Montréal Contre-information
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Compte-rendu d’une manif contre le couvre-feu

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Jan 212021
 

De No Borders Media (Facebook)

Plus d’une centaine de manifestant-es se sont rassemblé-es dans l’est de Montréal le samedi 16 janvier, pour exprimer leur opposition au couvre-feu imposé par le gouvernement et pour mettre en avant des mesures de lutte contre la pandémie fondées sur la solidarité et le soutien aux plus marginalisé-es de la société. La manifestation, qui a défilé avec succès dans les rues d’Hochelaga, a souligné les impacts cruels du couvre-feu et du harcèlement policier qui en découle sur les sans-abri, les travailleur-ses du sexe, les consommateurs de drogues, les travailleur-ses sans papiers et autres.

Les organisateurs de la manifestation – un groupe ad hoc appelé Pas de solution policière à la crise sanitaire – ont souligné que la manifestation était en faveur des mesures d’atténuation du COVID-19, mais ont rejeté le couvre-feu comme étant autoritaire et nuisible à une réponse efficace à la pandémie. Les organisateurs ont également tenu à rejeter l’implication et la présence de toute personne associée à l’extrême droite ou les mouvances anti-science et conspirationnistes, mettant plutôt de l’avant une approche pro-science et de justice sociale face à la pandémie (illustrée par une pancarte : “pro-science, pro-masque, pro-vaccin, anti-couvre-feu”).

Il y avait une forte présence policière lors de la manifestation, notamment la police anti-émeute qui a été déployé malgré le fait que la manifestation était familiale et respectait les mesures sanitaires. Les organisateurs de la manifestation ont fourni des masques aux participant-es, et les manifestant-es ont pratiqué la distanciation physique. Pourtant, au début de la manif sur la place Valois, la police anti-émeute a arrêté à tort un homme qui ne portait pas de masque. Cet homme ne faisait pas partie de la manifestation et était manifestement en détresse alors qu’il attendait un ami sur la place publique. Au Québec, les masques ne sont pas obligatoires à l’extérieur pendant la pandémie, à moins de participer à une manifestation, ce qui est une ironie pour de nombreux manifestant-es qui préfèrent de toute façon porter un masque en manif. Un autre homme a été détenu par les flics anti-émeute pour ne pas avoir porté son masque correctement (il était brièvement sous son nez), et n’a pas eu la possibilité de le corriger avant d’être emmené par un entourage d’anti-émeutes.

Ces deux détentions (et les contraventions qui en ont probablement résulté, au coût de plusieurs centaines de dollars) ne sont que des exemples de plus de l’incapacité structurelle du SPVM à exercer la “discrétion” et le “bon jugement” que la mairesse de Montréal Valérie Plante, la ministre de la Sécurité publique du Québec Geneviève Guilbault et le premier ministre François Legault leur accordent. Pendant la pandémie, le SPVM a émis des contraventions à des sans-abri pour des infractions sanitaires, et pendant le couvre-feu, des flics ont demandé à fouiller illégalement des travailleur-ses essentiel-les, en plus de refuser à d’autres travailleur-ses essentiel-les des documents clairs leur permettant de se rendre au travail et d’émettre des contraventions de plus de 1 000 $. La police anti-émeute a également expulsé un campement de sans-abri à Hochelaga (Campement Notre-Dame) en décembre dernier. Il est probable que de nombreux autres cas d’abus policiers pendant le couvre-feu, et la pandémie en général, n’ont pas encore été signalés. Les abus structurels de la police soulignent à nouveau la nécessité de définancer la police et d’allouer plutôt des ressources et des fonds à la santé, à l’éducation et aux services sociaux.

Malgré les actions de la police, la manifestation de samedi a été un succès. Conjointement aux déclarations publiques d’organismes montréalais en opposition au couvre-feu et à une conférence de presse pour dénoncer le couvre-feu lundi dernier regroupant plusieurs organismes communautaires, la manifestation était un premier pas modeste vers l’occupation d’un espace public plus important – en tant que mouvement en faveur de la justice sociale et de la science – pour s’opposer aux mesures autoritaires comme le couvre-feu tout en promouvant des solutions solidaires pour atténuer la pandémie. C’est un pas positif pour s’éloigner des conspirationnistes d’extrême droite, anti-science, qui ignorent la justice sociale et la solidarité, et peut-être un petit pas vers une future désobéissance stratégique du couvre-feu, si celui-ci est prolongé plus tard en février.

Manifester est désormais interdit à Toronto

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Jan 212021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le samedi 16 janvier, le service de police de Toronto a tweeté ce qui suit :

Donc, c’est officiel. Le gouvernement a déclaré que les manifestations sont désormais illégales à Toronto, et probablement dans tout l’Ontario.

En effet, Doug Ford a déclaré qu’il n’est pas permis de quitter son domicile pour des raisons “non essentielles”. Qu’est-ce qui est essentiel et qu’est-ce qui ne l’est pas ?

Heureusement, Dougie apporte des éclaircissements utiles : “Je sais qu’essentiel signifie différentes choses pour différentes personnes … donc nous avons besoin que chacun utilise son meilleur jugement. Si vous n’êtes pas sûr qu’un voyage soit absolument essentiel, il ne l’est probablement pas”, dit-il.

Cela veut-il dire que si vous n’êtes pas sûr que quelque chose est illégal ou non, c’est probablement le cas ? Qui doit décider ? Cela ne donne-t-il pas à la police le pouvoir d’interpeller et de harceler arbitrairement quiconque pour un grand nombre de raisons ?

A partir de quel moment appelle-t-on cela un État policier ?

Le dictionnaire Oxford définit ainsi l'”État policier” : “un pays où la liberté des personnes, notamment de voyager et d’exprimer des opinions politiques, est contrôlée par le gouvernement, avec l’aide de la police”.

Bien sûr, la question de savoir si c’est réellement illégal ou non est différente, étant donné que le Canada est ostensiblement une monarchie constitutionnelle, où la constitution est la loi la plus élevée du pays, mais dans quelle mesure cela importe-t-il encore ?

La Charte des droits et libertés, qui fait partie de la constitution, stipule explicitement que les gens ont la liberté de réunion, la liberté de mobilité, la liberté d’expression et la liberté de religion, mais cela n’a pas empêché l’État d’adopter toutes sortes de lois draconiennes cette année. Un précédent est-il en train d’être créé, à savoir que les droits humains fondamentaux ne s’appliquent pas en temps de crise ?

Cette extension des pouvoirs de la police a déjà des conséquences tragiques. Pensez à la mort tragique de Moses Demian, un habitant de Scarborough. Quelques heures après les événements de cette vidéo, qui montre l’arrestation de M. Demian dans un stationnement, M. Demian s’est suicidé.

Cette tragédie s’est apparemment produite parce que M. Demian a refusé de produire une pièce d’identité lorsque la police l’a exigée. Il a peut-être estimé qu’il avait le droit de traîner dans un stationnement, et a choisi de faire valoir son droit. Peut-être savait-il qu’il n’était pas légalement tenu de produire une pièce d’identité (la loi ontarienne exige que vous vous identifiez verbalement, mais pas de produire une pièce d’identité). Peut-être en avait-il simplement assez d’être harcelé et a-t-il exprimé sa frustration. En tout cas, il a défié un flic, et maintenant il est mort.

