Montréal Contre-information
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Avr 082015
 

De Nonfides

Compagnons, j’écris ces quelques lignes dans l’intention de faire connaître ma situation de vie actuelle, que j’ai décidé, à partir d’une perspective très particulière, de mener à cause de la succession de situations qui se sont présentées dans le contexte récent de la lutte individuelle et/ou sociale, et la répression contre celle-ci.

La liste est longue de compagnon-ne-s qui ont été harcelés et sous le coup d’enquêtes à cause de l’activité anarchiste de ces derniers temps ici, et plus précisément dans le centre et le sud du pays, en les faisant suivre pour épier leurs moindres mouvements et voir avec qui ils s’organisent, en envoyant des saloperies de balances pour obtenir des informations, en accusant les compagnon-ne-s étranger-e-s de financer les luttes, et j’en passe. Et même lorsque j’ai été arrêté et emmené en prison avec mes compagnonnes d’affinité Amelie et Fallon, il y a eu une tentative de faire un lien entre de nombreuses personnes du milieu libertaire/anarchiste afin d’essayer de les lier à notre affaire (5E), perquisitionnant des maisons afin d’obtenir des « preuves » (sans y parvenir) et ainsi avoir plus d’arguments pour armer un coup fort à l’intérieur du petit monde acrate.

Ceci a mené à l’arrestation du compagnon « Tripa » (et la persécution d’autres compagnons qui ont aussi dû s’éloigner), où heureusement on a pu compter sur la réaction opportune des compagnonnes du GASPA [NdT : Groupe d’Avocates Solidaires avec les Prisonniers Anarchistes] pour le sortir immédiatement, vu que l’accusation ne reposait sur rien, et il n’a pas eu d’autre choix que celui de la cavale, vu qu’il était accusé pour ses antécédents « délictueux » auxquels s’additionnait un lien avec les enquêtes pour terrorisme, sabotage et autres affaires qu’ils ont voulu nous mettre sur le dos.

Pour les mêmes évidences et ayant la faculté de choisir librement, j’ai décidé de prendre le chemin de la fuite pour différentes raisons, principalement pour ma propre sécurité et celle des autres compagnons, vu le chemin que prend tout cela. Je ne serai pas le premier ni le dernier à le faire, en ayant pris un chemin de lutte qui m’amène à me réapproprier ma propre vie, et qui mène aussi sur un chemin violent, frontal et réfractaire à toute autorité. Et pas besoin d’être un érudit pour te rendre compte que tu seras dans le viseur de ces flics et procureurs qui essaieront de te lier et t’impliquer à n’importe quel cas d’action directe qui a lieu sur le champs de bataille, et dans mon cas, en sortant sous libération sous contrainte avec un pointage il est évident que j’aurais été à leur merci pour me rééduquer à leur goût, plaisir que je n’ai pas l’intention de leur procurer, au moins dans la mesure de mes possibilités.

En plus de ne pas avoir la moindre intention de collaborer à ce foutu petit théâtre juridique qui aurait continué après ma sortie de prison, dès les premiers instants de ma libération physique j’ai décidé de ne pas être leur proie contrôlée par la visite périodique de l’endroit où j’étais censé me présenter pour effectuer une horrible signature durant un an et demi de plus. Pour tout cela j’ai décidé de ne pas me présenter devant le tribunal les jours suivants, cherchant à rompre avec ce que j’appelle une ligne de conduite.

Ceci ne veut pas dire que je m’éloigne de la lutte ou que je me repente de ce que j’ai vécu pour la mener, au contraire, celle-ci continuera d’être le facteur principal qui continue de me pousser dans cette facette insurrectionnelles vers l’inconnu de la liberté. Depuis « dehors » aussi on peut continuer dans la quotidienneté de l’attaque permanente à travers ses diverses formes et contenus, en cherchant à poursuivre mes projets depuis d’autres endroits mais avec les mêmes visions, en sachant clairement que ça n’est pas avec la prétention de vouloir mener ma lutte dans la clandestinité volontaire ni de chercher une forme spécialisée ou supérieure d’attaque, mais en prenant en compte que celles-ci font partie des conséquences que nous devons affronter et assumer sur ces chemins du conflit, de faire les choses pour ce en quoi nous croyons et de la façon que nous le croyons possible et nécessaire.

J’ai toujours su que s’opposer fermement aux formes de subordination et aux contenus idéologiques que les techniques du mensonge démocratique emploient afin de maintenir leurs privilèges et l’état des choses, amènerait avec soi des situations opposées à ce que n’importe qui de « normal » voudrait pour sa vie. Mais comme moi je n’ai pas envie d’être ce genre de personne normale et d’accepter d’être un esclave de plus, j’ai voulu faire les choses de cette manière, comme le ferait n’importe quel irréductible à la recherche d’une vie meilleure à partir de sa façon de comprendre les choses.

Cela aurait été plus confortable pour moi, après être sorti de prison et marcher dans la rue, de voir la famille, les amis et d’être aux côtés de ma chère fille, tout comme d’être aux côtés des compagnon-ne-s et personnes de diverses tendances avec qui j’ai des affinités pour continuer d’agir ensemble. Mais comprenant que ceci n’est pas un jeu et que la lutte doit se mener jusqu’aux dernières conséquences, il faut lui donner le sérieux nécessaire, et donc parfois il faut prendre des décisions qui peuvent s’avérer douloureuses par la distance physique avec les êtres aimés. C’est pour cela que je ne vois pas la cavale comme la seule issue, mais comme celle la plus proche de la vision que j’ai de la situation. J’y ai vu une façon adéquate d’agir, et j’ai déjà dit auparavant, entre autres choses, de ne pas donner lieu à des enquêtes et tentatives de me lier à de futures actes violents similaires à celui pour lequel j’ai été emprisonné, et avec cela de me lier aussi à d’autres compagnon-ne-s et à ceux qui se trouvent sur le chemin, car nous savons de quoi se servent l’État et ses sbires de la loi et de l’ordre, et je ne dis pas ça par peur, mais en partant du fait que c’est aussi un acte insurrectionnel de prendre soin des nôtres.

