Montréal Contre-information
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Avr 182015
 

De retour dans le quartier après une année et quelques mois de prison. Ce serait mentir que de dire que tout est facile. C’est un mélange entre des expériences magnifiques et des moments d’inconforts qui sont difficiles à partager. Après avoir perdu tout contrôle de son corps, toute autonomie physique, être en tête a tête avec soi-même est un combat quotidien. Un mélange de peur et de joie. Mais tout compte fait, les complices qui m’accompagnent au quotidien, d’ici et d’ailleurs sont conscients et très présents. La sensibilité est la force d’une solidarité sans limites.

J’aimerais avec cette courte lettre, envoyer un salut sincère aux ami-es et complices qui sont en cavale, ceux et celles qui restent séquestré-es dans les prisons du monde et également à ceux et celles qui se battent pour la liberté dans cette grande prison à ciel ouvert. J’ai quitté le monde carcéral mais chaque jour de nouvelles personne y rentrent, la répression ne fait que s’intensifier et après cette expérience, je dois remercier la solidarité sans frontière que nous avons reçu en soulignant que le combat continue avec tous ceux et celles qui luttent pour leur liberté.

Un cri de force rebelle et sincère pour toutes les âmes rebelles qui ont croisé mon chemin et qui m’ont touchée par leur sensibilité et leur force.

Un salut spécial à Chivo, compagnon, frère, j’espère que tu vas bien là où tu es, pour moi tu es toujours là. Et aussi un salut aux compagnonnes de Santa Marta, je les porte dans mon cœur.

Avr 172015
 

Le 8 avril, une banderole disant “Solidarité avec les prisonniers en grève de la faim en Grèce. Que vive l’anarchie” a été accrochée et des tracts ont été distribués :

Solidarité depuis Montréal

Aujourd’hui, le 8 avril, nous rendons hommages aux prisonnier.e.s en grève de la faim dans les prisons grecques depuis le 2 mars 2015.

Dans le contexte actuel, le parti au pouvoir en Grèce depuis les élections de janvier 2015 est le parti de Gauche radical Syriza; un parti promouvant des idées anticapitalistes et antipatriarcales. Il semble évident qu’en réalité, le parti a pour rôle la récupération électorale de la rébellion sociale. Plusieurs prisonnier.e.s anarchistes, prisonnier.e.s politiques et prisonnier.e.s sociaux.ales en sont bien conscient.e.s et subissent quotidiennement les conséquences de cette comédie.

Une grève de la faim massive est engagée depuis plus d’un mois afin d’exiger entre autre l’abolition de plusieurs lois fascistes et des prisons de Type C. Plusieurs compagnon.e.s sont dans des états de santé critiques. Les évènements révèlent le vrai visage du parti de Gauche qui continue de réprimer les luttes.

Voici les revendications des prisonniers en lutte :

• Abolition de la loi antiterroriste 187A et de la loi contre les organisation illicites 187
• Abolition de la condition aggravante d’une action réalisée en se couvrant les caractéristiques faciales (« loi de la cagoule »)
• Abolition des prisons de sécurité maximale (type C)
• Abolition de l’ordre du parquet par lequel on impose la prise violente de traces ADN
• Que les expert.e.s biologistes de confiance de l’accusé.e aient accès et puissent analyser les traces ADN si l’accusé.e le désire
• Abolition de l’analyse de traces qui contiennent des mélanges de matériel génétique de plus de deux personnes
• La libération immédiate de Savvas Xiros pour qu’il puisse recevoir le traitement médical dont il a besoin.

Force et courage à tous les compagnon.e.s en prison et en fugue!
Pour la destruction de l’État, du Capitalisme et de toutes les prisons.
Vive l’anarchie!

Pour plus d’information :
contrainfo.espiv.net
hunger-strike.espivblogs.net
www.non-fides.fr

Avr 162015
 

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Les Mohawks veulent ériger des barricades contre les pipelines de pétrole

Publié sur Mr Mondialisation, 16 avril 2015

Les grands projets pétroliers suscitent plus que jamais le ras-le-bol des populations locales qui doivent subir la détérioration de leur environnement direct, ainsi que les dérèglements climatiques, impacts indirects de ces activités. Les Mohawk, l’une des six grandes nations iroquoises, menacent d’intervenir pour bloquer la construction d’un pipeline, comme ce fut déjà le cas par le passé.

La construction de l’oléoduc de TransCanada pose problème depuis les débuts du projet. Des manifestations sous l’égide de groupes écologistes ont déjà permis, après des mois de lutte, de modifier le trajet et de supprimer certains terminaux pétroliers. Mais le passage du pipeline sur le territoire Mohawk reste maintenu et le grand chef de Kanesatake, Serge Simon, explique que la possibilité d’ériger des barricades n’est pas à négliger.

TransCanada avait récemment annoncé l’élaboration d’un nouveau projet d’oléoduc. Cet oléoduc « monstre » d’une longueur de 4600 kilomètres devait transporter environ un million de barils de pétrole par jour, des provinces d’Alberta et de Saskatchewan (ouest canadien) vers des raffineries de l’Est du pays pour transformation. Alors que le monde cherche en toute hâte, crise écologique oblige, comment faire émerger une ère post-carbone, les industriels du pétrole investissent plus que jamais dans de grands projets transnationaux.

Selon le tracé prévu, l’oléoduc devrait passer au nord du territoire Mohawk, au Québec, afin de relier l’actuel pipeline converti. Seulement, le chef Mohawk, Serge Simon, s’oppose catégoriquement au passage du pipeline de TransCanada sur son territoire et n’exclut pas la possibilité d’ériger des barricades, comme ce fut le cas 25 ans plus tôt lors de la crise d’Oka, pour empêcher la construction d’un terrain de golf et d’un projet immobilier. L’armée canadienne était intervenue pour contrer la désobéissance civile. Des conflits qui vont renforcer les tensions identitaires et les rancœurs entre les cultures jusqu’à nos jours.

