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Alexander Liberio : metalhead, nazi… séminariste orthodoxe

 Commentaires fermés sur Alexander Liberio : metalhead, nazi… séminariste orthodoxe
Nov 242019
 

De Montréal Antifasciste

Sous les pseudonymes « Neuromancer » et « iamneuromancer », Alex Liberio s’est associé à d’autres néonazis sur différents serveurs Discord et sur le forum Iron March en plus de participer activement aux activités militantes du groupe «Alt-Right Montreal» entre 2016 et 2018.

En mai 2018, les efforts pugnaces de militant-e-s antifascistes de Montréal ont permis d’exposer l’existence d’un salon de discussion Alt-Right privé sur un serveur Discord[1], lequel devait servir de tremplin pour les activités « IRL[2] » d’un petit groupe de militants néonazis de la région de Montréal. Une série d’articles publiés par The Montreal Gazette a forcé à l’exil deux des principaux organisateurs de ce groupe : Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », et Athanasse Zafirov, alias « Date » (aussi « LateOfDies » ou « Sam Houde/Hoydel »). Zeiger était une figure centrale, non seulement de ce petit groupe montréalais, mais aussi du réseau international qui se constituait entre 2015 et 2018, notamment en tant que prolifique producteur de contenu pour le site The Daily Stormer, modérateur du forum Iron March et propagandiste clé du courant explicitement national-socialiste et accélérationniste du mouvement Alt-Right. Il est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt au Québec et est disparu dans la nature. Quant à « Date » (aussi « LateOfDies »), qui semble s’être graduellement radicalisé politiquement en passant par le milieu des « Pickup Artists » personnifié par le misogyne Roosh V, il était l’un des organisateurs clés du milieu Alt-Right local et national, notamment en tant que coresponsable du rassemblement pancanadien qui a eu lieu en juillet 2017 en Ontario. Il s’est relocalisé en Californie en 2018, où il a pu s’installer confortablement au programme de doctorat de l’Anderson School of Management de l’UCLA, malgré notre article exposant sa nouvelle vie.

D’autres militants notoires de ce petit groupe ont aussi été exposés par la communauté antifasciste, dont Shawn Beauvais MacDonald, alias « FriendlyFash » (aussi « Bubonic ») et Vincent Bélanger Mercure, alias « Le Carouge à Épaulettes » (autre part « BebeCoco »), qui ont participé avec Sohier Chaput et d’autres militants canadiens aux manifestations du rassemblement « Unite the Right » à Charlottesville, Virginie, les 11 et 12 août 2017, et Julien Côté Lussier, alias « Passport », lequel a agi comme porte-parole de l’organisation ID Canada (une tentative de légitimation du mouvement « ethnonationaliste/identitaire » au près du grand public canadien) et s’est récemment illustré en se portant candidat aux élections fédérales de 2019 dans le sud-ouest de Montréal. Des sympathisant-e-s antiracistes de sa circonscription ont révélé que Côté Lussier est toujours à l’emploi du ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté malgré son militantisme fasciste.

Un autre des membres les plus actifs du salon de discussion « Montreal Storm », l’utilisateur « Neuromancer », participait aussi au forum Iron March sous le pseudonyme « iamneuromancer », comme l’a révélé la récente fuite de l’archive complète du forum :

Le message d'introduction d'Alexander Liberio, alias Neuromancer, au forum néonazi Iron March.

Le message d’introduction d’Alexander Liberio, alias « iameuromancer », au forum néonazi Iron March.

Montréal Antifasciste est aujourd’hui en mesure d’affirmer que « Neuromancer » est Alexander Liberio, un musicien de la scène métal montréalaise et étudiant en science cognitive de l’Université McGill jusqu’à l’an dernier. Sentant peut-être la soupe chaude suite au doxxing de Zeiger et à la publication du contenu du forum « Montreal Storm », Liberio s’est éclipsé aux États Unis pour s’enrôler au séminaire Holy Trinity Orthodox de Jordanville, dans l’état de New York. Cette conversion reste toutefois parfaitement cohérente avec sa vision du christianisme, qui est selon lui synonyme de « culture blanche », « fasciste de manière inhérente » et sans doute le meilleur véhicule pour « réaliser les 14 words » (le credo nationaliste blanc formulé par le terroriste néonazi David Lane[3]).

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Alex Liberio (date de naissance : 6 août 1989) est connu sous le pseudonyme « Neuromancer Wintermute » au sein de la scène métal montréalaise comme membre de différents projets musicaux depuis le début des années 2010.

Le profil d'Alexander Liberio, alias Neuromancer Wintermute sur le site metal-archives.com.

Le profil d’Alexander Liberio, alias « Neuromancer Wintermute », sur le site metal-archives.com. NOTE: En février 2022, le groupe Vehemal a communiqué avec MAF pour préciser ce qui suit: « Bien qu’il soit vrai qu’Alex Liberio a été notre guitariste pendant une certaine période, nous n’étions pas au courant de ses activités en ligne. Nous tenons à affirmer que Vehemal condamne tous propos et gestes haineux. »

Il semble qu’il ait été président du conseil étudiant du Collège Vanier en 2012-2013, après quoi il s’est consacré à sa musique et s’est inscrit au programme de science cognitive de l’Université McGill. Difficile de dire quand exactement il a pris le tournant nazi, mais il s’est plaint à quelques reprises d’avoir été trahi par un ami et « fully doxxed[4] » en 2016 suite à une intervention à caractère nationaliste blanc lors d’un événement public antiraciste. Étrangement, nous ne savons rien de ce prétendu doxxing et n’en retrouvons aujourd’hui aucune trace…

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », prétend avoir été doxxé en 2016.

En ce qui nous concerne, nous l’avons aperçu pour la première fois le 4 mars 2017, dans la manifestation « coming out » de La Meute à Montréal, près du petit contingent de PEGIDA Québec et en compagnie de quelques individus formant sans doute déjà le noyau initial du groupe « Montreal Storm », ou Alt-Right Montreal, dont Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov. Il a d’ailleurs accordé à cette occasion une entrevue à Global TV, ce qui nous a permis de mettre un visage sur le pseudonyme :

Alexander Liberio, alias Neuromancer, participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », participe à la manifestation de La Meute à Montréal, le 4 mars 2017.

Sur Discord, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » dit avoir donné une entrevue à Global News.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » donne une entrevue à Global News le 4mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », accorde une entrevue à Global News, le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer » relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

Sur Iron March, Alexander Liberio, alias « Neuromancer », relate sa participation à la manifestation de La Meute à Montréal le 4mars 2017.

C’est quelques semaines plus tard qu’il s’est inscrit, le même jour (le 26 mars), au forum Iron March et au salon de discussion Montreal Storm sur Discord :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum néonazi Iron March, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Fahrenheit » sur Discord est Loïc Pardiac.

 Nazi sans compromis

Par sa participation à Iron March, « Neuromancer »/Alex Liberio a côtoyé certains des néonazis les plus influents et les plus dangereux dans le monde, dont le créateur et principal administrateur d’Iron March, Alexander Slavros, et les membres de cette communauté « accélérationniste » qui allait créer Atomwaffen Division, un réseau néonazi sous-terrain lié à une série de  meurtres et de projets d’attentats. Par sa proximité avec Sohier Chaput, et par volonté de passer à l’action « IRL », il allait par ailleurs participer assidûment aux activités du « Montreal Stormers Book Club » (dans le vocabulaire de The Daily Stormer, ou « Pool Parties », dans le vocabulaire commun aux adeptes du forum Alt-Right The Right Stuff), dont le projet ID Canada notamment porté par Athanasse Zafirov, Julien Côté Lussier et d’autres. Voici un certain nombre de captures d’écran de ses échanges sur Iron March et le forum « Montreal Storm » :

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaputs, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », suit Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », sur Iron March.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d'un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », dit avoir perdu des amitiés et en avoir tissé de nouvelles sur la base d’un intérêt commun pour le fascisme et Adolph Hitler.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, le peu de sérieux de son engagement.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », reproche à Gabriel Prévost-Mathieu, alias « Canadian Übermensch » sur Iron March, de circonscrire son engagement à Internet.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s'en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s'y produisait, n'est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », se plaint que les antifascistes s’en soient pris à un festival de Black Metal en 2016, parce que le groupe Graveland, qui s’y produisait, n’est « même pas nazi ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire »au près du grand public canadien.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le lien direct entre le groupe Alt-Right Montreal dont il fait partie et le groupe ID Canada, une tentative de légitimation du nationalisme blanc « identitaire » auprès du grand public canadien. Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017. L’utilisateur « Le Carouge à épaulettes » sur Discord est Vincent Bélanger Mercure.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de « vérification de sécurité extrême » qu'observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », évoque le processus de vérification de sécurité « extrême » qu’observe le groupe Alt-Right Montreal.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l'année des rencontres en personne pour l'Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que 2017 est l’année des rencontres en personne pour l’Alt-Right, en vue de développer un plan stratégique pour « prendre la Maison blanche » en 2020! Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d'être haïs ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère les Juifs comme « sataniques », « génocidaires contre [notre] peuple » et « digne d’être haïs  ». Alexander Liberio, alias « Neuromancer », rejoint le forum « Montreal Storm » sur Discord, le 26 mars 2017.