Il convient de mentionner que la loi de confinement de l’Ontario, à la manière orwellienne, s’appelle la “Loi de réouverture de l’Ontario”. Je pose donc à nouveau la question : Vivons-nous dans un État policier ? Et si c’est le cas, que faut-il faire ?

Levée de fonds pour la famille de Moses Demian:
https://www.gofundme.com/f/28rgs4bt6o

Territoire Gidimt’en : La solidarité est inclusive

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Jan 182021
 

Du Point d’accès Wet’suwet’en en territoire Gidimt’en (Facebook)

Cela fait presque un an que l’appel a été lancé aux peuples de tout le Canada pour qu’ils fassent preuve de solidarité, qu’ils respectent les lois et la juridiction des Wet’suwet’en sur nos terres et qu’ils luttent ensemble contre la colonisation, le génocide industriel, et pour empêcher CGL et la GRC d’envahir notre yintah.

Alors que nous affirmions le contrôle total de l’accès à notre yintah et que nous bloquions l’industrie, beaucoup d’autres se sont levés avec nous. Des grandes manifestations aux blocages ferroviaires en passant par les sabotages clandestins des infrastructures de la colonisation, de nombreuses nations, groupes et personnes se sont battus à nos côtés. Ces actions nous ont donné de la force face à l’accumulation de la police militarisée.

Après que la police ait fait une descente à quatre points de contrôle sur le yintah et volé des dizaines de personnes sur nos territoires, les peuples de ce pays ont fermé le Canada. De nos alliés en territoire Mohawk et Haudenosaunee qui ont occupé des terres près des voies ferrées et des autoroutes à Tyendinaga, aux Six Nations, Kahnawake et Kanesatake et à nos voisin.es et notre famille Gitxsan, en passant par les jeunes autochtones qui ont occupé la législature du “BC” et toutes celles et ceux qui ont mis leurs cœurs et leurs corps en jeu.

Le mouvement pour la souveraineté autochtone s’est développé d’un océan à l’autre. C’est toujours un combat pour nos terres, nos modes de vie et l’affirmation de nos lois, mais aussi un dialogue entre les nations autochtones agissant en solidarité les unes avec les autres. Il a été un tournant pour de nombreux allochtones, qui ont pu pratiquer une véritable réconciliation avec les propriétaires légitimes des terres sur lesquelles ils et elles vivent. Une réconciliation qui signifie “Land Back” au lieu d’un dialogue vide avec des gouvernements moralement en faillite.

Nombre de ceux qui ont agi avec nous font encore l’objet d’accusations pénales et civiles. Nos alliés Haudenosaunee et Mohawk sont toujours criminalisés. D’autres, à Hamilton, font toujours l’objet d’accusations en raison des actions de solidarité qui y ont été menées. Nos voisin.es Gitxsan qui ont agi sont toujours poursuivi.es. Récemment, deux personnes dans l’État de Washington ont été arrêtées pour des accusations de terrorisme absurdes et inventées de toutes pièces, pour avoir prétendument agi en solidarité avec nous. Nous savons qu’il y a probablement beaucoup d’autres personnes qui sont criminalisées pour avoir soutenu et respecté la souveraineté autochtone.

Nous voyons les accusations pour ce qu’elles sont : une tentative désespérée du système colonial pour rompre les liens de solidarité qui se sont forgés et renouvelés l’hiver dernier. Par peur des représailles qu’ils subiraient s’ils poursuivaient les accusations portées contre notre peuple et nos invité.es arrêté.es sur nos propres terres, ils ont redoublé d’efforts pour criminaliser et attaquer nos alliés. Ils espéraient effrayer les gens dans la passivité et nous laisser, ainsi que tous les peuples autochtones, isolés les uns des autres et des alliés qui se battraient à nos côtés. Ils veulent dépeindre la souveraineté et la résistance justifiée comme un crime. Mais ils ont échoué. Nous connaissons la justesse de la souveraineté autochtone et ils ne briseront jamais notre solidarité.

Nous sommes aux côtés de nos alliés face au poids du système juridique colonial et nous exigeons que les tribunaux coloniaux abandonnent toutes les accusations !

Veuillez soutenir tous les défenseurs des terres !

GoFundMe pour Tyendinaga :
https://gofund.me/9d41a6b7

GoFundMe et transfère d’argent pour Six Nations :
https://gofund.me/7ad24c0a
landback6nations@gmail.com

GoFundMe pour Hamilton :
https://ca.gofundme.com/f/hamiltonsolidarityfundraiser

Pour nos ami-es, contre la répression et la dépression

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Jan 172021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Janvier 2021.

Nous écrivons à bout de forces, depuis soi-disant Montréal que même l’hiver a deserté.

Au départ nous voulions écrire à propos du couvre-feu, énième mesure de marde mise en place par un gouvernement de bourgeois-es banlieusard-es ne pensant qu’à son petit électorat de petit-es bourgeois-es banlieusard-es bien blanc-ches et bien au chaud dans son confort.

Nous voulions écrire à propos des conséquences désastreuses d’une telle mesure sur les populations déjà fragilisées et mises à mal par la gestion capitaliste de la pandémie.

Nous voulions mettre en évidence, une fois de plus, que la répression n’écrasera pas le virus et que l’État, le néo-libéralisme, les patrons, banquiers, propriétaires et l’armée de porcs qui les protègent n’ont jamais été et ne seront jamais nos alliés.

Nous voulions dire aux médias que lorsqu’ON nous menace à coup d’amendes démesurées, de contrôles policiers accrus et de délation organisée, le terme de collaboration sonne comme une mauvaise blague et n’est pas appropriée. Dites les choses comme elles sont: la population se soumet parce qu’ON lui a assez fait peur. Précisez aussi que le nombre de contraventions distribuées entre 20h et 5h démontrent que certain-es n’ont pas les moyens d’échapper à la répression et que dans le cas présent, l’obéissance est signe de privilèges. Pour les autres c’est l’intimidation, le contrôle au facies, le racisme et le sexisme inhérents, bref c’est la violence de l’État décuplée comme s’il n’y en avait pas déjà assez.

Et pendant ce temps, le personnel de santé est à bout de souffle, le virus continue de se propager et des personnes continuent de crever dans les rues comme dans les CHSLD ; sans parler de la detresse psychologique de certain-es puisque la santé mentale passe évidemment à la trappe. De toute façon qu’est ce qu’ON s’en fout des suicidé-es quand ON ne pense qu’à sauver le cul de l’économie.

Mais écrivant cela, nous ne ferions que paraphraser des textes que certain-es de nos ami-es ont déjà écrit ici et là. Ces textes circulent, et sous d’autres formes, des voix se sont déjà soulevées et continuent de se faire désespérément entendre, malgré l’épuisement et le découragement ambient.

Force est de constater que dans tout ce marasme et malgré notre fatigue, nous éprouvons l’urgence de réagir.

Alors ce texte sera finalement un appel à l’action. Du moins un début de tentative de peut-être pourquoi pas quelque chose. Parce qu’il y en a raz le cul du foutage de gueule généralisé.