Si aujourd’hui les Mohawk arrivent à se mettre d’accord avec certains québécois et canadiens, c’est bien concernant le sujet de l’écologie. La région du nord de l’Alberta est déjà polluée et de forts taux de mercure et d’arsenic (métaux lourds et dangereux pour la santé) ont été détectés dans la chair des animaux sauvages. La pollution de l’air est, elle aussi, une triste réalité dans cette région, au point de poser un risque de cancer plus élevé d’après un rapport de l’université de Toronto.

Les Mohawk rejoignent ainsi l’opposition à ce projet de 12 milliards de dollars, qui a pour but de favoriser le développement et le transport du pétrole le plus polluant qui soit, celui des sables bitumineux. De nombreuses manifestations et expositions ont eu lieu depuis l’annonce de l’édification du pipeline, soutenues par de grandes associations écologistes comme la Maison du développement durable, Equiterre, Greenpeace, Environmental Defence, ainsi que le Conseil des Canadiens.

Ces revendications forcées on fait plier TransCanada qui a abandonné son projet de terminal maritime de Cacouna. Si les habitants de Cacouna ont pu être épargnés (autant que les bélugas), cela n’est pas le cas des Mohawks de Kanesatake. Le passage de l’oléoduc est toujours maintenu au nord du territoire Mohawk, près de Mirabel, après avoir traversé la rivière des Outaouais et le lac des Deux Montagnes. Serge Simon, le chef de Kanesatake, s’inquiète surtout des conséquences d’un éventuel désastre si le pipeline venait à fuir ou à avoir un quelconque problème.

De son côté TransCanada affirme que la région « représente une occasion (de résistance!) pour toutes les collectivités situées le long du tracé » et souhaite trouver un compromis financier avec les Mohawks. Mais Serge Simon réplique qu’il ne veut pas prendre l’argent de TransCanada, car cela reviendrait à fermer les yeux et à exploiter à leur tour le pétrole des sables bitumineux qui représente un risque pour la santé des habitants du nord de l’Alberta.

Une bonne nouvelle est malgré tout arrivée le vendredi 10 avril, pour la planète, pour l’environnement et particulièrement pour les bélugas ( baleine blanche de l’arctique) : il n’y aura pas de terminal pétrolier de TransCanada dans le fleuve Saint Laurent. Mais Greenpeace est d’ores et déjà à l’affut pour continuer à s’opposer à la construction d’un autre terminal en d’autres régions.

Pour l’instant, aucune décision n’a été prise concernant le passage du pipeline sur le territoire Mohawk, ce qui est sûr, c’est que les habitants de Kanesatake n’hésiteront pas à empêcher le passage de l’oléoduc, même si pour le moment, cela ne constitue pas leur stratégie première.

Avr 132015
 

quebec

Appel mondial à des actions de solidarité du 13 au 17 avril
contre la répression à l’Université du Québec À Montréal (UQAM) et partout.

Le 21 mars 2015, des étudiant-e-s du Québec au Canada ont lancé un mouvement de grève politique contre les mesures d’austérité et contre l’extraction des hydrocarbures. Notre mouvement s’inscrit dans un climat répressif général où les manifestations sont interdites et durement réprimées en vertu de plusieurs règlements municipaux ou liés au code de la route. Des milliers des personnes ont ainsi été arrêtées ces trois dernières années, avec des amendes de 640$ pour les plus chanceux/euses et des accusations criminelles pour les autres.

Depuis des semaines nous subissons une répression encore plus importante, au sein même de notre université. Le mouvement dans son ensemble a fait preuve d’un grand courage, en répondant coup pour coup à cette répression, mais aujourd’hui nous avons besoin de votre aide.

Depuis quelques jours une série d’événements nous accablent :

  • fin mars, 9 étudiant-e-s ont reçu une convocation devant le conseil exécutif de l’UQAM. Sans aucune possibilité d’appel, sans que les procédures internes ne soient respectées, ces étudiant-e-s sont menacées de la sanction la plus grave, soit une expulsion définitive de l’université. Ils et elles sont accusé-e-s pour des faits remontant parfois à l’hiver 2013…
  • une injonction demandée par l’UQAM nous interdit de lever les cours et de tenir TOUTES activités liées à la grève.
  • le 8 avril, suite à des levées de cours, l’administration de l’UQAM a fait appel aux forces de l’ordre et 21 personnes ont été arrêtées. Elles ont désormais l’interdiction de s’approcher de l’université en plus de charges criminelles qui pèsent sur elles.

En réaction à tout cela, depuis le 8 avril, les assemblées générales des différentes facultés ont décidé de reconduire la grève générale illimitée en ajoutant les revendications suivantes :

Fin de l’injonction et de la judiciarisation du mouvement social

Plus jamais la police sur le campus

Fin des poursuites contre les 9 expulsé-e-s politiques

Nous avons besoin de vous!

Ceci est donc un appel à une semaine d’actions de solidarité du 13 au 17 avril 2015. Notre université, l’UQAM tient beaucoup à son image alors nous vous invitons à passer à l’action, à la hauteur de vos moyens et possibilités.

Quoi que vous décidiez, n’hésitez pas à nous relater vos événements à l’adresse suivante : solidariteactionuqam@gmail.com

Contre la répression, par tous les moyens nécessaires !

Signé : des étudiant-e-s et des employé-e-s étudiant-e-s de l’UQAM

Avr 082015
 

De Nonfides

Compagnons, j’écris ces quelques lignes dans l’intention de faire connaître ma situation de vie actuelle, que j’ai décidé, à partir d’une perspective très particulière, de mener à cause de la succession de situations qui se sont présentées dans le contexte récent de la lutte individuelle et/ou sociale, et la répression contre celle-ci.