Personne ne sera surpris de constater qu'Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe.

Personne ne sera surpris de constater qu’Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est également homophobe…

La chrétienté comme véhicule privilégié du fascisme

Liberio/« Neuromancer » fait partie d’un courant non négligeable au sein de la mouvance Alt-Right/néonazie qui s’identifie à la tradition chrétienne orthodoxe. Il ne cache d’ailleurs pas sa conviction que la chrétienté est le meilleur véhicule pour le nazisme :

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », croit que le retour à la chrétienté est la meilleure méthode pour réaliser le credo nazi des « 14 words ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère que l'idélogie nazie est la loi biblique appliquée.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », considère que l’idélogie nazie est « la loi biblique appliquée ».

Alexander Liberio, alias « Neuromancer » explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l'histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n'aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la Bible est la meilleure synthèse de la culture et de l’histoire « occidentale/européenne/blanche », sans laquelle le concept de race blanche (la chrétienté) n’aurait pas vu le jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », explique que la chrétienté est synonyme de « blancs ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », considère le christianisme « fasciste de manière inhérente ».

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l'Église orthodoxe.

Alexander Liberio, alias« Neuromancer », vante les mérites de l’Église orthodoxe.

Pas étonnant, au vu de cette profession de foi, que Liberio ait choisi de devenir séminariste dans l’Église orthodoxe russe. Il s’est ainsi inscrit à la première année de séminaire à l’automne 2018, au Holy Trinity Orthodox Seminary, à Jordanville, NY, lequel est rattaché au Diocese pour l’est des É-U. de l’Église orthodoxe russe. Pour autant que nous sachions, il y est toujours inscrit à ce jour.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s'est inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, de Jordanville, NY, à l'automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », s’est inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, à l’automne 2018.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l'Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l'année académique 2019-2020.

Alexander Liberio, alias « Neuromancer », est toujours inscrit au séminaire Holy Trinity de l’Église orthodoxe russe, à Jordanville, NY, pour l’année académique 2019-2020.

Le code disciplinaire du séminaire stipule qu’un diplôme peut être « retenu » devant la preuve accablante d’une inconduite morale sérieuse. Reste à voir si le séminaire considère que la participation à diverses activités et organisations néonazies constitue « une inconduite morale sérieuse »… ou si l’Église orthodoxe russe est effectivement un véhicule approprié pour réaliser la vision d’Adolph Hitler et de ses partisans contemporains.

Démonstration de la preuve

À partir du courriel inclus par « iamneuromancer » dans le forum Iron March (iamneuromancer@gmail.com), nous avons trouvé une annonce publiée en ligne en 2015 afin de recruter un joueur de cornemuse pour un groupe folk métal (vraisemblablement le groupe Bibracte, que Liberio a animé pour un temps avec sa partenaire) :

Cette annonce comportait également un numéro de téléphone. Une recherche avancée pour ce numéro révèle une annonce de sous-location d’un appartement dans Hochelaga, publiée sur un forum de discussion chinois.Non seulement les photos de l’appartement publiées dans cette annonce correspondent directement au décor que l’on aperçoit dans les quelques vidéos publiées sur la chaîne YouTube Icon Iconium, où l’on reconnaît Liberio et ses rats, mais l’on y trouve également l’adresse alexander.liberio@mail.mcgill.ca :

Une recherche pour Alexander Liberio confirme ensuite hors de tout doute les liens actuels avec le séminaire orthodoxe de Jordanville, NY.

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Quelles conséquences pour ces nazis? Quelles implications pour nos collectivités?

De Charlottesville à El Paso, en passant par les attentats d’Atomwaffen Division et de Christchurch, les activités en ligne de la génération d’Alexander Liberio ont régulièrement franchi le seuil de la « vie réelle », semant carnage et terreur dans plusieurs pays. Ce qui peut frapper, au-delà de ce constat, est la fragmentation et l’extrême fragilité de leurs rapports, compte tenu de la relative facilité avec laquelle il est possible de perturber et disperser les réseaux exposés dans ces différents forums de discussion. Comme nous le montre la cascade de nouvelles révélations issues du forum Iron March dans la foulée de la plus récente fuite, il est cependant extrêmement facile pour ces jeunes hommes blancs « normaux » de mener leur vie régulière de classe moyenne, comme étudiants, fonctionnaires, hipsters, etc., tout en poursuivant activement leur fantasme de guerre raciale et de génocide, de « charia blanche » et de « soldats sur le terrain ». La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : quelles sont les conséquences concrètes pour ces wannabe paladins de la guerre raciale?

Et surtout, peut-être, nous invitons nos lecteurs et lectrices à considérer quelles sont les implications pour nos collectivités si ces nazis peuvent poursuivre leurs activités en toute impunité

Nous avons bien l’intention de continuer à redoubler d’effort pour faire en sorte que ces individus ne puissent pas simplement continuer à fomenter la haine comme si de rien n’était et surtout, pour que leurs réseaux ne soient pas seulement perturbés, mais incapables de se reconstituer. Car, comme le montre la série actuelle d’attentats et de meurtres de masse, même si ces réseaux sont stratégiquement précaires, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses d’un point de vue tactique.

Cela étant dit, une réponse efficace demandera nécessairement une mobilisation beaucoup plus vigoureuse des communautés antiracistes et antifascistes, de sorte que nos modes et moyens d’action correspondent à l’ambition d’éradiquer pour de bon les nazis de nos vies et de garantir un avenir viable pour tous les enfants.

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[1]               Discord est un logiciel conçu pour faciliter la communication vocale des communautés de joueurs en ligne. Ses fonctionnalités, ainsi que le caractère privé des communications, ont attiré en masse les membres du mouvement Alt-Right, qui en ont fait un usage intensif entre 2016 et 2018.

[2]               « In Real Life » par opposition aux activités virtuelles ou strictement en ligne.

[3]               La tristement célèbre injonction de David Lane va comme suit : « We must secure the existence of our people and a future for white children » (nous devons assurer la survie de notre people et garantir l’avenir des enfants blancs). Il a composé cette phrase tandis qu’il était incarcéré pour ses activités au sein de « The Order », une organisation terroriste néonazie active dans les années 1980, responsable de nombreux meurtres et attentats armés, dont l’assassinat de l’animateur de radio Juif Alan Berg.

[4]               Le doxxing est une tactique qui consiste à rendre public les renseignements personnels d’un personne pour lui nuire d’une manière ou d’une autre. https://fr.wikipedia.org/wiki/Doxing

Julien Côté Lussier : l’excès d’orgueil du néonazi qui a voulu jouer la game électorale

 Commentaires fermés sur Julien Côté Lussier : l’excès d’orgueil du néonazi qui a voulu jouer la game électorale
Nov 072019
 

De Montréal Antifasciste

LE MILITANT NATIONALISTE BLANC EST TOUJOURS À L’EMPLOI D’IMMIGRATION CANADA

Grâce aux efforts diligents de militant-e-s antiracistes et de son réseau local de sympathisant-e-s, Montréal Antifasciste est en mesure de confirmer que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun aux dernières élections fédérales, Julien Côté (Lussier), est un militant nationaliste blanc de longue date, un participant actif à différents forums de discussion Alt-Right (néonazi), un organisateur clé de ce milieu à Montréal et au Canada… et un employé du ministère de l’Immigration du Canada.

 

Le 15 octobre dernier, à six jours seulement des élections fédérales canadiennes, la CBC publiait un article révélant que le candidat indépendant dans LaSalle-Émard-Verdun, Julien Côté, était jusqu’à l’année dernière le porte-parole national d’ID Canada, une organisation « identitaire » qualifiée par la CBC de « groupe nationaliste blanc et xénophobe », lequel adhère notamment à la théorie du « grand remplacement » très répandue chez les extrémistes de droite. (Cette théorie fumeuse a d’ailleurs motivé plusieurs des massacres fascistes de ces dernières années, dont ceux de Christchurch et d’El Paso.)

