Montréal Contre-information
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Mise en Commun

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Mar 062017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Nous souhaitons initier un dialogue que nous avons jusqu’ici choisi d’éviter.

Des cliques se côtoient, mais peinent parfois à communiquer et souvent ne parlent pas le même langage, ni dans les mots, ni dans les gestes. Il s’agit ici de dégager ce que nous avons en commun et ce qui nous sépare. Certaines tensions non-adressées ont entraîné beaucoup trop de railleries, de ragots, de commentaires de mauvaise foi, de demi-réflexions et de brèches de sécurité. Certain.es voudraient voir dans ces échanges parfois véhéments de simples conflits interpersonnels, mais cette vision évacue tout contenu politique aux critiques émises. Pour éviter que tout ce truc soit réduit à du gossip et des débats de fin de soirée, nous avons voulu identifier les lignes de tensions, nommer politiquement les points de rupture et chercher de quelles façons on pourrait collectivement dégager plus de puissance. Notre intention ce n’est pas ici de « dénoncer » certaines pratiques ou de décourager les ami.es de les reproduire, mais d’éviter de fétichiser le pétage de vitrine et de constamment réfléchir collectivement aux bénéfices et aux coûts de nos actions.

Nous partons du constat que nous nous entendons sur les moyens d’action; nous nous sommes plus que souvent rencontré.es dans la rue, dans nos salons ou au café pour conspirer. Le point d’achoppement, ce n’est pas la légitimité de la violence, de l’action directe ou l’importance de l’opinion public. L’illégalisme permet de rompre avec la figure du citoyen, avec l’État et le capitalisme, d’échapper à leur hégémonie. Nous pensons néanmoins que l’action directe, la destruction ou l’illégalité n’ont pas de portée révolutionnaire en soi. Il n’y a pas de réaction magique qui se produit quand on brise une vitrine, pas de destruction contagieuse qui s’en échappe et qui se propage sans trop qu’on comprenne comment. La propagande par le fait, c’est bien, mais encore faut-il s’assurer qu’elle fonctionne. Pour avoir une résonance, nos actions doivent être communicables, elles doivent faire sens pour autrui, elles doivent être intelligibles. La mystique d’une insurrection qui se répand, on doit la comprendre, la démystifier, l’analyser et la prévoir.

L’idée est d’arriver à identifier comment la conjoncture politique et les rapports de force se modifient et d’en dégager des pistes à même de guider judicieusement nos choix dans nos modes d’actions. C’est d’être en constante recherche d’acuité. À notre avis, c’est seulement ainsi que nous réussirons à inspirer, à aspirer à d’autres possibles. Nous ne sommes pas en train d’appeler à la patience et la modération, dans l’attente d’un contexte qui nous serait plus favorable. Au contraire, ça suffit d’être à l’arrache du contexte, à attendre une grève étudiante ou la construction d’un pipeline, de peiner à garder la tête hors de l’eau à chaque vague de répression et de se brûler dans des actions qui ne résonnent pas à l’extérieur de notre clique d’initié.es. Le contexte qui nous favorise, l’arène où l’on se bat, le territoire que l’on habite, c’est à nous de les créer. Il faut les comprendre, les connaître sur le bout de nos doigts, apprendre à en dessiner les contours, à en tracer la direction. Il faut se donner toujours un coup d’avance sur la récupération de nos luttes, sur la répression, être attentif.ves aux modifications sensibles dans le rapport de force qu’on cherche à renverser. Il faut prévoir les conséquences de nos actions, apprendre à reconnaître ce qui nous avantage et ce qui nous nuit, à sortir notre épingle du jeu peu importe la situation – à en modifier les règles pour y arriver. Il faut conspirer, être des stratèges et pas seulement des tacticien.nes. Non pas des stratèges à la tête d’une armée, mais une armée de stratèges.