La liste est longue de compagnon-ne-s qui ont été harcelés et sous le coup d’enquêtes à cause de l’activité anarchiste de ces derniers temps ici, et plus précisément dans le centre et le sud du pays, en les faisant suivre pour épier leurs moindres mouvements et voir avec qui ils s’organisent, en envoyant des saloperies de balances pour obtenir des informations, en accusant les compagnon-ne-s étranger-e-s de financer les luttes, et j’en passe. Et même lorsque j’ai été arrêté et emmené en prison avec mes compagnonnes d’affinité Amelie et Fallon, il y a eu une tentative de faire un lien entre de nombreuses personnes du milieu libertaire/anarchiste afin d’essayer de les lier à notre affaire (5E), perquisitionnant des maisons afin d’obtenir des « preuves » (sans y parvenir) et ainsi avoir plus d’arguments pour armer un coup fort à l’intérieur du petit monde acrate.

Ceci a mené à l’arrestation du compagnon « Tripa » (et la persécution d’autres compagnons qui ont aussi dû s’éloigner), où heureusement on a pu compter sur la réaction opportune des compagnonnes du GASPA [NdT : Groupe d’Avocates Solidaires avec les Prisonniers Anarchistes] pour le sortir immédiatement, vu que l’accusation ne reposait sur rien, et il n’a pas eu d’autre choix que celui de la cavale, vu qu’il était accusé pour ses antécédents « délictueux » auxquels s’additionnait un lien avec les enquêtes pour terrorisme, sabotage et autres affaires qu’ils ont voulu nous mettre sur le dos.

Pour les mêmes évidences et ayant la faculté de choisir librement, j’ai décidé de prendre le chemin de la fuite pour différentes raisons, principalement pour ma propre sécurité et celle des autres compagnons, vu le chemin que prend tout cela. Je ne serai pas le premier ni le dernier à le faire, en ayant pris un chemin de lutte qui m’amène à me réapproprier ma propre vie, et qui mène aussi sur un chemin violent, frontal et réfractaire à toute autorité. Et pas besoin d’être un érudit pour te rendre compte que tu seras dans le viseur de ces flics et procureurs qui essaieront de te lier et t’impliquer à n’importe quel cas d’action directe qui a lieu sur le champs de bataille, et dans mon cas, en sortant sous libération sous contrainte avec un pointage il est évident que j’aurais été à leur merci pour me rééduquer à leur goût, plaisir que je n’ai pas l’intention de leur procurer, au moins dans la mesure de mes possibilités.

En plus de ne pas avoir la moindre intention de collaborer à ce foutu petit théâtre juridique qui aurait continué après ma sortie de prison, dès les premiers instants de ma libération physique j’ai décidé de ne pas être leur proie contrôlée par la visite périodique de l’endroit où j’étais censé me présenter pour effectuer une horrible signature durant un an et demi de plus. Pour tout cela j’ai décidé de ne pas me présenter devant le tribunal les jours suivants, cherchant à rompre avec ce que j’appelle une ligne de conduite.

Ceci ne veut pas dire que je m’éloigne de la lutte ou que je me repente de ce que j’ai vécu pour la mener, au contraire, celle-ci continuera d’être le facteur principal qui continue de me pousser dans cette facette insurrectionnelles vers l’inconnu de la liberté. Depuis « dehors » aussi on peut continuer dans la quotidienneté de l’attaque permanente à travers ses diverses formes et contenus, en cherchant à poursuivre mes projets depuis d’autres endroits mais avec les mêmes visions, en sachant clairement que ça n’est pas avec la prétention de vouloir mener ma lutte dans la clandestinité volontaire ni de chercher une forme spécialisée ou supérieure d’attaque, mais en prenant en compte que celles-ci font partie des conséquences que nous devons affronter et assumer sur ces chemins du conflit, de faire les choses pour ce en quoi nous croyons et de la façon que nous le croyons possible et nécessaire.

J’ai toujours su que s’opposer fermement aux formes de subordination et aux contenus idéologiques que les techniques du mensonge démocratique emploient afin de maintenir leurs privilèges et l’état des choses, amènerait avec soi des situations opposées à ce que n’importe qui de « normal » voudrait pour sa vie. Mais comme moi je n’ai pas envie d’être ce genre de personne normale et d’accepter d’être un esclave de plus, j’ai voulu faire les choses de cette manière, comme le ferait n’importe quel irréductible à la recherche d’une vie meilleure à partir de sa façon de comprendre les choses.

Cela aurait été plus confortable pour moi, après être sorti de prison et marcher dans la rue, de voir la famille, les amis et d’être aux côtés de ma chère fille, tout comme d’être aux côtés des compagnon-ne-s et personnes de diverses tendances avec qui j’ai des affinités pour continuer d’agir ensemble. Mais comprenant que ceci n’est pas un jeu et que la lutte doit se mener jusqu’aux dernières conséquences, il faut lui donner le sérieux nécessaire, et donc parfois il faut prendre des décisions qui peuvent s’avérer douloureuses par la distance physique avec les êtres aimés. C’est pour cela que je ne vois pas la cavale comme la seule issue, mais comme celle la plus proche de la vision que j’ai de la situation. J’y ai vu une façon adéquate d’agir, et j’ai déjà dit auparavant, entre autres choses, de ne pas donner lieu à des enquêtes et tentatives de me lier à de futures actes violents similaires à celui pour lequel j’ai été emprisonné, et avec cela de me lier aussi à d’autres compagnon-ne-s et à ceux qui se trouvent sur le chemin, car nous savons de quoi se servent l’État et ses sbires de la loi et de l’ordre, et je ne dis pas ça par peur, mais en partant du fait que c’est aussi un acte insurrectionnel de prendre soin des nôtres.

Une part de mon insurrection individuelle consiste en une rupture avec toute forme d’entrave, et la destruction constante de n’importe quelle relation personnelle/sociale issue de l’ennemi tant abhorré, l’État/Capital, et de n’importe quelle autorité, est nécessaire et a un rôle prépondérant. Raison pour laquelle je continue de me déclarer en guerre permanente dans la mesure de mes possibilités. De telles relations se reflètent dans la société aliénée qui ne reproduit que ce qui s’apprend dans ses établissement éducatifs et religieux, ses moyens d’information et de production économique/technologique, de même que dans ses manières de se conduire dans divers aspects quotidiens, et ne mènent qu’à la domination et font que je refuse de participer au jeu juridique et à être un « bon citoyen » car cela pourrait prouver que la punition donnée par les lois et leurs mentors fonctionne très bien. Je les emmerde !

