Montréal Contre-information
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Fév 272014
 

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Depuis quelques mois, les dénonciations d’agressions sexuelles se succèdent à l’intérieur du milieu militant montréalais. D’abord, il y a eu l’envie d’affronter la culture du silence et les positions de principes inappliquées qui traversent ce dit milieu. Il y a eu l’envie de confronter l’habitude de préserver un front uni des conflits internes, d’attaquer la loi paternelle ou patriarcale qui veut toujours escamoter les violences sous le tapis de la bonne entente à la table familiale, qui cherche à minimiser les actes destructeurs pour éviter « la chicane ».

Une des grandes forces du féminisme est bien d’ouvrir une porte qui nous permet d’interroger nos rapports, d’examiner leur ancrage structurel, en vue de s’affranchir des normes qui les régissent. Pourtant, nous ressentons que la situation actuelle bloque le débat : des tabous apparaissent, toutes les avenues semblent piégées.

Est-ce normal que, même si nous nous considérons féministes, nous trouvions difficile de prendre la parole pour interroger ce qui se passe, pour nommer notre malaise qui va grandissant? Nous le faisons même si nous sentons que cela nous fait aujourd’hui courir le risque de nous faire traiter en ennemies, ou associer au backlash. Ni silence, ni censure.

Nous allons donc tenter d’exprimer quelques réserves, pointer les dangers qui nous guettent, les dérives possibles, et surtout, tenter de rouvrir la porte.

premiers pas sur corde raide (pdf)

Derrière les principes à la base des processus en cours, il y a des raisons, des attentions qu’il s’agit de faire valoir. Ces raisons et ces attentions, nous les partageons. Par exemple, il est bien entendu nécessaire que ceux et celles qui vivent des agressions soient en mesure d’en parler et de ne pas être isolé.e.s dans le silence. Cette nécessité implique que le mot agression ne soit pas attribué à des gestes en particulier, ou qu’il en exclue d’autres : il désigne une façon de poser des gestes, et c’est à la personne qui les vit comme tels de l’établir. Ainsi, il n’y a pas à remettre en question ce vécu – car cela reviendrait à discréditer et à bloquer la mise en partage d’expériences douloureuses, et à faire l’impasse sur la problématique de l’attention à l’autre dans nos relations. Si ce sont ces mêmes sensibilités qui nous guident, nous croyons toutefois qu’elles ne peuvent donner lieu à un protocole de règlement, non critiquable et applicable sans égard aux situations. Ainsi, c’est le traitement que nous souhaitons questionner.

Le processus en cours semble être porté par deux logiques. D’un côté, ce qui est appelé « justice transformatrice » suppose un tissu de relations déjà existantes avec lesquelles il faut composer, une « communauté » plus ou moins concrète, ainsi qu’une volonté, plutôt bienveillante, d’investir les rapports et de les transformer. De l’autre côté, le fond théorique qui sous-tend le discours est celui d’une opposition claire, catégorique, contre la classe des « hommes » – visible dans des déclarations du type « tous les hommes ne sont pas des agresseurs, mais tous les hommes profitent des agressions », ou dans la réticence exprimée à l’idée que des hommes discutent entre eux des rapports de domination. On affirme ainsi une logique plutôt guerrière, où il ne s’agit plus de composer mais de combattre le camp opposé, celui des « hommes ».

Deux tendances s’entremêlent : soit il y a une communauté qui devrait collaborer de bonne volonté avec les visées transformatrices du comité, soit c’est la division sexuée qui prévaut, et toute communauté n’est qu’une fiction qui recouvre la réalité violente de la division entre hommes et femmes. Ni l’une ni l’autre de ces logiques n’est fausse en soi, lorsqu’elles sont assumées comme telles: ce qui trouble, c’est leur cohabitation non problématisée, et les contradictions à laquelle elle donne lieu.

Ainsi, le comité de justice transformatrice se retrouve dans la situation ambiguë de mener en même temps un combat frontal contre la logique de solidarité masculine et la domination patriarcale en général, et de ne devoir en même temps son pouvoir et sa légitimité qu’à son activité au sein d’une communauté militante qui, se disant « féministe », se doit d’être cohérente avec ses propres principes. L’efficacité des moyens de base du processus, la dénonciation « publique » d’agresseurs et leur exclusion, repose d’ailleurs sur l’existence d’une telle communauté, qui s’en fait garante. Suivant un même mouvement, une autre contradiction taraude : alors que les hommes, surtout, mais aussi les critiques, n’ont pas voix au chapitre, on s’attend à ce qu’ils respectent, voire à ce qu’ils adhèrent explicitement au consensus général, fondateur de la communauté.