Une part de mon insurrection individuelle consiste en une rupture avec toute forme d’entrave, et la destruction constante de n’importe quelle relation personnelle/sociale issue de l’ennemi tant abhorré, l’État/Capital, et de n’importe quelle autorité, est nécessaire et a un rôle prépondérant. Raison pour laquelle je continue de me déclarer en guerre permanente dans la mesure de mes possibilités. De telles relations se reflètent dans la société aliénée qui ne reproduit que ce qui s’apprend dans ses établissement éducatifs et religieux, ses moyens d’information et de production économique/technologique, de même que dans ses manières de se conduire dans divers aspects quotidiens, et ne mènent qu’à la domination et font que je refuse de participer au jeu juridique et à être un « bon citoyen » car cela pourrait prouver que la punition donnée par les lois et leurs mentors fonctionne très bien. Je les emmerde !

C’est pour cela que je préférerais mourir dans la tentative plutôt que de chercher une concession, médiation, aide ou pacte avec l’ennemi que je cherche à détruire. En comprenant que chacun a ses perspectives et façons de faire les choses, et respectant ce que chacun fait de ses luttes, et soutenant celles avec lesquelles j’ai le plus d’affinité ou qui au moins font preuve d’une certaine hostilité envers l’ennemi. Mais celle-ci est la mienne, et c’est à elle que je me tiens.
Sans rien d’autre à rajouter, je fais une grosse bise à ceux qui me liront, et plus particulièrement à mes amis, compagnon-ne-s de lutte, à ma famille et à tous ceux qui s’identifient dans la lutte contre le pouvoir sous chacune de ses facettes. La lutte continue, ne reconnaissant pas la situation comme prémisse de la fin, mais seulement comme la continuité de mes agissement libres.

Pour la liberté des prisonnier-es-s dans le monde !
Pour la solidarité avec les compagnon-ne-s en cavale, que le vent efface leurs traces !
Pour la destruction du pouvoir sous toutes ses formes !
Solidarité avec les compagnons en grève de la faim !
Guerre sociale de toutes parts !

Vive l’anarchie !

Carlos López “Chivo”
Depuis un recoin du monde
5 avril 2015

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[Traduit de l’espagnol par Camotazo.]

 

Avr 032015
 

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De le média de masse

Des entrepreneurs de Saint-Henri n’en peuvent plus d’être victimes d’actes de vandalisme de la part de ceux qui reprochent à leurs luxueux commerces d’embourgeoiser le quartier. Ils songent maintenant à embaucher un gardien de nuit.

«Si tu vends autre chose que des hot dogs à 25 cennes, à Saint-Henri, tu n’es pas toujours le bienvenu», affirme l’entrepreneur Corey Shapiro. Tous les jours, on crache dans les vitrines de son chic salon de coiffure et de sa lunetterie de luxe, tous deux situés sur la rue Notre-Dame.

En décembre, deux commerces de ce secteur, dont le salon de coiffure de M. Shapiro, avaient été aspergés de peinture blanche. Un blogue anarchiste avait alors revendiqué ce coup d’éclat. Malgré l’intervention des autorités, les commerçants qui possèdent des boutiques plus haut de gamme dans ce quartier populaire continuent d’être la cible d’actes de vandalisme et d’intimidation.

Fléau

Le Journal s’est entretenu hier avec quatre commerçants de la rue Notre-Dame aux prises avec ce fléau.

Tony Campanelli est l’un d’eux. L’homme d’affaires, qui possède un café et une boutique de vêtements pour hommes, est devenu malgré lui «un visage de la gentrification» de Saint-Henri, en pleine transformation depuis deux ou trois ans.

Aspergé d’huile

«On veut me faire porter le blâme de l’embourgeoisement du quartier. Ce n’est quand même pas de ma faute si les condos se multiplient et que les loyers augmentent», dit M. Campanelli.

Il y a deux semaines, on a aspergé d’huile la devanture de ses deux commerces, ce qui a taché la pierre de la façade.

«Je vais devoir appeler une entreprise de nettoyage pour faire disparaître tout ça», déplore l’entrepreneur.

L’entrepreneur a installé des caméras pour épingler ces vandales qu’il qualifie «d’anticapitalistes». Ses voisins et lui songent maintenant à se regrouper pour payer un gardien de nuit.

«Plus de 50 % de la population du quartier vit sous le seuil du faible revenu, rappelle le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais. Alors oui, il y a des gens qui trouvent difficile l’arrivée de gens plus aisés.»

Le maire dénonce vivement ces actes de vandalisme, mais estime que ce phénomène ne touche qu’un petit nombre de commerçants. «De façon générale, les nouveaux commerces sont bien accueillis», souligne-t-il.

Les autres actes de vandalisme ciblant les commerces haut de gamme de Saint-Henri :

  • Des vitrines cassées
  • Des graffitis disant : « Non à la gentrification »
  • Des crachats dans les fenêtres
  • Des excréments laissés devant la porte
  • Des affiches anticapitalistes collées dans les fenêtres
  • Un mélange de petits fruits visant à reproduire les entrailles d’un animal, qui avait été laissé devant la porte
Mar 302015
 

De Printemps 2015

La révolte gronde à travers le Québec et se propage jour après jour. Déjà 66 associations étudiantes ont voté la grève reconductible. Les manifs de soir s’accumulent. Le Vieux-Montréal et l’Université Laval se saisissent de leurs campus et les transforment en lieux politiques. L’UQAM a été bloquée aujourd’hui même. Alors que le Printemps 2012 avait pris plusieurs semaines pour se mettre en branle, le Printemps 2015 a pris son envol en l’espace de quelques jours. Le mouvement reprend là où 2012 s’était interrompu. La grève est en marche.