Certaines discussions, notamment lors de notre rencontre de l’été dernier, nous ont frappé d’un dogmatisme déroutant. Nous ne croyons pas qu’il existe des « pratiques anarchistes » pures ni de luttes anarchistes « en soi » : il y a des perspectives anarchistes sur des luttes. De s’en tenir à la pureté fantasmée de certains types d’action, hors de toute relation avec un contexte ou une lutte, en revient à les ériger en un fétiche dangereux. Très vite, on vient à penser l’action pour l’action, plutôt que pour la puissance qu’on peut en dégager. Une action réussie appelle à l’organisation de la suivante, et puis de la suivante, sans jamais s’ancrer dans une perspective à plus long terme. On s’engage dans une spirale, où toute remise en question ou critique est perçue comme un désengagement face à la lutte et face au groupe affinitaire. On en vient à organiser une balade sans vraiment se demander si c’est une bonne idée de la conclure au milieu d’une fête d’enfant.

Parler d’un acte de guerre en revendiquant le vandalisme de cinq commerces relève autant de ce fétichisme des moyens d’action que d’une terminologie prétentieuse et dangereuse. S’y complaire, c’est accepter la mise en scène de notre puissance, c’est se contenter du spectacle de notre radicalité. Créer un climat d’insécurité dans le quartier en maintenant un niveau de vandalisme constant c’est une chose, revendiquer des actions en grandes pompes et s’arranger pour qu’elles éclatent dans l’espace public en est une autre.

Ce qui nous donne la puissance, ce n’est pas le niveau de préparation d’une clique d’expert.e.s en destruction. La puissance on la trouve dans le commun, dans le partage de notre rapport au monde subversif. Lorsque le projet anarchiste se présente comme une entreprise individuelle, même au sein d’un groupe affinitaire, il demeure tout au plus du libéralisme, fut-il radical. Si l’insurrection n’est pas un concept, ce n’est pas non plus le projet d’individus en lutte. La puissance, c’est la sensation de participer à une force qui nous dépasse, qui nous transcende, qui nous définit autant qu’on la définit. Ce n’est pas dans les mouvements sociaux qu’on la cherche, mais bien dans les moments insurrectionnels. C’est alors qu’on comprend le côté irrémédiablement commun de la lutte, que la volonté de s’attaquer à la police et au capitalisme est partagée par tout ceux et celles qui prennent parti, qu’on se reconnaît entre ami.es. Ainsi se crée le sentiment partagé de participer à la perpétuation d’une culture de résistance face au capitalisme, aux rapports de domination qui en découle, et à tous les autres systèmes d’oppression. Puissance et communauté de lutte s’identifient sans résidu.

On ne peut pas se suffire du sentiment de puissance et de la joie qu’on ressent en attaquant un commerce ou en caillassant des flics. Il faut qu’on se donne les moyens de gagner. Que l’on nous comprenne bien, nous n’exigeons rien du Capital ni de l’État. Il ne s’agit pas de demander des logements sociaux et ensuite un quartier autogéré et ensuite une vie sans travail. Gagner veut dire accroître notre puissance collective. Quatre ans après la grève de 2012, on peut affirmer que les amitiés politiques que nous y avons puisées en ont fait une lutte « victorieuse ». Les mois d’avril et de mai de cette année-là ont vu des moments proprement insurrectionnels, non pas seulement dans le sens que ça pétait tous les soirs, mais au sens où nos relations étaient définies en fonction de, par et pour la grève. Certes, il ne faut pas se perdre dans une reproduction de luttes passées, comme autant de recettes à reproduire, et il est nécessaire de cultiver un sentiment de rupture avec le pouvoir. Mais il faut se prendre au sérieux, et être à la hauteur de nos adversaires. Cela veut dire parfois attaquer là où illes ne s’y attendent pas, les surprendre et déjouer l’appareil anti-insurrectionnel qui commence à être sacrément bien rodé. Bon gré, mal gré, il nous faut avouer que s’il y a bien une chose que le pouvoir sait gérer, autant sur le plan du discours que celui de la répression effective, c’est une bande de potes qui s’isole dans l’illégalisme. Il nous faut être talentueux.ses, intelligent.es, parfois intransigeant.es, parfois indulgent.es, mais toujours stratèges. Il faut arrêter de planifier nos actions comme si on les accomplissaient par dépit, à défaut de mieux. Il nous faut arriver à transpercer le spectacle de notre puissance et de nos actions. C’est ainsi que nous nous mettrons à disposition de la joie de résister, c’est-à-dire de vouloir gagner.

