Commentaires fermés sur #Libérezlestous : campagne d’email pour la libération des prisonniers fédéraux
Avr122020
Soumission anonyme à MTL Contre-info
SOUTENEZ TOUS LES PRISONNIERS MAINTENANT! PERSONNE NE DEVRAIT PASSER UN PANDÉMIE EN PRISON!
La situation des prisonniers pendant la pandémie de COVID19 est terrifiante. Il est largement admis que les prisonniers sont dans une position dangereuse pendant cette pandémie en raison de la proximité des quartiers d’habitation, du manque de soins de santé et du manque d’accès aux fournitures sanitaires. Services correctionnels Canada a fait très peux pour contrer les risques internes, mis à part l’annulation de toutes les visites, les libérations temporaires de travail et les visites de roulottes. Comme on pouvait s’y attendre, COVID19 a déjà commencé à se répandre dans le système carcéral fédéral avec des détenus et du personnel infectés dans plus et plus des établissements.
Les appels à la libération des prisonniers sont venus de nombreuses personnes et groupes différents à travers le monde et de nombreux médias au Canada ont publié des articles détaillant le raisonnement pour la libération des prisonniers. Nous aimerions ajouter nos réflexions à cette conversation.
Au niveau fédéral, il existe de nombreux outils que le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada peuvent utiliser pour libérer les détenus. Ceux-ci comprennent: la prolongation des absences temporaires non accompagnées, l’utilisation des articles 81 et 84 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (ADRC), des audiences accélérées pour les cas de suspension et de révocation, et l’utilisation de l’article 121) 1.b) de l’ADRC, qui indique que «la libération conditionnelle peut être accordée à tout moment à un délinquant […] dont la santé physique ou mentale est susceptible de subir de graves dommages s’il continue d’être détenu».
L’utilisation des dispositions existantes pour libérer les prisonniers afin de protéger leur santé n’est pas sans précédent. En effet, comme l’expliquent Jane Philpott et Kim Pate dans un article de Policy Options, « les articles 29, 81, 84, 116 et 121 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition ont été spécifiquement créés pour faire sortir les gens des prisons pour résoudre des problèmes de santé, pour le développement personnel, pour des raisons de compassion ou pour le travail. Les articles 81 et 84 prévoient le transfère des détenus autochtones dans les communautés autochtones, mais pourraient également s’appliquer à d’autres personnes » (on souligne).
Dans ce contexte, nous exigeons des actions immédiates pour protéger la santé et la sécurité des détenus fédéraux. Plus précisément, nous avançons les revendications suivantes :
1. LIBÉRONS IMMÉDIATEMENT TOUS LES PRISONNIERS VULNÉRABLES : Toute personne de plus de 50 ans, immunodéprimée, enceinte, malade ou présentant une condition préexistante qui la rend à haut risque de mourir de la COVID-19.
2. LIBÉRONS TOUS LES PRISONNIERS, en commençant par ceux qui se trouvent dans les PRISONS DE SÉCURITÉ MINIMALE et les maisons de transition : Selon la logique même du Service correctionnel du Canada, ceux et celles qui se trouvent dans les prisons de sécurité minimale et les maisons de transition sont considéré.e.s comme présentant le moins de risques pour la sécurité publique, alors commençons par là. Laissons ceux qui ont une maison rentrer chez eux, garantissons une distance physique sûre entre les personnes dans les maisons de transition où les gens choisissent de rester, élargissons l’accès au financement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) pour inclure les personnes qui sortent de prison, ouvrons les logements vacants pour ceux qui n’ont pas de maison.
3. PRENONS IMMÉDIATEMENT DES MESURES SANITAIRES ET PRÉVENTIVES POUR PROTÉGER LES PERSONNES QUI RESTENT EN PRISON : Fournissons gratuitement à chaque prisonnier du savon, du désinfectant pour les mains avec le taux d’alcoolémie approprié recommandé par l’Organisation mondiale de la santé, de l’eau de Javel, des produits de nettoyage et des outils d’auto-évaluation (comme des thermomètres), et transférons les prisonniers en sécurité maximale et moyenne dans les prisons minimales vides pour permettre une bonne distance physique.
4. ARRÊTONS LA LOGIQUE DE LA PUNITION. PRIORISONS L’ACCÈS CONTINU À LA COMMUNAUTÉ ET À LA FAMILLE POUR CEUX QUI RESTENT EMPRISONNÉS : Rendons gratuits les appels téléphoniques et les visites vidéo, autorisons les appels téléphoniques et les visites vidéo pour les bénévoles et les soutiens en dehors de la famille, donnons accès à des téléphones portables pour limiter l’utilisation des téléphones communautaires et pour que l’accès à l’extérieur soit maintenu en cas d’isolement médical, et ne verrouillons pas l’accès aux soutiens communautaires et familiaux. L’Organisation mondiale de la santé, soulignant l’importance de la communication avec l’extérieur, a déclaré que « les décisions de limiter ou de restreindre les visites doivent tenir compte de l’impact particulier sur le bien-être mental des détenus… L’impact psychologique de ces mesures doit être pris en compte et atténuée autant que possible et un soutien émotionnel et pratique de base pour les personnes affectées en prison devrait être disponible. »
5. DES SERVICES MÉDICAUX POUR TOUS : Veillons à ce que les services médicaux soient entièrement financés, accessibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et à ce que des professionnels de la santé supplémentaires soient engagés. Fournissons une formation, des EPI et des tests réguliers. Supprimons l’obligation d’avoir des gardes pour accompagner les prisonniers à l’hôpital. Ne pas envoyer les prisonniers dans des hôpitaux militaires spéciaux.
Qui devez-vous contacter?
À ce stade, vous pouvez appeler ou envoyer un courriel :
1. Anne Kelly – Commissaire du Service correctionnel du Canada: anne.kelly@csc-scc.gc.ca, 613-995-5781
2. Angela Connidis – Sous-commissaire pour les femmes, Service correctionnel du Canada: angela.connidis@csc-scc.gc.ca, 613-991-2952
3. Jennifer Oades – Présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada: jen-nifer.oades@pbc-clcc.gc.ca, 613-954-1154
4. Bill Blair – Ministre de la Sécurité publique: Bill.Blair@parl.gc.ca
5. Kim Pate – Sénatrice faisant pression pour la décarcération: Kim.Pate@sen.parl.gc.ca
6. Marilou McPhedran – Sénatrice faisant pression pour la décarcération: Marilou.McPhedran@sen.parl.gc.ca
7. Jack Harris – NPD, porte parole Sécurité Publique: jack.harris@parl.gc.ca, 709-772-7171
Vous pouvez aussi utiliser le graphique (ici: demandprisonschange.wordpress.com) sur les réseaux sociaux! Tweetez à @csc_scc_en ET @csc_scc_fr avec les hashtags: ##Libérezlestous.
Cela a commencé en Chine. Des touristes, des banquiers, et d’autres, notables pour leur fortune, l’ont contracté. Le virus étant mortel, et requérant une médecine inconnue, l’on a voulu le contenir au plus vite, mais en vain.
Mon oncle fut parmi les premières victimes au Québec. Peu de temps après sa mort, mon père mourut aussi, sans avoir pu profiter de la fortune de son frère dont il venait d’hériter et sans avoir eu le temps de m’en faire à mon tour l’héritier…
Le virus se propage comme aucun autre connu. Au début de la crise, on disait « de façon aléatoire… ». On dit aujourd’hui que cela ressemble à une malédiction. Par habitude, on prôna l’évitement de la proximité, même si cela ne semblait pas le moyen de propagation du virus. En effet, puisqu’aucun cas n’était enregistré chez les serveurs, serveuses, les caissiers, caissières, bref chez ces travailleurs, travailleuses qui tâtent le moindre produit du capital pour le vendre, et autant de monnaie pour la remettre aux patrons, qui interagissent avec des centaines de gens par jour. Quand ce fut au tour des politiciens de tomber malades, alors qu’on n’enregistrait encore aucun cas chez les masses, on commença à s’intéresser avec zèle à l’origine du virus. Dans l’Est, on crut que c’était un coup des États-Unis. Aux États-Unis, on crut que c’était un coup de l’Est. Or réalisant bientôt que ni l’Ouest ni l’Est n’avait préparé un tel coup, on accusa une supposée Internationale révolutionnaire formée en secret.
La répression de tout regroupement à saveur anarchiste fut brutale. Si bien qu’on regretta de ne pas s’être effectivement organisé.e en Internationale secrète. Les autorités d’ici fermèrent d’abord l’UQÀM, lieu où, drôlement, elles soupçonnaient le plus d’« éléments séditieux ». Nos festivals, nos squats, nos cénacles, la police sabota le moindre de nos espaces. Les plus naïfs et naïves d’entre nous réalisèrent non seulement qu’il faillait bien que ces espaces aient été fortement surveillés déjà pour qu’on les sabote tous ainsi, systématiquement et dès l’émission de l’ordre, mais aussi, qu’il n’y a pas du tout lieu de penser pouvoir mener une activité révolutionnaire en toute sécurité sous domination. Du côté de nos camarades communistes, on vit flamber la Maison Norman Béthune le soir même de la déclaration du gouvernement contre la supposée Internationale. Les autorités sont allées jusqu’à persécuter dans leur demeure les camarades Côté et Gauthier, qui tenaient une librairie d’occasion à Salaberry-de-Valleyfield. Côté et Gauthier, qui apportaient tant à leur communauté par les ateliers qu’iels organisaient, par la distribution de savoirs, par toutes sortes de gestes solidaires, ont fini par mourir des blessures que leur ont infligées les gendarmes. Nous nous assurerons d’une transmission de leur héritage, c’est-à-dire les fruits de leur archivage que des proches conservent pour l’instant et, une fois Valleyfield définitivement gagnée, le maintient d’un lieu de rencontre et de savoir tel que Côté et Gauthier n’en ont jamais rêvé.
Ces écrasantes défaites, dont la liste est si longue qu’on ne saurait la transcrire au complet – je vous partage celles qui m’ont le plus directement touchées – valent mention en cas d’un retour à l’ordre ancien : s’exposer sans plan de secours a eu pour résultat la neutralisation par les autorités de camarades parmi les plus vaillants, vaillantes dès le commencement d’hostilités sérieuses. Et cela, sans qu’on ait pu faire quoi que ce soit pour empêcher ou prendre moins durement le coup. À noter que malgré que plusieurs membres de nos groupes prétendaient militer « au nom des masses », ces dernières ne furent d’aucune aide au commencement de la Grande Répression. Certes, les personnes itinérantes, les fugitives et fugitifs, les gens en refuges n’auraient de toute façon pas pu faire grand chose. Mais je parle de l’autre masse, celle des travailleurs, travailleuses quelque peu engraissé.e.s ou aspirant à le devenir ou entretenant une allégeance indéfectible envers la société de classes. Je parle de profs, d’employé.e.s d’usines, d’infirmières (contre toute attente) et de gens de cuisine! Tout ce spectre allant de l’aristocratie ouvrière à une confortable misère. Je parle de cette masse de traîtres qui ont largement diffusé et encouragé l’opinion du pouvoir à propos d’une crise qui, finalement, était la crise du pouvoir même. En effet, donc, notre exposition, nos façons d’aborder les masses au sein d’un système de domination auront à être repensées en cas de guérison de notre ennemi. Non pas que ces questions n’avaient jusqu’alors jamais été posées. Or on voit bien, à la lumière des événements récents, que ces questions n’avaient pas à être mises en dépôt, que nous révolutionnaires n’étions que toléré.e.s, que si la bourgeoisie nous avait combattu en fonction d’un danger moins grand, moins assuré que le virus, je ne serais pas là à rendre compte de la situation révolutionnaire dans Montréal et ses alentours.
Où en est-on?