Et la répression, elle, ne s’est pas fait attendre. Des arrestations massives ont eu lieu aussi bien à Québec qu’à Montréal. Des chiens se sont rués sur les manifestant.es les plus pacifiques. Une jeune étudiante s’est même fait tirer à bout portant par les flics. Et la direction de l’UQAM menace maintenant d’expulsion politique neuf étudiant.es militant.es.

C’est dans cette conjoncture tendue mais enthousiaste que le comité exécutif de l’ASSÉ balance son pavé : un appel à la fin de la grève étudiante, alors que celle-ci bat son plein dans les universités, en démentant tous les pronostics pessimistes. La parole du comité exécutif de l’ASSÉ serait la parole raisonnable et paternelle qui appellerait à l’évidence stratégique. Le comité exécutif aurait son propre agenda, ses propres ultimatums : une méga-manifestation le 2 avril appelant une grève à l’automne qui agirait de pair avec une grève des travailleurs du secteur public, et plus particulièrement du secteur de l’éducation. Selon cette parole « raisonnable », nous serions aujourd’hui en déficit de puissance pour faire grève – sans allié.es parmi les travailleuses et les travailleurs – si bien qu’il y aurait apparemment danger de défaite aux lourdes conséquences.

Or, avec cet appel raisonnable et paternaliste, l’exécutif de l’ASSÉ vient de saper sa légitimité en remettant en question une grève adoptée par plus de la moitié de ses associations membres.

Depuis la naissance du mouvement Printemps 2015, ce comité exécutif martèle la même stratégie à travers toutes les assemblées générales et congrès, rappelant à chaque fois que la grève n’aura d’efficace qu’en automne. Et pourtant, ces mêmes assemblées ont refusé leur mot d’ordre en entamant une grève le 21 mars. Si bien qu’il est dorénavant hors de doute que ce même comité exécutif ne remplit pas les conditions minimales pour s’autoriser, aujourd’hui, un appel à la fin de la grève. Ironie suprême : l’ASSÉ s’était toujours démarquée des fédérations étudiantes (FEUQ-FECQ) par sa loyauté envers sa base militante, refusant de se servir des médias de masse pour influer sur elle. Or, c’est elle qui se salit aujourd’hui les mains en reproduisant les manœuvres qu’elle décriait jadis.

La grève du printemps 2015 s’est organisée sur d’autres bases que les traditionnelles structures de l’ASSÉ. En appelant à la fin de la grève sous prétexte de repli stratégique, l’exécutif cherche à museler une base qui tend de plus en plus à se dérober de sa mainmise.

À chacune de ses manifestations, la contestation n’épuise pas ses forces. Au contraire, notre force s’alimente et devient contagieuse. Parlerait-on de grève sociale en 2015 s’il n’y avait pas eu le mouvement de 2012 ? Et pourtant, aux premières semaines de 2012, personne n’aurait pu prévoir l’ampleur de ce qui est advenu. Une grève maintenant ne signifie pas l’impossibilité d’une grève plus tard, à l’automne. C’est bien cela que signifie un printemps rampant : un mouvement qui s’inscrit dans la durée, qui prend différentes formes et possède plusieurs moments de puissance effective. Le plus important est qu’au sein de ce mouvement des allié.es se rencontrent, des tactiques s’inventent et des forces s’organisent. Inversement, selon la conception de l’exécutif actuel de l’ASSÉ, ces forces seraient toujours à économiser, comme si nous étions de petits soldats à usage unique qu’il faudrait lancer au combat au bon moment (et au profit des centrales syndicales).

Mais plus profondément, cette confiance aveugle envers la mobilisation des centrales syndicales rend perplexe. Ces mêmes centrales qui, en 2012, au sommet du plus grand mouvement social que le Québec ait connu, n’ont jamais envisagé la grève. Ces mêmes centrales qui sont contre toute grève illégale, qui ont appuyé la Charte et qui ne se positionnent pas contre les projets d’hydrocarbures. Et si les syndicats ne partaient pas en grève à l’automne 2015, comme leur logique l’indique, quel est le plan de l’ASSÉ ? Va-t-on remettre entre les mains de dirigeant.es syndicaux, notre destinée politique ?

Les exécutant.es de l’ASSÉ à l’origine de cette « proposition » répondraient qu’eux non plus n’ont jamais cru aux dirigeant.es des centrales syndicales, mais qu’ils comptent sur les syndicalistes locaux pour déborder les dirigeant.es dans un mouvement contre l’austérité. Pas au bout de ses contradictions, l’exécutif de l’ASSÉ fait pourtant le même geste que les centrales : de peur d’être dépassé par ses membres ardent.es, l’exécutif les rappelle à la raison et à l’ordre. De plus, cette focalisation sur l’agenda de syndicats de la fonction publique met de côté toutes celles et ceux que l’appel à la grève sociale vise à rejoindre. Organismes communautaires, chômeurs et chômeuses, travailleurs et travailleuses du privé : autant de forces prêtes à se mobiliser et autant, sinon plus, touchées par l’austérité.