Il ne suffit pas de craquer une allumette au hasard au milieu de la nuit, en se demandant si cette fois le brasier va prendre. Pour démarrer un feu, ça prend du combustible et de l’oxygène. Cet incendie que l’on désire allumer, c’est le seul qui est à même d’éclairer les fissures qui lézardent le capitalisme. C’est celui de la révolution. Pas la Révolution du PCR ou du Grand Soir. La révolution c’est la force qui nous anime, qui nous réunit et qui nous meut. C’est celle des réunions, de la conspiration, des caucus, de la planification. C’est celle de la mise en commun, autant des moyens de production ou du vol que du développement de la puissance qui naît de la confiance qu’on se partage. Ce n’est pas un horizon à atteindre, mais un processus en soi, une lutte contre le pouvoir sans cesse renouvelée. Ce n’est surtout pas la cessation de quelques individualités regroupées vis-à-vis du capitalisme. C’est la création d’une culture de lutte à même de continuer à amener du bois au feu, parce qu’un feu se passe bien d’allumette.

Les points, les nœuds, les foyers de résistance sont disséminés avec plus ou moins de densité dans le temps et l’espace, dressant parfois des groupes ou des individus de manière définitive, allumant certains points du corps, certains moments de la vie, certains types de comportement. Des grandes ruptures radicales, des partages binaires et massifs? Parfois. Mais on a affaire le plus souvent à des points de résistance mobiles et transitoires, introduisant dans une société des clivages qui se déplacent, brisant des unités et suscitant des regroupements, sillonnant les individus eux-même, les découpant et les remodelant, traçant en eux, dans leur corps et dans leurs âmes, des régions irréductibles. Tout comme le réseau des relations de pouvoir fini par former un épais tissu, qui traverse les appareils et les institutions sans se localiser exactement en eux, de même l’essaimage des points de résistance traverse les stratifications sociales et les unités individuelles. C’est sans doute le codage stratégique de ces points de résistance qui rend possible une révolution.

– Foucault

Plusieurs attaques non-revendiquées contre des commerces bobos à Hochelaga

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Mar 042017
 

Le Lapin blanc

Un restaurant de la rue Sainte-Catherine dans Hochelaga-Maisonneuve, le Lapin blanc, a été la cible de vandalisme dans la nuit de jeudi à vendredi entre le 26 et le 27 janvier

Quelques minutes après la fermeture de l’établissement, une caméra de surveillance a capté un individu cagoulé qui traçait un graffiti peu élogieux.

Pour le propriétaire, Stéphane Allard, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’un acte anti-gentrification planifié.

« On voit quatre individus passer avec un sac à dos. On voit ensuite une personne masquée faire un graffiti haineux », explique M. Allard, qui estime avoir perdu une journée complète de travail.

Radio-Canada

Anticafé

Un autre commerce a été visé par des vandales, dans Hochelaga-Maisonneuve, qui ont fracassé la vitrine d’un café dans la nuit de samedi à dimanche entre le 11 et le 12 fevrier.

Dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l’Anticafé Hochelaga-Maisonneuve, des gens de cet établissement ont expliqué que ce méfait a été découvert vers 6 heures du matin.

«Ces événements-là, c’est un peu incontrôlable. On comprend pas trop pourquoi. Je pense pas que l’Anticafé soit un commerce qui peut être qualifié d’embourgeoisant», ont-ils dit.

«On ne sait pas si ces événements-là sont reliés à un acte un peu anarchiste ou si c’est simplement un accident. Malgré tout ça, ça coûte des sous aux commerçants», ont-ils ajouté dans la vidéo.

