unis, de l’Afrique et des Caraïbes. Les intellectuels noirs puisent dans les analyses sur la race et l’impérialisme élaborées par les membres du mouvement Black Power et par ceux des différents mouvements indépendandistes d’Afrique. Ils organisent des conférences à travers la ville, faisant écho aux principes de la pensée révolutionnaire noire : l’autonomie, l’auto-suffisance et la défense.

Plusieurs jeunes immigrant.es noir.es s’inscrivirent à l’Université Sir George Williams (SGW), laquelle offraient des cours de soir et une politique d’admission plus souple. La population hétérogène de l’université détonnait avec celle majoritairement blanche et favorisée de l’Université McGill. Malgré sa réputation d’être une des universités les plus inclusives et progressistes du pays, il n’était pas chose rare pour les étudiant.es et pour l’administration de faire preuve de racisme.

En mai 1968, six étudiant.es noir.es des Caraïbes soumirent une plainte officielle contre le professeur de biologie Perry Anderson. Ils accusaient Anderson de discrimination envers les étudiant.es noir.es de son cours, leur attribuant des notes plus faibles pour un travail de même qualité que celui produit par leurs collègues blanc.hes. Après des mois d’inaction de la part de l’administration, l’insatisfaction des étudiant.es quant à la façon dont leur plainte était traitée ne faisait que croître. Il.les décidèrent d’en faire un enjeu public et commencèrent à organiser des sit-ins et à distribuer des pamphlets expliquant leur situation. L’université établit en réponse un comité d’audiences responsable de voter sur la meilleure façon de résoudre le conflit.

Plusieurs audiences et assemblées furent tenues, en janvier 1969. Les professeurs et les membres des autres facultés défendaient Anderson, tandis que les étudiant.es de couleur partageaient leurs propres expériences de discrimination sur le campus. Plusieurs prises de parole faisaient écho aux propos du Black Panther Party, lequel avait gagné en importance au sud de la frontière. Ils appelaient les étudiant.es à se méfier de l’administration et à prendre eux-même et elles-même la situation en mains.

Le 29 janvier, 200 étudiant.es partirent en manifestation à la sortie d’une audience. Le processus semblait avoir comme objectif d’innocenter Anderson et ainsi d’éviter de faire porter quelque blâme que ce soit à l’administration. Près de dix mois après le dépôt de la plainte, les étudiant.es voyaient bien que le problème ne résidait pas dans les agissement d’un professeur en particulier, mais plutôt dans le racisme systémique courant à l’université.

Une occupation étudiante pris place dans le laboratoire informatique de l’école, au 9e étage du pavillon Henry F. Hall. Neuf jours plus tard, l’occupation s’étendit au salon de la faculté, situé au 7e étage. Le 10 février, les étudiant.es proposèrent de mettre fin à leur action de protestation si l’université acceptait de mettre en place un différent comité d’audiences et de ne pas pénaliser les étudiant.es pour les cours manqués durant l’occupation. L’université promit aussi de ne pas poursuivre les participant.es à l’occupation ou d’avoir recours à la police.

Tandis qu’il restait moins d’une centaine de personnes dans le pavillon, l’anti-émeute commença à se mobiliser dans les rues avoisinantes. L’université avait manifestement décidé de rompre sa promesse. Face à la menace, les étudiant.es barricadèrent les escaliers et coupèrent l’alimentation du système d’ascenseurs. Alors que les policiers s’engouffraient dans les escaliers, les étudiant.es choisirent de faire usage du peu d’avantage leur restant, menaçant de détruire les millions de dollars d’équipement informatique si on ne les laissait pas sortir en sécurité.

Leurs efforts s’avérèrent vains : l’expulsion avait déjà commencé. Les étudiant.es commencèrent à fracasser l’équipement et à jeter des milliers de cartes d’ordinateur par les fenêtres. Alors que la police se rassemblait au 9e étage, un incendie se déclara à l’étage du dessous. Pendant ce temps, un rassemblement blanc s’étant formé à l’extérieur du pavillon se mit à scander « Laissez les nègres brûler ! ». Les étudiant.es tentèrent alors de s’échapper en démontant les barricades, mais s’aperçurent que la hache et l’extincteur de la pièce avait disparus. La police les avait confisqués la journée d’avant.

L’occupation se conclut avec 97 arrestations et approximativement deux millions de dollars de dommages matériels. Anderson, qui avait été suspendu pendant la crise, fut rétabli dans ses fonctions le 12 février. Le 30 juin, le comité d’audiences déclara « que rien dans les preuves présentées ne justifiait une accusation de racisme  » et le reconnut non-coupable.

Cette histoire est légèrement différente de la « version officielle ». Avec une rapide recherche sur Google, on accèdera à des douzaines d’articles traitant du Computer Riot, presque tous relayant le récit des événements fourni par l’université. Selon cette dernière, la police n’aurait été appelée qu’au moment où les étudiant.es commencèrent à barricader les escaliers. Il s’agit ici d’une tactique couramment utilisée afin de légitimer une intervention policière musclée ayant pour but de contrôler une action directe : prétendre que certaines tactiques de contrôle étaient nécessaires afin de pacifier une foule « turbulente ».

Il est également souvent prétendu que ce serait les étudiant.es qui auraient allumé l’incendie ayant causé des dommages considérables à l’édifice, alors que les étudiant.es eux.elles-même affirmèrent qu’il s’agissait de l’oeuvre de la police. Cet aspect de l’histoire est traité dans le récent documentaire Ninth Floor.

Attaques contre les panneaux publicitaires d’OSHA Condo

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Jan 262019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette nuit et lors de celle qui précèdent, différentes bandes ont bombardé de peinture les publicités à thématique coloniale du nouveau projet de condo OSHA

Le projet d’OSHA Condo est simple : la destruction d’Hochelaga. Comment? Avec l’implantation de plus de 200 unités de condo (valant entre 200 000$ pour un 2 et demi et plus de 500 000$ pour un 4 et demi). C’est-à-dire 300 à 500 petit.es parvenu.es de plus dans notre quartier, dans un coin particulièrement sensible où se cotoient toutes ceux et celles qui ont été mis de côté dans les dernières décennies par les différents projets immobiliers. Implanter l’opulence, là ou la misère règne. Augmenter le nombre de flics et de patrouilles, de magasins écolo-éthico-responsable-biodégradable cher, de restos chics qui osent se nommer «Les AffamÉes» dans un des plus gros désert alimentaires de Montréal. Une nettoyage sociale en bonne et du forme.

Pour rajouter l’insulte à l’injure, les propriétaires ont choisi d’utiliser la thématique autochtone. L’utilisation de l’imaginaire de la rencontre entre les peuples par les publicitaires réitère l’idée d’un échange pacifique et consensuel entre colons et premiers peuples. Nous fracassons cet imaginaire. L’Amérique s’est construite dans la violence. Montréal est une ville rendues possible par un génocide. Sa modernisation repose depuis ses fondements sur l’exploitation de territoires volés. Le projet de condo OSHA n’en est que le dernier et plus pathétique exemple.

Et vous pensiez qu’on vous laisserait faire ? La pluralité des groupes qui s’organisent actuellement contre la construction de ces condos témoigne du sentiment de colère, largement partagé dans le quartier, face à cette nouvelle offensive de gentrification. Dans les prochains mois, les formes de constestations et de sabotages se multiplieront. Malgré les avancées des projets gentrificateurs dans Hochelaga, il s’est développé une expertise de lutte contre ces derniers que nous comptons bien mettre à profit dans les temps qui suivent.

Ces attaques ne sont qu’un premier avertissement
Nous sommes nombreux et nombreuses à être déterminé.es
Ces condos ne verront pas le jour

Le Pont Jacques-Cartier bloqué

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Jan 132019
 

De sub.Media

Le 8 janvier à 8h du matin, un groupe d’environ 25 personnes a fermé le Pont Jacques-Cartier, un important corridor de transport à soi-disant Montréal, en réponse à l’attaque de la GRC contre les Wet’suwet’en.

Féministes, c’est-à-dire contre le travail

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Déc 302018
 

De Ingouvernables.info

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La campagne pour la rémunération des stagiaires s’organise depuis ses débuts sur des bases féministes et décentralisées. C’est carrément un exploit que les militant.es des CUTE réussissent à mobiliser des milieux où les enjeux féministes sont généralement secondarisés, tokenisés ou bien récupérés, et qu’iels aient su maintenir le cap malgré les assauts et critiques qu’iels essuient depuis deux ans. Ces dangers bien réels qui guettent les luttes féministes ont toutefois amené une ambiance de méfiance et de défense envers toute initiative n’émanant pas des instances et structures établies par les CUTE. Dans ce contexte, l’orientation féministe de la campagne la soustrait aux critiques et remises en question, impliquant alors que toute posture s’éloignant de celle des CUTE serait nécessairement anti-féministe.

Nous croyons au contraire que si l’on souhaite initier un mouvement social décentralisé et vivant, il est nécessaire d’établir un climat où la critique est permise, où les discours divergents ne sont pas automatiquement reçus comme anti-féministes et où les initiatives et actions émanant d’autres groupes ne sont pas systématiquement taxées de récupération. Ce texte vise à participer à la mise en place de ce climat en proposant une réponse féministe aux critiques qui nous ont été adressées – dans les soirées, les corridors, sur facebook ou dans les AG – au cours des derniers mois.

L’invisibilisation du travail des femmes est le concept au cœur de l’organisation de la grève des stages. Le capitalisme se fonde sur l’exploitation des travailleur.es et des ouvriers.ères, mais également sur le travail non-reconnu et non-salarié effectué par les ménagères, les mères, les aides-soignant.es, les stagiaires, etc. Dans un contexte où l’on cherche à rendre visible des rapports d’exploitation vécus par des femmes, les groupes qui s’organisent sur des bases autonomes et anonymes semblent susciter méfiance. En ne publiant pas de procès-verbaux ou de chartes, en refusant de se nommer et en omettant d’identifier leurs membres, ces groupes invisibiliseraient nécessairement ce qu’on cherche à faire apparaître. Les « femmes » impliquées, s’il y en a réellement, seraient forcément sous le joug des super-militants, organisés en boysclub, qui prônent l’anonymat dans le but de continuer à profiter de leur travail invisible.

Si d’emblée anonymat semble rimer avec invisibilisation, nous croyons toutefois que cette critique qui nous est adressée relève d’une logique machiste, sexiste et indéniablement anti-féministe. À chaque fois qu’on traite un groupe de boysclub, qu’on raconte que telle action a été organisée par la gang de un tel et un tel, qu’on décrit une militante comme la copine de l’autre, on réifie ces dynamiques de pouvoir plutôt que de les remettre en question. C’est bien davantage cette critique – qui associe des groupes ou des initiatives à deux ou trois hommes cis – qui renforce les rapports de pouvoir genrés, plutôt que la façon dont ces groupes s’organisent réellement. Évidemment, les groupes militants sont sans contredit structurés par des rapports genrés, racialisés, hétéronormés ou cisnormés, comme nous le sommes tous et toutes. Mais en identifiant des initiatives politiques à une poignée de super-militants, en leur accordant ce rôle qui ne leur a jamais été concédé par leurs camarades, on vient carrément miner le travail féministe quotidien accompli au sein de ces groupes. En plus d’ignorer et invisibiliser, ironiquement, la présence et le travail des militant.es qui ne sont pas des white cis dudes.