Pour nous qui écrivons, la priorité est celle de nous retrouver. “Nous retrouver” ce n’est pas espérer un “beau retour à la normale” pour aller se mettre chaud-es au bar du coin, même si cela nous ferait crissement du bien.

Ce n’est pas non plus aller manifester comme de gros colons contre le port du masque ou au nom d’une liberté dont le sens nous échappe totalement.

Ce n’est certainement pas mettre en danger nos vies et celle des autres.

Non. “Nous retrouver” signifie ici retrouver nos luttes, nos stratégies, nos forces d’action. Entre ami-es. Entre damné-es. C’est défier l’isolement, la perte de confiance, le désespoir.

Théoriquement et historiquement, l’idée n’est pas nouvelle. Oui, il nous faut mettre en relation nos luttes, comprendre que le bordel dans lequel nous sommes englué-es n’est pas tombé du ciel avec une pandémie, mais n’est que la continuité de décisions politiques toujours au service du capital.

Il devient évident de mettre en perspective l’agonie des peuples avec le colonialisme en pleine santé ; un virus qui ne rencontre aucun obstacle avec la catastrophe écologique en cours ; l’expression de plus en plus décomplexée du fascisme avec la banalisation de discours racistes, sexistes et autre dégueulasseries véhiculées, entre autres, par un débile comme Trump ; l’état du système de santé abandonné par les gouvernements néo libéraux et leur politique d’austérité. BREF. Comprendre que se protéger et préserver la vie, c’est autant porter le masque et se laver les mains que s’opposer à la construction d’une prison pour migrant-es, refuser que les violeurs aient encore la parole ou soutenir de notre mieux les Wet’suwet’en quand iels se battent contre l’installation de pipelines sur leurs territoires. Pour ne citer que ces exemples.

Se retrouver c’est donc se positionner du côté de la vie.

Comme dit l’adage: il faut choisir ses combats. Certes. Faire avec les moyens du bord pour se débarrasser de ce qui nous tue, là où nous sommes. Mais il est important de garder en tête que sur un autre territoire, parfois même au sein d’une même ville, dans d’autres communautés et avec d’autres tactiques et d’autres stratégies, des luttes sont menées dans la même optique: de préserver ce qu’il reste de vivant. Il faut garder en tête que ces luttes ne sont pas isolées les unes des autres, qu’elles sont perméables. Ainsi de cette diversité de luttes, il nous faut créer une communauté d’ami-es : créer des points de rencontre, d’échange et de solidarité. Il faut nous mettre en commun. Et de là tisser la résistance. Pour résumer: apprendre des luttes décoloniales et envisager la décolonisation comme contre attaque ultime. Sans compromis, ni avec l’État ni avec les flics, ni avec l’extrême droite.

En pratique, la chose est moins aisée, surtout quand la police est à chaque coin de rue. Alors que pouvons-nous faire, ici, à soi-disant Montréal?

Que le problème soit ontologique ou pas, reste que plus rien ne semble tenir entre nous dès lors que l’ON nous sépare physiquement. Être loin de nos familles, de nos ami-es et partenaires de crime nous dépossède de nous-mêmes et nous plonge dans une sorte de paralysie. De sorte que nous n’avons plus la force de nous aider et d’aider nos ami-es parmis lesquel-les la dépression est devenue un fardeau quotidien. Nous nous découvrons complétement impuissant-es. Et le sentiment de déposséssion est accentué quand on regarde les déserts dans lesquels nous “vivons”. La métrople n’est pas tellement amicale en ce moment… L’urgence ici est de se rappeler que nous sommes là et tenter de réduire le sentiment d’abandon. Alors il faudrait se faire signe. S’envoyer des signaux à travers la ville. Faire péter des feux d’artifice pour contrer le spectacle abject des gyrophares. Se laisser des mots sur les murs des quartiers, à coup de peintures ou de collages. Laisser savoir que nous sommes là. Profiter de l’aube pour poser une bannière. Trouver le peu d’espace qui ne soit pas surveillé, s’y faufiler. Être là où l’ON ne nous attend pas. Profiter d’être masqué. Mettre nos privilèges, si nous en avons, au service du grabuge et de la perturbation. Pour l’instant, peut-être, juste pour rappeler que nous sommes présent-es, que nous habitons encore ces rues.

Par la suite, que ceuzes qui ont des idées se manifestent. Réenvisager la grève des loyers? Penser la grève comme un refus de se mettre en danger au nom de l’économie? Jumper les bus et les métros quand ON nous oblige à les prendre pour aller travailler. Partir en manif pour forcer la main au pouvoir à prendre ses resposabilités. Fabriquer des masques et les distribuer gratuitement. Voler des choses, essentielles ou non, et les donner à ceuzes qui en bavent le plus. Créer des caisses de solidarité. Le tout en faisant gaffe de ne pas se transmettre le virus, car nous ne voulons pas aggraver la situation. Les idées sont peut-être lancées à la va-vite mais c’est quelque chose comme ça.

Le pouvoir a gagné la bataille du découragement mais nous pouvons encore allumer des feux. Pour y voir plus clair. Pour nous réchauffer.

Puisse nous rester l’amitié.

Notes sur le caprice fasciste qui a défrayé la chronique : une réaction anarchiste à la mêlée du 6 janvier à Washington, DC

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Jan 162021
 

De Radio Fragmata

A quel drôle de bordel avons-nous assisté aux Etats-Unis, mercredi 6 janvier ?

Il y aurait tant de remarques à faire au sujet du spectacle dont nous avons été témoins dans l’enceinte du Capitole de Washington, DC. Toutefois, nous nous contenterons ici d’une déclaration succincte, en espérant clarifier la lecture de la situation depuis l’étranger et faire entendre le besoin urgent dans lequel se trouvent nos camarades états-unien.ne.s, qui sont confronté.es simultanément à une violence croissante de la part de certaines franges organisées de la population et à la répression étatique. Pour aller à l’essentiel, nous pourrions dire cela : que ce qui s’est produit n’était ni une insurrection, ni une révolte : et que le monde a seulement assisté à un caprice fasciste autorisé.

En Grèce, on se souvient bien du jour où les manifestants qui prenaient la rue dans le cadre des mobilisations nationalistes autour de la question du « nom de la Macédoine » ont forcé l’entrée du Parlement, sur la place Syntagma, juste avant que ne soit rendu le verdict concernant l’affaire stupide qui les animait, et nous n’avons pas oublié l’attitude de la police d’alors, qui avait opéré un service strictement minimal de manière à rendre évidents son soutien et sa solidarité avec celles et ceux qui s’emparaient du Parlement – sans toutefois courir le risque d’y laisser leur emploi. Parmi les slogans entendus sur le parvis du Capitole -tels que « U-S-A » ou « Trump est président, le Christ est roi », nombreux sont ceux auxquels on pourrait trouver des équivalents en Grèce.

Le 6 janvier 2021, le gouvernement américain s’est réuni pour ritualiser la certification des résultats du vote du Collège Électoral, actant ainsi le lancement du transfert de pouvoir vers une nouvelle présidence. C’est là un rituel archaïque qui -puisqu’il a été fondé avant que ne se développent les moyens modernes de circulation, ce qui supposait que les États les plus périphériques avaient besoin de plusieurs mois après l’élection pour que leurs votes puissent parvenir à la capitale à cheval- se tient en janvier, plutôt qu’au moment de l’annonce des résultats du vote, en novembre. Trump et ses partisan.es s’accordaient à voir dans cet événement leur dernière chance de perturber par un coup d’éclat la passation de pouvoir entre un Parti Républicain d’extrême-droite et un parti Démocrate de droite « modérée ».