Ce ne furent évidemment pas que les révolutionnaires confirmé.e.s qui souffrirent durement des mesures de sécurité bourgeoise. En Indonésie, l’État restreignit à ces agents l’accès à Internet. Tous les services de téléphonie y furent sommés d’enregistrer toute communication et des agents furent payés pour vérifier si le courrier papier ne contenait pas des marques de complots contre l’État. Ce n’est que tout récemment que nous avons pu entrer en contact avec des révolutionnaires de l’Indonésie, après des mois de silence de leur part. Plusieurs autres États ont suivi l’exemple et ont privé de contacts et de ressources des communautés sous prétexte qu’elles accueillaient des « éléments séditieux ». Aussi, dans tous les pays industrialisés, ce fut le confinement général renforcé par la police, la fermeture de tout sauf ce qui a trait aux besoins essentiels, puisqu’on ne savait pas encore si le virus n’allait pas s’attaquer aux masses et se transmettre ainsi davantage. Suite à cet ordre, plusieurs virent leur situation devenir encore plus précaire qu’elle ne l’était déjà : réduction des revenus, isolement en situation de violence conjugale ou parentale, empilement des charges émotives et de travail, etc. Heureusement, l’expérience indique que le virus avait bel et bien une destination et que celle-ci n’était pas le camp des dominé.e.s. C’est ainsi que le renversement de la classe dominante comme destin obligé pour l’atteinte d’une meilleure santé redevint, par un retournement que personne n’avait envisagé, une évidence; et qu’on donna malheureusement raison à cette publication d’avant la Grande Répression, au Lundi Matin : « l’humanité ne se pose que les questions qu’elle ne peut plus ne pas se poser. » Par ailleurs, si vous, travailleurs, travailleuses, et laissé.e.s pour compte, habitez dans une région du monde où la bourgeoisie est encore en puissance, et que vous avez heureusement accès à ce pamphlet, sachez que le virus, s’il demeure, aura vite raison de tout arrivisme. Dans tous les pays où le virus frappa durement, des membres de l’aristocratie ouvrière se sont dépêché.e.s à prendre la place des dominants défunts. Cela, à leur grand péril, comme ce fut le cas avec mon père. L’arrivisme perdure parce que des larbins, larbines sont en ce moment payé.e.s à développer des technologies et des traitements permettant une plus longue résistance au virus. Iels font croire ainsi à une pléthore de borné.e.s que la crise du pouvoir finira bien par passer, que « l’homme est un loup pour l’homme » et rien d’autre. Or à date, la plus longue résistance à la mort prévue fut d’un mois, et après trois semaines, le cerveau dégénère et le malade perd la mémoire, devenant inapte à remplir sa fonction de dominant.
No war, but class war
À l’heure qu’il est, c’est la guerre dans les rues de Montréal, et ailleurs. La police, malgré le déclin de ce pourquoi elle existe, patrouille arme au poing dans les quartiers qu’elle peut encore se permettre de patrouiller. Il faut les voir, les flics, avec leurs machins à respirer… Le mot d’ordre est que tant qu’un chef est proclamé, tant qu’on reconnaît à une personne sa propriété, on défendra le vieux monde. Or les faiseurs de lois et les extorqueurs sont de moins en moins forts et on reconnaît donc de moins en moins leur autorité; la classe dominante ayant perdu sa capacité de renouvellement, il ne reste au pouvoir, pouvoir s’amincissant de jour en jour, que des brutes assumées. C’est suite à un mois complet sans chef que les révolutionnaires sont sorti.e.s de leur trou : tout chef proclamé mourrait la nuit même de sa proclamation. C’est alors que la plupart des scientifiques mandaté.e.s à la recherche d’un antivirus reçurent pour tâche le simple rallongement de la vie des malades, afin que le monde ne sombre pas dans l’anarchie… Durant ce mois, aucune directive claire de la part des autorités. Les forces de l’ordre étaient laissées à elles-mêmes. Et nous réalisions enfin que le virus n’avait définitivement aucune intention belliqueuse à l’encontre de la classe des dominé.e.s. Le bioterrorisme imaginé au début de la crise était-il un fait? A-t-il existé une Internationale secrète qui, après son coup contre les dominants, a fait vœu de silence? Quoi qu’il en soit, les révolutionnaires ont fait, à la sortie de ce mois, ce qui devait être fait : nous nous sommes réuni.e.s et nous avons travaillé à une campagne de mobilisation pour la fin des sociétés de classes, applicable dans les plus brefs délais. Fini le confinement, finie l’attente du salaire. Le travail est à faire non plus selon les caprices d’une élite possédante, mais dans la mesure où nous avons tous et toutes besoin de logement, de nourriture, de loisir, de mener des projets personnels. C’est la guerre, donc, enfin. Le mois suivant fut le retour grandiose des révolutionnaires contre la police, contre tout ce qui nie la reconnaissance de nos besoins et désirs. Le premier meurtre d’un flic à Montréal fut lors du raid de l’épicerie Metro, à Hochelaga. Son corps pend encore sous l’enseigne. Le but avait été de réaménager l’endroit en une gigantesque cuisine et salle à manger commune.
Où en est-on?
Nous n’avons, ici à Montréal, aucune nouvelle des Wet’suwet’en qui bloquaient, dans l’ouest du pays, depuis bien avant la pandémie, la construction d’un pipeline. Il semble qu’iels aient disparu.e.s. Si vous avez de leurs nouvelles, prière, après l’obtention si possible de leur consentement, de le communiquer à des révolutionnaires. Nous devinons qu’il s’agit là d’un coup ordonné par la ridicule Union des Leaders, appareil étatique s’étant inféodé toutes les polices du pays et ayant annulé jusqu’à nouvel ordre toute élection par le peuple, se reconnaissant donc tous les pouvoirs dans le pays. Pour les anarchistes, le remplacement des partis par l’Union des Leaders fait peu de différence. Le gouvernement, le corps policier, qu’ils soient divisés ou non, sont liberticides. Bien sûr, l’aspect discrétionnaire de ce nouvel appareil en a fait souffrir plus d’un, plus d’une, nous le reconnaissons et nous travaillons à ce que les torts soient redressés. Or il faut admettre que cette possibilité n’est que dormante dans un État divisé, qu’elle est masquée, puisqu’il s’agit toujours bien, dans les deux cas, d’une classe qui en extorque une autre. À noter que des universitaires manifestèrent leur mécontentement lors de la formation du nouvel appareil politique, mais qu’iels se turent rapidement quand iels réalisèrent que cette fois-ci, les révolutionnaires ne prendraient pas les coups à leur place, vu leur état diminué. À ce propos, nous n’avons, depuis cet épisode, pas plus de nouvelles de Michel Lacroix, président du syndicat des profs de l’UQÀM. Et à vrai dire, nous nous en soucions peu. Nous avons autre chose à faire que de renouer avec celleux dont le travail payé était la reproduction par l’éducation des inégalités sociales. Prière de le communiquer à Lacroix s’il se sent encore l’âme d’un prof.
La semaine dernière, ce fut officiel : les flics, les soldats, les gardiens de prison, bref les défenseurs salariés des divisions sociales ne sont pas épargnés par le virus. Nous ne nous sommes alors plus gêné.e.s : nous avons fait sauter les murs de la prison de Laval. Cela aurait été impossible il y a quelques semaines. Ce qui reste de gouvernement avait donné l’ordre de fermer les villes et nos camarades lavalois, lavaloises avaient un effectif réduit. Or depuis que les effectifs du bras armé de l’État sont à la baisse, les frontières administratives sont devenues de véritables passoires et des camarades ont pu venir en aide aux révolutionnaires de Laval.
Certitudes et incertitudes
Selon le dicton, une victoire sans péril est une victoire sans gloire. Et force est d’avouer que le péril est moindre, puisque l’on sait que nos ennemis se mettent eux-mêmes en position de contracter le Social Virus (c’est son nouveau nom). Néanmoins, on ne saurait dire que la victoire proche des révolutionnaires ne sera pas glorieuse! Jamais dans ma vie je n’ai constaté une telle abondance de solidarité dans les rues, les milieux de travail. Face aux incertitudes que pose la vie, on a enfin décidé de prendre soin, de se respecter en reconnaissant les besoins et désirs de l’autre. Il n’y aura bientôt plus de gouvernement, plus de patrons, plus de flics, quoique le dernier fantôme du vieux monde puisse dire. Il n’y aura que des individus apprenant à s’organiser en fonction des intérêts de tous et toutes, une camaraderie se généralisant, parce qu’on réalise qu’il n’est pas nécessaire que le rapport à l’autre en soit un de compétition. À ce propos, rien de nouveau : « Deux hommes valent mieux qu’un seul, lisait-on déjà dans L’Ecclésiaste, car ils ont un bon salaire pour leur travail. En effet, s’ils tombent, l’un relève l’autre. Mais malheur à celui qui est seul! S’il tombe, il n’a pas de second pour le relever. » (Qo 4.5)
Parmi nos ennemis, seules les milices patriotiques ne semblent pas atteintes, du moins pas encore, par le virus. Nous n’attendrons pas que cela advienne. Comme j’ai dit, la vie est incertaine. Nous avons en cela le devoir de ne pas nous laisser avoir par le confort que nous procure une providence inconnue. Certains adeptes du vieux monde tentent de faire croire que le virus équivaut à une punition divine « pour avoir permis le ressassement d’idéologies victimaires. » Nous révolutionnaires pensons qu’il s’agit plutôt du dernier sursis accordé à notre cause. Et nous nous devons de lutter maintenant plus que jamais, ne pas attendre la possible guérison de nos ennemis, ou ce sera un douloureux recommencement pour celleux qui ont déjà tant travaillé au monde de demain, celui où la propriété ne sera plus qu’un fantôme, celui où l’économie nous servira plutôt que l’inverse.
Conclusion : continuons.
J’aimerais dire que tout est déjà gagné. Que le socialisme anarchiste et communiste a vaincu. Or je répète : la vie est faite d’incertitudes. Puisqu’on ne sait s’expliquer l’origine du virus, craignons un retour en force et inexplicable de nos ennemis, ne nous assoyons pas sur nos victoires et continuons de combattre, même s’ils sont à l’état de moribonds, les systèmes de domination. Aussi, adressons sérieusement, mais avec calme et recul, les tensions qui existent au sein de nos groupes – rien de trop hâtif ou découlant d’un défaitisme – afin que ne soient pas reproduites les inégalités sociales. Célébrons tout de même, car à quoi bon sinon?
À l’heure où j’écris ces lignes, adressées au peu de populations qui ne sont pas encore ouvertement en guerre contre la bourgeoisie et aux groupes isolés, des camarades de Montréal s’apprêtent à rejoindre des camarades innu.e.s pour la réquisition de la centrale hydroélectrique Manic-5. À l’heure où vous lirez ce pamphlet, l’unité de la milice patriotique gardant ce lieu aura été décimée.
Ceci conclut mon appel à continuer la lutte contre les sociétés de classes. Solidarité et courage, camarades : l’avenir radieux prend place.
Un membre de l’Association Révolutionnaire d’Hochelaga (l’ARH)
Inspiré.es par le Black Panther Party et d’autres groupes de révolutionnaires qui s’organisent afin de répondre aux besoins en santé et en éducation de leur communauté, des membres du groupe latino-américain Young Lords Party mettent sur pied, en 1970, un centre de traitement de la toxicomanie. Le 10 novembre 1970, une trentaine de militant.es occupent le sixième étage (alors vacant) du bâtiment de la résidence des infirmières de l’hôpital Lincoln, dans le Bronx à New York. Il.les installent rapidement des points de contrôle et érigent une barricade ; l’administration de l’hôpital est forcée de négocier et enfin de leur céder l’espace. En partenariat avec des travailleur.euses de la santé, des personnes toxicomanes et des membres de la communauté, les Young Lords mettent alors sur pied The People’s Drug Program, un programme de désintoxication géré par la communauté. L’entrevue qui suit, réalisée par Molly Porzig, a été publiée le 15 mars 2013 dans la revue américaine The Abolitionnist. Vicente « Panama » Alba, membre du Young Lords Party et conseiller au Lincoln Detox Center durant les années 1970, y raconte son expérience.