Nous nous organisons dans l’anonymat parce que nous n’avons aucun compte à rendre à ce monde, parce qu’on refuse de jouer selon ses termes et qu’on rejette son injonction à nous nommer au sein de la société civile. La critique féministe de la séparation entre espace public et espace privé est justement au fondement de cette conception du politique. Nous ne faisons pas de différence entre l’amitié et la lutte, entre la reproduction de nos vies et la révolution, entre le domaine du relationnel et celui de la politique. C’est dans la transformation immédiate de nos conditions d’existence, de notre rapport au monde et des liens qui nous unissent que nous inscrivons notre pratique politique. On peut vous assurer que nous nous engageons dans cette transformation de façon résolument féministe, et on vous remerciera d’éviter de concéder à nos amis le pouvoir qu’on se tue à leur arracher.

Nous sommes contre le travail, c’est-à-dire contre toutes formes d’expropriation de notre temps qui nous empêche d’être ailleurs, de nous construire. Le travail c’est tout ce qui nous est imposé de faire pour survivre dans un monde structuré par le capital. C’est toutes les actions que nous posons de façon déconnectée de nos vies propres, de nos intérêts, nos buts et aspirations. C’est ce qui se situe le plus loin de nos réalités, du monde qu’il nous faut bâtir chaque jour, des amitiés qui nous font vivre, des projets qui nous animent. Le travail c’est le shift au resto, les cours qu’on prend pour se trouver quelque chose de mieux, les lunchs qu’on prépare le dimanche, les téléséries qu’on se claque pour ne plus penser à rien, les dudes avec qui on couche parce qu’on s’ennuie ou qu’on se sent obligé.e. Qu’il soit salarié ou gratuit, productif, ménager ou sexuel, le travail c’est tout ce qu’on fait qui participe à la reproduction du monde qu’on veut détruire.

Le travail devient travail lorsqu’il ne participe pas à la création de sens véritable de nos vies. Planter des arbres ou des légumes pour la commune n’aura jamais le même sens que de le faire au service d’une firme de reforestation destructrice. Faire la vaisselle pour un souper collectif de quartier ne sera jamais comparable au travail domestique genré ou à la plonge du resto. Nous n’exécrons pas l’action que sous-tend le travail, mais tous les rapports sociaux qui en sont induits.

Le travail capitaliste, comme nous l’entendons, tend quotidiennement à nous désolidariser, nous individualiser. Dans la lignée carrière-famille-maison, on nous impose une trajectoire qui se situe à l’opposé de ce que nous souhaitons et initions : une existence qui ne cesse de mettre en relation nos formes de vie, qui foisonne de puissance résistante et constructrice, qui jamais n’acceptera le seul horizon de malheur qui nous est à voir. Chaque jour nous reprenons à notre avantage les petites brèches, qui nous permettent de libérer notre temps de la machine capitaliste. Frauder l’AFE ou l’assurance-chômage, voler tout ce qu’on peut, profiter du bien-être social : nous sommes des professionnel.les de la magouille. Tirer parti de l’illégalité pour diminuer le temps et la place qu’on doit accorder au travail: en vendant de la drogue, en faisant du travail du sexe ou du recel. Se soustraire, exiger moins de temps de travail et plus d’argent; parce qu’on peut, parce qu’on veut ou parce qu’on ne peut pas faire autrement. Qu’on se comprenne bien, le fait de travailler et de mettre à profit tous ces rouages du système ne sont en aucun cas en opposition avec notre vision de la fin du travail. C’est parce que nous devons travailler que nous haïssons le travail. Chaque heure qui nous est extirpée est une heure qui ne sert pas à notre projet, celui d’une vie autonome, meilleure.

Il ne nous est pas étranger que certain.e.s puissent se sentir tout à fait accompli.e d’une telle vie, se satisfaire de sa carrière, se joindre à certaines parades, s’impliquer dans son syndicat, et chaque jour, croire un peu moins au grand soir, et n’en être même pas si attristé.e. Mais nous sommes animé.e.s d’une mythologie existentielle différente : nous ne laisserons pas le travail capitaliste définir le sens de nos vies. Le sens de nos vies, c’est la lutte, c’est sans cesse se rappeler les raisons pour lesquelles nous ne nous caserons pas dans des tours à bureau, dans des hôpitaux ou dans le rôle de la maman-ménagère, c’est constamment penser comment nous voulons organiser nos vies de façon indépendantes de l’État, du capital et de l’hétéro-patriarcat, c’est se penser nous-même de façon immédiate.

S’opposer au travail ce n’est pas contribuer à l’invisibilisation du travail gratuit des femmes. C’est s’opposer à une projection étapiste, qui demanderait à ce que le travail des femmes soit d’abord reconnu par l’État, pour qu’ensuite on puisse penser à l’abolir. C’est refuser de s’enfoncer dans une identité genrée et les rôles qui y sont associés et refuser qu’on nous enferme encore une fois dans des tâches ménagères, de soins, sexuels ou maternels. Ça veut dire mettre en place des pratiques féministes entre nous dès maintenant, et s’opposer systématiquement aux coportements machistes et patriarcaux. Ça signifie exiger que l’émotionnel ne soit pas régi par l’éthique du travail, intrinsèquement patriarcale et hiérarchique; et au final, désirer que tout le monde apprenne à prendre soin des autres. Car si tout ce qu’on aime et qui nous fait vivre se trouve en dehors du travail, c’est là que nous nous définirons autrement. Que ce que l’on définit comme privé éclate des marges, inonde nos vies. Nous existerons de façon autonome, c’est-à-dire à l’extérieur du travail, du capital et de l’État.

C’est parce que nous sommes féministes que nous sommes contre le travail.

– Grand Banquet Boys Club*
*Au cas ou c’était pas assez clair, aucun homme cis n’a participé à l’écriture de ce texte. Parce que ça l’air qu’il faut fuckin le préciser. Prendre pour acquis que la figure anonyme est un homme cis c’est pas cute pentoute lol.

Les Lutins Rebelles du Père Noël vous souhaitent un joyeux Noël anticolonial

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Déc 252018
 

Soumission anonyme à No Borders Media

Les monuments de John A. Macdonald et de la reine Victoria sont à nouveau vandalisées à Montréal avec peinture rouge et verte

24 décembre 2018 – À la veille de Noël, des vandales de la région de Montréal ont recouvert le monument John A. Macdonald (1895) et la statue de la reine Victoria à McGill (1900) avec des peintures rouge et verte respectivement.

Cette action, revendiquée par les lutins rebelles du père Noël, poursuit une série d’attaques à la peinture sur les symboles du colonialisme britannique raciste à Montréal. Le monument Macdonald a été vandalisé au moins six fois, tandis que les deux statues de la reine Victoria à Montréal ont été peintes au moins trois fois (y compris à la peinture verte le jour de la St-Patrick 2018).

À propos de la statue de la reine Victoria, la brigade de solidarité anticoloniale Delhi-Dublin, responsable du vandalisme de la Saint-Patrick, a écrit:

“La présence de ces statues racistes de la reine Victoria à Montréal est une insulte aux luttes d’autodétermination et de résistance des peuples opprimés dans le monde entier, y compris les nations autochtones en Amérique du Nord (l’Île de Tortue) et en Océanie, ainsi que les peuples d’Afrique, du Moyen-Orient, des Caraïbes, du sous-continent indien, et partout où l’Empire britannique a commis ses atrocités.Les statues sont également une insulte à l’héritage de la révolte par les combattant.e.s de la liberté irlandaise, et les mutin.e.s anti-coloniaux d’origine britannique. Les statues ne méritent particulièrement aucun espace public au Québec, où les Québécois.e.s étaient dénigré.e.s et marginalisé.e.s par des racistes britanniques agissant au nom de la monarchie putride représentée par la reine Victoria.Le règne de la reine Victoria représente une expansion massive de l’Empire britannique barbare. Collectivement, son règne représente un héritage criminel de génocide, de meurtres de masse, de torture, de massacres, de terrorisme, de famines forcées, de camps de concentration, de vols, de dénigrement culturel, de racisme et de suprématie blanche. Cet héritage devrait être dénoncé et attaqué.”

En ce qui concerne le monument Macdonald, une affiche vue dans les rues de Montréal résume de manière concise son héritage raciste comme suit:

“John A. Macdonald était un suprémaciste blanc. Il a directement contribué au génocide des peuples autochtones avec la création du système brutal des pensionnats ainsi que d’autres mesures destinées à détruire les cultures et les traditions autochtones. Il était raciste et hostile envers les groupes minoritaires non blancs au Canada, promouvant ouvertement la préservation d’un Canada dit «aryen». Il a adopté des lois pour exclure les personnes d’origine chinoise. Il a été responsable de la pendaison du martyr Métis Louis Riel. Les statues de Macdonald devraient être retirées de l’espace public.En tant qu’artefacts historiques, elles devraient être entreposées là où elles appartiennent soit dans les archives ou les musées. L’espace public devrait plutôt célébrer les luttes collectives pour la justice et la libération et non pas la suprématie blanche et le génocide.”

(Lien à l’affiche: http://bit.ly/2MRBoH6)

Aux libertaires de ce monde : NOUS AVONS BESOIN DE VOUS!

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Déc 252018
 

Du Réseau libertaire Brume Noire

Le Réseau Libertaire Brume Noire en est encore à son tout début. Chaque pas en avant démontre le besoin de solidarité et de sensibilisation dans la région Gaspésienne (gespeg). Étant un groupe citoyens, le collectif n’a pas recourt aux nombreux financements que le gouvernement offre aux entreprises ou organismes. En fait, nous tentons de faire les choses par nous et pour nous. C’est pourquoi nous faisons appel à vous ainsi qu’au grand monde d’internet afin de vous inviter à participer et partager notre campagne de socio financement!

POURQUOI UNE CAMPAGNE

Le collectivisme nous aide à trouver des gens et du matériel autour de la région. Plusieurs personnes appuient par leur présence ou leur bénévolat. Afin de mieux propager cette éducation populaire et pour faire valoir les valeurs libertaires à tous, certains fonds sont nécessaires pour des raisons tels que;

  • Une plateforme web de diffusion (site avec articles et ressources pdf)
  • Du matériel promotionnel (créer un roulement de t shirts, collants, etc)
  • Ressources pour le support des luttes en cours dans la région (dépliants éducatif, bannières, fonds de soutiens, nourritures, etc)

COMMENT APPUYER

Pour supporter la campagne de socio financement, vous pouvez visiter la page ‘fundrazr’ du Réseau afin de vous procurer un chandail, des collants ou simplement faire une donation du montant que vous désirez.

