Une santé à l’échelle humaine : un.e anarchiste vacciné.e opposé.e au passeport vaccinal
Soumission anonyme à North Shore Counter-info
Traduction de Attaque
Le Québec est en train de mettre en place, pour les prochains jours, un système de passeport vaccinal et l’Ontario va probablement faire de même. Le pass est un document confirmant votre identité et votre statut vaccinal, qu’il faudra présenter pour accéder à de nombreux endroits. Pas un jour ne passe ici sans qu’il y ait une avalanche de lettres ouvertes et de messages sur les réseaux sociaux demandant l’obligation de montrer un pass pour se déplacer en la ville, avec chaque travailleur.euse qui se verrait donc attribuer une fonction de flic.
J’ai été entièrement vacciné.e dès que ça a été possible pour moi et tou.te.s mes proches ont fait pareil. Cependant, je pense que le pass vaccinal est quelque chose d’abject et que ceux/celles qui le recommandent commettent une grave erreur.
Le choix de ma bande de se faire vacciner n’était qu’un des résultats des discussions en cours sur la façon de se rapporter à la santé collective pendant la pandémie. Nous n’avons pas obéi aux mesures de confinement ou aux règles relatives aux rassemblements – nous avons établi nos propres lignes de conduite, sur la base de nos propres considérations éthiques, politiques et pratiques. Nous avons posé une question différente. Parfois, cela nous a conduit.e.s à être plus prudent.e.s que ce que la loi permettait, parfois cela a signifié enfreindre les règles. Nous étions loin d’être les seul.e.s dans ce cas et je sais que mon cercle de proches a bénéficié des discussions d’autres personnes.
La pandémie a été quelque chose d’unique dans notre vie, mais ses défis éthiques ne le sont pas : le contrôle du comportement des autres est un élément central dans la politique démocratique. Le gouvernement nous considère comme une masse de personnes à gérer, en vue de différents objectifs, en particulier le profit et la paix sociale. Ils regardent le monde d’en haut, à travers un prisme de domination et de contrôle – c’est autant le cas pour la pandémie que pour le changement climatique et la pauvreté. Des politiciens et des partis différents auront des priorités différentes et notre possibilité d’agir est réduite à préconiser la façon dont nous voulons être géré.e.s – ou la façon dont nous voulons être géré.e.s par ces autres personnes.
Nous en venons à intérioriser la logique de la domination et à mettre les besoins de l’ordre et de l’économie avant les nôtres. Nous commençons à regarder le monde d’en haut, nous aussi, loin de nos propres expériences, de nos désirs, nos idées, nos valeurs et relations. « C’est ça la guerre sociale : une lutte contre les structures de pouvoir qui nous colonisent et nous entraînent à regarder le monde du point de vue des besoins du pouvoir lui-même, à travers le prisme métaphysique de la domination. »
Dans le contexte de la pandémie, regarder le monde d’en haut signifie comprendre la situation à travers les médias institutionnels (qu’ils s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux), à travers des cartes avec différents couleurs, à travers des zones désignées comme « rouges », à travers les débats politiques, à travers des règles énoncées par des experts (je veux leur connaissance, pas leur autorité). Cela signifie penser à nos propres décisions en termes de ce que tout le monde devrait faire, agir nous-mêmes de la manière dont nous pensons que tout le monde devrait agir. Nos propres priorités disparaissent et la possibilité d’action des autres est perçue comme une menace.
En tant que mesure étatique contre le Covid-19, le passeport vaccinal ressemble aux couvre-feux et aux confinements, aux amendes majorées et aux pouvoirs coercitifs accordés aux règlements administratifs. Il s’agit d’une mesure d’ordre public. Toutes ces restrictions sont censées empêcher le genre de conversations qui ont fait descendre les gens dans la rue, ces derniers mois, pour défendre des campements, pour démolir des statues et rendre hommage aux victimes des pensionnats.
Je veux m’opposer à la domination, mais aussi à ses faux.sses critiques. Certains anarchistes ont pensé développer une critique des réponses autoritaires à la pandémie, mais elles/ils n’ont réussi qu’à être réactionnaires. Encore une fois, ils/elles regardent le monde d’en haut, d’où la seule action collective concevable est celle de l’État. Elles/ils se rabattent sur le discours des droits individuels, mais il n’y a rien d’anarchiste dans une liberté soit découpée en petits morceaux qui nous sont données à la cuillère. Leur analyse devient complètement dépourvue de principes lorsqu’ils/elles commencent à défendre le droit des conservateurs religieux à continuer à tenir leurs cérémonies. Elles/ils sont impliqué.e.s dans le mouvement anti-masque, qui n’a rien à voir avec un choix éthique individuel, mais plutôt avec la négation de l’épidémie de Covid-19. Ils/elles finissent bras dessus, bras dessous avec ceux qui considèrent tout bien commun comme une attaque contre leurs privilèges.
Pour moi, la liberté signifie aussi la responsabilité. C’est un impératif individuel de faire ses propres choix, mais aussi de comprendre que l’on est engagé.e dans un réseau de relations. Il s’agit d’association volontaire, mais aussi de comprendre que nous sommes également engagé.e.s dans des réseaux de relations avec tout le monde (sans oublier tous les êtres vivants, la terre et l’eau). Nous avons des responsabilités envers ces réseaux. Quand nos choix face à la pandémie partent de nous-mêmes et se développent vers l’extérieur, vers les personnes que nous aimons et plus loin encore vers les sociétés dans lesquelles nous vivons, nous ne regardons plus le monde d’en haut, mais à l’échelle humaine.
Cela s’appelle l’autonomie et c’est en soi une menace pour les puissants. Cela signifie organiser nos vies sur des bases radicalement différentes, qui entrent en conflit avec les tentatives des puissants de maintenir l’ordre et l’obéissance.
Un système de passeport vaccinaux est un moyen de réprimer l’autonomie. Je m’en fiche d’aller au restaurant ou à un concert et mon groupe continue d’éviter les foules dans des lieux fermés, même si l’État dit que nous ne sommes plus obligé.e.s de les éviter. Organisons-nous pour éviter la répression et continuer à agir selon nos propres priorités. On se voit dans les rues.
Grèce : Et alors, ces vaccinations ?
De Attaque
athens.indymedia.org / lundi 26 juillet 2021
Alors que l’État grec – comme de nombreux autres États européens – est en train d’augmenter la pression sur sa population pour qu’elle se fasse vacciner contre le Covid-19, des nombreuses personnes semblent avoir cédé à cette imposition de « faire le choix de la responsabilité ». Qu’il soit clair que nous pensons que des individus peuvent avoir des raisons légitimes de se faire vacciner. Nous ne portons pas de jugement moraliste sur le fait de se faire vacciner ou pas. Mais nous continuons à être réticent.e.s. Nous pensons que tout le discours sur le fait d’assumer ses responsabilités vise en fait à donner plus de pouvoirs à l’État, en créant une société à deux vitesses, avec des privilèges pour celles/ceux qui se conforment aux règles et des sanctions pour ceux/celles qui ne veulent ou ne peuvent pas s’y conformer. Cela signifie un renforcement du contrôle et des inégalités.