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Qu’est-ce que c’était que le Lincoln Detox Center ? Comment ça a commencé et pourquoi ?
À New York, à la fin des années 60 début des années 70, nous traversions une épidémie de drogue. En novembre 1970, j’avais 19 ans et j’étais accro à l’héroïne depuis cinq ans déjà. J’ai commencé à consommer de l’héroïne quand j’avais 14 ans, ce qui était très courant parmi les jeunes hommes et femmes de ma génération. 15 % de la population des communautés du South Bronx, de Harlem, du Lower East Side et de Bushwick à Brooklyn était accro, tous âges confondus, des nouveau-nés jusqu’aux personnes âgées au seuil de la mort. La majorité des accros étaient des adolescents et des personnes entre 20 et 30 ans. À cette époque l’addiction concernait principalement l’héroïne. Dans les années 60, le gouvernement des États-Unis s’engagea dans une guerre en Asie du Sud-Est, connue en général sous le nom de « guerre du Vietnam », même si les États-Unis étaient alors engagés dans tout le sud-est de l’Asie. Il y avait une compagnie aérienne qui était une opération clandestine de la CIA dédiée au transport d’héroïne depuis l’Asie du Sud-Est vers les États-Unis. Aujourd’hui on voit dans les films d’Hollywood des « gangsters » important de l’héroïne, mais la majorité de l’héroïne importée aux États-Unis l’était via une opération du gouvernement américain, ciblant les communautés de couleur pauvres, les communautés noires et latinos. À New York, l’héroïne a dévasté la plus grande partie d’Harlem et du South Bronx. Les jeunes consommaient de l’héroïne ouvertement, ils la sniffaient dans les discothèques ou dans les toilettes des écoles, ce qui les amenait ensuite à se l’injecter directement dans les veines.
C’est une épidémie qui a été bien décrite par un membre des Black Panthers, Michael Cetewayo Tabor, un des « 21 de New York », dans une brochure appelée « Capitalism Plus Dope Equals Genocide », que nous avons beaucoup diffusé. En 1969, le Black Panther Party de la ville de New York a été décimé par l’incarcération et la mise en examen de 21 Black Panthers, ce qui les a obligés à se focaliser sur le procès et à délaisser les autres domaines de militantisme à cette période. Du fait des relations qui existaient entre le Black Panther Party et les Young Lords, nous avons commencé à nous pencher ensemble sur le problème de l’épidémie d’héroïne, de l’état de santé de nos communautés et des positions hostiles des institutions de santé publique à l’égard de nos communautés. L’hôpital Lincoln a été construit en 1839 pour prendre en charge les anciens esclaves qui migraient du sud des États-Unis [vers les villes du Nord]. En 1970, c’était le seul établissement médical dans le South Bronx. C’était un bâtiment de briques en ruines du siècle dernier qui n’avait jamais été restauré. Il était connu comme « la boucherie du South Bronx ». Dans l’ancien hôpital Lincoln (et aujourd’hui encore), quand tu marchais dans les couloirs, tu voyais du sang partout – du sang sur les murs, sur les draps, sur les brancards, et même sur tes chaussures. Ils envoyaient les médecins là-bas pour faire leur internat, pour se faire la main sur les Noirs, les Portoricains et la minuscule et chaque fois plus réduite communauté blanche du South Bronx.
Au début des années 70, ils ont charcuté une femme qui s’appelait Carmen Rodriguez et qui est morte après s’être vidée de son sang sur un brancard. En réaction à sa mort, les Young Lords, avec la participation de quelques Black Panthers, ont occupé l’hôpital Lincoln pour la première fois et exigé de meilleurs soins médicaux pour les gens de la communauté.
Durant l’occupation, les Young Lords, les Panthers, des personnes solidaires et des traducteurs ont installé des tables où les gens venaient témoigner de leurs expériences de prise en charge médicale. Une grande partie de l’occupation s’est focalisée sur le problème posé par l’absence de traducteurs au sein de l’hôpital Lincoln. Le South Bronx est une communauté majoritairement portoricaine, composée principalement d’hispanophones à peine débarqués ou de deuxième génération, qui parlent peu ou pas anglais. Les gens déambulaient dans l’hôpital Lincoln pour qu’on s’occupe d’eux mais ils ne trouvaient personne capable de répondre à leurs douleurs ou leurs problèmes.
L’administration de l’hôpital avait également été montrée du doigt pour l’absence de services destinés aux personnes toxicomanes, et en particulier à celles accros à l’héroïne. Ce que la communauté n’a cessé de reprocher à l’hôpital, entre autres, c’est que tu allais à l’hôpital mais tu ne recevais aucun traitement. L’administration de l’hôpital n’en a pas tenu compte.
Quelques mois plus tard, le 10 novembre 1970, un groupe de Young Lords, une coalition anti-drogues du South Bronx et plusieurs membres de l’Health Revolutionnary Unity Movement (une organisation de masse regroupant des travailleurs de la santé) avec l’appui du Collectif Lincoln, ont pris le contrôle de la résidence des infirmières de l’hôpital Lincoln et y ont établi un programme de traitement de l’addiction aux drogues appelé The People’s Drug Program [Le Programme anti-drogues du peuple], qui allait se faire connaître sous le nom de Lincoln Detox Center [Centre de désintoxication Lincoln]. La police nous a encerclés, mais nous avons dit que nous n’allions pas bouger. Le deuxième jour, la nouvelle de l’occupation s’était diffusée par le bouche-à-oreille, et des centaines de personnes faisaient la queue pour être prises en charge. Un mois plus tard, l’administration dut se faire à l’idée que nous n’allions pas partir. Ils n’avaient rien fait des sommes allouées à des traitements qui n’avaient pas été mis en place. Ils ont donc apporté l’argent et les volontaires du programme de désintoxication que nous avions démarré ont été embauchés. Évidemment les pouvoirs en place ne voulaient pas de nous là-bas, mais ils ne savaient pas comment faire avec des gens qui disaient : on ne va pas partir. On va rester et on va se mettre au service des nôtres. On a été très efficaces dans ce domaine, notre programme a fonctionné jusqu’en 1979.
De quelle façon t’impliquais-tu ?
Je me suis joint à la construction du Lincoln Detox depuis le premier jour. Avant cela, mon premier objectif était de me procurer de la drogue, jusqu’à ce jour où j’étais assis avec Cleo Silvers, qui m’a ouvert les yeux sur certaines choses importantes. Elle m’a dit de regarder la voiture de patrouille de la police de New York, où deux agents étaient assis en train de vendre de l’héroïne. Elle m’a dit : « Regarde, eux, ce sont des flics. Regarde bien à qui tu es en train de donner ton fric ! ». Il est très important de rappeler l’ambiance qui existait dans nos communautés à cette époque. D’un côté il y avait l’épidémie de drogue, mais le parfum de la révolution flottait aussi ; on pouvait respirer le changement, le goûter, le sentir, parce que le mouvement débordait de vitalité. Quelques jours avant le 30 octobre, il y avait eu une grande manifestation à l’appel des Young Lords, et j’y suis allé, même si j’étais encore accro. Ce que j’ai ressenti ce jour-là m’a conduit à me dire à moi-même que je ne pouvais pas continuer à consommer de la drogue. Je ne pouvais pas être un héroïnomane et un révolutionnaire en même temps, et je voulais être un révolutionnaire. J’ai pris la décision d’arrêter la drogue. Par coïncidence, le même jour j’ai appelé Cleo qui m’a dit d’aller à un endroit voir certaines personnes. J’ai rencontré quelques jeunes frères de la Puerto Rican Student Union [Syndicat étudiant portoricain], et ils m’ont accompagné voir Cleo à l’hôpital Lincoln. Ils venaient juste d’occuper le bâtiment une demi-heure auparavant. Mais ma désintoxication je ne l’ai pas faite au Lincoln Detox, je l’ai faite moi-même, en supportant le manque, comme un défi que je m’étais lancé.
J’ai été recruté par le Young Lords Party sur la base de cette expérience, un mois peut-être après le premier jour du programme. La présence du mouvement latino au sein du mouvement révolutionnaire aux États-Unis n’avait pas encore éclos à New York. Cela avait démarré dans le Sud-Ouest avec les Brown Berets [1], mais la communauté latino de New York était surtout portoricaine. Quand j’ai rejoint les Young Lords, j’ai été envoyé au Lincoln Detox, où j’ai travaillé comme conseiller.
Que faisait le Lincoln Detox Center ? Quelle était son approche ?
On proposait des désintoxications. On avait le soutien de médecins, qui nous fournissaient de la méthadone, qu’on administrait aux gens par doses croissantes durant dix jours avec l’objectif d’arrêter l’héroïne, en la remplaçant par la méthadone et la réduire ensuite de quelques milligrammes chaque jour. Après le dixième jour, tu étais physiquement nettoyé.
À l’époque Richard Nixon venait de rétablir les relations avec la Chine. Beaucoup d’informations nous sont arrivées sur les formes de vie en Chine et sur la question du soin dans ce pays. On a entendu parler d’acupuncture. On a lu un article sur un cas en Thaïlande, où un acupuncteur avait utilisé l’acupuncture pour traiter quelqu’un qui souffrait de problèmes respiratoires et d’une addiction à l’opium. On a lu que la stimulation du point du poumon dans l’oreille était la clé du traitement. On est donc allé dans le quartier de Chinatown, on s’est procuré des aiguilles d’acupuncture et on a commencé à expérimenter entre nous. Par la suite on a créé un collectif d’acupuncture au sein du Lincoln Detox. On a aussi compris que l’addiction d’un individu n’était pas qu’un problème physique, mais aussi un problème psychologique. C’était un problème très important dans notre communauté, pas parce qu’on était psychologiquement déficients, mais parce que l’oppression et des conditions de vie brutales nous conduisaient à cela. Il y avait un livre appelé The Radical Therapist que certains d’entre nous avaient lu.
On a développé un type de thérapie qui intégrait l’éducation politique aux discussions thérapeutiques. On mettait en place des sessions collectives où les participants étaient surtout des Noirs et des Portoricains, et durant lesquelles on avait des discussions sur ce que signifiait être noir ou portoricain, ce que ça signifiait pour quelqu’un qu’on appelait « spic » de ne pas savoir ce que signifiait être portoricain. Les Portoricains sont des sujets coloniaux des États-Unis. Si tu demandes à un Portoricain, un Portoricain lambda, il te dira généralement : « je suis citoyen des États-Unis ».
Bon, disons que tu es un citoyen des États-Unis, un citoyen qui n’est pas le bienvenu, mais alors comment tu le vis et qu’est-ce que ça signifie ? Les effets du colonialisme et la façon dont les Portoricains sont traités ici ne sont pas compris parce qu’ils sont intériorisés.
Il faut commencer par ce que ça signifie. Comment vis-tu le fait que ta famille ne puisse pas subvenir à tes besoins ? Pourquoi les flics te haïssent ? Pourquoi l’école te haït ? Moi je suis allé à l’école publique, en 4e je ne savais pas parler anglais, et ils m’ont mis dans une classe pour « personnes avec des troubles mentaux ». Il y a des personnes qui ont besoin de ce type de soutien, mais ce n’était pas mon cas. Quels sont les effets de ce type de traitement de la part des institutions ? Qu’est-ce que ça provoque pour une personne qui vit dans ces conditions, qui est tabassée par la police et traitée de « dirty spic » ? Ou à qui on refuse l’amitié parce que l’autre personne est blanche et lui est de couleur ? Les effets de ce type d’existence s’accumulent, voilà de quoi on discutait.
Comment le Lincoln Detox incorporait le travail de base dans ses activités quotidiennes ?