Le fait que l’appareil de sécurité états-uniens ne réprime pas avec la même virulence une foule estampillée MAGA (Make America Great Again, slogan de campagne de Donald Trump, ndt) que des manifestations antifascistes, anarchistes ou abolitionnistes a été illustré assez clairement le 6 janvier. À tel point que les médias mainstream ont bien été contraints de le remarquer également, avant de se fondre en lamentations publiques pitoyables prétendant se poser la question de comment la police avait pu se montrer si tendre avec cette foule lâche et égocentrique qui ne cherchait qu’à renforcer les pires traits de la société états-uniennes contemporaine, et qu’on avait laissé forcé l’entrée d’un bâtiment pourtant doté de sa propre force de police (dont le budget annuel dépasse les 500 millions de dollars).

La tolérance dont la police a fait preuve à l’égard des partisan.es de Trump n’avait rien d’une coïncidence. Il est bien établi que l’extrême droite états-unienne a fait le choix stratégique d’infiltrer les forces de l’ordre autant que les instances du pouvoir politique depuis la chute du groupe de guerilla neo-nazi The Order au tournant des années 1980 et l’attaque à l’explosif d’un bâtiment fédéral d’Oklahoma City en 1995 par le suprémaciste blanc Timothy McVeigh, qui avait coûté la vie à 168 personnes. Ce choix tactique n’a rien d’un secret, ayant même récemment fait l’objet d’un rapport du FBI. McVeigh comme les membres de The Order s’inspiraient de la bible suprémaciste de l’époque, le roman Les Carnets de Turner (1978), qui présentait la mise en place d’une congrégation de fascistes se définissant comme des « patriotes ». Pour prendre la mesure de l’ampleur du succès de cette opération d’infiltration, on ne peut se contenter de dénombrer le suprématisme formalisé omniprésent dans l’institution policière états-unienne, puisqu’on doit également rajouter à cela que l’ensemble des syndicats policiers a soutenu la candidature de Trump en vue de la campagne présidentielle de 2020. Quand bien même les effectifs policiers seraient plus hétérogènes aux Etats-Unis que dans de nombreux autres pays, on ne peut oublier que les missions fondatrices de la police dans ce pays consistaient d’une part à traquer les esclaves en cavale, et d’autre part à brutaliser les syndicats de travailleur.euses. Le caractère fasciste d’une telle fonction dépasse donc même le cadre strict du racisme.

Si des banderoles anarchistes, antifascistes ou de soutien à la cause noire avaient été déployées le 6 janvier, on aurait assisté à des arrestations massives, à un niveau de brutalité policière largement supérieur, et probablement à un massacre. Cinq personnes ont perdu la vie lors des événements du 6 janvier. Trois d’entre elles sont mortes des suites de blessures auto-infligées : l’une en déchargeant par accident son taser contre son entrejambe, ce qui a provoqué un arrêt cardiaque ; une autre en chutant lors de l’escalade d’un échafaudage ; et une dernière piétinée, alors même qu’elle portait un drapeau siglé du slogan conservateur « Ne me marche pas dessus ». Un flic est mort à la suite d’une agression physique*, et une manifestante a été abattue par la police. Les trois autres n’ont fait les frais que de leur propre stupidité et ont maintenu leur privilège blanc jusque dans leurs morts grotesques. Si l’évènement n’avait pas été de nature suprématiste blanche – voire ostensiblement fasciste- il est évident que des dizaines de personnes auraient été abattues par la police.
Outre les assassinats quotidiens de personnes racisées et de prolétaires par la police aux Etats-Unis, on peut s’intéresser à deux cas de figure très récents (les sorts réservés à Kyle Rittenhouse et à Michael Reinoehl) pour tenter de mieux comprendre l’attitude de la police le 6 janvier, lorsqu’elle s’est trouvée confrontée à ses homologues fascistes issu.es de la société civile.

Kyle Ritthenhouse a commis un double meurtre lors d’une manifestation en réaction au supplice de Jacob Blake – un homme noir dans le dos duquel un policier blanc a tiré sept balles sous les yeux de ses enfants. Blake est sorti de cette agression paralysé, mais l’agent responsable a été disculpé en débit de preuves vidéos incontestables.

Rittenhouse est actuellement en train d’être jugé pour les meurtres qu’il a commis, et il a pu traverser sans être inquiété les lignes policières juste après avoir avoir fait feu sur des manifestants. Le contraste avec le cas de Michael Reinoehl est saisissant. Ce dernier, un antifasciste autoproclamé résidant dans l’Oregon, a fait feu sur un fasciste qui l’agressait dans le cadre d’une manifestation pro-Trump. Le lendemain de cette altercation, Reinoehl a donné une interview à Vice News pour attester du caractère de légitime défense de son geste. Un jour plus tard, la police fédérale lui trouait le corps d’une cinquantaine de balles. Trump n’a pas hésité à se vanter publiquement de l’assassinat de Reinhoel. Son sort a globalement eu peu de résonance médiatique, et illustre parfaitement le déséquilibre entre les obstacles auxquels sont confronté.es les révolutionnaires et ceux qu’on prétend opposer aux comportements «rebelles» des fascistes et consorts. Ce constat vaut également pour ce que l’on peut observer à l’intérieur des tribunaux. Les enquêtes et les condamnations qui donnent suite aux actions menées par la droite sont gérées d’une manière qui semble plus tenir de l’obligation que de la ferveur avec laquelle l’état attaque les mouvements révolutionnaires et émancipateurs.

Ce jour là, nous avons observé les élites sociales-démocrates verser des larmes hypocrites, des milices fascistes hallucinées jouer la farce d’un coup d’État sous le regard attendri de leurs baby-sitters en uniforme, et les médias tenter désespérément de rationaliser la situation en affectant un cynisme timide: « il n’y a rien à voir, ce ne sont que des joueurs costumés ». Une chose est certaine: celles et ceux qui se sont « saisi » du Capitole après y avoir invité, y trouvant les portes grandes ouvertes, n’ont fait preuve d’aucun courage et n’ont en aucun cas mis en œuvre l’insurrection que les modérés et les médias prétendent y avoir discerné.

Lorsque les mouvements révolutionnaires qui s’opposent sincèrement au système prennent la rue, ils doivent faire face à une situation autrement plus dangereuse. Un parti dominant de droite modérée comme les Démocrates, ou des appareils policiers prétendument « neutres » comme le FBI, ne tarderont pas à faire un exemple de certain.es de ces crétin.es de droite, mais il ne s’agira que d’une opération de communication comparable à celle opérée par le gouvernement de Nouvelle Démocratie en Grèce lors du procès du parti néo-nazi Aube Dorée, ou à celle mise en œuvre par Facebook qui avait censuré des dizaines de pages anarchistes pour compenser la suppression d’un nombre équivalent de profils néo-nazis. Ces stratagèmes n’ont pour but que la mise en scène d’une esthétique de la neutralité, alors même que ces acteurs continuent à imposer la société atroce que nous combattons.