Crois aux dirigeants
Nous ne pensons pas devoir nous attarder longtemps sur ce point. Nous avons été obligé.e.s de porter des masques lorsque nous marchions seul.e.s dans un parc. Nous avons reçu des amendes parce qu’on était dans la rue la nuit, alors que pendant la journée les métros étaient bondés. Nous avons été insulté.e.s parce qu’on était assis.ses dans des squares, alors que des lieux de travail en intérieur fonctionnaient à plein régime. Et nous les avons vus calculer cyniquement les coûts des lits d’hôpitaux supplémentaires, par rapport à la fermeture de secteurs de l’économie. Nous les avons vus choisir d’enrôler plus de policiers, alors que la santé des gens était en jeu. Nous les avons vus essayer d’étouffer toute forme de protestation, alors qu’ils adoptaient de force des politiques encore plus marquées dans le sens de l’exploitation et de l’oppression. Ils ont perdu toute crédibilité et ils le savent, la seule chose qu’ils puissent encore faire c’est nous forcer et faire du chantage.
Crois aux données
On nous dit que les données sont claires, que se faire vacciner est un choix sûr (le plus sûr). Mais même si nous acceptons que les données existantes sur les vaccinations soient correctes, il y a tout un tas de données que nous n’avons pas (encore). La première chose qui saute aux yeux est que tous les vaccins disponibles ont été approuvés de manière temporaire, avec une procédure d’urgence. Aucun des vaccins contre le Covid-19 a été approuvé jusqu’au bout et ils ne peuvent pas l’être, puisque on ne dispose d’aucune donnée sur les effets à long terme. Nous pouvons formuler des hypothèses sur la base d’autres vaccinations similaires effectuées par le passé (même si les vaccins basés sur la nouvelle technologie ARNm n’ont pas une histoire de ce type), mais il n’y a aucune garantie pour le long terme. Chaque personne qui se fait vacciner devrait en être pleinement consciente. Et rien qu’à cause de ce seul fait, toute obligation ou pression pour se faire vacciner est éthiquement injuste.
Les données dont nous disposons sur les vaccins proviennent principalement d’essais en laboratoire et dans des environnements contrôlés. Ces tests doivent être menés dans des conditions strictement contrôlées (même s’ils sont faits sur des personnes qui vivent leur vie de tous les jours), afin de pouvoir tirer des conclusions significatives sur les causes et les effets. Bien sûr, la vie réelle comporte de nombreuses complications, des interférences, des événements imprévus, etc. Par conséquent, ces données peuvent prédire le comportement des vaccins seulement de manière très limitée. En effet, nous avons vu que les recommandations sur les personnes auxquelles certains vaccins ne doivent pas être administrées et les listes des possibles effets secondaires sont mises à jour pendant que les vaccins sont déjà inoculés dans le monde réel et que des problèmes imprévus commencent à se produire. À cette échelle, des effets secondaires qui n’affectent qu’un toute petite pourcentage de personnes vaccinées peuvent représenter en réalité un dommage collatéral qui s’élève à plusieurs milliers de personnes. Même dans les meilleures conditions, la médecine moderne est loin d’avoir un bilan impeccable lorsqu’il s’agit de respecter la vie dans toute sa diversité, ses nuances, ses complexités et sa totalité. Ne vous y trompez pas, ce qui se passe est une expérience à grande échelle.
Crois en la science
On nous dit de faire confiance à la science. Mais même si nous ne regardons que les recommandations scientifiques pendant cette année et demie de pandémie de Covid-19, cette affirmation est naïve ou malhonnête. Au début de la pandémie en Europe, le port du masque était fortement déconseillé. A l’époque la théorie était que le virus se propagerait par contact et que la désinfection était donc la bonne réponse (et il y avait une pénurie de masques, ils étaient donc réservés au personnel hospitalier). Quelques mois plus tard, cette opinion a changé et il y a désormais un consensus sur le fait que le virus se propage à travers l’air et non par contact. Soudain, les masques sont devenus la réponse à tout. Néanmoins, nous continuons aussi à tout désinfecter (au lieu d’aérer – c’est ce qu’on appelle le théâtre sanitaire, où ce qui compte le plus est l’impression de sécurité). Cet exemple montre que la science peut se tromper et que la société au sens large peut mettre encore plus de temps à s’en rendre compte.
Un autre exemple venant de cette pandémie qui montre que nous ne devons pas faire simplement confiance à la science est le flou autour de la théorie de la fuite du virus d’un laboratoire. Dès le début de la pandémie, un article cosigné par de nombreux spécialistes scientifiques de la question affirmait que l’hypothèse que le virus du Covid-19 pourrait provenir d’un laboratoire était complètement absurde. À l’époque, cet article est devenu le fondement sur lequel s’appuyaient les médias grand public, les réseaux sociaux, les politiciens et les spécialistes pour qualifier de théorie du complot toute mention de l’hypothèse d’une fuite d’un laboratoire. Il a fallu une année entière, une époque durant laquelle le virus faisait pourtant quotidiennement la Une des journaux, avant que certains scientifiques et journalistes portent un regard plus critique sur cet article et arrivent à la conclusion que le principal élément de preuve n’était pas pertinent et que certains des auteurs avaient un intérêt direct à préserver la bonne réputation (des méthodes) du laboratoire qui serait le premier suspect dans l’hypothèse d’une fuite du virus d’un laboratoire. Il est maintenant largement admis qu’une fuite d’une laboratoire est possible et que cette piste mérite d’être étudiée (pour être clairs, ni l’hypothèse de la fuite d’un laboratoire ni celle de la zoonose n’ont été prouvées ou réfutées, elles sont toutes deux plus ou moins probables). Ceci est un exemple qui montre que dans la réalité la méthode scientifique n’est pas aussi robuste et infaillible qu’elle le prétend. Un consensus qui change en raison d’arguments non scientifiques (l’opportunisme politique, des intérêts financiers, etc.), un petit cercle de scientifiques hautement spécialisé.e.s qui ne veulent pas ou n’ont pas le temps de se contrôler mutuellement, etc. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle (voir par exemple Paul Feyerabend et Pierre Thuillier), la philosophie et la sociologie de la science ont démontré l’écart entre l’idéologie de la science et sa réalité. Pourtant, les gens semblent s’accrocher à une conception très naïve de ce que font les scientifiques.
Crois à l’immunité collective
On nous dit de nous mobiliser pour atteindre l’immunité collective et « être libres », à nouveau, du virus. Pour ce faire, ils proposent l’objectif de vacciner 70% de la population. Mais en réalité ce nombre date d’avant l’apparition de variants (comme le variant Delta) qui sont plus contagieux et contre lesquels les vaccins sont moins efficaces. Gardons en tête aussi le fait que les vaccins sont conçus pour limiter la gravité de la maladie et que la réduction des contagions n’est qu’un effet secondaire (et la plupart des vaccins qui n’utilisent pas l’ARNm ne semblent pas très efficaces sur ce point). Compte tenu de ces nouveaux variants, de nombreux experts croient aujourd’hui qu’en réalité il faudrait 80 % ou 90 % de la population vaccinée pour arriver à l’immunité collective. Ce nombre signifie que – si nous considérons toujours qu’il n’est pas éthique d’administrer massivement un vaccin nouveau et mal connu à des mineurs et que certaines personnes ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons médicales – tout le reste de la population devrait se faire vacciner. Toute politique publique qui a besoin d’une conformité à 100 % pour réussir est vouée à l’échec.
Un autre facteur est que l’immunité diminue avec le temps. On parle déjà de piqûres de rappel après une période de 6 ou 9 mois (ça sera une seule injection ou elle devra être répétée tous les six mois ou tous les ans ? Pour l’instant, nous ne le savons pas), ce qui augmente encore plus les risques d’échec.