Cette contradiction nous mène donc à l’hybridation quelque peu effrayante des deux logiques, conservant le spectre d’action et le soft power de l’une, et l’intransigeance de l’autre. Ainsi, ni la réelle transformation des rapports ni la guerre ne sont assumées en tant que telles.

Une telle ambiguïté ouvre la porte à ce que le processus dégénère en une simple justice d’exception. Étrange asymétrie où une fois que tombe l’opprobre, l’individu accusé, automatiquement coupable, ne bénéficie pas des principes sur la base desquels il est jugé. La justice d’exception permet aussi au comité de combiner les rôles d’accusateur, de juge et d’exécutant de la peine. L’idée ici n’est pas de s’insurger contre le « traitement injuste » fait à l’accusé, de crier au non-respect de la présomption d’innocence – après tout, il peut être entendable que le respect de ces principes n’est le problème ni de la personne ayant vécu une agression, ni du comité. Ce qui est plus inquiétant, à plus long terme, c’est ce à quoi nous amène collectivement une telle logique d’exception : face à une telle « justice », situation kafkaïenne où rien ne semble pouvoir être dit ni discuté, on pourrait en venir à regretter le bon vieux tribunal d’État.

Les actes de dénonciation résument en eux-mêmes toute la confusion du processus en cours, rassemblant en un seul geste une déclaration de guerre et l’ouverture d’un processus de transformation des rapports. On ne saurait remettre en doute la nécessité de sortir du silence, même si cela implique des conflits à l’intérieur du dit milieu. Or, on ne peut pour autant éviter d’affronter la question de savoir à qui l’on s’adresse et pourquoi.

Beaucoup de collectifs de féministes black et de queers1   se sont confrontés à ce problème: faire appel à la justice de l’État ou ne serait-ce qu’aux médias redoublait la violence de la société à leur encontre sans rien résoudre des violences dans leurs communautés. Les processus de justice transformatrice sont en partie nés dans de tels contextes. Ces collectifs prenaient acte de l’impasse logique qu’il y aurait à prendre pour juge une société qui les opprime dont ils nient les fondements. La question posée par un certain féminisme est ici celle de faire tenir ensemble une communauté de lutte qui s’oppose à l’ordre dominant, tout en tentant de contrer les reproductions de cet ordre à l’intérieur de cette dite communauté. Il s’agit donc de maintenir l’opposition contre la société majoritaire, tout en travaillant les divisions internes, refusant toute hiérarchie entre ces deux fronts.

La « justice transformatrice » désigne une manière d’agir dans cette complexité. Elle part du constat que ces violences qui se produisent dans une communauté, quand bien même une ou deux personnes serait punies ou exclues, continuent d’arriver. Elle analyse la situation non pas à travers le spectre judiciaire – qui cherche à désigner un coupable et le punir – mais plutôt à travers les agencements collectifs de pouvoir dans lesquels ces gestes se produisent2. La justice transformatrice mise sur la possibilité de modifier les conditions mêmes qui permettent une reproduction de ces violences et pas seulement à exclure quelques éléments indésirables,au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Elle tend à se distinguer autant du modèle judiciaire étatique que du spectre d’une « justice populaire », qui n’est pas non plus exempte de dérives.

En ce sens, peut-on faire l’économie de se demander: à qui s’adressent les dénonciations? Quel est leur objectif? On ne pourra s’empêcher de nommer le malaise suscité par un usage symptomatique de Facebook. Drôle de substitut à « l’espace public » inexistant, Facebook est devenu depuis quelques années l’espace de discussion – et d’exposition – par défaut du milieu militant. Et pourtant, ce n’est pas sans péril, car n’oublions pas que sur Facebook, au bout des multiples partages entre « amis », le post intial est accessible à tout chroniqueur, journaliste, employeur, professeur, famille, etc.: à la société entière. Or si la dénonciation publique rend ainsi le privé « public », elle ne le rend pas pour autant automatiquement politique. Rendre politique, c’est-à-dire parler de ce qui est d’habitude confiné au privé, le mettre en partage de façon à tordre un peu nos relations, à faire réfléchir, problématiser les gestes.

