Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

« Vague bleue », baroud d’honneur pour les petits soldats de l’extrême droite québécoise

 Commentaires fermés sur « Vague bleue », baroud d’honneur pour les petits soldats de l’extrême droite québécoise
Juil 012019
 

De Montréal-Antifasciste

Si la soi-disant Vague bleue entretenait à ses débuts l’idée d’un nouveau souffle pour le mouvement nationaliste à tendance identitaire, il semble que ses organisateurs n’aient pas appris des leçons des dernières années et soient en train de répéter les mêmes erreurs…

Suite à la première édition la Vague bleue (VB1) à Montréal, le 4 mai 2019, de nombreuses voix se sont fait entendre à l’extrême droite (dont Alexis Cossette-Trudel, de Citoyens au Pouvoir, et Donald Proulx, du Parti patriote) pour critiquer la présence de milices aux allures paramilitaires dans un rassemblement qui se voulait au départ familial et ouvert, et dont la seule présence a motivé les forces antifascistes de Montréal à se mobiliser en bloc contre l’événement. Ce désaccord en particulier a fait apparaître des fissures dans l’unité apparente du nouveau regroupement identitaire.

À un mois de la « Vague bleue (2e partie) » annoncée à Trois-Rivières le 27 juillet, et qui s’annonce encore plus boiteuse que la première édition, Montréal Antifasciste vous propose de mettre des noms sur les visages de ces différents groupes de « sécurité » (lesquels se trouvent pourtant encadrés par des centaines de policiers à chacun de leurs déplacements) et de « paramilitaires » qui s’imaginent en future armée du Québec, mais qui ont la discipline d’une portée de chatons et dont le matériel provient des sites de vente en ligne pour amateur de paintball.

Fait à noter, les pseudomilicien-ne-s de ces différents groupes, additionné-e-s, comptent pour près du quart des participant-e-s à la première Vague bleue…

Groupe Sécurité Patriote (GSP)

Initialement, GSP était le groupe de sécurité de la petite clique du Front patriotique du Québec, mais sous la gouverne de Robert Proulx, le groupe a peu à peu revendiqué son autonomie. Formé d’une quinzaine de personnes et de plusieurs sympathisant-e-s, le GSP s’est spécialisé dans la « sécurité » des manifestations et événements d’extrême droite, allant même jusqu’à s’associer avec les Soldiers of Odin, un groupe anti-immigrant comptant des membres néonazis. Suite à un différend avec le chapitre Canadien de la milice paramilitaire des III %, une partie du chapitre III % du Québec est venue grossir les rangs de GSP. De tous les groupes de ce genre mobilisés pour la VB1, celui-ci est le plus nombreux et le plus turbulent. Ses membres aiment particulièrement se prendre en photo, notamment avec un drapeau « Action antifasciste » que leur avait remis la police lors d’une manifestation à Ottawa en 2018!  Un des membres réguliers des services d’ordre du GSP, fidèle au poste à la VB1, est Stéphane Dufresne, le Rambo de Saint-Charles-Borromée qui proposait de mener un faux attentat terroriste « pour réveiller les crisse d’endormis ».

Son membership est stable, mais GSP est en conflit avec beaucoup d’autres groupes et individus. Suite à la chicane mentionnée précédemment au sujet des tenues paramilitaires dans la VB1, il est bien possible que GSP ne participe pas à le deuxième édition.

Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de GSP, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net

Robert Proulx

Christian Quevillon

Bob Giroux

René Beaudreault

Sylvain Lacroix

Jo Michaud

Denis Fortin

Jean-Pierre Colerette

Vicky Graveline

Mario Dallaire

Robin Simon

Patrick Picard

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

GSP

 

Ragnarok Nordique Society (RNS)

RNS est un petit groupe plutôt curieux, formé d’une poignée de types louches issus de divers groupuscules, dont Martin Fontaine (alias Rednek Fontaine / Rednek Breault), ancien membre de l’éphémère « La Horde », une scission de La Meute n’ayant jamais vraiment pris son envol. Le projet initial de RNS était de fonder une communauté survivaliste (et blanche, forcément) dans les Laurentides. On a aperçu des membres de RNS à la VB1 en tenue paramilitaire complète, façon GI Joe de banlieue. Martin Fontaine était également présent au pique-nique de GSP le 8 juin dernier, reconnaissable à son gilet tactique subtilement décoré du surnom « Rednek ».

Dans leur cas, il semble qu’on soit plus proche du cosplay que d’une véritable implication politique, mais il va sans dire que nous restons prudent-e-s avec les survivalistes pseudomilitaires qui adhèrent ouvertement à des idées d’extrême droite…

Pour les raisons déjà évoquées, il est possible que RNS ne participe pas à le deuxième édition de la Vague bleue. Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Ragnarok Nordique Société, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net

Martin Fontaine

Éric Dionne

Keven Molloy Gohier

Ragnarok Nordique Society

 

Les Gardiens du Québec (LGDQ et son soi-disant Support organisationnel sur le terrain)

Ce petit groupe de militant-e-s islamophobes formé autour du noyau familial de Martine Tourigny et Stéfane Gauthier (de Bécancour), avec Guillaume Bélanger, Nathalie Vézina et d’autres, s’est avéré le principal groupe organisateur de la VB1, puisque l’initiateur du mouvement, Jonathan Héroux, alias John Hex (de Trois Rivières), est pratiquement le seul membre de son groupuscule, « Le Québec Libre en Action ». Ces soi-disant gardiens du Québec ont profité de la Vague bleue pour se mettre de l’avant et recruter des nouveaux membres, dont l’inénarrable Luc Desjardins, l’un des principaux vociférateurs complotistes du bizarroïde mouvement des « Gilets jaunes Québec », très proche du tristement célèbre islamophobe Pierre Dion et du « fier » suprémaciste blanc Michel Meunier… lequel s’est d’ailleurs lui aussi joint à LGDQ dans les derniers jours!

Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Les Gardiens du Québec, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net

Stéfane Gauthier

Guillaume Bélanger

Carl Dumont

Nathalie Vézina

Luc Desjardins

Jean-Marc Lacombe

Medrick Tourigny

Nom inconnu

Nom inconnu

Les Gardiens du Québec (rien de moins, toué chose…)

 

Défense Fortifiée Storm Alliance (DFSA)

Storm Alliance, dont John Hex est issu et est encore très proche, a fourni à la Vague bleue des organisateurs (dont Nadia Fradette, alias Nadia Dumont) et des gros bras (avec son service de sécurité DFSA), tout en restant un peu en retrait. On a pu remarquer que les membres de SA formaient une très grosse partie de la VB1. DFSA, dirigé par Steven Dumont, le numéro 2 de Storm Alliance, est un service de sécurité assez classique qui affiche publiquement la volonté d’en découdre avec ses opposants.

Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de Storm Alliance et ses goons, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net

Steven Dumont

Éric Trudel, No1 de Storm Alliance

Dave Tregget, fondateur et ancien No1 de Storm Alliance

Mario Roy

William “Dou”

Nancy Sirois

Stéphane Laflamme

Michel Meunier

Gérald Bédard

Patrick Bilodeau

Alex Maltais

Mikky Poitras

Yannick Veilleux

André Lavigueur

Vincent Hamel

Natacha Pelchat

Bruno Lemay

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

 

La Meute

Même si La Meute s’est faite plutôt discrète dans la VB1, nous avons facilement pu y reconnaître de nombreux visages dans un service d’ordre « fantôme » (sans les couleurs, tous et toutes en linge de mononcle) autour de Stéphane Roch, l’un des principaux dirigeants jusqu’à la toute récente implosion. François Cousineau, le chef du Clan 06 (Montréal), y était aussi. On reconnaît bien ici la stratégie de La Meute, toujours très jalouse de son image : une présence de quelques membres pour dire « qu’ils étaient là dès le début » au cas où la Vague bleue fonctionne, mais sans porter leurs couleurs, au cas où elle échoue lamentablement. Une stratégie qui n’empêche pas le groupe de s’entre-déchirer depuis plusieurs semaines, pour notre plus grand plaisir. 

Si vous avez des renseignements à nous communiquer au sujet des membres de La Meute, veuillez écrire à alerta-mtl @ riseup.net

Stéphane Roch, membre de “la Garde”

François Cousineau, “Gardien” du Clan 06, Montréal

Mario Millaire

Tonio Sergerie

William Johnson

Rhoda Bourque

Bertrand Jocelin

Alain Giroux

Nom inconnu

Alias June Leloup

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Nom inconnu

Service d’ordre de La Meute à la Vague Bleue.

 

Personnages divers…

Jonathan Héroux, alias John Hex, le principal organisateur de la Vague bleue.

Stéphane Gagné, alias le General Lee de la Mauricie, un énèrgumène islamophobe ouvertement raciste et sexiste.

Guy et Denis Boulanger, du Front patriotique du Québec.

Donald Proulx, du Parti patriote.

Maxime Morin et Guillaume Beauchamp, le duo de vidéastes d’extrême droite DMS.

Un motté random portant un t-shirt du groupe néofasciste Atalante.

David Leblanc, un suprémactiste blanc, membre des Soldiers of Odin Québec, portant un chandail “The North Race”.

 

La Vague bleue, une vaine tentative de recomposition de l’extrême droite islamophobe

Il y a un an de cela, nous aurions pu nous inquiéter de l’émergence d’un phénomène comme la Vague bleue, mais celle-ci semble aujourd’hui se briser d’elle-même. Après avoir été férocement reçue à Montréal, privée de camion de son et confinée dans un espace exigu (une stratégie qui semble payante pour les forces antifascistes!) ses organisateurs ont dû repousser la date de la Vague Bleue 2 à Trois-Rivières suite à la pression populaire.

Même si la Vague bleue arrive peut-être un peu tard, force est de constater que les idées des groupes national-populistes qu’elle représente se sont insinuées jusqu’au cœur du pouvoir avec l’élection de la CAQ et l’introduction de mesures législatives anti-immigration et clairement islamophobes. À ce titre, il est intéressant de remarquer qu’au moment même où le projet de loi 21 sur le port de signes religieux est adopté à l’Assemblée nationale, les organisations d’extrême droite les plus visibles qui portent la vision alambiquée de la laïcité qui sous-tend cette loi (La Meute, Storm Alliance, etc.) sont en déroute ou en déclin, et que d’autres ont carrément disparu de la carte dans les derniers temps.

S’il est permis de se réjouir de cette débandade, il est à craindre que ces groupes national-populistes se recomposent sous d’autres formes pour demander toujours plus de mesures discriminatoires à l’encontre des minorités religieuses et des immigrant-e-s. D’autant plus qu’ils trouvent au gouvernement une oreille attentive, sinon carrément sympathique. C’est pourquoi les luttes antiracistes et antifascistes sont plus nécessaires que jamais.

Le travail ne fait que commencer. Rejoignez la lutte!

Solidarité avec les défenseur.es de fiérté, liberté pour Cedar!