Quand ta vie se consume à la recherche d’une dose de drogue, à la recherche de l’argent pour avoir ta dose, te shooter, être entouré d’autres personnes avec lesquelles tu te défonces, ça devient un mode de vie. Quand les gens veulent des alternatives, il faut que tu leur en proposes. On n’avait pas les moyens de dire : « Ok, tu as 17 ans, tu peux compter sur une école d’excellence ». Mais on a une école avec des professeurs et des conseillers à l’écoute, pour que les gens se mettent en phase avec l’éducation ou pour guider les gens pour trouver du travail, particulièrement les gens qui ont été hors du marché du travail. Du fait de la puissance naturelle de l’approche thérapeutique, il était très important que tout soit basé sur la participation volontaire, que ce soit basé sur la volonté des gens. S’ils apprenaient des choses de notre programme éducatif ou des sessions thérapeutiques, alors ils voulaient faire quelque chose pour régler ces problèmes. On les poussait à s’impliquer et à participer à des campagnes que nous menions dans la communauté.
On avait des gens qui apportaient leur soutien dans des centres de sécurité sociale, qui formaient les gens sur les droits des usagers de la sécurité sociale, et des traducteurs qui aidaient ceux qui ne savaient parler que l’espagnol. On a participé à la création d’une coalition pour soutenir les travailleurs du bâtiment qui faisaient partie des minorités, parce que c’était un travail bien payé mais les entreprises du secteur en excluaient les minorités. Voilà le genre de choses qu’on faisait, en plus des campagnes politiques. Plusieurs personnes qui sont passées par nos programmes ont rejoint les Young Lords, le Black Panther Party ou la Republic of New Africa [2]. Certains sont devenus musulmans et se sont énormément investis. D’autres se sont impliqués dans les campagnes pour la libération des prisonniers politiques ou ont commencé à monter leurs propres collectifs.
On luttait jour après jour – pour le droit de manger, le droit de recevoir un salaire, le droit d’être respecté, le droit de ne pas être emmerdé par la police. On n’a jamais rien exigé en échange.
Tu peux mentionner quelques points forts, réussites, défis et faiblesses du programme ?
Il y a eu des points forts et des réussites tout au long du programme, mais tout n’a pas été glorieux. Depuis le premier jour, le 10 novembre 1970, on a eu un afflux quotidien et constant de personnes qui cherchaient du soutien. Je ne parle pas de dizaines de personnes, mais de centaines et de centaines de personnes qui arrivaient quand le mot a circulé à propos du Lincoln Detox, de l’opportunité pour les gens de pouvoir compter sur le soutien réel de gens comme eux (pas de professionnels blancs, mais des leurs), des gens généreux, développant une compréhension des choses qu’ils avaient besoin d’exprimer. Les gens venaient de toute la ville de New York et de l’État du Connecticut, de Long Island, et même du New Jersey. Le programme Lincoln Detox est devenu tellement populaire et efficace qu’une délégation des Nations unies est venue nous voir et nous a exprimé sa reconnaissance.
À ce moment-là, l’acupuncture est devenue sujette à controverse parce qu’il s’agissait de soins médicaux pratiqués par des gens qui n’étaient pas officiellement membres des professions médicales. Des lois ont alors été adoptées pour restreindre la pratique de l’acupuncture, qui ne pouvait désormais être pratiquée que sous la supervision d’un médecin, même si ce dernier ne connaissait rien à l’acupuncture. Ce type de luttes politiques constituait un grand défi : conserver les financements pour le programme, continuer de faire vivre le programme malgré les pressions de la police locale et de la police de l’hôpital qui essayaient continuellement de s’introduire dans le programme, car le Lincoln Detox était une espèce de sanctuaire où les toxicos pouvaient se rendre sans peur de la police. Après on a dû lutter avec l’hôpital pour obtenir des rations alimentaires pour les usagers du programme. Les gens venaient de la rue, ils n’avaient rien à manger et ils avaient besoin d’un traitement. On a lutté et on a fini par résoudre le problème.
On a aussi lutté pour développer nos compétences dans le domaine du traitement, de l’acupuncture et de la désintoxication. À l’époque où nous avons lancé le programme, il existait une forte tendance à promouvoir l’administration de méthadone au long cours comme modalité de traitement. La méthadone est une drogue terrible, développée par des scientifiques nazis afin de se fournir eux-mêmes en opiacés. Elle est hautement addictive et le sevrage est différent de celui de l’héroïne. Peu à peu on a développé un protocole pour se désintoxiquer de la méthadone. On pouvait désintoxiquer une personne de l’héroïne en dix jours et la laisser dans un bon état physique. Mais se sevrer de la méthadone exigeait plusieurs mois très douloureux, quelques fois trois ou quatre mois.
L’existence du programme était une épine dans le pied du gouvernement. Nous étions des révolutionnaires, des radicaux qui travaillaient et qui recrutaient des gens pour faire un travail que le gouvernement ne souhaitait pas voir se réaliser.
Un matin en 1979, on est venu travailler et l’hôpital Lincoln était encerclé par la police, qui contrôlait l’identité de toutes les personnes qui entraient. Ils avaient une liste de noms et l’accès du bâtiment était interdit aux membres des Young Lords, du Black Panther Party et de la Republic of New Africa, et à d’autres personnes ; s’ils tentaient d’entrer malgré tout, ils seraient arrêtés. Ils ont démantelé le programme.
Un des aspects qui les intéressait énormément était l’acupuncture, parce que c’était devenu une grosse source de revenus. Certaines personnes disent que le Lincoln Detox existe toujours, mais ce n’est pas vrai. Il existe une clinique d’acupuncture au sein du nouvel hôpital Lincoln, mais le programme a été démantelé.
Le Dr Richard Taft reçoit un traitement d’acupuncture d’une patiente-stagiaire au Lincoln Detox Center.
La collaboration entre des groupes aussi différents que les Young Lords, le Black Panther Party, la Republic of New Africa et les communautés musulmanes a-t-elle été spontanée, automatique, ou le produit d’efforts plus délibérés ?
C’est une question complexe. D’un côté tu as le principe fondamental de l’unité et du respect, et de l’autre le fait que nous étions tous dans un processus d’apprentissage et de construction permanents. Ce n’est pas comme si un soir tu te couchais en étant un junkie et le lendemain matin tu étais devenu un révolutionnaire. Le développement et le changement sont un processus. Étant des produits de la société actuelle, nous ne sommes pas des exemples de la société que nous construisons pour l’avenir.
La collaboration et la solidarité étaient très importantes au Lincoln detox, et il y a eu de nombreuses luttes. On considérait le BlackPanther Party comme l’avant-garde du mouvement révolutionnaire à cette époque, mais la réalité c’était que le Black Panther Party était en train de se désintégrer. Certains membres du Black PantherParty ou des Young Lords qui étaient extrêmement arrogants. On devait lutter contre cela et combattre ces penchants. On revenait toujours au principe consistant à se demander ce qui est le mieux pour le peuple. Les résultats étaient très positifs et nous avons appris énormément les uns des autres. En 1973, lorsque l’American Indian Movement a affronté le FBI à Wounded Knee, dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud, pour nous il n’y avait pas de doutes. Notre responsabilité immédiate était de les soutenir et de nous engager dans cette lutte. Nous avons développé une philosophie, une pratique qui nous a permis de faire ces choses.
Quelles leçons en avez-vous tirées qui pourraient aider à renforcer nos luttes aujourd’hui ?
J’ai l’impression que beaucoup de ce qui s’organise aujourd’hui dépend de subventions. On n’entend pas beaucoup parler d’initiatives indépendantes. Une des choses dans lesquelles le Lincoln Detox a été extrêmement impliqué a été le soutien aux frères prisonniers en rébellion durant la prise de la prison d’Attica en septembre 1971. On a fait plus de 20 événements de soutien en 15 jours, dans différentes parties de la ville de New York. Il n’y avait ni internet ni les portables, ni institutions pour financer les photocopieuses, ni de trucs comme ça. On se débrouillait pour écrire les tracts, on coupait et on collait les images, on faisait des pochoirs.
Pa’lante (contraction de Para Adelante, En avant!), est une des publications du Young Lords Party, distribuée par la section de New York.
On a construit un mouvement et on a cherché des manières de le faire survivre sans avoir besoin des fonds du gouvernement. Personne ne pouvait nous dire ce que nous devions faire. Aujourd’hui, beaucoup des choses reposent sur les ressources des fondations, les gens se focalisent sur l’argent et ne mènent plus de campagnes politiques.
Bien qu’on ait obligé le gouvernement à souscrire à notre travail pendant des années, en fin de compte c’est lui qui avait le pouvoir et il a fini par prendre le dessus. Nous n’avions pas le pouvoir pour continuer dans cette institution. Si nous n’avions pas été dans leurs installations, auraient-ils pu nous faire fermer ? Je n’en sais rien, mais je crois que ça aurait été différent.
Nous devons reconnaître que nous ne pouvons pas avoir nos institutions au sein des institutions. Je veux dire que finalement on en est arrivé d’une manière ou d’une autre au point où le Lincoln Detox a abouti. Il faut que nous pensions à nos efforts à court mais aussi à long terme. Comment en finir avec les prisons sous le joug de l’impérialisme ? En en terminant avec l’impérialisme.
En attendant, on peut s’investir dans certaines luttes qui peuvent conduire à certaines réformes, et cela doit être étudié et discuté. On peut le voir depuis une perspective humaniste et voir que nous avons sauvé et transformé de nombreuses vies, des gens qui seraient morts à cause de l’héroïne. J’en fais partie, un parmi beaucoup d’autres. Beaucoup de gens ont contribué à ce progrès, mais lorsque le monde change, les obstacles changent aussi. Après l’héroïne est arrivé le crack. On n’a pas pu stopper le fléau de la drogue dans notre communauté.
Quels sont certains des héritages ou des effets à long terme du LincolnDetox Center ?
En toute humilité, je ne crois pas que le nouvel hôpital Lincoln existerait sans notre travail. Sans les luttes que nous avons menées, le nouvel hôpital Lincoln n’aurait jamais été construit, parce que les intérêts politiques n’ont rien à voir avec ceux des gens de la communauté. On a dû lutter pour mettre les intérêts de la communauté au premier plan, et exiger la construction de l’hôpital.
Quand ils ont fermé l’ancien hôpital et qu’ils ont déménagé dans le nouveau, ils ont fait de la place pour tous les services, sauf pour le Lincoln Detox. Mais l’héritage du Lincoln Detox va bien plus loin. Si tu vas dans n’importe quel hôpital public de la ville de New York, tu peux voir la Déclaration des droits du patient collée au mur. Cela, c’est le résultat de la première occupation de l’Hôpital Lincoln. On s’est débrouillé pour qu’elle devienne une réalité au sein du Lincoln Detox.
Harlem, 1970. Des Young Lords posent devant un camion à rayons X pour la détection de la tuberculose, un service que l’organisation offre 7 jours sur 7.
[1] Organisation nationaliste noire séparatiste, fondée en 1968.
[2] Les Brown Berets sont une organisation révolutionnaire chicana, apparue à la fin de l’année 1968 dans le sud-ouest des États-unis. Active encore aujourd’hui elle s’est principalement consacrée aux questions de lutte contre les violences policières et d’organisation des populations chicanas et mexicaines contre l’exploitation et les politiques racistes.
Interview traduite par les Éditions Premiers Matins de Novembre et le Collectif Angles Morts
Commentaires fermés sur APPEL À L’ACTION: Des grévistes de la faim relâchés du centre de détention de Laval. L’ASFC continue à s’opposer aux demandes de libération des 22 personnes toujours détenues
Les migrants détenus au centre de détention de Laval ont suspendu leur grève de la faim hier alors que deux d’entre eux, incluant leur porte-parole Abdul, ont été libérés hier et aujourd’hui. Une vingtaine de personnes demeurent détenues aux centres de détention Laval et de Rivière-des-Prairies.