De plus, puisque il s’agit d’une pandémie mondiale d’un virus facilement transmissible, il semble très irréaliste qu’un pays ou une région puisse atteindre l’immunité collective à lui seul. De grandes parties du monde disposent à peine des stocks de vaccins ou de l’infrastructure nécessaires pour vacciner une petite partie de la population, sans parler de sa grande majorité. En outre, ils comptent principalement sur des vaccins qui sont moins efficaces pour stopper les infections. Les chances d’éradiquer ce virus sont inexistantes. À ce point, il a atteint sa phase endémique, ce qui signifie que le Covid-19 va commencer à se comporter comme les autres variétés de coronavirus, avec leurs épidémies saisonnières. L’immunité collective n’est que la dernière carotte que l’on nous agite sous le nez, elle sera tôt ou tard remplacée par quelque chose d’autre, pour nous faire croire que nous pouvons atteindre la « liberté », si seulement nous obéissons.
Sois responsable
Le sujet de l’immunité collective (ou du moins de la vaccination du plus grand nombre de personnes possible) soulève la question de savoir qui reçoit les vaccins. Dans de nombreuses régions, les personnes qui courent le risque d’être gravement affectées par le Covid-19, qui veulent se faire vacciner mais qui n’ont pas accès à des services de santé, ne reçoivent aucun vaccin. Alors qu’en Europe, des personnes qui n’ont même pas un grand risque de développer des symptômes légers et qui ont un risque infiniment faible de développer des formes grave disposent de millions de doses de vaccins qui leur sont réservées. L’accumulation des vaccins va encore augmenter avec le besoin des piqûres de rappel. Le fait que, à ce jour, l’OMS ne veuille pas recommander des piqûres de rappel semble dicté principalement par ce genre de préoccupations. Le choix de la responsabilité ou la reproduction des inégalités mondiales ?
L’établissement d’une immunité collective et la rhétorique de la « guerre contre l’ennemi invisible » vont de pair, en pratique, avec un contrôle strict des accès au territoire et une gestion de la population intensifiée. Il semblerait que nous sommes arrivé.e.s à une situation où la soi-disante partie progressiste de la société est désormais en faveur du contrôle des déplacements et de la fermeture des frontières (bien sûr, elles/ils le remarqueront à peine sur leur peau, puisqu’ils/elles possèdent les documents nécessaires pour se déplacer « librement »). Le choix de la responsabilité ou une intensification de la surveillance et de l’exclusion ?
S’il y a quelque chose que nous avons appris des décennies passées – le 11 septembre et la menace du terrorisme, le crash financier et la menace de la banqueroute, l’austérité et la menace du cannibalisme social, les bateaux de réfugié.e.s et la menace de pogroms racistes, le changement climatique et la menace de catastrophes écologiques, etc. – c’est qu’une position qui ne s’oppose pas radicalement au pouvoir de l’État (peu importe qui le détient), finira simplement par le renforcer et ouvrira ainsi la voie au prochain cycle de crises provoquées par l’État et le capitalisme, ainsi qu’à la gestion de ces crises par l’État et le capitalisme.
Anarchistes
Athènes, mi-juillet 2021
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Annonce du Counter-Surveillance Resource Center
Soumission anonyme à MTL Contre-info
On vous présente le Counter-Surveillance Resource Center, une plateforme pour diffuser une culture de résistance à la surveillance et mettre des bâtons dans les roues des polices politiques.
Partout dans le monde, anarchistes et autres rebelles sommes sous surveillance en raison de nos activités. Cette surveillance peut être exercée par des institutions étatiques ou d’autres acteurs – des détectives privés, des fascistes, des mercenaires et des citoyen.ne.s respectueux de la loi. Elle peut avoir pour but de perturber nos activités, de procéder à des arrestations, d’obtenir des condamnations ou pire encore.
À mesure que les technologies se développent, certaines techniques de surveillance restent les mêmes, tandis que d’autres changent pour intégrer ces technologies émergentes. Si les flics nous suivent toujours dans la rue et conservent des dossiers sur nous dans leurs archives, de nos jours, les caméras sont partout, les drones nous survolent et les analyses ADN envoient de nombreux camarades en prison.
On a ressenti un manque d’outils collectifs pour faire face à ces problèmes, et donc on a créé un site web, le Counter-Surveillance Resource Center (CSRC). Notre objectif est de rassembler diverses ressources en un seul endroit afin d’aider à lutter contre la surveillance dont on fait l’objet. On veut encourager la collaboration internationale, et on accepte les contributions dans toutes les langues.
Comment éviter de laisser des empreintes digitales et autres traces lors d’une action ? Comment utiliser les ordinateurs et les téléphones de manière plus sûre ? Que faire si l’on soupçonne qu’une personne est un.e infiltré.e ? Comment gérer les conséquences psychologiques de la clandestinité ? Comment détruire les caméras dans la rue ? Cette chose que vous avez trouvée sur votre voiture est-elle une balise GPS ? On veut répondre à ces questions et à bien d’autres encore.
N’hésitez pas à nous envoyer vos contributions, traductions ou commentaires. Visitez le site web à l’adresse suivante : https://csrc.link/fr
Solidarité avec les prisonniers anarchistes, libérez-les tous !
Soumission anonyme à MTL Contre-info
À l’été 2020, trois lycéens – Bogdan Andreev, Denis Mikhaylenko et Nikita Uvarov, tous âgés de 14 ans – ont été arrêtés dans la ville de Kansk, dans la région de Krasnoïarsk en Sibérie, à l’intérieur des frontières revendiquées de l’État russe. Les trois garçons sont accusés d’avoir formé une organisation terroriste et d’avoir comploté, entre autres, de construire une maquette du siège de la police secrète russe (FSB) dans le jeu MineCraft puis de la faire exploser. De manière plus crédible, ils sont accusés de manifester leur solidarité avec Azat Miftakhov, un étudiant diplômé en mathématiques à Moscou et anarchiste, actuellement âgé de 28 ans. Miftakhov était initialement accusé d’avoir fabriqué une bombe fumigène qui avait été lancée dans un bureau du parti politique au pouvoir plus d’un an auparavant. Il a plus récemment été condamné à six ans de détention dans une colonie pénitentiaire. Andreev, Mikhaylenko et Uvarov sont tous en attente de jugement.
Le 13 juin, nous avons brandi une bannière intitulée « Solidarité avec les prisonniers anarchistes, libérez-les tous » devant le consulat de Russie à Montréal, situé au 3655 avenue du Musée. Nous avons fait cela en partie pour marquer l’occasion de la journée de solidarité avec Marius Mason et tous les prisonniers anarchistes à long terme du 11 juin, mais aussi pour signaler notre désir de garder à l’esprit la situation en Russie, où même de très jeunes personnes risquent d’entrer dans le système carcéral et, peut-être en conséquence, de ne plus en sortir.
Nos pensées vont à tous nos camarades entre les murs des prisons, anarchistes ou non.
Feu aux prisons !
De MTL à Sask : Longue vie à Cory Cardinal !
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Cette semaine, nous avons été bouleversé.es d’apprendre la mort de Cory Cardinal à la suite d’une potentielle surdose. Suite à cette nouvelle, dans la nuit du 12 juin, nous sommes allées nous promener dans le quartier pour peindre les murs en sa mémoire.