 Commentaires fermés sur Solidarité avec les défenseur.es de fiérté, liberté pour Cedar!
Juin 272019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 15 juin 2019, un festival de Fierté de la communauté queer et transgenre de Hamilton, « Ontario » a été attaqué par un groupe de homophobes de l’extrême droite, de fondamentalistes chrétiens et de néo-nazis. Comme ils ont fait en 2018, ils sont arrivés avec de grandes pancartes et des bannières homophobes, commençant immédiatement de lancer des insults et des injures. Ils ont agressivement harcelé les individus au festival Fierté, faisant des blagues sur le viol et menançant la violence physique. Afin de bloquer ces bigots et de protéger la communauté, une grande bannière noire a été érigiée par quelques queers. Les homophobes n’ont pas aimé ça, et ils ont attaqué ces personnes. Ils ont commencé une bagarre, mais les personnes gaies, trans, et antifascistes qui ont refusé de permettre la présence de ces cons ont fièrement riposté. Certain.e.s ami.e.s ont été blessé.e.s et ont eu besoin des premiers soins. La police de Hamilton n’a rien fait pendant le conflit d’une heure et ils se sont presentés quand il n’y avait plus rien à faire. Les homophobes ont accueilli l’escort policière pour quitter le parc. Malheureusement, ils ont harcelé et chassé d’autres queers dans le quartier plus tard dans la journée et la semaine après ils ont attaqué d’autres gens à Fierté Toronto.

Après ces événements, la police de Hamilton ont senti menacée – les communautés qui se sentent autonomisées et capables d’utiliser de la force pour se défendre affaiblit l’autorité de la police. Par conséquent, les policiers ont focalisé toute leur énergie sur la poursuite de certaines personnes queers, trans et anarchistes de la ville, les harcelant toute cette semaine comme punition. Samedi le 22 juin la police a mis en prison Cedar, un.e ami.e qui n’a pas été au festival, mais qui la police veut cibler parce que Cedar a publiquement critiqué leurs actions. Ille a été en grève de la faim pendant 5 jours afin de protester contre cette mesure vengeresse et ille reste présentement encore en prison. Il se peut qu’il aille prendre des semaines avant que Cedar puisse avoir une audience de libération conditionnelle. Plus tard dans la semaine deux autres ami.e.s ont été arrêté.e.s et accusé.e.s de bris de probation basé sur un soupçon d’avoir été au festival. Aucun de ces homophobes n’avait été initialement accusé par la police ou appréhendé à l’événement, malgré la circulation majeure de leurs visages, leurs noms et des vidéos de leurs actions violentes, jusqu’à hier quand la pression publique a obligé la police à charger Chistopher Vanderweide avec aggression armée. Nous opposons au système carcérel et colonial de l’État, mais la repression unilatérale dirigée premièrement vers ceux et celles que la police soupçonnent d’être les défendeurs de Fierté est revelateur une fois encore de leur position et leur objectif : proteger les personnes racistes, homophobes et misogynes.

Le concept de « queer » peut comprendre notre sexualité ou notre genre, mais pour nous il veut dire beaucoup plus que ça. Il est une territoire de tension qu’il faut défendre. On est en solidarité avec Cedar et les personnes accussées en connection avec cet événement, aussi bien que toute personne gaie ou trans qui est en prison pour une contre-attaque. On sait que les queers de hier se sont courageusement battues pour notre existence, contre les homophobes et les néonazis aussi bien que contre la police. On se souvient de la Rebellion de Stonewall comme étant une émeute de quatre jours contre la police et l’explosion de la rage gaie et trans qui a donné naissance aux mouvements de liberation à venir. On sait que les personnes gaies et trans qui sont sans abris ou travailleur/se de sexe font face à la repression policière de jour en jour aussi bien que les personnes gaies et trans, surtout celles qui sont racialisées, sont attaquées, criminalisées, incarcérées et même assassinées de manière disproportionnelle. Notre défense est nécessaire pour assurer notre existence. Personne n’est libre avant que tout le monde soit libre.

Liberté pour Cedar! Abandonnez toutes les charges retenues contre les défenseur.es de Fierté!
Le contexte en anglais:
https://north-shore.info/2019/06/19/hamilton-pride-2019-reportback/
https://north-shore.info/2019/06/22/this-is-why-you-werent-invited-hamilton-police-target-queers-fighting-back/
Une levée de fonds est nécessaire pour les frais juridiques. SVP, faites un don ici: the-tower.ca/donate ou thetower@riseup.net

Atalante et ses partisan.e.s – Partie 2: FolkYou et l’infiltration du folk par l’extrême-droite

 Commentaires fermés sur Atalante et ses partisan.e.s – Partie 2: FolkYou et l’infiltration du folk par l’extrême-droite
Mai 172019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal Antifasciste a récemment publié un long dossier sur l’organisation néofasciste Atalante Québec. On peut notamment y découvrir les liens avec des organisations à l’internationale, le projet politique du groupe inspiré du fascisme ainsi qu’une identification des principaux membres du groupe à Québec et à Montréal.

La partie consacrée au band RAC Légitime Violence nous a montré que ce genre d’organisation a besoin d’investir certains terrains, notamment des scènes musicales contre-culturelles, en particulier la scène métal, le tatouage, la politique, les universités, les jeux grandeur nature pour recruter. Le travail d’identification est donc encore loin d’être terminé.

Nous publierons dans les prochains mois une série de courts articles intitulée « Atalante et ses partisan.e.s ». L’objectif est d’y présenter des personnalités publiques, membres ou proches d’Atalante, qui participent à leur façon à populariser et à normaliser l’organisation.

Dans cette seconde partie nous nous penchons sur la scène folk et nous vous présentons le groupe FolkYou, dont au moins trois de ses membres ont des liens avec l’extrême-droite et notamment avec Atalante Québec. Ces liens permettent d’expliquer pourquoi Légitime Violence trouve facilement une salle lorsqu’elle veut jouer à Québec : le Studio Sonum.

Sylvain « Vevin » Cloutier, le « repenti »

Sylvain Cloutier

Sylvain Cloutier, alias « Vevin » avec ses tatouages bien visibles du Ste-Foy Krew, 1488 et du soleil noir.

Sylvain Cloutier 2

La plus récente photo sur le compte Facebook de Sylvain « Vevin » Cloutier le montre avec un t-shirt du groupe métal d’extrême-droite Graveland. La photo date du 25 janvier 2019 lors d’un concert de son autre groupe, Neurasthene.

« De suprémaciste blanc à chanteur folk », c’est ainsi que Le Soleil titrait un article consacré à Sylvain Cloutier, chanteur du groupe FolkYou en mars 2018. Cet article nous faisait part de la supposée rédemption du musicien après plusieurs années passées au sein de l’extrême droite la plus radicale de la ville de Québec.

Ste-Foy Krew, la Fédération des Québécois de souche, les groupes de musique néonazis Prison Bound, Elyab et Dernier Guerrier ont tous pu compter dans leur rangs « l’étudiant au baccalauréat en musique de l’Université Laval ». Ce dernier est également apparu dans des groupes comme La Ferraille dans lequel il se déguisait en pirate..

«Être un gros chr… de raciste et être un nazi, c’est stupide. Du racisme et du nazi, tu n’en trouveras jamais dans Folk You.» assurait « Vevin » Cloutier tout en ajoutant : «S’il y a des gens qui veulent me faire tomber moi, fine, mais pas le reste de Folk You. Je ne veux pas que la m…. retombe sur le reste de mon band, car ils n’ont absolument rien à voir là-dedans».

Après enquête, nous pouvons affirmer que ces déclarations étaient bel et bien fausses. En effet, il n’a pas fallu chercher longtemps pour trouver non pas un mais bien deux autres suprémacistes blancs associés à FolkYou et ce, depuis la fondation du groupe.

bergy et vevin

Sylvain « Vevin » Cloutier (à droite) accompagné du membre d’Atalante, Mathieu Bergeron. La photo est prise lors d’un concert du groupe Légitime Violence au Studio Sonum. À noter que Cloutier porte un t-shirt néonazi Vinland Misanthropic Division.

Steve « Rebel », le co-fondateur

Fondé en 2014, FolkYou semble surtout être composé d’un noyau dur formé par Sylvain Cloutier, Félix Latraverse et un autre individu surnommé « Steve Rebel ». Si les liens avec l’extrême droite de FolkYou n’ont pas toujours été évidents à démontrer, ce n’est vraiment pas le cas pour monsieur « Rebel ».

Steve Rebel 4En effet, le joueur de banjo affiche fièrement un tattoo « 1488 » sur ses jointures. Sa photo de profil la plus récente publiée sur Facebook ne laisse d’ailleurs aucun doute sur ses allégeances politiques néonazies, lui qui porte une patch de la Totenkopf.

À tite d’information, « 1488 » est un code utilisé par les militants néonazis de tout acabit depuis les années 80. Le 14 fait référence aux Fourteen Words, une citation du militant du Ku Klux Klan David Lane et le 88 signifie Heil Hitler (H étant la 8e lettre de l’alphabet). La Totenkopf, quant à elle, était un insigne que portait les officiers SS nazis chargés de la garde des camps de concentration durant l’époque hitlérienne. Disons que ça ne laisse pas vraiment place au doute.

Étrangement, « Steve Rebel » semble quitter le groupe quelques semaines avant la publication de l’article du Soleil, en 2018. Coïncidence?

Félix Latraverse, le guitariste

16387370_10158220159355422_6093589141273031101_n

Le trio fondateur de FolkYou, Steve Rebel, Sylvain Cloutier et Félix Latraverse (de gauche à droite).

En décembre 2018, Montréal Antifasciste publiait un dossier complet sur le groupuscule néo-fasciste Atalante Québec. C’est au sein de ce dossier que nous retrouvons un peu plus d’informations sur le troisième membre fondateur de FolkYou, Félix Latraverse, qui a notamment paradé avec Atalante Québec en septembre 2016.

En effet, en plus de jouer dans FolkYou depuis la fondation du band, Latraverse se trouve également à être le plus récent guitariste du groupe phare d’Atalante, Légitime Violence. Il a d’ailleurs pu en profiter pour se rendre en Europe en novembre 2018 avec ces derniers pour une tournée musicale. Ensemble, ils ont pu visiter les plus belles destinations néo-fascistes des vieux continents.

latraverse_band

Félix Latraverse lors de sa tournée européenne aux côtés de Légitime Violence.

Latraverse est également un musicien ayant participé à de nombreux projets musicaux, particulièrement dans la scène métal. C’est exactement le genre de personne qui peut faciliter les liens entre Atalante, c’est-à-dire la politique, et les contre-cultures musicales. Sous le pseudonyme de « Fix », ou encore « Ti-Wis », le musicien a pu jouer dans les groupes Neurasthène (avec Sylvain Cloutier, également de FolkYou), Haeres, Aborgnon, Délétère, Blood Plot, Hollentur, Hymen, Dimentia et Dèche Charge, notamment.

La « Vague bleue » frappe un mur à Montréal : les antifascistes forcent (une fois de plus) la protection policière d’une manifestation nationaliste identitaire

 Commentaires fermés sur La « Vague bleue » frappe un mur à Montréal : les antifascistes forcent (une fois de plus) la protection policière d’une manifestation nationaliste identitaire
Mai 072019
 

De Montréal Antifasciste

Montréal, le 6 mai 2019 – Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) a été massivement déployé à Montréal samedi dernier pour protéger quelques centaines de colons nationalistes mobilisés par une poignée de groupuscules identitaires.