Ce n’est jamais simple. Un processus de justice transformatrice, tel que pensé à l’origine, demande avant tout l’instauration d’un climat de bienveillance, de possibilité de dialogue. Ainsi, il devient nécessaire de ne pas bloquer l’échange, la mise en récit, le partage d’expériences.

Évidemment, on n’est jamais obligé de raconter, et le faire ne verse pas forcément dans le compte-rendu policier ou dans le voyeurisme violent qui accompagne l’exactitude des horaires, des dates, des personnes ou des lieux. Il ne s’agit pas de « prouver » qu’il y a eu agression, d’exiger que « justice soit rendue » par l’établissement des faits et d’une définition exacte de ce qui constitue une agression. Il s’agirait plutôt de raconter un geste, un comportement auparavant peut-être jugé inoffensif et dont il faudrait parler, d’autres pouvant s’y reconnaître. Des questions qui pourraient être alors posées : dans quels contextes ces agressions surviennent-elles? Comment s’est établi ce rapport inégalitaire? Qu’est-ce qui permet l’inattention à l’autre, à ses signaux?

Raconter les agressions ainsi, de façon à politiser nos gestes, à les investir, cela implique une certaine prudence dans le recours à la dénonciation punitive. Et à éviter l’usage trop rapide d’une catégorie « agresseur » abstraite, indiscutable, inamovible. Ces dénonciations tombent telles un couperet : elles servent à la fois d’accusation, c’est-à-dire de déclaration de litige et de volonté de réparation, mais aussi de publicisation du geste reproché à une communauté abstraite et au-delà, à n’importe qui, même mal intentionné. Car elles agissent comme une punition immédiate: le jugement est d’emblée donné dans l’accusation, qui ne saurait être remis en cause, et la punition est incluse au passage, par opinion publique interposée. Peut bien s’ensuivre un processus de réparation à la mesure des besoins de la personne ayant vécu une agression : l’exclusion est déjà effective. Il ne s’agit pas de condamner tout recours à Facebook, toute désignation d’un agresseur dans la sphère publique. Seulement, un tel geste ne peut être considéré que comme une stratégie située, comme un outil, partie intégrante d’un processus, destiné à être chaque fois réadaptée à la situation – et non pas comme son point de départ automatique.

Ici, l’exposition du privé mène plutôt à départager entre bons et méchants, force à trancher, ou plutôt à appliquer les bons principes, à prendre des « positions » qui sont de simples étiquettes – « es-tu féministe, ou pas? ». Une dérive pointe à l’horizon. C’est le passage des intentions réparatrices à un code de déontologie. Alors ces principes se renferment, s’appauvrissent en caricatures d’eux-mêmes: ce qui importe n’est plus de prêter attention les un.e.s aux autres mais de respecter un droit, des codes, qui nous protégeraient de nos déplorables manques d’attention, voire nous déchargeraient de la nécessité de prendre soin.

En somme il s’agit d’articuler deux plans, sans jamais les confondre : celui du bien-être de la personne ayant vécu une agression, qui cherche à se reconstruire, et pour laquelle il peut être absolument nécessaire de ne pas croiser la personne qui lui a fait du tort dans certains espaces, et le plan de la communauté à transformer. Pour qu’une telle transformation puisse avoir lieu, il s’agit dès lors d’ouvrir toutes les portes à la discussion, et mettre en partage des expériences, des vécus difficiles, de les affronter. Si le premier aspect implique la personne ayant commis une agression en tant qu’individu, le deuxième doit reconnaître la dimension structurelle et impersonnelle de la violence et de la domination. C’est sans doute la plus grande difficulté à laquelle la situation actuelle nous confronte.

Le deuxième plan excède le cas particulier, qu’il arrache à son exceptionnalité pour l’inscrire dans une dynamique plus large. Il implique d’éviter l’illusion selon laquelle la communauté pourrait se refonder sur une purge salvatrice. La justice d’État fonctionne en partie d’après ce précepte, et pourtant chacun sait qu’elle n’est qu’un système reproduisant cela même qu’elle dit combattre. Identifiant le déviant, l’inscrivant « hors la loi », la société se légitime elle-même, se renforce et se donne bonne conscience. Le recours au cas exemplaire permet à tous ceux qui ne sont pas directement visés par l’accusation de se laver de tout soupçon, notamment en affirmant publiquement leur adhésion au processus. L’effectivité d’un tel recours repose moins sur l’examen intime et collectif des logiques de domination qui contaminent nos rapports, que sur la peur d’être incriminé à son tour. Certes, ce procédé a historiquement fait ses preuves, il peut certainement arriver à modifier les comportements. On peut toutefois douter de sa capacité à installer le climat de confiance nécessaire à l’élaboration durable d’autres rapports.