Chaque dollar est important pour nous! Vous pouvez également partager la campagne ou aimer notre page facebook. Voici les liens :

CAMPAGNE- https://fundrazr.com/ReseauLibertaireBrumeNoire
FACEBOOK- https://www.facebook.com/ReseauLibertaireBrumeNoire/

‘Si je ne peux pas danser, je ne veux pas faire partie de votre révolution.’ – Emma Goldman

Démasquer Atalante

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Déc 202018
 

De Montréal Antifasciste

Le meneur ostensible du groupe néofasciste Atalante, Raphaël Lévesque, aime beaucoup l’attention que ses frasques lui procurent (c’est d’ailleurs pourquoi il ne se cache plus depuis longtemps), mais la centralité du personnage ne devrait pas nous empêcher de considérer les individus qui gravitent autour de son leadership, car un mouvement comme Atalante n’est rien sans les militants et militantes qui lui insufflent leur énergie.

Les nombreuses actions de visibilité menées par le groupe à Québec et Montréal au cours des deux dernières années laissent croire qu’au-delà de ses membres les plus visibles et les plus actifs, Atalante peut compter sur une milice de réserve constituée de quelques dizaines d’individus gagnés à la cause ultranationaliste. Malgré le petit nombre de ses militant-e-s, le groupe a réussi à capter l’attention d’une partie des médias traditionnels et est parvenu par son activité dans les médias sociaux à jouer un rôle important dans la promotion d’une position dite « nationaliste révolutionnaire » au sein de l’extrême droite québécoise.

Comme l’indique leur pratique consistant à se masquer à chaque sortie publique, la plupart de ces militants et militantes souhaiteraient sans doute garder le secret sur leur association avec un groupe ouvertement fasciste. Nous croyons quant à nous qu’il est grand temps d’exposer les militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante à la lumière du soleil.

Il nous importe également de dissiper ici toute confusion sur le projet politique d’Atalante et de mettre au clair la filiation directe du groupe avec différents courants fascistes contemporains.

Actions sans éclat et publicité gratuite…

Malgré son caractère marginal, Atalante est parvenu à faire les manchettes à plusieurs reprises en 2017 et 2018, notamment en mai dernier, lorsqu’une poignée de ses militants a fait irruption dans les bureaux montréalais du média numérique VICE pour intimider les employés qui s’y trouvaient. Un reportage de VICE publié quelques jours plus tard relate ainsi l’incident :

« Après qu’une employée eut ouvert la porte à un homme tenant un bouquet de fleurs, un groupe de six ou sept hommes, tous masqués sauf un, a fait irruption dans la pièce principale au son du thème musical de l’émission The Price is Right diffusée sur une petite enceinte Bluetooth. Les hommes se sont ensuite déplacés dans la salle des nouvelles en projetant partout des nez de clowns et des centaines de tracts…

Ils ont surtout essayé d’intimider le journaliste Simon Coutu – qui a déjà écrit sur le groupe – en se massant autour de son bureau pour lui remettre un trophée portant l’inscription “VICE : Média poubelle 2018”.

Raphaël Lévesque, surnommé Raf Stomper, dit avoir fait cette visite pour remercier Coutu au nom de “toutes les victimes de la guerre qu’[il] essaie de commencer”. »

Des militants d'Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Des militants d’Atalante se prennent en photo dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

Suite à cette terne performance de théâtre politique, Atalante a été mentionné dans les médias partout au Canada, aux États-Unis et même en Europe. L’action a de plus été dénoncée par les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau. Sur le plan de la propagande, Atalante venait de réussir un bon coup avec seulement six personnes et un strict minimum d’imagination[i].

Comme nous le verrons, c’est une sorte de modus operandi pour Atalante : avec un investissement minimal d’énergie, ces petites actions de propagande attirent une attention médiatique considérable et offrent une tribune par lequel le groupe peut diffuser ses idées et projeter une impression de force sur Facebook.

Le visage grimaçant d’Atalante

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d'Atalante dans les bureau de VICE, le 23 mai 2018.

Raphaël Lévesque brandissant des tracts d’Atalante dans les bureaux de VICE, le 23 mai 2018.

La figure de proue d’Atalante, Raphaël « Raf Stomper » Lévesque, est actuellement visé par diverses accusations pour avoir mené l’action contre VICE décrite ci-dessus, ayant été le seul du groupe à y participer à visage découvert. Il est accusé d’entrée par effraction, de méfait, de harcèlement criminel et d’intimidation. C’est le genre d’offensive judiciaire démesurée qui risque de renforcer son statut (et gonfler son ego déjà surdimensionné) plus qu’autre chose.

Lévesque, 35 ans (DDN, 5 août 1983), est bien connu des antifascistes québécois-e-s. Il a été plusieurs fois condamné pour agression, menaces et trafic de stupéfiants, et a passé du temps en prison aussi récemment qu’en 2016. En 2017, il a proposé d’incendier les bureaux du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence si celui-ci s’avisait de s’installer à Québec. Même si le directeur du centre, M. Deparice-Okomba, a affirmé que ces propos constituent une menace criminelle, aucune procédure judiciaire ne semble avoir été entamée à cet égard.

Au-delà de ses déboires avec la justice, Lévesque est aussi le chanteur de Légitime Violence, un groupe de musique oï[ii] associé à la mouvance « Rock Against Communism »[iii], et est un leader connu du Québec Stomper Crew, une bande de boneheads[iv] active depuis plusieurs années dans la région de Québec et notamment connue pour ses liens avec le crime organisé et le trafic de stupéfiants.

Le Québec Stomper Crew, la connexion RAC et Légitime Violence

Pour comprendre ce qu’est Atalante aujourd’hui, il est toujours utile de rappeler que le groupe a été fondé à partir du band Légitime Violence et de la scène bonehead formée autour du Québec Stomper Crew (lequel en constitue toujours le cœur).

Au début des années 2000, deux gangs de jeunes skinheads dits « apolitiques » se forment dans la province. Il s’agit de Coup de Masse (CdM) à Montréal et des Québec Stompers (2004) à Québec. Bien que se disant apolitiques, les deux gangs ont un fort penchant pour le nationalisme québécois, ce qui fait en sorte qu’ils sont assez rapidement expulsés de la scène underground de leur ville respective. Bien qu’à leurs débuts, les deux bandes, très proches l’une de l’autre, rejettent autant la gauche que la droite (des récits témoignent notamment de batailles entre les Québec Stompers et les néonazis du Sainte-Foy Krew à la fin des années 2000), les Stompers en viendront rapidement à se rapprocher des milieux boneheads et à adopter une position dite « anti-antifasciste ». À cette époque, les membres de Québec Stompers sont Raphaël Lévesque, Yan Barras, Martin Léger, tranquillement rejoints par Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau, Yannick Vézina, Olivier Gadoury, Jonathan Payeur et Roxanne Baron. Encore aujourd’hui, il semble y avoir une distinction entre le membership d’Atalante et celui des Québec Stompers, ce dernier étant plus restreint et contre-culturel. Bien que tous les membres actuels des Québec Stompers s’impliquent dans Atalante, le contraire n’est pas vrai.

Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Pellerin, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras

Photo récente des Québec Stompers: Étienne Mailhot-Bruneau, Olivier Gadoury, Raphaël Lévesque, Sven Côté, Antoine Mailhot-Bruneau, Jonathan Payeur, Benjamin Bastien et Yan Barras.

Les deux bandes fréquentent assidûment une scène musicale composée de groupes de Rock Anti-Communiste (RAC) et de Rock Identitaire Français (RIF). Ces deux styles musicaux sont des créations directes de l’extrême droite. Au Québec, on y retrouve notamment les groupes de musique Coup de Masse, Section de Guerre, Fleurdelix et les Affreux Gaulois et Bootprint, auxquels s’ajoutera Légitime Violence à la fin des années 2000. L’un des groupes, qu’on pourrait qualifier d’influence importante au sein de cette scène, s’appelle Trouble Makers et est plutôt axé sur le RIF. Ce style se veut une tentative de faire passer des propos d’extrême droite dans une enveloppe musicale plus mainstream et plus léchée que le RAC. Fondé à la fin des années 1990, Trouble Makers est composé de Simon Cadieux, Maxime Taverna, Jonathan Stack et François-Pierre Stack, les trois derniers étant des militants identitaires de longue date. Ceux-ci sont reconnus pour avoir entre autres fait partie de différents groupes d’extrême droite tel que Québec-Radical et les Affranchistes. Trouble Makers serait aussi le premier band québécois à avoir traversé l’Atlantique pour aller se produire dans des événements organisés par CasaPound en Italie.

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux

Trouble Makers: Jonathan Stack, Maxime Taverna, Richard Stack, Simon Cadieux.

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound

Maxime Taverna, portant un t-shirt de ZetaZeroAlfa, le groupe phare de CasaPound.

Au début des années 2010, et après plusieurs tentatives d’établissement de collectifs d’extrême droite à Montréal tel que Troisième Voie Québec, Légion Nationale ou encore Faction Nationaliste, Maxime Taverna fonde le groupuscule néofasciste La Bannière Noire, qui deviendra éventuellement le chapitre montréalais de la Fédération des Québécois de Souche (FQS) et un précurseur direct d’Atalante. On peut déjà y retrouver l’embryon de ce que sera éventuellement Atalante Montréal, avec des membres comme Rémi Chabot, Mathieu Bergeron, François-Pierre Stack et Francis Hamelin. Bien que peu actif, le collectif se donne comme mission de fédérer l’extrême droite issue de la scène bonehead en organisant des soirées de réseautage identitaire et en animant une émission de radio, La bouche de nos canons, diffusée par Bandiera Nera, une chaîne liée à Zentropa, média d’extrême droite lui-même lié à CasaPound. C’est La Bannière Noire qui est le premier collectif à faire aussi ouvertement le lien avec l’extrême droite italienne et à utiliser une imagerie similaire à celle d’Atalante. Il est indéniable que ce groupe et son fondateur, Maxime Taverna, ont joué un rôle important dans la création d’Atalante, voire qu’ils en sont jusqu’à ce jour parmi les principaux idéologues[v].

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015

Affiche annonçant une conférence de militants de CasaPound organisée par La Bannière Noire et la Fédération des Québécois de souche, le 28 février 2015.

Une histoire de violence

Plusieurs membres et associés, anciens et actuels, de la nébuleuse bonehead qui se perpétue depuis les années 1990 ont été impliqués dans différentes attaques violentes, notamment contre des personnes racisées.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 1998.

En 1997, huit associés des Vinland Hammer Skins et des Berzerker Boot Boys sont accusés d’avoir lancé une série d’attaques à coups de battes de baseball et de barres de fer et blessé une trentaine de personnes dans des bars de la métropole. Parmi eux, Jonathan Côté, alias « Jo Wennebago » (Chevrotine Jo sur Facebook), est encore très proche des Stompers. Steve Lavallée (Steve Bateman sur Facebook) était une figure centrale des groupes néonazis de l’époque, notamment en tant que membre du groupe Coup de Masse et leader d’une éphémère section québécoise de Blood & Honour. Lavallée semble aujourd’hui s’être calmé le pompon et reconverti dans les « grandeur nature », mais il traîne manifestement encore avec les gars de Légitime Violence et Atalante.

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017

Jonathan Côté et Steve Lavallée en 2017.

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien

Jonathan Côté avec Raphaël Lévesque et Benjamin Bastien.