Comme nous l’avions rapporté la semaine dernière, la « Vague bleue » était en fait organisée par différents individus liés à Storm Alliance, le Front patriotique du Québec et d’autres groupuscules nationalistes issus de ce que nous appelons la « fachosphère » québécoise. C’est finalement la crème de la crème de ce que le Québec compte de nationalistes frustrés, de miliciens de pacotille et de patriotes de marché aux puces – pas plus de 400 personnes* – qui se sont retrouvés contenus entre deux lignes d’antiémeute devant les locaux du réseau TVA à Montréal, supposément pour soutenir le projet de loi 21.

De son côté, en moins de dix jours le milieu antifasciste montréalais a mené une solide campagne d’information et est parvenu à mobiliser entre 150 et 200 militant-e-s déterminé-e-s pour forcer le déploiement d’un imposant dispositif policier autour de la manifestation nationaliste. Dispositif que le cortège antiraciste a néanmoins réussi à déjouer pas moins de trois fois!

On doit dire que même si c’était une journée bizarre à plusieurs égards, nous en dressons un bilan positif. D’une part, on s’est plutôt bien amusé à tourner autour des « rednecks » et à faire courir les flics dans tous les sens. Par ailleurs, si l’on compare le bénéfice net de la mobilisation identitaire et celui de la contre-manifestation antiraciste, nous en ressortons avec un clair avantage. Une réussite complète aurait été d’empêcher physiquement ou de forcer l’annulation de l’événement, mais dans les circonstances, un pareil scénario était impensable. À défaut, maintenir la pression au maximum est la seule option possible, et c’est ce que nous avons clairement réussi à faire.

À cet égard, notons qu’après quatre mois d’organisation intense, pour 2 300 personnes ayant confirmé leur participation et 5 400 ayant signifié leur intérêt sur Facebook, à peine quelques centaines de schtroumpfs laïcs ont répondu à l’appel le jour venu. Les catho-laïcards se sont retrouvés enfermés dans une boîte hermétique pendant plusieurs heures, sans eau, nourriture, accès aux toilettes et animation, où personne ne les a vus ou entendus à part les flics déployés pour les protéger (qui eux-mêmes ont eu l’air de les trouver pitoyables). De plus, les barrages de flics ne laissaient pas facilement passer les personnes qui voulaient assister à la « flaque bleue ». Il fallait être « parrainé » par une personne de l’intérieur qui devait venir elle-même vous accueillir au point d’entrée. De telles restrictions résultent directement de la pression que nous avons exercée et a contribué à réduire le nombre de personnes sur place.

De notre côté, il y avait plus de contre-manifestant-e-s mobilisé-e-s en personne que d’usagers Facebook ayant signifié leur participation! De plus, notre campagne d’information a culminé le 4 mai par la distribution de 5 000 tracts dans le secteur, aux résident-e-s, touristes et passant-e-s. Ainsi, à certains égards, le rassemblement bleu-brun des catho-laïcards nationalistes nous a aidé-e-s à sensibiliser la population et à renforcer notre implantation dans le quartier.

Tactiquement, nous avons réussi à contourner le dispositif policier à trois reprises : une première fois sur Alexandre-De Sève (à la faveur d’une connaissance intime du quartier), une seconde fois sur Papineau (où un premier contact avec la « Vague bleue » a immédiatement dégénéré lorsqu’un carabinier du SPVM a tiré à hauteur de tête sur le cortège antiraciste; notons d’ailleurs qu’un manifestant antiraciste a été blessé au visage), puis une troisième fois, 45 minutes plus tard, lorsque les antifascistes ont réussi à se regrouper pour venir se camper tout près de la « Vague bleue » devant TVA, au coin des rues Maisonneuve et Champlain. Ce dernier rebondissement a d’ailleurs forcé les organisateurs de la « Vague bleue » à déplacer précipitamment leur camion de son, ce qui les a privés d’animation pour le reste de la journée!

Le troisième acte de la contre-manifestation s’est traduit par un face-à-face prolongé avec la « Vague bleue », laquelle est restée rigidement contenue par le dispositif policier sur Maisonneuve entre Champlain et Alexandre-DeSève. Là encore, la mobilité des antiracistes leur a permis de poursuivre le travail d’information en marge de la manifestation identitaire, d’engager des dizaines de conversations avec les résident-e-s du quartier (et même avec certain-e-s manifestant-e-s nationalistes), et de documenter parmi la « Vague bleue » la présence de très nombreux individus liés de près à l’extrême droite.

Parmi ceux-ci, plusieurs membres connus de Storm Alliance, des Soldiers of Odin, du Front patriotique du Québec et son groupe de sécurité, de La Meute, des soi-disant « Gardiens du Québec », d’une milice louche appelée Ragnarok Nordique Society dont le leader se fait appeler Redneck Breault  (bonjour la laïcité, en passant), les ding et dong antisémites de DMS (rebonjour la laïcité, les royalistes cathos intégristes!), des adeptes de la théorie du complot « Q Anon », et toute la ménagerie des mascottes folkloriques de la fachosphère, comme Robert Proulx, Stéphane Gagné, Michel Meunier, Donald Proulx, René Blaireau, Michel Éthier, Stéphane Dufresne… et au moins un motté perdu avec un t-shirt d’Atalante.

Soulignons finalement l’ironie d’apercevoir dans cette manif prolaïcité, de manière bien ostentatoire (!), le Carillon-Sacré-Cœur, une version caduque du drapeau du Québec dont se réclame la frange ultra-catholique du mouvement nationaliste québécois, comme certains éléments de la Fédération des Québécois de souche.

Au moins une insolation s’est produite du côté bleu, et nous déplorons un blessé et deux interpellations pour des délits mineurs du côté antiraciste.

///

Bilan globalement fort positif, donc, pour cette longue journée de mobilisation contre la « Vague » identitaire. On a certainement eu plus de fun que les laïcards emboîtés! Tel que promis, le quartier s’est défendu contre l’affront que venaient lui faire les promoteurs de cette ondée passagère, et pour rappeler qu’en dépit des hululements réactionnaires, et malgré l’adversité intense du SPVM, Montréal est et restera antiraciste!

///

Photos:

Une revue de presse sommaire :

La Presse :
https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201905/04/01-5224686-manifestation-en-appui-au-projet-de-loi-sur-la-laicite.php

Huffington Post :
https://quebec.huffingtonpost.ca/2019/05/04/quelques-centaines-manifestants-defilent-appui-projet-loi-21_a_23721675/

Radio Canada :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1167921/manifestation-projet-loi-21-laicite-montreal-antiraciste-vague-bleue

Reportage de TVA :
https://www.tvanouvelles.ca/2019/05/04/face-a-face-entre-les-partisans-et-les-opposants-de-la-laicite-1


*Le Journal en ligne Le Peuple, l’un des sites les plus prolifiques de la fachosphère national-populiste, parle plutôt de 300 personnes…

 

La « Vague bleue » : quand la fachosphère sort de sa bulle

 Commentaires fermés sur La « Vague bleue » : quand la fachosphère sort de sa bulle
Avr 282019
 

De Montréal-Antifasciste

La « Vague bleue » : c’est quoi?

La « Vague bleue » est un rassemblement citoyen qui doit avoir lieu le samedi 4 mai, à 14 h, devant les locaux du réseau TVA à Montréal. Initialement, ce projet s’inscrivait en continuité avec les rassemblements hebdomadaires des soi-disant « Gilets jaunes » du Québec (dont nous avons déjà parlé) qui avaient lieu tous les samedis au même endroit et à la même heure depuis décembre 2018. Le thème central de la « Vague bleue » était une adaptation de la revendication française du RIC (Référendum d’initiative citoyenne), sous la forme d’une « constitution citoyenne » pour le Québec. Le rassemblement s’annonçait donc au départ comme une manifestation patriotique civique, menée par un amalgame de groupuscules identitaires connus principalement pour leur activité sur les médias sociaux. Le point de convergence de tous ces groupes est l’attachement obsessif au projet indépendantiste dans une perspective « patriotique » de ligne dure caractérisée par une xénophobie ouverte, une islamophobie enragée et un racisme à peine voilé.

La chambre d’échos où évoluent ces soi-disant patriotes dans les médias sociaux est ce que nous avons appelé la « fachosphère » au cours des dernières années, car il y circule un mélange toxique d’opinions xénophobes et racistes, de fausses nouvelles montées en épingle en appui aux biais de confirmation des participant-e-s, de théories du complot et d’idées de plus en plus radicales sur l’immigration, le multiculturalisme et la diversité, allant de commentaires réactionnaires aux théories purement fascistes tirées de sources d’information connues pour être animées par des suprémacistes blancs et autres personnages d’extrême droite.

Cette nébuleuse, habituellement confinée aux médias sociaux et ne sortant de la sphère virtuelle qu’assez rarement à l’occasion de manifestations souvent bancales, a toutefois quelque peu ajusté sa manière habituelle de mobiliser, et il est possible que nous assistions à une reconfiguration de l’extrême droite islamophobe dans la foulée de la « Vague bleue » (disparition de certains groupes, alliance, fusion, nouveaux groupes). L’avenir nous le dira.

La mobilisation autour de la « Vague bleue » était déjà inhabituelle, avec plusieurs centaines de personnes intéressées par l’événement au bout de quelques semaines. Mais le tournant décisif a eu lieu au début du mois d’avril, à peu près un mois avant le rassemblement, lorsque les organisateurs ont ajusté le message de la « Vague bleue » pour y accoler un soutien total au projet de loi 21 « sur la laïcité » (qui sert en fait plutôt à légaliser la discrimination en interdisant le port de signes religieux par les employé-e-s de l’État). En deux semaines à peine, l’événement Facebook a explosé : plusieurs centaines de personnes ont partagé l’événement et signifié leur intérêt, ce qui s’est traduit par des milliers de nouvelles invitations. Il est permis de croire que ce sont les nombreuses mobilisations successives contre le PL21 à Montréal (notamment le 24 mars et les 7 et 14 avril), dont certaines ont réuni plusieurs milliers de personnes, qui ont poussé les islamophobes à sortir du bois et à se mobiliser en masse.

Le « petit » événement lié aux « Gilets jaunes » a donc perdu son objectif initial, une éventuelle constitution du Québec dont plus personne ne parle, pour se réorienter vers un appui militant au projet de Loi sur la laïcité introduit par la CAQ.

On a donc ici, pour résumer :

  • un rassemblement de nationalistes xénophobes frustré-e-s;
  • devant les locaux du réseau de télévision de l’empire médiatique Québécor (nationaliste), qui nourrit quotidiennement le feu de la xénophobie et de l’islamophobie au Québec avec sa petite armée de chroniqueurs et chroniqueuses réactionnaires;
  • en appui au projet de loi liberticide et islamophobe le la CAQ, un parti conservateur à la tête d’un gouvernement majoritaire!

On voudrait inventer un scénario de manifestation aussi absurde, qu’on ne le pourrait pas!

Qui organise? Qui participe?