Au moins 25 commerces ont été vandalisés en neuf mois l’an dernier dans Hochelaga-Maisonneuve par des gens qui veulent dénoncer l’embourgeoisement du quartier.

TVA Nouvelles

Mon Gym Privé

Le propriétaire d’un gym d’Hochelaga refuse de se laisser intimider après les 4 actes de vandalisme dont il a été victime en seulement 5 mois.

«Ils auront beau briser ma vitre huit fois, je ne m’en irai pas d’ici, lance Michaël Couture, propriétaire du commerce Mon Gym Privé. Je vais mettre un mur de briques s’il faut à la place de la vitre, mais je ne partirai pas. C’est le quartier que j’ai choisi, je reste.»

Jeudi soir, le 23 février vers minuit, la police a reçu un appel concernant une vitrine fracassée, au coin des rues Sainte-Catherine et Cuvillier. En arrivant sur place, M. Couture a constaté, sans grand étonnement, qu’il s’agissait de la vitrine de son commerce. La réalité se répète pour cet entrepreneur installé depuis cet été dans Hochelaga-Maisonneuve et qui a déjà subi 4 actes de vandalisme depuis l’automne.

En octobre, une affiche de l’«Assemblée de lutte contre l’embourgeoisement d’Hochelaga-Maisonneuve» avait même été collée sur son mur de brique, adjacent à la vitrine taguée.

– Journal de Montreal

Dans la nuit de jeudi à vendredi (le 23 fevrier), trois commerces ont été vandalisés. Le jour suivant, une trentaine de structures de neige du Carnaval Hivernal avaient été détruites. Lundi matin, au moins quatre commerces de la rue Sainte-Catherine Est avaient été tagués.

À quelques pas d’Elektrik Kids ciblé la semaine dernière, on pouvait lire lundi matin, «Asshole» sur le Showroom Montréal,  «Mort aux vaches» sur la porte d’entrée de l’agence immobilière MyRoom Gestion et un symbole de l’anarchisme sur les vitres de LavoieLuminaires.

– Journal de Montreal

Defend the Hood

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Déc 222016
 

De subMedia.tv

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En 2016, de nombreuses attaques directes ont été lancées contre divers symboles de la gentrification dans Hochelaga-Maisonneuve et Saint-Henri. Nous avons voulu donner aux militants l’occasion d’exprimer un point de vue que les grands médias choisissent systématiquement d’ignorer ou de déformer. Submedia.tv a obtenu ces entrevues exclusives avec deux anarchistes impliqués dans ces actions.

Pour protéger l’identité de ces personnes, leur voix a été doublée.

Qu’est-ce que ça implique, pour vous, de lutter contre la gentrification ?

1: Avant tout, on parle juste pour nous deux ici, pas pour les autres gens qui ont participé à l’action. On ne veut pas représenter qui que ce soit d’autre.

2: Je ne veux pas me limiter à lutter contre la gentrification, que je vois comme une intensification de la misère du capitalisme. Et je suis contre le capitalisme sous toutes ses formes. Je lutte contre la gentrification parce qu’elle affecte ma vie et celle de tellement de gens autour, mais aussi parce que c’est un contexte qui permet d’échanger des idées et des pratiques, de nourrir une plus large perspective de lutte anarchiste. J’ai été inspirée par des anarchistes dans d’autres villes, qui ont ancré leur lutte dans l’endroit où elles vivent. Ils ont réussi à rendre certains quartiers dangereux pour les autorités et peu accueillants pour les entreprises capitalistes. J’aimerais que la police ait peur d’être attaquée quand elle patrouille dans Hochelag ; que les petits commerces bourgeois hésitent avant de s’installer ici, parce que leurs primes d’assurances vont être super chères ; que les gens pensent au fait que s’ils parquent leur char de luxe dans le quartier pour la nuit, il risque de se faire trasher ; que dès qu’un graf ou une affiche est enlevée, elle soit aussitôt remplacée.

