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Conspis et néonazis : qui sont les organisateurs de la manifestation anti-LGBTQ du 8 juillet à Québec?

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Juin 262023
 

De Montréal Antifasciste

Attention : cet article contient des éléments de contenu explicitement homophobes, racistes et antisémites.

Le 8 juillet prochain doit avoir lieu à Québec une manifestation « contre la propagande LGBTQ dans les écoles et les institutions ». Cette manifestation s’inscrit en fait dans une série d’événements organisés depuis quelque temps au Québec dans l’intention apparente de diaboliser les communautés LGBTQ et leurs allié·es. Le prétexte pour tenir ce rassemblement devant le Musée de la civilisation de Québec est une exposition en cours examinant « les multiples réalités liées aux identités de genre ».

François Amalega Bitondo, dont nous avons parlé à plusieurs reprises au cours des derniers mois, est à nouveau impliqué dans cette mobilisation, mais il n’en est pas l’instigateur. Peut-être pour renforcer une crédibilité quelque peu ébranlée, il s’est cette fois-ci associé sur Facebook à de mystérieux « jeunes » qui disent être à l’origine de la démarche.

Mais qui sont ces fameux jeunes? Et d’où exactement provient cet appel à manifester? Cet article vise à démontrer que les initiateurs de la manifestation anti-LGBTQ du 8 juillet sont en fait un petit groupe de jeunes néonazis du clavier (dont un personnage que nous suivions déjà depuis quelques années) et que la base d’appui de cette mobilisation est fermement ancrée dans les réseaux d’extrême droite et néonazis québécois, dont l’entourage du Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux, qui exerce manifestement un ascendant considérable sur ces jeunes esprits.

À la lumière des renseignements exposés dans cet article, il est plus évident que jamais que les communautés concernées et leurs allié·es doivent se mobiliser et résister par tous les moyens nécessaires à la montée de la haine anti-LGBTQ, qui remplit clairement aujourd’hui une fonction de fanatisation des sphères conservatrices et complotistes.

Une contre-manifestation aura d’ailleurs lieu à Québec le 8 juillet; restez à l’affût pour plus de renseignements.

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Qui est « Lucas Ali Boucher Thériault »?

Pendant plusieurs semaines suivant la création de l’événement Facebook par un certain Lucas Ali Boucher Thériault, le 8 juin 2023, les deux seuls organisateurs listés publiquement étaient celui-ci et le militant complotiste François Amalega.

Plus récemment, d’autres coorganisateurs ont été listés, dont Carl Giroux, un influenceur antisanitaire, et deux autres individus qui semblent être connectés (du moins par les médias sociaux) au jeune Boucher Thériault : Justin Crépeau, de Québec, et le compte « Chose Mat ».

Lucas Boucher Thériault est un résident de la région de Lanaudière (Joliette, Saint-Jean-de-Matha) qui n’a pas plus de 15 ou 16 ans aujourd’hui, mais qui était déjà sur notre radar depuis quelques années en raison de ses activités douteuses sur les médias sociaux. Nous l’avons notamment suivi sur Instagram et Twitter ainsi que sur la plateforme Discord, où il a créé une chaîne à saveur « identitaire » alors qu’il n’avait que 13 ans.

À l’été 2021, son activité trahissait déjà un ancrage à l’extrême droite, et manifestement, le jeune Lucas n’a fait que se fanatiser depuis. En plus de reprendre tous les motifs antisémites bien connus (il recommandait récemment sur Twitter un documentaire de propagande néonazie extrêmement populaire dans ces réseaux), son discours s’est porté avec insistance sur les communautés LGBTQ, qu’il associe intégralement au « grooming », soit le conditionnement des personnes mineures à des fins d’exploitation sexuelle. Cette vieille obsession de l’extrême droite – qui se conjugue au vieux fond d’homophobie tout droit hérité de la morale religieuse – agite particulièrement les milieux complotistes depuis quelque temps, comme en fait foi le langage halluciné (et explicitement transphobe) entourant les récentes tentatives de mobilisation contre les heures du conte en drag.

En juin 2021, Lucas Boucher Thériault crée le compte « lucas_le_patriote » sur Instagram; de l’été à l’hiver 2021, plusieurs autres comptes sont aussi créés sous différents pseudonymes, et de nombreux indices (photos, vêtements et accessoires, références croisées et redondances, etc.) permettent facilement d’établir le lien avec Lucas Boucher Thériault; dans les captures d’écran ci-dessous, tout indique que les comptes « Metalbuzz268 », « Vector_the_boss », « Blair_insta_ », « Tomate_kasher88 » et « Lucasbackup14 » sont tous administrés par lui. Notez l’utilisation des chiffres 14 et 88, deux codes néonazis notoires, et les nombreux autres référents d’extrême droite. Même en l’absence d’indices probants, nous croyons que le compte « Tabarnak38tabarnak » s’inscrit dans le même petit système. Il pourrait toutefois aussi appartenir à un comparse. Nous laisserons nos lecteurs·rices tirer leurs propres conclusions à cet égard.

De juin à août 2021, Lucas Boucher Thériault déploie également son activité sur la plateforme Discord, sous les pseudos « Commander Lucas » (Christian Power) et, plus tard, « Loyalty ». Après avoir créé la chaîne « Québec identitaire » (d’abord baptisée « Xero’s Anti-Governement », puis « Nam Deus »), il y évoque avec d’autres la création d’une milice patriotique, à laquelle il consacre un salon de discussion. Il y publie même un « manifeste » (en réalité, une fort mauvaise dissertation d’anglais), dont les métadonnées révèlent son identité en propre. C’est au moins en partie dans ce bouillon toxique que s’est opérée sa fanatisation.

Il « arrive sur Twitter » en octobre 2021 avec le compte @knowyourenemyt_ (créé en juillet 2018). Il y adopte le pseudo « Bad Goy » (goy signifie non-Juif). En guise d’exemples de son activité, il y fait la promotion de la plateforme de diffusion web antisémite Goyim.tv et de la Goyim Defense League, décrite par l’Anti-Defamation League comme un réseau informel d’individus dont l’objectif général est « de jeter l’opprobre sur les Juifs et de répande des mythes et des théories du complot antisémites »; le 15 juin dernier, il a relayé un tweet du groupe néonazi Active Club de Californie; le 17 juin, suite à la disparition en mer de centaines de réfugiés au large des côtes grecques, Lucas Boucher Thériault relaie un tweet se désolant que 12 personnes d’origine pakistanaise aient survécu au naufrage…

Il est tout à fait légitime de penser que Lucas Boucher Thériault n’est qu’un enfant en mal d’attention qui a fait une série de choix déplorables sous l’influence d’idéologues malveillants; c’est rigoureusement vrai. Toutefois, du moment que les mauvais choix de cette jeune personne le mènent à s’afficher comme nazi – pendant plusieurs années et sans aucun signe de vouloir ralentir son dérapage – pour finalement organiser publiquement une manifestation anti-LGBTQ, une ligne rouge est dépassée. Nous croyons qu’il devient alors nécessaire de le dénoncer tout aussi publiquement. Le même raisonnement s’applique aux autres jeunes nommés dans cet article.

Nous ne prenons aucun plaisir à exposer ce jeune homme et ses acolytes aux conséquences de leurs actes, mais certaines leçons importantes doivent être apprises à la dure quand le bon sens élémentaire ou l’encadrement parental ne suffisent pas à rectifier la mauvaise trajectoire. Le niaisage nazi derrière un clavier, c’est une chose; l’organisation in real life, c’en est une autre. Et il n’est jamais trop tôt pour comprendre qu’à ce jeu, les conséquences sont proportionnelles au niveau d’engagement.

L’amplification du signal de la manif du 8 juillet

Le rôle de Lucas Boucher Thériault ne fait donc aucun doute, mais nous croyons également utile de retracer l’origine de cet appel à manifester ainsi que la chronologie de son amplification, qui révèle le rôle des autres nazillons dans ce plan foireux.

Sur Telegram

  • Le 2 juin est créé le canal Telegram « Comité Anti-Grooming », qui se décrit comme un « groupe de dissidents opposés à la propagande lgbt sur les jeunes ». L’appel à manifester y est publié. Il est également relayé sur Instagram le 14 juin par un compte du même nom (rebaptisé récemment anti_grooming_quebec), dont une autre utilisatrice d’Instagram affirme publiquement qu’il est administré par Justin Crépeau. Première coïncidence…
  • Le 7 juin 2023, le compte Telegram « FierCF » (@Skullmaskowner1488) relaie l’appel sur la chaîne publique « Clavardage Nomos-TV ».

À noter que l’avatar du compte « FierCF », au moment de cette publication, était un totenkopf (insigne des SS) et que son nom d’utilisateur était @Skullmaskowner1488 (le masque de tête de mort et le chiffre 1488 sont deux motifs de référence néonazis). L’utilisateur en question a plus tard changé son pseudo pour @fuckni****rs1488 (le mot raciste est ici caviardé), et plus récemment pour @jeanpatriote14. Au moment de rédiger ceci, son avatar est un Carillon Sacré-Cœur. On remarque ici la transposition des symboles du nationalisme canadien-français sur ceux du nazisme.