Plusieurs organisations et groupuscules ont appelé au rassemblement et relaient l’invitation. Il peut s’avérer difficile de démêler quels sont les groupes qui mobilisent vraiment et les « one man show » comme le Parti patriote de Donald Proulx. On peut toutefois distinguer les principaux groupes qui sont au cœur de la mobilisation, à la fois sur les médias sociaux et par l’activité « in real life » de certains de leurs membres les plus crinqué-e-s. Notons que même si ces individus sont associés plus intimement à un groupe ou un autre, ils communiquent et interagissent tous entre eux et avec d’innombrables autres personnages du même acabit sur Facebook.

Les captures d’écran ci-dessous devraient largement suffire à démontrer que cette nébuleuse militante « patriotique » est définie davantage par une islamophobie enragée que par un véritable soucis de réaliser l’indépendance nationale du Québec.

— Le Québec Libre en Action (relié au Recours collectif contre Revenu Québec), un groupe formé par Jonathan Héroux (connu sous le nom de John Hex sur Facebook) après son départ du groupe anti-immigration Storm Alliance, dont il faisait auparavant partie de l’exécutif. Héroux/Hex est vraisemblablement l’initiateur et le principal organisateur de la « Vague bleue ». Il anime la page Facebook « Le Québec, un pays dirigé par le peuple », qui est à l’origine de l’événement de la « Vague bleue ». Son principal fait d’armes jusqu’à maintenant était l’organisation d’un rassemblement de 15 personnes à La Malbaie durant le sommet du G7 en juin 2018. Il jouit d’une excellente réputation dans la fachosphère québécoise, et les vidéos qu’il diffuse en direct des rassemblements de la droite identitaire sont très suivies. Jocelyn Houle, un hurluberlu qui croit que  « les médias de masse et les politiciens sont contrôlés par les francs-maçons», est un autre membre de Québec Libre en Action.

Les Gardiens du Québec (LGDQ) et leur groupe de « sécurité » SOT (Support opérationnel sur le terrain). LGDQ est l’organisation qui a pris la place de La Horde, une épisodique scission de La Meute. Martine Tourigny, alias Tina Gauthier, a été désignée par Jonathan Héroux comme coorganisatrice de la « Vague bleue ». Le conjoint de Martine Tourigny, Stéfane « Gizmaux » Gauthier, alias Legardien Dukébec, est vraisemblablement un autre membre central de LGDQ et du SOT. Un autre personnage de ce groupe très actif en ligne est Éric « Wild Wolf » Rochon. Guillaume Bélanger a aussi été photographié avec les organisateurs de la « Vague bleue ».

— Le Front patriotique du Québec (FPQ) et son Groupe de sécurité patriotique (GSP), mené par Robert Proulx et autour duquel gravitent un grand nombre de têtes connues des rassemblements identitaires, dont Mario Dallaire, Robin Simon, Sylvain Lacroix et Stéphane Dufresne, lequel a récemment fait l’objet d’un article sur le site de Montréal Antifasciste pour avoir proposé de mener un faux attentat terroriste. Dans les deux dernières années, le FPQ a d’ailleurs été à l’origine des manifestations printanières dont on pourrait dire qu’elles étaient des précurseurs de la « Vague bleue » (23 avril 2017, 15 avril 2018). Le GSP est très proche des III % Québec, une pâle copie de la milice patriotique d’extrême droite créée aux États-Unis en 2008, qui s’est donné pour mission de se déguiser en GI Joe d’opérette pour « protéger » les manifestations identitaires québécoises contre des ennemis imaginaires. Il semble que les III %, sous la houlette de l’« officier commandant provincial » Éric Vachon, soient actuellement en dormance ou en reconfiguration.

— Les soi-disant « Gilets jaunes du Québec » (dont le lien de parenté avec le mouvement français est tellement ténu qu’il est pratiquement inexistant) regroupent une poignée de membres et militant-e-s d’autres véhicules identitaires, divers électrons libres et plusieurs personnages folkloriques (dont le « Piratriote » Michel Éthier, le gosseux de styrofoam Claude Roy, et d’autres). Michel Meunier, alias Mickey Mike, un suprémaciste notoire qui s’est réjoui du massacre de 50 personnes de confession musulmane à Christchurch et avait souhaité un nouvel attentat contre la communauté musulmane du Québec en décembre 2017,  s’est offert pour faire du repérage et de l’affichage dans le secteur où doit avoir lieu la « Vague bleue ». Luc Desjardins est un autre « gilet jaune » qui mobilise activement pour la « Vague bleue ». Une figure centrale de cette distribution de bozos est le super-clown Pierre Dion, dont la soif chronique d’attention nous permet d’anticiper avec quasi-certitude qu’il sera de la partie.

Storm Alliance (SA) (et son groupe de sécurité « DFSA », pour Défense fortifiée Storm Alliance) appelle aussi ses membres à se présenter au rassemblement. Rappelons que SA est issu d’une scission des Soldiers of Odin Québec et s’est illustré en organisant plusieurs rassemblements anti-immigration dans les dernières années, notamment à la frontière avec les États-Unis. Nadia Fradette, alias Nadia Dumont, membre de Storm Alliance, qui est une participante typique de la fachosphère par ses partages xénophobes et islamophobes, organise les transports en bus vers la « Vague bleue ».

///

À peu de choses près, tous les groupuscules identitaires mobilisent donc pour ce rassemblement, à l’exception de La Meute, qui autorise toutefois ses membres à s’y rendre sans leurs couleurs, et les organisations ouvertement fascistes comme Atalante, ou secrètement nazies comme la FQS.

La présence d’islamophobes et de racistes notoires comme Michel Meunier au sein de l’organisation de la « Vague bleue », et le fait que les autres militant-e-s ne s’en dissocient pas malgré la montagne de preuves accumulées de leur intolérance raciste, démontre clairement la vraie nature de cet événement. Ce n’est pas tant un rassemblement pour le Québec que contre l’immigration et les communautés musulmanes.

Montréal est et restera antiraciste. La « Vague bleue » n’est pas la bienvenue à Montréal! Ce n’est que par l’action concertée et déterminée des résidentes et résidents de notre belle ville que nous pourrons bloquer le chemin aux xénophobes et réaffirmer son caractère accueillant et diversifié.

Parce qu’à Montréal, c’est comme ça qu’on vit!

///

Appel à manifester:

PAS DE RACISTES DANS NOS QUARTIERS

Manifestation antiraciste en marge du rassemblement de la “Vague Bleue

4 mai 2019, midi Métro Papineau

–> https://www.facebook.com/events/395532084510020/

Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste

 Commentaires fermés sur Un membre des III % du Québec propose de mener un « faux » attentat terroriste
Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Il eut suffi d’un clin d’œil pour passer à côté de cette histoire en novembre dernier, celle de Stéphane Dufresne (proche des III % Québec et du Front patriotique du Québec), de sa discussion privée au sujet de la nécessité d’un « fake attentat terroriste » et de ses nombreuses allusions à « des plans concrets ». Même si l’histoire est d’abord apparue en ligne en mars 2018, la seule mention de cette affaire dans les médias de masse est arrivée six mois plus tard dans un article de la Gazette. Montréal Antifasciste a par ailleurs été en mesure de tracer un lien direct entre Stéphane Dufresne et un homme soupçonné par la GRC d’avoir voulu importer des armes au Canada dans un dessein terroriste. Le contexte entourant ce fait divers étant pour le moins préoccupant, nous avons cru bon nous y pencher un peu plus attentivement.

La fuite du groupe de discussion

Tout a commencé en mars 2018, lorsque le compte Twitter Le Troupeau révélait le contenu d’une discussion privée impliquant un certain nombre d’individus actifs dans différents groupes d’extrême droite québécois. Le salon de discussion en question s’appelait « Patriotes du Québec » et était hébergé sur la plateforme MeWe (une sorte d’imitation de Facebook). Au fil de la discussion, l’utilisateur « Phénix le Patriote » (qui a plus tard changé son pseudonyme pour « Stéphane le Patriote ») laisse tomber : « Il faudrait un fake Attentat [sic] terroriste pour réveiller les crisses d’endormis question de leur fourrent [sic] la trouille », ce à quoi l’utilisateur Heinrich Himmler répond : « Ouan mais au [sic] ultra grosse précaution ». Il est bien sûr souvent difficile de différencier les paroles creuses des authentiques menaces d’action dans les réseaux sociaux, mais la réponse de « Phénix » à cette mise en garde suggère l’existence de vrais plans : « Oui, évidemment!!!! Mais t’inquiète, plusieurs actions s’en viennent ».

« Phénix le Patriote » exprime un point de vue étonnant sur le terrorisme.

Dans le même salon de discussion, « Phénix » se vante de ses prouesses au champ de tir (image 2cibles chat.jpg) et mentionne qu’il s’entraîne au Krav Maga (un assemblage de différentes techniques d’arts martiaux).

« Le Patriote » exhibe ses cibles de pratique de tir.

« Le Patriote » s’entraîne au KravMaga.

Qui participait à cette discussion?

Qui donc se trouvait dans ce groupe de discussion à l’abri des regards indiscrets? « Phénix Le Patriote », qui a changé son pseudo pour « Stéphane Le Patriote » au courant de la discussion, laisse une série d’indices exposés dans la fuite du Troupeau. Le plus flagrant de ces indices est la photo de lui-même que « Le Patriote » affiche dans le groupe de discussion, car il a eu la maladresse d’afficher une autre image de lui portant les mêmes vêtements sur son compte personnel (Stéphane Dufresne) sur Facebook:

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, dans le groupe de discussion MeWe.

Tuque rouge et blouson gris-vert avec un insigne des Patriotes sur le bras gauche, sur le compte Facebook personnel de Stéphane Dufresne.

En jetant un coup d’œil au compte Facebook de Stéphane Dufresne, on s’aperçoit d’ailleurs assez vite que son profil d’utilisateur reprend le surnom « Le Patriote », tout comme son compte MeWe:

Son nom d’utilisateur Facebook est « Stéphane Dufresne (Dit Le Patriote) »

Et qu’il suit des cours de Krav Maga à Joliette:

Dufresne “feeling awesome at Dojo Yosanryu”, à son cours de Krav Maga.

La mention de Joliette correspond également avec les photos des cibles mentionnées ci-dessus, qui sont marquées du logo du Club de tir de Lanaudière, précisément situé à Joliette, Québec:

Le logo des cibles de pratique du « Patriote » correspond à celui du Club de Tir de Lanaudière.

Le blouson distinctif de Dufresne est aussi un indice clé permettant de le détecter dans les nombreuses manifestations auxquelles il a participé (voir ci-dessous), puisqu’il porte invariablement le même écusson du tricolore patriote sur le bras gauche et le drapeau du Québec sur le bras droit, comme ici, lors de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ », à Montréal, le 23 avril 2017.

Dufresne, à droite, avec le même blouson que dans le groupe de discussion sur MeWe. On reconnaît sur la même photo Robert Poulx, à gauche, et le bonehead Philippe Gendron, pantalon rouge, dans le service de « sécurité » de la manifestation « Tout le monde se lève contre le PLQ » du Front patriotique du Québec, le 23 avril 2017.