La grève, qui aura durée 8 long jours, a entraîné un déferlement de soutien d’un océan à l’autre, appelant à la libération immédiate des détenus et leur situation de logement adéquate et garantie. L’Agence des services frontaliers canadiens (ASFC) relâche les migrant.es détenu.es un.e. par un.e à travers les audiences de révision de détention.
Les demandes des détenus sont encore plus urgentes tandis qu’ils sont à haut risque de contracter le virus. Au moins un employé du centre de détention d’immigration de Toronto a testé positif. Tous les individus incarcérés, à Laval comme ailleurs, dans les prisons ou les centres de détention, doivent être relâchés immédiatement et doivent avoir droit à un hébergement sécuritaire si besoin !
Cette crise expose la nécessité d’éliminer ces barrières et ces exclusions engendrées par la hiérarchie arbitraire des statuts d’immigration. Pour le bien de tous : Un statut pour toutes et tous!
Mise à jour des hommes détenus au Centre de détention de Laval ici.
QUE POUVEZ-VOUS FAIRE:
MÉDIAS SOCIAUX
Utilisez le hashtag #grèvefaimLaval #Libérezlestous #Statutpourtous pour démontrer votre support pour la cause sur les médias sociaux! Encore mieux, taggez Bill Blair, Marco Mendicino, Justin Trudeau et d’autres représentants gouvernementaux qui refusent de libérer les détenus.
DESSINS ET ART
Artistes de tous âges! Partagez vos dessins et oeuvres de solidarité sur les médias sociaux avec les hashtags #grèvefaimLaval #Libérezlestous #Statutpourtous
APPELS
Continuons de mettre de la pression sur le gouvernement pour la libération immédiate de tous les détenus! Appelez le ministre de la Sécurité publique Bill Blair au : 613-995-0284.
Envoyez un courriel au Ministre de la Sécurité publique Bill Blair:
bill.blair@parl.gc.ca
Ou par fax: 613-996-6309
Je suis consterné de voir que le gouvernement continue d’ignorer ses propres recommandations en matière de santé publique. Nous vivons une période exceptionelle qui nécessite des moyens exceptionnels, et ce, partout, sans discrimination. Et cela inclut les gens en prison, surtout compte tenu du fait que du personnel et des personnes incarcérées ont testé positif pour le COVID-19 à travers le pays. C’est scandaleux que ces hommes ont dû aller jusqu’à entâmer une grève de la faim pour faire pression sur le ministre de la Sécurité publique Bill Blair afin qu’il prenne les actions.
Les détenus migrants demeurent à haut risque de contracter le virus. Au moins un employé du centre de détention de Toronto a testé positif. Le ministre Blair n’a pas répondu aux nombreux appels pour la libération immédiate et collective des personnes. De son côté, l’Agence des services frontaliers canadiens (ASFC) relâche les migrant.es détenu.es un par un à travers les audiences de révision de détention. C’est une réponse clairement insuffisante face à l’urgence de la crise.
Tous les individus incarcérés, à Laval comme ailleurs, dans les prisons ou les centres de détention, doivent être relâchés immédiatement et doivent avoir droit à un hébergement sécuritaire si besoin.
En ce 1er avril, jour de loyer: des milliers de personnes partout au Québec ne peuvent pas payer leur loyer.
Montréal, 1er avril 2020 — En ce jour de loyer, des milliers de locataires partout au Québec ne sont pas en mesure de verser les sommes exigées par leur propriétaire. D’autres se retrouvent dans l’impossible dilemme de choisir entre payer leur loyer ou conserver l’argent nécessaire pour se nourrir, se soigner et satisfaire d’autres besoins fondamentaux. Ces locataires sont effrayés, craintifs et anxieux. Alors que toute la société tente de gérer une crise de santé publique, un des principaux indicateurs de la santé physique et mentale – le logement – devient une source d’anxiété et de dépression.
DES PERSONNES OUBLIÉES PAR LA PRESTATIONS CANADIENNE D’URGENCE
L’argument principal opposé aux locataires par les associations de propriétaires est que le versement de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) par le gouvernement fédéral – une aide financière de 2000$ par mois pour les travailleurs victimes de la pandémie COVID-19 – permettra de payer leur loyer. Or, non seulement cette prestation n’arrivera dans les poches des bénéficiaires qu’à la mi-avril mais de nombreuses personnes en seront exclues et demeureront ainsi dans la précarité financière. Parmi elles se trouvent entre autres:
Les travailleurs ayant démissionné avant le début de la crise.
Les travailleurs ayant maintenu des revenus, même minimaux, dans les deux dernières semaines n’y auront pas immédiatement droit.
Les personnes vivant sur des économies et n’ayant donc pas eu 5000$ d’entrées monétaires l’année dernière.
De nombreux étudiant.es, particulièrement des étudiant.e.s internationaux qui se sont vu couper du financement provenant de leur pays d’origine ou celles et ceux qui reviennent d’un séjour d’études à l’étranger.
Les travailleurs sans statut.
Les travailleuses et travailleurs du sexe.
Les personnes qui dépendaient de revenus non déclarés.
Les personnes n’ayant pas déclaré leurs revenus aux impôts au cours des deux dernières années.
Les personnes vulnérables qui pour des raisons de santé, de précarité ou autres ne seront pas en mesure de remplir la demande.
Ces travailleurs n’auront par ailleurs absolument aucun recours si la PCU leur est refusée. C’est pourquoi certains d’entre nous seront en grève de loyers forcée et que d’autres nous appuieront en faisant grève et/ou en arborant le drap blanc sur la façade de leur logement. Pour soulager les plus démunis nous croyons que le gouvernement doit agir de façon responsable en :
annulant immédiatement le paiement des loyers au Québec ;
décrétant un moratoire sur toute expulsion liée à l’incapacité de payer le loyer pendant la pandémie COVID-19. Donc que les personnes qui ne payent pas leur loyer pendant la crise ne soient pas non plus expulsables après celle-ci;
ouvrant un maximum de logements vacants — tels que les unités Airbnb vides, les condos vacants, les hôtels — pour y loger les personnes sans abri ou vivant actuellement dans des conditions de logement dangereuses, insalubres ou abusives.
UN ABANDON DE LA MINISTRE LAFOREST
Dans un communiqué envoyé à la veille du 1er avril (www.newswire.ca/fr/news-releases/pandemie-de-la-covid-19-1er-avril-le-gouvernement-du-quebec-rappelle-les-mesures-en-place-888418021.html), Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, a laissé tomber les locataires. Elle exhorte ces derniers à contacter leurs banques. Cela signifie deux choses aussi insultantes l’une que l’autre : i) Laforest ignore la réalité vécue par les locataires pauvres, qui ne peuvent pas se qualifier pour les prêts bancaires. ii) Laforest suggère aux locataires de s’endetter afin de faire face à la crise actuelle. Ces dettes ne feront qu’augmenter l’angoisse qui repose sur les épaules des personnes les plus vulnérables et qui sont, bien souvent, déjà très endettées.
DES LOCATAIRES SE RASSEMBLENT
Des locataires de tout le Québec expriment leurs craintes, tout en demandant l’annulation immédiate des loyers. De nombreux témoignages peuvent être consultés ici : https://grevedesloyers.info/temoignages-3/
Dans un immeuble du quartier Rosemont—La Petite-Patrie, des locataires précaires de 10 appartements ont pris la décision de faire une grève des loyers afin de signifier ensemble à leur propriétaire leur impossibilité de payer leur loyer du 1er avril:
« Nous travaillons ensemble pour assurer la sécurité de toutes et tous. Toutefois, les circonstances actuelles compromettent non seulement notre santé physique, mais aussi notre santé financière » explique Dexter Xurukulasuriya, un des locataires. Dans une lettre envoyée à leur propriétaire, ils et elles demandent qu’il soit entendu que « l’incapacité de certain·e·s à payer le loyer est due à une crise de santé publique indépendante de notre contrôle, et que pour le bien de la sécurité publique », les locataires doivent pouvoir rester chez eux, « sans craindre de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins de base.»
« Bien sûr, nous sommes conscient·e·s que [notre propriétaire] est également touché par cette crise, et nous sommes rassuré·e·s de savoir que [les propriétaires] ont accès à des outils et à des mesures d’aide comme le report d’hypothèque » ajoute Xurukulasuriya.
DES OUTILS MIS À LA DISPOSITION LES LOCATAIRES
Des centaines de locataires de Montréal, du Québec et du Canada s’organisent collectivement. Face à l’injustice, à la peur et à l’isolement, nos meilleures armes sont la solidarité, l’attention et le soutien.
Les Draps blancs pour une grève générale ont élaboré une section qui décrit pourquoi et comment participer à une grève des loyers : https://grevedesloyers.info/pourquoicomment/
Nous avons également mis en place d’importantes considérations légales, afin que vous soyez au courant de vos droits, des risques et de la meilleure façon de vous organiser par rapport à ceux-ci : https://grevedesloyers.info/legal
Nous encourageons les locataires qui s’organisent de manière autonome à nous faire part de leurs mises à jour ou de difficultés rencontrées à l’adresse suivante : grevedesloyers@riseup.net.
Il est possible de nous faire parvenir des photos de draps blancs. Le drap blanc est le symbole d’une trêve nécessaire des loyers et des paiements hypothécaires, de la grève des loyers et de la solidarité envers les personnes les plus affectées par cette crise. Les photos que nous recevons sont rassemblées sous notre galerie : https://grevedesloyers.info/gallerie-2/
Les locataires autonomes de Montréal ont lancé une PÉTITION spécifique au Québec, avec trois demandes claires, dont l’annulation du loyer. La pétition atteint 10 000 signatures. Signez et partagez la pétition : http://chng.it/XJctK2Tw
Rappel de nos précédents communiqués de presse qui contiennent des informations qui demeurent pertinentes en date d’aujourd’hui :
L’article qui suit est un assemblage de réflexions préliminaires; les choses évoluent rapidement et de manière largement imprévisible, et bien que nous ne prétendions pas que ces éléments de réflexion soient particulièrement originaux, nous croyons utile de communiquer certaines idées et relier certains éléments d’un point de vue antiraciste et antifasciste, afin de commencer à réfléchir dès maintenant à la manière dont nous pourrons aller de l’avant durant et après cette crise.
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La pandémie du COVID-19 a déclenché des vagues de réactions répressives et autoritaires répondant dans bien des cas à une logique nationaliste. S’il est vrai que le virus coûtera cher en vies perdues, il faut s’attendre à ce que les répercussions sociales soient au moins aussi importantes.
L’extrême droite extraparlementaire ne semble même pas avoir tenté de formuler une réponse cohérente à la crise, ou de présenter une position cohérente. Certaines sections nient carrément l’existence du virus, affirmant qu’il s’agit d’un canular, tandis que d’autres mettent de l’avant des théories du complot insistant sur le fait qu’il s’agit d’une arme biologique développée soit par la Chine, soit par la gauche. La plupart sont tout simplement dépassés par la cascade rapide des événements. Pour l’instant, nous n’avons vu que des discussions disparates sur les médias sociaux, et c’est à peu près tout. Il ne faudrait pas croire pour autant qu’aucun de ces groupes ne se prépare à dépasser ces limites. Une exception notable est Atalante, l’organisation néofasciste basée à Québec, qui a collé plusieurs bannières à Montréal et à Québec dans la nuit du 21 mars, avec des slogans comme « Le Mondialisme Tue » et « Le Vaccin Sera Nationaliste ». Des antifascistes se sont empressé-e-s de les recouvrir.