Dans le contexte actuel, abandonner ne signifie pas seulement mettre fin à un mouvement inédit dans la radicalité de ses revendications et l’autonomie de ses formes, mais surtout abandonner des luttes nécessaires : les neuf camarades sur qui plane la menace de l’expulsion à l’UQAM, qu’est-ce qui les sortira de là sinon un mouvement combatif qui met la pression pour que la direction abandonne les charges ? Et ces blessé.es que la police a déjà mutilé.es, qui portera leur parole, qui défendra leur honneur et qui accomplira leurs aspirations ?

Pour un syndicat « de combat », être dépassé par sa base devrait toujours être une bonne nouvelle, et non une menace au plan stratégique d’un exécutif autoritaire et condescendant. Parier sur une grève sociale, c’est parier sur la combativité des membres de la base, sur des gens qui résistent d’ores et déjà aux menaces, à la répression et à la bureaucratie syndicale grassement payée. Mais surtout, nous misons sur l’élan qui a déjà porté des milliers de personnes à sortir dans les rues, à plusieurs reprises en une seule semaine.

Cet élan ne s’arrête pas strictement à la grève étudiante. Il se prolongera lors du 11 avril, à la manifestation contre le Conseil de la Confédération sur les changements climatiques, lors de la grève sociale du 1er mai, puis pendant l’été en luttes localisées contre les projets d’hydrocarbures.

Vive le printemps! Vive la grève!

Printemps 2015

Mar 262015
 

Finalement, après avoir été acquittés le 27 février 2015 de l’accusation du parquet fédéral pour le délit de dommages sous forme d’incendies et en payant une caution pour la sentence de 2 ans et 7 mois pour les délits d’attaque à la paix publique et de dommages, les compagnon-ne-s Amélie Trudeau et Fallon Roullier ainsi que Carlos Lopez « Chivo » ont été placés en « liberté sous caution » le 13 mars.

 

Parce qu’elles sont de nationalité canadienne, les compagnonnes Amélie et Fallon ont été emmenées directement à une station de l’Institut National de Migration, une prison pour ceux qui n’ont pas les papiers nécessaires pour passer les frontières imposées par les États et le Capital. Une prison dans laquelle passent des centaines de personnes en attente d’une décision sur leur situation pour le fait de ne pas avoir de papiers. Une prison comme toutes les prisons, dans laquelle règnent la maltraitance, les humiliations, le harcèlement, l’insalubrité, etc. Elles sont restées plusieurs jours dans cet endroit. À cause des conditions du lieu –visites restreintes et peu d’informations– la situation des compagnonnes était peu claire, jusqu’à ce qu’elle furent déportées dans leur lieu d’origine le 23 mars.

Si plusieurs jours sont passés depuis la sortie de prison des compagnon-ne-s, il nous paraît important de diffuser cette information pour actualiser la situation de nos compagnons emprisonnés.

Le fait d’avoir été acquittés d’une des accusations, pour nous, plus que nous parler d’innocence ou de culpabilité, cela nous indique que l’État a mal monté son théâtre répressif et qu’à cause de cela il a fini par s’écrouler, comme cela s’est produit avec l’accusation de Terrorisme qu’ils ont eu pendant 40 jours et pour laquelle ils ont été au Centre National d’Arraigos [voir ici, NdT].

Nous pensons que peut-être que pour le prochain coup répressif l’Etat visera mieux, c’est pourquoi nous appelons à réaliser un exercice constant de réflexion sur nos pratiques de sécurité, ainsi qu’à être préparé-e-s, car nous sommes sûrs que la campagne anti-anarchistes de l’État mexicain continuera.

Cela nous remplit de joie que nos compagnon-ne-s soient de nouveau dans la rue !
Même si les prisonnier-e-s nous manquent !
Liberté pour Fernando Bárcenas, Abraham Cortés et Luis Fernando Sotelo !
À bas les murs de toutes les prisons !

Croix Noire Anarchiste Mexico

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[Traduit de l’espagnol par nos soins de Abajolosmuros.]

 

Mar 102015
 

[Note de Camotazo : Suite au texte d’Amélie et Fallon qui expliquait qu’elles ne voulaient pas être récupérées dans des événements de solidarité avec des gens et par des gens avec qui elles n’ont rien à voir, un groupe nommé la Gauche Révolutionnaire Internationaliste Buenaventura-Durruti a pondu une réponse totalement diffamatoire envers les deux compagnonnes. Ce texte n’est actuellement plus en ligne en français, mais nous avons quand même tenu à traduire la réponse de Carlos López.]

3 mars,

À titre personnel je réponds à l’agression diffamatoire écrite qui a été faite contre mes compagnonnes d’affinité Fallon et Amélie.

Une chose qui caractérise l’internationalisme c’est la lutte contre l’idée de nation, ainsi que contre celle du pouvoir ou de l’autorité, en remettant en question la validité des frontières physiques et mentales que les gouvernements ont construits afin d’éviter l’entente fraternelle et libre entre les personnes nées à différents endroits géographiques.

Raison pour laquelle se permettre d’avancer que ces deux anarchistes sont venues dans cette région « pour vivre une expérience parmi les pauvres du tiers-monde après avoir abandonné leurs vies du Québec civilisé », me fait penser au mépris dont vous, gauchistes internationalistes, avez fait preuve envers des personnes étrangères qui ont décidé de mettre en pratique leur passion destructrice de l’État/Capital, qu’elles soient canadiennes, mexicaines, européennes ou de n’importe où.

Nous au moins nous ne cherchons pas la destruction partielle d’un seul État, car pris séparément ce ne sont que des tentacules du pouvoir mondial, ni d’unir les forces/capacités uniquement entre mexicains purs ou avec des révolutionnaires du tiers-monde. Nous voulons nous battre aux côtés de n’importe quelle personne libre, qu’elle soit née ici ou en Chine.