Voilà qui règle le cas de Dufresne, mais qui sont les autres individus qui prennent part à cette discussion? La personne se cachant derrière le pseudo « Heimlich Himmler » (l’un des membres dirigeants du parti nazi, numéro un des SS et principal maître d’œuvre de l’Holocauste), qui conseille à Dufresne de prendre de « grosses précautions » est lui aussi assez facile à identifier, puisque Dufresne s’adresse à lui par le nom d’Alan Kovak:

Dufresne réfère à « Heinrich Himmler » comme Alan Kovak.

Alan Kovak (de son vrai nom Martin Minna) a traîné pendant un temps avec des militant-e-s d’Atalante, comme on peut le constater dans cette photo qu’il a lui-même publiée sur Facebook, avec Shawn Beauvais-MacDonald et d’autres bozos racistes, lors d’une soirée d’affichage à Montréal ciblant des personnalités « de gauche », en janvier 2017:

La publication Facebook de Martin Minna (à droite), alias Alan Kovak.

Le voici encore qui exhibe ce qui semble être ses propres tatouages nazis – zéro points pour l’originalité, soit dit en passant:

Les (présumés) tatouages nazis de Martin Minna.

Il a aussi utilisé une photo de sa face de marde dans le salon de discussion MeWe:

L’image de profil de « Heinrich Himmler » correspond à la photo de Minna/Kovak sur Facebook.

… et fait certainement référence à la bévue épique dont il s’est rendu responsable en publiant une photo de son groupe de tarlactivistes d’Atalante lorsqu’il dit : « Me su fait prendre quand j’ai fait une job ak atalante .. next time c ultra secret [sic] »:

« Himmler » évoque sa besogne bâclée pour Atalante.

Des captures d’écran montrent aussi que Lucien Lalonde et Carl Blanchette participaient à la discussion sur MeWe; ces deux personnages sont membres ou sympathisants du Front patriotique du Québec. Lalonde a un penchant évident pour la posture macho, par exemple dans cette capture datant d’août 2017 où il suggère d’utiliser un AK-47 comme « remède » aux migrant-e-s (pour la plupart des réfugié-e-s d’origine haïtienne) qui traversaient la frontière à ce moment-là:

Lucien Lalonde est membre du Front patriotique du Québec.

Lucien Lalonde propose d’utiliser un AK-47 contre les migrant-e-s.

Carlito (Carl) Blanchette est membre du Front patriotique du Québec.

Portrait de Stéphane Dufresne

En y regardant de plus près, il y a beaucoup à apprendre sur Stéphane Dufresne à partir de ses activités en ligne.

La page « À propos » du compte Facebook de Stéphane Dufresne.

On peut voir ci-dessous qu’il travaille pour la Société de reconstitution du Bas-Canada, à « reconstituer » la Rébellion des Patriotes de 1837-1838, et qu’il gère une entreprise de construction « Constructions Stepco » à partir de son adresse résidentielle à Saint-Charles-Borromée, à proximité de Joliette:

Constructions Stepco est enregistrée comme appartenant à Stéphane Dufresne à son adresse résidentielle.

La vie est belle à Saint-Charles-Borromée, bien qu’il semble irrité par la maison bâtie à côté de chez-lui, au point d’être « a veille d’y mettre le feu » [sic]:

Dans son jacuzzi, Dufresne parle de ses projets pour la maison de ses voisins…

La liste de ses intérêts sur Facebook révèle qu’il est un partisan du nationalisme québécois « dur », du Front patriotique du Québec (le groupe où il s’implique le plus) jusqu’aux néonazis de la Fédération des Québécois de souche, ainsi que pas un, mais quatre groupes de milice : la Milice du Québec, la Milice Québecoise [sic] des Droits et Liberté du Québec, la Milice Patriotique Québécoise et la Milice Patriotique du Québec (sans parler du groupe III % Québec dont il fait partie). (Cliquez sur l’image pour l’agrandir). Ça ne l’empêche pas d’être également partisan du Parti Québécois, tout comme la plupart des autres membres du FPQ.

Un échantillon des intérêts de Dufresne sur Facebook.

Dufresne n’est pas un simple membre du Front patriotique du Québec, il est aussi administrateur de son groupe Facebook. La faible participation aux événements du FPQ et le profil démographique vieillissant des participant-e-s expliquent peut-être en partie pourquoi il réitère constamment l’urgence de « réveiller » la population.

Dufresne est l’un des administrateurs de la page Facebook du Front patriotique du Québec.

Dufresne est aussi devenu très proche des III % Québec; il se présente régulièrement pour participer à leurs contingents de « sécurité » lors de différents événements organisés par la droite identitaire, piétinant autour de manifestations dégarnies, accoutré en militaire de pacotille et prenant part à des photos de groupe… À un moment donné, il semble même s’essayer à reproduire le signe de main distinctif des III %:

Dufresne (tout à gauche) avec les GI Joe d’opérette des III % Québec.

Qui sont les III% Les III %, ou Three Percenters, sont une milice armée fondée aux États-Unis en 2008. Une bizarre imitation de leurs congénères étatsuniens, les III % canadiens, même s’ils se décrivent comme des « patriotes défendant nos droits », sont principalement obsédés par deux choses : ce qu’ils s’imaginent être une invasion de l’Islam au Canada (comme la plupart des groupes d’extrême droite), et les armes à feu. La plupart des sections locales exigent de leurs membres qu’ils aient un permis de possession et d’acquisition, et le groupe fonctionne suivant une organisation hiérarchique imitant celle de l’armée. Les III % se mobilisent généralement pour assurer la « sécurité » pour des personnalités ou des événements d’extrême droite, comme Faith Goldy ou La Meute. Au Québec, en novembre 2017, plusieurs membres ont signifié leur intention de participer à un rassemblement pro armes à feu (annulé) au site d’une commémoration de l’attentat antiféministe de Polytechnique, lors de l’anniversaire du massacre des 14 victimes (l’organisateur de cet événement manqué, Guy Morin, était aussi membre du groupe Facebook des III % Québec).

L’ironie n’échappe probablement pas à Dufresne qu’il fait maintenant partie d’un groupe « patriote » pancanadien (les III %) qui est patriotique… à l’égard du Canada! On ne peut qu’imaginer la grimace qu’il devait faire, debout sur le parterre du parlement canadien avec ses fiers congénères threepers, derrière un drapeau du Canada, alors que toute sa raison d’être semble se résumer à l’espoir d’un soulèvement armé pour réaliser l’indépendance et la séparation du Québec!

Le patriote québécois Dufresne devant le parlement canadien et derrière le drapeau du Canada. Malaise.

Dufresne est aussi membre du groupe secret de La Meute, même si le grand « manie-tout » de La Meute, Sylvain Brouillette a dit que Dufresne « n’est pas le genre de personne que l’on recherche comme membre », dans l’article de la Gazette mentionné ci-dessus.

Dufresne était toujours membre du groupe secret de La Meute au 1er janvier 2019.

Des manifs, et encore des manifs

Dufresne est certainement l’un des individus les plus présents, voire LE plus assidu, aux manifs d’extrême droite au Québec au cours des quelques dernières années. Même s’il a commencé comme une espèce d’agent libre, s’affichant autant auprès de La Meute (« Contre la motion M-103 ») que des Soldiers of Odin (pour essayer d’intimider les participant-e-s à l’événement « Learn to Resist » à l’Université Concordia) ou d’autres islamophobes random (à l’extérieur de la mosquée Ahlillbait à Montréal), il semble avoir trouvé sa place définitive avec les services de « sécurité » des III % (« Unis pour la protection des frontières », au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle, « Dehors les libéraux », à Montréal, ou contre le « Pacte mondial sur les migrations de l’ONU », à Ottawa).

Dufresne a participé à au moins dix événements publics d’extrême droite au cours des dernières années.

Le bavardage en ligne de Dufresne

Il devient vite évident, lorsqu’on examine les publications de Dufresne, qu’il est amèrement déçu de l’état actuel du mouvement indépendantiste. L’échange ci-dessous, suivant la manifestation contre le projet de loi M-103, est un exemple éloquent de cette frustration : « C’est Fini le Quebec [sic] j’ai l’impression…. ils ont trouvé le moyen de Nous [sic] écraser », « On est mal foutu ». Plus loin dans la même discussion, il dit : « va falloir sortir les “teasers” pour en réveiller une crisse de gang » (le « teaser » étant vraisemblablement un pistolet à impulsion électrique « taser »).

Dufresne croit qu’il faut sortir les “teasers” [sic] pour en réveiller « une crisse de gang ».

Il ne cache pas son islamophobie, un sentiment universellement répandu dans les cercles de la droite national-populiste, comme en fait foi l’échange ci-dessous où il déclare : « Ma religion m’interdit de me faire servir par quelqu’un qui ne respecte par [sic] mes valeurs fondamentales et qui veux [sic] m’imposer les siennes dans MON PAYS!!!!!! », suivi de : « Moi je dis : si tu n’es pas content DÉCRISSE Mais à voir ce qu’ils ont fait au Moyen-Orient … on est [sic] pas sorti de l’auberge et nos estis de gouvernements qui les laissent rentrer à pelleter [sic] ».

Dufresne : « si tu n’es pas content DÉCRISSE ».

Dufresne est aussi clairement acquis à l’idée que le Québec a besoin d’une milice. La discussion ci-dessous reprend quelques-uns de ses thèmes préférés : sa déception quant à l’état actuel des choses, ses « plans » qui sont en chantiers, et la nécessité d’une milice. Il commence ainsi : « Et boy, on en est vraiment rendu à se justifier dans notre pays?!?!?! C’est rendu grave. » De nouveau, il suggère d’acheter « des teasers » parce que « y en a qui dorment en crisse ». Plus loin dans la discussion, il dit : « Il serait temps d’une brigade (milice) Québecoise [sic] ». Plus loin encore, Martin Bédard affiche une vidéo de la Milice patriotique québécoise, une milice armée aujourd’hui défunte dirigée par un militant d’extrême droite, le Major Serge Provost. Dufresne répond : « J’ai vu tout ça déjà jsi [sic] essayé de joindre Serge provost [sic] l’automne dernier. »

Dufresne au sujet des milices.

Il a aussi publié sur la page Facebook de la Milice du Québec , qu’il « et prêt » et que « des structure [sic] sont déjà en place ».

 

Il fait par ailleurs souvent mention de ses « plans », comme dans l’échange ci-dessous où Alf Turcotte dit : « En pré élection, on croise le fer plus souvent », ce à quoi Dufresne répond : « Je l’espère .. on a plusieurs actions en branle !!!!! Ces prochaines élections auront très [sic] grande influence sur notre existence même. Et le monde dors [sic] encore au gaz!!! Chu en TBNK. »

Dufresne dit avoir « plusieurs actions en branle ».

Ou comme dans cet échange avec Dave Tregget (l’ancien leader de Soldiers of Odin Québec et fondateur de Storm Alliance) révélé par Le Troupeau, où il dit : « Dave, on a des projets-clé [sic] en mains… Voyons ce que cela donnera », ce à quoi Tregget répond : « Il faut en parler Stéphane… ». Dufresne dit alors : « très bientôt ».

Une autre référence de Dufresne à ses projets en chantier.

Des discussions ci-dessus, on constate que Dufresne est désabusé par le déclin du mouvement indépendantiste, qu’il veut donner un choc électrique aux gens pour les « réveiller », qu’il souhaite créer une milice québécoise et qu’il fait plusieurs fois allusion au fait qu’ils a « des plans ».