1: Et si on veut que ces gens là aient peur, c’est parce qu’on veut l’espace pour expérimenter d’autres façons de vivre, et parce que la cohabitation n’est pas possible. Leur monde va toujours vouloir la destruction des autres mondes, ceux de liberté, de partage, de gratuité, de relations en dehors du travail et du loisir, de joie en dehors de la consommation…

2. Je pense que ça vaut la peine d’expliciter comment la lutte contre la gentrification est inévitablement une lutte contre la police. L’outil principal de la municipalité pour mener à bien son projet de nettoyage social, c’est la police et la pacification des habitants. Cette réalité-là est au cœur des réflexions qui orientent nos actions. La pacification prend différentes formes : c’est l’installation des caméras, l’aménagement des parcs et des rues, mais c’est aussi l’imaginaire créé par le discours de bullshit sur  »la mixité sociale ». Les consultations publiques, les études et les projets de logements abordables, c’est juste une façade : pendant ce temps-là, le nettoyage social avance et de plus en plus de gens se font expulser. Si ces moyens de pacification ne fonctionnent pas, la ville a recours à la répression, c’est-à-dire à la police. C’est les policiers qui expulsent les locataires, empêchent l’existence de squats, etc. Toute forme d’organisation offensive, qui refuse les tentatives de médiation avec l’autorité municipale, va un jour faire face à la police. C’est donc aussi important de développer notre capacité à défendre les iniatives contre la répression.

Sans nécessairement délaisser l’action communautaire, de nombreux-euses anarchistes privilégient le mode d’action directe, pourquoi?

1: On n’a pas de revendications. On n’a pas fait cette action pour faire pression sur le pouvoir, pour qu’il nous accorde certaines choses. C’est sûr que les gens devraient avoir accès à du logement, mais je ne pense pas qu’on devrait s’attendre à ce que l’État réponde à des demandes de logements sociaux qui sont faites depuis les années 1980, dans un quartier qui s’embourgeoise. Je suis plus intéressée à voir de quoi ça pourrait avoir l’air si les gens prenaient l’espace et le défendaient, sans demander. Je ne suis pas intéressée à dialoguer avec le pouvoir.

2: Le dialogue avec les autorités municipales c’est, avec la menace de répression policière, la principale méthode de pacification. Pour nous garder dans l’inaction, emprisonnés dans un imaginaire où l’on ne peut rien prendre ou rien empêcher.

1: Ce qui est bien avec l’action directe, c’est que tu te débarrasses finalement du médiateur ultime, l’État, en agissant directement sur une situation. Plutôt que donner du pouvoir à la ville, en lui demandant quelque chose, on veut nous-mêmes agir sur les forces qui gentrifient le quartier. L’État a peur des gens qui refusent son rôle de médiateur.

Pourquoi choisir une stratégie d’action directe en dehors d’un contexte propice comme celui d’un mouvement social ?

2: Parce qu’on veut pas attendre  »le bon contexte ». On pense que c’est en intervenant dans des situations fucked up du monde dans lequel on vit qu’on crée des contextes. Le fait que ce monde soit horrible est en soi un  » bon contexte  ». Ça vaut la peine de se révolter tous les jours.

1 : Je pense que c’est important de mettre l’accent sur ça, je ne crois pas qu’il faille qu’on attende les mouvements sociaux pour agir. Les gestes de révolte ont toutes sortes d’impacts, même s’ils ne s’inscrivent pas dans un mouvement social. En plus, quand il va y avoir le prochain grand moment de révolte, on va être davantage préparées pour y participer.

Finalement, que répondez-vous à ceux et celles qui disent que la gentrification est un processus inévitable?

1. La gentrification c’est un processus du capitalisme et du colonialisme comme d’autres. Ça a l’air inévitable, et ça l’est peut-être, mais ça vaut tout de même le coup de lutter contre et de ne pas se laisser faire. Dans le monde insupportable dans lequel on vit, j’ai l’impression que ma vie peut juste trouver un certain sens si je me bats.