Cory était un poète, un écrivain, un artiste et un activiste pour les droits des prisonniers membre de la Première Nation de Sturgeon Lake. Nous avons pris connaissance de son existence ainsi que de son travail dans le contexte des grèves de la faim qu’il a aidé à organiser en prison en Saskatchewan au début de la pandémie pour lesquelles il faisait du travail médiatique.
Dans ce contexte, Cory articulait avec acuité les liens entre la prison et le colonialisme et il participait au combat, à l’intérieur de la prison tout comme à l’extérieur, pour les détruire.
Selon lui, traduit de l’anglais :
« C’est vrai que nous avons été ciblés par un système raciste en tant qu’hommes autochtones. Mais malgré cette épidémie d’incarcération, notre communauté de guerriers autochtones modernes a fait preuve de résilience. Nous avons survécu grâce à notre volonté, à notre ambition et à notre créativité, pour vaincre de nombreux ennemis comme la pauvreté, l’addiction et le racisme, pour nous faire accepter, pour trouver une communauté et un sentiment appartenance dans le moule dominant. Nous n’avons pas pu le faire à partir de nos propres normes, puisque nous sommes un peuple opprimé. »
Nous envoyons nos pensées, notre solidarité et notre amour à sa famille, ses ami.es, et ses camarades.
Nous continuerons à diriger notre rage contre les prisons, le colonialisme et contre ce monde qui criminalise et tue les utilisateurs.trices de drogues.
Trainez des kits de naloxones avec vous !
#Libérezlestous
#SafeSupply
Longue vie à Cory !
– quelques anarchistes blanc.he.s vivant à Montréal
blablADN. Tout cramer pour brûler plus longtemps : un guide pour ne pas laisser de traces
De Sans nom
Pourquoi cette brochure ?
La preuve par l’ADN est aujourd’hui largement utilisée par le système judiciaire comme outil de répression. Dans ce contexte-là, la circulation d’informations pas vérifiées comme « l’acétone détruit les traces ADN » met en danger les personnes face à la répression. Le but de cette brochure est à la fois de comprendre comment les flics identifient une personne avec l’ADN, et de proposer des pistes pour s’en protéger.
On aimerait voir disparaître les taules, les tribunaux et les comicos et toutes celles et ceux qui participent à la machine à réprimer. L’idée ici est de participer à construire une culture de la sécurité autour des empreintes génétiques. On va surtout parler d’ADN, qui n’est qu’une question parmi plein d’autres autour de la sécurité face à la répression.
La preuve par l’ADN est un élément de croyance scientifique. Peu importe notre état de croyance par rapport à la science, les juges, elleux, enferment des personnes sur ces bases. On va utiliser un point de vue scientifique, qui est un point de vue partiel. On ne propose pas ici de réflexion critique sur l’usage des techniques scientifiques autour de l’identification par l’ADN, ni sur la science en général. Et pourtant y’a de quoi.
Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?
C’est une brochure à vocation pratique, mais on va faire des détours (pas trop longs) par des trucs théoriques. On va d’abord parler de comment les keufs travaillent avec l’ADN. Ensuite on va donner des pistes sur comment rendre leur taf le plus difficile possible, aussi bien en donnant des clefs pour se faire ses propres protocoles de sécurité qu’en proposant un protocole qui nous parait pertinent. À la fin, on a rajouté des annexes plus théoriques sur la biologie de l’ADN et sur certains aspects techniques de son utilisation par les keufs scientifiques.
En bonus, une petite annexe avec une liste de labos et fabricants de matériel servant à l’identification ADN [en France ; NdMtlCi], avec des adresses.
[Extrait de l’introduction de blablADN]
Pour leur écrire : blabladn_at_riseup.net
Le verger au complet, Épisode 5 : Répression de la dissidence
De la Convergence des luttes anticapitalistes
La police opère avec de nombreux biais, et la répression politique représente l’un d’entre eux. Il se manifeste par la manière disproportionnée dont la police s’attaque aux mouvement sociaux progressistes par le niveau de violence utilisé, l’effectif déployé, la surveillance, ou l’ampleur des charges, par exemple. Cette situation est rendue bien visible au Québec par le livre tiré de la commission populaire sur la répression politique, paru en 2016, et qui avait pour titre « Étouffer la dissidence ». Nous interrogeons dans cet épisode une personne qui a participé à son écriture.
Musique
- Mille Piastres Please, « Bégonia », tirée de l’album « Bégonia », https://millepiastresplease.bandcamp.com/
- Marilyn Rambo – « Algis vasculaires du cul », tirée de l’album « Qu’est ce que tu fais pour les balances? », https://marylin-rambo.bandcamp.com/
- Utilisées avec la permission des groupes.
Références
Commission populaire sur la répression politique, « Étouffer la dissidence, Vingt-cinq ans de répression politique au Québec », Lux Éditeur, Montral, 2006.
Bruit, drapeaux et poings: Réflexions sur une fin de semaine au centre-ville de Montréal
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Depuis le 6 mai de cette année, un conflit intercommunautaire fait rage entre voisins dans les régions urbaines multiethniques de la Palestine occupée, de Jérusalem à Jaffa et ailleurs, déclenché à ce qui parait par une dispute foncière à Sheikh Jarrah. Par conséquent, il y a eu un échange inégal de bombes et de roquettes entre l’État israélien et le Hamas, ce dernier étant l’autorité étatique du petit territoire de Gaza. Je ne sais pas ce qui va se produire en Palestine. Je n’ai qu’une compréhension de la situation de niveau Wikipédia. Je ne parle pas les langues en question et en tout cas je n’essaie même pas de suivre les actualités de près.
Mes réflexions portent sur la situation à Montréal, ville qui abrite des communautés musulmanes et juives importantes, dont respectivement de nombreux membres (au risque d’être réducteur) font partie de mouvements sociaux locaux en soutien du côté palestinien ou sioniste/israélien du conflit. La fin de semaine dernière, une partie des deux mouvements a envahi les rues du centre-ville de Montréal en réponse aux derniers événements outremer.
Le samedi 15 mai, des dizaines de milliers de personnes (au minimum) sont descendues dans la rue en soutien au côté palestinien; elles ont manifesté à Westmount Square, un complexe avec un tour de bureau où se trouve le consulat israélien, ainsi qu’au square Dorchester, au coeur du centre-ville. Pendant des heures, toute la zone entre ces deux endroits grouillait de gens qui brandissaient le drapeau palestinien, scandaient des slogans et faisaient retentir leurs klaxons. Sans doute, elle a été parmi les manifestations les plus larges qui ont eu lieu à Montréal cette dernière année. Il n’y a eu que très peu de violence ou de dégradation, bien qu’une vitre ait été cassée au Westmount Square et quelques personnes ont grimpé sur un échafaudage en proximité du Square Dorchester. Avant le début des manifs, il y a eu un cortège d’automobiles qui est parti de l’autre bout de la ville. Dans la foule, il y avait quelques anarchistes et partisans de « la gauche radicale » présent·e·s sans liens familiaux à une quelconque communauté musulmane, mais très peu par rapport à la taille de la foule.