C’est à ce point, précisément, que se révèle toute la complexité du brouillage entre ami.e.s et ennemi.e.s, à laquelle le féminisme se retrouve sans cesse confronté. Une réelle transformation ne viendra pas de l’adoption d’un code de comportements irréprochables, mais bien de l’attention toujours renouvelée à l’autre et aux signes qu’il ou elle envoie, à la circulation du pouvoir, à la complexité et la profondeur des relations.

Ainsi, de briser le silence, la question devient celle de comment libérer la parole de manière à ce que chacun.e puisse, vis-à-vis de son vécu, examiner ses gestes. Si le problème n’est pas le désir en soi, ni même la séduction, il va sans dire qu’un rapport à l’autre en tant que corps disponible et interchangeable ne pourrait jamais être recevable. Pour dépasser cette superficialité, cette violente médiocrité, il ne s’agit pas de définir les bons comportements. Ce dont il faudrait parler c’est aussi de ce flou, de cette maladresse qu’on a à exprimer nos désirs, notre nullité émotive et gestuelle, la façon qu’on a de se rabattre sur des gestes déconnectés, calqués sur les écrans, parfois trash, en tout cas inattentifs. Se l’admettre, explorer les façons singulières que ça a de se déployer en chacune de nous, de nos relations : voilà peut-être ce qui pourrait nous donner de la force.

premiers pas sur corde raide (pdf)
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1 cf. le livre collectif Black feminism : Anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000, l’harmattan.
2 Ching-In Chen, Jai Dulani, Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha. The Revolution starts at home : confronting intimate violence within activist communities, South end press.
Jan 312014
 

repris de CNA México
traduit de l’espagnol par sabotagemedia

Un gros câlin à tou.te.s les compagnon.ne.s !

J’ai été très heureux d’apprendre les gestes de soutien de l’extérieur envers nous trois prisonniers.ères anarchistes. Nous restons fermes et fort.e.s malgré les accusations ridicules portées contre nous et les commentaires intimidant ( ici, ils nous disent que nous passerons beaucoup de temps en prison ) qui cherchent à éteindre notre identité. Ils ne réussissent pas, parce que nous sommes solides et de conviction.

Aujourd’hui, ils nous ont amenés à déclarer, s’attendant que nous nous déclarons innocent.e.s ou coupables. Sur ce point, je veux clarifier ouvertement quelque chose ; personnellement, je n’accepte aucune des deux positions. Coupable ? Innocent ? Cela donnerait une légitimité aux lois stupides de l’État, dont je ne reconnais pas l’autorité. Après tout l’État et ses lois ne sont que des générateurs et régulateurs de privilèges, d’injustices, d’exploitation et de domination.

J’ai appris quelque chose qui m’a retourné l’estomac ; qu’on nous lie avec le mouvement 132 , #Posmesalto , et d’autres similaires. Je tiens à préciser que d’aucune façon j’accepte cela. Je ne reconnais aucun mouvement d’organisation hiérarchique institutionnalisée. D’aucune façon !

Je veux cracher ma haine pour le système de prison, je ne sais pas si il y en a vraiment qui sont convaincus par la “réintégration”, c’est à dire, que par l’emprisonnement les gens sont domestiqués et resortent mener une vie tranquille en harmonie avec les gens et les fleurs autour d’eux. Je cherche et je vois qu’une seule chose; SÉQUESTRATION, la privation de liberté d’une personne est appelée séquestration.

Grâce à la prison, ils veulent éteindre la volonté de celleux qui luttent pour un monde nouveau, et appellent violent, danger pour la société, terroriste, celleux qui se révoltent. Le seul terroriste est l’État, le principal générateur de violence, qui a le monopole des armes, la torture, et le viol de nos droits naturels.

C’est le système de domination qui nous agresse tous les jours, nous payant des salaires de misère, exploitant les travailleurs, les voyant non pas comme des êtres humains mais comme des machines à faire de l’argent. Il nous agresse quand il détruit la nature pour construire des centres commerciaux, il nous agresse avec ses émissions de télévision, en essayant de modeler nos pensées.

AI FERRI CORTI AVEC LEURS MÉTHODES DE DOMINATION.