Il faut ainsi noter que la réponse non étatique initiale à la crise du COVID-19 a été presque entièrement menée par des forces d’extrême gauche, qui ont mis en place des réseaux d’entraide et de solidarité dans un grand nombre de collectivités partout en Amérique du Nord, tout en mettant de l’avant des revendications socioéconomiques relatives, par exemple, à la grève des loyers et aux conditions de travail de celles et ceux qui sont considéré-e-s comme des « employé-e-s essentiel-le-s ». En même temps, différentes communautés se sont auto organisées en dépit des obstacles. Relevons par exemple la grève de la faim menée au moment d’écrire ces lignes par des personnes détenues à la prison pour migrant-e-s de Laval, et diverses autres initiatives de prisonniers et prisonnières en Amérique du Nord, qui refusent d’accepter sans broncher des circonstances où ils et elles sont considéré-e-s comme « sacrifiables ». (Voir le document COVID-19 Strike Document.)
Malgré l’illusion qu’elles se donnent de « servir la nation », les forces d’extrême droite de type national-populiste ont été incapables de faire quoi que ce soit d’utile dans cette crise, et se contentent plutôt de s’épancher sur les médias sociaux pour dire à quel point elles détestent Justin Trudeau et aiment François Legault. À cet égard, les éloges adressés à Legault et à la CAQ (pas seulement par la droite, il faut bien le dire) sont aussi pitoyables que révélateurs. Rappelons que l’establishment politique que représente la CAQ (avec le Parti libéral du Québec et le Parti québécois) est directement responsable du fait que, suite à des décennies de compressions budgétaires dans les services publics, le système de santé n’est pas aussi solide qu’il devrait l’être pour faire face à l’épidémie actuelle : les hôpitaux manquent de personnel et d’équipement, les stocks d’équipement de protection individuelle, ainsi que les respirateurs artificiels nécessaires pour sauver des vies, risquent de s’avérer nettement insuffisants dans les prochaines semaines, il y a beaucoup moins de lits en soins intensifs par habitant en 2020 qu’en 1992, etc. Le fait que le premier ministre projette (pour l’instant) aux yeux de plusieurs l’image d’une figure paternelle rassurante, en contraste flagrant avec l’inefficace professeur d’art dramatique qui tergiverse au palier fédéral, nous rappelle surtout que l’image est de toute première importance dans le spectacle électoral bourgeois.
Ce que nous avons constaté dans le monde entier, cependant, c’est que les réponses les plus décisives à la pandémie ont été apportées au niveau structurel étatique : fermeture des frontières, législation d’urgence, mobilisation des effectifs militaires, nouveaux pouvoirs policiers, etc. Au cours des deux dernières semaines, plus d’une douzaine de pays européens, ainsi que l’Union européenne, ont imposé de nouvelles restrictions de voyage et des contrôles frontaliers inédits. Ces mesures, qui font écho à des années de xénophobie populiste et d’« euroscepticisme » de plus en plus strident, ont été saluées par des politiciens d’extrême droite. En Italie, Matteo Salvinio, de la Ligue du Nord, a déclaré qu’il est « irresponsable de permettre aux migrants de débarquer d’Afrique, où la présence du virus a été confirmée ». « La pandémie confirme la nécessité des frontières », a déclaré Laura Huhtasaari, membre du Parlement européen et du Parti des Finlandais, « Le mondialisme s’effondre ». Le premier ministre hongrois Viktor Orbán a quant à lui accusé les étrangers et les migrants de propager le virus en Hongrie : « Nous menons une guerre sur deux fronts, l’un s’appelle la migration et l’autre appartient au coronavirus. Il y a un lien logique entre les deux, car les deux se propagent avec les mouvements ».
Ici au Canada, le gouvernement pseudo-progressiste de Justin Trudeau a fermé ses frontières le 18 mars aux voyageurs qui ne sont pas citoyens canadiens ou américains. Il a interdit quelques jours plus tard tous les déplacements non essentiels, puis annoncé un peu plus tard, dans un geste symbolique, que les réfugié-e-s en provenance des États-Unis seraient désormais refoulé-e-s aux passages frontaliers irréguliers comme celui de Roxham Road. Cela représente une concession importante aux revendications xénophobes et racistes au Canada, puisque la fermeture de ces points de passage irréguliers est une demande centrale des forces de droite et d’extrême droite depuis plusieurs années, et Roxham Road a été le site de nombreuses mobilisations anti-immigration au cours de la même période.
Dans le contexte actuel, les diverses mesures répressives décrétées par l’État sont chaudement accueillies. Ici au Québec, suite à un décret gouvernemental interdisant les rassemblements de deux personnes ou plus (à l’exception des personnes vivant dans un même foyer), les corps policiers ont appelé la population à dénoncer leurs voisins qui semblaient enfreindre cette nouvelle mesure. En quelques jours, la police est intervenue pour disperser des dizaines de ces « rassemblements ». Si nous sommes d’accord sur le fait que la socialisation imprudente représente un risque réel pour la santé, nous n’ignorons pas non plus que l’État s’arroge ces jours-ci des pouvoirs qui étaient inimaginables il y a quelques semaines à peine, en grande partie à la demande même de la population. Et cela est de mauvais augure pour l’avenir, avec ou sans pandémie.
D’une certaine façon, l’extrême droite québécoise organisée a été débordée par certains éléments du « courant dominant ». Si l’on compare les écrits d’Atalante à ceux de la chroniqueuse québécoise Denise Bombardier (voir son odieux « Tout va basculer »), on est bien en peine de dire qui, de l’organisation néofasciste ou de la chroniqueuse réactionnaire, est le plus à droite…
On ne peut rien exclure du domaine du possible, et nous devons toutes et tous garder cela à l’esprit. La répression pourrait s’intensifier très rapidement, à un point que la plupart d’entre nous n’ont jamais connu auparavant; rien n’est certain, mais rien n’est impossible non plus en ce moment.
Ici et maintenant, les trois derniers mois ont été marqués par une escalade constante du racisme et des attaques contre ceux et celles qui sont perçus comme des Asiatiques. Selon le site web Stop AAPI Hate : « Des personnes ont rapporté s’être fait tousser ou cracher dessus et s’être fait dire de sortir des magasins, d’autres se sont vues refuser les services de chauffeurs Uber et Lyft, et d’autres encore ont déploré des incidents de harcèlement verbal et en ligne, ainsi que des agressions physiques ». Plus d’un millier de ces incidents ont été répertoriés aux États-Unis entre le 28 janvier et le 24 février, et plus de 650 dans la semaine qui a suivi le lancement du site le 18 mars.
Mais ce phénomène ne se limite pas aux États-Unis. Alors que les nouvelles et la désinformation sur le coronavirus commençaient à se répandre après le Nouvel An, les Canadien-ne-s d’origine chinoise et asiatique ont commencé à évoquer la nécessité de faire face à une augmentation du racisme et de la xénophobie. Comme l’a signalé le Pan-Asian Collective : « À Montréal, deux hommes coréens ont été poignardés cette semaine, et le consulat sud-coréen a émis un avertissement demandant aux Coréen-ne-s d’être prudent-e-s pendant cette période. Au cours du mois dernier, le GaNaDaRa, un restaurant coréen de Montréal, a été cambriolé à deux reprises. Il n’est pas encore clair si ces vols étaient motivés par des raisons raciales, mais les Asiatiques de Montréal sentent clairement monter la tension. Des rapports non confirmés indiquent que KimGalbi, un autre restaurant coréen, a aussi été vandalisé cette semaine. En outre, des crimes haineux ont été commis dans le quartier chinois de Montréal, où un certain nombre de statues et de symboles culturels ont été vandalisés ces dernières semaines, et des attaques ont été perpétrées contre au moins trois temples bouddhistes. Lundi (le 16 mars), une femme asiatique marchait dans le Vieux-Port lorsque deux étrangers ont attiré son attention et lui ont montré un panneau qui disait : “Pas de coronavirus ici!” »
Il est prioritaire de s’opposer au racisme anti-asiatique dans un contexte où le président américain s’obstine à qualifier cette maladie de « grippe chinoise », d’autant plus que l’un des recours déterminants de l’extrême droite est le réflexe de désigner des boucs émissaires pour ensuite les blâmer et les attaquer en période de crise. Tandis que se déroule sous nos yeux le cirque tragique dont Donald Trump est le principal maître de cérémonie, les temps deviendront certainement encore plus critiques, et l’histoire nous enseigne que la réaction ne connaît pas de limite dans la perfidie en temps de crise.
Un certain nombre d’autres idées et arrière-pensées oppressives circulent de plus en plus, auxquelles nous devrions être tout aussi attentifs et attentives. Les formules âgistes et capacitistes à l’effet que le COVID-19 « est plus susceptible de tuer les personnes âgées et celles qui ont des conditions préexistantes » reposent en partie sur des attitudes populaires selon lesquelles les corps humains qui ne sont pas jeunes ou en bonne santé sont dégoûtants, défectueux et moins dignes de soins. Elles s’appuient également sur une éthique productiviste selon laquelle certaines personnes sont considérées comme « parasitaires » et, de ce fait, ne sont pas dignes de l’égalité des droits, dans certains cas même pas dignes de la vie. Historiquement, cette attitude s’est exprimée dans le mouvement eugénique (lequel a été largement soutenu par la gauche comme par la droite), et nous la retrouvons aujourd’hui dans les affirmations de certaines personnalités politiques à l’effet que le préjudice économique qu’entraîne la distanciation sociale est plus grave que la possibilité de voir mourir des personnes âgées et handicapées. (Il convient de noter ici que ces critères capacitistes et eugéniques sont ancrés dans l’État canadien lui-même, pour qui, par exemple, les immigrant-e-s ayant diverses conditions médicales sont automatiquement disqualifié-e-s et inadmissibles à la citoyenneté canadienne.)
Un autre cliché qui circule largement ces temps-ci, y compris dans les cercles progressistes, est l’idée que le virus est une sorte de punition ou de leçon livrée par une « nature » consciente ou métaconsciente pour apprendre aux humains à cesser de dégrader l’environnement. Il est vrai que la réponse au COVID-19 prouve qu’il serait tout à fait possible d’opérer des changements radicaux à d’autres fins (par exemple pour réduire les émissions de carbone et ralentir les changements climatiques), et aussi que la pollution et d’autres effets néfastes ont diminué grâce aux mesures drastiques adoptées dans un grand nombre de pays (tout comme après le 11 septembre). Une telle rhétorique rejette cependant la responsabilité sur les « êtres humains » (magiquement affranchis des divisons de classe, de genre ou nationales) de ce qui est en fait la conséquence d’un système économique mondial maintenu au profit d’une minorité et aux dépens tragiques de la majorité. Ce genre de discours quasi mystique sur la « nature » a historiquement servi à justifier la violence contre ceux et celles qui sont jugé-e-s « contre nature » ou « offensant-e-s pour la nature », et à détourner l’attention des possibles solutions sociétales aux problèmes de la société. À son extrême (que nous n’avons pas encore beaucoup observé, mais dont nous redoutons le potentiel), cette attitude peut s’exprimer dans des mouvements écofascistes misanthropes. (En octobre de l’année dernière, dans un texte commun avec l’IWW et la CLAC, Montréal Antifasciste a exposé une brève série de points concernant les changements climatiques et la crise environnementale; ceux-ci semblent d’autant plus pertinents aujourd’hui à la lumière de la pandémie actuelle).
Nonobstant ce qui précède, en ce moment de crise, l’État reste le terrain privilégié de l’action répressive et nationaliste (bien que la situation ne soit bien sûr pas statique). Certaines tendances d’extrême droite — en particulier celle que les médias ont récemment qualifiée d’« accélérationniste », c’est-à-dire la nébuleuse néonazie qui rêve de carnage et de chaos de masse — ont ouvertement discuté la possibilité de répandre intentionnellement le COVID-19, et nous savons qu’il est beaucoup question dans ces milieux de précipiter une situation de perturbations globales par des actes de violence destinés à semer la terreur. Dans une tentative apparente de réaliser cet imaginaire morbide, le néonazi Timothy Wilson a été tué le 25 mars dernier lors d’une confrontation avec le FBI, alors qu’il tentait vraisemblablement de bombarder un hôpital du Missouri où sont traité-e-s des patient-e-s atteint-e-s du coronavirus. Espérons qu’il s’agit d’un cas isolé, mais ne perdons pas de vue le potentiel ultraviolent de ces milieux.
