Montréal Contre-information
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Juil 152021
 
Les chefs René Simon, de Pessamit, Martin Dufour, d’Essipit, et Gilbert Dominique, de Mashteuiatsh, posent en compagnie de Michel Gagnon, président de la société GNL Québec. Ils ont signé une entente de collaboration en 2015.

Des Collectifs Mashk Assi et Emma Goldman

Depuis 2017, le collectif Mashk Assi, un groupe formé de membres des Premières nations qui défendent le territoire, joue un rôle clé dans la lutte contre le projet de GNL Québec. Pendant ce temps, les instances autochtones issues du colonialisme, les conseils de bande, n’ont pas levé un petit doigt pour s’y opposer, se contentant de négocier leur part du gâteau avec les promoteurs de ces projets destructeurs. En effet, en janvier dernier, un article du journal Informe Affaires expliquait que le conseil de bande de Mashteuiatsh négociait une Entente sur les répercussions et les avantages (ERA) avec GNL Québec :

« Pekuakamiulnuatsh Takuhikan compte notamment sur la conclusion d’Ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) pour obtenir des retombées provenant des grandes entreprises présentes sur leur Nitassinan, incluant celles qui projettent de s’y installer. Dans ce contexte, Stacy Bossum cite, à titre d’exemple, l’entente qui a été conclue en août dernier avec les promoteurs de Métaux BlackRock. Il rappelle que des négociations sont toujours en cours, entre autres, auprès d’Arianne Phosphate et de GNL Québec. » [1]

Mais voilà que tout dernièrement, les conseils de bande de Mashteuiatsh, d’Essipit et de Pessamit ont déclaré s’opposer au gazoduc et à la construction de l’usine de liquéfaction à Grande-Anse. Est-ce une opposition par défaut ou un réel vouloir de bloquer ce genre de projet? Une bonne question à se poser quand l’on sait que la lutte à GNL Québec est active depuis plusieurs années. Bizarre de commencer à s’y opposer seulement après avoir constaté qu’il n’y a pas d’acceptabilité sociale au Québec pour ce projet et que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) ait publié un rapport défavorable à la construction du complexe de liquéfaction de gaz naturel. Il faut ajouter à cela la lenteur pour en arriver à une ERA entre les conseils de bande et GNL Québec. Cette nouvelle annonce sonne comme si les conseils de bande ne voulaient pas rater le bateau et être dans le bon camp. Cependant, il est important de rappeler que les conseils de bande de Mashteuiatsh, d’Essipit et de Pessamit ont signé une Entente sur les répercussions et les avantages avec Métaux BlackRock, dont certaines clauses sont confidentielles. Le transport du minerai par bateau, qui va se faire à partir du port de Grande-Anse, va augmenter le trafic dans le fjord du Saguenay et mettre en péril tous les écosystèmes et milieu de vie qui s’y retrouvent (c’est sans compter la mine à ciel ouvert près de Chibougamau et l’usine à Grande-Anse qui sera l’une des plus polluantes au Québec).

En voyant ce constat, dur de croire que les conseils de bande le font pour s’opposer à un projet qui met en péril le fjord, mais bien par un certain opportunisme. Il ne faut donc pas se méprendre. Les conseils de bande ne sont pas des sauveurs et des écologistes qu’il faudrait mettre sur un piédestal. Plusieurs militants et militantes autochtones ont beaucoup sacrifié depuis le début de la lutte contre le projet de GNL Québec, ceux et celles qui vivent sur le territoire et qui défendent le Nitassinan. C’est ces gens et leurs groupes que nous devons soutenir. Finalement, pour en rajouter une couche, il est bien de souligner que Pekuakamiulnuatsh Takuhikan est partenaire et participe économiquement à des projets forestiers qui en résultent à des coupes à blanc sur le Nitassinan. Devant l’écocide, les masques tombent. C’est sur le territoire que ça se passe et il faut soutenir les groupes de la base qui luttent à chaque jour contre ces projets destructeurs. Non aux opportunistes!

Les collectifs Mashk Assi et Emma Goldman

[1] MASHTEUIATSH | L’économie mixte à l’ordre du jour