Le dimanche 16 mai, le côté pro-israélien a eu son propre rassemblement — c’est à dire, une manifestation statique — au square Dorchester, opposé par une foule pro-palestinienne, de nombres plus ou moins égaux, qui s’est rassemblée au départ à la place du Canada, directement au sud du square. D’après mes observations, il convient de dire que certaines personnes du côté pro-palestinien se prêtaient à des provocations volontaires à l’égard de la foule pro-israélienne, en essayant par exemple de s’approcher d’eux pour agiter des drapeaux. La police a essayé d’éviter que les deux côtés n’entrent en conflit, mais la logistique de leur déploiement s’est dégradée au fil du temps et il y a eu de nombreux moments où des membres des deux camps ont pu s’approcher suffisamment pour échanger des coups de poing, essayer d’attraper les drapeaux de l’autre camp, etc. Bien que le nombre de personnes ait été beaucoup moins élevé que le jour précédent, les rues autour du square Dorchester étaient bloquées par le mouvement de manifestant·e·s pro-palestinien·ne·s essayant de se rendre au square ou à la place du Canada, puis par des membres de la foule pro-israélienne qui quittaient la zone, ainsi que par la police. La police a fait usage indiscriminé de gaz lacrymogène, ce qui a touché de nombreux passants qui n’avaient rien à faire des accrochages en cours. Des groupes de manifestant·e·s pro-palestinien·ne·s sont restés dans les environs plusieurs heures après la dispersion du côté pro-israélien à braver les charges policières et les tirs de munitions « non létales ».
Précédant cette fin de semaine, il y a eu nombreuses manifestations pro-palestiniennes de moindre envergure autour de l’ouest du centre-ville montréalais qui, si elles ne défiaient pas ouvertement la police, n’étaient pas moins bruyantes et visibles. Je m’attends à ce qu’il y ait encore plus de manifestations locales dans les jours qui viennent. (Mise à jour : Après que j’ai commencé la rédaction de ce texte, mais avant de l’envoyer à des sites anarchistes pour publication, il y a eu une autre manifestation au consulat israélien).
La solidarité internationale
Les images nous parlent. Les mots nous inspirent. Dans le stade, les joueurs adorent les hurlements de la foule. Je me dis que ça doit marcher un peu de la même manière pour ce qui est de luttes. Mais je n’en suis pas sûre.
Ce que je sais, c’est que ce qui s’est déroulé à Montréal samedi et dimanche – que se soit interpersonnel ou simplement la destruction d’une vitre, que se soit contre la police ou entre partisans de nationalismes contradictoires – n’a pas aidé de façon concrète qui que ce soit des deux camps nationaux en Palestine. Il ne m’est pas du tout clair combien de personnes en Palestine ont entendu parler de ce qui s’est passé à Montréal. Il y a eu des manifestations dans des villes aux quatre coins du monde, mais c’est à croire que l’actualité locale les préoccupe davantage.
Ça arrive que les anarchistes de Montréal manifestent au consulat montréalais d’un gouvernement étranger. Nous avons fait d’autres choses aussi. En particulier, le consulat russe a été attaqué à deux reprises les dix dernières années.
Cependant, au plus souvent, les manifestations de solidarité avec des luttes sociales en d’autres pays sont menées par les communautés qui ont des proches dans ces endroits. Il y en a constamment, bien que peu de montréalais·e·s s’en rendent compte. La plupart du temps, elles sont petites et elles ont peu de chances d’attirer l’attention de journalistes. Il faut que tu passes au bon moment pour voir la banderole ou entendre un discours sombre (peut-être dans une langue autre que le français ou l’anglais) et l’assistance dépasse rarement les soixante personnes. Même aux moments où les manifs de solidarité internationale sont plus larges, elles ne deviennent presque jamais des émeutes (ça vaut la peine de noter que malgré quelques moments isolés d’énergie bagarreuse, la manif de samedi était majoritairement non-violente).
Le problème avec les campagnes de solidarité internationale, c’est que très souvent ils détournent l’attention de projets avec plus de pertinence locale. J’ai pas envie de me faire des ennuis, donc soyons clairs : ils ont une certaine valeur. Mais je crois que c’est toujours désavantageux de mieux connaître les actualités d’un pays lointain que ce qui se passe dans leur ville. Ce qui veut dire, avoir un narratif bien précis des événements et de leurs causes dans des sociétés à l’autre bout du monde, sans comprendre ou au moins reconnaître les tensions et dynamiques qui existent dans son propre contexte.
Il se peut que la solidarité internationale soit pour des gens ailleurs, mais on ne peut pas pour autant oublier les gens qui le font. En tant qu’anarchistes, ça nous incombe de faire en sorte que ces campagnes contribuent à des stratégies qui créent de l’anarchie (ou d’autres projets en lien avec ce que veulent les anarchistes) à l’échelle locale, quoi que cela puisse signifier de façon concrète.
Montréal fait des émeutes
Montréal fait des émeutes, et ça assez régulièrement. Dans le contexte actuel, après un an de pandémie et plusieurs mois de couvre-feu imposé par un gouvernement élu par les banlieues avec son siège à Québec, cette tendance refait surface. Si ce n’était pas la Palestine, ça serait quelque chose d’autre.
J’ai quelques grosses généralisations démographiques à faire et je vais les mettre sur la table tout de suite. Premièrement, c’est surtout les jeunes hommes qui participent aux émeutes. Bien que cela ne soit pas inévitable, c’est ce que j’ai pu constater à partir de mes inférences de l’identité du genre des personnes que j’ai vues casser des vitres, piller des commerces, jeter des trucs sur la police ou essayer de s’approcher de manifestations pro-israéliennes dans la dernière année. Deuxièmement, il me semble que les personnes racisées sont aussi susceptibles de participer à des émeutes que des personnes blanches, sinon plus.
Or, si j’invoque la démographie, ce n’est que pour l’écarter. Si des gens manifestent violemment, comme ils ont fait le 11 avril en réponse au durcissement du couvre-feu, certains journalistes et commentateurs les traiteront de « blanc » sans avoir à réfléchir – et ils n’ont pas failli. Ceux qui considèrent le milieu anarchiste comme irrémédiablement problématique, y compris ceux qui veulent rester proches de ce milieu, trouveront sans doute faute avec tout engagement de ma part (ainsi qu’avec tout non-engagement de ma part) par rapport au fait que les participant·e·s à une émeute auraient une peau plus foncée et sont plus pauvres et marginalisé·e·s que les personnes qui fréquentent les milieux anarchistes.
Dans la mesure où cela nous empêche de contribuer à des ruptures sociales menées par les jeunes, je crois que c’est un vrai problème.
À Montréal, tout le monde participe aux émeutes. Pas tout à fait tout le monde, mais plein de gens de diverses origines. Et qu’il y ait des émeutes ici, ça ne date pas d’hier. L’histoire de cette ville est pleine de moments où on a tout niqué, remontant aux premières décennies du 19e. Ceci a continué durant des cycles politiques et sociaux de toute sorte, à des moments où la population urbaine montréalaise ne consistait quasiment que de personnes blanches de plusieurs variétés, beaucoup plus en tout cas que leur population relative aujourd’hui. Cette histoire rend fier chaque habitant de Montréal qui déteste la police et aime la culture de la rue. Ça ne veut pas dire que chaque émeute ait été pure ou parfaite, mais il y a beaucoup plus à célébrer que de condamner dans cette histoire. De toute façon, les émeutes, ça marche. Si on préfère le capitalisme-providence à, par exemple, ce qu’ils ont au Texas, les émeutes sont en partie à remercier pour cela et il me semble que quelques vagues d’émeutes pourraient nous gagner beaucoup plus dans les années à venir.