Nous devons humblement admettre que la candidature de Julien Côté nous avait échappé jusqu’à la parution de cet article. Malheureusement pour Côté, cependant, le projecteur national soudainement braqué sur sa candidature nous a rappelé son rôle dans le milieu Alt-Right montréalais…

Dans les heures suivant la parution de l’article, un certain nombre de statuts publiés par Montréal Antifasciste, et d’autres sympathisant-e-s antiracistes/antifascistes ont révélé l’étroitesse de ses liens avec l’extrême droite[1], ce qui a exercé une telle pression sur Côté qu’il s’est senti obligé de recourir aux services de Shawn Beauvais-MacDonald pour « sécuriser » l’opération de démarchage qu’il avait prévu de mener à Verdun le 19 octobre.

Drôle idée, direz-vous, que celle de s’adjoindre les services d’un nazi notoire après avoir nié être raciste sur toutes les tribunes. Il a peut-être eu raison d’appeler des renforts, au vu de la mobilisation populaire qui s’est organisée spontanément dans le quartier pour confronter directement Côté et son sbire, mais admettons que le choix du garde du corps laissait fort à désirer si l’intention du candidat était de dédiaboliser sa démarche.

Une résidente du quartier nous a expliqué pourquoi elle et d’autres résident-e-s excédé-e-s se sont mobilisé-e-s suite à la parution de l’article de la CBC :

« Pour nous, il était clair que Julien Côté Lussier utilisait la campagne électorale comme prétexte pour recruter d’éventuel-le-s sympathisant-e-s. Il avait imprimé son numéro de téléphone sur ses affiches, faisait campagne sur les rues en offrant des cafés et des discussions, il s’infiltrait dans toutes les plateformes web des citoyens du quartier et même son site web invitait les internautes à prendre contact en privé pour connaître sa plateforme électorale. Nous nous sommes mobilisé-e-s rapidement pour faire connaître le vrai visage de Côté, pour exposer son jeu et limiter sa visibilité. Nous avons également contacté Montréal Antifa car nous avons vite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple affaire de quartier et qu’il était important que l’activité de Julien Côté soit répertoriée ».

Nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative de la base et tenons à souligner que le présent article n’aurait peut-être pas été produit, n’eût été de la diligence et la pugnacité des résidentes et résidents qui nous ont écrit et offert leur collaboration. C’est précisément à ça que doit ressembler un mouvement antiraciste et antifasciste vigoureux.

À partir de là, et en revisitant les informations que nous avions déjà sur Côté, nous avons vite compris que les révélations de la CBC n’étaient que la pointe de l’iceberg.

 

Un compte Twitter (trop peu trop tard) nettoyé

Le 20 octobre, l’utilisateur Twitter @Un_Migrant a révélé que le compte Mox_Nisi appartenait vraisemblablement à Julien Côté. Il n’est sans doute pas fortuit que Mox_Nisi ait commencé à faire une promotion excessivement enthousiaste de la candidature de Côté… précisément le même jour où celui-ci a fait connaître ladite candidature! Voici une série de captures d’écran illustrant cette curieuse concordance :

 

La connexion néonazie se confirme

En fait, ça n’a rien d’un hasard si Beauvais-MacDonald est le goon qui est venu protéger Côté de la colère des résident-e-s de Verdun le 19 octobre : si le premier représente l’aspect bête et méchant du milieu Alt-Right montréalais, l’autre fait sans doute partie de ce qui sert d’avant garde intellectuelle à ce mouvement nationaliste blanc. Les deux se sont vraisemblablement connus en 2016-2017, au sein du petit groupe de militants Alt-Right qui animaient le salon de discussion « Montreal Storm » avec d’autres « ethnonationalistes » (que l’on décrirait plus correctement comme les plus récents héritiers de la tradition néonazie historique…) tels que Gabriel Sohier Chaput, alias « Zeiger », Vincent Bélanger Mercure et Athanasse Zafirov, alias « Date ».

Trompé par son ego, Côté a été le principal artisan de sa propre chute. En retraçant les miettes numériques qu’il a laissées derrière lui au fil des ans, nous avons pu établir hors de tout doute raisonnable que Côté (date de naissance, 22 septembre 1981) est l’utilisateur « Passport » sur le forum « Montreal Storm » et dans d’autres salons Discord privés réservés aux membres cautionnés (vouched) du mouvement Alt-Right canadien.

Ne serait-ce que pour les raisons tactiques évidentes, nous n’énumérerons pas ici toutes les preuves accumulées, mais la somme et la nature de ces preuves forment un dossier accablant. Seulement en comparant l’avatar de Côté qui apparaît sur son compte Skype dans l’entrevue qu’il a accordée à CityNews Edmonton en janvier 2018 et l’avatar choisi par « Passport » sur Discord, il saute aux yeux que c’est la même illustration, soit la toile Der Wanderer über dem Nebelmeer, du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Une référence extrêmement nichée, vous en conviendrez avec nous. En suivant un lien affiché par « Passport » sur Discord vers la vidéo d’une conférence de Jordan Peterson à Ottawa, où il s’est rendu en compagnie de Zafirov pour adresser une question à Peterson, nous avons pu confirmer que la voix de « Passport » que l’on entend sur la bande audio est bel et bien celle de Côté.

Par sa participation à différents salons de discussion canadiens et à différents projets d’organisation politique, Côté/Passport était non seulement une figure centrale du petit club Alt-Right de Montréal, mais aussi de la communauté Alt-Right qui essayait alors de se consolider nationalement. Il était notamment, comme l’a relevé la CBC, au cœur du projet d’ID Canada, un groupuscule malhabilement calqué sur les organisations du mouvement « identitaire » européen, comme Génération Identitaire. (C’est d’ailleurs pour défendre une affiche d’ID Canada posée à Edmonton que Côté, en tant que porte-parole de l’organisation, avait accordé une entrevue à CityNews en janvier 2018. Le subtil en-tête de l’affiche était : « VOUS VOUS FAITES REMPLACER ».) Mais ça n’est pas tout. Il était aussi l’un des principaux organisateurs d’un rassemblement national du milieu Alt-Right canadien tenu en Ontario en juillet 2017[2], et l’un de ceux qui ont organisé la conférence du professeur nationaliste blanc Ricardo Duchesne à Montréal un mois plus tôt. Côté s’est aussi rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements de l’Alt-Right aux États-Unis, notamment à des rencontres du National Policy Institute de Richard Spencer.

Par son activité virtuelle et « dans la vraie vie », il est clair que Julien Côté, alias « Passport », a joué un rôle de tout premier plan, aux côtés d’autres néonazis confirmés, dans la tentative d’expansion du mouvement nationaliste blanc au Canada. Mais il n’avait pas fini de nous surprendre.

 

La curieuse histoire du militant anti-immigration qui travaille pour le ministère de l’Immigration

Plusieurs sources internes ont pu confirmer à Montréal Antifasciste que Julien Côté est employé au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada. Non seulement Côté s’en est-il lui-même vanté sur Facebook (voir les captures d’écran ci-dessous), mais une recherche dans la Gazette du gouvernement du Canada révèle que la Commission de la fonction publique a « accordé à Julien Lussier, analyste de soutien opérationnel, la permission (…) de se porter candidat (…) à l’élection fédérale dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun (Québec). » Il s’avère donc que son nom complet est Côté Lussier. Décidément, les noms composés ont la côte chez les néonazis de bonne famille.

La Gazette du Canada, Partie I, volume 153, numéro 37 : COMMISSIONS, 30 août 2019

En fouillant un peu plus dans le passé de Côté Lussier, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir qu’il était loin d’en être à ses premières frasques en matière de ruades anti-immigration.

En septembre 2012, lui et sa partenaire, Magdalena Baloi-Lussier (Madi Lussier, qui a par ailleurs agi à titre d’agente officielle de la candidature de Côté Lussier), se sont vu retirer une invitation à témoigner devant un comité parlementaire sur l’immigration lorsqu’une députée néo-démocrate s’est rendu compte que le couple Baloi-Lussier était responsable d’un site anti-immigration épousant des thèses racistes. Selon un article paru dans le Journal Métro :

« Le site des Lussier comprend des sections appelées “Chinafication” et “Arabization” de même qu’une interview vidéo avec le Canadien suprémaciste blanc Paul Fromm réalisée lors d’une conférence “raciste” du groupe [American Renaissance]. »

La version archivée du site « Canadian Immigration Report », ainsi que le contenu de la chaîne YouTube liée au projet, confirme la teneur des inquiétudes des membres du comité, qui ont ainsi convaincu leurs collègues de retirer le statut de témoins au couple Baloi-Lussier.