C’est pour cela que je préférerais mourir dans la tentative plutôt que de chercher une concession, médiation, aide ou pacte avec l’ennemi que je cherche à détruire. En comprenant que chacun a ses perspectives et façons de faire les choses, et respectant ce que chacun fait de ses luttes, et soutenant celles avec lesquelles j’ai le plus d’affinité ou qui au moins font preuve d’une certaine hostilité envers l’ennemi. Mais celle-ci est la mienne, et c’est à elle que je me tiens.
Sans rien d’autre à rajouter, je fais une grosse bise à ceux qui me liront, et plus particulièrement à mes amis, compagnon-ne-s de lutte, à ma famille et à tous ceux qui s’identifient dans la lutte contre le pouvoir sous chacune de ses facettes. La lutte continue, ne reconnaissant pas la situation comme prémisse de la fin, mais seulement comme la continuité de mes agissement libres.

Pour la liberté des prisonnier-es-s dans le monde !
Pour la solidarité avec les compagnon-ne-s en cavale, que le vent efface leurs traces !
Pour la destruction du pouvoir sous toutes ses formes !
Solidarité avec les compagnons en grève de la faim !
Guerre sociale de toutes parts !

Vive l’anarchie !

Carlos López “Chivo”
Depuis un recoin du monde
5 avril 2015

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[Traduit de l’espagnol par Camotazo.]

 

Avr 032015
 

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De le média de masse

Des entrepreneurs de Saint-Henri n’en peuvent plus d’être victimes d’actes de vandalisme de la part de ceux qui reprochent à leurs luxueux commerces d’embourgeoiser le quartier. Ils songent maintenant à embaucher un gardien de nuit.

«Si tu vends autre chose que des hot dogs à 25 cennes, à Saint-Henri, tu n’es pas toujours le bienvenu», affirme l’entrepreneur Corey Shapiro. Tous les jours, on crache dans les vitrines de son chic salon de coiffure et de sa lunetterie de luxe, tous deux situés sur la rue Notre-Dame.

En décembre, deux commerces de ce secteur, dont le salon de coiffure de M. Shapiro, avaient été aspergés de peinture blanche. Un blogue anarchiste avait alors revendiqué ce coup d’éclat. Malgré l’intervention des autorités, les commerçants qui possèdent des boutiques plus haut de gamme dans ce quartier populaire continuent d’être la cible d’actes de vandalisme et d’intimidation.

Fléau

Le Journal s’est entretenu hier avec quatre commerçants de la rue Notre-Dame aux prises avec ce fléau.

Tony Campanelli est l’un d’eux. L’homme d’affaires, qui possède un café et une boutique de vêtements pour hommes, est devenu malgré lui «un visage de la gentrification» de Saint-Henri, en pleine transformation depuis deux ou trois ans.

Aspergé d’huile

«On veut me faire porter le blâme de l’embourgeoisement du quartier. Ce n’est quand même pas de ma faute si les condos se multiplient et que les loyers augmentent», dit M. Campanelli.

Il y a deux semaines, on a aspergé d’huile la devanture de ses deux commerces, ce qui a taché la pierre de la façade.

«Je vais devoir appeler une entreprise de nettoyage pour faire disparaître tout ça», déplore l’entrepreneur.

L’entrepreneur a installé des caméras pour épingler ces vandales qu’il qualifie «d’anticapitalistes». Ses voisins et lui songent maintenant à se regrouper pour payer un gardien de nuit.

«Plus de 50 % de la population du quartier vit sous le seuil du faible revenu, rappelle le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoit Dorais. Alors oui, il y a des gens qui trouvent difficile l’arrivée de gens plus aisés.»

Le maire dénonce vivement ces actes de vandalisme, mais estime que ce phénomène ne touche qu’un petit nombre de commerçants. «De façon générale, les nouveaux commerces sont bien accueillis», souligne-t-il.

Les autres actes de vandalisme ciblant les commerces haut de gamme de Saint-Henri :

  • Des vitrines cassées
  • Des graffitis disant : « Non à la gentrification »
  • Des crachats dans les fenêtres
  • Des excréments laissés devant la porte
  • Des affiches anticapitalistes collées dans les fenêtres
  • Un mélange de petits fruits visant à reproduire les entrailles d’un animal, qui avait été laissé devant la porte
Mar 302015
 

De Printemps 2015

La révolte gronde à travers le Québec et se propage jour après jour. Déjà 66 associations étudiantes ont voté la grève reconductible. Les manifs de soir s’accumulent. Le Vieux-Montréal et l’Université Laval se saisissent de leurs campus et les transforment en lieux politiques. L’UQAM a été bloquée aujourd’hui même. Alors que le Printemps 2012 avait pris plusieurs semaines pour se mettre en branle, le Printemps 2015 a pris son envol en l’espace de quelques jours. Le mouvement reprend là où 2012 s’était interrompu. La grève est en marche.

Et la répression, elle, ne s’est pas fait attendre. Des arrestations massives ont eu lieu aussi bien à Québec qu’à Montréal. Des chiens se sont rués sur les manifestant.es les plus pacifiques. Une jeune étudiante s’est même fait tirer à bout portant par les flics. Et la direction de l’UQAM menace maintenant d’expulsion politique neuf étudiant.es militant.es.

C’est dans cette conjoncture tendue mais enthousiaste que le comité exécutif de l’ASSÉ balance son pavé : un appel à la fin de la grève étudiante, alors que celle-ci bat son plein dans les universités, en démentant tous les pronostics pessimistes. La parole du comité exécutif de l’ASSÉ serait la parole raisonnable et paternelle qui appellerait à l’évidence stratégique. Le comité exécutif aurait son propre agenda, ses propres ultimatums : une méga-manifestation le 2 avril appelant une grève à l’automne qui agirait de pair avec une grève des travailleurs du secteur public, et plus particulièrement du secteur de l’éducation. Selon cette parole « raisonnable », nous serions aujourd’hui en déficit de puissance pour faire grève – sans allié.es parmi les travailleuses et les travailleurs – si bien qu’il y aurait apparemment danger de défaite aux lourdes conséquences.