En tant qu’anarchistes, nous n’avons pas forcément besoin de former un « contingent » dans le cortège de quelqu’un d’autre. Pour ce qui est des parties rebelles du mouvement pro-palestinien dans la rue, celles qui cherchent le plus la confrontation, ce sont des bandes avec qui la plupart de nous n’ont aucune connexion, avec qui il n’existe en ce moment aucun rapport de confiance et qui sont de toute façon capables d’agir par eux-mêmes. Notre but devrait être d’étendre l’agitation aux commerces du centre-ville et à la logistique policière au même moment, mais pas forcément dans les mêmes endroits, que les autres événements. Nous devrons chercher à établir une position distincte capable d’attirer des gens autres que ceux qui participent déjà aux manifs pro-palestinienne et d’occuper l’attention de la police dont l’impératif stratégique est d’être partout en même temps. Le boulot de la police est impossible, mais notre présence peut faire en sorte que cette impossibilité devient manifeste le plus vite possible.
On a pu apercevoir dimanche les signes d’un effondrement de la logistique et de la stratégie policière, ce qui ne visaient qu’à empêcher deux groupes, plutôt petits, de se battre. Chaque geste qui contribue au chaos compte.
Une idée : À bas la France
À part les Juifs et le Musulmans, il y a également pas mal de Français à Montréal – c’est à dire, des gens nés ou élevés en France ou qui ont de liens familiaux proches en France. J’ai connu plein d’anarchistes français·e·s à Montréal. En plus, plein d’autres anarchistes à Montréal qui ne sont pas « français » ont quand même passé beaucoup de temps en France, y ont des amis ou des opinions sur les questions politiques particulières à la France, etc. Bien que la France soit loin, elle a une proximité émotionnelle pour nombreux d’entre nous (mais pas tout le monde assurément).
La France a interdit les manifestations en faveur de la cause palestinienne, justifiant cette décision par l’agitation en 2014 lors de la dernière grande crise.
Ce qui se passe en France était déjà inquiétant. Déjà en 2016, en réponse au massacre djihadiste l’an avant (Charlie Hebdo, l’Hypercasher, le Bataclan, la Stade de France), l’État français s’est engagé sur une voie qui a mené à l’interdiction de manifester, l’état d’urgence et l’expansion des pouvoirs policiers. Le mois dernier, l’État a rendu illégal le fait de filmer les policiers. Bien sûr que sur notre territoire, les modèles de gouvernance français sont très admirés et les politiques qui y sont expérimentées seront importées ici. Ce processus se voit dans l’orientation du gouvernement à Québec par rapport à la suppression de tout ce qui est radical et de tout ce qui est islamique – deux catégories dont on fait très souvent l’amalgame.
De mon avis, c’était plus respectable de défoncer de coups de pied les vitres de Westmount Square que de chercher à tabasser des bouffons nationalistes qui portaient le drapeau israélien comme cape; je sais que plusieurs de ces bouffons cherchaient eux aussi la bagarre, mais je n’aime pas trop quand l’emportement mène à la violence interpersonnelle. Le consulat français se trouve dans un bâtiment en face de l’université McGill, à quelques rues seulement du square Dorchester. Peut-être serait-il logique pour les anarchistes ainsi que pour d’autres ennemies du capitalisme et du colonialisme d’appeler notre propre manifestation là-bas lorsqu’il y a raison de croire que des foules pro-israéliennes et pro-palestiniennes vont de nouveau s’affronter au centre-ville? Ou bien ailleurs, pourquoi pas? Mais on aime tous avoir un thème.
Au final, tout ce qui nous amène au centre-ville contribuer à l’agitation et élargir la zone de destruction, de possibilité et de rencontre, une zone qui n’est possible que lorsque la machine logistique policière s’effondre.
L’esprit de la révolte
Les adolescents ont des analyses politiques, mais elles risquent de ne pas être super. La plupart ne savent pas ce que sont l’anarchisme et le nationalisme. Ils connaissent peut-être les mots, mais cela ne vaut pas grand-chose. La plupart n’ont pas les idées bien claires pour ce qui est des questions liées aux Juifs, aux Palestiniens, aux sionistes, aux terroristes, ou quoique ce soit. Il ne faut pas non plus croire que les actions des adolescents soient forcément motivées par leurs analyses politiques de toute façon.
Tout ceci n’est pas moins vrai pour les adultes, mais les adolescents bénéficient de meilleures raisons de ne rien savoir sur tout ça que les adultes, donc ça vaut souvent la peine d’essayer de les leur expliquer, car ils et elles ne sont pas encore des causes perdues. Mais ça ne marchera jamais d’aller vers eux pour les instruire.
On ne peut discuter avec quelqu’un d’idées qu’une fois que les deux parties ont envie de discuter. Mais c’est impossible de savoir si on a envie de se parler – se parler vraiment, avec tout le risque de malentendu ou d’insulte qu’importe n’importe quelle conversation avec de vrais enjeux – avant qu’avoir une bonne raison de le faire.
Si des gens se voient dans la rue de façon régulière, ils vont sans doute commencer à se parler à un moment donné. Surtout si les deux groupes ont l’air de faire le même genre de trucs inhabituels et que les actions se complètent. Il se peut que cela s’aboutisse à quelque chose de génial, ou non. Mais si un jeune dont la famille dit beaucoup de mal des Juifs croisent des Juifs et des Juives qui sont anarchistes, qui détestent la police, qui d’ailleurs n’aiment pas trop Israël, qui ont du style, qui ne craignent pas de la bagarre, ça pourrait être du bon.
Il ne s’agit pas de descendre dans la rue pour « faire des anarchistes », mais pour faire l’anarchie. Après tout, la majorité des anarchistes deviennent tôt ou tard des sociaux-démocrates. La plupart des jeunes dans une foule de jeunes gens en colère ne vont pas trouver que l’anarchisme, peu importe sa forme sous-culturelle, leur parle ou répond à leurs préoccupations. Tant pis. Ce n’est que lors d’un triomphe de l’anarchie quelconque, peut-être due en partie au fait qu’il y avait des partisans et partisanes de l’anarchie dans la rue, que les gens prêteront attention. Certains aimeront ce qu’ils voient et essaieront de nous trouver. Il ne faut pas trop s’en soucier pourtant. C’est en dehors de notre contrôle.
Ce dont on est capable, c’est de reconnaître où il y a de nouvelle énergie, s’interroger sur le comment et le pourquoi de son émergence et se demander comment on va s’orienter par rapport à elle. Que veut-on faire? De quelle manière peut-on aider? Qu’est-ce que ça nous fait que la logistique politique soit occupée au centre-ville?
L’anarchie, et non l’émeute
Si les événements prennent la forme d’affrontements avec la police au centre-ville, les anarchistes sont capables d’amener une contribution utile. Mais on peut faire d’autres choses aussi. Il faut éviter de fétichiser l’émeute ou les gens qui contribuent le plus à l’émeute en cours. Disons plutôt que notre chemin vers l’absence de la police passe par l’émeute. C’est pas les pacifistes qui vont changer l’histoire.
L’essentiel c’est qu’on continue d’agir, qu’on ne reste pas sur la touche lors de moments insurrectionnels et qu’on se concentre sur ce qui se passe dans notre propre région. Sur ce terrain mouvant, c’est souvent difficile de suivre les événements, mais il faut faire de notre mieux.
CONTRE LE COUVRE-FEU
CONTRE LES BOMBARDEMENTS
CONTRE LES EXPULSIONS, ICI ET PARTOUT
POUR UN MONDE SANS LA POLICE
HISSEZ LE DRAPEAU NOIR
Pas de vaccin pas de piscine !