Il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que ce compte Telegram est lié aux jeunes coorganisateurs nommés ici, mais des indices forts permettent de le croire (comme nous le démontrons ci-dessous) et les efforts de cet utilisateur pour promouvoir la manifestation du 8 juillet sur la chaîne de Nomos coïncident parfaitement avec l’activité des autres comptes de médias sociaux cités ici au cours du mois de juin.

  • Le 8 juin, Lucas Boucher Thériault crée l’événement Facebook pour la manifestation; il est relayé le même jour par le Parti nationaliste chrétien, le groupuscule d’inspiration néonazie de Sylvain Marcoux.
  • Le 22 juin, « FierCF » confirme dans le salon de clavardage de Nomos que la manifestation aura bel et bien lieu.

Sur Twitter

Tout porte à croire que le compte @AntiwokeL73304 (créé en juin 2023) est aussi administré par l’un ou l’autre des coorganisateurs de la manifestation du 8 juillet. Même si le nom et l’habillage du compte ont été modifiés depuis, pendant quelques jours le pseudo public était « Anti-f****t Army » (le terme homophobe est ici caviardé) et son avatar était un totenkopf. La description du profil comportait la mention « Également un fier NS », soit national-socialiste, c’est-à-dire, nazi. Le nom actuel du compte @AntiwokeL73304 est « Vieux rat grincheux ».

  • Le 13 juin, après avoir relayé la publication d’Amalega sur la manifestation, « Vieux rat grincheux » révèle dans un commentaire qu’il fait partie des organisateurs; deux jours plus tard, il s’étonne que les antifascistes n’aient pas encore parlé de sa manif de merde. (Voilà qui est fait.) On confirme rapidement en consultant les abonnés et les abonnements du compte que cet utilisateur est dans la sphère d’influence de Nomos-tv et du Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux.

Sur Facebook

À peu près au même moment, Justin Crépeau (« el_grand_zouf » sur Instagram), qui est listé sur Facebook comme coorganisateur de la manifestation du 8 juillet, en fait aussi une promotion active sur différentes pages.

Quant au coorganisateur « Chose Mat », nous n’avions extrait aucune information concluante à son sujet, à part qu’il dit avoir étudié au CÉGEP de Lévis et qu’il suit sur Facebook François Amalega, Le Harfang (Fédération des Québécois de souche), Nouvelle Alliance (une Nouvelle Amanchure nationaliste cryptofasciste), le Parti nationaliste chrétien de Sylvain Marcoux (encore lui, tiens tiens), les Éditions Tardivel (rattachées à des militants d’Atalante) et une page vide dont l’avatar est le logo du défunt forum néonazi Iron March…

Or, il se trouve qu’en novembre dernier, un certain Justin Crépeau (oui oui!) avait contacté Montréal Antifasciste par Messenger pour nous demander si nous avions vraiment l’intention de « faire un article sur lui ». De toute évidence, quelqu’un (pas nous) a dû brandir cette menace pour l’intimider. Avant même que nous répondions quoi que ce soit à ce premier message, il s’est empressé de dénoncer « un autre fasciste d’extrême droite neo nazi (notez ici la formulation “un autre”…) qui appelle à la mort des juifs et des noirs c’est **** **** il a 19 ans et vit à st-jean chrysostome lévis (sic) ».

Mise à jour : Le lendemain de la publication de l’article, le jeune **** **** a communiqué avec nous sur le conseil d’une amie. Il jure avoir été ajouté comme coorganisateur sans son consentement par Lucas Boucher Thériault. Il nous assure n’avoir aucune affinité politique avec les deux autres organisateurs et n’avoir jamais eu l’intention d’organiser, ni même de participer à cette manifestation. Il dit avoir suivi les pages fascistes dans le seul but de s’informer afin de « troller ». Il affirme également que la dénonciation le visant est un coup monté par Justin Crépeau. Selon lui, Justin Crépeau est le véritable maître d’œuvre de la manifestation du 8 juillet, et Lucas Boucher Thériault en est le seul autre véritable coorganisateur, avec le soutien de François Amalega. Nous lui accordons le bénéfice du doute et avons choisi de modifier l’article en conséquence.

Carl Giroux, pour sa part, est un coucou à calotte qui fait des vidéos de frustré dans son char, comme la pandémie en a généré des hordes. Il anime la page Facebook LibreChoix, qui a épousé la cause anti-LGBTQ sous l’effet de mode des derniers temps. On n’a pas grand-chose à dire sur ce douchebag du peuple, sinon qu’il était présent à la manif anti-drag de Mercier-Est le 16 mai dernier et que l’hostilité qu’il y a rencontrée l’a apparemment pris par surprise. Giroux ignore possiblement tout du pedigree néonazi de ses petits camarades, mais il n’aura plus le bénéfice du doute à la lecture de cet article. Gageons qu’il dira que les antifas ont tout inventé sous la direction de George Soros et les globalistes.

Et qui se profile en fait derrière ces nazillons?

Au-delà des détails sordides, qu’est-ce que notre démonstration révèle de ces adultes qui s’associent à de jeunes personnes dont ils ignorent tout dans le seul but de booster la crédibilité de leur croisade haineuse contre les drag queens, les personnes trans et la « théorie du genre »? Et que penser en revanche de ces jeunes néonazis racistes qui profitent de l’influence d’un coucou d’origine camerounaise pour s’introduire dans le mouvement populiste anti-LGBTQ? Dans les circonstances, on serait bien embêté de dire qui est l’idiot utile de qui…

Mais s’il faut parler de grooming, au-delà de la panique morale qui vise injustement les communautés LGBTQ, il serait sans doute plus pertinent de s’interroger sur l’influence extrêmement toxique qu’exercent des faux prophètes et idéologues fascistes comme Sylvain Marcoux et son parti néonazi, ou Alexandre Cormier-Denis et Nomos-tv, sur une partie de la nouvelle génération peut être trop susceptible à leurs bêtises et leur propagande haineuse. Ce sont eux, les véritables responsables de ce gâchis, tout comme ceux qui, sous un langage plus châtié, attisent les mêmes anxiétés dans les médias et l’arène politique.

Il faut peut-être aussi se livrer à un constat d’échec collectif, si nous avons effectivement permis que la mémoire de l’Holocauste se soit à ce point perdue et que l’épouvantable héritage du nazisme puisse aujourd’hui exercer un tel attrait sur une partie de la nouvelle génération.

C’est bien davantage là que réside le danger imminent pour la société québécoise, en 2023, que dans une exposition muséale sur la diversité de genre, les heures du conte en drag ou les allées et venues de membres des communautés LGBTQ qui ne demandent rien d’autre que de vivre leur vie dans la paix et la dignité.

Ne laissons pas ce fléau se répandre. Combattons farouchement l’influence des empoisonneurs.

Restons toujours antifascistes.

Mettez fin à l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) et ouvrez les frontières !

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Juin 162023
 

De Solidarité sans frontières

Une coalition de groupes à but non lucratif dédiés à la solidarité avec les personnes réfugiées organise présentement une marche, qui se tiendra dans les prochains jours en protestation contre l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS). Nous voulions prendre le temps de le partager avec vous, dans un esprit de solidarité critique. Nous savons que les organisateur.trices de la marche ont énormément travaillé à cette action, et trop de nos membres ont elles et eux-mêmes fait face à la violence qu’inflige l’ETPS.

Nous voulons souligner par la même occasion que l’ETPS constitue, plus largement, une manifestation particulièrement hypocrite de la violence coloniale, raciste et capitaliste des frontières; elle s’inscrit dans un système impérialiste auquel participe activement le Canada.

Nous demandons, comme les organisateur.trices de la marche, la fin de l’ETPS, et ce, dans le cadre de notre combat plus large pour l’abolition des frontières. Nous militons pour un statut pour toutes les personnes migrantes sans papiers ici au “Canada”, ainsi que pour la régularisation à l’entrée pour tous celles et ceux qui, de force ou de par leur propre choix, immigrent ici. Nous croyons que les migrant.es méritent dignité et sécurité, peu importe leur capacité à contribuer à l’économie capitaliste et peu importe les raisons pour lesquelles ils et elles quittent leur chez-soi d’origine.

Personne n’est illégal.e sur des terres volées!

Marche – June 17-18-19 de Montreal à Roxham Road
www.facebook.com/events/286104663755514/

Qu’y a-t-il dans les contrats? À la recherche de plus d’information sur le projet de prison pour femmes à Montréal.

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Juin 152023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Pour en apprendre plus, consultez ce texte au sujet de qui a été accordé les nouveaux contrats et qui touche également sur le projet de construire une nouvelle prison pour femmes sur l’île de Montréal.

Pour lutter contre de nouveaux projets de construction, il faut d’abord apprendre le plus possible sur le projet. Cette recherche peut prendre de nombreuses formes; comme les premiers contrats ont déjà été accordés dans le cadre de la nouvelle prison pour femmes à Ahuntsic-Cartierville, nous voulions les voir. Pour faire court, c’était assez compliqué. Le gouvernement provincial a mis en place d’embêtantes mesures de sécurité sur les contrats qui les rendent plutôt faciles à télécharger de manière anonyme, mais très difficiles à ouvrir et à partager. Pourtant, nous les avons consultés, mais ils ne contiennent pas grand-chose. Nous partageons ici les parties pertinentes pour les personnes qui veulent lutter contre la nouvelle prison.