Carlos López Marin.

Jan 112014
 

repris de fuego a las carceles I, II, II
traduit de l’espagnol par sabotagemedia

Jusqu’à présent, un appel du compagnon Carlos a été reçu informant de la décision du procureur général d’imposer un arraigo* de 40 jours aux trois. Nous savons qu’il s’agit d’une mesure désespérée de la PRG** pour retenir les compagnon.nes et chercher plus d’éléments pour leur condamnation, mais il est également clair qu’ils veulent poursuivre l’interrogatoire, leur faire signer des déclaration compromettante, les torturer, pour obtenir des informations et impliquer à d’autre compagnon.nes. C’est aussi un moyen de convaincre les familles et ami.es d’abandonner la défense juridique, parce que ca conviendrait au gouvernement d’avoir un avocat d’ordre commun pour les baiser à la place d’une défense juridique et politique. Le PGR n’a pas d’éléments, mais en sont à la recherche.

À Montréal les compagnon.nes se sont rassemblé.es devant le consulat mexicain en soutien aux compagnon.nes Amélie, Carlos et Fallon!

*arraigo: une sorte de détention préventive arbitraire officialisé qui peut s’étendre sans preuve.
**PRG: Procureur Général de la République

lettre de Carlos

Avec beaucoup d’énergie et de rage j’écris ces quelques lignes pour faire connaître mon état actuel d’enlèvement par le gouvernement du District Fédéral, également pour divaguer un peu sur certains aspects.

Ma situation politique n’a pas encore été décidé, pour des raisons évidentes je ne peux entrer dans les détails afin de ne pas entraver ma défense. Le dimanche soir, 5 janvier, les compagnonnes Fallon, Amélie et moi fumes détenu.es par la police en tant que prétendument responsables d’une attaque avec des cocktails molotov faite au Ministère de Communications et des Transports ainsi que l’incendie de plusieurs voitures d’un concessionnaire de NISSAN, de for fédéral et commun respectivement.
Jusqu’à présent, mercredi 8 janvier, nous sommes accusé.es de terrorisme, de criminalité organisée et de dommages à la propriété.

Malgré tout nous allons bien, fort.es et uni.es et avons atteint le troisième jour de détention entre les interrogatoires et les stratagèmes de montages téléromanesques. Comme le cas curieux d’un faux groupe humanitaire, qui au moment d’être seuls avec moi m’ont indiqué qu’ils avaient été envoyés par une compagnonnes, me donnant son nom et une description physique d’elle. Je les ai initialement cru et j’ai commencé à parler à l’un d’eux qui semblait très intéressé par mon cas. Mais c’est facile d’identifier les méthodes utilisées par un porc (toutes mes excuses aux vrais porcs) et j’ai tout de suite deviné qu’il s’agissait d’un flic.

Dans sa prétendue intention de nous défendre, il m’a montré plusieurs photos où j’apparais avec des ami.es et me demanda « amicalement » les noms et infos spécifiques et j’ai immédiatement pensé, comment un policier peut-it prétendre à agir comme un compagnons s’il n’existe pas de dignité dans son cœur ? Bien, dans leur entraînement ils sont domestiqués comme des chiens de chasse au service d’un maître, à obéir sans questionner, ils ne font qu’agir et ne ressentent rien, ce qui leur donne cette façon unique de baver et d’avoir cette lueur de harcèlement malicieux dans leurs regards.

Personnellement, je me revendique anarchiste de praxis insurrectionnelle, j’entends par là, la rupture avec toutes les formes de domination par la lutte quotidienne, penser et repenser les méthodes et objectifs, partant de la libre volonté de l’individu à l’organisation de relations sociales d’une manière horizontale, capables de décider de nos propres vies, en commençant par la destruction de nos propres paradigmes mentaux qui nous lient dans l’obéissance et la soumission, pour transcendre dans la conflictualité d’une manière permanente et informelle.

Je sais que la solidarité entre anarchistes est forte comme un chêne, qu’elle va plus loin que de simples mots.

Solidarité avec Gustavo Rodríguez , Mario Gonzalez, Amélie Trudeau , Fallon Poisson , Gabriel Pombo . Felicity Ryder et tou.tes les camarades faisant face à la déportation, qui sont fugitifs.ves ou bien en prison.