Liens de proximité avec un individu arrêté en vertu d’accusations liées au terrorisme

En 2017, la GRC a été alertée par les autorités américaines à l’effet qu’un Montréalais répondant au nom d’Alexandre Louis Fallara essayait de faire entrer des armes au Canada à partir des É.-U. Une enquête plus approfondie a révélé que Fallara n’était pas un simple nationaliste, mais une espèce de « National Bolchévique, ou « Nazbol », qui publiait un grand éventail de commentaires où il disait notamment être prêt à tuer ou à sacrifier sa vie pour le Québec.

Qu’est-ce qu’un « nazbol »? Bien qu’historiquement, le national-bolchévisme désigne une tendance particulière à l’intérieur du mouvement communiste international, dans le contexte de la lute antifasciste contemporaine, ce terme (souvent abrégé sous la forme « nazbol ») est une souche du néofascisme qui a surgi après la chute de l’Union soviétique, en partie sous l’influence d’éléments issus des services de sécurité de l’État soviétique. Les « nazbols » reprennent les symboles et s’identifient avec certaines parties de l’histoire des mouvements communistes et anti-impérialistes, souvent avec un accent marqué sur la période stalinienne et s’appuyant sur un antisionisme grossier. Le contenu social et internationaliste des mouvements communistes est minimisé, déformé ou éliminé, alors que les aspects conservateurs et xénophobes de leur histoire sont accentués et souvent recadré dans une perspective raciste. Le national-bolchévisme est une idéologie très éclectique; ses principales manifestations aujourd’hui présentent un nationalisme extrême, une opposition à « l’immigration de masse » (surtout celle des musulmans en Europe), un antiaméricanisme violent et une hostilité à l’égard de la « décadence » et du « libéralisme occidental », ce qui se traduit généralement par une haine des Juifs et des personnes LGTBQ. Sans y être identique, le national-bolchévisme se rapproche de l’idéologie de la « quatrième position » d’Alksandr Dugin, et les deux ont été soutenus par certains éléments de l’État russe sous la gouverne de Vladimir Poutine.

Comme La Presse l’a rapporté dans un article daté du 22 juillet 2017, la GRC a appréhendé Fallara en vertu de l’article 810.2 (3) du Code criminel, qui donne à l’État le pouvoir d’imposer des conditions à une personne soupçonnée d’avoir l’intention de commettre un crime violent, même si la personne n’a encore commis aucun geste criminel. Ses conditions lui interdisent d’avoir en sa possession des armes, des explosifs ou ce que la Couronne décrit comme « du matériel terroriste ». (Même si nous sommes complètement opposés à ce que nous connaissons des orientations politiques de Fallara, les possibles répercussions de cet instrument de contrôle en matière de répression ne devraient pas échapper aux lecteurs et lectrices…)

Enterré dans le dernier tiers de l’article, on apprend que Fallara s’est aussi vu interdire de parler avec son ami, Stéphane Dufresne. Cela soulève évidemment la question : serait-il possible qu’il s’agisse du Stéphane Dufresne qui fait l’objet de cet article?

Par chance, les comptes Facebook et VK de Fallara sont toujours en ligne et non censurés (il lui est interdit d’utiliser les médias sociaux, mais ses comptes sont restés intacts depuis la date de son procès). Sur son profil VK.com, sous le pseudonyme Vladimir-Velikayavich Zaytsev-Zorrov, on peut le voir avec le même déguisement que sur la photo illustrant l’article de La Presse.

Une photo de Zaitsev/Fallara avec le même costume que dans l’article de La Presse.

Son profil VK.com compte encore un grand nombre de statuts de type « appels aux armes », comme celui-ci, où il indique : « je m’en fou [sic] si je vais en prison ou [sic] si je me fais tué [sic] ou si je me fais éxécuté [sic]. (…) J’en serais fier si le people Québécois [sic] se lève enfin ». Il mentionne également, assez mystérieusement : « Cependant je ferais un autre souhait. Notre deuxième en commande [sic] prendra ma relève si quelque chose devrait [sic] m’arriver. » Plus tard dans ce même statut, il écrit : « Si ce que j’ai l’intention de préparer se produit et que j’arrive à avoir de quoi (je ne vais rien élaborer icitte sur FB) sâches [sic] que notre révolution commencera avec un gros BOOM. »

Un statut de Fallara qui a probablement attire l’attention de la GRC.

Il a raccourci son nom à Vladimir Zaitsev sur Facebook, et son compte est encore tel qu’il l’a laissé quand ses conditions lui ont été imposées. Son mur est tapissé d’un mélange toxique de nationalisme québécois, d’islamophobie et d’homophobie.

Quelques unes des centaines de photos haineuses que Fallara a relayées sur Facebook.

Il se trouve Que Falarra était bel et bien ami avec notre Stéphane Dufresne : on peut voir qu’il a commenté une photo de la façade de son domicile que Dufresne a publié en privé.

Vladimir Zaitsev (Alexandre Fallara) affichant un commentaire encourageant sous une photo privée de Dufresne.

Il semblerait que les deux soient en fait de très bons amis, se référençant mutuellement sur de nombreux statuts, comme dans celui-ci où Dufresne est taggué, qui semble indiquer une espèce de lien d’amitié (les deux s’appellent « tovarisch » à tours de bras, ce qui signifie camarade, ou ami).

Amitié évidente entre Dufresne et Fallara.

Dans un autre statut, Fallara indique qu’il est « avec Stéphane Dufresne et 3 autres personnes » et il appelle Dufresne « l’un ne nos camarades patriotes les plus déterminés ».

Fallara et Dufresne s’échangent des bons mots.

Comme l’on pourrait s’y attendre, ils discutent également d’éventuels soulèvements violents, comme dans l’interaction suivante, où Fallara demande en russe, « Quand est-ce qu’on va à la guerre… », ce à quoi Dufresne répond, « Actuellement ».

Fallara demande « Quand est-ce qu’on va à la guerre… »

Dufresne est aussi taggué dans une vidéo super louche où Fallara fait des katas dans son salon avec un couteau de cuisine, sous laquelle il dit que « ça sera pratique en combat rapproché ».  Dufresne « like »la vidéo…

Fallara se fait aller le couteau, ce que “like” Dufresne.

Dans un autre statut de Fallara, où il vante les vertus du soulèvement armé (et où il taggue à nouveau Dufresne), on constate que Dufresne rétorque peu après avec le commentaire laconique : « milice citoyenne ». Commentaire apprécié en retour par Fallara.

Stéphane Dufresne et Alex Fallara semblent tous les deux avoir une affection particulière pour les milices et les soulèvements armés.

Fallara a finalement été cueilli par la GRC et est visé par des accusations liées au terrorisme, et l’une de ses conditions est de ne pas s’associer  avec son ami Stéphane Dufresne. Cela soulève immédiatement des questions : pourquoi Stéphane Dufresne a-t-il été nommé dans le dossier de Fallara? Et était-il impliqué dans le même type d’activité qui a valu à Fallara les soupçons de la police et ces graves accusations?

Conclusion

Lorsque la fuite de la discussion privée a été révélée par Le Troupeau, nous avons appris que Stéphane Dufresne parlait de la nécessité de faire un faux attentat terroriste pour « réveiller les crisse d’endormis » et qu’il avait « plusieurs actions en branle ». C’est en soi assez préoccupant, mais un examen plus attentif de son activité en ligne permet de dégager le portrait d’un homme présentant d’autres signes alarmants : qui répète constamment qu’il veut réveiller les gens, qui se pratique au tir et aux techniques de combat à mains nues, qui cherche la parfaite formule pour une milice québécoise (mais qui en attendant s’est associé à une organisation de milice pancanadienne), et fait plusieurs allusions à de mystérieux « plans ».

Nous sommes bien conscient.e.s que cette histoire est trouble : nos propres convictions politiques s’inscrivent directement contre le programme répressif et soi-disant antiterroriste de l’État, c’est d’ailleurs pourquoi nous éprouvons le besoin de mener nos propres enquêtes. Bien que nous ne soyons pas en mesure d’exploiter les sources de l’État, nous ne pouvons pas exclure ce que nous apprenons de leurs enquêtes et manœuvres. Dans un contexte où les actes violents de l’extrême droite « révolutionnaire » se multiplient, nous devons rester vigilant.e.s, tout en cherchant à répondre aux difficiles questions : quoi faire et comment intervenir efficacement.

Voilà par ailleur un autre exemple de la pollinisation croisée et de la socialisation entre les différents groupes d’extrême droite au Québec : nous voyons de plus en plus les miliciens des III % assurer la « sécurité » dans les manifestations des groupes nationalistes « durs », et dans ce cas-ci on voit un néonazi impénitent (Martin Minna) discuter secrètement de plans indéfinis avec des « patriotes » (Dufresne et Lalonde). L’extrême droite locale continue de se fragmenter et de se reconfigurer de différentes manières, et doit être confrontée sous toutes ses formes à chaque occasion.

Bilan d’action de la veille de solidarité/contre-manifestation du 16 mars 2019

 Commentaires fermés sur Bilan d’action de la veille de solidarité/contre-manifestation du 16 mars 2019
Avr 082019
 

De Montréal Antifasciste

Le samedi 16 mars, au lendemain de la tuerie de Christchurch, Montréal Antifasciste a organisé un rassemblement de solidarité envers les victimes, qui s’est aussi avéré être un contre-rassemblement antiraciste, étant donné la présence d’islamophobes notoires, dont un s’étant publiquement dit « reconnaissant » envers le terroriste.

En voici un bilan :

Au lendemain de l’attentat terroriste commis par un suprémaciste blanc ouvertement fasciste en Nouvelle-Zélande, nous étions sous le choc. En plus de la nature profondément abjecte de l’attaque — le tueur a pris soin de filmer la mise à mort de 50 personnes fréquentant deux mosquées — deux choses nous sont apparues évidentes. D’une part, le terroriste s’était inspiré du discours « écofasciste » pour la rédaction de son manifeste, ce qui n’est pas sans rappeler les idées portées par Atalante Québec et d’autres organisations néofascistes. D’autre part, il avait, en inscrivant son nom sur une de ses armes et sur un chargeur, dédicacé son attaque au terroriste québécois Alexandre Bissonnette.

Nous étions également choqué.e.s par les publications de la fachosphère québécoise, qui au mieux ne croyait pas à la véracité de cet attentat, et au pire s’en réjouissait. Comble d’infamie, nous avons rapidement réalisé que plusieurs de ces individus islamophobes avaient prévu de se rassembler le samedi 16 mars dans le cadre de la manifestation hebdomadaire des (faux) « gilets jaunes » devant l’édifice du réseau TVA à Montréal.

Souhaitant honorer la mémoire des personnes assassinées, tout en empêchant des racistes qui s’étaient réjouis du massacre de s’installer devant TVA, nous avons fait le choix d’appeler à un rassemblement de solidarité à l’endroit précis où ils se réunissent habituellement. Nous étions pris par le temps et ne savions pas encore que près d’une dizaine d’initiatives de solidarité allaient suivre la nôtre, dont certaines ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Nous avons osé espérer que notre rassemblement ferait hésiter les islamophobes et qu’ils et elles ne se présenteraient pas devant TVA afin de respecter cette notion élémentaire et universelle qu’est le deuil.