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d'Atalante

Steve Lavallée en 2017, portant un t-shirt d’Atalante.

Le 22 juin 2002, Rémi Chabot et Daniel Laverdière attaquent gratuitement et poignardent un travailleur haïtien, Evens Marseille, à l’extérieur d’un bar dans l’est de Montréal. Rémi Chabot appartient encore à ce jour à la nébuleuse néonazie québécoise dont Atalante est le plus récent porte-étendard.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

Raphaël Lévesque et Rémi Chabot.

La nuit du Nouvel An 2007, six membres des Stompers, dont Raphaël Lévesque, font irruption au Bar-Coop l’AgitéE, un lieu de rencontre de la gauche à Québec, et l’un d’eux, Yan Barras, poignarde six personnes avec un exacto. Légitime Violence fait d’ailleurs référence à cette agression sauvage dans les paroles de leur chanson éponyme : « Ces petits gauchistes efféminés, qui se permettent de nous critiquer, ils n’oseront jamais nous affronter, on va tous les poignarder![vi] »

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau.

Raphaël Lévesque, Yan Barras et Étienne Mailhot-Bruneau, des Québec Stompers.

En 2008, Mathieu Bergeron et un complice, Julien-Alexandre Leclerc, sont arrêtés pour avoir poignardé deux jeunes Arabes et agressé un chauffeur de taxi d’origine haïtienne. Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène néonazie montréalaise, en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe RAC Section St-Laurent et fondateur de Faction Nationaliste. Bergeron fait aujourd’hui partie de la garde rapprochée d’Atalante et a participé à plusieurs actions du groupe. Francis Hamelin, un autre associé occasionnel d’Atalante à Montréal, est un ami de longue date de Mathieu Bergeron.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron, avec la chemise rouge, au début des années 2010.

Mathieu Bergeron dans une action d'Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Mathieu Bergeron dans une action d’Atalante à Montréal, le 20 janvier 2018.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d'une manifestation antisémite dans la municipalité d'Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Francis Hamelin (à gauche) et Mathieu Bergeron avec des militant-e-s de 3e Voie Québec, lors d’une manifestation antisémite dans la municipalité d’Hampstead, en 2011. Au centre (avec le chien) le Major Serge Provost, de la défunte Milice patriotique du Québec. Tout au fond, avec la chemise noire, Maxime Taverna, de La Bannière Noire.

Boires et déboires de Légitime Violence

Les chansons de Légitime Violence sont bourrées de propos racistes et homophobes (l’une d’elles, une reprise du groupe Evil Skins, comporte notamment ce passage pro-Shoah : « Déroulons les barbelés, préparons le Zyklon B![vii] »). Leur influence à l’extérieur du milieu bonehead demeurait toutefois relativement limitée avant la constitution du groupe Atalante en 2016.

L’information entourant les concerts de Légitime Violence au Québec tend à être divulguée de manière très parcimonieuse, voire à être dissimulée pour éviter des représailles des groupes antifascistes. Leur succès est beaucoup plus important en Europe, où ils parviennent à faire des tournées et à vendre du matériel promotionnel pour le groupe.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb.

Légitime Violence: Raphaël Lévesque, Jhan Mecteau, Benjamin Bastien et Jean-Seb. (Absent de la photo, Félix Latraverse)

En 2011, le groupe se fait couper l’herbe sous le pied lorsque, sous la pression populaire, le festival Envol et macadam de Québec retire leur concert de sa programmation.

En 2013, le groupe fait une tournée européenne qui lui permet de tisser des liens avec d’autres groupes néonazis et lui donne l’occasion d’assumer clairement ses positions politiques. Deux ans plus tard, leur 2e tournée européenne les amène à créer un groupe politique néofasciste sur le modèle de CasaPound (Italie), Hogar Social (Espagne) ou Bastion Social (France). Ce sera Atalante, officiellement créée en 2016.

Légitime Violence entretient aussi des liens étroits avec la scène RAC et bonehead de New York, dont le groupe Offensive Weapon (aujourd’hui inactif) et le label United Riot, qui a distribué un split des deux groupes en 2013. Les membres d’Offensive Weapon ont participé à des actions d’Atalante à Québec, dont la parade dans les rues de Québec à l’été 2016. Cette filiation s’étend aussi au 211 Bootboys Crew, un gang de boneheads de New York, dont des membres ont été reconnus coupables d’agression armée et d’autres sont actuellement visés par des accusations pour avoir participé à une bastonnade de militants antifascistes en marge de la récente allocution du fondateur des Proud Boys, Gavin McInnes, au Metropolitan Republican Club de Manhattan.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d'un totenkopf, l'insigne des SS.

Lee Rocco, du groupe Offensive Weapon. Notons le foulard orné d’un totenkopf, l’insigne des SS.

Photos des membres de Légitime Violence et d'Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

Photos des membres de Légitime Violence et d’Offensive Weapon, avec leur entourage respectif.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l'entourage d'Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

John Young (à gauche), des 211 Boot Boys et de l’entourage d’Offensive Weapon, a plaidé coupable pour voies de fait en juillet 2017, à New York. Ici en compagnie de Raphaël Lévesque.

Aussi récemment qu’en novembre 2018, les membres de Légitime Violence se sont rendus en France pour rendre hommage à Sergei Ventura, un vieux déchet bonehead de l’entourage de Serge Ayoub et 3e Voie.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Photo de groupe de 3e Voie, avant sa dissolution. Au centre Sergei Ventura avec Serge Ayoub et Esteban Morillo, le tueur de Clément Méric.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

Romain, ancien militant de 3e Voie, et Raphaël Lévesque. Notons le t-shirt Skrewdriver.

L’album de Légitime Violence lancé en 2017, Défends, se veut une espèce d’hommage autoréférentiel… à Atalante.

Légitime Violence en France, 2018.

Légitime Violence en France, automne 2018.

La filiation idéologique d’Atalante

Porté sur la propagande et l’action de rue, Atalante se propose de « participer à la renaissance identitaire ». La description du groupe disponible sur sa page Facebook – qui compte quelque 6 000 abonné-e-s – correspond aux thèses « déclinistes » qui caractérisent une partie importante de l’extrême droite contemporaine :

« En cette époque sombre, où mondialisme et consumérisme règnent, nous sommes étouffés par la tyrannie du politiquement correct et de la négation identitaire. L’Occident décadent est miné de l’intérieur par l’effondrement de ses valeurs et repères historiques. »

Le slogan d’Atalante, « Exister, c’est combattre ce qui me nie », est emprunté à Dominique Venner, une figure mythique de l’extrême droite française et maître à penser des identitaires dont se réclame en partie Atalante. D’abord membre de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe paramilitaire d’extrême droite luttant contre l’indépendance de l’Algérie), puis historien partisan de la théorie du « choc des civilisations », Venner s’est suicidé en 2013 dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour marquer son opposition au mariage entre personnes de même sexe.

Affiche d'Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Affiche d’Atalante rendant hommage à Dominique Venner.

Le groupe Atalante est agressivement ultranationaliste, s’identifiant à la culture, l’histoire et la nation canadiennes-françaises ou, comme ils le disent eux-mêmes, la Nouvelle France[viii]. Le nom Atalante fait référence à la frégate française Atalante, qui s’est échouée lors d’une bataille contre l’armée britannique en 1760. Son logo est un gouvernail traversé d’un éclair.

Il est indéniable que la vision du monde d’Atalante repose en très grande partie sur une conception de l’histoire du Québec (ou du Canada français) comme nation conquise et opprimée. Décodant principalement cette histoire dans une perspective culturelle et démographique, Atalante prétend que les Canadiens français sont l’objet d’une entreprise de génocide menée contre eux depuis plusieurs siècles. Cette analyse s’inspire d’éléments précis de l’histoire du Québec, et dans le passé, notamment dans les années 1960, c’est une logique analogue qui a mené un grand nombre de Canadien français à développer une forme de nationalisme de gauche identifiée de près aux mouvements tier-mondistes et décolonialistes. En 2018, cependant, cette approche retrouve davantage son extension logique dans différentes théories du complot issues de l’extrême droite concernant un « génocide blanc », un « grand remplacement » ou un « plan Kalergi », lesquelles théories sont d’ailleurs autant de points de repère pour l’extrême droite québécoise contemporaine, dont Atalante est aujourd’hui la pointe la plus saillante. Le fait que la très grande majorité des Québécois et Québécoises rejette carrément ce genre de racisme extrême est expliqué par les idéologues d’Atalante comme le résultat d’une « dégénérescence » et d’un « lavage de cerveau ». Cette vision tordue de l’histoire du Québec est ainsi résumée par Antoine Mailhot-Bruneau dans une entrevue accordée au site web néofasciste Zentropa Serbia à l’été 2017 :

« (…) le point tournant dans la création de cette nation artificielle (le Canada) est arrivée avec l’introduction d’un nouveau moyen pour nous détruire, l’immigration, dans le Rapport sur les affaires de l’Amérique du Nord Britannique, du Lord Durham, en 1839, pour qui les Français devaient tout simplement disparaître. C’est arrivé bien avant la création officielle du pays en 1967 (sic). L’année 2017 est particulière, car elle marque le 150e anniversaire de cette tromperie. Ils ont d’abord échoué dans cette tentative, car les Irlandais, Italiens, Grecs et Polonais catholiques qu’ils ont fait venir ici, et d’autres Européens catholiques, ont en fait adopté notre culture et on renforcé notre caractère européen particulier. Après cette tentative ratée, ils se sont rendu compte qu’il fallait faire venir une culture d’étrangers complètement opposée pour la mélanger à la nôtre, ou réduire encore davantage notre minorité au Canada. Pour dissimuler leurs réelles intentions et pour rendre leur plan plus acceptable aux « nationalistes » de gauche, Marxistes et autres attardés libéraux, ils ont décidé de faire venir des immigrants francophones, comme des Haïtiens et des magrébins. L’aspect le plus ironique de leur plan est qu’ils ont en fait davantage nui à la culture britannique du Canada qu’à la nôtre – par exemple, si vous visitez une ville comme Toronto, c’est pire qu’a Montréal. Cela dit, nous acceptons actuellement plus d’immigrants que la France! Imaginez notre avenir! Toutes ces politiques d’immigration sont en fait un plan pour exterminer notre peuple. »

Atalante se décrit elle-même comme une organisation « nationaliste révolutionnaire »[ix], comme l’explique un militant dans une entrevue accordée au site Internet Breizh.info :

« Le terme révolutionnaire étonne beaucoup les gens quand nous l’utilisons, mais il vient effectivement du fait que nous ne voulons rien conserver de ce monde moderne décadent et malade. Ce que nous voulons c’est créer la nouvelle aristocratie guerrière de demain en encourageant nos militants à pratiquer des sports extrêmes comme le combat ou la musculation et à lire de la littérature de toute sorte.