Au niveau étatique, comme nous l’avons déjà souligné, toute une série de demandes répressives ont été accordées pratiquement du jour au lendemain. Il reste à voir si celles-ci resteront en place lorsque la pandémie se résorbera. Diverses revendications portées par la gauche pourraient également être satisfaites, et il est bien possible qu’une sorte d’État-providence autoritaire renouvelé soit mis en place, car un consensus semble s’être dégagé sur l’échec patent du néolibéralisme. L’État providence et la social-démocratie ont toujours eu une dimension exclusiviste et nationaliste, qui reflète l’ensemble des privilèges historiquement réservés aux citoyen-ne-s natifs en échange de leur loyauté. Il est important de s’en souvenir, car certaines forces de droite proposent des mesures qui pourraient superficiellement ressembler à celles que revendique la gauche.
En même temps, sous le couvert de l’urgence sanitaire mondiale, des programmes répressifs de longue date sont mis au goût du jour. Aux États-Unis, les gouvernements de certains États ont exclu les organisations pratiquant des avortements de la liste des services médicaux essentiels autorisés à rester ouverts. Dans diverses juridictions (notamment en Israël), les données des téléphones portables sont désormais utilisées à la fois pour retrouver les personnes dont le test COVID-19 s’est révélé positif, et pour déterminer où les gens se réunissent d’une manière qui enfreindrait les règles de distanciation sociale. Il serait naïf de croire que de telles solutions technorépressives ne sont pas aussi examinées par les technocrates au Canada et au Québec. Parallèlement, sous le couvert de mesures de relance économique, des milliards de dollars sont plus ou moins discrètement détournés vers des sociétés pétrolières et gazières dans le cadre de la stratégie canadienne d’ouverture des territoires autochtones à l’exploitation capitaliste.
Nous n’en sommes qu’aux premiers jours de cette pandémie, et on ne sait toujours pas de quoi l’avenir sera fait, mais une chose est claire : s’il est indéniable que nous devons assurer aujourd’hui notre sécurité au mieux de nos capacités, nous devons aussi nous préparer à nous battre sur le long terme, peut-être sur différents fronts à la fois.
Nous vous écrivons pour vous donner des nouvelles du Salon du livre anarchiste de Montréal en 2020. Comme nous sommes toustes au courant, la pandémie mondiale a mené à l’annulation ou le report de nombreux rassemblements. À l’échelle internationale, plusieurs salons du livre anarchistes, de l’Europe à l’Aotearoa, ont été forcés d’annuler leurs évènements. À Montréal, notre collectif n’a pas encore pris de décision. Il est néanmoins clair pour nous que si l’évènement a bel et bien lieu la fin de semaine du 16 et 17 mai prochain, il prendra une forme significativement différente de celle qu’il a eu dans les deux dernières décennies.
Le Salon du livre anarchiste de Montréal, l’un des plus grands rassemblement du genre sur l’Île de la Tortue, est, depuis ses débuts, un moment où la communauté anarchiste élargie peut se retrouver collectivement. Nous y célébrons et partageons de multitudes manifestations d’idées libertaires et de pratiques qui en découlent. Nous espérons donc parvenir à souligner tout de même ce moment important de nos calendriers et d’y retrouver une forme de connexion sociale et émotionnelle, celles-ci étant particulièrement difficile dans cette nouvelle réalité isolante. Nous aimerions aussi voir le Salon du livre anarchiste, aussi modestement soit-il, démontrer que, durant cette crise, l’anarchie et les multiples manifestations de liberté existent toujours. Nous voulons saisir ce moment historique que nous traversons ensemble afin de réfléchir à comment s’unir pour s’éduquer, militer, agiter et organiser le monde que nous souhaitons créer : après COVID-19, nous ne voulons pas de retour à la normale.
Il nous faudra donc faire preuve d’une grande créativité! Ce pourquoi nous vous sollicitons pour proposer des alternatives imaginatives. Comment pouvons nous saisir et partager un espace pour être ensemble? Existe-t-il d’autres configurations possibles pour nous mettre en dialogue afin d’échanger des idées, de jouer, d’être en deuil, de créer de l’art, de faire de la musique, de prendre soin, de danser, d’être solidaire, et ainsi de suite, afin de se sentir for.tes? Existe-t-il des façons pour que l’on puisse être ensemble, à une « distance sécuritaire », à Montréal? Existe-t-il des façons pour que d’autres puissent, à longue distance, participer activement à ces moments, même avec leurs corps, en synchronicité avec nous?
Faites-nous parvenir vos suggestions créatives au plus tard le 10 avril. Nous prendrons une décision finale sur la tenue du Salon du livre anarchiste le 15 avril. Nous sommes très reconnaissant.e.s de votre support!
Ci-dessous, vous trouverez deux annonces afin de nous garder en contact. D’ici là, prenez soin de vous et de votre entourage.
avec amour, deuil, lutte et soin
le Collectif du Salon du livre anarchiste de Montréal
Notre première annonce est que le Salon du livre anarchiste de Montréal dispose désormais d’un salon de clavardage public. Nous voulons reste en contact avec les gens, maintenant et à l’avenir. Nous voulons pouvoir rencontrer de nouvelles personnes avec d’autres idées et d’autres perspectives. Nous ne voulons absolument pas compter entièrement sur Facebook ou Reddit à ces fins.
Les clavardoirs (et autres « plateformes en ligne ») peuvent être catastrophes, et ceci était particulièrement vrai à leurs débuts. Bien que nous ayons l’intention de modérer cette plateforme (afin de réduire le discours gênant et agaçant), nous espérons que les utilisateur.trice.s potentiel.le.s seront sensibles à la difficulté de cette entreprise. Heureusement, toustes les utilisateur.trice.s pourront ignorer d’autres utilisateur.trice.s s’il.elle.s le souhaitent. On peut aussi désactiver les notifications, et disposer d’outils nous permettant de prendre du recul plutôt que de se faire aspirer, mais sans avoir à se déconnecter complètement.
Si vous êtes intéressé.e.s à être un.e modérateur.trice, ou de nous aider à maintenir ou améliorer le clavardoir, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel avec le mot « modération » dans la ligne du sujet. Nous aurons besoin de modérateur.trice.s qui parlent français, anglais et potentiellement d’autres langues. Aussi, n’hésitez pas en entrer en contact avec nous si vous connaissez comment Matrix, spécifiquement, fonctionne, ou si vous pensez pouvoir apprendre son fonctionnement. Notre système est loin d’être parfait en ce moment, et nous aimerions avoir des personnes qui peuvent nous aider à l’améliorer avec le temps, surtout concernant la sécurité de l’information dans les mouvements sociaux. Nous tentons de trouver un équilibre entre quelque chose de facile à utiliser pour tout le monde et la sécurité informatique, deux objectifs importants mais parfois mutuellement exclusifs.
Si vous aimeriez vous connecter au clavardoir à partir d’un ordinateur, la façon la plus simple d’y parvenir (mais pas nécessairement la meilleure) est de suivre ce lien : https://irc.anarchyplanet.org/#salon-anar-mtl
Si vous aimeriez le faire à partir d’un téléphone intelligent, la façon la plus simple d’y parvenir est probablement d’installer l’application Telegram, de s’y faire un profil, et ensuite de l’utiliser pour ouvrir ce lien : https://t.me/joinchat/PH2YmkyNkjns1N0yHAcbNA
Si vous êtes confortable avec un défi de plus grande taille, indépendamment de si vous utiliser un ordinateur ou un téléphone intelligent, nous recommandons d’utiliser une application Matrix à partir de https://riot.im et de se connecter par la suite à l’adresse Matrix suivante : #salon-anar-mtl:riot.anarchyplanet.org (nous recommandons l’application RiotX pour les appareils fournis avec Android)
Si vous avez quelconques questions sur ce sujet (incluant sur toutes les choses ci-dessus ou sur d’autres façons de vous connecter) ou si vous avez des besoins spécifiques d’accessibilité, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à [info AROBAS salonanarchiste POINT ca]. Nous ferons de notre mieux pour répondre adéquatement à vos besoins. Si votre question est à propos de comment faire pour vous connecter via Tor, veuillez inscrire « tor français » ou « tor english » dans la ligne du sujet du courriel. Sinon, veuillez inscrire « clavardoir » ou « chatroom » dans la ligne du sujet du courriel.
Il est important de noter que tout ce qui sera dit dans le clavardoir est public, même si les utilisateur.trice.s sont anonymes. N’importe qui peut se joindre, incluant des gens qui veulent du mal aux anarchistes ou qui sont tout simplement problématique. (Ceci est aussi vrai durant l’habituel Salon du livre anarchiste de Montréal. Nous pensons bien entendu que les grands espaces publics sont cruciaux malgré la réalité des très sérieuses questions de préjudices auxquelles tous ces espaces sont confrontés. Nous faisons de notre mieux durant le Salon du livre – et nous ferons de même dans le clavardoir – de faire face à ces problèmes lorsqu’ils se manifesteront.) L’important est toujours de créer quelque chose qui est difficile à surveiller/ficher efficacement. Malgré les théories de complôt, il existe encore des moyens de faire ce genre de choses sur l’internet, du moins des moyens suffisants pour nos besoins.
Mais, nous apprenons à fur et à mesure. Peu importe où vous en êtes dans le domaine de la technologie, vous pourriez continuer votre apprentissage à nos cotés, et en profiter pour partager votre texte anarchiste préféré qui vient d’être publié et aider les gens isolé.e.s socialement à se sentir plus connecté.e.s.
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Deuxièmement, nous avons mis en place, il y a quelques semaines, une liste courriel publique pour les bénévoles. Nous n’avons toujours pas envoyé de courriel, et il y a peu à faire pour l’instant. Par contre, à un certain point, le Salon du livre aura besoin de bénévoles pour toutes les choses que nous ne pouvons tout simplement pas faire par nous-même – même si le Salon du livre tel que nous le connaissons ne pourra pas prendre place dans les mois à venir. Faire de l’affichage dans la ville, servir de la nourriture, faire du gardiennage et faire de la traduction dans plusieurs langues sont des exemples de bénévolats qui ont été très utiles dans le passé.
Nous remercions toutes les personnes qui se sont déjà inscrites sur la liste, et demandons à ce que d’autres le fassent aussi. Pour ce faire, allez au https://noise.autistici.org/mailman/listinfo/benevoles-volunteer-salonmtl et enregistrez-vous, ou envoyez nous un courriel avec le mot bénévole dans la ligne du sujet.
Sachez que vous inscrire ne vous engage à rien, et que cette liste n’est qu’un bulletin d’information. Nous voulons simplement une façon direct et simple de communiquer aux gens ce avec quoi nous avons besoin d’aide, si ceux-ci sont intéressé à savoir comment ça avance.
MTL Contre-info publie généralement du contenu venant de Montréal, d’autres régions du Québec et de régions avoisinantes. Il se peut que nous fassions quelques exceptions pendant les semaines à venir, étant donné la nature internationale de la pandémie de COVID-19 et le fait que les anarchistes et autres rebelles de plusieurs endroits font face à un contexte social similaire et sans précédent. En ce moment, nous estimons qu’il est essentiel de maximiser l’échange d’informations, d’expériences et de propositions.
Face à un fléau mondial, nous avons besoin de partager des réflexions radicales, par-delà les frontières linguistiques et nationales.
Pour que le feu naisse du fléau.
Et le feu peut apporter la liberté.