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Un texte qui parle de la situation de la pandémie en France, d’un point de vue anarchiste, mais qui peut parler à bien d’autres ailleurs qui vivent les mêmes choses.
Depuis l’an dernier, en réfléchissant à la situation que nous vivons, je me dis qu’il y a deux problèmes qui ressortent dans cette crise du Covid. D’un côté le fait de s’opposer aux restrictions mais sans en assumer les conséquences (dont la principale est de choper le virus), et de l’autre une réaction d’obéissance servile et irréfléchie, se précipitant à faire ce que l’État demande sans se poser la moindre question, et sans être capable de se poser les questions qu’on se posait avant.
Il y a là-dedans un juste milieu à avoir : ne pas être hypocrite et assumer les choix qu’on fait de ne pas respecter les restrictions; ne pas non plus ignorer qu’il y a une pandémie et que certains comportements peuvent aussi mettre la vie des autres en danger; et enfin ne pas s’enfermer dans des postures de passivité et de lâcheté en acceptant aveuglément des restrictions.
C’est dans ce genre de contexte qu’on voit ce que chacun-e a dans les tripes. De ceux qu’on prenait pour des gens sincères et rebelles et qui s’avèrent être de gentils citoyens qui n’osent même pas marcher en plein air sans leur masque alors que n’importe qui le fait. Ou de ceux qu’on croyait sensés et intelligents et qui déclarent que le Covid n’est qu’un petit rhume et que mettre un masque dans un bus bondé ça n’a pas de sens, et qu’avoir son masque sous le nez ou le menton dans un lieu public non aéré c’est trop un truc de rebelle qui ne se plie pas à la loi.
À quel moment est-ce qu’on essaie de penser à tête froide, de regarder la situation, et de se demander comment on essaie de faire pour ne pas rogner sur sa liberté tout en faisant un minimum attention car il y a quand même une pandémie ? C’est comme si cette espèce de pensée binaire tellement présente ces dernières années avait pris de l’ampleur avec la crise du Covid, et que donc on est soit contre soit pour. Qu’on m’explique comment appliquer ça à une pandémie, parce que moi je ne comprends pas comment on peut être pour ou contre un virus. Et si je ne suis pas une spécialiste à la botte d’un État ou d’un laboratoire, je suis quand même capable de trier l’information que je reçois, et de décider de quelle façon je veux faire face à la situation, basé sur ma conception des choses, sur les idées que j’ai, et les choses que je ne suis pas prête à sacrifier, comme profiter des rayons du soleil sur mon visage un bel après-midi de printemps, tout en prenant en compte les enjeux qui existent derrière cette pandémie, comme la situation des gens à la santé fragile.
C’est aussi dans des moments pareils qu’on voit qui sont les cons à tous les niveaux, et cette période aura au moins ça de positif, de faire le tri dans ses fréquentations, et de mieux voir qui sont les individus derrière les poses et les faux-semblants, et qui sont les personnes qui quoi qu’il se passe gardent le cap. Par exemple, la non solidarité entre compagnon-ne-s pendant le confinement, abandonnant à leur désespoir les personnes isolées, je pense que ça laissera des marques indélébiles chez ceux/celles qui l’ont vécu et qui ont compris que la solidarité ça n’est qu’un énième mythe chez les anarchistes, et que dans les moments de crise on ne peut pas compter sur les liens affinitaires, que c’est chacun pour soi, chacun sa « famille », et que les asociaux crèvent seuls dans leur coin.
Certificat Sanitaire
Avant l’été 2020 l’État a commencé à parler d’un Certificat Sanitaire Européen. Là les 27 États membres de l’UE viennent de le valider, pour une sortie en juin.
Pour les précisions techniques y a des extraits d’articles de journaux en bas, qui éclairent un peu sur les modalités.
Je ne sais pas si certain-e-s se souviennent des luttes qui ont eu lieu contre le fichier Edvige, et les autres fichiers policiers et administratifs proposés ces dernières décennies. C’est vrai qu’à l’heure où les gens donnent volontairement des informations sur leurs relations sociales, leurs achats, leurs conversations privées, leurs préférences sexuelles, leurs goûts, leurs idées politiques, leurs rythmes quotidiens, les endroits où illes se rendent (avec qui, chez qui, à quelle heure, en passant par où), grâce à leur smartphone (appelé aussi « mouchard de poche ») et les réseaux sociaux, on peut se dire que la question de ces fichiers ne se pose même plus, parce que le citoyen normal donne volontairement beaucoup plus d’informations, largement accessibles pour qui ça intéresse au sein de l’État et des entreprises (ex les publicités ciblées, le fichage des employés).
Ce qui, au passage, induit que celle/celui qui n’est pas sur les réseaux sociaux et n’a pas de smartphone aujourd’hui est suspect. Ainsi, utiliser ces outils n’est pas sans conséquence pour les autres, au moins à ce niveau là : ce ne sont pas des outils « neutres », parce que derrière leur usage il y a l’idée de « moi je n’ai rien à cacher ».
Avec l’épidémie du Covid c’est au niveau sanitaire que l’étau se resserre autour de chacun-e. Il suffit qu’un collègue qui a le covid déclare à l’assurance maladie qu’on a passé 5 minutes dans l’ascenseur avec lui pour être considéré « cas contact » et intimé à rester chez soi. Ce qui s’apparente à de la délation quand le collègue balance le nom de toutes les personnes qui ont croisé sa route à ce moment là.
Dans les prochains temps la question du déplacement, de la traversée des frontières européennes ou autres, et même la question de la présence dans des lieux publics vont devenir, grâce au Certificat Sanitaire, l’arme suprême pour que tout le monde se fasse vacciner. Le gouvernement se fout de notre gueule en disant « nous n’allons pas rendre la vaccination obligatoire », car sans vaccination on se retrouvera dans la même situation qu’à l’heure actuelle, à ne pas avoir accès à des lieux qui aujourd’hui sont fermés, et qui demain seront ouverts sur vérification du Certificat Sanitaire. C’est exactement ce qui se passe en Israël : T’es pas allé à la piscine depuis plus d’un an, il fait chaud, t’as trop envie de nager ? Eh bien dommage, seuls les gens vaccinés ont le droit d’accéder à la pistoche !
Ça peut sembler nouveau, mais en fait les discriminations sanitaires existent depuis longtemps. Le cas le plus éloquent est celui du Sida. Des pays te sont interdits quand t’es séropositif aujourd’hui; plus exactement 40 pays dans le monde te refusent l’entrée sur leur territoire dans ce cas là. Et des dentistes refusent de te soigner, et les métiers de l’ordre te sont interdits, tu ne peux donc pas être policier, gendarme, pompier ou entrer dans l’armée si t’es séropo (et non je ne plains pas les gens qui sont empêchés de devenir flics !). Etc.
En se projetant dans quelques mois, est-ce que ça a du sens d’accepter un Certificat Sanitaire volontairement pour accéder à un resto, à un cinoche, à un club de sport ou traverser légalement une frontière ? Pour ceux d’entre nous qui n’accepteront pas (mais jusqu’à quand ?) cette nouvelle restriction, cela serait un peu comme essayer de vivre la vie que vivent chaque jour les personnes qui n’ont pas les bons papiers.