Mais, que pouvons-nous attendre de ceux qui crient sur tous les toits qu’ils appartiennent à « l’aile classiste du mouvement révolutionnaire mexicain », et accusent d’arrogance impérialiste et petite-bourgeoise celles qui font le choix de s’organiser à travers des affinités, ou de partager des moments de subversion avec ceux avec qui elles veulent ?
Bien entendu l’affinité n’est pas exclusive entre les libertaires/anarchistes, car elle peut se faire avec n’importe quel individu ou groupe qui s’identifie à la lutte pour la liberté totale, où plutôt que de chercher un « stade dans lequel personne ne sera plus emprisonné », l’on veut réduire en pièces toute construction carcérale physique ou mentale, avec tout ce que cela implique, ainsi que n’importe quelle institution autoritaire. Cela peut sembler utopique, mais je crois qu’il vaut mieux en finir avec la tiédeur des jolis mots et, loin d’idéaliser la réalisation de l’utopie, continuer avec la conflictualité permanente quotidienne du contexte social.

On ne conditionne pas la solidarité, car la solidarité se donne à travers des actes divers de soutien, et le fait de se positionner, ce qu’ont fait les compagnonnes, ne signifie pas conditionner la solidarité. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures.

Si Fallon et Amélie ont décidé de rompre avec toute éventualité d’être mélangées avec ceux qui se revendiquent comme prisonniers politiques, et si elles ne sont pas d’accord lorsqu’elles sont désignées comme telles, on ne peut que respecter leur décision. Les insulter comme vous l’avez fait juste pour ça, c’est infâme et lâche, saloperies de rouges !

Nous nous basons toujours sur nos réalités, et le fait d’avoir une défense dans le cadre du procès juridique est plus que nécessaire, car vouloir et essayer de détruire le système juridique est une chose, et que nous l’ayons déjà fait en est une autre.

Pour nous il ne s’agit pas de « profiter » d’une défense juridique, encore moins que ce soit notre « médiation » avec l’État, comme vous le dites dans votre texte. Nous savons que le jeu juridique doit se mener entre personnes politiques, et notre avocat se charge de cela. Ce dernier, bien sûr, n’est pas une médiation mais un compagnon de lutte anticarcérale, qui ne se consacre pas à sortir des prisonniers politiques, mais à la solidarité avec des prisonniers, sans s’attacher au fait qu’ils soient politiques ou anarchistes. La preuve est qu’il a pris notre affaire, que nous soyons anarchistes insurrectionnalistes ou informels, sans toucher un seul centime.

Juste à titre informatif, dans ce texte diffamatoire, il est mentionné que nous avons le même avocat que Jaqueline et Bryan, ce qui est faux. Mais même si c’était le cas, pour moi ça ne changerait en rien la situation. Ça ne fait que montrer que vous parlez sans rien savoir.

Vous tombez dans la posture historique d’attaquer ceux qui n’acceptent pas vos méthodes caduques/anachroniques d’intervention, basées sur le verbiage politique, en les accusant « d’actes téméraires et inutiles ». Vous parlez de « gauches tiers-mondistes », pour nous n’importe quelle gauche, de parti ou révolutionnaire, nous éloigne beaucoup de ses prétentions. Vous parlez d’actions collectives basées sur le quantitatif, et nous savons que souvent par ces actions l’individualité et son action créatrice sont niées. Vous parlez de lutte de classes et du triomphe de la classe ouvrière, tandis que beaucoup d’entre nous ne sommes ni ouvriers ni classistes et que si nous soutenons n’importe quelle action libératrice c’est avec le regard fixé sur la liberté de la personne dans sa totalité, qu’elle soit ouvrière, paysanne, autonome ou comme elle voudra se désigner. C’est pour ça que nous préférons utiliser les termes de la guerre sociale, ce qui inclut plus de secteurs que juste la lutte ouvrière et de classes.

D’aucune manière je ne crois, au moins pour ce que vous dites, que l’insurrectionnalisme est condamné à l’échec, et en réalité nous ne sommes en compétition avec personne pour voir qui est plus révolutionnaire ou plus efficace dans la lutte contre le Capital. Mais la critique des méthodes choisies est nécessaire, tant sur la forme que sur le contenu, mais … je crois que ce que vous avez écrit n’a pas pour objectif d’échanger des idées, puisque vous ne vous êtes attaché qu’à insulter mes compagnonnes, et sachez que puisque vous insultez, nous savons aussi mordre.

La solidarité c’est la solidarité à travers sa diversité des formes, et sachez que moi je ne veux rien de gens comme vous.

Carlos López “Chivo”

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[Traduit de l’espagnol de Abajo los muros-CNA México par Camotazo.]

 

Fév 262015
 

De Non-Fides

En octobre et novembre 2014, Carlos, Amélie et Fallon ont été.e.s condamné.e.s à 7 ans et demi, puis à 2 ans, 7 mois et 15 jours supplémentaires, suite à une attaque qui a eu lieu le 5 janvier 2014 dans la ville de Mexico. Deux groupes de personnes avaient jeté des pierres et des Molotovs sur un bâtiment du Ministère des communications et des transports de la ville de Mexico et un concessionnaire Nissan situé à proximité, causant des dégâts au bâtiment et à plusieurs voitures.

 

Lettre de Carlo López, « Chivo » :

Si on l’on comprend l’État comme une entité de régulation de privilèges dans l’intérêt d’une classe politico-économique, comme un fidèle serviteur du capital techno-industriel et de toutes les formes de manipulation sociale qui en émanent, alors il n’est pas difficile de comprendre qu’il se serve et impose le châtiment à tout individu se rebellant face à ses lois et ses normes de contrôle – pour ce faire, son large éventail de possibilités inclut notamment une des nombreuses formes dégueulasses : celle du système juridico-pénitentiaire.