L’intensité de cette action préfigure la guerre civile latente à venir, par ailleurs déjà déclarée par la droite, qui se trouve désormais plus en confiance que jamais à l’issue des événements du 6 janvier. La particularité de la droite états-unienne tient à ce qu’elle peut se pavaner en armes en toute légalité tant qu’elle n’ouvre pas le feu, et que même si elle en arrive là -on l’a vu lors de l’affaire Trayvon Martin ou des agressions à l’encontre d’antifascistes dans les manifestations Black Lives Matter- elle se voit donner des gages de tolérance judiciaire que nous ne connaîtrons jamais.

Il n’y a pas que l’extrême droite violente qui sorte radicalisée de cet incident ; les pontes de la sociale-démocratie états-unienne, qui représentent une menace égale à celle des fascistes, en sont également des bénéficiaires directs. Les chef.fes-de-file de la modération et du « bon sens » politique sont même les grand.es gagnant.es de ce spectaculaire caprice fasciste. Celles et ceux qui prétendent dicter les limites du politiquement acceptable, qui ont l’audace de mettre dans le même sac les insurrectionnalistes et les abolitionnistes d’une part et les fascistes et les anti-sémites théoriciens du complot ont réellement tiré leur épingle du jeu ici, comme en attestent les qualificatifs haineuses et ignorantes d’ « insurrection » et d’ « anarchie » employés pour décrire les événements du Capitole.

L’administration Trump s’est démenée tout au long des dernières années pour faire passer les anarchistes, les « antifas », et Black Lives Matter pour des organisations terroristes alors même qu’elle refusait d’utiliser les mêmes termes pour qualifier les groupes néo-nazis et suprémacistes blancs. Si les deux partis majoritaires se proposent désormais d’enquêter sur Qanon (un groupe persuadé que Trump, qui est pourtant confronté à des dizaines d’accusations de viol, y compris sur mineures, serait occupé à sauver le pays d’une conspiration orchestrée par des célébrités et des politicien.nes juives mettant leur pouvoir au service du trafic d’enfants) et les Proud Boys (un groupe de chauvinistes occidentaux revendiqués fondés par le fondateur démissionnaire de Vice Media, Gavin Mcinnes), il est tout à fait certain que ce durcissement s’accompagnera d’un renforcement parallèle de la répression des mouvements d’émancipation. Une semaine tout juste avant le 6 janvier, l’administration Trump rédigeait un décret proposant d’interdire l’accès au territoire états-uniens à toute personne soupçonnée d’affinités anarchiste ou antifasciste.

Ce décret s’inscrit dans la longue liste des prérogatives élargies des gardes-frontières sous les administrations Obama et Bush, notamment depuis le Patriot Act, et devrait passer comme une lettre à la poste aux yeux de l’administration Biden qui s’annonce.

Tout ceci se déroule alors même que les Démocrates viennent d’accéder à la Maison Blanche et d’obtenir une majorité des sièges au Congrès. L’extrême-droite demeure en revanche aux manettes de la Cour Suprême, ce qui a des conséquences lourdes sur les vies des segments marginalisés ou minoritaires de la population, ainsi que sur la santé des mouvements révolutionnaires.

La persistance du soutien populaire, lequel découle à la fois de longues années à subir les énormités d’extrême-droite du gouvernement Trump et de la révolte (majoritairement noire) qui a fait suite à l’assassinat de George Floyd, est déjà largement menacée par les tromperies des huiles démocrates depuis la victoire de Biden en novembre dernier. Cette victoire ne laisse présager aucun traitement de faveur pour celles et ceux qui font face à des années d’emprisonnement pour leurs actes de résistance dans le cadre de la révolte « Black Lives Matter » de 2020.

Les meneurs sociaux-démocrates et la frange de la gauche qui conserve foi en l’État et en sa capacité de réforme aimeraient peindre cet événement sous les traits d’un « coup d’État avorté » ou d’une attaque portée contre la volonté populaire. Ces discours émanent très largement d’une part très privilégiée de la population qui considère que le système électoral est là pour l’écouter. La majorité des personnes qui ont usé de leur droit de vote en 2020 l’ont fait par culpabilité ou parce qu’elles se sentaient malheureusement obligées de choisir entre deux maux. Elles ont été conditionnées à ne pas en attendre trop d’un État qui use d’un slogan aussi affligeant que Freedom isn’t free, « la liberté se monnaie ». En tant qu’anarchistes, nous rejetons le processus électoral étatique dans son intégralité, et ne voyons aucune possibilité de triomphe d’une « volonté populaire » dans un système qui se maintient par la confiscation du pouvoir et la coercition. Les choix qu’ils nous proposent dans le cadre leur spectacle de votation démocratique ne correspondent en rien au chemin qui pourrait nous mener à la liberté. Dès lors, nous rejetons ces rituels. Par ailleurs, les rituels d’origine coloniale, tels que le vote représentatif dans un système eurocentrique, ne pourront jamais accorder la liberté à quiconque sur une terre volée.

Tandis que nous continuons, en tant que mouvements anarchistes, abolitionnistes, et révolutionnaires, à mener une lutte incomparablement plus sincère que celles qui animent des citoyen.nes déboussolé.es et des célébrités prétentieuses au gré des effets de mode, nous devons redoubler de solidarité afin de ne pas nous laisser isoler, alors que la violence exercée par des groupes fascistes de la société civile s’accroît, de pair avec un acharnement policier brutal qui arbore le sourire mensonger des élites sociales-démocrates.

On aurait presque envie de rire en contemplant les politicien.nes apeuré.es, la droite et la police qui en arrivent aux poings, et l’absurdité généralisée qui s’est matérialisée ce jour là. Néanmoins, nous ne pouvons oublier qu’au cours des dernières semaines, des antifascistes ont été pris.es pour cible et attaqué.es à coups de feu dans le Nord-Ouest du pays, ni qu’en parallèle du caprice fasciste au Capitole une femme noire a fait l’objet d’une tentative de lynchage public dans le cadre d’un rassemblement néofasciste à Los Angeles. L’inquiétude ne nous permet donc pas d’en rire.

La droite a adopté une posture post-moderne quant à la question du racisme aux Etats-Unis, parce qu’elle se sentait bridée par l’étau des « politiques d’identité » mâtinées de politiquement correct promue par le parti de droite modérée (les Démocrates). Cette politique semble prête à dénoncer n’importe quoi, à l’exception du classisme et du racisme systémiques, et présente l’attribution de métiers qui prolongent le statut quo colonial aux personnes colonisées comme une forme éthiquement viable de réparation et de dédommagement. Les groupes de droite ont donc opéré une transition vers un monde nourri de théories conspirationnistes piochées sur le deep web qui encouragent les personnes pauvres à se mettre au service de milliardaires et à traquer les reptiliens juifs qui « tirent les ficelles » du capitalisme mondial au travers du réseau 5G plutôt que de simplement avoir recours à la terminologie raciste historique autour de laquelle ils gravitent pourtant tous. Malgré cette rhétorique de haine extrême, ces groupes prétendent toujours être éligibles aux plus hautes fonctions. C’est là un problème qui se pose à l’échelle mondiale, puisque des fascistes de cette trempe ont fait émergence sur la scène publique aussi bien aux États-Unis qu’au Brésil, en Allemagne, et ailleurs.