Tout d’abord, le gouvernement n’a pas fait preuve d’honnêteté relativement à la taille véritable de la nouvelle prison. Selon les médias, la nouvelle prison sera capable de stocker 237 personnes. En fait, le contrat indique qu’il faut qu’il soit possible d’élargir les bâtiments pour finalement accommoder 405 personnes. C’est vrai que l’échéancier de cette phase du projet s’arrête lorsqu’il n’y a toujours que 237 cellules, mais il y a un plan clair pour l’élargir davantage à l’avenir, bien qu’il n’y ait aucun calendrier proposé. Cela représente plus de personnes que la Maison Tanguay n’avait au départ, mais moins que la capacité actuelle de Leclerc (qui est, on le rappelle, une ancienne prison fédérale avec une capacité importante, mais qui s’effondre et laisse entrer la pluie et le vent).

Deuxièmement, la Société Elizabeth Fry du Québec est fortement impliquée dans ce projet. Pour celles et ceux qui ne les connaissent pas, les sociétés Elizabeth Fry existent dans la plupart des provinces. Il existe également un organisme national du même nom. Elles semblent fonctionner de manière autonome, l’organisme national étant le plus ouvert à des idées radicales. Leur mandat commun est d’aider les femmes qui ont des démêlés avec la justice ou qui risquent d’en avoir. Le document indique que la Société Elizabeth Fry du Québec contribue à l’élaboration d’un plan pour un nouveau modèle d’incarcération à long terme des femmes au Québec, y compris en tant qu’expert-conseil pour la nouvelle prison. (Citation directe: «Afin de répondre à ces inquiétudes, le MSP signe une entente de partenariat avec la Société Elizabeth Fry du Québec (SEFQ) pour contribuer à l’amélioration des conditions des détenues dans l’établissement actuel, mais également pour proposer un modèle novateur à long terme pour l’incarcération de la clientèle féminine».) Évidemment, le système carcéral a une aile à but non lucratif et la Société Elizabeth Fry du Québec en fait partie. Cela ne représente pas forcément un changement par rapport au statu quo, mais il s’agit d’un exemple concret de la collaboration.

Troisièmement, le document comprend cinq éléments clés qui doivent figurer dans la nouvelle prison. 1. La prison sera aménagée en pavillons. 2. Il y aura des niveaux de sécurité adaptés pour les différentes populations carcérales. 3. L’architecture extérieure visera à désinstitutionnaliser les bâtiments. 4. L’aspect intérieur de la prison doit préserver la dignité des prisonnières en leur offrant un environnement sécuritaire et apaisant. 5. Une acoustique qui favorise l’intelligibilité des conversations.

Que signifient-ils chacun? Le premier élément veut sans doute dire que la prison sera conçue en modules. Leur apparence peut varier, mais selon le collectif Escaping Tomorrow’s Cages, «les origines des prisons en modules remontent à la lutte contre la criminalité des années 90, quand le système se préparait à incarcérer plus de monde pendant plus longtemps. Elles sont conçues avec deux grandes priorités: couper les prisonniers et prisonnières de la communauté et économiser de l’argent.» Il nous rappelle également que «les infrastructures sont plus importants que l’usage qu’on en fait», donc on peut anticiper que la trajectoire de cette nouvelle prison sera semblable à celle des«bungalows» qui ont été construits dans les nouvelles prisons fédérales régionales pour femmes après la fermeture de la prison pour femmes à Kingston au milieu des années 90. Ils étaient mieux au départ, mais au fil du temps ils ont été réduits à leur potentiel pour la surveillance et la sécurité.1

D’autre part, le fait d’avoir des niveaux de sécurité adaptés aux différentes populations carcérales n’a besoin d’aucune explication. Cette tendance dans la construction de prisons se dessine depuis au moins trente ans et figure déjà dans de nombreuses prisons partout au pays. D’évidence, la nouvelle Tanguay aura une unité d’isolement et une aile à sécurité maximale. En raison des siècles de colonisation et de suprématie blanche, les femmes autochtones sont incarcérées au Canada et au Québec à un taux élevé. Le taux d’incarcération des femmes autochtones dans des unités d’isolement et de sécurité maximale est particulièrement élevé.2 Il n’y a donc aucune surprise que le gouvernement veut créer une unité d’isolement et une unité de sécurité maximale dans cette nouvelle prison.

La troisième exigence pour ce projet fait également partie d’une tendance dans la construction des prisons au cours de la dernière décennie. En donnant à la prison une apparence approchable et accueillante, le gouvernement espère que tout le monde sera convaincu qu’elle est autre chose qu’un lieu où on enferme les pauvres et les personnes racisées pour les punir. Il en va de même pour l’environnement intérieur, qui est censé être calme et apaisant. En gros, il faut mettre des rideaux aux fenêtres et décorer les murs de jolis dessins dans l’unité de sécurité maximale. Dernièrement, une acoustique propice à la conversation. Cela en dit long sur l’acoustique de la plupart des prisons. Les prisons sont très bruyantes. On veut que celle-ci le soit un peu moins. Qu’on les félicite. Il se peut qu’il s’agit d’une question de sécurité. Si les conversations sont audibles, on peut plus facilement les enregistrer. On ne sait pas forcément le pourquoi de tout ça, mais ce n’est rien de bon.

Prenons maintenant un moment pour prêcher à la chorale. La réforme du système pénitentiaire est une impasse. Comme l’a dit Ann Hansen dans Taking the Rap: «Les nouvelles prisons arrivent dans un emballage progressiste, décoré avec des images de réhabilitation et de programmation, mais une fois la prison flambant neuve ouverte, on trouve qu’elle est remplie de toutes sortes de gadgets technologiques censés améliorer la surveillance et la sécurité qui coûtent tellement cher que l’administration pénitentiaire déclare qu’elle ne peut plus payer la programmation progressiste promise sur l’emballage.»3

Qu’y a-t-il d’autre dans les documents? On y trouve un échéancier pour le projet. Jusqu’en 2024, il n’y aura que la planification et la démolition. En mai 2025, ils comptent lancer l’appel d’offres. La construction est censée avoir lieu entre juillet 2025 et avril 2029. Voici une capture d’écran.

La cinquième et dernière chose dans les documents est une liste des noms et des responsabilités des personnes impliquées dans le projet. Si vous cherchez des personnes en particulier à tenir responsables pour ce projet, en voici quelques-unes pour commencer: Chef de projet (direction de la gestion de projet, SQI): Amélie Viau; représentant du ministre: Bruno Gosselin; responsable d’entente (direction de l’expertise, SQI): Nathalie Duchesneau; CGPI (conseiller en gestion des pratiques intégrées) participe au premier comité de pilotage et demeure disponible en appui à l’équipe du projet pour tout le mandat de facilitation: Sébastien Parent; responsable BIM: Zakia Kemmar.

Nous laisserons le dernier mot à Ann Hansen: «La réforme du système pénitentiaire est vouée à l’échec, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas utiliser la lutte pour la réforme dans un contexte révolutionnaire comme moyen de sensibilisation. De vraies personnes souffrent dans les prisons aujourd’hui. Si l’un d’entre nous se trouvait en isolement pendant des années, voudrions-nous attendre la révolution pour que quelqu’un essaie de nous aider? La réponse se trouve dans la zone floue entre la lutte pour la réforme et la lutte pour le changement révolutionnaire. Ces luttes sont une fausse dichotomie alors qu’on peut combler cette zone floue. Tant que les campagnes concrètes de réforme se déroulent dans un contexte révolutionnaire et sont guidées par des principes révolutionnaires, elles peuvent jouer un rôle dans la campagne pour abolir à la fois le capitalisme et son mécanisme de contrôle social, la prison4


1. Comme l’explique Ann Hansen dans son livre Taking the Rap : « J’ai été à Grand Valley Institution dans le sud de l’Ontario à deux reprises, en 2006 et en 2012, et lors de ces deux brefs passages, j’ai témoigné d’un retour en arrière dans la prison qui a changé d’un enclos carcéral où les femmes cuisinaient et vivaient ensemble dans des bungalows soigneusement installés dans des cours herbeuses bordées d’arbres, où on faisait pousser des légumes dans des potagers et où les femmes circulaient librement de 8h à 22h dans l’enclos … en un complexe carcéral à niveaux de sécurité multiples avec peu d’emplois ou de programmation et où deux personnes partagaient chaque cellule, y compris dans les unités de sécurité maximale et d’isolement. Ce retour en arrière a eu lieu dans les six prisons régionales pour femmes au cours des quinze années après la fermeture de la prison pour femmes à Kingston en 2000. Cet accomplissement n’est surpassé que par le fait que le nombre de femmes incarcérées a augmenté de 40 % dans les dix ans après la fermeture pour atteindre 550 femmes. Ceci dans un pays où le taux de criminalité ne cesse de diminuer depuis vingt ans. » p. 336-7

2. Le Québec ne tient pas des statistiques sur cette question précise à notre connaissance, mais en 2019 et 2020, les femmes inuites et des Premières Nations représentaient 9,6 % de la population carcérale féminine au Québec. “Les Inuites, les femmes sans diplôme, les célibataires, les femmes vivant seules, présentent des taux, d’incarcération nettement, plus élevés.Selon un rapport récent, 96 % des femmes détenues dans les nouvelles unités d’isolement UIS dans le système fédéral sont autochtones.