« Nous ne voulons pas conserver cette hiérarchie du plus riche au sommet et du plus pauvre au bas, mais amener celle du mérite, en prônant les valeurs originelles de l’occident. Par valeur originelle nous ne parlons en aucun cas de ce monde pré décadent qui est encore proche de nous, mais bien de valeurs mémorielles comme l’héroïsme, l’aventure, le sens du sacrifice, l’honneur et le goût du risque (il y en a bien d’autres encore). »

Les membres d’Atalante s’inspirent principalement de CasaPound, un mouvement néofasciste italien dont ils empruntent à la fois des éléments de discours (une rhétorique liant l’anti-immigration à l’anticapitalisme, etc.) et des tactiques de mobilisation (l’action caritative à l’intention exclusive des personnes de « souche », etc.).

En août 2016, en collaboration avec la Fédération des Québécois de souche, ils ont organisé un séminaire à Québec où ils ont invité Gabriele Adinolfi, un pionnier intellectuel du mouvement troisième position en Italie et un influent supporteur de CasaPound. À nouveau en 2017, des membres d’Atalante, dont Antoine et Étienne Mailhot-Bruneau, se sont rendus à Rome pour rencontrer des militants fascistes.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Affiche promotionnelle de la conférence de Gabriele Adinolfi, organisée par Atalante et la Fédération des Québécois de souche en août 2016.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Conférence de Gabriele Adinolfi, de CasaPound, en août 2016, à Québec.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque et Gianluca Inannone, président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Jean-Sébastien, Raphaël et Benjamin, de Légitime Violence, avec Sébastien De Boëldieu et Gianluca Iannone, respectivement porte-parole international et président national de CasaPound.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Raphaël Lévesque dans une manifestation de CasaPound contre une mosquée de quartier, à Rome, en octobre 2017.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d'Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound devant le consulat général d’Italie à Montréal, le 30 octobre 2018.

Banderole d'Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Banderole d’Atalante en soutien à CasaPound, le 30 octobre 2018.

Atalante ne cache pas son admiration pour des figures intellectuelles fascistes. À côté du portrait de Dominique Venner peint sur un mur de leur gymnase figure celui de Julius Evola, un illuminé reconnu par plusieurs comme le penseur le plus important de la renaissance fasciste de la seconde moitié du 20e siècle. En mars 2018, Atalante affichait sur sa page Facebook un hommage au « martyr » François Duprat, un théoricien du nationalisme révolutionnaire et grand défenseur du fascisme historique.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d'entraînement d'Atalante, à Québec.

Portraits de Friedrich Nietzsche, Julius Evola et Dominique Venner sur le mur de la salle d’entraînement d’Atalante, à Québec.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

Hommage à François Duprat, fasciste et théoricien du nationalisme révolutionnaire.

En tant que formation nationaliste révolutionnaire, Atalante récupère ainsi des thèmes anticapitalistes, notamment l’opposition à la bourgeoisie internationale (incarnée dans leur rhétorique par le spectre des « globalistes » et la figure mythifiée de Georges Soros)[x], en prétendant que cette dernière mène une guerre contre les classes ouvrières blanches par l’entremise d’une « main-d’œuvre bon marché de l’étranger », laquelle viendrait saper les acquis des « Québécois-e-s de souche ».

Tract d'Atalante contre George Soros et les "globalistes".

Tract d’Atalante contre George Soros et les “globalistes”.

Paradoxalement, ces nationalistes révolutionnaires, qui détestent viscéralement les communistes et les anarchistes au point de souhaiter leur mort, ne se contentent pas de récupérer des éléments théoriques de la gauche, mais plusieurs de leurs tactiques sont souvent directement copiées de pratiques d’abord adoptées et éprouvées par la gauche anticapitaliste. L’intervention dans les bureaux de VICE, par exemple, est un type d’action repris d’organisations sœurs d’Atalante en Europe, qui elles-mêmes les avaient piquées au mouvement d’extrême gauche à qui elles vouent une haine mortelle! Même chose pour la distribution de vêtements et de nourriture aux démunis (de « souche »), qui constitue l’essentiel de l’activité publique d’Atalante à Québec et Montréal. Pour ne rien dire du banner dropping (déploiement de banderoles), qui est une autre tactique éprouvée de l’extrême gauche. On pourrait croire que les militant-e-s de l’extrême droite contemporaine sont incapables d’une idée originale…

À l’instar des transformations cosmétiques qu’opèrent les milieux d’extrême droite identitaire des deux côtés de l’Atlantique (les « identitaires » en Europe et l’Alt-Right aux États-Unis), le changement graduel d’image, la transformation du bonehead néonazi bête et méchant en nipster propret et bien discipliné, procède d’une volonté d’être mieux perçus et éventuellement acceptés par les nationalistes modérés, dans un premier temps, puis par des secteurs toujours plus larges de la société. Comme l’explique Antoine Mailhot-Bruneau dans l’entrevue citée ci-dessus: « [ils se sont] rendu compte que pour amener plus de gens à se joindre, il fallait prendre une allure plus normale et nous rendre plus accessibles. » Ce face-lift participe donc d’une stratégie visant à promouvoir un type particulier d’ultranationalisme identitaire, profondément raciste et en dernière analyse reposant sur le culte de la violence.

Une cohabitation ambiguë avec les groupes national-populistes

Les positions politiques d’Atalante l’ont parfois menée à adopter une posture critique vis-à-vis d’autres tendances de l’extrême droite, notamment l’actuel mouvement national-populiste. Par exemple, même si leurs membres se sont pointés à la manifestation anti-islam du 4 mars 2017, à Québec, ils sont restés en retrait et, dans un communiqué affiché plus tard sur Facebook, ont déploré la vision des groupes populistes trop étroitement axée sur l’islam, alors qu’à leur avis, les vrais ennemis sont le multiculturalisme, « l’immigration de masse » et le système des « banksters ».

Dans ce même ordre d’esprit « tercériste », la bannière qu’ils ont déployée ce jour-là était marquée d’une citation modifiée de Karl Marx : « Immigration : Armée de réserve du Capital ». (En 2017, des membres d’Atalante avaient par ailleurs distribué des tracts prônant une approche plus radicale et anti-systémique en marge du lancement d’un livre de Mathieu Bock-Côté, un chroniqueur conservateur et islamophobe.)

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Bannière portée par Atalante le 4 mars 2017, à Québec.

Antoine Mailhot-Bruneau élabore cette perspective dans l’entrevue susmentionnée :

« Il y a des groupes, comme les Soldiers of Odin, et un groupe Internet appelé La Meute, qui s’opposent principalement à  l’islamisation du Canada tout en défendant la démocratie, mais ça n’est pas du tout notre manière de voir les choses. Nous sommes bien sûr contre l’immigration non européenne, mais nous sommes avant tout contre un régime qui emploie l’immigration pour nous exterminer. Ce régime utilise des immigrants du tiers-monde dans ses industries, appliquant de la pression sur les travailleurs locaux, et nous ne pouvons pas défendre quelque chose d’aussi indéfendable que la démocratie. Nous croyons que la démocratie est le pire régime que le monde ait jamais connu, un régime conçu et dirigé par la bourgeoisie, et qui n’a jamais servi que l’establishment et ses intérêts. »

Cela étant dit, 2017-2018 a été l’occasion d’un rapprochement certain entre, d’un côté, les milieux national-populistes islamophobes et anti-immigration et, de l’autre, le petit courant néofasciste auquel Atalante appartient. Au fur et à mesure que les membres respectifs de ces différents groupes se sont mis à « liker » les mêmes idées racistes sur les médias sociaux, à devenir « amis » et à participer aux mêmes manifestations – voire dans certains cas, à se trouver du même côté de face-à-face tendus avec les antifascistes – les néofascistes ont commencé à recevoir des bons mots et des encouragements des droitistes réformistes ou non engagés/alignés.

L’expression la plus visible et la plus tangible de ce rapprochement a eu lieu le 25 novembre 2017, à Québec, lorsque des membres d’Atalante et des Soldiers of Odin sont descendu-e-s de leur position en retrait sur l’esplanade pour se joindre à la manifestation de La Meute et de Storm Alliance « en soutien à la GRC » (!) devant l’Assemblée nationale. Les membres de ces derniers groupes ont chaudement applaudi les fascistes et les ont accueillis à bras ouverts. (Peu après cette sidérante convergence, opérée grâce à l’action répressive de la police de Québec contre les antiracistes, deux néonazis bien connus de Montréal, Shawn Beauvais-Macdonald et Philippe Gendron des Soldiers of Odin, essaient de former une « branche montréalaise » d’Atalante.)

Ça n’était toutefois pas la première fois que des membres d’Atalante participaient à une manifestation de la droite plus large aux côtés de nationalistes populistes. Dans un reportage de VICE qui date d’avant que Dave Tregget ne quitte les Soldiers of Odin pour créer Storm Alliance, en décembre 2016, on voit celui-ci parler au téléphone avec Raphaël Lévesque, qui l’assure que des membres d’Atalante sont sur le point de rejoindre leur manifestation anti-immigration. Katy Latulippe, la présidente des Soldiers of Odin Québec, a d’ailleurs elle aussi témoigné publiquement un grand respect pour Atalante, expliquant que les deux groupes avaient mené des patrouilles conjointes (essentiellement, des actes d’intimidation dirigés contre les immigrant-e-s) à Québec.

Manifestation conjointe d'Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Manifestation conjointe d’Atalante et des Soldiers of Odin, à Québec, le 1er avril 2018, pour commémorer le centenaire des émeutes de la conscription, à Québec.

Rappelons que Katy Latulippe avait remplacé Dave Tregget à la tête des Soldiers of Odin au début de 2017; elle a plus tard réitéré son admiration pour Atalante :

« Sur beaucoup de points, on se rejoint, dit la présidente du chapitre québécois des Soldats d’Odin, Katy Latulippe, à propos d’Atalante. Il y a un très grand respect entre les deux groupes. Ils distribuent de la bouffe dans les rues et nous aussi. Pourquoi ne pas se donner un coup de main et joindre l’utile à l’agréable? On a une bonne chimie ensemble. Nos itinérants et nos vétérans crèvent de faim dans les rues. Comment peux-tu amener du monde d’autres pays quand tu n’es pas capable de t’occuper de ton propre peuple? »

Liens étroits entre Atalante et la Fédération des Québécois de souche

Bien que la connexion avec les Soldiers of Odin ne soit pas anodine, la Fédération des Québécois de souche constitue une influence idéologique beaucoup plus importante. La FQS a été créée en 2007 en tant qu’organisation explicitement suprémaciste blanche (white power) par Maxime Fiset (aujourd’hui nazi repenti et converti en soi-disant spécialiste de l’extrême droite). Sa revue, Le Harfang, a été l’une des premières publications francophones à promouvoir des éléments de l’Alt-Right, et ses éditeurs, qui adoptent collectivement le pseudonyme « Rémi Tremblay », ont fréquemment collaboré à des publications de l’Alt-Right aux États-Unis. La mission de la FQS peut être définie comme une volonté de regrouper diverses tendances d’extrême droite au Québec, du traditionalisme catholique à l’identitarisme, tout en réduisant l’écart entre la génération qui était active dans les années 1980 ou avant et les militant-e-s d’extrême droite actifs aujourd’hui.