Nous avions sous-estimé leur indécence…

Le samedi matin dès 11 h, c’est près d’une centaine de personnes de toutes allégeances qui ont répondu à l’appel de Montréal Antifasciste pour se regrouper devant les portes de TVA et derrière la banderole « Contre le racisme et la haine ». Des personnes présentes sur place se sont alors relayées au micro. Vers 11 h 30, des personnes vêtues de gilets jaunes se sont présentées sur le trottoir devant nous. Quelle n’a pas été notre (désagréable) surprise de découvrir que le premier d’entre eux n’était nul autre que Pierre Dion, militant islamophobe, récemment interdit de médias sociaux pour une série de menaces et d’agressions verbales. Un peu moins d’une vingtaine de « gilets jaunes » se sont finalement rassemblés. Nous savons que parmi ceux-celle-ci, plusieurs n’avaient pas conscience d’être entouré.e.s d’islamophobes, nous ne les blâmerons donc pas tous et toutes. Nous croyons toutefois que cet article doit leur servir d’exemple.

Voici une liste non exhaustive des militants d’extrême droite qui étaient présents :

Pierre Dion, islamophobe notoire, homophobe et conspirationniste, qui se veut le leader d’un gang hétéroclite de zinzins nationalistes qui feraient paraître La Meute pour de fins diplomates.
Michel Meunier, alias Mickey Mike, Mickey Mayer et Mickey Myers, islamophobe et apologiste du terrorisme (il a, par exemple, souhaité qu’un nouvel attentat islamophobe ait lieu dans une mosquée du Québec et s’est dit « reconnaissant » pour le geste du terroriste de Christchurch).
Michel Ethier, alias “Le Piratriote”, islamophobe vulgaire adepte des injures en CAPS LOCK et membre du Front patriotique du Québec.
Mario Dallaire, islamophobe ayant été plusieurs fois aperçu dans les rassemblements de Storm Alliance et contingents de « sécurité » des manifs d’extrême droite.
Robin « Le prophète » Simon, membre du Front patriotique du Québec et de son groupe de sécurité, le GSP, aujourd’hui associé à la milice III %.
Claude Roy, islamophobe et bricoleur, connu pour ses créations en styromousse au goût douteux et ses lamentations répétées à l’effet que personne n’en veut…
André Boies, propagandiste islamophobe et conspirationniste, propriétaire du site de désinformation Les Manchettes et traducteur du manifeste du terroriste de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. (Boies dit avoir été là “par hasard”, mais permettez-nous d’en douter.)

Sans trop se forcer, on en arrive donc à 7 militants connus pour leurs propos islamophobes et racistes présents sur place, dans un rassemblement d’à peine 20 personnes. Il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur ce pseudo mouvement des « gilets jaunes » du Québec!

Évidemment, en tant qu’antifascistes et antiracistes, nous ne pouvions pas garder les bras croisés ni le silence de rigueur lors d’une veille. Entre 12 h et 15 h, heures prévues du rassemblement des « gilets jaunes », nous avons couvert leurs voix et leurs invectives grâce à des slogans, et les avons empêché.e.s de traverser la rue à deux reprises, malgré la présence d’un dispositif policier musclé.

Ce fut également pour nous l’occasion de découvrir avec stupéfaction ce mouvement des « gilets jaunes » ainsi que ceux et celles qui le composent. À dire vrai, nous nous étions jusqu’alors peu intéressé.e.s à eux et elles; autant dire que nous avons appris des choses intéressantes…

On le sait maintenant avec l’expérience, depuis 4 ans les groupuscules de l’extrême droite québécoise islamophobe (d’abord PEGIDA Québec, puis La Meute, Storm Alliance, le Front patriotique du Québec et tous les groupuscules boiteux qui en sont issus) ont systématiquement besoin d’une date de manifestation, comme un rituel pour justifier leur existence et nier leur propre insignifiance, telle une fuite en avant de plus en plus risible. Cette prochaine manifestation rituelle est nommée la « Vague bleue » et annoncée pour le 4 mai… Une fois encore, devant les locaux de TVA. C’est décidément une obsession! Tous les groupes islamophobes, réels ou virtuels, à l’exception de La Meute, semblent appeler à participer à cette « Vague bleue ».

On le voit également depuis bientôt 4 ans, à chaque fois qu’on empêche l’extrême droite de manifester, celle-ci s’affaiblit…

Bilan critique :

Nous en sommes conscient.e.s, le rassemblement du samedi 16 mars dernier a davantage pris les allures d’une contre-manifestation que d’une vigile consacrée au recueillement. Nous aurions aimé nous recueillir, mais la présence de plusieurs islamophobes de l’autre côté de la rue nous en a empêchés. Heureusement, dans la semaine qui a suivi, de nombreux autres rassemblements ont eu lieu à l’image de Montréal : dignes et diversifiés.

Nous sortons malgré tout renforcé.e.s d’une telle expérience. Nous avons su mobiliser rapidement (en moins de 24 h) et en nombre (plus de 100 personnes au total) nos allié.e.s immédiats ainsi que des membres de plusieurs communautés de Montréal.

Fait notable et encourageant, nous avons bénéficié d’un soutien populaire assez flagrant, bien que l’emplacement choisi — devant TVA, sur Maisonneuve — soit un lieu de passage peu fréquenté et peu accueillant : on peut penser au groupe de personnes faisant leur jogging et qui ont fait un doigt d’honneur bien haut en direction de Pierre Dion, aux cyclistes et taxis qui nous ont encouragé.e.s toute la journée, aux voisins et voisines qui nous ont apporté des gallons de café et de chocolat chaud, a celui qui est venu nous remercier, excédé par des semaines de commentaires islamophobes et racistes sous ses fenêtres, ou encore aux rares passants et passantes qui se sont arrêté.e.s quelques minutes ou plus pour discuter et échanger avec nous ou envoyer une volée de noms d’oiseaux bien sentis à la gang de Pierre Dion. Nous les remercions tous et toutes de leur appui! La solidarité est aussi une affaire de petits gestes concrets.

– Montréal Antifasciste

///

P.-S. Du rififi chez les «Gilets Jaunes»

Lors de notre passage devant TVA le 16 mars dernier, il eût été impossible de ne pas remarquer la présence et les frasques comiques d’Anderson Dufresne, qui toute la journée gesticulait dans tous les sens sur son “hoverboard”, dansait, chantait, faisait des culbutes… et servait de parade bien commode aux accusations de racisme (Dufresne étant noir). Les faux gilets jaunes, Pierre Dion en tête, ont bien dû répéter 50 fois en trois heures «qu’il ne peuvent pas être racistes», puisqu’ils ont un ami noir avec eux! Or dans les semaines qui ont suivi ce rassemblement, les choses se sont envenimées entre Anderson Dufresne et la pourriture raciste Michel Meunier, dont il est question ci-dessus. Meunier a multiplié les appels à purger Dufresne des «Gilets Jaunes», les esprits se sont échauffés, et Meunier a finalement laissé libre cours au racisme le plus grossier, avec les encouragements de quelques autres «Gilets Jaunes», mettant ainsi au jour les contradictions internes qui minent ce pseudo-mouvement. Lisez ce billet de Xavier Camus  pour les détails.

Collabos de la CAQ

 Commentaires fermés sur Collabos de la CAQ
Avr 042019
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

** À partager largement dans le milieu de l’enseignement et ailleurs **

La Coalition Avenir Québec va de l’avant avec son interdiction du port de signes religieux chez plusieurs travailleuses et travailleurs du secteur public.

Peu importe le parti au pouvoir, nous nous opposons à ce que le gouvernement dicte aux gens comment s’habiller, en plus d’alimenter la peur et la haine des personnes musulmanes, et plus particulièrement des femmes musulmanes, sous le prétexte de la «laïcité».

Toute politique gouvernementale ne prend effet qu’à travers ceux et celles qui l’appliquent et qui y collaborent. C’est pourquoi nous lançons un appel à identifier ceux et celles qui, dans les établissements publics, participent à l’application de cette loi. Cela peut se traduire par exemple par une personne qui appelle la police si unE employéE de son établissement porte un signe religieux, qui l’harcèle, qui la dénonce à son supérieur, qui la met à la porte ou encore qui refuse de l’embaucher pour cette raison.

Nous vous invitons à nous transmettre les informations dont vous disposez sur celui ou celle qui applique la loi (nom, organisme, poste, photo, etc.) avec une description de ses actions et leurs conséquences à doxxlescollabos@riseup.net. Nous ferons nos propres recherches pour pouvoir ensuite publier le plus d’information possible sur la personne donnant acte au racisme d’État.

Nous sommes conscientEs que la loi s’appliquera entre autres à des flics de tout genre. Les flics sont les chiens de garde de ce système pourri basé sur le colonialisme et le racisme, alors faut dire qu’on s’en câlisse de la sécurité d’emploi d’un flic, peu importe sa religion. En conséquence, précisons pour la forme que toute information reçue relative à un corps policier ou un gardien de prison servirait uniquement à alimenter les recherches sur les liens entre ces agences et les groupes d’extrême-droite au Québec.

Nous ne nous calmerons pas. Si vous collaborez avec le gouvernement en faisant la police des signes religieux dans un milieu de travail, on vous watch!

Le jour même du massacre de Christchurch, un propagandiste islamophobe du Québec a traduit et publié le manifeste du terroriste

 Commentaires fermés sur Le jour même du massacre de Christchurch, un propagandiste islamophobe du Québec a traduit et publié le manifeste du terroriste
Mar 262019
 

De Montréal-Antifasciste

Le vendredi 15 mars 2019, moins de 24 heures après la tuerie islamophobe perpétrée à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, l’animateur d’un site Internet québécois a publié et diffusé une traduction française du manifeste du tueur.

Pour quelle raison voudrait-on amplifier le message du tueur en se précipitant pour en produire une traduction? Ça n’est pas un innocent faux pas qu’on pourrait simplement imputer à la maladresse d’un mauvais journaliste : c’est une amplification volontaire du signal (signal boost) du manifeste islamophobe. D’autant plus que le traducteur a une histoire chargée et documentée d’islamophobie en ligne.

Rappelons que dans le cadre de son opération de propagande et de relations publiques, le tueur avait lui-même publié son manifeste de 74 pages, où il expose sa démarche, prête allégeance à l’idéologie fasciste et appelle les suprémacistes blancs du monde entier à imiter son geste abominable.

Mais qui a bien pu publier le manifeste en français?

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant la lecture du manifeste du terroriste de Christchurch.

 

Un tweet de Lesmanchettes.com encourageant le téléchargement du manifeste du terroriste de Christchurch.

Il s’agit du site internet Les Manchettes, qui existe depuis 2017 et se spécialise dans le partage et le spin de fausses nouvelles, de théories du complot et de textes d’opinions, nationalistes, conservatrices et islamophobes. Tout indique que le site Les Manchettes soit le projet d’une seule et unique personne, qui en assure la maintenance et semble signer pratiquement tous les articles, soit André Boies, alias Bo Bois sur Facebook.