3. Taking the Rap p. 339

4. Taking the Rap p. 343

Avis à la communauté. Les déportations augmentent. Soutenons-nous les uns les autres et restons en sécurité

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Juin 152023
 

De Solidarité sans frontières

Montréal, 11 juin 2023 – Le réseau de Solidarité Sans Frontières a constaté une augmentation du nombre de personnes convoquées aux bureaux de l’ASFC à Montréal pour entamer des procédures de déportation. De plus, ces dernières semaines, nous avons eu connaissance de deux incidents où l’ASFC (la police des frontières) s’est présentée au domicile de membres sans papiers de la communauté. Ils étaient tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présentés à leur déportation. L’ASFC a trouvé leur adresse et s’est rendue à leur domicile pour les arrêter.

Nous envoyons cet avis pour que les gens soient informés et préparés.

Pourquoi cela se passe-t-il?

Il se peut que l’ASFC rattrape finalement le retard accumulé après la pandémie. C’est peut-être la façon dont l’ASFC se prépare au programme de régularisation tant attendu. Il y a peut-être d’autres raisons. Il nous est impossible d’en être sûr·e·s.

Que pouvons-nous faire ?

Voici quelques suggestions tirées de notre expérience collective sur les moyens de nous protéger et de protéger les autres.

1) Ma demande d’asile a été refusée et j’ai reçu une lettre de l’ASFC

Si votre demande d’asile a été refusée et que vous recevez une lettre de l’ASFC vous demandant de vous présenter pour entamer une procédure d’expulsion, envisagez de prendre contact avec Solidarité Sans Frontières ou une organisation en laquelle vous avez confiance. Nous pouvons vous donner des informations de base sur ce à quoi vous pouvez vous attendre et des conseils généraux. La connaissance, c’est le pouvoir, et nous partagerons tout ce que nous pourrons.

Si d’autres membres de votre communauté sont également menacés d’expulsion, envisagez d’organiser une réunion communautaire. Vous pouvez planifier une action collective pour lutter contre les expulsions et réclamer la régularisation ensemble. Les étudiant·e·s internationaux et internationales indien·ne·s en Ontario sont un exemple inspirant de ce qui peut être fait pour lutter contre les déportations. Ils en sont actuellement à leur 15e jour de sit-in devant les bureaux de l’ASFC. Contactez-nous, Solidarité sans frontières essaiera de soutenir vos actions. Voir ci-dessous.

2) Je suis resté·e après une date d’expulsion et/ou je ne me suis pas présenté·e à une rencontre avec l’ASFC

Si vous êtes déjà resté·e au Canada après une date d’expulsion, ou si vous ne vous êtes pas rendu·e à une réunion à laquelle l’ASFC vous avait ordonné de vous rendre, un mandat d’arrêt a probablement été émis contre vous (sauf si vous aviez moins de 16 ans à l’époque).

De nombreuses personnes dans cette situation déménagent si l’ASFC a leur adresse et ensuite gardent leur nouvelle adresse confidentielle. Cependant, il arrive que l’ASFC les retrouve et se rende à leur domicile pour les arrêter. D’après notre expérience, cela se produit généralement parce que d’autres personnes connaissant leur situation les ont dénoncées à l’ASFC. Il est bon de se préparer à une visite de l’ASFC à votre domicile, même si vous pensez qu’elle ne connaît pas votre adresse.

Faits et expériences importantes

  • Un mandat d’arrêt à votre encontre ne donne pas à l’ASFC le droit légal de pénétrer ou de s’introduire dans votre domicile. Les agents de l’ASFC ne peuvent pénétrer de force dans votre domicile que s’ils disposent d’un mandat de perquisition autorisé par un tribunal ou si quelqu’un est en danger. Cela signifie que, dans la plupart des cas, ils ne sont pas légalement autorisés à entrer dans l’appartement si la personne qui répond à la porte leur dit qu’ils ne peuvent pas entrer.
  • Si vous vivez avec quelqu’un et que cette personne répond à la porte, elle a le droit de garder le silence. Elle n’est pas obligée de répondre aux questions de l’ASFC. En réalité, il peut être très difficile de garder le silence. Réfléchir à l’avance à ce que cette personne dira et s’entraîner à le faire est une très bonne idée. Il est important de noter que lorsque l’ASFC est venue arrêter une personne sans papiers dans le passé, elle disposait des informations complètes sur la personne, y compris sa photo. Les agents de l’ASFC ont montré cette photo à la personne qui répondait à la porte et lui ont demandé si la personne sans papiers était chez elle.
  • Par le passé, lorsque l’ASFC est arrivée à un domicile, elle a placé des agent·e·s à toutes les sorties, afin d’attraper les personnes qui tenteraient de s’enfuir par la porte arrière.
  • Il est arrivé que des personnes sans papiers qui sont restées discrètement à l’intérieur et n’ont pas ouvert la porte à l’arrivée de l’ASFC parviennent à rester en sécurité.

Élaborez un plan de sécurité

Élaborez un plan à l’avance. Cela peut vous aider à rester calme et à agir au meilleur de vos intérêts si l’ASFC vient frapper à votre porte. Réfléchissez à la façon dont vous et les personnes avec lesquelles vous vivez agirez si l’on frappe à votre porte. Voici quelques questions que vous pouvez vous poser: Est-il vraiment nécessaire d’ouvrir la porte si vous n’attendez pas de visiteurs ? Si vous devez ouvrir la porte, qui devrait le faire ? Que dira la personne qui ouvre la porte s’il s’agit de l’ASFC et qu’elle vous demande ? Où serez-vous lorsque l’autre personne ouvrira la porte ? Si vous vivez avec des personnes qui ne connaissent pas votre situation ou qui sont trop effrayées par l’ASFC pour vous protéger, comment devez-vous vous préparer ?

Autres précautions

L’ASFC ne semble pas mener d’enquêtes proactivement, mais de nombreuses personnes prennent des précautions de base, par exemple en n’utilisant pas leur vrai nom sur Facebook ou des photos de leur visage claires sur Facebook. Si vous recevez des messages non sollicités comme des offres d’emploi, il est préférable de ne pas y répondre ou de demander à un ami de confiance ou à une organisation de vérifier l’authenticité du message avant d’y répondre.

3) Mon visa de travail, d’études ou de voyage est expiré ou annulé et je n’ai pas quitté le pays

Si vous êtes entré·e au Canada avec un visa de travail, d’études ou de voyage valide et que vous n’avez pas quitté le pays après l’expiration ou l’annulation de votre visa, un mandat d’arrêt n’est pas automatiquement émis contre vous. Bien que l’ASFC (ou la police) puisse toujours vous arrêter si elle est informée de votre statut, normalement, elle ne vous recherchera pas activement. Vous n’êtes tout simplement pas sur leur radar.

Pourquoi l’action collective est importante

Bien qu’il soit essentiel de se préparer individuellement, il est important de se rappeler que vous n’êtes pas seul·e face à un système d’immigration et d’asile injuste, où les lois sont utilisées pour justifier le fait de forcer violemment les gens à partir. Nous devons continuer à nous organiser, à nous mobiliser et à lutter collectivement contre la détention et l’expulsion des migrants, qui brisent des vies, des familles et des communautés. Des victoires politiques sont possibles.

Solidarité Sans Frontières et ses allié·e·s font actuellement campagne pour pousser le gouvernement à accorder un statut permanent à toutes les personnes sans papiers et aux réfugié·e·s refusé·e·s au Canada, et à mettre immédiatement fin aux déportations et aux détentions. Le gouvernement est à l’écoute : le Premier ministre Justin Trudeau a chargé le ministre de l’Immigration Sean Fraser d’explorer la possibilité d’un programme de régularisation, et les sans-papiers ont rencontré directement M. Fraser pour lui dire ce qu’ils voulaient en octobre dernier. Fraser a promis que les déportations cesseraient lorsqu’un programme de régularisation serait annoncé.

Rejoignez-nous dans cette lutte, car un statut pour tous et toutes nous aidera à être plus en sécurité. Veuillez écrire, appeler ou visiter tous et toutes les ministres du Cabinet fédéral au Québec. Venez à une assemblée en ligne le 14 juin à 19h. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions, si vous avez besoin de soutien ou si vous voulez rejoindre la lutte pour un #StatutpourToutesl !

Uni·e·s, nous sommes fort·e·s.

Téléphone: 514-809-0773
Email: solidaritesansfrontieres@gmail.com
Site Internet: www.solidaritesansfrontieres.org
Facebook: https://www.facebook.com/CiteSansFrontieres
Instagram: https://www.instagram.com/ssf.sab
Twitter: https://twitter.com/SolidariteMTL

Graffiti en solidarité avec G. Mihailidis

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Juin 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un graffiti a été peint sur un mur du quartier Parc-Extension, en solidarité avec G.Mihailidis.

‘Solidarity with G.Mihailidis, we want you alive and free, death to the autoritarian world’

(‘Solidarité avec G.Mihailidis, nous te voulons en vie et libre, mort au monde autoritaire’)

Giannis est en greve de la faim depuis le 12 mai. Il demande sa libération apres avoir fait un parti de sa sentence qui devrait lui permettre d’etre libéré sous certaines conditions. Il a entamé une greve de la soif depuis le 10 juin.

Liberté pour Giannis. Feu aux prisons.

Campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda

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Juin 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le campement d’autodéfense populaire à Rouyn-Noranda est une initiative communautaire née du refus de l’entente entre Glencore et le Gouvernement (15 ng dans 5 ans). La zone tampon, solution proposée par Glencore et différentes instances n’empêchera pas la diffusion de la fumée toxique sur l’ensemble du territoire.