Une des principales caractéristiques de cette institution est de pouvoir disposer, comme dans un jeu de hasard, de l’avenir de l’accusé, en le livrant à la brutalité de la détention policière et administrative, en appliquant un traitement pervers et malsain d’usure physique, morale et spirituelle aussi bien aux personnes directement impliquées qu’à la famille, les amis et les compagnons qui les entourent.

Ainsi, le “délit” devient un fort instrument de perpétuation et de réalisation des plans de la domination du pouvoir, en plus d’un juteux marché économique fruit d’extorsions administratives, parmi lesquelles on peut souligner le paiement de cautions, d’amendes, de pots-de-vin et autres horreurs, venant s’ajouter, au moins dans les prisons latino-américaines, aux nécessités d’auto subsistance financière de la personne emprisonnée.

Sur ce dernier point, il est important de remarquer et de souligner le grand mensonge selon lequel l’État financerait la détention. Alors qu’“officiellement” il destinerait en moyenne 150 pesos par personne, la réalité est en effet toute autre.

Quant au “délit” à juger, il s’avère assez hypothétique de lui donner quelque crédibilité, car rappelons que ce sont les institutions elles-mêmes et leurs gens au gouvernement – vivant une réalité très différente des personnes privées des privilèges des élites du pouvoir – qui font et défont les lois au travers de leurs politiques démocratiques et réformistes. Cela nous amène à nous demander pourquoi nous devrions nous soumettre à leurs décisions, à ce qu’ils entendent par délit et à leur manière de le corriger, puisque c’est la société elle-même qui reproduit ce qu’elle entend à travers ce terme.
Nous ne pourrions pas parler de gens du peuple à l’intérieur du cadre de la loi, car cela reviendrait à répéter le modèle que nous cherchons à détruire, tout comme les juges, les magistrats et les tribunaux se chargent d’exécuter des condamnations sévères, et si la loi ne leur suffit pas, d’y contribuer avec des critères punitifs semblant reposer sur la satisfaction de faire tomber des années d’enfermement et de mettre dans leur poubelle à barreaux tout ce qui n’a pas sa place dans l’idée d’une société capitaliste.

Acrates, nous ne nous plaignons pas de juges injustes et ne cherchons pas à être jugés justement, car nous savons qu’il ne peut y avoir de justice là où il s’agit uniquement d’imposer un ordre démocratique aberrant, basé sur des structures de contrôle déguisées en réinsertion sociale.

C’est pour cela que nous n’implorons pas la justice dans les condamnations, pas plus que nous ne mendions la pitié pour nos prisonniers, nous exigeons seulement la liberté physique immédiate, c’est-à-dire la fin de la séquestration, sans accepter la légalité de leurs tas de lois et en rejetant ainsi les arguments d’innocence ou de culpabilité – ce qui est très différent du fait d’assumer la responsabilité des actes pour celles et ceux qui décident de le faire.

Nous luttons pour la destruction des prisons, mais le simple désir d’abattre les murs physiques ou le fait de sentir une haine viscérale contre les pratiques propres à l’enfermement ne suffisent pas. Il faut aussi commencer à se défaire complètement de la propagande d’État dont nous avons été abreuvés depuis tous petits par le biais des institutions civiles et éducatives où l’on inculque la normalisation de l’infraction et du châtiment. Il s’agit de poursuivre la rupture et la lente destruction dans nos têtes et dans nos formes de relations avec les personnes et l’entourage imposés.

Par exemple, nous devons abandonner le langage juridique, ainsi que sa pratique, comme lorsque nous condamnons les actes de compagnons qui décident de passer à l’action, et que – ne nous identifiant pas avec leurs méthodes ou revendications – nous nous transformons en nos propres juges et bourreaux, facilitant la récupération de la lutte. Une critique du pouvoir est quelque chose de bien différent qu’une critique constructive contre des compagnons, qui est encore autre chose qu’une critique de commère qui ne fera que diviser et freiner l’élan libertaire. Ainsi, lorsqu’on réclame la liberté pour nos prisonniers tout en réclamant par ailleurs la prison pour les “coupables” qui perturbent notre tranquillité et nos espaces de lutte, nous tombons dans une contradiction préoccupante. Il en va de même lorsqu’on demande que justice soit faite pour obtenir une libération, car cela revient à reconnaître, même si ce n’est peut être pas délibérément, que le système juridique peut être juste ou injuste, lui accordant ainsi une certaine légitimité.

Le fait de continuer à parler de compagnons détenus comme étant des “prisonniers politiques”, généralement pour les distinguer – à leur avantage – des prisonniers de droit commun, est une vieille pratique gauchiste, quand au contraire la lutte anarchiste n’est pas politique et ne cherche pas à obtenir des avantages à travers la négociation, le dialogue ou les pétitions. A l’inverse, elle est en rupture avec toute trace autoritaire, et le fait d’être mis en accusation judiciairement, ne revient pas forcément à accepter l’adjectif de « politique ». Nous voulons détruire cela, et c’est pourquoi nous préférons opter pour le fait de nous revendiquer comme prisonniers anarchistes, ceci comme une manière de continuer la lutte choisie, par affinités, au côté de n’importe quelle individualité en révolte.

La liberté ne se négocie pas, elle se construit.

Solidarité avec le compagnon Abraham Cortés Ávila et touts les compagnons et compagnonnes prisonnier-es en lutte aux quatre coins de la planète terre.