La nature de ce site correspond par ailleurs à celle d’un autre projet que Côté Lussier a voulu mettre sur pied avec ses camarades nazis du forum Discord (le site aujourd’hui zombifié borderwatch.ca) pour répertorier les passages irréguliers à la frontière Canada/E.U.

Autre lien pour le moins curieux, le député qui les avaient invités à témoigner, le Conservateur Chungsen Leung (qui soit dit en passant était le secrétaire parlementaire de Stephen Harper en matière de multiculturalisme de 2011 à 2015), est celui-là même que « Passport » décrit sur Discord comme un député « fermement de [notre] côté » qui « aimerait que les blancs aient une colonne vertébrale » et qui « reconnaît que [nous] sommes une race supérieure ».

Ainsi donc, un individu raciste ayant causé une polémique en marge d’une audience officielle du comité sur l’Immigration en 2012, laquelle polémique a même fait l’objet de nombreux articles de presse à l’époque, a pu rester à l’emploi du ministère de l’Immigration jusqu’à aujourd’hui. Se pourrait-il que le ministère de l’Immigration du Canada, l’une des nombreuses agences gouvernementales responsables de réguler et de perpétuer un système d’apartheid fondé sur l’emprisonnement de migrant-e-s et un régime de déportations sans cesse renouvelé, une organisation dont l’histoire est ancrée dans le racisme, le sexisme et le capacitisme, ait un tel niveau de tolérance pour le suprémacisme blanc? Quand on y pense un peu, ça n’est pas particulièrement étonnant.

 

///

Il est fort regrettable qu’un individu comme Julien Côté Lussier ait pu continuer pendant de nombreuses années à promouvoir le racisme sans être tenu responsable de ses actions. En travaillant au ministère de l’Immigration du Canada, en voyageant à l’étranger pour participer à des colloques d’extrême droite et en occupant une position stratégique au sein d’organismes racistes au pays, il était bien placé pour jouer un rôle central dans la reconsolidation d’un milieu néonazi fragmenté et désorganisé au Canada. Allez savoir ce qui lui est passé par la tête pour décider de se porter candidat aux élections fédérales, un choix funeste qui allait assurément attirer une attention non désirée et provoquer l’intervention des antiracistes de sa circonscription. Quoi qu’il en soit, nous avons bien l’intention d’exploiter ce grave manque de discernement…

Gageons qu’il va regretter d’avoir mis sa face sur le proverbial poteau.

 

 

 


[1]               Une séance de questions et réponses sur Reddit a d’ailleurs vu Côté littéralement accablé par une bordée de questions embarrassantes sur sa plateforme.

[2]               Ce milieu a fait les manchettes en août de la même année, lorsque Beauvais MacDonald et Bélanger-Mercure ont été identifiés par des antifascistes parmi un groupe de Québécois ayant fait le voyage à Charlottesville, Virginie, pour participer aux manifestations suprémacistes blanches du tristement célèbre rassemblement « Unite the Right ». Gabriel Sohier Chaput, du même groupe, a plus tard été identifié comme un prolifique propagandiste du courant néonazi de l’Alt-Right, notamment en rééditant l’ouvrage Siege de James Mason (l’une des principales inspirations du groupe terroriste Atomwaffen Division et d’une grande partie du mouvement national-socialiste contemporain) et en signant de nombreux articles pour le site The Daily Stormer d’Andrew Anglin.

En mai 2018, Sohier-Chaput a été doxxé par des antifascistes de Montréal et forcé à l’exil sous le coup d’une série d’articles publiés dans la Montreal Gazette. En même temps, le contenu du salon « Montreal Storm » a été rendu public sur le serveur Unicorn Riot, qui mène un projet d’archive des forums nazis sur Discord.

D’autres individus de ce milieu, dont le principal modérateur du forum Discord national et coanimateur du podcast néonazi This Hour Has 88 minutes, « Axe in the Deep », de son vrai nom Clayton Sanford, ont été identifiés dans les mois suivants par des journalistes diligents de Vice.

Entre deux

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Oct 092019
 

De Lisières

MISE EN CONTEXTE

Je suis en cours et tout autour de moi les gens discutent d’agroécologie. Ils et elles nomment des concepts écologiques, citent des ouvrages, des articles… rien d’anormal, mais justement un peu ennuyant. J’ouvre mon agenda et je tombe sur l’appel à contributions de « lisières ». Je voulais pourtant écrire quelque chose, mais l’école. L’École me prend tout mon temps, calvaire! Je m’enfonce un peu plus dans mes pensées. Les discussions me semblent lointaines, étouffées, mais j’entends la conférencière parler d’un truc qui capte mon attention. Elle a une diapositive d’une forêt, bordée par un champ. Elle parle de lisières. Mind explosion. Je continue à me perdre dans ma tête et je crache un texte d’idées, comme en écriture dynamique avec les mots que j’entends autour de moi. J’ai l’impression de sculpter ce que je reçois et de lui donner une toute autre image et de faire le parallèle entre les mondes écologiques et anthropiques… Je m’amuse donc à être la lisière entre ce monde académique et celui que j’habite, à faire des analogies entre le monde biologique et politique.

LISIÈRE : endroit de transition où des mondes se rencontrent.

En agroécologie, on réfère souvent aux lisières comme étant des endroits de rapprochement, d’interaction entre différentes communautés (ex. l’endroit où la forêt laisse place au champ agricole). Les lisières sont des endroits riches, dans lesquels la diversité est foisonnante et unique. Ces lisières permettent l’existence des animaux et végétaux de deux écosystèmes différents. C’est, entre autres, dans les lisières que se créent de nouvelles associations. Une lisière peut également être nommée écotone, une région définie par son caractère transitoire entre deux mondes biologiques et physiques. Tout comme le brassage génétique à l’intérieur d’une population qu’elle soit animale (humaine ou non) ou végétale, la confrontation de nos idées crée de nouveaux assemblages, de nouvelles combinaisons qui confèrent une force de résistance aux individus. Parfois, ces nouvelles combinaisons sont gagnantes. Les interactions qui en découlent peuvent ainsi créer des liens commensalistes, symbiotiques et mutualistes qui nous rendent plus fort.es et plus résilient.es aux changements de notre environnement. En effet, une capacité de résilience permet aux organismes d’user de diverses stratégies afin de « retomber sur leurs pieds » suite à un changement majeur les affectant. Cependant, la quête simultanée d’une même niche écologique, d’un même territoire, donc de mêmes ressources à s’approprier individuellement mène souvent à la perte, à l’appauvrissement, à la compétition. Les lisières, ces espaces de co-construction biocuturels sont dynamiques, vacillant entre une multitude d’états (composition, abondance, interactions) en fonction du climat (qu’il soit bioclimatique, ou politique) et des déplacements des espèces qui les habitent (insectes prédateurs, parasites, amphibiens, petits mammifères, humains, etc.).

On sait que dans le sous-sol forestier, les arbres d’une même espèce (population) et inter-espèces (communauté) s’échangent, à travers leur système racinaire, les nutriments, l’eau et les sucres nécessaires à la survie des plus fragiles. On sait également que les comportements de soins tel que le toilettage ou le partage de ressources alimentaires entre les individus d’une même espèce de Desmodus rotundus, une chauve-souris hématophage (qui se nourrit de sang), s’orchestrent de manière à offrir ce service aux individus avec qui illes partagent une forme de parenté qui sort du modèle nucléaire. À tous les jours, ces chauves-souris bénéficient des soins de leur famille élargie et intentionnelle pour survivre. Mais encore, on sait qu’il y a des animaux marins bioluminescents, comme la seiche Euprymna scolopes, qui le devient grâce à l’association qu’elle maintient avec une bactérie (Vibrio fisheri), mais que ni une ni l’autre ne l’est lorsque séparées. Une identité nouvelle émerge alors de leur partenariat.

Ces modèles de collectivité inter et intraspécifique, de mise en commun, de mobilisation, de construction de famille intentionnelle sortant du modèle nucléaire souvent théorisé et étudié dans les communautés anarchistes se trouvent partout autour de nous. À celle ou celui qui ose observer, la subvercité du monde naturel est à couper le souffle : l’abolition des frontières, le compostage d’éléments et d’énergie, la capacité d’adaptation et de réaction à des mondes qui font violence. Il ne s’agit ni d’une initiative humaine, ni d’une nouvelle pratique. C’est dans cette perpétuelle déstabilisation du monde biologique, chimique et social que l’existence évolue. Que notre existence évolue. Nous avons tous ces beaux modèles devant les yeux, mais nous continuons de déchirer la vie quand même, de chercher à posséder plus, en prenant la part des autres. Dans cette illusion du « survival of the fittest », et du progrès unitaire, on érige des clôtures, des murs frontaliers, on achète du territoire volé qu’on cherche à délimiter et protéger.