C’est vraisemblablement par l’entremise de la FQS qu’Atalante a pu organiser une prière publique le 1er mai 2016 sur les Plaines d’Abraham avec un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX)[xi], une société de catholiques traditionalistes d’extrême droite. La connexion avec le traditionalisme catholique est à nouveau ressortie en mai 2017, quand Atalante a dit assurer la sécurité d’une conférence montréalaise organisée par l’Association des parents catholiques du Québec, une autre organisation d’extrême droite, avec Marion Sigault (une sympathisante d’Alain Soral) et Jean-Claude Dupuis (de la FSSPX, auparavant du Cercle Jeune nation[xii]).

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l'intention des militant-e-s d'Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Messe officiée par un prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le 1er mai 2016, à Québec, à l’intention des militant-e-s d’Atalante et de la Fédération des Québécois de souche.

Affiche annoncant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

Affiche annonçant une conférence de Jean-Claude Dupuis, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, dont Atalante aurait assuré la sécurité.

En mai 2017, FQS et Atalante joignaient à nouveau leurs forces pour organiser la visite d’un militant du Groupe Union Défense (GUD), une organisation étudiante française d’extrême droite, précurseur direct de Bastion Social. En février et en novembre 2018, dans le cadre de « fins de semaine militantes » réservées à ses « militants et sympathisants », Atalante tendait chaque fois le microphone à un « Rémy Tremblay » de la FQS…

Affiche annonçant la tenue d’une conférence d’un militant du Groupe Union Défense, organisée par Atalante et la FQS, en mai 2017. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en février 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche. Affiche annonçant un séminaire de formation à l’intention des militant-e-s et sympathisant-e-s d’Atalante, en novembre 2018, avec un conférencier de la Fédération des Québécois de souche.

Tigres (et banderoles) de papier

Comme mentionné ci-dessus, l’essentiel de l’activité publique d’Atalante consiste à distribuer des lunchs aux personnes (de « souche ») en situation d’itinérance, à rendre symboliquement hommage à divers « héros » intellectuels (Jeanne D’Arc, Dominique Venner, le navigateur français Jean Vauquelin, etc.) et à poser des banderoles de papier portant des inscriptions à caractère politique lors d’incursions nocturnes rapides et furtives.

Un aperçu des différents slogans marqués sur leurs banderoles devrait suffire à donner une idée claire de leur projet politique : « REMIGRATION », « IMMIGRATION : ARMÉE DE RÉSERVE DU CAPITAL », « JUSTICE SOCIALE; PRÉFÉRENCE NATIONALE », « TERRORISTES DEHORS; ISLAM DEHORS », « SAMURAI D’OCCIDENT » (!), etc.

Dans l’une de leurs premières sorties publiques à Montréal, en août 2017, des membres d’Atalante ont accroché des banderoles réclamant la #remigration, notamment au pied du Stade olympique, où des réfugié-e-s en provenance d’Haïti étaient temporairement hébergé-e-s.

Atalante assimile les personnes de confession musulmane et les personnes racisées à des envahisseurs et terroristes en puissance qu’il faudrait expulser. Face à ce qu’ils et elles désignent comme « notre extermination tranquille », à l’instar de mouvements d’extrême droite européens comme Génération Identitaire, Atalante prône « une inversion du flux migratoire, une remigration à grande échelle accompagnée d’une politique de natalité efficace ».

Banderole raciste d'Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

Banderole raciste d’Atalante déployée au Stade olympique en août 2017.

La « remigration », un terme qui est devenu en vogue dans les mouvements identitaires des deux côtés de l’Atlantique au cours des dernières années, désigne essentiellement un programme de nettoyage ethnique.

Des membres d’Atalante ont visité Montréal à plusieurs reprises pour poser des collants, affiches et banderoles. Ils ont été aidé-e-s par des membres de leur « section montréalaise » anémique, comme Vincent Cyr et Shawn Beauvais-Macdonald (cet ancien membre anglophone de la Meute qui est devenu une célébrité nazie locale suite à son voyage à Charlottesville en août 2017 et sa participation active au salon de discussion néonazi « Montreal Storm »  sous le pseudonyme « FriendlyFash »). Comme nous l’avons dit ailleurs, la multiplication de ces incursions rapides et sans risque a permis à Atalante d’obtenir une certaine visibilité dans les médias de masse et les médias sociaux.

En janvier 2018, ils ont posé de grandes banderoles à Montréal dénonçant une liste de personnalités associées à la gauche (définie très largement…) et au mouvement antiraciste de Montréal. Celles qui sont blanches étaient taxées de « traîtres », et les personnes de couleur étaient traitées de « parasites ». (Shawn Beauvais-Macdonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, par l’ineptie de ce dernier, ont été identifié-e-s comme ayant participé à cette action.)

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d'affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

Shawn Beauvais MacDonald, Véronique Stewart, David Leblanc et Martin Minna, suite à une action d’affichage de banderoles racistes à Montréal, en janvier 2018.

En août 2018, dans une autre campagne d’affichage, Atalante faisait sienne une théorie du complot en vogue dans les milieux suprémacistes voulant que les fermiers blancs d’Afrique du Sud soient victimes d’un « génocide » fomenté par la majorité noire du pays. Cette théorie du complot a bien sûr été réfutée de toutes parts, ce qui n’a pas empêché des membres d’Atalante (dont Beauvais-MacDonald, encore lui) de se rendre jusqu’au Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa pour y déployer une ridicule banderole dénonçant le « massacre des Boers ».

Banderole d'Atalante déployée devant le Haut-commisariat d'Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante déployée devant le Haut-commisariat d’Afrique du Sud à Ottawa, mars 2018. À gauche, Shawn Beauvais-MacDonald.

En août 2018, à Montréal, des militant-e-s d’Atalante ont attaqué un couple de passants qui s’objectait au contenu des collants qu’ils posaient, en proférant des menaces et en criant à une femme « de retourner dans son pays ».En septembre 2018, pendant la campagne électorale provinciale, Atalante a posé des affiches sur des bureaux d’élection de candidats des quatre principaux partis, dénonçant les élections comme une farce. Sur sa page Facebook, Atalante dit avoir mené cette action parce qu’il n’y a « aucune différence majeure entre les programmes des partis, sinon un excès de ridicule. Aucun projet national inspirant et capable de servir le bien commun ». Encore une fois, une minuscule action d’Atalante qui aurait été complètement ignorée par les médias si elle avait été menée par la gauche a fait les manchettes. Comme le dit lui-même un militant d’Atalante: « Avec tous les gens qui nous écrivent pour nous encourager, les journalistes font un très bon travail de nous faire de la publicité ».

Banderole d'Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Banderole d’Atalante à Montréal. Vincent Cyr et Shawn Beauvais-MacDonald.

Même si ces petites actions à Montréal ont su attirer l’attention, le groupe est bien plus actif à Québec, où les membres et sympathisant-e-s se mettent régulièrement en scène sillonnant les rues de la ville pour distribuer des sacs à lunch, posant le visage couvert d’un masque fleurdelysé (une pratique directement reprise de CasaPound) ou nettoyant des graffitis jugés « antinationaux », pour ensuite publier sur Facebook des albums photos de leurs actions.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Atalante devant le siège de Radio-Canada à Québec, le 1er juillet 2017.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Militant-e-s de CasaPound masqué-e-s.

Des membres d'Atalante s'astiquent le canon, septembre 2016.

Des membres d’Atalante s’astiquent le canon, septembre 2016.

Parmi les autres projets notables d’Atalante à Québec figure la création d’un « club de combat identitaire » (ouvert depuis, semble-t-il, juin 2017) nommé La Phalange, qui se voudrait à la fois un espace de socialisation et d’entraînement pour les militant-e-s d’extrême droite.

Membres de l'entourage d'Atalante s'entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Membres de l’entourage d’Atalante s’entraînant à leur salle de boxe privée surnommée La Phalange.

Notons pour finir que les événements privés organisés par Atalante semblent servir d’occasion pour entraîner ses militant-e-s dans des campagnes d’affichage nocturnes. Radio-Canada rapportait en février dernier que la première « fin de semaine militante » mentionnée ci-dessus avait été organisée au Domaine Maizerets de Québec, une institution financée publiquement :

« Le prospectus de l’événement précise la tenue d’un atelier sur le survivalisme, d’une conférence du porte-parole de la Fédération des Québécois de souche, ainsi qu’une autre formation sur le nationalisme révolutionnaire.

« Les militants masqués du groupe ont profité de cette réunion pour apposer dans divers lieux de Québec, en pleine nuit, de larges banderoles portant l’inscription « Québec bastion nationaliste ». Les images de ces affichages ont été publiées sur Facebook. »

Banderole d'Atalante devant l'Assemblée nationale, février 2018.

Banderole d’Atalante devant l’Assemblée nationale, février 2018.

En guise de conclusion : devoir de vigilance et d’organisation

Le succès relatif d’Atalante est sans doute dû à un ensemble de facteurs complexes, dont l’actuelle résurgence historique de la droite identitaire, l’utilité des médias sociaux pour réseauter différentes personnes et tendances, et le goût des médias sensationnalistes pour les bad boys et les affaires scabreuses. Ce serait toutefois une erreur pour la gauche radicale de ne pas également prendre en compte certains éléments tactiques d’Atalante qui reflètent une réelle acuité politique : un petit groupe de militant-e-s dévoué-e-s menant des actions simples et ciblées peuvent toucher l’imagination et avoir un impact.

Il nous faut aussi reconnaître qu’Atalante aspire à développer un cadre théorique révolutionnaire cohérent, ce qui n’est pas le cas d’organisations de la droite national-populiste comme La Meute. Tant qu’ils adhéreront efficacement à un tel cadre théorique, les militant-e-s d’Atalante auront une longueur d’avance sur les national-populistes et sur les critiques des milieux libéraux. Une idéologie aux prémisses aussi rebutantes limite nécessairement le potentiel de recrutement de l’organisation, mais une éventuelle situation critique pourrait lui donner l’occasion d’intervenir efficacement et de devenir un véritable mouvement. L’effet le plus dommageable d’un tel développement serait qu’un groupe fasciste parvienne à occuper un espace politique qui aurait dû être saisi par la gauche révolutionnaire.

N’attendons donc pas qu’Atalante devienne aussi importante en nombre et en influence que des groupes comme CasaPound ou Génération Identitaire pour nous organiser contre son expansion. Mobilisons-nous maintenant pour les exposer, déconstruire leur projet politique et leur substituer un projet de société à la fois révolutionnaire, anticapitaliste, égalitaire et radicalement antiraciste.Ne perdons pas de vue que, même en l’absence d’une situation critique sur laquelle elle pourrait capitaliser, Atalante représente une réelle menace pour les segments de la population que son discours cible directement, ainsi que pour les camarades qui tentent de s’organiser dans les espaces où elle est présente. De plus, un groupe comme Atalante, comme nous le répétons souvent, constitue une espèce de pôle d’attraction offrant des points de repère politiques et des connexions aux membres de la droite national-populiste plus large.