Or, avec cet appel raisonnable et paternaliste, l’exécutif de l’ASSÉ vient de saper sa légitimité en remettant en question une grève adoptée par plus de la moitié de ses associations membres.

Depuis la naissance du mouvement Printemps 2015, ce comité exécutif martèle la même stratégie à travers toutes les assemblées générales et congrès, rappelant à chaque fois que la grève n’aura d’efficace qu’en automne. Et pourtant, ces mêmes assemblées ont refusé leur mot d’ordre en entamant une grève le 21 mars. Si bien qu’il est dorénavant hors de doute que ce même comité exécutif ne remplit pas les conditions minimales pour s’autoriser, aujourd’hui, un appel à la fin de la grève. Ironie suprême : l’ASSÉ s’était toujours démarquée des fédérations étudiantes (FEUQ-FECQ) par sa loyauté envers sa base militante, refusant de se servir des médias de masse pour influer sur elle. Or, c’est elle qui se salit aujourd’hui les mains en reproduisant les manœuvres qu’elle décriait jadis.

La grève du printemps 2015 s’est organisée sur d’autres bases que les traditionnelles structures de l’ASSÉ. En appelant à la fin de la grève sous prétexte de repli stratégique, l’exécutif cherche à museler une base qui tend de plus en plus à se dérober de sa mainmise.

À chacune de ses manifestations, la contestation n’épuise pas ses forces. Au contraire, notre force s’alimente et devient contagieuse. Parlerait-on de grève sociale en 2015 s’il n’y avait pas eu le mouvement de 2012 ? Et pourtant, aux premières semaines de 2012, personne n’aurait pu prévoir l’ampleur de ce qui est advenu. Une grève maintenant ne signifie pas l’impossibilité d’une grève plus tard, à l’automne. C’est bien cela que signifie un printemps rampant : un mouvement qui s’inscrit dans la durée, qui prend différentes formes et possède plusieurs moments de puissance effective. Le plus important est qu’au sein de ce mouvement des allié.es se rencontrent, des tactiques s’inventent et des forces s’organisent. Inversement, selon la conception de l’exécutif actuel de l’ASSÉ, ces forces seraient toujours à économiser, comme si nous étions de petits soldats à usage unique qu’il faudrait lancer au combat au bon moment (et au profit des centrales syndicales).

Mais plus profondément, cette confiance aveugle envers la mobilisation des centrales syndicales rend perplexe. Ces mêmes centrales qui, en 2012, au sommet du plus grand mouvement social que le Québec ait connu, n’ont jamais envisagé la grève. Ces mêmes centrales qui sont contre toute grève illégale, qui ont appuyé la Charte et qui ne se positionnent pas contre les projets d’hydrocarbures. Et si les syndicats ne partaient pas en grève à l’automne 2015, comme leur logique l’indique, quel est le plan de l’ASSÉ ? Va-t-on remettre entre les mains de dirigeant.es syndicaux, notre destinée politique ?

Les exécutant.es de l’ASSÉ à l’origine de cette « proposition » répondraient qu’eux non plus n’ont jamais cru aux dirigeant.es des centrales syndicales, mais qu’ils comptent sur les syndicalistes locaux pour déborder les dirigeant.es dans un mouvement contre l’austérité. Pas au bout de ses contradictions, l’exécutif de l’ASSÉ fait pourtant le même geste que les centrales : de peur d’être dépassé par ses membres ardent.es, l’exécutif les rappelle à la raison et à l’ordre. De plus, cette focalisation sur l’agenda de syndicats de la fonction publique met de côté toutes celles et ceux que l’appel à la grève sociale vise à rejoindre. Organismes communautaires, chômeurs et chômeuses, travailleurs et travailleuses du privé : autant de forces prêtes à se mobiliser et autant, sinon plus, touchées par l’austérité.

Dans le contexte actuel, abandonner ne signifie pas seulement mettre fin à un mouvement inédit dans la radicalité de ses revendications et l’autonomie de ses formes, mais surtout abandonner des luttes nécessaires : les neuf camarades sur qui plane la menace de l’expulsion à l’UQAM, qu’est-ce qui les sortira de là sinon un mouvement combatif qui met la pression pour que la direction abandonne les charges ? Et ces blessé.es que la police a déjà mutilé.es, qui portera leur parole, qui défendra leur honneur et qui accomplira leurs aspirations ?

Pour un syndicat « de combat », être dépassé par sa base devrait toujours être une bonne nouvelle, et non une menace au plan stratégique d’un exécutif autoritaire et condescendant. Parier sur une grève sociale, c’est parier sur la combativité des membres de la base, sur des gens qui résistent d’ores et déjà aux menaces, à la répression et à la bureaucratie syndicale grassement payée. Mais surtout, nous misons sur l’élan qui a déjà porté des milliers de personnes à sortir dans les rues, à plusieurs reprises en une seule semaine.

Cet élan ne s’arrête pas strictement à la grève étudiante. Il se prolongera lors du 11 avril, à la manifestation contre le Conseil de la Confédération sur les changements climatiques, lors de la grève sociale du 1er mai, puis pendant l’été en luttes localisées contre les projets d’hydrocarbures.

Vive le printemps! Vive la grève!

Printemps 2015

Mar 262015
 

Finalement, après avoir été acquittés le 27 février 2015 de l’accusation du parquet fédéral pour le délit de dommages sous forme d’incendies et en payant une caution pour la sentence de 2 ans et 7 mois pour les délits d’attaque à la paix publique et de dommages, les compagnon-ne-s Amélie Trudeau et Fallon Roullier ainsi que Carlos Lopez « Chivo » ont été placés en « liberté sous caution » le 13 mars.