PROTÉGER DE QUOI AU JUSTE ?

À force de vouloir tout pour toi, à vouloir te réserver ton espace privilégié « bien mérité » par ton salaire durement gagné, eh bien tu perds. Nous perdons. D’ailleurs, le concept de lisière peut avoir une tout autre signification lorsque confronté à ce délire structurel possessif de la propriété privée. On le nomme justement « l’effet lisière », ce phénomène se résume par une perte de biodiversité, de richesse et d’abondance d’interactions lorsqu’un écosystème est fragmenté par une structure anthropique (route, pont, immeuble, mine, pipeline, pylônes d’Hydro-Québec). Un écosystème dépourvu de ses interactions perd de facto son intégrité écologique. La perte de diversité découle principalement de la perte de territoire, de son fractionnement, de sa privatisation.

Alors toi, toi qui invente des frontières arbitraires, qui fractionne par ton béton, par ta haie de cèdre, par ta maison Bonneville pareil comme celle de ton voisin, par les routes construites, de l’endroit où on y a coupé la forêt qui a construit ta maison, à celles que tu empruntes tous les jours pour aller au travail. Par tes envies de villégiatures et de conquérir tous les espaces et par ton voyeurisme environnemental. Tous ces obstacles au monde naturel que tu construis (et il y en a d’autres) qui coupent le territoire de propriété privée en propriété privée, en lots, en cadastres, en droits de destruction.

Ces obstacles anthropiques à la vie et aux rencontres effacent les lisières offrant de nouvelles niches écologiques, empêchent les déplacements, le brassage génétique, la confrontation d’idées, de manières et de savoirs. Ils participent à créer de petites cellules sociales hermétiques, stables et aseptisées à l’image du traitement qu’on réserve à nos restant d’écosystèmes forestiers du soi-disant Québec. À force de se chicaner à savoir qui possède quoi, pis de vendre au plus offrant un territoire qui ne nous appartient pas, les diversités, tant animale que végétale, que linguistique et culturelle dégringolent. Les organismes vivants se retrouvent isolés, les rendant de ce fait plus « rares », ce qui justifie ensuite au gouvernement de « protéger » des territoires avec interdiction de passage ou chasse pour les communautés locales, nuisant ainsi à la diversité culturelle.

Je possède
Tu possèdes
Il/elle possède
Nous possédons
Vous possédez
Ils/Elles décèdent

 

« L’écologie a à voir avec l’amour, la perte, le désespoir et la compassion. Avec la dépression et la psychose. Avec le capitalisme et ce qui pourrait exister après le capitalisme. Avec l’étonnement, l’ouverture d’esprit et l’émerveillement. Le doute, la confusion et le scepticisme. Les concepts d’espace et de temps. Le ravissement, la beauté, la laideur, le dégoût, l’ironie et a douleur. La conscience et la perception. L’idéologie et la critique. La lecture et l’écriture. La race, la classe et le genre. La sexualité. L’idée du moi et les étranges paradoxes de la subjectivité. Elle a à voir avec la société. Elle a à voir avec la coexistence » – Timothy Morton

Comme la seiche, les chauve-souris vampires, les racines et le mycélium, les lisières cultivent la subversion, la confrontation, les associations. Elles sont des lieux de haute créativité qui défient le narratif scientifique évolutif de compétition, étouffant tout autre mode d’interaction coopératif. À cet effet, l’autrice Donna Haraway souligne judicieusement le concept de co-constitution et de socialité inter-espèces qui vient également brouiller cette croyance néolibérale du progrès évolutif unitaire au profit de l’autre, représentant une entité biologique à combattre plutôt qu’à connaître et accueillir. Haraway prône ainsi le compost de substance, ce que je compare dans ce texte au compost humain et aux nouvelles possibilités créées dans les lisières. Justement, il nous faut cultiver une diversité à l’image de celle qui nous constitue en tant qu’être humain. Cette diversité qui est à la base de notre métabolisme et elle nous maintient en vie. Si ce n’était pas de cette étrangère communauté qui habite notre estomac, notre intestin, notre système lymphatique, nous ne serions pas ici. Une communauté solide et résiliente est une communauté qui sait maintenir une richesse spécifique et qui repose sur la présence de traits fonctionnels et compétences complémentaires. Traduit au monde humain, il s’agit de décentraliser son milieu, démontrer une certaine plasticité et créer des liens associatifs innovateurs.

Cultivons la pluricité. Détruisons la propriété privée.

Demain c’est loin : Intervention anarchiste en solidarité avec les migrant.e.s

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Déc 172018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La citoyenneté ne peut avoir de valeur que si la catégorie des autres, celles et ceux qui ne possèdent pas ce statut, existe aussi. Afin que règne cette distinction, elle doit être renforcée et l’État détient plusieurs outils pour y arriver. La déportation est l’un d’entre eux.

La déportation est un processus violent par lequel l’État prend la décision d’enlever à une personne son autonomie et sa capacité d’action pour l’exclure du territoire où il exerce son autorité. Pour accomplir cette tâche, il fait usage de différents dispositifs. L’un d’entre eux est le centre de détention pour migrants, communément appelé la prison pour migrants, qui sert à détenir les sans-papiers avant de les déporter. Les personnes sans statut peuvent être arrêtées et y être enfermées dans l’attente qu’on les mette dans un avion pour les envoyer vers un autre pays, parfois vers des terres lointaines étrangères où ielles n’ont aucune relation. 

L’État expulse de plus en plus de gens et souhaite accroître ses capacités à le faire. Les instruments qu’il met en place pour y arriver sont entre autres : engager plus de personnel du service frontalier (ASFC), développer différents moyens de faire des contrôles de sans-papiers, adopter des méthodes de surveillance alternatives comme le bracelet électronique et construire un nouveau centre de détention. À Laval, une ville sur la Rive-Nord de Montréal, le gouvernement veut construire un nouveau centre de détention, soi-disant plus ‘humain’, adjacent au centre qui existe déjà. Mais nous savons tous qu’une cage dorée reste une cage. C’est de la provocation, un acte de confrontation, une atteinte aux personnes sans-papiers, une attaque contre nos communautés, une attaque contre nous tous. La crise migratoire actuelle ne peut que s’accentuer, compte tenu des changements climatiques, des sécheresses, des guerres et de la militarisation répandue dans plusieurs pays du sud. Les migrants risquent de faire face au rejet brutal de l’occident qui se presse de renforcer ses frontières contre les autres, l’ennemi barbare qui l’envahit. Les médias ont d’ailleurs rapporté récemment que le gouvernement fédéral actuel souhaite accroître de 30% le nombre de déportations par année. La construction de cette nouvelle prison contribue à la concrétisation de la mission coloniale de l’État canadien en l’amenant plus près de ses buts de contrôler tous les aspects de la vie des gens, de choisir qui peut habiter ce territoire qu’il s’est approprié et de renforcer la catégorie des autres. Ainsi, en invisibilisant le fait qu’il est lui-même étranger sur un territoire qu’il a colonisé et dont il a exterminé une grande partie de la population, il rend son autorité légitime et s’approche d’un idéal de ‘pureté’ fasciste.

Il nous est important de souligner que les auteur.es de ce texte sont des personnes blanches, né.es au Canada. Nous ne sommes pas directement affecté.es par la menace de la déportation ou de l’enfermement dans un centre de détention pour migrants. Nous choisissons tout de même de lutter contre la construction de cette nouvelle prison en solidarité avec tout.es celleux qui mettent leur vie en danger en prenant la route à la recherche d’un avenir meilleur. Nous n’en avons pas que contre les contrôles de sans-papiers et les centres de détention, notre objectif est de constamment détruire la domination dans tous ses aspects ; cela inclut entre autre tout État et ses frontières.  Même si nous avons le privilège d’avoir des papiers, nous ne sommes pas fièr.e.s d’être Canadien.ne.s. Nous ne ressentons aucun lien d’appartenance à l’identité nationale. Nous voulons construire une lutte qui n’espère aucunement l’approbation ou la reconnaissance de l’État ni de quiconque. Plutôt que de prendre des mesures ‘citoyennes’ en demandant au gouvernement d’arrêter de déporter, nous choisissons de subvertir nos privilèges et de saboter l’engrenage de la machine à expulser. Les responsables de l’enfermement ne doivent plus dormir paisiblement.