Nous lançons un appel de solidarité et d’unité à toutes les personnes et tous les groupes, de tous les horizons, qui luttent pour protéger l’écosystème contre la machine capitaliste. Conjuguons nos luttes et notre révolte! Joignez les premières lignes du combat, au pied des cheminées de la Fonderie Horne Glencore, dont cinq de ses filiales québécoises sont parmi les 100 plus grands pollueurs de la province.

Vous pouvez visiter notre site et vous inscrire.

Appel à la solidarité : La lutte du syndicat des locataires de Montréal contre l’État et les gros propriétaires du Mile End, les Cucurulls

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Juin 142023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Ceci est un appel à la solidarité et au soutien du Syndicat des locataires autonomes de Montréal (SLAM). Le syndicat des locataires a organisé un piquetage pour ce vendredi 16 juin à 16h00 devant les bureaux du propriétaire au 5301 Parc. Cet appel explique la situation actuelle de répression de l’État et des propriétaires, et pourquoi il est important que nous, en tant que mouvement, aidions la lutte des locataires.

Si cette nouvelle mobilisation ressemble au dernier piquetage – avant l’injonction – du SLAM, des piquetages hebdomadaires suivront aux bureaux des Cucurulls. Il est probable que d’autres actions seront organisées pour augmenter la pression.

Nous avons copié un extrait du GoFundMe – donnez si vous le pouvez – écrit par le SLAM, expliquant leur situation actuelle dans leur mobilisation contre la famille immobilière Cucurull :

Après une victoire contre une injonction, notre syndicat lance un nouvel appel de solidarité entre locataires contre la famille Cucurull, un groupe de propriétaires à Montréal. Notre syndicat de locataires avait initallement fait appel à la communauté après que la livraison d’une pétition ait mal tourné. Les Cucurulls ont dépensé des dizaines de milliers de dollars pour nous empêchant de partager publiquement des informations sur leurs actions. Toute information publique au sujet de la compagnie a due être enlevée des réseaux sociaux, le piquetage ne pouvait plus avoir lieu, et notre campagne de financement pour notre défense légale a due être enlevée de nos médias sociaux.

Une victoire récente partielle en réponse à l’injonction nous permet à nouveau de parler publiquement de la compagnie. Non seulement les Cucurulls n’ont toujours pas établi un plan d’action pour répondre aux demandes des locataires listées dans leur pétition, mais une poursuite de 380,000$ cible le syndicat. Les locataires demandent une compensation pour les actions des Cucurulls lors de la livraison de la pétition à leurs bureaux, ainsi qu’un plan d’action pour les réparations, du respect, et de plus petites augmentations de loyer.

Les Cucurulls gèrent 29 bâtiments et 446 apartments. La famille immobilière a été impliquée dans plusieurs centaines de cas au tribunal du logement dans les deux dernières décennies. En 2019, leurs bureaux ont été occupés par des locataires qui ont décrié des évictions de résidents de longue date pour augmenter les loyers. Les Cucurulls ont tenté d’utilisé une injonction pour évincer de facto une locataire actuelle qui a participé à la dernière livraison de pétition, mais ont échoué.

Ce fond légal de solidarité a été mis en place pour aider les membres du syndicat devant faire face à des procès légaux.

Joignez-vous à nos piquetages réguliers du vendredi devant leurs bureaux situés au 5301 Parc, faites un don, et organisez-vous entre locataires dans votre bâtiment pour construire votre pouvoir collectif dans vos quartiers! La solidarité et la communauté feront fleurir une ville meilleure! Solidarité avec toutes les luttes contre les propriétaires!

Faites un don ! Partagez ! Syndiquez votre immeuble !

Une lettre ouverte a été signée par une vingtaine d’organisations locales, nationales et internationales. Elle a été publiée par le collectif Premiere Ligne, sous le titre « La justice fait taire les locataires ! – Communiqué. » La lettre explore les actions répréhensibles des propriétaires, Ian Cucurull et Martha Cucurull, contre des membres du SLAM qui remettaient une pétition innocente. Des cheveux ont été tirés, un membre du SLAM a été étranglé, un locataire du propriétaire a été piégé dans le bureau du propriétaire alors que ce dernier, sur vidéo, souriait par la fenêtre en brandissant un couteau.

La police, au lieu d’inculper les propriétaires, a choisi de cibler les locataires impliqués dans la remise de la pétition en les accusant d’extorsion (pour avoir organisé des revendications), de harcèlement (pour avoir généré une pression publique continue contre le propriétaire) et d’entrée par effraction (pour avoir visité collectivement le bureau du propriétaire). D’autres détails sur l’injonction ultérieure du tribunal, qui comprenait une tentative ratée d’expulsion « de facto » d’un locataire, sont explorés ci-dessus dans le texte de Gofundme.

Voici quelques réflexions sur la nécessité d’une réponse du mouvement et d’une solidarité continue avec le syndicat des locataires de Montréal :

1) Les syndicats de locataires sont nouveaux à Montréal. La réponse actuelle de l’État et des propriétaires aux locataires qui s’organisent sur la base d’une action collective déterminera leurs réponses futures. Si les locataires qui s’organisent et agissent ensemble en utilisant des tactiques plutôt traditionnelles sont considérés comme des criminels ou comme méritant des injonctions de la part des tribunaux, et que nous permettons que cela ne soit pas contesté, nous perdons l’une de nos stratégies les plus utiles pour faire face à la crise du logement. Pour l’essentiel, le droit des locataires à s’organiser publiquement est remis en cause ici. Cette contestation aboutira-t-elle ?

2) Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons que supposer que des organisations de propriétaires comme la CORPIQ et d’autres propriétaires observent ces situations et en tirent des leçons. Cette répression intensive – y compris un procès de 380 000 $, des injonctions, des milliers de dollars de frais juridiques, des accusations criminelles et une enquête policière – mènera-t-elle à la défaite ou à la victoire ?

3) L’occasion s’est présentée de s’organiser contre un important propriétaire local. Il s’agit d’une campagne publique à un moment où l’opinion publique se préoccupe de plus en plus des relations en matière de logement et des rapports de force entre locataires et propriétaires. En tant que mouvement populaire, organisons-nous là où les tensions et les antagonismes de classe sont les plus clairs pour les personnes extérieures à notre mouvement. N’importe qui sait, en apprenant cette situation, qu’une grave injustice est commise.

4) Enfin, ces stratégies de répression ne devraient jamais être tolérées par notre mouvement, contre aucun de nos membres. La solidarité, aujourd’hui, est un appel à l’action contre les Cucurulls, et leurs entreprises : Immopolis et Topo Immobilier.

[Note : Ce texte a été écrit en solidarité et sans l’autorisation ou la connaissance du SLAM.]

Aidez Mashk Assi à défendre le Nitassinan

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Juin 112023
 

Du Collectif Mashk Assi

Assez de saccage !

Les forêts, les animaux et la souveraineté ancestrale du peuple innu sont attaqués par l’industrie forestière qui opère abusivement sur le Nitassinan (territoire innu) sans le consentement des familles gardiennes du territoire.

Le 29 mai dernier, le collectif Mashk Assi, un groupe indépendant de gardien·nes de territoire, a remis une lettre d’expulsion à sept forestières les avisant que leurs coupes sont illégales. Sans le consentement des familles gardiennes de territoire, en terres non cédées, aucun arbre ne doit être coupé pour du profit.

Le 30 mai, le Mashk Assi a mis en exécution l’avis d’expulsion des forestières en dressant un blocus au kilomètre 216 de la route 175 avec le soutien de nombreux allié·es autochtones et allochtones.

Le collectif a besoin de soutien financier pour poursuivre sa lutte. Nous faisons appel à la solidarité et la générosité de nos allié·es québécois·es, des groupes environnementaux, des associations pour la préservation de la faune et la flore, des syndicats et des regroupements militants qui s’opposent à la destruction des forêts et à la violation des droits des peuples autochtones.

Le collectif s’oppose également au Traité Petapan qui cherche à éteindre les droits ancestraux des Innus sur leur territoire.

Les fonds récoltés serviront à nos besoins quotidiens sur le terrain, comme la nourriture, l’essence et l’équipement nécessaire au maintien du blocus. Ils serviront aussi à soutenir nos démarches politiques et juridiques pour faire cesser les coupes et l’extinction de nos droits.

Aidez-nous à poursuivre la défense du Nitassinan contre les coupes abusives et non consenties !

Tshinishkumitinau, merci !

https://www.gofundme.com/f/aidez-mashk-assi-a-defendre-de-nitassinan

Prison pour migrant.e.s de Laval : Campagne de financement pour les livraisons aux détenu.e.s

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Juin 022023
 

De Solidarité sans frontières

Depuis l’ouverture d’une nouvelle prison pour migrants à Laval (Québec) en octobre 2022, les détenus ne cessent de nous parler de leurs terribles conditions de détention. Les visites en personne ont été suspendues, alors que les détenus n’ont pas accès à leurs médicaments, se sont plaints d’être servis avec de la nourriture avariée, et beaucoup ont continué à voir leur santé mentale se détériorer. Tout cela dans un établissement flambant neuf, que le gouvernement fédéral a présenté comme une forme de détention « plus humaine ». Aujourd’hui plus que jamais, il est clair que la détention ne peut jamais être « humaine », et que seul l’arrêt de la pratique de la détention d’immigrants dans son intégralité peut mettre fin à ces abus.