 

Parce qu’elles sont de nationalité canadienne, les compagnonnes Amélie et Fallon ont été emmenées directement à une station de l’Institut National de Migration, une prison pour ceux qui n’ont pas les papiers nécessaires pour passer les frontières imposées par les États et le Capital. Une prison dans laquelle passent des centaines de personnes en attente d’une décision sur leur situation pour le fait de ne pas avoir de papiers. Une prison comme toutes les prisons, dans laquelle règnent la maltraitance, les humiliations, le harcèlement, l’insalubrité, etc. Elles sont restées plusieurs jours dans cet endroit. À cause des conditions du lieu –visites restreintes et peu d’informations– la situation des compagnonnes était peu claire, jusqu’à ce qu’elle furent déportées dans leur lieu d’origine le 23 mars.

Si plusieurs jours sont passés depuis la sortie de prison des compagnon-ne-s, il nous paraît important de diffuser cette information pour actualiser la situation de nos compagnons emprisonnés.

Le fait d’avoir été acquittés d’une des accusations, pour nous, plus que nous parler d’innocence ou de culpabilité, cela nous indique que l’État a mal monté son théâtre répressif et qu’à cause de cela il a fini par s’écrouler, comme cela s’est produit avec l’accusation de Terrorisme qu’ils ont eu pendant 40 jours et pour laquelle ils ont été au Centre National d’Arraigos [voir ici, NdT].

Nous pensons que peut-être que pour le prochain coup répressif l’Etat visera mieux, c’est pourquoi nous appelons à réaliser un exercice constant de réflexion sur nos pratiques de sécurité, ainsi qu’à être préparé-e-s, car nous sommes sûrs que la campagne anti-anarchistes de l’État mexicain continuera.

Cela nous remplit de joie que nos compagnon-ne-s soient de nouveau dans la rue !
Même si les prisonnier-e-s nous manquent !
Liberté pour Fernando Bárcenas, Abraham Cortés et Luis Fernando Sotelo !
À bas les murs de toutes les prisons !

Croix Noire Anarchiste Mexico

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[Traduit de l’espagnol par nos soins de Abajolosmuros.]

 

Mar 102015
 

[Note de Camotazo : Suite au texte d’Amélie et Fallon qui expliquait qu’elles ne voulaient pas être récupérées dans des événements de solidarité avec des gens et par des gens avec qui elles n’ont rien à voir, un groupe nommé la Gauche Révolutionnaire Internationaliste Buenaventura-Durruti a pondu une réponse totalement diffamatoire envers les deux compagnonnes. Ce texte n’est actuellement plus en ligne en français, mais nous avons quand même tenu à traduire la réponse de Carlos López.]

3 mars,

À titre personnel je réponds à l’agression diffamatoire écrite qui a été faite contre mes compagnonnes d’affinité Fallon et Amélie.

Une chose qui caractérise l’internationalisme c’est la lutte contre l’idée de nation, ainsi que contre celle du pouvoir ou de l’autorité, en remettant en question la validité des frontières physiques et mentales que les gouvernements ont construits afin d’éviter l’entente fraternelle et libre entre les personnes nées à différents endroits géographiques.

Raison pour laquelle se permettre d’avancer que ces deux anarchistes sont venues dans cette région « pour vivre une expérience parmi les pauvres du tiers-monde après avoir abandonné leurs vies du Québec civilisé », me fait penser au mépris dont vous, gauchistes internationalistes, avez fait preuve envers des personnes étrangères qui ont décidé de mettre en pratique leur passion destructrice de l’État/Capital, qu’elles soient canadiennes, mexicaines, européennes ou de n’importe où.

Nous au moins nous ne cherchons pas la destruction partielle d’un seul État, car pris séparément ce ne sont que des tentacules du pouvoir mondial, ni d’unir les forces/capacités uniquement entre mexicains purs ou avec des révolutionnaires du tiers-monde. Nous voulons nous battre aux côtés de n’importe quelle personne libre, qu’elle soit née ici ou en Chine.

Mais, que pouvons-nous attendre de ceux qui crient sur tous les toits qu’ils appartiennent à « l’aile classiste du mouvement révolutionnaire mexicain », et accusent d’arrogance impérialiste et petite-bourgeoise celles qui font le choix de s’organiser à travers des affinités, ou de partager des moments de subversion avec ceux avec qui elles veulent ?
Bien entendu l’affinité n’est pas exclusive entre les libertaires/anarchistes, car elle peut se faire avec n’importe quel individu ou groupe qui s’identifie à la lutte pour la liberté totale, où plutôt que de chercher un « stade dans lequel personne ne sera plus emprisonné », l’on veut réduire en pièces toute construction carcérale physique ou mentale, avec tout ce que cela implique, ainsi que n’importe quelle institution autoritaire. Cela peut sembler utopique, mais je crois qu’il vaut mieux en finir avec la tiédeur des jolis mots et, loin d’idéaliser la réalisation de l’utopie, continuer avec la conflictualité permanente quotidienne du contexte social.

On ne conditionne pas la solidarité, car la solidarité se donne à travers des actes divers de soutien, et le fait de se positionner, ce qu’ont fait les compagnonnes, ne signifie pas conditionner la solidarité. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures.

Si Fallon et Amélie ont décidé de rompre avec toute éventualité d’être mélangées avec ceux qui se revendiquent comme prisonniers politiques, et si elles ne sont pas d’accord lorsqu’elles sont désignées comme telles, on ne peut que respecter leur décision. Les insulter comme vous l’avez fait juste pour ça, c’est infâme et lâche, saloperies de rouges !

Nous nous basons toujours sur nos réalités, et le fait d’avoir une défense dans le cadre du procès juridique est plus que nécessaire, car vouloir et essayer de détruire le système juridique est une chose, et que nous l’ayons déjà fait en est une autre.

Pour nous il ne s’agit pas de « profiter » d’une défense juridique, encore moins que ce soit notre « médiation » avec l’État, comme vous le dites dans votre texte. Nous savons que le jeu juridique doit se mener entre personnes politiques, et notre avocat se charge de cela. Ce dernier, bien sûr, n’est pas une médiation mais un compagnon de lutte anticarcérale, qui ne se consacre pas à sortir des prisonniers politiques, mais à la solidarité avec des prisonniers, sans s’attacher au fait qu’ils soient politiques ou anarchistes. La preuve est qu’il a pris notre affaire, que nous soyons anarchistes insurrectionnalistes ou informels, sans toucher un seul centime.