Intervention

Nous voulons tenter de coordonner nos énergies de manière informelle et décentralisée pour focaliser sur l’objectif de faire stopper la construction de cette nouvelle prison pour migrants. Si nous nous concentrons sur cette lutte spécifique, c’est avant tout pour obtenir des résultats effectifs, mais c’est aussi pour y diffuser des idées et des pratiques anarchistes et anti-autoritaires. Le dispositif de la prison pour migrants est une composante de l’architecture complexe du pouvoir, une armature importante de l’État et de ses frontières. Ceci dit, nous nous opposons à toutes les prisons, à l’enfermement et à toute forme de domination; mais cette fois-ci, nous tenterons d’empêcher réellement la continuation de ce projet, qui n’est qu’un élément dans un système complexe. Nous souhaitons que d’autres compagnon.nes contribuent aussi à multiplier les offenses, afin que l’hostilité augmente. Nous refusons toutefois de miser sur des attentes quantitatives pour agir. Le contexte est déjà bien trop mûr.

Lutter contre l’État et contre ses projets, ça peut avoir l’air de quoi? Il n’y a pas qu’une façon de répondre à cette question et il n’existe pas non plus de formule magique pour que ça réussisse. Il y a toutefois certains principes qui nous aident à faire des choix cohérents et qui préviendront une récupération éventuelle par les politiciens de la Gauche. Pour nous, ces principes peuvent s’appliquer dans toutes les luttes. Certains sont plus évidents que d’autres, comme le fait de ne pas dénoncer celleux qui s’organisent à la police ou aux autorités. Mais allons un peu plus loin.

Un premier élément est de ne pas demander quoi que ce soit à l’État. Ceux qui luttent contre des projets spécifiques ont souvent le réflexe de formuler des revendications. Quand on revendique, on envoie le message qu’il n’y a que les gens exerçant du pouvoir sur d’autres – des gens en position d’autorité – qui peuvent changer les choses. Ce réflexe est une autonégation de notre liberté et de notre capacité d’agir sur le monde qui nous entoure en laissant les politiciens et à les patrons choisir à notre place. Nous souhaitons nous éloigner de cette façon de nous organiser pour aller vers une lutte qui peut subvertir ces dynamiques de pouvoir et entreprendre des choses sans demander la permission. Nous cherchons à détruire l’État plutôt que de renforcer sa légitimité.

La négociation peut aussi être tentante lorsqu’on croit qu’il est impossible d’accomplir nos objectifs par nous-mêmes. La démocratie nous amène à penser qu’il nous faut toujours faire des concessions, céder un peu. Néanmoins, dans une telle situation, aucune alternative n’est acceptable. Aucune prison plus confortable, aucun agent de l’ASFC plus sympathique et aucun contrôle de sans-papiers ne doivent être tolérés. 

Dans le but d’atteindre certains objectifs, plutôt que de revendiquer et de négocier, nous choisissons la confrontation directe. Nous sommes d’avis que, pour empêcher la construction de cette prison pour migrants, différentes formes d’attaques dirigées envers ceux qui veulent la construire, ceux qui en dessinent les plans, ceux qui versent le ciment, ceux qui ont l’intention d’y enfermer les gens, ceux qui en bénéficient… sont indispensables. La forme des attaques peut varier en fonction de la capacité des gens, de la confiance, etc.

La confrontation directe n’a pas besoin de hiérarchie ou d’être centralisée. En fait, nous croyons que c’est nécessaire de nous organiser de façon décentralisée et informelle. Cela signifie que nous ne voulons pas créer d’entité formelle avec des membres et des plates-formes. Nous désirons nous organiser auprès d’individus avec qui il y a un partage d’affinités, c’est à dire des idées, des pratiques et de la confiance réciproque.

Nous voyons en ces méthodes une meilleure capacité de nous adapter au contexte qui est entretenue par la vivacité organique des liens entre les compagnon.nes. L’organisation informelle veut donner plus d’importance au contenu qu’au contenant. Le fait que nous n’attendons pas l’approbation d’un parti, d’un comité ou d’un groupe rend nos interventions plus efficaces. Néanmoins, pour qu’il y ait une confiance réciproque entre les compagnon.nes et qu’une lutte expansive s’engendre, un certain engagement est essentiel. Il y a une différence entre engagement personelle et organisation formelle. Dans le premier, le contenu prime sur le contenant alors que dans le second, l’organisation comme telle devient plus importante que les relations et les analyses des individus. Se rassembler périodiquement en groupe plus large afin de partager nos perspectives nous semble une bonne option, sans qu’il soit nécessaire de prendre des décisions centralisées. Il est vrai que certains compagnon.nes ont tendance à disperser leurs interventions, sans continuité, et par des actes qui restent souvent symboliques vu l’impact minimale qu’elles produisent sur leurs cibles. Cela ne permet pas qu’une conflictualité plus expansive s’engendre. Il est donc effectivement important de bien penser à ce qu’on fait, d’identifier et de cibler les responsables et les collaborateurs de la domination et de l’enfermement, de partager nos analyses et d’entrevoir une perspective de lutte à moyen ou long terme. Par contre, toutes ces énergies doivent rester en mouvement et ne pas être enfermées dans des organisations formelles, sous prétexte d’obtenir une meilleure continuité. 

Ceci dit, dans l’objectif de créer un contexte de lutte plus large, plusieurs personnes, s’identifiant en tant qu’anarchistes, révolutionnaires ou autonomes, ont tendance à tomber dans le piège quantitatif de la masse et de l’opinion publique en s’organisant conjointement à la Gauche et en faisant appel aux médias de masse. Mais à quel prix ? Il est déjà évident que tout pouvoir, tout socialisant qu’il soit, contribue à entretenir les chaînes qui nous en rendent dépendants. Nous devons utiliser nos propres moyens (journaux, zines, sites de médias indépendants, affiches, infrastructures qui supportent les personnes sans-papiers) et construire les bases de nos luttes selon des principes qui nous sont propres ; des principes anarchistes en rupture avec les institutions.  Pour arriver à subvertir les rapports sociaux et à détruire la domination, nous devons développer des bases anarchistes solides en cessant d’être à la remorque des mouvements de Gauche et trouver la force de lutter en nous-mêmes.

En réalité, l’État ne cessera de déporter, d’enfermer, de construire de nouvelles prisons, de dominer, d’exploiter, d’appuyer juridiquement les pires horreurs ou de propager ses idéologies autoritaires, racistes et coloniales, que s’il est détruit et confronté par l’insurrection, le sabotage de ses rouages et la révolte permanente. Il y a toujours des failles; trouvons les.

Tract : Quand la police attaque

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Nov 012018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La police est dans notre chemin. Elle est dans notre chemin vers la suite de la manifestation : vers le prochain coin de rue, vers les vitrines de banque du centre-ville, le poste de police et les bureaux du gouvernement. Elle est aussi dans notre chemin vers autre chose : vers un monde sans patrons, ni flics, ni prisons, comme le dit le bon vieux slogan. Mais avant d’être dans notre chemin, elle est d’abord et avant tout… la police, c’est-à-dire une institution basée sur la colonisation, le racisme et le monopole étatique de la violence. Nous n’aurons d’autre choix que de l’affronter comme adversaire dans chacune de nos luttes.

Bien que la manifestation ne soit pas le seul moment où l’on fait face aux flics, elle constitue un contexte incontournable. Dans la manifestation, la police met tout à sa disposition afin de semer la peur parmi les contestataires du pouvoir, afin de contrôler nos actions, de nous blesser et de nous arrêter. En somme, elle se déploie en force dans l’objectif de nous dissuader de poursuivre la lutte et de faire réellement bouger les choses.

Il faut qu’on se donne collectivement les moyens de se défendre. Selon nous, quelques anarchistes montréalais, il s’agit de propager des connaissances et des pratiques de confrontation et de soin, ainsi que de faire un effort pour que les groupes et individus, participant de différentes manières à la manifestation, collaborent les un.es avec les autres. En nous basant sur quelques manifestations récentes à Montréal, voyons un petit aperçu de quelques tactiques qui peuvent être utilisées de manière cohérente contre les flics. Il y a de la place pour tout le monde !