Ce site naît de la volonté de partager des réflexions matérielles sur les conséquences de cette épidémie. Nourrir une discussion qui permette de confronter les instruments critiques donnant à tous et à chacun la possibilité d’agir dans le présent.
Agir afin de subvertir l’ordre social actuel, pour libérer la planète et l’ensemble du « vivant » du fléau de cette société.
Comme nous le rappelle l’histoire de Londres, le feu peut naître du fléau, et du feu la démolition des structures de la domination. Dans l’incendie de 1666, au cours de l’épidémie de peste, des dizaines d’églises et une grande partie des bâtiments publics brûlèrent. Malheureusement, à la suite de cet incendie, Londres fut reconstruite de telle manière à favoriser le contrôle social et le gouvernement de la ville. Cette fois, nous voulons éviter que le moment de crise mène à une restructuration du système actuel.
Car cela ne pourrait se réaliser que dans un sens toujours plus autoritaire et sécuritaire.
Nous nous trouvons face à une des plus grandes crises que l’ordre social dominant ait jamais connue : le fondement idéologique tentant de le justifier s’écroule sous l’évidence d’un désastre écologique qui s’aggrave constamment, sur une planète entièrement habitée et colonisée par les êtres humains.
C’est dans une telle situation que s’insère la pandémie que nous vivons actuellement, un événement amplement prévisible et presque prévu qui, très probablement, se reproduira dans l’avenir, avec des acteurs différents – que ce soit des virus, des famines ou des événements climatiques et atmosphériques catastrophiques.
La réclusion d’une bonne partie de la population qui en découle, causée par l’éco-fascisme de service, pourrait conduire à des situations de grande impatience, de rébellion et de révolte.
Voilà que ceux qui ont consacré leur vie à la pratique de l’obéissance en échange de la sécurité, de la contrainte et de l’obligation, découvrent tout à coup qu’un éternuement peut déboucher sur une fin inattendue.
Sans aucune sécurité, choisir de continuer à suivre la voie de l’obéissance ne peut qu’offrir les mêmes incertitudes offertes par sa désertion, par le choix risqué du chemin menant à la révolte. Un sentier non tracé, qui laisse derrière lui des siècles de domination pour explorer un futur de libération.
Pour tracer ce chemin, ou du moins pour tenter de le suivre, il est nécessaire d’ouvrir un débat, de se confronter continuellement sur la manière dont la domination réagit à l’évolution des événements, comprendre comment la frapper et comment soutenir les révoltes qui éclateront.
Par-delà les langues et les frontières.
Comment contribuer ?
Ce site est un instrument en constante évolution, ouvert à la collaboration et à l’aide de quiconque saisit l’importance d’une confrontation : traductions, nouvelles, propositions, élaborations graphiques et diffusion des différents textes sont des contributions toutes aussi importantes.
Faire une grève du loyer est risqué. Pour amenuiser les risques, nous devons être nombreux-ses.
Faire collectivement la grève des loyers permet d’établir un rapport de force avec le gouvernement pour qu’il intervienne afin d’annuler hypothèques et loyers pour tous et toutes.
Se regrouper entre locataires d’un même propriétaire peut faciliter une grève des loyers et rendre plus complexe l’usage de recours légaux (comme l’éviction) par votre propriétaire.
Étapes que nous vous conseillons de suivre:
Informez-vous en lisant la section Enjeux légaux et Ressources.
Discutez de la grève avec vos colocataires, vos voisins, les gens qui vivent dans le même immeuble, mais aussi avec les gens qui ont le même propriétaire si vous les connaissez ou parvenez à entrer en contact avec eux/elles.
Accrochez un drap blanc devant chez vous pour montrer que vous exigez un gel des loyers et des hypothèques, et que vous ferez la grève des loyers si le gouvernement n’agit pas.
Imaginez des stratégies adaptées à vos différentes situations. Voici des exemples:
Si vous avez les moyens de payer votre loyer, pensez à mettre l’argent de côté pour pouvoir payer tous les loyers non-payés une fois la crise terminée.
Si vous habitez à plusieurs, parlez avec les autres habitants pour voir comment faire la grève collectivement.
Si votre propriétaire a beaucoup de logements, essayez d‘échanger à propos de la grève dans le plus de ses logements possible. Une situation où beaucoup de locataires d’un même propriétaire se mettent en grève des loyers vous permet d’avoir un meilleur rapport de force. Votre propriétaire doit ainsi envisager plusieurs recours légaux auprès de la Régie et risque de perdre tous ses locataires d’un coup.
Signifiez à votre propriétaire votre incapacité de payer votre loyer. Nous proposons des modèles de lettres à envoyer dans cette section.
Vous vous posez des questions?
Est-ce qu’on va avoir des ennuis? Quelles sont les conséquences?
Faire une grève n’est jamais sans risque, mais il s’agit aussi d’un moyen permettant de faire entendre ses besoins et ses droits. En collectivisant les risques, on collectivise aussi l’organisation de la défense. Plus de gens participent, plus les chances d’éviter ces risques sont grandes. Il est toutefois important de vous informer sur ces risques potentiels en vous référant à la section Enjeux légaux.
Pourquoi encourager/participer à cette grève malgré tout?
Dans le contexte d’état d’urgence sanitaire, avec la fermeture de toutes les entreprises non-essentielles, si nous ne nous organisons pas collectivement, des milliers des personnes ne pourront de toute façon pas payer leur loyer et leurs factures.
Plus il y a de gens impliqués, moins il y aura de chances que les conséquences soient graves pour les grévistes. Les enjeux sont semblables à ceux d’une grève en milieu de travail ou d’une grève étudiante, mais pour les locataires.
Le mouvement des droits civiques utilisait des grèves du loyer pour protester contre la discrimination et pour assurer un contrôle des loyers. C’est une forme de désobéissance civile non violente et l’une des seules tactiques qu’il nous reste en temps de pandémie.
Vous ne pouvez pas être légalement evincé-e tant que l’état d’urgence sanitaire est décrété. C’est seulement après la crise, si le gouvernement n’a pas répondu à nos demandes, que vous pourriez être évincé-e. Mais nous continuerons à faire la grève tant qu’une annulation des loyers ne sera pas accordée. Nous maintiendrons la pression pour faire entendre nos revendications et pour nous assurer que les propriétaires ne pourront pas prendre de mesures contre leurs locataires.
La situation présente est sans précédent et nous devons être solidaires entre personnes précaires et marginalisées.
Les propriétaires n’ont-ils pas des factures et une hypothèque à payer eux aussi?
Oui, mais ce n’est pas aux locataires de se responsabiliser pour les propriétaires. C’est au gouvernement d’agir pour s’assurer que les propriétaires n’ont pas à payer leurs factures non plus. Les locataires doivent prioriser leur santé et leurs besoins immédiats, comme se nourrir.
Les Locataires paient aussi des frais abusifs depuis de nombreuses années.
Les propriétaires qui ont des hypothèques devraient exiger des banques qu’elles suspendent sans intérêt les remboursements hypothécaires.
En temps de crise sanitaire, il est du devoir des propriétaires de refuser de collecter les loyers de leurs locataires. Nous devons tous et toutes faire pression sur le gouvernement.
Les locataires ne sont pas responsables de la crise sanitaire en cours. Ils et elles ne sont pas responsables des emplois perdus, des heures coupées ou d’être tombé-es malades.
Les temps sont incertains, on ne sait pas jusqu’à quand va durer cette crise ni comment elle va évoluer. Ce sont les personnes précarisées – ceux et celles qui en arrachaient déjà pour payer épicerie, loyer, factures et dettes – qui seront touchées de plein fouet. C’est aux mieux nantis de la société d’encaisser le coup, pas aux locataires.
Je peux payer mes factures et mon loyer, pourquoi devrais-je participer?
Plus il y a de gens qui participent, plus ce sera difficile pour les proprios et le gouvernement de briser la grève et plus nous aurons de chance que le gouvernement réponde à nos demandes.
Il est possible que vous n’ayez pas de problèmes financiers maintenant, mais que d’ici un mois ou deux la situation de vous contraigne à ne plus pouvoir payer votre loyer, comme elle contraint aujourd’hui des milliers de personnes.
Les demandes que nous faisons au gouvernement visent à sauver des vies. Nous voulons que le gouvernement prenne des mesures d’urgence pour éviter le plus de morts possible et que les gens continuent à prendre soin de leur santé pour mieux résister à la COVID-19. Personne ne devrait avoir à faire le choix entre se loger, se nourrir et être en santé.
Tout le monde doit être solidaire en temps de crise et on doit répondre collectivement aux problèmes actuels. On sait déjà que beaucoup d’entre nous seront incapables de payer leur loyer dans les prochains mois. Participer à une grève des loyers est geste nécessaire pour que le gouvernement prenne acte des besoins de la population et décrète l’annulation des loyers tant que l’état d’urgence sanitaire sera en place.
Le gouvernement n’offre-t-il pas des aides financières aux gens?
Les mesures qui ont été mise en place par les gouvernements fédéral et provincial ne s’adressent pas à tout le monde : actuellement, ceux et celles qui ne sont pas admissibles à l’assurance-emploi (travailleurs autonomes ou à contrat, étudiant.es, travailleurs précaires, etc.) et qui ne sont pas malades n’ont plus de revenus et n’ont droit à rien du gouvernement.
Bien que l’assurance-emploi ait été bonifiée, le temps d’attente pour l’obtenir n’a pas disparu, bien au contraire. Les mesures proposées par les gouvernements provincial et fédéral ne permettront pas à ceux qui en ont besoin pour survivre de payer leur prochain loyer.
Ne devrait-on pas concentrer notre énergie à combattre le COVID-19?
C’est précisément ce que nous faisons. Nous exigeons que les propriétaires, les banques et les gouvernements prennent des mesures qui nous permettent de nous concentrer à combattre la COVID-19. Si nous cessons de nous alimenter ou de nous soigner pour pouvoir payer notre loyer, ou si nous devons trouver des moyens de gagner des sous alors que tous les emplois ont disparu, nous ne pourrons pas contribuer le plus efficacement à combattre la pandémie.
Combien de gens sont impliqué-es? Je ne participerai qu’à condition que nous soyions nombreux.
C’est difficile de compter le nombre de gens qui font la grève des loyers. Déjà, un grand nombre de personnes affichent leur solidarité et leur intention leur intention de ne pas payer leur loyer en accrochant des draps blancs devant leur demeure. D’autres se coordonnent sur les réseaux sociaux pour diffuser le recours à la grève des loyers. Plusieurs regroupements autonomes de citoyen-nes organisent actuellement la grève des loyers dans leurs communautés.
Suite à la pétition que nous avons lancé [aux autorités concernées, le 19 mars 2020, pour réclamer notre libération dans un contexte de pandémie*], et qui n’ont pas donné de réponse sur notre situation de détention. Nous avons décidé de passer à la phase deux de notre plan; qui consiste à entamer une grève de la faim pour une durée indéterminée à compter d’aujourd’hui. Cela se fera dans la manière la plus pacifique et nous ne brisons aucune loi du Centre de détention.
Merci de votre soutien et toute aide sera la bienvenue.
* Pétition pour la libération des détenus, envoyée aux ministres de l’immigration et de la sécurité publique le 19 mars 2020 :
Nous sommes présentement détenus au Centre de surveillance de l’immigration à Laval. Étant donné la situation d’urgence due à la propagation de coronavirus, nous estimons que nous faisons l’objet d’un haut risque de contamination. Ici au centre de détention, nous vivons dans un espace restreint où tous les jours nous voyons l’arrivée de nouvelles personnes, venant d’un peu partout et qui n’ont passé ni de visite médicale, ni de dépistage pour déterminer s’ils seront de potentiels porteurs du virus. Sans oublier la présence du personnel de sécurité qui sont aussi en contact permanent avec le monde extérieur sans passer aucun test médical. C’est pour toutes ces raisons, que nous lançons cette pétition pour réclamer notre libération.