Carlos López « El Chivo »
Separos Procuraduría General de la República, Camarones, Distrito Federal.
[Cellules du Procureur Général de la République, Camarones, District Fédéral (Mexico)]

lettre de Fallon

Bonjour les amis !
Nous sommes ici ensembles, nous de ce côté et vous de l’autre peut-être. Dans le langage de l’État se sont des années ou des kilomètres qui vont nous séparer, mais ce que nous partageons est beaucoup plus grand que tous les kilomètres ou années. L’État pense créer une distance entre nous, mais c’est le contraire, nous serons enesemble plus que jamais !

Aujourd’hui c’est le 8, il y a environ 60 heures que nos voyageons entre le voitures de la maudite police et les centres fédéraux et provinciaux, et bien qu’ils aient décidé que nous allons rester ici 48 heures supplémentaires, ils n’obtiennent rien car le silence est plus fort que la répression.

La chose la plus importante pour moi maintenant est de construire une force plus grande que la prison. Nous avons le contexte pour bâtir des relations internationales. Pour moi la solidarité est dans l’amitié, je ne suis pas une victime ou une prisonnière politique, je veux utiliser la réalité que nous vivons en ce moment pour construire de l’amitié plus forte et plus grande. Je suis prête à combattre l’autorité ici comme à l’extérieur, je vais jamais arrêter.

La prison est une réalité normale et je vais utiliser cette expérience, et j’espère que vous aussi, pour développer une force individuelle plus puissante jour après jour.

Nous sommes ici et nous serons toujours là pour faire face à toute la réalité en prison et à l’extérieur.

Une grande accolade à vous tous et toutes.
Contre l’autorité ici et à l’extérieur!

Fallon

Jan 112014
 

repris de anarchistnews
traduit de l’anglais par sabotagemedia

Le 9 Janvier, nous avons répondu à un appel à la solidarité avec les camarades anarchistes volés à Mexico, Fallon Poisson, Amélie Pelletier et Carlos López Mart. Nous nous sommes glissés jusqu’à une banque HSBC sur East Hastings, en territoire occupé de la Côte Salish (Vancouver, CB), et allumé un engin incendiaire à l’emplacement du guichet automatique causant une énorme boule de feu. HSBC est un symbole du capitalisme, de l’oppression et de la domination. C’est donc une cible parfaite pour notre rage.

Cela vient aussi à un moment où le ministre de la Justice du Canada, Peter Mackay, met en garde les militants à ne pas commettre des actions illégales envers les pipelines. Mackay tu peux te l’enfoncer dans le cul ton avertissement. Les rêves de l’État et des entreprises d’une extraction massive des ressources vont flamber par la révolte dans la rue et le sabotage et la destruction dans la nuit. Le besoin de liberté, d’anarchie et de libération détruira Cet État colonial. Nos actions de sabotage sont incontrôlables, stratégique et réussie. Cette attaque sur HSBC n’est que le début de la volonté et de sabotage qui sera et est en cours. Nous sommes aussi en solidarité avec les warriors Miq’maq et les autres manifestants qui font encore face aux accusations et à l’harcèlement des porcs de la GRC et de l’État canadien pour les manifestations contre le gaz de schiste à Elsipogtog.

SOLIDARITÉ AVEC LES CAMARADES QUI FONT FACE À L’EMPRISONNEMENT À MEXICO !
SOLIDARITÉ AVEC TOU.TES LES DEFENSEUR.ES DES TERRES ET CAMARADES ANARCHISTES !
SABOTONS LES SYSTÈMES DE CONTRÔLE SOCIAL, DE DOMINATION, DE PATRIARCHAT ET D’OPPRESSION !
VIVE L’ANARCHIE !

Jan 052014
 

repris de La Mauvaise Herbe

Sommaire des articles: De jour / Mes racines, mon identité /Brèves: Luttes autochtones / Que des colons se brisent / Brèves sur l’apocalypse écologique en cours et autres nuisances industrielles / Si les corps se souviennent / Ils sont passés en 4 roues sur la tale de bleuets / Brèves: De l’étalement de la ville et de la banlieue / Bref histoire du châtaignier d’Amérique / Pédale ou marche / Invitation à la Déconstruction / Folk off! Logorrhée sur la lucidité au campement des ivrognes / Brèves: Lorsque les animaux contre-attaquent / Brèves : actions directes / Petit dictionnaire d’ethnologie humaine / Brèves: Hécatombes animales.