Par conséquent, il est nécessaire de prendre Atalante au sérieux, même si le groupe ne compte que quelques douzaines de membres dont l’activité consiste surtout à poser des banderoles et nettoyer des graffiti.On ne saurait trop encourager les lecteurs et lectrices à s’informer assidûment, à partager des renseignements avec les collectifs antifascistes locaux et à former de tels collectifs là où il n’y en a pas.Ce n’est qu’en nous organisant mieux et plus largement que les fascistes, que nous parviendrons à leur bloquer le chemin.

No pasarán!

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Qui sont les militant-e-s d’Atalante?

Voici une galerie de portraits de personnes que nous avons réussi à identifier dans les actions et réseaux sociaux d’Atalante, de Légitime Violence et des Québec Stompers.N’oubliez pas que par leur appartenance à Atalante et à ses groupes satellites, ces individus adhèrent tous et toutes fièrement à des idées et à un projet néofascistes. Si vous avez des renseignements sur ces individus qui seraient utiles aux efforts antifascistes, n’hésitez pas à nous les communiquer à renseignements @ riseup.net.

QUÉBEC :

Raphaël Lévesque, alias Raf Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Chanteur de Légitime Violence, fondateur d’Atalante. Après avoir livré du Pad Thaï pendant quelques années, il s’est recyclé dans le camionnage chez Transport Morneau. Devant un juge, il se décrit néanmoins comme un« musicien professionnel ». Il a fait quelques voyages en Europe dans les dernières années, notamment pour visiter les militants néofascistes de Bastion Social et de CasaPound.
Antoine Mailhot-Bruneau – alias Tony Stomper, alias Antoine Pellerin, « Tony Quechault » sur Facebook [Québec Stomper/Atalante]
Après avoir grandi à Mont-Laurier, comme son frère cadet Étienne, Antoine amorce des études collégiales à Lionel-Groulx et participe au mouvement étudiant durant la grève de 2007. Il déménage par la suite à Québec, où il rejoint les Québec Stompers. Il amorce plus tard des études de matelot à Rimouski, où il recrute Yannick Vézina, puis passe à l’Université Laval, au programme d’enseignement de l’histoire, qu’il abandone rapidement. Son frère Étienne le rejoint lui aussi dans les Stompers, avec quelques-uns de ses amis proches de Mont-Laurier, comme Dominic Brazeau. Antoine Mailhot-Bruneau est vraisemblablement l’un des principaux militant-e-s du projet Atalante, voire son véritable leader idéologique. Celui qui disait n’avoir rien a caché dans une entrevue accordée au site fasciste Zentropa Serbia en 2017 a pourtant pris grand soin jusqu’ici de garder le secret sur son rôle dans Atalante, en n’apparaissant que rarement dans les actions publiques du groupe, en floutant sont visage dans les rares vidéos où il apparaît furtivement et en opérant sous différents pseudonymes.
Jonathan Payeur, alias Jo Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Ancien skinhead antiraciste, Jonathan Payeur est devenu le chien de poche de Raphaël Lévesque dans les dernières années. Comme moyen de s’amender aux yeux de ses nouveaux amis suprémacistes, il est devenu très actif à Québec chez Atalante et dans le crew plus restreint des Québec Stompers. Il est en couple avec Roxanne Baron. Il a notamment comme « lourde responsabilité » de peindre l’ensemble des banderoles poches qu’ils accrochent sur des panneaux publicitaires le temps d’une photo trop floue et mal cadrée garrochée le soir même sur Facebook.
Benjamin Bastien, alias Ben Stomper [Québec Stomper/Légitime Violence/Atalante]
Guitariste du groupe Légitime Violence et membre central des Québec Stompers, Benjamin Bastien milite activement dans Atalante depuis sa formation. Originaire d’Amos, Benjamin aurait d’abord été brièvement antiraciste avant de devenir « apolitique », et finalement ultranationaliste au contact de boneheads.
Yannick Vézina, alias Yan Sailor [Québec Stomper /Atalante]
Recruté par Antoine Mailhot-Bruneau lors de ses études de marin à Rimouski, Yannick Vézina (alias Yan Sailor) est actif dans Atalante depuis la formation du groupe. Il a été identifié sur des photos de l’action dans les bureaux de VICE à Montréal.
Roxanne Baron, alias Rox Stomper [Québec Stomper/Atalante]
Militante d’Atalante active à Québec et présente à plusieurs sorties d’affichage et de distribution. Partenaire de Jonathan Payeur.
Étienne Mailhot-Bruneau [Québec Stomper/Atalante]
Originaire de Mont-Laurier. Frère cadet d’Antoine Mailhot-Bruneau. Illustrateur et animateur d’Atalante (sous le pseudonyme Sam Ox), Étienne est dans l’entourage des Stompers depuis plusieurs années et en est vraisemblablement membre en règle depuis quelque temps. Tout porte à croire qu’Étienne est un membre central d’Atalante.
Yan Barras [Québec Stomper/Atalante]
Actif avec les Québec Stompers depuis longtemps, il fut notamment au centre de l’attaque au couteau à l’AgitéE le soir du 31 décembre 2006.
Olivier Gadoury [Québec Stomper/Atalante]
Présent dans Atalante à sa fondation et à pluieurs événements par la suite.
Sven Côté [Québec Stomper/Atalante]
« Svein Krampus » sur Facebook. Dans Atalante depuis l’hiver 2016, après une radicalisation vers le fascisme amorcée virtuellement en 2013. Il a grandi et vit toujours à Québec. Côté est fortement soupçonné d’être parmi les auteurs de l’attaque contre la librairie La Page Noire à Québec dans la nuit du 8 au 9 décembre 2018.
Valéry Lévesque [Atalante]
Frère de Raphaël Lévesque, Valéry fait partie de l’entourage de Légitime Violence et des Québec Stompers depuis des années.
Gabriel Bolduc-Hamel [Atalante]
Actif pendant un an dans les affichages et distributions à Québec. Il semble s’être retiré des actions, mais est toujours actif virtuellement. Il est tatoueur.
Renaud Lafontaine [Atalante]
Bien présent dans les actions d’Atalante à Québec, Lafontaine a aussi participé à l’action d’Atalante dans les locaux de VICE à Montréal.
 
Dominic Brazeau [Atalante]
Originaire de Mont-Laurier, où il allait à l’école avec Étienne Mailhot-Bruneau, Brazeau a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du groupe.
Simon Gaudreau
A participé à de nombreuses actions d’Atalante au cours de l’année 2018.
Nicolas Bergeron
Le sujet d’une récente enquête de VICE, Bergeron dirige une entreprise de « reconstitution Viking », Vinland Productions, engagée pour animer des reconstitutions historiques à l’intention d’élèves du primaire et du secondaire au Québec. Bergeron admet être proche d’Atalante, qu’il décrit comme un groupe qui souhaite soutenir la communauté, et s’entraîne au gymnase du groupe, mais nie en être membre. Pourtant, VICE a publié des photos de lui posant avec Raphaël Lévesque et participant à des manifestations d’Atalante. Il porte aussi plusieurs tatouages racistes et néonazis, comme le « soleil noir ». Notons que « Vinland » (le nom donné par les explorateurs vikings au territoire aujourd’hui appelé Terre-Neuve) est un terme employé à maintes reprises par des néonazis au Québec au cours des 30 dernières années.
Benjamin Peelman [Atalante]
« Peel Bastion » sur Facebook. Expatrié français originaire de la région de Lille. Sympathisant d’Atalante depuis sa création.
 
Mathieu Beaudin [Atalante]
Jeune sympathisant d’Atalante aperçu dans quelques actions, dont la marche au flambeau en août 2016.
Jhan Mectau [Légitime Violence]
Bassiste de Légitime Violence et tatoueur sous le nom de Jhan Art. Adepte de « grandeur nature » (GN).
Félix Latraverse [Légitime Violence]
Pelage Delatravars sur Facebook. C’est le nouveau guitariste de Légitime Violence. Il a également participé à certaines actions d’Atalante. Il fait notamment partie du groupe Folk You! qui entretient des liens avec les mouvances néonazies, mais est également un amateur de NSBM (Black Métal National Socialiste). Il a tourné avec plusieurs groupes de musique, notamment Dèche-Charge, Neurasthène, Délétère, Haeres et plusieurs autres.  Il travaille également au Studio Sonum, la seule salle où Légitime Violence réussit encore à se produire en public à Québec.
Gérôme Tymchuk-Leblanc
Sympathisant d’Atalante, il participe également au club de boxe La Phalange.
Alexandre Normand
Sympathisant d’Atalante. Membre actif des Forces armées canadiennes, Normand a fait l’objet de quelques articles en 2015 exposant ses sympathies racistes et ses liens avec l’extrême droite.

MONTRÉAL :

Vincent Cyr [très actif]
Issu de la scène punk hardcore de la rive sud de Montréal (il réside à Longueuil), il est maintenant au centre de la chancelante initiative Atalante Montréal. Vincent Cyr est boucher, métier qu’il se plaît à exhiber. Très présent dans les séances d’affichage à Montréal et prolifique colleux de collants, il est un des principaux propagandistes d’Atalante sur l’île de Montréal. Avec très peu de capacité de communication, il ne fait que reprendre les campagnes développées par les (très petits) cerveaux de Québec. Vincent Cyr a plaidé coupable d’agression armée en 2012.
Shawn Beauvais-Macdonald [très actif]
D’abord membre « anglophone » de La Meute (aperçu une première fois à la manif contre le projet de Loi 103, le 4 mars 2017, où il traite les antiracistes de « traîtres à la race » et se retrouve vite au centre d’une foire d’empoigne), Beauvais-Macdonald se fait surtout remarquer par sa participation au rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, en août 2017. Très présent dans les milieux Alt-Right montréalais, notamment par sa participation au salon de discussion néonazi « Montreal Storm » sous le pseudonyme « FriendlyFash » et son activité sur les médias sociaux, il se rapproche d’Atalante Québec en rencontrant Raphaël Lévesque et en s’entraînant au club de boxe La Phalange, à Québec. Avec le bonehead Philippe Gendron, il tente alors de réunir quelques personnes pour créer la branche montréalaise d’Atalante, avec un insuccès remarquable. Il participe à la plupart des actions furtives du groupe à Montréal et tente vraisemblablement de rapprocher la frange Alt-Right québécoise de l’organisation fasciste Atalante. Il a participé à l’action d’Atalante dans les bureaux de VICE.