2. Au mieux, le processus de gentrification va se déplacer ailleurs, si un quartier résiste. Quand même, lutter contre le capitalisme et l’État, ça ouvre des possibles qui ne peuvent pas exister autrement.

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Plus de caméras, plus de cibles!

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Déc 012016
 

camlolz

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Durant les derniers mois, nous avons joué à CamOver dans Hochelaga. Nous avons détruit une vingtaine de caméras de sécurité. Pour vous (et beaucoup pour notre propre plaisir!), voici une photo où l’on voit un.e ami.e arborant un collier de trophées optiques.

En réponse au récent saccage de commerces gentrificateurs dans le quartier, et dans un contexte ou vingt-deux commerces ont été vandalisés dans la dernière année, la municipalité et la police annoncent publiquement une collaboration renouvelée. Ils tentent désespérément de rétablir le contrôle face à ces gens qui « n’ont pas peur de la police », telle que le montre leur volonté d’installer davantage de caméras. Bien sûr, la police sait qu’il lui est impossible d’être partout en même temps. Il y aura toujours des failles qui permettront à ceux.celles qui sont créatif.ves et bien préparé.es d’attaquer. Voilà pourquoi les caméras se multiplient : pour nous faire sentir impuissant.es et observé.es. Mais nos masques continueront à nous protéger contre toute caméra. No face, no case. D’ailleurs, face à cette augmentation de la présence des caméras dans le quartier, pour garder le moral, on a décidé d’y voir plus d’occasions de jouer à CamOver et de saboter les mécanismes de contrôle que les autorités mettent en place.

Nous avons décidé de jouer, et nous continuerons ce jeu de révolte, à la fois excitant et effrayant, apprenant à surpasser nos peurs, à composer avec le stress, à faire croître nos capacités, puisqu’il s’agit d’une question qui dépasse la gentrification d’un certain quartier. Ce qui se passe dans Hochelaga s’inscrit dans une histoire de luttes contre la domination aussi vieille que la civilisation elle-même : une multiplicité de mondes insoumis et sauvages qui résistent et se dérobent à celui de l’ordre et du ‘progrès’.

Qui est ce ‘nous’? Nous des ami.es qui avons décidé de manière autonome de détruire des caméras. Contrairement à ce que veulent faire croire les élu.es et les médias de masse qui cherchent à savoir qui est le ‘groupe de vandales’, il n’y a pas de réseau s’apparentant à celui de la mafia, qu’il faudrait démanteler. Les anarchistes n’agissent pas au sein d’une chaîné de commande, nous agissons avec nos tripes. Nulle opération policière contre des ‘réseaux’ fictifs ne peut arrêter l’organisation autonome de gens qui décident d’attaquer en portant des masques.

bye


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Attaquer plus que des vitrines : attaques à Hochelaga

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Nov 292016
 

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Soumission anonyme à MTL Counter-info

Il y a près d’un an, les biens pensants du quartier se sont indigné face à une attaque contre Electric Kids, dont la devanture avait été aspergée de peinture mauve – dont on peut encore voir les traces aujourd’hui.

Cette nuit, nous avons décidé d’attaquer d’autres commerces de la rue Sainte-Catherine – trois boutiques de meubles design, une agence immobiliaire et un salon de coiffure bobo. Si c’est cette stratégie que nous employons, il ne s’agit pas que de faire parler ceux et celles qui appuient et participent à la gentrification d’Hochelaga. Nous désirons faire plus qu’élever notre voix, faire plus que nous indigner face à ce mouvement qui nous chasse lentement du quartier. Plutôt que de se contenter de fracasser leurs vitrines, nous avons décidé d’asperger l’intérieur des commerces de design de peinture afin de ruiner leur marchandise. Il s’agit d’affecter directement ces marchands, et pas uniquement la façade qui les protège.