Juste à titre informatif, dans ce texte diffamatoire, il est mentionné que nous avons le même avocat que Jaqueline et Bryan, ce qui est faux. Mais même si c’était le cas, pour moi ça ne changerait en rien la situation. Ça ne fait que montrer que vous parlez sans rien savoir.

Vous tombez dans la posture historique d’attaquer ceux qui n’acceptent pas vos méthodes caduques/anachroniques d’intervention, basées sur le verbiage politique, en les accusant « d’actes téméraires et inutiles ». Vous parlez de « gauches tiers-mondistes », pour nous n’importe quelle gauche, de parti ou révolutionnaire, nous éloigne beaucoup de ses prétentions. Vous parlez d’actions collectives basées sur le quantitatif, et nous savons que souvent par ces actions l’individualité et son action créatrice sont niées. Vous parlez de lutte de classes et du triomphe de la classe ouvrière, tandis que beaucoup d’entre nous ne sommes ni ouvriers ni classistes et que si nous soutenons n’importe quelle action libératrice c’est avec le regard fixé sur la liberté de la personne dans sa totalité, qu’elle soit ouvrière, paysanne, autonome ou comme elle voudra se désigner. C’est pour ça que nous préférons utiliser les termes de la guerre sociale, ce qui inclut plus de secteurs que juste la lutte ouvrière et de classes.

D’aucune manière je ne crois, au moins pour ce que vous dites, que l’insurrectionnalisme est condamné à l’échec, et en réalité nous ne sommes en compétition avec personne pour voir qui est plus révolutionnaire ou plus efficace dans la lutte contre le Capital. Mais la critique des méthodes choisies est nécessaire, tant sur la forme que sur le contenu, mais … je crois que ce que vous avez écrit n’a pas pour objectif d’échanger des idées, puisque vous ne vous êtes attaché qu’à insulter mes compagnonnes, et sachez que puisque vous insultez, nous savons aussi mordre.

La solidarité c’est la solidarité à travers sa diversité des formes, et sachez que moi je ne veux rien de gens comme vous.

Carlos López “Chivo”

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[Traduit de l’espagnol de Abajo los muros-CNA México par Camotazo.]

 

Fév 262015
 

De Non-Fides

En octobre et novembre 2014, Carlos, Amélie et Fallon ont été.e.s condamné.e.s à 7 ans et demi, puis à 2 ans, 7 mois et 15 jours supplémentaires, suite à une attaque qui a eu lieu le 5 janvier 2014 dans la ville de Mexico. Deux groupes de personnes avaient jeté des pierres et des Molotovs sur un bâtiment du Ministère des communications et des transports de la ville de Mexico et un concessionnaire Nissan situé à proximité, causant des dégâts au bâtiment et à plusieurs voitures.

 

Lettre de Carlo López, « Chivo » :

Si on l’on comprend l’État comme une entité de régulation de privilèges dans l’intérêt d’une classe politico-économique, comme un fidèle serviteur du capital techno-industriel et de toutes les formes de manipulation sociale qui en émanent, alors il n’est pas difficile de comprendre qu’il se serve et impose le châtiment à tout individu se rebellant face à ses lois et ses normes de contrôle – pour ce faire, son large éventail de possibilités inclut notamment une des nombreuses formes dégueulasses : celle du système juridico-pénitentiaire.

Une des principales caractéristiques de cette institution est de pouvoir disposer, comme dans un jeu de hasard, de l’avenir de l’accusé, en le livrant à la brutalité de la détention policière et administrative, en appliquant un traitement pervers et malsain d’usure physique, morale et spirituelle aussi bien aux personnes directement impliquées qu’à la famille, les amis et les compagnons qui les entourent.

Ainsi, le “délit” devient un fort instrument de perpétuation et de réalisation des plans de la domination du pouvoir, en plus d’un juteux marché économique fruit d’extorsions administratives, parmi lesquelles on peut souligner le paiement de cautions, d’amendes, de pots-de-vin et autres horreurs, venant s’ajouter, au moins dans les prisons latino-américaines, aux nécessités d’auto subsistance financière de la personne emprisonnée.

Sur ce dernier point, il est important de remarquer et de souligner le grand mensonge selon lequel l’État financerait la détention. Alors qu’“officiellement” il destinerait en moyenne 150 pesos par personne, la réalité est en effet toute autre.

Quant au “délit” à juger, il s’avère assez hypothétique de lui donner quelque crédibilité, car rappelons que ce sont les institutions elles-mêmes et leurs gens au gouvernement – vivant une réalité très différente des personnes privées des privilèges des élites du pouvoir – qui font et défont les lois au travers de leurs politiques démocratiques et réformistes. Cela nous amène à nous demander pourquoi nous devrions nous soumettre à leurs décisions, à ce qu’ils entendent par délit et à leur manière de le corriger, puisque c’est la société elle-même qui reproduit ce qu’elle entend à travers ce terme.
Nous ne pourrions pas parler de gens du peuple à l’intérieur du cadre de la loi, car cela reviendrait à répéter le modèle que nous cherchons à détruire, tout comme les juges, les magistrats et les tribunaux se chargent d’exécuter des condamnations sévères, et si la loi ne leur suffit pas, d’y contribuer avec des critères punitifs semblant reposer sur la satisfaction de faire tomber des années d’enfermement et de mettre dans leur poubelle à barreaux tout ce qui n’a pas sa place dans l’idée d’une société capitaliste.

Acrates, nous ne nous plaignons pas de juges injustes et ne cherchons pas à être jugés justement, car nous savons qu’il ne peut y avoir de justice là où il s’agit uniquement d’imposer un ordre démocratique aberrant, basé sur des structures de contrôle déguisées en réinsertion sociale.