Il est impératif que nous continuions à combattre le statut quo technocratique et libéral en même temps que nous maintenons notre garde dressée face à un fascisme contemporain dont les incarnations sont nombreuses et parfois déstabilisantes. Nous devons aussi être capables de reconnaître le regain d’assurance de notre propre mouvement. Aux États-Unis, les rangs des anarchistes, des antifascistes et des abolitionnistes ont énormément grossi malgré la répression violente qui leur a été opposée, et une nouvelle génération courageuse a fait preuve de sa force tout au long de l’année 2020.

Ni les murs des prisons, ni ceux des frontières ne suffisent à endiguer la solidarité révolutionnaire.

Celle-ci nous permet de rester vigilant.es, connecté.es, de ne jamais nous perdre de vue alors même qu’un nouveau confinement et une nouvelle ère de fascisme modéré nous guettent.

Cette solidarité révolutionnaire, nous l’exprimons à toutes les personnes qui risquent la prison pour avoir pris part à la révolte contre le suprématisme blanc, et à toutes celles qui mènent une lutte sincère contre l’État et le capitalisme.

—Radio Fragmata / Janvier 2021

Post-Script
*le profil Parler (réseau social prisé des extrémistes de droite) du policier mort de ses blessures à la suite des événements du Capitole, Brian Sicknick, a depuis été révélé publiquement. On a pu y découvrir que l’agent « suivait » de nombreux comptes d’extrême-droite, comme ceux de la Team Trump, d’Alex Jones ou de Gavin McInnes.
*Bien que cela n’ait rien de surprenant, il a depuis établi que de nombreux policiers hors-services et politiciens de droite avaient pris part aux agissements du 6 janvier. Selon certains rapports, des officiers auraient même montré leurs badges à des officiers en service au cours de la bousculade.

Tenez vous au courant des luttes en cours et de la répression à l’encontre des mouvements révolutionnaires via les sites suivants :
Bay Area Anti-Repression
https://antirepressionbayarea.com/ 
NYC Anarchist Black Cross
http://nycabc.wordpress.com
Its Going Down
itsgoingdown.org
RAM
https://revolutionaryabolition.org
Up against the law legal collective 
https://upagainstthelaw.org 
Portland General Defense Committee
https://pdxgdc.com

Puget Sound Prisoner Support
https://twitter.com/PugetSupport 

Michigan Solidarity Bail Fund:
https://michigansolidaritybailfund.com/
Tilted Scales Collective
http://tiltedscalescollective.org
Scuffle Town Anti-Repression
https://scuffletownarc.wordpress.com/

15 mars 2021 – 25e journée internationale contre la brutalité policière – ABOLISSONS LA POLICE

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Jan 152021
 

Du Collectif Opposé à la brutalité policière (COBP)

Le 15 mars 2021 se déroulera la 25e Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP), peu importe la situation sanitaire.

Les personnes impliquées dans l’organisation de cette édition de 2021 opteront pour des alternatives adéquates selon l’évolution de la pandémie qui par ailleurs sévissait déjà lors du 15 mars 2020.

Parce qu’il faut souligner à quel point cette année a été brutale ! Dans un contexte difficile où toute la population essaie de faire preuve de solidarité, il y a une valeur constante sur laquelle on peut toujours se fier : la police demeure sans pitié.

Rappelons les dernières 8 minutes et 46 secondes de George Floyd. Rappelons-nous de Sheffield Matthews, assassiné par le SPVM aux petites heures du 29 octobre dernier. Rappelons-nous de Chantel Moore, Rodney Levi, Eishia Hudson au total trente-quatre personnes tué-e-s par la police au Canada pendant les 11 premiers mois de 2020. Près de la moitié des personnes assassinées étaient des autochtones.

Plusieurs activités entourant la journée internationale contre la brutalité policière auront lieu avant, pendant et probablement après le 15 mars prochain, sous une forme ou une autre. Afin de préparer cette journée, nous vous demandons donc de nous envoyer des textes, des images, des vidéos et des enregistrements audios que nous pourrons partager dans notre journal annuel et sur notre site web.

Et contactez vos ami-e-s et groupes d’affinité et passez le message que le 15 mars aura lieu. Soyez prêt-e-s !

En cette année 2021, nous appelons à l’abolition pure et simple de la police. Cela fait maintenant un quart de siècle que nous prenons la rue pour forcer la police à se réformer, de montrer des signes d’amélioration, et la situation ne fait qu’empirer, année après année. Les commissions d’enquête se multiplient, les rapports sont de plus en plus accablants, et malgré tout rien de concret ne se passe.

Au final, à quoi sert tout ce système de répression institutionnel et son service de police, ici et ailleurs ? Qui protège-t-il ? Les tribunaux n’ont pas protégé les femmes qui se battaient contre l’agresseur sexuel Gilbert Rozon.

La GRC n’a pas protégé les autochtones de New Edinburgh en Nouvelle-Écosse contre les racistes blancs qui ont mis le feu à leur entrepôt.

La SQ n’a pas sévi contre les policiers qui ont violé les femmes autochtones de Val-d’Or.

Le SPVM a utilisé, et utilise encore, tous les outils à sa disposition pour chasser les sans-abris du campement de la rue Notre-Dame et de plusieurs autres endroits à Montréal.

Et finalement, l’ASFC (Agence des services frontaliers du Canada) déporte présentement sans aucun remords les « anges gardiens » qui maintiennent debout notre système de santé à bout de bras.

Et la situation est la même partout. On peut le voir en France, au Chili, en Ayiti, au Nigéria, aux États-Unis et au Brésil, un mouvement mondial qui gronde et prend de l’ampleur. Un mouvement qui demande la fin de la police telle qu’on la connaît. Un mouvement qui crie, haut et fort.

Parce qu’on a assez de compter les assassinats aux mains de la police, parce que les larmes des familles et ami-e-s sont devenues colère, parce qu’injustice et impunité riment avec système colonial-raciste-sexiste, parce qu’il y a des alternatives : ABOLISSONS LA POLICE.

Lettre d’un ex-prisonnier

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Jan 132021
 

Nous avons reçu le message qui suit par courriel. Nous le publions avec la permission de l’auteur.

Bonjour,

Je ne sais pas si c’est votre organisation qui était passée devant le centre de détention Centre Fédéral de Formation (CFF600) sur la montée St-François le 31 décembre 2019 mais si c’est le cas, je tiens à vous remercier.

En effet, j’étais en prison à ce moment là, dans les condos qui donnent face sur la montée St-François. Je pouvais vous voir depuis la fenêtre du salon et de ma cellule. Pendant ce moment, vous m’avez fait oublié que j’étais incarcéré et je me suis senti important et vivant. Savoir que du monde de l’extérieur pensait à moi et se déplaçait pour moi m’a fait du bien.

J’aimerais être informé de tout autre manifestation concernant les centre de détention ou pour l’immigration (ou je travaillais en tant que détenu)

Je regrette de ne pas m’voir présenté cette année car j’aurais aimé y participé, j’aurais du me présenté quand même.

Merci beaucoup de votre temps!!