  • Feux d’artifice!
  • Équipe de la bannière renforcée : Une bannière renforcée a de multiples usages : elle porte un message, elle offre un endroit où se dissimuler (ex.: pour se changer), elle protège au moins les bras des personnes qui la tiennent, grâce aux morceaux de bois et de plastiques ajoutés à l’arrière. Les personnes qui tiennent la bannière sont dans une position vulnérable, puisqu’ils et elles se retrouvent souvent sur la ligne de front. Il est donc important de porter des casques et des protège-dents. De plus, chacun.e d’eux et elles est jumelé.e, pour sa protection, avec une autre personne, celle-là plus mobile, qui se tient juste derrière, avec un drapeau pouvant servir de bâton.
  • Distribution de masques : Porter un masque ne permet pas seulement de protéger sa propre identité : plus il y a de personnes masquées, plus cette tactique devient efficace pour l’ensemble des gens. Si toute la foule est masquée, la police éprouve beaucoup plus de difficultés à déterminer qui a lancé la roche. Même si on ne prévoit pas enfreindre la loi, porter un masque est une excellente façon de démontrer de la solidarité avec ceux et celles qui prendront ce risque.
  • Graffeurs.ses
  • Médics
  • Collecteur.ses de projectiles : Il y a plusieurs façon de supporter indirectemment la confrontation avec la police ! Que ce soit d’amasser des piles de briques ou de roches près de l’affrontement, ou bien d’encourager les gens à demeurer groupés et à ne pas s’éloigner lorsque la manif devient chaotique.
  • Équipe anti-médias : Peu importe les intentions des journalistes, les photos ou les vidéos captés lors de manifs peuvent être utilisés comme éléments de preuve afin de condamner nos ami.es. Il est donc essentiel que les caméras soient repoussées des manifs mouvementées.
  • Équipe de l’arrière de la manif : Si une manif bouge trop vite, elle peut abandonner des gens qui ne peuvent pas se déplacer aussi rapidement. Une équipe à l’arrière de la manif peut communiquer avec des gens à avant, pour essayer de trouver une vitesse qui permet à tout le monde de rester ensemble aussi longtemps que souhaité. De plus, les flics n’entrent pas dans la manif uniquement par l’avant ou par les côtés : une équipe de l’arrière aurait le potentiel d’améliorer la sécurité de toute la manif.
  • Barricade fonctionnelle : Une barricade entrave les mouvements de la police, tout en nous procurant un élément de protection derrière lequel se cacher durant l’affrontement.

[PDF (fr)]

[PDF (en)]

Flics homophobes du Québec

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Oct 262018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La suivante est une liste de flics qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disante province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Sébastien CHARRON agent │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Geneviève PÉPIN agente │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Jean-Ernest CÉLESTIN chef │PDQ 15 │SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BROSSEAU agent│SPVM │ Opération Sentier

Stéphane BÉLANGER commandant │PDQ 38 │SPVM│ Opération Nirvana

Suzie PAQUETTE agente sociocommunautaire│ PDQ 38│ SPVM │ Opération Nirvana

Christine DOUCET agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Josée BELLEMARE agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Nathalie LEGROS agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Caroline BERNIER agente sociocommunautaire │SPVM │ Opération Nirvana

Jean-Guy TRUDEL sergent │PDQ 38 │SPVM │ Opération Nirvana

Mélanie POTVIN agente │PDQ 38 │ SPVM │ Opération Nirvana

Giovanni CIARLO agent provocateur/agent double│ SPVM │ Opération Nirvana

Sylvain JOYAL agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Martin BRIÈRE agent provocateur/agent double│SPVM │ Opération Nirvana

Josée MIREAULT agente sociocommunautaire │ PDQ 44 │SPVM │ Opération Narcisse

Alexandre CLÉMENT mat. 11721 │agent provocateur/agent double│SPAL

Pierre QUINTAL porte-parole │SPAL

Gaétan DUROCHER porte-parole │SPAL

Jacques CÔTÉ ancien capitaine│SPAL

Réjan PLEAU responsable des programmes de prévention │ SPVQ

François BOUCHARD agent/relationniste │SPVQ

Sandra DION agente│SPVQ │ Opération Rendez-Vous

Catherine VIEL agente aux communications│SPVQ │ Opération Buisson

Marie-Ève PAINCHAUD agente │SPVQ

Nancy ROUSSEL agente │SPVQ

Christine LEBRASSEUR porte-parole │SPVQ

André MAGNY directeur de poste │ Shawinigan │ SQ

La suivante est une liste de politicien.ne.s et d’acteur.e.s communautaires qui ont, de près ou de loin, participé à l’élaboration d’opérations policières ayant le but d’harceler des hommes queers draguant dans certains lieux publics de la soi-disant province du Québec. Cette liste n’est pas exhaustive.

Isabelle BOISVERT coordonatrice│ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Vivianne LAVOIE directrice générale │ table en sécurité urbaine du Plateau-Mont-Royal │Centre des Femmes │ Opération Nirvana

Marc PETTERSEN conseiller municipal │Ville de Sauguenay

Robert MILOT maire │Ville de Sainte-Adèle

Huguette ROY conseillère municipal │Saint-Paul-Émard │membre de la table de sécurité urbaine du Sud-Ouest │ Opération Sentier

Michel ANGERS maire │Ville de Shawinigan

Bryan Trottier : un misogyne raciste commandant de La Meute anglophone

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Oct 192018
 

De Montréal-Antifasciste

Dans une tentative un peu désespérée d’avoir un poids sur la campagne électorale, La Meute multiplie les apparitions depuis quelques semaines, privilégiant les actions décentralisées. Bien que plusieurs médias entrent dans leur jeu en leur offrant une visibilité démesurée, le groupe d’extrême droite ne semble pas rencontrer d’écho populaire et son chef Sylvain « Maikan » Brouillette a l’air bien seul avec son slogan « 40 000 membres, 40 000 voix ».

C’est dans ce contexte que Steeve « L’artiss » Charland, potentiel rival de Maikan, dirigeait le samedi 15 septembre une manifestation mobile, qui était en fait un convoi de véhicules identifiés aux couleurs de La Meute. Le lieu de rendez-vous pour la dizaine de membres de La Meute se situait à Oka, tout proche de la communauté Mohawk de Kanesatake. Rapidement, des membres de la communauté se sont très courageusement mobilisé.e.s pour faire fuir La Meute sous les huées et les insultes, refusant au passage l’instrumentalisation des Premières Nations que tente de faire le groupe d’extrême droite depuis plusieurs mois.

« Hey! Allez-vous-en! Hey, vous ne passerez pas par la réserve non plus. Allez-vous-en d’ici! Vous ne passerez pas par ici non plus. »

– Un résident de Kanesatake s’adressant à La Meute le 15 septembre 2018

La vidéo des événements à été partagée des centaines de fois et vue plus de 50 000 fois sur Facebook. Quelques membres de La Meute ont alors profité de l’occasion pour cracher leur venin raciste et colonialiste dans des commentaires haineux. Ce fut le cas du compte « Barb N Bryan Wolfe » qui s’est démarqué par ses commentaires ignobles contre les autochtones (Image 1) : « Kanesatake devrait être mise en quarantaine », « c’est pour ça qu’on a dû vous éclater en 1990 [à Oka] bande de connards », ou en traitant la communauté mohawk de « merdes racistes ».

 

Mais qui est ce ou cette « Barb N Bryan Wolfe »?

Il s’agirait en fait du compte Facebook d’une dénommée Barbara Edwards (ou encore Barbara Wolfe) (Image 2) connue pour avoir organisé une manifestation islamophobe à Toronto en mars 2017. Bryan Trottier serait son conjoint. Ce dernier utilise régulièrement le compte Barb N Bryan Wolfe pour déverser son fiel islamophobe ou organiser plus d’événements racistes en Ontario. Bryan Trottier est « commandant » du CDN Wolfpack (Image 3), une branche canadienne de La Meute en Ontario qui serait à présent autonome vis-à-vis de la Meute du Québec. Il s’avère que Trottier n’utilise pas seulement le compte de sa conjointe mais aussi les faux comptes Joshephine Murphy et Zora Xeno.

(Capture d’écran du 10 février 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

Bryan Trottier n’en est donc pas à ses premières ignominies.

Bryan Trottier

 

Bryan Trottier et Barbara Edwards

Bryan Trottier

Barbara Edwards

 

Des fausses nouvelles pour nourrir l’antiféminisme et la misogynie

En juin dernier, nous publions un article sur une fausse dénonciation d’agression sexuelle orchestrée par un troll d’extrême-droite sous un faux compte nommé « Zora Xeno ». Cette fausse nouvelle partagée entre autres par les vidéobloggueurs DMS de mouvance alt-right fut rapidement démentie et dénoncée. Comme nous le disions, ce n’était pas une instrumentalisation abjecte des dénonciations anonymes de violences sexuelles qui allait nous empêcher de croire les survivant.e.s et les victimes.