Alors que nous travaillons à notre objectif ultime d’abolir la détention des immigrants et d’obtenir un statut pour tous, nous faisons ce que nous pouvons pour soutenir les détenus au jour le jour. Bien que les visites aient été suspendues, nous sommes toujours en mesure d’apporter des livraisons à la prison. Les demandes les plus courantes concernent des brosses à dents et du dentifrice, du shampoing et du savon, des chaussettes et des sous-vêtements, du déodorant, des cigarettes, des cartes téléphoniques internationales et des vêtements, en particulier des vêtements d’hiver. Ces modestes contributions peuvent apporter un peu de dignité et améliorer les conditions de vie des détenus, mais surtout, elles envoient le message aux détenus qu’ils ne sont pas seuls, que d’autres personnes sont conscientes de ce qu’ils traversent et que des gens reconnaissent l’injustice de leurs mauvais traitements. À l’extérieur, nos livraisons nous permettent de rester en contact avec les détenus et d’ancrer notre travail politique dans la réalité, car nous luttons à leurs côtés pour leur libération.

Nous lançons un appel aux dons afin de poursuivre les livraisons. Tout montant que vous pouvez donner peut contribuer grandement à apporter un soutien à une personne enfermée dans la prison pour migrants de Laval.

Plus important encore, nous avons besoin que les gens dénoncent continuellement la pratique du Canada d’emprisonner les migrants. Plutôt que de verser des millions de dollars dans la construction de nouvelles prisons pour migrants, comme celle de Laval, le gouvernement fédéral doit se concentrer sur la vraie solution : un programme de régularisation continu et inclusif ! La lutte continue jusqu’à ce que chaque dernier détenu soit libéré ! Libérez-les toutes et tous, un statut pour toutes et tous !

https://www.gofundme.com/f/detention-delivery-fundraiser

Repenser l’identité, la sécurité et l’appropriation – Ou : pourquoi le tarot est-il interdit au Salon du livre ?

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Mai 302023
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Cette année, le collectif du Salon du livre anarchiste a demandé à deux groupes – dont la librairie noire Racines – de ne pas vendre de cartes de tarot à leur kiosque, car cela constituerait une appropriation culturelle. Cette décision s’appuie sur l’affirmation selon laquelle le tarot a été développé par les Roms. J’ai été surpris.e d’entendre cela. Je ne suis en aucun cas expert.e en tarot, mais j’ai toujours pensé qu’il avait été créé par des Européens blancs.

Depuis, j’ai fait pas mal de recherches sur ce sujet. Il y a certainement des Roms qui pensent que les Occidentaux se sont approprié le tarot et qu’il devrait rester une pratique fermée (c’est-à-dire non utilisée par les non-Roms). En même temps, certaines personnes roms réfutent cette notion et encouragent les autres à s’engager dans cette pratique ou nient qu’elle ait quoi que ce soit à voir avec leur culture. J’ai glané une grande partie de ce sentiment sur l’internet, par le biais de forums, de blogs et de médias sociaux. Je n’ai aucun moyen de savoir si les discussions que j’ai rencontrées sont authentiques, mais je n’ai aucune raison de croire le contraire. Il ne semble pas y avoir de consensus parmi les Roms sur la question de savoir si la pratique est d’origine rom et, si c’est le cas, si elle doit rester fermée.

Le tarot a plus de 600 ans. Les historien.ne.s (et pas seulement celleux de l’Europe blanche) s’accordent généralement à dire qu’il a été développé en Italie. Les premiers jeux de tarot documentés ont été enregistrés entre 1440 et 1450 à Milan, Ferrare, Florence et Bologne. Les plus anciennes cartes conservées ont été peintes au milieu du XVe siècle pour les souverains du duché de Milan. Le tarot a d’abord été utilisé pour divers jeux. L’exemple le plus ancien d’utilisation pour la cartomancie (c’est-à-dire la divination, ce que nous connaissons le plus souvent aujourd’hui) provient d’un manuscrit italien anonyme datant de 1750. L’occultiste français Jean-Baptiste Alliette (1738-1791), sous le pseudonyme d’Etteilla, a été le premier à développer un concept d’interprétation pour le tarot. Au cours des 18e et 19e siècles, le tarot a été largement utilisé pour la cartomancie en Europe occidentale, en particulier en Italie et en France.

Alors, pourquoi certaines personnes associent-elles le tarot à la culture rom, alors que tout indique qu’il a été développé par les Européens ? L’explication la plus probable est que le tarot a été faussement présenté comme originaire du Moyen-Orient par deux intellectuels français.

Le pasteur français Antoine Court de Gébelin (1725-1784) affirmait que le tarot était le dépositaire d’une « sagesse obscure ». Dans un essai tiré de son livre Le Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, de Gébelin note que la première fois qu’il a vu un jeu de tarot, il a perçu qu’il contenait les « secrets des Égyptiens ». Sans en apporter la preuve, il affirme que des prêtres égyptiens ont distillé l’ancien Livre de Thot dans les images du tarot.

Jean Alexandre Vaillant (1804-1886) était un enseignant français, un activiste politique et un fervent étudiant des traditions roms qui a poussé les affirmations de Gébelin un peu plus loin. Il affirma que les travailleurs itinérants roms avaient apporté le tarot en Europe. À l’époque, on pensait que les Roms étaient originaires d’Égypte (des recherches génétiques ont depuis montré qu’ils venaient de l’actuel Rajasthan, en Inde). Compte tenu de leur longue histoire de nomadisme, Vaillant en conclut qu’ils ont dû apporter le tarot en Europe. Comme Gébelin, il ne fournit aucune preuve de ce qu’il avance.

L’association du tarot à la culture rom pourrait elle-même provenir de la convention européenne raciste qui associe l’occultisme, la sorcellerie et d’autres formes de spiritualité non chrétienne à l’« Orient ». Il est tout à fait possible que de Gébelin et Vaillant aient cherché à donner un sens à l’évolution du tarot, qui est passé de cartes à jouer inoffensives à des instruments de connaissance ésotérique, en l’associant aux Égyptiens de l’Antiquité et, à leur tour, aux Roms.

Outre les allégations d’appropriation culturelle, j’ai également vu des arguments fondés sur la prémisse que les Occidentaux qui pratiquent le tarot rendent plus difficile pour les Roms – qui connaissent encore une pauvreté et une privation de droits généralisées – de gagner de l’argent en lisant le tarot. Bien entendu, si vous envisagez de lire le tarot à proximité d’une personne rom qui le fait également, vous pouvez envisager d’aller ailleurs pour ne pas empiéter sur ses moyens de subsistance. Toutefois, cet argument ne tient pas dans le contexte du Salon du livre, où les gens vendraient simplement leurs propres versions réinterprétées des jeux de tarot. La plupart des articles que j’ai trouvés sur le tarot et l’appropriation culturelle soulèvent également ce point.

Les groupes ethniques et raciaux défavorisés offrent depuis longtemps des services de cartomancie, de chiromancie et d’autres services de divination pour gagner leur vie. Si les Roms sont certainement de fervents praticiens du tarot depuis des centaines d’années, il n’existe aucun lien entre eux et les origines de ce dernier. Il est sans aucun doute important d’être conscient de la manière dont nos actions affectent les personnes socialement désavantagées, mais je ne pense pas qu’il soit judicieux pour le collectif du Salon du livre d’interdire à quiconque de pratiquer le tarot sur la base d’allégations selon lesquelles il représente une appropriation.

Je suis conscient.e qu’il y a eu et qu’il y a encore des désaccords internes au sein du collectif concernant la question du tarot et la politique d’appropriation culturelle dans son ensemble. Ce texte n’est pas une dénonciation du collectif du Salon du livre ou de ses membres. J’apprécie tout ce que vous faites et je continuerai à participer au Salon du livre tant qu’il existera. En publiant ce texte, j’espère ouvrir le dialogue sur la politique d’appropriation culturelle et mettre en lumière ses lacunes.

*****

Pour être honnête, je n’aime pas beaucoup le tarot. J’ai eu droit à quelques lectures de tarot et je ne les ai trouvées que peu intéressantes. En fin de compte, la question de savoir si le tarot est autorisé au Salon du livre ne me préoccupe pas vraiment. Cependant, cette question peut servir de point de départ à une discussion plus large sur l’identité, la sécurité et l’appropriation. Ce sont des sujets dont je parle avec des camarades racisé.e.s depuis de nombreuses années, dans le contexte du Salon du livre et en général. J’aurais aimé avoir plus de temps pour écrire ce texte, mais j’ai aussi pensé qu’il serait important de le terminer avant le Salon du livre.

En tant que personne d’origine autochtone américaine, j’ai réfléchi à l’identité pendant la majeure partie de ma vie. En tant qu’anarchiste, je me suis débattu.e avec des idées sur qui peut parler au nom des groupes minoritaires. Lorsque la police assassine une personne racisée, les soi-disant leaders communautaires sortent souvent du bois pour dire à tout le monde de rester calme et de faire confiance au système judiciaire pour trouver la justice. Qu’en est-il de ceux qui veulent tout brûler ? Lorsque quelques personnes affirment qu’une pratique particulière est inappropriée ou nuisible, il est facile de présenter leur opinion comme un fait irréfutable. Devrions-nous ignorer tous celleux qui ne sont pas d’accord avec elleux ?