Ces vitrines détruites, cette marchandise ruinée par la peinture, c’est un acte de guerre. Nous ne laisserons pas ces boutiques s’installer en paix – cette paix de façade qui n’est autre que l’invisibilisation de la guerre en cours contre les pauvres et les marginaux.ales. Nous ne les laisserons pas faire monter les prix de nos loyers, et participer au nettoyage social qui vient nécessairement avec leur clientèle Bon Chic Bon Genre.

Nous ne laisserons pas agir impunément ni la mairie qui participe à faire de ce quartier un endroit hostile à ceux et celles qui ne se conforment pas, ni les entrepreneurs de condos ultra-design qui renforcent l’isolation et la pauvreté relationnelle.

Ces boutiques sont le visage sympatique d’un processus violent que nous désirons saboter, au même titre que les voitures de luxe, les condos en construction, les voitures de police qui patrouillent le quartier, et tous les autres efforts mis en place pour rendre nos quartiers stériles et contrôlés par les intérêts des propriétaires et des riches.

Fuck la gentrification.

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Des bonbons pour les enfants, des cailloux pour les bourgeois

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Nov 282016
 

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Soumission anonyme à MTL Counter-info

Lundi le 31 octobre dernier, environ 75 personnes se sont rassemblées à Hochelag’, avec costumes et bonbons, pour une manifestation d’Halloween contre la gentrification. Dans une ambiance carnavalesque, la petite foule s’est élancée dans les rues et a fait des graffitis sur les murs du quartier. Sur l’ensemble du trajet de la manif, on pouvait lire : « fuck homa », « genre = cauchemar », « tout le monde déteste la police », « junkies contre la gentrification », etc. Ça a donné un peu de couleur et de vie à Hochelag’ qui s’asceptise au fur et à mesure que poussent condos, épiceries bobos et magasins de linge haut de gamme.

Cette manif se voulait un renversement des dynamiques quotidiennes, au vu et au su des gens qui habitent le quartier, contre les flics qui protègent les nouveaux entrepreneurs, contre les tags qu’on efface dès le lendemain. Le temps de cette manif, on a pu habiter le quartier différemment, de façon plus incontrôlable.

La manif a déambulé dans les rues en se rendant jusqu’à Ste-Cathe, en scandant des slogans comme « des bonbons pour les enfants, des cailloux pour les bourgeois ». Parce que c’était un soir d’Halloween, les rues étaient animées et la manif a fait réagir plusieurs positivement. Les flics se sont pointés après une vingtaine de minutes. C’est à ce moment qu’une bande d’ados qui chillaient dans le parc sont venus se joindre à la manif. Ils ont envoyé promené la personne qui leur a offert des bonbons, se sont emparés de tout le sac, puis se sont enfuis dans les ruelles. Pleins d’enthousiasme, ils n’ont pas tardé à réapparaître et ont continué à suivre la manif.

Lorsqu’un premier char de flic s’est positionné à l’avant de la manif, une personne a courru pour couvrir l’arrière du char de gribouillis-graffitis, ce qui lui a fait prendre ses distances. Après avoir tourné sur Davidson, les gens ont commencé à fracasser des voitures de luxe à coup de marteaux, ce qui a irrité les flics qui sont dès lors devenus plus agressifs. C’est alors que la première roche a été lancée, suscitant des exclamations joyeuses de la part de la bande d’ados. La manif a piqué à travers le parc Davidson pour prendre la rue Cuvillier et échapper aux flics qui la collaient de près.