Le site Lesmanchettes.com est enregistré au nom d’André Boies.

André Boies fait circuler sur Twitter sa traduction du manifeste du terroriste de Christchurch

Il ne fait aucun doute que Boies est l’auteur de la traduction française du manifeste et que c’est lui qui l’a mise en ligne et diffusée. D’une part, il n’a pas hésité à s’en vanter sur Facebook :

André Boies avoue avoir traduit le manifeste du terroriste de Christchurch.

Et si cela ne suffisait pas à prouver qui est l’auteur de la traduction, Boies a oublié ou n’a pas cru bon de supprimer les métadonnées du document PDF publié en ligne, lesquelles identifient le propriétaire du logiciel employé pour le produire :

Les métadonées de la traduction du manifeste du tueur de Christchurch publié par Lesmanchettes.com indiquent “André Boies” comme auteur.

Dans une discussion avec d’autres islamophobes, Boies explique qu’il a aussi fait une copie de la vidéo de l’attentat « au ka qu’on censure » (sic) :

Qui est André Boies?

 

André Boies est “Bo Bois” sur Facebook.

André Boies, alias Bo Bois, est un designer graphique qui vit actuellement à Montréal. Il est très actif dans la fachosphère nationaliste québécoise, sur Facebook et Twitter, et publie au moins un article par semaine sur le site Les Manchettes. Il travaille dans le domaine de la création Web avec sa compagnie « Graphixab », laquelle est la dernière d’une longue liste d’entreprises éphémères. Il fait aussi profiter la fachosphère québécoise de ses talents de graphiste, en offrant ses services aux militant.e.s d’extrême droite pour réaliser des autocollants lèttes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

André Boies produit des décalques aux thèmes nationalistes.

Boies, comme la majorité des énergumènes qui composent la nébuleuse d’extrême droite québécoise, est obsédé par l’Islam, comme le démontre entre autres son commentaire ci-dessous (Coudonc, tout le monde la [sic] dit que l’islam c’est de la grosse marde!). Il utilise par ailleurs ses façades de compagnie, comme le compte Twitter « Sticker Decal », pour propager des théories du complot, comme l’idée que l’attentat de Christchurch serait une « attaque sous fausse-bannière » (Sondage : Pensez-vous que l’attentat survenu en Nouvelle-Zélande soit un possible false flag?).

Exemple de commentaire islamophobe publié par André Boies sur Facebook.

 

Le compte Twitter Sticker Decal est l’une des façades d’entreprise d’André Boies.

En ligne depuis à peine quelques années, son site Web compte des dizaines d’articles où il relaie sans aucune retenue l’islamophobie décomplexée qui définit une immense partie des cercles nationalistes de droite et d’extrême droite au Québec, et qui est de plus en plus normalisée partout en Occident. Boies propage aussi sur son site des théories du complot absurdes et diffamantes, comme l’idée que la certification halal au Canada soit un moyen de financer le terrorisme! Il suffit de faire une recherche Google pour se rendre compte de l’obsession que cultive Boies pour l’Islam et les musulmans.

Un exemple de manchette islamophobe trouvée sur le site d’André Boies.

Voici un échantillon de ses publications xénophobes et islamophobes (y compris un graphique à l’appui de la théorie du “grand remplacement”, laquelle est l’élément central du manifeste du terroriste de Christchurch):

La tumultueuse histoire criminelle de Boies révèle que le bonhomme n’est pas étranger à la diffamation! Il s’est même chicané avec la SQ en 2012 à savoir qui était le pire diffamateur entre les deux. Cet incident a dû l’échauder, car il semble être encore aujourd’hui préoccupé par la question…

André Boies est préoccupé par la diffamation.

Un « de souche » qui embarrasse même le Parti Québécois

Boies fait manifestement partie de la mouvance « patriote » la plus dure. Celle qui trouve que La Meute n’est pas assez radicale et est trop fédéraliste. Au moment où surgissaient plusieurs fractures internes au sein de l’extrême droite, à l’été et l’automne 2018, Boies a choisi de militer agressivement pour le PQ en vue des élections provinciales.

André Boies, militant du Parti Québécois.

André Boies milite pour le PQ…

Il s’est entre autres pathétiquement illustré en recouvrant son char d’autocollants aux couleurs du Parti Québécois pour aller intimider des bénévoles de Québec Solidaire dans Rosemont! (VICE a d’ailleurs documenté son humiliation quand, en août 2018, le PQ l’a intimé d’enlever le logo du parti de son véhicule.)

Le véhicule d’André Boies recouvert des couleurs du Parti Québécois.

 

André Boies relate sa rencontre avec des policiers suite à des plaintes pour intimidation en marge d’une réunion de Québec Solidaire dans Rosemont.

Mais pourquoi avoir voulu publier le manifeste du terroriste?

Boies se défendra peut-être d’avoir traduit et publié le manifeste dans un intérêt purement journalistique, mais n’importe quel professionnel ou spécialiste de l’information vous dira qu’une pareille démarche d’amplification du message est extrêmement douteuse sur le plan éthique et cache sans doute un autre motif.

Le compte Twitter Lesmanchettes.com (André Boies) diffuse le manifeste du terroriste suprémaciste de Christchurch.

En ce qui nous concerne, la publication du manifeste en français n’est pas une simple erreur de jugement. Compte tenu de l’historique islamophobe de Boies, il est permis de croire que son empressement à traduire et à republier le manifeste du meurtrier relève d’une volonté de diffuser plus largement les idées et les motivations de celui-ci, dont l’acte terroriste a coûté la vie à 50 personnes de confession musulmane en Nouvelle-Zélande.

Ça n’est pas non plus une coïncidence si le lendemain de l’attentat, André Boies est venu écornifler du côté des (faux) gilets jaunes islamophobes, devant TVA, face à un rassemblement de solidarité avec les victimes de la tuerie. Clairement pas venu là pour s’y recueillir, il est plutôt resté quelques minutes en retrait pour prendre en photo les militant.e.s antiracistes et antifascistes. Il a publié le même jour un article déplorant le gaspillage de fonds publics que représentait pour lui le rassemblement public en solidarité aux victimes.

Appel à la vigilance et à l’action contre l’islamophobie

L’islamophobie est aujourd’hui tellement banalisée au Québec, qu’un militant nationaliste proche de l’extrême droite peut, dans la journée même où a eu lieu le massacre de 50 personnes, traduire précipitamment le manifeste du terroriste et diffuser sa traduction bancale sur les réseaux sociaux, sans que cela ne trouve un écho dans les médias traditionnels ou soit même dénoncé par qui que ce soit. (En même temps, en Ontario, les autorités ont « ouvert des enquêtes » sur un néonazi notoire qui a partagé le manifeste sur son site, et un autre qui listait les cibles que devraient prioriser les loups solitaires.)

Il est grand temps que nous prenions collectivement la mesure du problème de l’islamophobie dans la société québécoise et canadienne, et que les forces antiracistes se regroupent pour contrer  la haine et l’intolérance qui se normalise de plus en plus à l’égard des communautés musulmanes.

L’une des choses les plus simples que nous avons le pouvoir de faire est de pointer du doigt et de dénoncer les facilitateurs de l’islamophobie comme André Boies.

P.-S. Boies est aussi venu scèner autour de la Manifestation contre le racisme et la Xénophobie, à Montréal, le dimanche 24 mars. Il a été surpris que des antifascistes l’interpellent par son nom et lui demandent de dégager. Il en a même fait un article pour son site de merde…

 « Je n’ai vraiment aucun commentaire négatif contre ces antifas, ils ont été quand même sympathiques, ils m’ont quand même demandé très poliment de quitter les lieux. »

Merci, André. Tu sauras maintenant qu’on a souligné ton nom au crayon rouge dans notre petit carnet des ordures à surveiller.

Montréal Antifasciste : Déclaration de solidarité avec les victimes de l’attentat de Christchurch

 Commentaires fermés sur Montréal Antifasciste : Déclaration de solidarité avec les victimes de l’attentat de Christchurch
Mar 162019
 

De Montréal-Antifasciste

Montréal Antifasciste tient à exprimer sa solidarité avec tou.tes les musulman.es et toutes les personnes de couleur, ainsi qu’avec tou.tes les antiracistes et antifascistes de Christchurch et d’Aotearoa.

C’est avec un profond sentiment d’horreur que nous avons pris connaissance du massacre qui a eu lieu à Christchurch ce 15 mars. Un sentiment d’horreur qui n’a fait que s’approfondir à la lecture du « manifeste » que l’assassin a publié en ligne, et en constatant que des racistes de partout dans le monde, y compris en Aotearoa, y compris au Québec, partageait sans honte sa vidéo de pornographie meurtrière en applaudissant la tuerie.

Ce sentiment est insupportable, car nous nous souvenons du massacre perpétré à Québec le 29 janvier 2017, lorsqu’un autre jeune raciste fanatisé s’est introduit dans le Centre culturel islamique dans l’intention de tuer autant de musulman.es que possible.

Six personnes ont trouvé la mort ce soir-là; au moins 49 autres personnes ont été tuées aujourd’hui à Christchurch.

Les mots nous manquent.

Nous savons que le nom du meurtrier de Québec, Alexandre Bissonnette, était inscrit sur un chargeur que Brendon Tarrant a photographié et publié en ligne avant de passer à l’acte. Nous reconnaissons les idées que Tarrant expose dans son manifeste; nous les avons déjà entendu exprimées ailleurs, bien trop souvent. La combinaison de peur d’un éventuel ressac policier et d’admiration pour le tueur et son « humour », sur des plateformes comme 4Chan, Facebook et autres, s’exprime partout dans le monde, y compris chez-nous. Nous nous rappelons que l’année dernière, vous nous avez donné un bel exemple de résistance, lorsque deux de « nos » racistes, Lauren Southern et Stefan Molyneux, ont voyagé jusque chez vous pour y répandre leur poison. Nous nous rappelons aussi que l’un de « vos » militants d’extrême droite, Trevor Loudon, a été bienvenu au Canada lors d’événement organisés par « nos » islamophobes. Et bien sûr, nous avons entendu parlé des zilionnaires d’extrême droite comme Peter Thiel, qui ont décidé que la Nouvelle Zélande était l’endroit idéal pour se mettre à l’abri du cauchemar qu’ils projettent, et peut-être même mettre à l’épreuve certaines de leur propres visions dystopiques.

Il est clair que votre situation et la nôtre ne sont pas étrangères; nous sommes engagé.es dans une seule et même lutte plus large pour débarrasser le monde de l’exploitation et du racisme.

Nous le savions déjà, comme vous sans doute. Nous n’avions pas besoin de ce nouveau rappel, mais nous l’avons eu quand même.

C’est avec colère et une profonde tristesse que nous honorons le souvenir de ceux et celles qui ont été tué.es à Christchurch, et que nous renouvelons notre engagement à combattre la montée de la violence raciste et misogyne perpétrée par l’extrême droite partout dans le monde.

Solidarité avec Wheao ā-Ihirama
Solidarité avec celles et ceux qui sont la cible de violences islamophobes, racistes et d’extrême droite, à Aotearoa et partout ailleurs
Solidarité avec les antifascistes et antiracistes d’Aotearoa et du monde

Kia kaha.