Carlos López “Chivo”
Reclusorio Oriente, DF
24 février 2015

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]


Lettres d’Amélie et Fallon, en solidartié avec Abraham Cortés Ávila :

21 Février 2015

C’est avec beaucoup de rage que j’ai appris que le compagnon Abraham Cortés Ávila, incarcéré au Reclusorio Norte, a reçu le résultat de l’appel qui a confirmé sa peine de 13 ans de prison pour tentative d’homicide contre un policier, un de ceux qui ce 2 octobre 2013 étaient chargés de maintenir l’ordre et la paix sociale, de protéger les privilégié-es, les commerces et les banques des rues de Mexico. Ils accusent le compagnon d’avoir participé à la révolte sociale qui a lancé des pierres, des cocktails enflammés (molotovs) et autres objets contre les porcs.

Voilà, Abraham, je suis parvenue à la seule conclusion qu’à partir du moment où nous nous rebellons, ils nous répriment en conséquence. Ta peine correspond à leur société carcérale. Dans ce sens, je t’envoie beaucoup de force solidaire de tout cœur. Organisons la lutte aussi bien à l’intérieur de la prison que dehors dans le but de combattre toute autorité et d’en finir avec leur foutu monde d’esclavage et de peur.

Que la rage se propage ! Même si parfois le monde paraît hermétique, même si les gens ne comprennent rien, ne partagent pas notre haine de la domination et ne savent que la reproduire. Pour ma part, je crois qu’avec un peu de confiance, on peut construire des relations d’amitié et de compagnonnage et ainsi ouvrir des espaces de dialogues et d’échanges d’idées. Cela vaut autant dans la rue qu’en prison. Alors… avec tout ça moins de peur !

Alors, dans la solidarité avec Abraham Cortes Ávila, que le feu illumine tous les uniformes de ces saloperies de keufs et de matons de merde.

Vive la Révolte !

Amélie
Reclusorio Santa Marta

*******

Salut Abraham,

J’espère que tu vas bien dans la mesure du possible.

Je peux imaginer que les jours à venir seront des journées de stress et d’angoisse, pour toi comme pour ta famille et tes compagnon-nes. Malgré les murs qui nous enferment et le temps qui ne fait rien qu’à passer, j’espère que tu restes fort, non seulement dans le sens d’être en lutte contre l’institution, mais aussi dans le sens de ne pas laisser la prison te changer.

Le fait de ne pas croire dans la justice nous place dans une situation d’incertitude face à elle, une position très rationnelle où ne nous reste que notre force individuelle pour faire face à la réalité. Et où la force des compagnon-nes qui nous soutiennent nous donne plus d’énergie pour aller de l’avant.

J’espère que la décision judiciaire sera positive pour toi [cette lettre date d’avant le rendu de l’appel ; NdT] et que tu seras bientôt dehors. Ne cesses pas de lutter pour tes idées, dedans comme dehors, l’authenticité est la plus grande force.

Beaucoup de force, Compagnon !

Fallon
Reclusorio Santa Marta

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]

 

Fév 142015
 

Le 14 février un événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita avec pour objectif de récolter de l’argent pour les prisonnier-es politiques et anarchistes. Étant en prison, l’information que nous avons sur cet événement est minime. Nous ne savons pas qui l’organise, mais nous savons que nos noms apparaissent sur la liste des prisonnier-es pour lesquel-les il est prévu.

Nous souhaiterions expliquer qu’il nous semble étrange que des personnes que nous ne connaissons pas et avec lesquelles nous n’avons pas d’affinités utilisent nos noms sans nous prévenir. Ce n’est pas parce que nous sommes en prison que nous n’avons pas de voix. Ces cérémonies de solidarité où sont mélangé-es tou-tes les prisonnier-es nous font penser à une récupération aveugle de personnes emprisonné-es. Qu’elles soient “Politiques” ou “Anarchistes”. Depuis le début, nous sommes restées fermes sur nos positions et dans nos ruptures. Il nous semble très bizarre de voir nos noms à côté de ceux de Brian Reyes, Jacqueline Santana [1] et de Jamspa [2] dans un évènement public de solidarité. Leur intention est peut-être de construire des relations entre différentes bandes. Nous le comprenons, mais nous savons aussi que cette absence de relations a des raisons. Certaines méthodes et intentions sont bien différentes et il y a des ruptures probablement irréconciliables.

Pour nous, le sentiment d’affinité est primordial dans la lutte que nous menons. Nous ne nous considérons pas comme des « Prisonnier-es Politiques » et n’attaquons pas les institutions du pouvoir afin d’améliorer cette société.

D’ailleurs, à l’intérieur de la prison nous avons des relations avec toute sorte de personnes, avec lesquelles nous ne partageons pas nécessairement des “affinités de lutte”. Des personnes qui ne s’occupent pas de “politique”, qui pour la plupart croient en dieu, et qui n’ont jamais été à l’école. Avec elles nous construisons aussi des forces et nous vivons de multiples moments de subversion de l’ordre existant. Il serait ridicule de nous organiser uniquement avec celles et ceux qui se revendiquent “Prisonnier-es Politiques”. La majorité des prisonnier-es politiques ne nous sont pas sympathiques et de fait la plupart des anarchistes non plus. L’histoire drôle, c’est de partir de là, avec l’énergie qu’il y a. Si nous faisons rupture avec le groupe qui organise cet événement, cela ne signifie pas que nous coupons avec tout le monde. Nous faisons rupture avec ceux qui se revendiquent de tendance autoritaire, partidaire ou gauchiste. De plus nous avons appris que l’événement va avoir lieu dans le Museo de la memoria indómita, Institution d’État.

Nous ne souhaitons pas de médiation avec l’État.

Ceci dit, nous n’avons d’affinités avec aucune des personnes mentionnées -sauf Carlos-, pas plus qu’avec celles qui organisent l’événement. Elles ne prennent pas en considération les ruptures existantes, mais ne font que reproduire le “prisonniérisme”. Nous ne voulons pas être récupéré-es. Qu’ils fassent leurs événements de solidarité, mais sans nos noms. Ceux qui nous soutiennent savent pourquoi et ont des affinités avec nous.