Yannick, enfin presque libre!!!! (je suis en maison de transition mais bientôt chez moi)

Après un hiver de blocages : Le point sur les accusations criminelles en lien avec #ShutDownCanada

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Jan 122021
 

De North Shore Counter-info

Affiche en format PDF 8.5 x 11 à imprimer et à partager !

Presque un an est passé depuis la vague de blocages en solidarité avec les défenseurs de la terre wet’suwet’en. Par la suite, de nombreuses questions urgentes ont fait que l’attention du public est passé à autre chose. Toutefois, pour celleux en première ligne aussi bien que pour celleux avec des accusations en justice, il n’y a aucune possibilité de passer à autre chose.

En ce moment, au moins soixante personnes font encore face à de graves accusations criminelles en lien avec les descentes policières dans le territoire wet’suwet’en ainsi qu’avec le mouvement de solidarité. Ces actions ont impliqué des milliers de personnes dans toutes les provinces du pays, aussi il est impossible d’en faire rapidement le portrait, mais voici quelques aspects :

En janvier 2020, tandis que la GRC préparait leur nouvelle offensive contre la réoccupation du territoire wet’suwet’en qui dure depuis plus d’une décennie, les actions solidaires ont commencé. Quand les flics sont descendus pour de vrai dans les premiers jours de février, les Mohawks de Tyendinaga ont lancé un blocage ferroviaire qui a paralysé la circulation entre Toronto, Ottawa et Montréal. Perturber la circulation ferroviaire est vite devenue la tactique privilégiée du mouvement et les prochaines semaines ont vu des blocages à long terme menés par des communautés autochtones à Kahnawake, Listuguj, Six Nations et New Hazelton. Des blocages de moindre durée ont eu lieu (souvent à répétition) à Halifax, Toronto, Victoria, Vancouver, Magnetewan, Coquitlam, Hamilton, Morris, Saint-Pascal, Edmonton, Saint-Lambert, Kamloops, Saskatoon, Elsipogtog, Saguenay et de l’autre côté de la frontière dans l’État du Washington. Il y a également eu des manifestations et des blocages routiers en de nombreux endroits.

À l’issue de cette mobilisation massive, vingt-huit personnes du territoire Mohawk de Tyendinaga se battent contre des accusations suite à l’attaque du PPO sur leur communauté. Le deuxième groupe en importance c’est les quinze personnes accusées qui attendent leur procès en rapport avec un blocage près de Sherbrooke, Québec. À Hamilton en Ontario, six personnes font face chacune à quatre chefs d’accusations de méfait pour un blocage ferroviaire de vingt-quatre heures. Dans le Bas-Saint-Laurent, une personne est encore inculpée après une perturbation ferroviaire et à Montréal il y a deux personnes accusées de méfait pour des graffitis.

L’hiver précédent, en janvier 2019, il y a également eu un raid sur le territoire wet’suwet’en par la GRC. La mobilisation en solidarité était à échelle plus modeste, mais il y a eu des manifs, des occupations et des blocages importants un peu partout dans le pays, qui ont également vu de la répression.

Deux personnes présentes aux barricades sur le territoire wet’suwet’en lors du raid sont encore accusées de voie de fait sur la police. À Hamilton, une personne est inculpée pour des dégradations d’un poste de la GRC. À Montréal, six personnes se battent encore contre des accusations de méfait en lien avec le blocage du pont Jacques-Cartier.

Il y a eu presque cent-cinquante arrestations durant ces deux années de lutte. Beaucoup ont eu pour résultat des remises en liberté sans inculpation. D’autres des amendes. Certaines des poursuites criminelles se sont déjà résolues. Par exemple, en automne 2020, le procureur a retiré les accusations contre douze personnes en relation avec un blocage ferroviaire à Toronto et deux autres à Vancouver ont eu des absolutions. En outre, toutes les charges contres les personnes présentes sur le territoire au moment du raid de février dernier ont été abandonnées (mais la GRC a laissé savoir que leur enquête se poursuit).

On ne peut que se réjouir que de plus en plus d’affaires se résolvent, mais il faut tout de même rester prudent. Le système judiciaire abandonne les accusations contre certaines personnes à fin d’isoler et de délégitimer d’autres. Il ne faut pas oublier que certain·e·s inculpé·e·s ont de fortes chances de finir en prison pour des moments de lutte auxquels nous avons toutes et tous participé·e·s.

Tout le monde ne fait pas face au système judiciaire sur un pas d’égalité. C’est un système profondément raciste et colonial, ce qui fait que les accusés autochtones ont plus de chances de se voir condamnés et de se voir imposer des peines lourdes. De même, les personnes avec des casiers judiciaires, surtout avec des condamnations en lien avec leur implication militante, risquent d’être traitées de façon autrement plus sévère et de finir en prison.

Le mouvement de l’hiver dernier était d’une puissance incroyable et la lutte n’est pas terminée. Sur le territoire wet’suwet’en, les travaux sur le pipeline continuent malgré la pandémie, tout comme la résistance des défenseurs de la terre en première ligne. C’est la même histoire chez d’autres peuples autochtones partout au Canada – de Mi’kma’ki au territoire Secwempec en passant par Six Nations, c’était une année charnière pour la résistance autochtone et les affirmations de souveraineté. Ces courants continueront de s’entremêler avec la résistance face à l’expansion industrielle, ce qui créera encore de nouvelles possibilités et des sites de résistance. Rien n’est arrêté et dans le futur nous aurons besoin de bloquer le Canada de nouveau.

Tout mouvement qui connaît du succès subira de la répression et aura des prisonniers. Ce qui est plus important que d’éviter la répression c’est la manière dont on y fait face. Nous devons toujours trouver des moyens de montrer aux personnes ciblées qu’elles ne sont pas seules, pour qu’elles puissent en venir à bout en se sentant fortes et en restant intègres. Des démonstrations de solidarité tout comme le soutien pratique font une immense différence quand les gens ont affaire à la justice. Il faut que les personnes courageuses qui prennent des risques aient de l’appui si nous voulons être courageux et courageuses ensemble encore et voir nos mouvements croître.

Nous continuerons de poster des mises à jour sur North Shore Counter-Info sur les affaires en cours et nous amplifierons les collectes de fonds et les appels au soutien concret ou à la solidarité de la part des accusé·e·s. Les mises à jour seront regroupées sous le tag « Blockade Defense » sur North Shore (north-shore.info/tag/blockade-defense) et sur Twitter sous le hashtag #BlockadeDefense.

Avons-nous oublié quelqu’un ou avez-vous des commentaires ? Contactez-nous en anglais ou en français à blockadedefense@riseup.net. La clé pgp est sur keys.openpgp.org.

Contre le couvre-feu

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Jan 112021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Samedi soir, un couvre-feu a été instauré dans les rues du Québec. C’est la restriction de mouvement la plus large et la plus intense depuis la crise d’octobre 1970. Le gouvernement Legault a donné à la police le pouvoir d’intercepter toute personne qui se trouve à l’extérieur après 20 heures et de lui imposer une amende pouvant aller jusqu’à 6 000 dollars si elle ne peut fournir une raison que les policiers jugent valable. Dans les semaines à venir, le COVID continuera de se répandre. Pendant ce temps, les sans-papiers, les sans-abri, les personnes confrontées à des situations de vie dangereuses, les travailleuses et travailleurs de l’économie souterraine et les personnes qui veulent simplement se promener la nuit – entre autres – seront harcelé.e.s par la police tous les soirs sans fin déterminée. Tout cela pour protéger le statu quo d’une économie qui nous tue, nous et la planète. Cette évolution brutale dans une ère d’expérimentation du contrôle social ne peut rester sans réponse. Il n’est pas seulement possible, il est nécessaire, de riposter.