C’est pour cela que nous n’implorons pas la justice dans les condamnations, pas plus que nous ne mendions la pitié pour nos prisonniers, nous exigeons seulement la liberté physique immédiate, c’est-à-dire la fin de la séquestration, sans accepter la légalité de leurs tas de lois et en rejetant ainsi les arguments d’innocence ou de culpabilité – ce qui est très différent du fait d’assumer la responsabilité des actes pour celles et ceux qui décident de le faire.

Nous luttons pour la destruction des prisons, mais le simple désir d’abattre les murs physiques ou le fait de sentir une haine viscérale contre les pratiques propres à l’enfermement ne suffisent pas. Il faut aussi commencer à se défaire complètement de la propagande d’État dont nous avons été abreuvés depuis tous petits par le biais des institutions civiles et éducatives où l’on inculque la normalisation de l’infraction et du châtiment. Il s’agit de poursuivre la rupture et la lente destruction dans nos têtes et dans nos formes de relations avec les personnes et l’entourage imposés.

Par exemple, nous devons abandonner le langage juridique, ainsi que sa pratique, comme lorsque nous condamnons les actes de compagnons qui décident de passer à l’action, et que – ne nous identifiant pas avec leurs méthodes ou revendications – nous nous transformons en nos propres juges et bourreaux, facilitant la récupération de la lutte. Une critique du pouvoir est quelque chose de bien différent qu’une critique constructive contre des compagnons, qui est encore autre chose qu’une critique de commère qui ne fera que diviser et freiner l’élan libertaire. Ainsi, lorsqu’on réclame la liberté pour nos prisonniers tout en réclamant par ailleurs la prison pour les “coupables” qui perturbent notre tranquillité et nos espaces de lutte, nous tombons dans une contradiction préoccupante. Il en va de même lorsqu’on demande que justice soit faite pour obtenir une libération, car cela revient à reconnaître, même si ce n’est peut être pas délibérément, que le système juridique peut être juste ou injuste, lui accordant ainsi une certaine légitimité.

Le fait de continuer à parler de compagnons détenus comme étant des “prisonniers politiques”, généralement pour les distinguer – à leur avantage – des prisonniers de droit commun, est une vieille pratique gauchiste, quand au contraire la lutte anarchiste n’est pas politique et ne cherche pas à obtenir des avantages à travers la négociation, le dialogue ou les pétitions. A l’inverse, elle est en rupture avec toute trace autoritaire, et le fait d’être mis en accusation judiciairement, ne revient pas forcément à accepter l’adjectif de « politique ». Nous voulons détruire cela, et c’est pourquoi nous préférons opter pour le fait de nous revendiquer comme prisonniers anarchistes, ceci comme une manière de continuer la lutte choisie, par affinités, au côté de n’importe quelle individualité en révolte.

La liberté ne se négocie pas, elle se construit.

Solidarité avec le compagnon Abraham Cortés Ávila et touts les compagnons et compagnonnes prisonnier-es en lutte aux quatre coins de la planète terre.

Carlos López “Chivo”
Reclusorio Oriente, DF
24 février 2015

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]


Lettres d’Amélie et Fallon, en solidartié avec Abraham Cortés Ávila :

21 Février 2015

C’est avec beaucoup de rage que j’ai appris que le compagnon Abraham Cortés Ávila, incarcéré au Reclusorio Norte, a reçu le résultat de l’appel qui a confirmé sa peine de 13 ans de prison pour tentative d’homicide contre un policier, un de ceux qui ce 2 octobre 2013 étaient chargés de maintenir l’ordre et la paix sociale, de protéger les privilégié-es, les commerces et les banques des rues de Mexico. Ils accusent le compagnon d’avoir participé à la révolte sociale qui a lancé des pierres, des cocktails enflammés (molotovs) et autres objets contre les porcs.

Voilà, Abraham, je suis parvenue à la seule conclusion qu’à partir du moment où nous nous rebellons, ils nous répriment en conséquence. Ta peine correspond à leur société carcérale. Dans ce sens, je t’envoie beaucoup de force solidaire de tout cœur. Organisons la lutte aussi bien à l’intérieur de la prison que dehors dans le but de combattre toute autorité et d’en finir avec leur foutu monde d’esclavage et de peur.

Que la rage se propage ! Même si parfois le monde paraît hermétique, même si les gens ne comprennent rien, ne partagent pas notre haine de la domination et ne savent que la reproduire. Pour ma part, je crois qu’avec un peu de confiance, on peut construire des relations d’amitié et de compagnonnage et ainsi ouvrir des espaces de dialogues et d’échanges d’idées. Cela vaut autant dans la rue qu’en prison. Alors… avec tout ça moins de peur !

Alors, dans la solidarité avec Abraham Cortes Ávila, que le feu illumine tous les uniformes de ces saloperies de keufs et de matons de merde.

Vive la Révolte !

Amélie
Reclusorio Santa Marta

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Salut Abraham,

J’espère que tu vas bien dans la mesure du possible.

Je peux imaginer que les jours à venir seront des journées de stress et d’angoisse, pour toi comme pour ta famille et tes compagnon-nes. Malgré les murs qui nous enferment et le temps qui ne fait rien qu’à passer, j’espère que tu restes fort, non seulement dans le sens d’être en lutte contre l’institution, mais aussi dans le sens de ne pas laisser la prison te changer.

Le fait de ne pas croire dans la justice nous place dans une situation d’incertitude face à elle, une position très rationnelle où ne nous reste que notre force individuelle pour faire face à la réalité. Et où la force des compagnon-nes qui nous soutiennent nous donne plus d’énergie pour aller de l’avant.

J’espère que la décision judiciaire sera positive pour toi [cette lettre date d’avant le rendu de l’appel ; NdT] et que tu seras bientôt dehors. Ne cesses pas de lutter pour tes idées, dedans comme dehors, l’authenticité est la plus grande force.

Beaucoup de force, Compagnon !

Fallon
Reclusorio Santa Marta

[Traduit de l’espagnol de Contrainfo par Brèves du désordre]