Lorsque la manif est arrivée sur Ontario, un groupe de gens a courru à contre-sens de la manif pour attaquer les voitures de police avec une douzaine de roches. Cela a cependant fait réagir la police en chargeant avec leur voiture cette petite bande, plutôt que de retraiter devant l’attaque, comme on pourrait s’y attendre. Les flics auraient clairement pu renverser et écraser une personne à ce moment là. On pense que mettre des barricades entre les chars de flics et ceux qui lancent les projectiles pourrait rendre ce genre de situation plus sécuritaire pour nous dans le futur. Ça pourrait être des dumpsters sur roues qui suivent la manif ou des chars renversés sur le chemin. Une autre chose à considérer est les roches peuvent briser les fenêtres de côté des voitures, mais pas les pare-brises : ainsi, si on vise ce dernier, il y a moins de chance que les policiers se sentent menacés et reculent. Par ailleurs, les gens ont rapidement épuisé leurs réserves de projectiles. En prévoir davantage nous rendrait moins rapidement vulnérables. La charge des voitures de flics a sonné le dernier coup de dispersion : les gens se sont enfuis à travers les ruelles et les rues adjacentes.

Cette manif, on l’a trouvée intéressante pour différentes raisons.

D’abord, on croit que c’est intéressant de profiter d’Halloween pour faire une manif, parce que c’est alors possible de se promener masqué.e dans la rue sans avoir l’air suspect. Et qu’en cette soirée de l’année tout le monde dans la rue a plus ou moins l’air sketch, alors ça facilite la dispersion de la manif.

Aussi, l’emphase de cette manif a été mise sur la contre-information dans le quartier, avec les graffitis et des affiches, sur des rues comme Ste-Catherine normalement patrouillées par trop de flics pour que les gens osent y faire des graffs. C’est puissant de pouvoir marquer les murs du quartier sans avoir à le faire caché.es dans l’obscurité des ruelles.

C’était aussi intéressant que ça soit une manif de quartier, plutôt que ces manifs de centre-ville aux trajets mille fois parcourus et hostiles, et où la répression policière est plus forte et nous fait souvent hésiter à agir. Faire une manif dans un quartier où on habite, où nos ami.es habitent est significatif de notre résistance dans ce lieu.

Quand la nuit tombe, les chauve-souris dansent

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Août 202016
 

fuckexploitationSoumission anonyme à MTL Counter-info

Mardi dernier, le 16 août, une panne de courant généralisée a plongé Hochelaga dans l’obscurité. Plus de lumière dans les rues, plus de caméra qui fonctionne… En réalisant ce qui se passait, on s’est rapidement lancé des regards entendus et on s’est souri à la lueur des chandelles. On a ramassé nos imperméables et quelques outils, puis on est parti.es jouer dans la nuit. La pluie torrentielle avait perturbé la machine étouffante de la ville et son système de surveillance. La tempête nous offrait un répit, un instant de chaos à ne pas manquer. Complètement détrempé.es, le coeur joyeux, on s’est promené.es dans les rues en improvisant nos cibles avec excitation. On a pris quelques précautions : prévoir une voie de sortie pour chaque endroit et désigner des personnes qui faisaient le guet. La noirceur était notre complice. On s’est amusé.es jusqu’au retour de l’électricité, puis on est rentré.es chez nous sans l’ombre d’un problème.

On a éclaté les vitrines de trois endroits gentrificateurs : sur Ontario, le restaurant Burrito Revolution et un magasin de cigarettes électroniques, ainsi que, sur Ste-Catherine, le café bobo Le dîner.

On a crevé les pneus de deux chars de luxe.

On a couvert de graffitis plusieurs endroits. Sur la boulangerie Arhoma, qui a déjà été visée par une action similaire par la passé, on a écrit : On vous lâchera pas / Hochelag ≠ Plateau. Sur le Jean Coutu : Toi aussi tu fais partie du problème / Fuck ton empire. Sur le Dollorama : Fuck l’exploitation / Solidarité sans frontière. Sur l’agence immobilière Royal Lepage : On veut pas de vos condos. On a aussi redécoré tous les chars du concessionnaire automobile sur Ste-Catherine où on prévoit construire 120 condos, y allant de classique tels que Pas bienvenus ou Mange ton bourg, mais aussi d’inspirations plus funky comme Spaghetti.

La prochaine fois qu’une telle occasion se présente, on espère vous croiser dans la rue !

Graffitis dans le tunnel St-Remi, St-Henri

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Août 082016