La Mauvaise Herbe vol.12 no.2

Automne 2013 | Size: Légal (8 1/2 par 14″) | Format: PDF

Déc 052013
 

repris d’Catharsis

Sous le ciel de Bordeaux

Il existe plusieurs règles en prison. Elles se résument la plupart du temps à une question de respect – valeur sacrée entre toutes ici chez les prisonniers. La plus nébuleuse d’entre elles est sans doute l’interdiction formelle de siffler. D’ailleurs, un avertissement suffit à vous couper le sifflet. Les raisons à cette censure diffère à chaque prison : tandis qu’à Maplehurst, en Ontario, on nous expliquais que seuls les êtres libres que sont les oiseaux peuvent laisser entendre leurs chants jusqu’au delà des murs barbelés, à Bordeaux il s’agit plutôt d’un hommage silencieux aux pendus d’autrefois qui ponctuaient de leurs sifflements leurs dernières marches vers l’échafaud qui trône encore dans l’enceinte.

Ici, tous s’improvisent apprentis-bureaucrates, à décortiquer les calculs de leurs peines : nos vies se fractionnent en sixième, tiers et deux-tiers. Ils y vont de leur propre pronostic sur l’admissibilité d’untel à l’égard de critères qui ne sont jamais au fond que relatifs et arbitraires. C’est la coutume de blaguer quand l’un d’entre nous «passe date» avant la péremption des berlingots de lait que l’on reçoit gracieusement au repas – et tant pis pour les vegans. Il faut les voir, les derniers jours, à marcher de long en large dans notre petite wing – capacité de 16, nous sommes 26 avec les détenus temporaires – pour pleinement saisir la fébrilité douloureuse d’un homme encagé.

La prison est un ensemble complexe de règlements et protocoles qui rapidement, si ignorées ou incomprises, peuvent faire vivre un enfer aux nouveaux venus. Grâce à la surpopulation carcérale, les autorités ont trouvé un mobile à l’institution d’un régime de castes parmi les prisonniers. Au bas de l’échelle se trouvent les «dodos», ceux qui retournent dans une salle-dortoir d’une trentaine de lits superposés, les temporaires qui squattent la wing; plus haut sont les réguliers qui possèdent une cellule et donc des droits que n’ont pas les dodos, invités sinon intrus dans la wing; enfin, parmi les réguliers sont choisis ou imposés les membres du comité, de président au représentant auprès des screws – ce dernier et ses aides sont par ailleurs payés pour les services de repas ainsi que le ménage général du bloc cellulaire, quand ces tâches ne sont pas refilées aux dodos. Les travailleurs, quant à eux, ont une structure semblable mais forment une classe à part. Le salaire de base est de 12$ par semaine, mais certains postes – souvent obtenus par cumul – augmentent le revenu suite au départ à la «retraite» d’autres prisonniers. Bien sûr, certains blocs du secteur peuvent différer dans leurs pratiques : meilleure répartition des droits avec les dodos ou au contraire une vie plus dure pour ceux-ci sous des comités tyranniques et populeux, par exemple dans les blocs contrôlés par les gangs de rue. Dans tous les cas, la position de dodo est particulièrement difficile à vivre. On m’a raconté que le record local s’élevait à pas moins de 27 jours dans cette situation. Quoi qu’il en soit, la réaction naturelle et qu’il m’est difficile à admettre est d’espérer avoir la «belle vie» des réguliers – car c’est bien là un renversement de perspective où avoir une cellule ou le «privilège» de travailler revient à faire du «bon temps». J’ai mal à mon anarchisme.

La prison est véritablement l’antithèse exacte du monde que veulent les anarchistes – un monde de solidarité, d’entraide, de coopération volontaire, d’égalité et de liberté. La prison, c’est aussi l’apothéose de cette société profondément débile et malsaine. «Toronto will never be the same», disait la procureure de la Couronne lors du prononcé de ma sentence. Rien n’aurait pu davantage que la prison me faire réaliser l’ampleur colossale de la tâche qu’il nous reste à abattre. «Une université dans une société capitaliste, c’est comme une bibliothèque en prison», clamait une bannière anarchiste durant la grève étudiante de 2012. Ici, on a 20 minutes pour aller à la bibliothèque et en revenir, une fois par semaine si on nous l’y autorise.

Il y aurait tant de choses à dire encore; tant d’histoires à raconter, mais je dois me trouver une cellule pour le prochain deadlock.