Je suis sûr.e que l’on pourrait avancer un argument convaincant pour expliquer pourquoi boire de la yerba mate – une boisson traditionnelle qui fait partie intégrante des pratiques spirituelles et des histoires traditionnelles de mes ancêtres – est un acte d’appropriation. Cela signifie-t-il que vous devriez considérer ce point de vue comme représentatif de tous celleux qui viennent de la même partie du monde que moi ? Honnêtement, je suis heureux.se de voir d’autres personnes apprécier quelque chose qui a été si important pour moi et les personnes avec lesquelles je partage une lignée culturelle. Beaucoup sont d’accord avec moi et beaucoup ne le sont pas. Il y a quelques mois, un article intitulé « Les boissons énergisantes Yerba Mate sont-elles racistes ? » a été publié dans le journal étudiant de l’Université Concordia, The Concordian. Cependant, comme pour de nombreuses conversations sur l’appropriation culturelle, il n’y a pas de réponses définitives à cette question.

Ce que je sais, c’est que j’en ai assez que des individus parlent au nom de groupes qu’ils prétendent représenter, et encore plus que des personnes qui n’appartiennent pas à ces groupes prennent leur parole pour parole d’évangile. Nous sommes libres de faire des déclarations personnelles, mais parler au nom des autres nécessite un consentement. Affirmer que la communauté noire, autochtone, rom ou autre adhère à une position particulière est non seulement invérifiable, mais peut nuire à ceux qui ne sont pas d’accord. J’ai trop souvent vu des camarades racisé.e.s être maltraité.e.s par la communauté à laquelle iels appartiennent et par leurs soi-disant alliés pour avoir critiqué des idées populaires ou remis en question des personnes qui prétendent parler en leur nom.

En cherchant bien, on peut trouver des arguments en faveur de l’appropriation de pratiquement n’importe quoi. Certains articles affirment qu’il est raciste pour les personnes qui ne sont pas indiennes de faire du yoga ou pour les personnes qui ne sont pas chinoises de pratiquer l’acupuncture. La plupart de ces affirmations n’ont jamais vraiment pris de l’ampleur, même si certaines d’entre elles sont tout aussi logiques, sinon plus, que le raisonnement utilisé pour dire que le tarot est approprié. Des personnes non chinoises ont donné des traitements d’acupuncture gratuits au Salon du livre l’année dernière, ce qui illustre la nature arbitraire de l’application d’une politique d’appropriation culturelle. Pourquoi le tarot a-t-il franchi le seuil de l’appropriation culturelle alors que l’acupuncture ne l’a pas fait ?

La féministe noire Kimberlé Crenshaw avait raison de dire que, malgré son pouvoir de transformation pour rassembler les personnes marginalisées, la politique identitaire « confond ou ignore souvent les différences intragroupes ». La pratique consistant à faire des déclarations générales sur les personnes racisées s’inscrit dans une longue histoire de réduction des groupes minoritaires à quelques caractéristiques identifiables. Ceux qui ont le pouvoir et les ressources nécessaires pour diffuser leurs idées au public sont plus susceptibles de parler au nom d’un groupe donné. Il semble que les affirmations d’appropriation culturelle doivent gagner un certain élan social avant d’être prises au sérieux, ce qui est probablement influencé par le niveau de prestige des personnes qui font ces affirmations.

À tout le moins, si le collectif du Salon du livre prévoit de maintenir une politique d’appropriation culturelle, il est essentiel qu’elle ne soit pas appliquée sur la base d’informations erronées. Les décisions ne devraient pas être prises sur la base des affirmations erronées de quelques personnes sur Internet. Il y a déjà suffisamment de réactions négatives contre la « gauche woke », la « culture de l’annulation » et d’autres concepts de ce genre, et pas seulement de la part de la droite. Les politiques déraisonnables risquent d’aliéner des personnes d’origines politiques, ethniques et socio-économiques diverses. J’ai connu plusieurs camarades racisé.e.s issu.e.s de la classe ouvrière qui se sont éloignés des milieux gauchistes et anarchistes en raison d’un discours identitaire qu’ils jugeaient sans fondement, incohérent et pédant. Au lieu de nous rassembler, les politiques identitaires nous divisent souvent en fonction des classes sociales.

*****

La déclaration sur l’appropriation culturelle stipule : « Nous ne sommes pas intéressés à contrôler le corps des gens, d’autant plus que ce n’est ni réalisable du point de vue logistique – ni souhaitable – de surveiller chaque personne qui sera au salon ». Bien que le collectif du Salon du livre n’empêche personne de participer à l’événement en raison de son mode de vie, il prend des décisions sur l’accès aux tables en fonction de l’appropriation culturelle qu’il estime être le fait des candidats. Il cite également « des choix esthétiques tels que des personnes non-noires portant des dreadlocks et des personnes non-autochtones de l’île de la Tortue portant des coiffures Mohawks. » comme des exemples courants d’appropriation culturelle, tout en déclarant que l’on devrait envisager de rester chez soi s’il est « plus important pour vous de porter vos cheveux ou votre habillement comme vous le souhaitez ».

De nombreuses cultures à travers le monde, y compris en Europe, ont eu des coiffures qui ne se distinguent pas des dreadlocks et des mohawks d’aujourd’hui. La déclaration du Salon du livre implique qu’une personne hindoue portant une coiffure traditionnelle jaṭā, un type de dreadlocks, serait en train de s’approprier la culture. Il en va de même pour un autochtone colombien avec un mohawk, parce que les frontières coloniales modernes signifient qu’ils n’ont pas été retenus pour être originaires de ce qui est considéré comme l’île de la Tortue. J’espère qu’aucune de ces personnes ne se verra refuser une table sur la base d’un ensemble de critères étroits et répréhensibles, mais c’est ce que le collectif du Salon du livre a explicitement établi par écrit. Je ne serais pas surprise que quelqu’un choisisse de ne pas participer au Salon du livre ou de ne pas demander une table parce qu’il craint d’être accusé de ne pas répondre à ces paramètres, sans parler des innombrables personnes racisées pouvant être perçues comme blanches qui sont déjà confrontées au traumatisme de l’effacement et qui tentent de retrouver leurs racines.

Les sentiments d’anxiété peuvent être exacerbés par des incidents survenus lors de salons du livre précédents. En 2016, Midnight Kitchen, un collectif de McGill qui s’était porté volontaire pour fournir de la nourriture cette année-là, a décidé de ne pas servir des personnes perçues comme blanches avec des dreadlocks. Je pense que cet incident a joué un rôle important dans la formation de l’image publique du Salon du livre au Canada et au-delà. Je vivais sur la côte ouest à l’époque et je me souviens d’avoir entendu dire que les Blancs portant des dreadlocks n’étaient pas du tout autorisés à participer au Salon du livre. J’ai rapidement appris que ce n’était pas vrai, mais que cela était néanmoins alimenté par des dynamiques réelles qui avaient eu lieu. Je suis sûre que je n’étais pas la seule à avoir entendu cette rumeur, et il y a probablement des gens qui y ont cru bien plus longtemps que moi.

L’une des sources citées dans la déclaration du Salon du livre sur l’appropriation culturelle est un zine intitulé « Answers for white people on appropriation, hair and anti-racist struggle » par Colin Kennedy Donovan et Qwo-Li Driskill.

Les auteurs affirment qu’« en portant des ‘Mohawks’ et des dreadlocks, les Blancs montrent qu’ils ne sont pas conscients des luttes antiracistes et détériorent la confiance entre les Blancs et les personnes de couleur/non blanches ». C’est l’une des nombreuses affirmations du texte qui homogénéisent les gens. Je connais beaucoup de Blancs qui ont ces coiffures et qui sont de solides camarades antiracistes. Leurs choix de vie n’ont jamais eu d’incidence sur notre confiance mutuelle. Je suis tout à fait d’accord pour que les auteurs expriment ces pensées comme des opinions, mais ici ils les présentent comme des déclarations objectives.

Le texte affirme également que « la coiffure appelée « mohawk » est enracinée dans des traditions iroquoises distinctes et d’autres traditions des Premières nations/autochtones ». Les Haudenosaunee (Iroquois est un nom colonial que certains considèrent comme péjoratif) ne portaient pas ce que nous appelons communément le mohawk. Cette coiffure leur a été faussement attribuée par des films hollywoodiens du XXe siècle. La coiffure habituelle des Haudenosaunee se composait de cheveux épilés et d’un carré de trois pouces de cheveux sur la couronne arrière de la tête, avec trois courtes tresses. Les Pawnee, qui vivaient historiquement dans ce que nous appelons aujourd’hui le Kansas et le Nebraska, avaient une coiffure qui ressemble au mohawk actuel. Les auteurs n’y font pas référence, et il semble donc qu’ils entrent simplement dans la catégorie des « autres Premières nations ». Il s’agit là d’une forme d’invisibilisation qui aurait pu être évitée avec un peu de recherche.