Philippe Gendron [désactivé]
Philippe Gendron est un bonehead de la région de Joliette qui à commencé à milité à Montréal en 2017 avec les Soldiers of Odin. Il aurait voulu créer une « branche montréalaise » d’Atalante avec Shawn Beauvais-MacDonald. Après un accrochage avec des antifascistes de la métropole à l’été 2018, Gendron a fini par crisser son camp se réfugier à Québec dans les bras stéroïdés des Québec Stompers. Il semble aujourd’hui s’être rassis sur le banc, certainement après que ses petits camarades se soient rendu compte qu’il n’est pas le plus fiable des militants, ni l’ampoule la plus allumée de la guirlande. En plus d’avoir collaboré avec la police… oups.
Mathieu Bergeron [actif]
Reconnu coupable d’une agression à main armée à caractère raciste en 2008, alors qu’il était encore mineur, Bergeron restera pendant plusieurs années une figure importante de la scène ultranationaliste et néonazie Montréalaise, notamment en tant que membre du crew StrikeForce, chanteur du groupe Section St-Laurent et fondateur du groupuscule Faction Nationaliste. Bergeron a participé à plusieurs actions d’affichages du groupe à Montréal.
Jean « Brunaldo » [Français, actif]
Présent dans certaines sorties et séances d’affichage à Montréal et Québec et sur les photos d’une récente randonnée en montagne. Brunaldo (nom Facebook; non confirmé) était précédemment dans le milieu des jeunes boneheads de Paris, dans le cercle rapproché de Serge Ayoub, de 3e Voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Jean était proche de Samuel Dufour, un des boneheads néonazis qui, avec Esteban Morrilo, ont été inculpés pour l’assassinat de Clément Méric, le 5 juin 2013, à Paris. Il semble être aujourd’hui dans le cercle rapproché d’Atalante. En couple avec Chloé Fleury.

Chloé Fleury, alias Lucy Mergnac [Française, peu active]
Présente sur les photos d’une randonnée en montagne avec d’autres militants d’Atalante, et participe à des affichages à Montréal. En couple avec Jean Brunaldo.

Francis Hamelin [peu actif]
Bonehead catholique intégriste et néonazi furieux. Ancien militant de Troisième Voie Québec, il a été aperçu dans des actions montréalaises d’Atalante.
Rémi Chabot [peu actif]
Vieux bonehead qui a agressé un travailleur haïtien en 2002 et fait encore aujourd’hui partie du milieu ultranationaliste et de l’entourage d’Atalante. Il était membre du groupe néofasciste La Bannière Noire.

 

AUTRES SYMPATHISANT-E-S :

Félix-Olivier Beauchamp
Originaire de Mont-Laurier, il a participé à de nombreuses actions d’Atalante depuis la fondation du collectif, autant à Montréal qu’à Québec.
Éric Gervais
Réside à St-Eustache, père de deux enfants. Il a commencé sa carrière de bonehead avec Coup de Masse et continue encore aujourd’hui d’être présent à la plupart des concerts de Légitime Violence.
Jonathan Côté
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. C’est d’ailleurs à son contact ainsi que celui de quelques uns de ses vieux amis néonazis que les Québec Stompers se sont rapprochés de l’extrême droite.Julie Laurier
Elle traîne dans l’entourage de Légitime Violence depuis belle lurette, c’est également la partenaire de Jonathan Côté.
Mickaël Delaunay
Un employé de Vinland Productions, Delauney nie être membre d’Atalante, mais un récent reportage de VICE le montre participant à diverses activités du groupe.
Yannick Gasser
Réside à Terrebonne. Peu actif politiquement, c’est surtout un amateur de Légitime Violence qui a été tiré vers la droite par l’entourage du groupe. Il a participé à la commémoration pour Jeanne-D’arc organisée par Atalante le 7 mai 2018.

Ian Alarie [alias Ian Enforme]
Néonazi adepte du NSBM, proche des Soldiers of Odin, il vit dans la région de Montréal, vraisemblablement à Varennes. Il participe à quelques actions d’Atalante à Montréal ainsi qu’à la parade dans les rues de Québec à l’été 2016.
Martin Léger
Autrefois connu sous le sobriquet « Cad Stomper », Léger n’est pas un militant d’Atalante. En fait, l’empressement avec lequel il s’est distancé des Stompers lui a valu une chanson dédicacée de Légitime Violence intitulée Sale traître. Cela dit, nous croyons qu’il est important de mentionner Léger ici, car il gère une armurerie et un champ de tir dans la région de Québec et a fait les manchettes en 2017 lorsqu’il s’est associé à une manifestation pro armes à feu devant avoir lieu sur le site du massacre antiféministe de Polytechnique et a publié une vidéo misogyne lorsque la manifestation a été vivement critiquée.
Steve Lavallée
Vieux bonehead, ancien membre des Berzerker Boot Boys. Il traîne depuis longtemps dans l’entourage de Légitime Violence. Il s’est depuis découvert une passion pour les grandeurs natures, participant, aux côtés d’autres néonazis, aux activités des vikings du Vinland.
Dominic Gendron
Membre de longue date des Québec Stompers, il s’est exilé en Abitibi depuis quelques années. Il continue néanmoins à soutenir sa bande comme il le peut et a notamment participé à certaines actions d’Atalante à Québec lorsqu’il était de passage.

Jonathan Croteau
Amateur de Légitime Violence qui traîne dans l’entourage des Québec Stompers depuis très longtemps. Il aurait entre autres participé à l’attaque du bar l’AgitéE lors de la nuit du nouvel an 2007.
Sébastien Théberge [proche de Légitime Violence]
Très près de Légitime Violence et supporteur d’Atalante. Vivrait à Montmagny. Ancien des Soldiers of Odin, il était présent au rassemblement d’Atalante en avril 2018 commémorant les 100 ans de la conscription.
Evymay Lacroix
Amatrice de Légitime Violence et de powerlifting. Elle est également friande de NSBM et se dit ouvertement néonazie.

 

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Pellerin.

Québec Stompers: Raphaël Lévesque, Jonathan Payeur, Olivier Gadoury, Benjamin Bastien, Yan Barras et Antoine Mailhot-Bruneau.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Pellerin et Raphaël Lévesquel. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Roxane Baron, Jonathan Payeur, Étienne Mailhot-Breuneau, Benjamin Bastien, Antoine Mailhot-Bruneau et Raphaël Lévesque. En bas, à gauche, Jonathan Côté.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxanne Baron, Yannick Vézina, Antoine Pellerin et Jonathan Payeur.

Québec Stompers: Valéry Lévesque, Roxane Baron, Yannick Vézina, Antoine Mailhot-Bruneau et Jonathan Payeur.


[i]

Des militant-e-s d’Atalante avaient déjà employé la même tactique théâtrale en 2017 pour intimider une journaliste de CBC News et Ian Bussières du Soleil. Lire aussi à ce sujet : Atalante et le harcèlement des médias. Ils ont aussi fait plusieurs cacas nerveux contre le journaliste Philippe Tesceira-Lessard, de La Presse, qui a fait paraître une série d’articles depuis 2013 portant sur Légitime Violence et mettant en lumière le passé criminel des petits copains ainsi que les liens actifs de certains sympathisants avec l’armée canadienne.

[ii]

Le oï est un sous-genre de la musique punk issue d’une volonté originale de rapprocher les différentes sous-cultures de la classe ouvrière britannique au sein d’un mouvement unifié, mais qui a plus tard été détournée par les éléments racistes de la scène dans un but de recrutement des jeunes prolétaires désabusés dans des mouvements politiques fascistes comme le National Front et le British National Party.

[iii]

RAC, ou « Rock Against Communism », désigne un mouvement néofasciste créé dans les années 1980 en réaction au mouvement « Rock Against Racism » formé par des artistes et musiciens de gauche pour combattre l’infiltration d’éléments racistes dans les scènes contre-culturelles, en particulier la scène skinhead. Le groupe phare du mouvement RAC est Skrewdriver et son leader spirituel est Ian Stuart, le chanteur de Skrewdriver et le fondateur de la fédération white power Blood & Honour.

[iv]

Le terme boneheads désigne les skinheads racistes et suprémacistes, par opposition au terme générique « skinhead », qui désigne quant à lui la contre-culture skinhead traditionnelle, historiquement multiculturelle, inclusive et antiraciste.

[v]

Lire plus à ce sujet : Xavier Camus, Québec et l’extrême droite italienne

[vi]

Légitime Violence, sur le single éponyme, 2010

[vii]

Un amour perdu, sur l’album « Nouvelle France Skinhead », 2011

[viii]

Le tatouage et l’inscription NFSH que portent les membres et fans de Légitime Violence signifient « Nouvelle France SkinHead ». C’est aussi le titre du premier album de Légitime Violence, paru en 2011.

[ix]

La tendance « nationaliste révolutionnaire » est elle-même tributaire du courant de pensée « troisième position ». Le nationalisme révolutionnaire et l’idéologie « troisième position » correspondent à une tendance politique qui existe au moins depuis les années 1960, avec de nombreux points de référence dans le mouvement fasciste remontant jusqu’au courant « strasserite » du parti nazi. Le terme « troisième voie », ou tercérisme, désigne différents courants d’extrême droite et néofascistes caractérisés par un rejet à la fois du capitalisme et du communisme, au profit d’un ultranationalisme identitaire fondé sur un mélange confus de théories issues de l’extrême gauche (socialisme) et de l’extrême droite (nationalisme). Au niveau international, le tercérisme est présentement le courant dominant au sein de l’extrême droite fasciste et révolutionnaire;son anticapitalisme, pour la plupart des nationalistes révolutionnaires, s’articule généralement dans un cadre conceptuel antisémite.

[x]

Le terme « globalistes », tout comme la référence récurrente à l’influence occulte de George Soros, est largement reconnu comme un euphémisme codé désignant un supposé complot juif mondial, lequel fait écho à différentes théories de complots antisémites qui se perpétuent depuis le 19e siècle.

[xi]

Opposant de premier plan aux réformes du concile Vatican II, Mgr Marcel Lefebvre fonde la Fraternité Saint-Pie-X (FSSPX) en 1970 et implante un séminaire dans le village d’Écône, en Suisse. En 1975, Lefebvre reçoit l’ordre du Vatican de dissoudre la société, mais il ignore cette injonction. En 1988, en dépit de l’interdiction expresse du pape Jean-Paul II, il consacre quatre évêques et les habilite à poursuivre l’œuvre de la  FSSPX, ce qui lui vaut d’être immédiatement excommunié de l’Église avec tous les évêques ayant participé à la cérémonie. Lefebvre refuse de reconnaître son excommunication jusqu’à sa mort trois ans plus tard.

 

Lefebvre était soutenu par les mouvements d’extrême droite de partout dans le monde, y compris le parti Fuerza Nueva de Blas Piñar, en Espagne, le Movimiento sociale italiano, et le Front national, en France. Il donnait régulièrement dans le vitriol raciste, s’en prenant aux juifs et aux musulmans, et dénonçait violemment le dialogue œcuménique que le pape souhaitait entreprendre avec ces autres traditions. Au Québec, les lefebvristes accusaient le gouvernement d’être contrôlé par les communistes.

La FSSPX accueille à bras ouverts les catholiques qui s’opposent au multiculturalisme, à la démocratie et à la liberté de conscience, et se scandalise que l’Église abandonne son combat séculaire contre ces différents fléaux. Dans les mots de Lefebvre : « (…) cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Église et la Révolution est une union adultère! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards. (…) Il en est de même avec les francs-maçons. (…) On ne dialogue pas avec les communistes. (…) Nous ne pouvons pas admettre ce dialogue! On ne dialogue pas avec le diable. »Au Québec, la FSSPX a servi de refuge spirituel à l’extrême droite au moins depuis les années 1980, lorsque différents membres du Cercle Jeune nation étaient actifs au sein de la secte.

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Dupuis a récemment été inclus à un reportage de Radio-Canada sur l’école Sainte-Famille, administrée par la FSSPX.