En juillet, un nouveau faux compte, cette fois « Joshephine Murphy » récidivait en créant une fausse dénonciation contre un membre du groupe de musique syndicale et antifasciste, les Union Thugs. Une nouvelle fois, la fausse nouvelle était vivement dénoncée alors que le soutien aux survivant.e.s et le support aux luttes féministes contre les violences sexuelles et sexistes étaient réitérés (Image 4-5-6).

Le groupe de musique Union Thugs dénonçant la fausse nouvelle et l’instrumentalisation des luttes féministes pour miner les luttes antifascistes et supportant les luttes contre la culture du silence.

Le label DCHC qui organisait un show en Ontario avec les Union Thugs rétablissait également les faits tout en rappelant qu’iels soutiennent toujours les survivant.e.s dénonçant anonymement des violences sexuelles vécues.

Le collectif féministe montréalais Les Gamines, connu pour avoir diffusé de nombreuses dénonciations anonymes contre des agresseur.e.s en les nommant, dénonçait alors la nouvelle fausse nouvelle créée par Bryan Trottier (aka Joshephine Murphy).

Bryan, Joshephine, Zora… même combat

Dans la plus récente fausse nouvelle contre les Union Thugs, le faux compte Joshephine Murphy ne tentait même plus de se faire passer pour un.e militant.e de gauche, comme on peut le voir sur l’image 7 avec un logo anti-communiste faisant référence aux assassinats sous la dictature de Pinochet. De plus, lors de ses tentatives d’intimidation en ligne de plusieurs pages de gauche, Murphy s’est lui même révélé comme étant « Bryan » (Image 8).

Il n’hésitait pas non plus à se proclamer comme un chef de la Meute dans certains commentaires (Image 9). On peut voir ici que Murphy fait également partie du groupe secret CDN Wolfpack (Image 10) :

 

 

(Capture d’écran de juillet 2018, récupérée par Anti-Racist Canada)

 

On peut aussi remarquer comment Bryan Trottier utilisait probablement simultanément ses deux comptes pour intimider un groupe militant ontarien à l’été 2018 :

 

Bas les masques ! 

Bref, Bryan Trottier, aka Joshephine Murphy ou Zora Xeno ou Barb N Bryan Wolfe, n’est pas un individu isolé mais bel et bien un « haut gradé » de l’organisation d’extrême droite CDN Wolfpack. Jusqu’au 15 septembre dernier, le Wolfpack était une organisation sœur de La Meute du Québec ayant notamment collaboré à des manifestations islamophobes. Malgré la récente scission, le chef (Sylvain Brouillette) de la Meute québécoise rappelait dans leur groupe public que « La Meute et le CDN Wolfpack continueront de travailler en étroite collaboration » (15 septembre 2018). Au moment d’écrire ces lignes, leurs sites Web respectifs étaient d’ailleurs toujours liés (Image 13).

Ces deux organisations fondée sur une islamophobie et un racisme profond disent souvent vouloir protéger les prétendues « valeurs occidentales » (et les femmes blanches d’occident du même coup) contre l’Islam. Elles vont alors fréquemment instrumentaliser le concept de l’égalité entre les femmes et les hommes pour faire gober leur idéologie haineuse et antimusulmane. Les dénonciations d’agressions sexuelles au sein même des chefs la Meute, leur haine du voile, et par conséquent des femmes musulmanes, ainsi que leurs tentatives infructueuses de faire des fausses dénonciations d’agressions sexuelles dans le but de décrédibiliser les luttes féministes contre la culture du viol ne font que prouver une fois de plus la misogynie et l’antiféminisme de leur démarche.

En conclusion, nous devons réaffirmer que le plus grand danger pour les valeurs – féministes, antiracistes, antifascistes et en opposition farouche au colonialisme – que nous portons ce sont  les Bryan Trottier et des organisations racistes comme La Meute, et non pas les nouveaux et nouvelles arrivant.e.s, avec leurs langues, leurs cultures et leurs religions.

Une nouvelle journée, un nouveau doxx.

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Mai 202018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Récemment, depuis la sortie de l’information que le bloggeur ‘Zeiger’ de Daily Stormer et le forum privé ‘Montreal Stormer Book Club’ étaient actifs en ville, des centaines d’affiches sont apparues dans les rues de Montréal pour exposer l’identité d’autres ordures nazies. Certaines de ces affiches contiennent les adresses, inconnues jusqu’avant, de Vincent Bélanger Mercure (4350 avenue Melrose) et de Philippe Gendron (6735 rue Fabre).

Voici les fichiers que vous pouvez imprimer et coller vous-mêmes. Soyez prudent-e-s, et attention aux fachos – certains auraient été vu en panique, devant leur propre visage placardé dans leur quartier, tentant de les arracher.

Shawn Beavais-Macdonald en anglais et en français Vincent Bélanger Mercure en anglais et en français. Adresse : 4350 avenue Melrose Gabriel Sohier Chaput en français. Adresse : 6308 rue Fabre Phillipe Gendron en français. Adresse : 6735 rue Fabre Quelques autres losers (noms inconnus), en anglais et en français.

Remplir un extincteur de peinture : guide d’instruction

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Avr 042018
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info
Cette vidéo est à des fins éducatives seulement et n’encourage aucune activité illégale. Cliquez sur CC sur l’application vidéo pour voir les sous-titres en français.

Les extincteurs de feu remplis de peinture ont été utiles aux anarchistes de Montréal dans leurs luttes contre la gentrification, la surveillance et, plus récemment, les symboles coloniaux.

1. Voler l’extincteur

Trouvez un extincteur à pression hydraulique. Ils sont en métal argenté et existent en deux formats différents.

Les deux formats sont fermés avec un écrou et peuvent être ouverts sur le dessus.

Le plus grand format est de 9L et a une valve semblable à celle d’un pneu de vélo, ils peuvent donc être facilement re-pressurisés. Ils se trouvent souvent dans les universités, les cégeps et dans les immeubles d’appartements ou de bureaux.

Le plus petit format est de 6L et nécessite un compresseur d’air pour réajuster la pression. Ils se trouvent seulement dans les restaurants et sont souvent placés près des sorties arrières. Pratique!

2. Vider l’extincteur

Portez des gants de coton pour éviter de laisser vos empreintes digitales sur l’extincteur. Videz le liquide de l’extincteur en vous assurant que l’indicateur de pression atteigne 0 psi. Vous pouvez le faire dans une ruelle ou dans votre bain.

3. Remplir avec de la peinture

Enlevez l’écrou et la section du dessus.

Remplissez l’extincteur à moitié avec un mélange moitié eau, moitié peinture de latex.

4. Re-pressuriser

Ré-attachez la section du dessus en vous assurant que le tout soit étanche.

Pour le format de 9L, utilisez une pompe à vélo et faites monter la pressions jusqu’à 100 psi.

Pour le format de 6L, il n’y a pas de valve. Vous devez donc utiliser un compresseur à air, que vous pouvez trouver dans une quincaillerie ou dans la plupart des pawnshops. Retirez la hose et connectez le tube du compresseur en utilisant un adaptateur mâle de 3/8 ».

Réglez le compresseur à 115 psi. Vous n’aurez peut-être même pas besoin d’actionner le détenteur de l’extincteur pour que la pression monte lentement à 100 psi. Si vous le faites, levez l’épingle de sûreté et actionnez le graduellement. Arrêtez dès que la l’indicateur montre 100psi, pour éviter que de la peinture n’entre dans le tube.

Remettez l’épingle de sûreté et fixez-la en utilisant du duct-tape.

5. Nettoyer

Frottez l’extincteur avec un tissu imbibé d’alcool à friction pour enlever toutes les empreintes qui pourraient s’y trouver.

Consultez la page des guides sur Montréal Counter-info pour plus d’idées pour des actions directes : blocages de trains ou d’oléoducs, manifestations, émeutes et plus!

« « La seule raison pour laquelle nous devrions rejoindre la classe supérieure, c’est pour provoquer du désordre, mais certainement pas pour corrompre le graffiti comme certain-e-s le font. Mon but est d’instaurer l’insolence et la violence du graffiti où il ne devrait pas se trouver. Le graffiti est un tout, on ne peut pas seulement prendre les parties qui nous intéressent. Dans ce cas là, vous trouverez ce qui en reste sur les façades de vos magasins »