La meilleure Solidarité est toujours l’Attaque.
Pour la Destruction Totale de l’Existant.
Feu à la Civilisation.
Jusqu’à l’infini et au delà.

Fallon et Amelie
Reclusorio de Santa Marta, México DF.

[Traduit de l’espagnol de contrainfo par brèves du désordre, 15 February 2015.)

P.-S.

[On notera qu’à Paris également, un « repas solidaire » mêlant tout le monde (« prisonniers adhérents à la sexta zapatiste, les anarchistes incarcéré-e-s à Mexico et les étudiant-e-s arrêté-e-s suite aux dernières manifestations pour Ayotzinapa – Mexique ») est organisé le 28 février (au CICP), sachant qu’une partie de l’argent ira « aux comités locaux de soutien aux prisonnier-e-s de la sexta ».]
Notes

[1] Etudiants arrêtés suite aux manifestations pour les 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa.

[2] Jesse Alejandro Montaño Sánchez, dit Jamspa sur les médias sociaux, a été condamné à 7 ans et 7 mois de prison le 12 janvier 2015 pour « outrages à l’autorité ». Le 12 juin 2014, il avait exhibé du haut d’une structure métallique qui accueillait un écran géant lors d’un match du mondial de foot, une pancarte exigeant la liberté des prisonniers politiques & Fifa go home. C’est un activiste qui crée des coups médiatiques en escaladant depuis 2012 des structures et monuments afin d’exhiber devant les caméras des « messages politiques ».

Fév 142015
 

De les médias de masse

MONTRÉAL – Un bâtiment abritant le bureau du ministre de l’Environnement a été vandalisé, tôt vendredi matin, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, à Montréal.

C’est lorsqu’il est entré au travail, vers 6 h 30, que le concierge de l’édifice a constaté les méfaits commis au 3750 du boulevard Crémazie est.

«Une banderole avait été apposée sur la devanture de l’édifice et un produit noir, qui a une texture semblable à celle du goudron, avait été répandu sur la porte et sur la vitrine», a indiqué l’agent Louis Héroux du Service de police de la Ville de Montréal. Comme la substance a été relativement facile à nettoyer, il ne s’agissait finalement pas de goudron, selon les autorités.

Des techniciens en identité judiciaire se sont rendus sur place pour examiner la scène et relever des éléments de preuve. Le SPVM n’avait identifié aucun suspect vers la fin de l’avant-midi.

Malgré la forte présence policière à l’entrée du bâtiment, les employés du bureau de circonscription du ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, étaient en poste, vendredi matin, a indiqué son cabinet.

Les vandales ont agi au lendemain du rassemblement citoyen organisé par le collectif «Refusons l’austérité», qui avait convié plus de 1000 personnes devant l’Assemblée nationale, jeudi après-midi, pour dénoncer les politiques d’austérité du gouvernement libéral. Les participants avaient promis des perturbations économiques afin de faire réagir le premier ministre Philippe Couillard.

Le ministre Heurtel n’a pas été en mesure de prendre connaissance des méfaits perpétrés à son bureau de conté vendredi matin, puisqu’il était à la conférence scientifique Futurearth sur les changements climatiques, à Montréal.

Sans toutefois établir de lien avec le rassemblement contre l’austérité de jeudi, il a tenu à réagir. «Peu importe qui est responsable, le ministre dénonce tout acte de vandalisme, dont celui-là», a indiqué Guillaume Bérubé, l’attaché de presse de David Heurtel.

L’édifice, qui est situé entre les boulevards Pie IX et Saint-Michel, héberge également le Centre local d’emploi (CLE) de Saint-Michel ainsi qu’un centre d’éducation des adultes de la commission scolaire de Montréal.

Jan 092015
 

Il s’agit d’un mois pour réfléchir à la question des prisons comme méthode de répression et de contrôle social. L’idée est de faire de l’éducation populaire et de sensibiliser les gens à cette méthode oppressive, patriarcale, colonialiste, raciste et capitaliste. Tout en essayant de réfléchir collectivement à comment ça devrait être dans un monde libertaire et anti-oppression.

Il est important de noter que nous sommes un groupe autonome, indépendant et qu’en aucun cas nous laisseront de côté cette autonomie que ce soit pour recevoir des subventions ou pour créer des collaborations. Nous sommes tou.tes des militant.es provenant de divers milieux se réunissant dans ce projet avec un but commun : réfléchir à la prison dans une perspective abolitionniste et libertaire. Nous sommes d’ancien.ne.s détenu.es politiques, des proches de (ancien.ne.s) détenu.es et des camarades solidaires. Nous souhaitons lancé la réflexion dans les milieux militants (particulièrement dans le milieu francophone) car nous considérons qu’il s’agit d’un thème trop peu abordé mais très important, surtout avec le contexte de surjudiciarisation post-G20 et de la grève étudiante de 2012.

En ce qui à trait aux activités proposées, elles visent à faire réfléchir sur la question des prisons comme méthode de répression et de contrôle social. L’idée est de faire de l’éducation populaire et de sensibiliser les gens à cette méthode oppressive, patriarcale, colonialiste, raciste et classiste utilisé par l’État pour contrôler le peuple. Tout en essayant de réfléchir collectivement aux alternatives possibles dans une perspective de liberté, anti-oppressive et d’égalité. L’idée étant de faire des activités entre le 8 janvier et le 8 février 2015, à question de deux activités les soirs de semaine et une durant la fin de semaine. Le mois se terminerait par une dernière journée complète d’activités et de pannel.