Youri

(un des deux prisonniers québécois du G20 de Toronto)

RÉCEPTION DE LETTRES EN PRISON

Salut,

Voici un le petit moment subversif où je fais une escapade hors-carcérale afin de vous communiquer les infos avec lesquelles vous aller pouvoir m’envoyer des lettres ou bien du matériel de toute sorte (les lectures seront très appréciées dans cet univers lugubre et monotone).

Youri Couture
DRM510047-10, aile GG1
Guillaume Constantineau
PAV078829-13, aile G4

Et voici l’adresse de Bordeaux, la prison dans laquelle nous sommes présentement détenus,

Centre de détention Montréal
800, boul. Gouin Ouest
Montréal, QC
H3L 1K7

Au plaisir de recevoir de vos nouvelles!

Déc 052013
 

SabotageMedia

Nous avons eu vent par les médias que dans la nuit du 26 au 27 novembre, des attaques on eu lieu contre des commerces dans le quartier Hochelaga.

Les vitrines du restaurant Le Chasseur, les bistros Le Valois, In Vivo et Bagatelle ont été fracassées et des graffitis ont été peint.

Voici un tract laissé sur place, repris des médias:

Toi et tes collaborateurs de la gentrification, vous venez ici, dans Hochelaga, pour nous pourrir avec vos tables d’hôte à 25 piasses, vos condos cheaps pis votre idéal hipe de businessman. Il semble que c’est assez clair que vous n’avez pas de place icite. Votre présence nou donne envie de vomir. On connait trop bien la chanson. Sous vos airs de jeunes entrepreneurs joyeux et sans scrupules, votre seul but est de coloniser nos quartiers et de les adapter à vos intérêts. Vous avez du gros cash pis les flics pour vous SÉCURISER et c’est comme ça que vous prévoyez y arriver. Et ben vous êtes mieux de décalisser parce qu’on veut rien savoi de votre monde aseptisé.

Vous êtes pas en sécurité dans notre quartier. Votre union de proprios ne peut rien contre nous.
Face à votre agression nous attaquons. Vous direz à vos amis bourgeois et à vos compagnies d’assurances que Hochelaga est un milieu hostile aux investisseurs et qu’il le restera.

En solidarité avec tout-e-s celles et ceux qui luttent.

Nov 072013
 

SabotageMedia

Par les medias nous apprenons que pendant la nuit du 22-23 octobre l’entrée de l’édifice ou se trouve le local de l’Équipe Denis Coderre dans l’arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie a été vandalisée.

Les portes et les vitres de la façade de l’immeuble, situé sur le boulevard Saint-Michel à l’angle du boulevard Rosemont, ont été fracassées.

« P6 » et « A » ont été peints en noir à côté de l’entrée.

Nov 072013
 

depuis anarchistnews

Récemment, nous avons visité le stationnement du ministère de la sécurité publique du Québec situé au 600 rue Fullum. Nous avons versé du décapant à peinture sur leurs véhicules officiels et crevé les pneus.

Le ministère de la sécurité publique du Québec est entre autre responsable de la supervision de la police provinciale, des polices municipales et des prisons provinciales. Ce ministère est responsable de tous les aspects des conditions d’emprisonnement au Québec – du comportement des flics au items disponibles à la cantine.

Au moment de la publication de ce texte, il y a deux démonstrations de résistance au système carcéral au Canada. L’une est une grève de la faim engagée par des immigrant-e-s détenu-e-s en Ontario, accusé-e-s d’aucun crime, en attente de procédure de déportation. Leurs revendications incluent la demande de meilleurs traitements ainsi que la fin des détentions d’immigrant-e-s sans accusation criminelle. La grève de la faim en est présentement à sa cinquième semaine.

La seconde est une grève du travail en cour dans plusieurs prisons fédérales à travers le pays, protestant contre la coupure de salaire de 30% pour tous les détenu-e-s des prisons fédérales. Le gouvernement justifie cette coupure en annonçant que les prisonnier-e-s doivent payer une pension. Non seulement les prisonnier-e-s doivent déjà travailler au maintient de leur propre prison, mais ils devront dorénavant payer pour leur emprisonnement. Cette coupure de salaire fait parti d’une tendance plus large à empirer les conditions d’emprisonnement-sentences plus longues, libérations conditionnelles avec conditions plus strictes, cellules doublement occupées et diminution des programmes en prison.

Solidarité avec les prisonniers en lutte; pour en finir avec la police et toutes les prisons.
Et avec Youri et Guillaume, prisonniers du G20 à la prison provinciale de Bordeaux à Montréal.