Dans l’ensemble, le zine a un ton assez moralisateur et ne se lit pas comme quelque chose destiné à éduquer les gens en toute bonne foi. Je comprends qu’une grande partie du discours sur l’identité s’est développée à partir d’un sentiment de colère, mais il existe des moyens plus respectueux de parler d’un sujet aussi sensible. Je ne pense pas que ce texte ait sa place dans une discussion raisonnable sur l’appropriation culturelle. Si l’objectif est d’obtenir des résultats productifs dans la promotion de l’équité pour les personnes racisées, ce n’est pas une bonne source à mettre en avant.

Il est évident qu’une culture particulière basée sur un discours identitaire existe dans ce Salon du livre. Je ne sais pas si cela est alimenté par la déclaration sur l’appropriation culturelle. Néanmoins, je ne veux pas que quiconque se détourne du Salon du livre à cause de cette politique ou des incidents qui s’y sont produits au fil des ans. Je veux que plus de gens soient exposé.e.s aux idées anarchistes, afin que nous ayons une meilleure chance de combattre celleux qui contribuent réellement au maintien de la suprématie blanche. Il est peut-être temps d’examiner les avantages de cette politique et de les mettre en balance avec les dommages qu’elle pourrait causer par inadvertance.

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Selon le collectif, l’appropriation culturelle « a signifié que de nombreuses personnes qui subissent le fardeau de l’oppression racialisée se sont senties inconfortable au salon, au point de ne pas assister à l’événement ». Ceci est particulièrement significatif à Montréal, où la scène anarchiste est principalement blanche. Bien que je ne nie pas que certaines personnes voient une grande valeur dans la politique d’appropriation culturelle, je n’en ai encore rencontré aucune. La plupart des anarchistes racisé.e.s à qui j’ai parlé de ces sujets ont fait remarquer qu’iels se sentent encore plus étranger.ère.s lorsque les autres essaient de les accommoder en fonction de leurs identités, surtout lorsque ces personnes sont blanches. Il peut sembler condescendant de se voir accorder des privilèges ou d’être traité avec une attention particulière. Certain.e.s d’entre nous ne veulent pas que les politiques les protègent contre le mal. Nous préférons de loin être en mesure d’exercer notre force individuelle et collective pour relever et surmonter les défis.

Je vais faire une analogie peut-être grossière et comparer la politique d’appropriation culturelle aux services d’ordre lors des manifestations. Je pense que la plupart des personnes qui assument un rôle dans un service d’ordre ont de bonnes intentions. Ils bloquent la circulation de manière préventive afin que personne ne soit renversé par une voiture. Ils maintiennent la cohésion pour que tout le monde reste ensemble. Ils interviennent en cas de conflit interne pour que les différends soient rapidement résolus. Tout cela au nom de la sécurité collective. Ceci étant dit, je ne peux pas dire que j’ai jamais assisté à une manifestation encadrée par un service d’ordre que j’ai vraiment appréciée. Le fait qu’un groupe coordonné de personnes impose à tou.te.s les autres ce qu’il croit être le résultat le plus souhaitable n’a rien de libérateur. Il a toujours été plus gratifiant de faire face à des situations difficiles selon nos propres termes, car c’est ainsi que nous devenons plus fort.e.s ensemble. S’il s’avère que quelqu’un a fait quelque chose de nuisible au Salon du livre, j’espère que nous aurons la capacité collective de gérer cette situation en conséquence. Si nous n’y parvenons pas, je ne crois pas beaucoup en notre capacité à réaliser le changement transformationnel auquel nous aspirons en tant qu’anarchistes.

Après le meurtre de George Floyd en 2020, un groupe d’étudiant.e.s noir.e.s au secondaire qui n’avaient jamais fait de l’action politique ont organisé un rassemblement anti-police dans la ville où je vivais. Leur manifestation a rapidement attiré l’attention de certain.e.s gauchistes et anarchistes locaux racisé.e.s, qui les ont dénoncé.e.s pour avoir négligé la « sécurité de la communauté BIPOC » . L’un de leurs griefs était que les organisateur.trice.s avaient prévu un micro ouvert au cours duquel des personnes de toutes origines auraient pu exprimer leurs opinions sur le racisme et la brutalité policière. Iels partaient du principe que le fait de ne pas contrôler les intervenant.e.s mettait en danger la sécurité des participant.e.s parce qu’une personne blanche pouvait prendre le micro et dire quelque chose de préjudiciable. Ils n’ont eu de cesse de forcer les organisateur.trice.s à annuler le rassemblement, et les critiques se sont rapidement transformées en harcèlement. Les organisateur.trice.s ont reçu une multitude de commentaires haineux et menaçants. Lorsque je les ai contacté.e.s pour leur offrir mon soutien, l’un.e d’entre elleux m’a dit que c’était la première et la dernière fois qu’iel essayait d’organiser un événement politique à cause de la façon dont iel avait été traité.e. Les retombées ont été si graves que je ne serais pas étonné.e que la participation ait finalement été réduite de moitié, les gens ne sachant plus de quel côté du conflit se situer.

Finalement, les organisateur.trice.s ont quand même organisé le rassemblement. Une foule nombreuse et diversifiée s’est présentée. Tout le monde a été autorisé à prendre le micro, quelle que soit son apparence. À un moment donné, un homme blanc d’un certain âge s’est levé et a dit quelque chose de légèrement offensant. La foule l’a chahuté et quelques personnes l’ont pris à part pour lui expliquer pourquoi son commentaire était problématique. Néanmoins, tout s’est bien passé. L’homme est resté jusqu’à la fin du rassemblement, et je suis certain.e qu’il n’est pas le seul à avoir appris quelque chose de précieux de cette interaction. Plusieurs autres Blancs ont eu l’occasion de s’exprimer, et je suis heureux qu’ils l’aient fait, car leurs propos étaient réfléchis et inspirants.

Quelques semaines plus tard, le groupe qui avait boycotté le rassemblement a organisé son propre événement. Le principe était le même, mais cette fois-ci, seules les personnes racisées ayant contacté les organisateur.trice.s à l’avance ont été autorisées à prendre la parole. L’ambiance était morose. Le micro était dominé par des étudiant.e.s universitaires qui énuméraient leurs qualifications professionnelles avant de se lancer dans des monologues académiques qui ressemblaient plus à des dissertations qu’à des mots venant du cœur. En fin de compte, les barrières d’accès créées au nom de la sécurité ont abouti à un événement ennuyeux et banal. La foule était moins nombreuse et moins diversifiée que lors du précédent rassemblement.

Attendez, qu’est-ce que cette étrange tangente a à voir avec le Salon du livre ? Ce que je veux dire, c’est qu’essayer trop fort d’atteindre un certain niveau de sécurité peut être étouffant. Cela ne veut pas dire que nous ne devrions pas être attentif.ve.s à notre organisation et prévoir des situations défavorables. Cependant, la sécurité semble être devenue moins une question de protection mutuelle qu’une obsession de s’assurer que personne ne se sente jamais mal à l’aise, ce qui est une attente irréaliste. J’ai trop souvent vu des personnes racisées se battre entre elles pour la notion de sécurité au lieu de se concentrer sur les principales forces qui nous maintiennent dans l’insécurité : l’État, la police et les personnes qui soutiennent ces institutions.

Une grande partie du discours populaire basé sur l’identité a pénétré les cercles anarchistes il y a 10-15 ans. Beaucoup de choses ont changé depuis, et je pense qu’il est temps de réfléchir à l’utilité de ces idées dans notre vie quotidienne. Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à l’émergence rapide de groupes fascistes armés et organisés en Amérique du Nord. Nous avons également assisté à une augmentation de 66 % du nombre de meurtres commis par la police au Canada, avec un nombre disproportionné de victimes noires et autochtones. Pouvons-nous donc cesser d’essayer de réduire en cendres les projets des uns et des autres en raison de désaccords ? Pouvons-nous cesser de nous concentrer sur la question de savoir si les choix de vie des gens sont acceptables ou non ? Parce que lorsque les choses tourneront mal, vous avez bien raison de dire que j’aurai besoin de l’oogle blanc avec des dreads à mes côtés. Je prendrai toute l’aide que je pourrai avoir.

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L’appropriation culturelle peut sans aucun doute être un concept utile. La capacité de conserver des pratiques traditionnelles et de veiller à ce qu’elles ne soient pas modifiées par des personnes qui n’ont aucun lien historique avec elles est cruciale pour la continuité culturelle des minorités ethniques et raciales. De nombreuses pratiques culturelles uniques et distinctives doivent être protégées. Je pense également que l’appropriation culturelle est particulièrement flagrante dans le contexte des entreprises capitalistes (par exemple, les mascottes sportives offensantes, les costumes d’Halloween dégradants, les spas New Age proposant des cérémonies de la suerie, etc.) Je souhaite que tous les participants au Salon du livre se sentent relativement en sécurité et bienvenu.e.s. Cependant, je me demande dans quelle mesure cet objectif est atteint lorsque je pense à l’éventail de personnes qui pourraient être rebutées par la vision limitée de la déclaration sur l’appropriation culturelle.

Je propose que le collectif du Salon du livre ouvre ce sujet à la discussion. Je crains que la question du tarot ne soit qu’un début et que, sans l’avis du public, la politique d’appropriation culturelle continue d’être mise en œuvre de manière déraisonnable. Je suis fermement convaincu.e que la version actuelle de la déclaration sur l’appropriation culturelle pourrait aliéner les personnes mêmes qu’elle tente de soutenir. Il est temps que la communauté anarchiste plus large façonne l’avenir de cette politique.