Nous refusons cette escalade du contrôle gouvernemental sur nos vies tout en rejetant la position de la droite populiste et des théoriciens du complot. Ces groupes soit nient totalement la menace de COVID-19, soit accusent à tort certains groupes racialisés, souvent avec des allusions à peine voilées à une “élite mondialiste”. Leur réponse au COVID montre clairement que nous voyons se confronter deux idées de la liberté. Celle que nous défendons ne soumet pas les individus à une idée de bien collectif fournie par l’État. Cependant, elle exige que nous reconnaissions la réalité matérielle de notre monde et les conditions réelles de l’oppression – la nôtre et celle des autres – et que nous ne nous réfugions pas dans des intrigues géopolitiques fictives qui pourraient apaiser notre sentiment d’impuissance en réaffirmant notre indignation. Cette liberté nous oblige à nous battre pour une vie qui vaut la peine d’être vécue, plutôt que de renvoyer sans cesse la responsabilité à des ennemis imaginaires. Le COVID est réel, l’État policier aussi.

Nous n’avons jamais cru que les appels aux restrictions de Legault étaient fondés sur des préoccupations pour notre sécurité. Depuis le début de la pandémie, lui et ses acolytes ont hésité à fermer les lieux de travail et les écoles, tout en limitant encore davantage notre capacité à inventer nos vies en nos propres termes en dehors du travail. Cela montre que l’État ne s’intéresse à nous que lorsque que nous continuons à produire et à consommer, nous maintenant juste en assez bonne santé pour continuer à remplir les poches des riches. Partout dans le monde, ceux-ci se sont enrichis de manière exponentielle pendant la pandémie, tandis que nos difficultés augmentaient. Les capitalistes et les gouvernements (ce sont les mêmes !) s’adaptent aux restrictions sociales, ce qui leur permet de profiter de nous pendant que nous continuons à souffrir. Nous avons toujours été contre ce monde du travail. Ne permettons pas à l’État de définir encore davantage la façon dont nous vivons et nous nous protégeons, nous et nos proches.

La criminalisation de nos relations par l’État nuit à la santé mentale d’un nombre croissant de nos ami.e.s et de notre famille. Une vie perdue à cause d’une crise de santé mentale n’est pas moins tragique qu’une vie perdue à cause du COVID-19. La conférence de presse du 6 janvier a clairement montré que la santé mentale n’est guère qu’une préoccupation secondaire pour le gouvernement. Nous estimons que la façon dont nous vivons va au-delà de la simple survie, et nous rejetons toute définition de la santé dictée par les exigences de la production économique.

Pendant ce temps, l’État n’a de cesse de nous monter les un.e.s contre les autres et nous transforme en micro-entreprises de surveillance qui n’avons qu’à appeler la ligne de dénonciation directe mise à notre disposition pour faire le travail de la police qui elle, a été invitée à “faire circuler leurs autopatrouilles, gyrophares allumés, dans les rues des villes pour marquer le début de cette période exceptionnelle”, selon La Presse (8 janvier 2021).

Contrairement à ce qu’affirme La Presse, nous estimons que cette période n’a rien d’exceptionnel. La mise à nu du pouvoir de l’État policier dans ce qu’il a de plus violent est au mieux, un test, au pire, le nouveau normal. Il ne tient qu’à chacun d’entre nous de faire la preuve que leur démonstration de force ne tient pas la route face à notre inventivité, et que les rues, vidées de leurs habitants, peuvent devenir un immense terrain de jeux.

Pas de solution policière à la crise sanitaire !

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Jan 092021
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Montréal, le 9 janvier 2021

Aujourd’hui à 20 heures, pour la première fois de notre histoire, un couvre-feu sera mis en place à l’échelle de la province. Après dix mois de crise sanitaire, notre gouvernement a encore une fois opté pour la solution policière. Alarmes, sirènes et gyrophares à l’appui, la police nous annoncera l’heure de son règne tous les soirs, et ce, au minimum pour le mois prochain. Il s’agit là d’une véritable stratégie d’intimidation et de peur mise en œuvre pour camoufler l’amateurisme et l’inefficacité de la méthode caquiste de gestion pandémique.

Ce « gouvernement des banlieues » a encore une fois décidé de procéder à de sombres calculs de rentabilité plutôt que d’instaurer des mesures basées sur la justice sociale et la science. La mise en place du couvre-feu dans un tel contexte n’est pas une mesure sanitaire. C’est un choix qui pourrait s’avérer non seulement inefficace, mais carrément dangereux. L’effet disproportionné de la décision nuira aux personnes les plus vulnérables de notre société, celles qui subissent déjà régulièrement la violence et la brutalité de nos forces de l’« ordre ».

Sans surprise, ce gouvernement suit la stratégie adoptée presque partout ailleurs, celle qui cadre parfaitement avec la logique du capitalisme néolibéral. On manque toujours de ressources pour les services publics, mais les coffres ne sont jamais vides pour le renforcement de l’appareil de répression d’État.

Plusieurs intervenant.e.s l’ont déjà mentionné : le couvre-feu aura tout au plus un effet symbolique. En réalité, c’est à une poursuite de la dégradation du filet social et à l’installation d’un climat de peur que l’on assiste. En lieu et place de la solidarité, et alors que notre santé mentale est déjà fragilisée par près d’un an d’incertitude, le gouvernement encourage la délation, la recherche de bouc-émissaires et la culpabilisation individuelle, se dédouanant ainsi de toutes responsabilités. À Montréal, nous aurons près d’une centaine de flics de plus. Or, ce que nous demandons, ce sont des psychologues et des intervenant.e.s. Quel effet aura cette surveillance accrue sur notre paranoïa collective ? N’y a-t-il pas une autre alternative ?

La gauche radicale ne doit pas laisser ce combat entre les mains de la droite et de son discours anti-scientifique et individualiste. En temps de crise sanitaire, nous n’avons pas le luxe de respecter aveuglément les mesures répressives et contre-productives tout en se contentant de demi-mesures préventives. Nous avons déjà trop tardé, il est maintenant plus que nécessaire d’agir afin qu’un discours critique se fasse entendre. Nous ne pouvons pas nous permettre la complaisance. Face à la surenchère sécuritaire, nous avons le devoir de proposer un autre projet politique, qui ne laisse personne derrière et qui se base sur des données scientifiques rigoureuses.

Dans tous les quartiers, par tous les moyens, il faut qu’on se fasse entendre. Aucune solution policière à la pandémie n’est acceptable. Résistons à l’autoritarisme en place et à venir, luttons contre le couvre-feu ! Nous ne devons rien attendre d’un gouvernement mené par un sinistre comptable paternaliste aveuglé par le pouvoir et ne parlant qu’à sa base.

N’acceptons pas le défaitisme ambiant, préparons le printemps !