À quel moment on pose la limite sur ce qu’on veut accepter ou pas en restant en adéquation avec nos idées ? Et à quel moment on se dit qu’on peut s’organiser autrement, ouvrir des salles de sport non déclarées par exemple, faire de la bouffe dans la rue, organiser des projections, bref, faire que la vie sociale ne dépende pas d’un foutu certificat sanitaire et de la mainmise de l’État et sa médecine sur nos vies, comme elle dépendait déjà trop, avant cette crise sanitaire, de la possibilité de pouvoir se payer tout cela.
Sinon ça voudra dire que refuser la vaccination c’est renoncer à une vie sociale, à moins de faire un test PCR toutes les 3 jours. Et n’oublions pas que cette normalité toujours nouvelle, qu’on adopte sur commande, jour après jour selon les nouveaux ordres qui tombent d’en haut, met encore plus en lumière l’anormalité de ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’y conformer.
On voit là la question de la malléabilité des comportements et des habitudes individuels, de la malléabilité de la société. Un discours du Président le soir et hop, notre quotidien est chamboulé du tout au tout, sans que personne ne bronche. On est quand-même de gentils moutons bien obéissants.
Il y a des restrictions complètement absurdes qui nécessitent une bonne dose d’obéissance pour être respectées. L’exemple le plus criant est l’obligation du port du masque en plein air. On peut recevoir une amende si on ne cache pas bien son nez et sa bouche dans la rue, la belle affaire ! Alors qu’avant le Covid on recevait une amende si justement on cachait son nez et sa bouche en manif. Est-ce que la peur de l’amende empêchait les gens en manif de se masquer ? J’ai pas l’impression ! Et au final on voit quand même que pas mal de gens dans la rue trouvent le port du masque absurde et se promènent sans masques, surtout lorsqu’il fait beau. Qui voudrait porter un masque sur la gueule alors qu’il fait soleil ? Et de fait, quand le quart des gens ne portent pas de masque dans la rue (ce qui se passe dans de nombreux endroits), on n’a pas à craindre de contrôles. Mais quand on est la seule personne à ne pas porter un masque dans la rue de suite on se fait facilement repérer. Et c’est un peu ça pour tout, comme le fait de se promener pendant les couvre-feu ou le confinement, etc. Quand on accepte docilement de se plier à ces restrictions on facilite le travail des flics, parce qu’on accepte et participe à une norme, ce qui met en valeur les réfractaires à cette norme.
Ceci dit, il n’y a pas besoin d’être un réfractaire pour marcher sans masque en plein air ou se promener après le couvre-feu, comme il n’y a pas que des réfractaires qui volent dans les magasins ou qui fraudent les transports. Des gens qui ne respectent pas la loi on en trouve dans tous les milieux sociaux, sans doute en plus grande proportion chez les pauvres, mais on le voit en ce moment, le gratin de la société ne se prive pas non plus de ne pas respecter les restrictions pour continuer de mener leurs petites vies mondaines. En cas de Covid ils iront dans une clinique privée, sans avoir à risquer de se faire envoyer à l’autre bout du pays faute de place à l’hôpital public. Ce que je défends ici c’est donc le fait de ne pas respecter les restrictions actuelles quand il s’agit de récupérer un peu de liberté, mais je me fous autant de ces accros aux excitants qui réclament la liberté de faire la fête, que de ceux qui se tapent des gueuletons mondains entre gros bourgeois, car comme toujours, les riches sont encore ceux qui subissent le moins les désagréments de la situation actuelle, dans leurs châteaux à la campagne ou leurs hôtels particuliers avec des cuisiniers, et même pour le passage des frontières, car ceux qui travaillent pour des boîtes françaises à l’étranger peuvent aller et venir comme ils veulent, alors que ceux qui vivent à l’étranger comme n’importe lequel de leurs voisins n’ont pas la possibilité de venir en France depuis un moment, sauf motifs « impérieux » (le décès d’un membre de leur famille en France). Je ne parle même pas de la situation des personnes des Dom-Tom…
Face à mon constat amer sur l’obéissance aveugle j’entends déjà les bons citoyens en parfaite santé qui ne s’assument pas qui vont me dire qu’ils se sentent mieux à porter un masque dans la rue, ou qu’ils sont rassurés s’ils se font vacciner, et que pendant le confinement ils avaient pas le choix que d’écrire leur petite autorisation pour faire 400 m à pied pour aller acheter du tofu et des pâtes. En réalité, on trouve toujours de bonnes justifications pour tout, même pour les pires trucs, et ne pas assumer sa lâcheté ou son obéissance, et donc ne pas faire un travail dessus, ça me semble problématique et malhonnête quand on fréquente certains milieux. C’est une chose d’avoir peur, ça en est une autre de ne rien faire contre et d’être satisfait d’être un esclave de l’État.
Au fond ça me fait me demander comment ces personnes sont capables de savoir si ces réflexes de faire ce que l’État leur demande viennent vraiment d’elles-mêmes, de ce qu’elles pensent elle-mêmes, de ce qu’elles ont vraiment envie de faire (genre avoir vraiment envie de marcher en plein soleil avec un masque sur la gueule !), ou bien si ça vient de la propagande qui est faite depuis un an, basée sur la peur et la culpabilisation, et que pour une raison ou une autre ça a un effet direct sur elles ? Et à ce compte là, quelle propagande n’aurait pas un effet sur ces personnes ? Vous vous souvenez de certains anarchistes qui ont suivi l’Union Sacrée pendant la première guerre mondiale ? Heureusement que d’autres ont su penser indépendamment de la propagande nationaliste et belliqueuse des États européens de l’époque !
En critiquant le citoyennisme grégaire je ne fais pas l’apologie de se ramener dans un bus ou une supérette sans masque et d’éternuer partout. Il y a quand même une pandémie, et dans les lieux non aérés on a de fortes chances de refiler le virus à un-e autre si on est porteur. Et c’est pas un mythe, la plupart des gens que je connais qui ont choppé le Covid c’était en se tapant un gueuleton avec des amis, en intérieur, avec une personne qui contamine tous les autres qui sont sans masque. Et bien sûr que c’est légitime de passer un bon moment avec ses amis autour d’un repas. Là où ce genre de choix deviennent plus problématiques, selon moi, c’est quand ils ne sont pas assumés et que sitôt malades les gens n’hésitent pas à occuper des places dans les hôpitaux, alors qu’ils semblaient ne pas se préoccuper de leur santé auparavant, et ça devient absurde dans un contexte où les places dans les hôpitaux se font rares … si on s’en fout d’être malade, assumons nos choix jusqu’au bout, au lieu de vouloir le beurre et l’argent du beurre (et papa État avec son système sanitaire, quand on est malade), vouloir vivre sans les contraintes actuelles, mais ne pas avoir à assumer de choper le virus d’une pandémie qui n’est pas un mythe pour faire peur, qui est bien là, malheureusement.
Il y a un enjeu aujourd’hui à ne pas accepter le Certificat Sanitaire, qui risque de s’installer définitivement. Vous vous souvenez de comment le fichage ADN est passé en France ? Parce qu’aujourd’hui n’importe qui en garde à vue pour des broutilles se voit demander un prélèvement d’ADN (bien sûr il faut toujours refuser !), et ça montre comment l’État détourne toujours les trucs liberticides qu’il arrive à faire passer quand la population est sous le coup de l’émotion d’un évènement effroyable. Et ça serait naïf de penser que l’instauration au niveau européen ou international d’un passeport sanitaire ne va que se cantonner au Covid, et disparaîtra une fois la pandémie terminée. Ce sont des outils pérennes qui sont mis en place grâce au Covid, comme ce sont des outils pérennes qui sont mis en place à chaque fois que des illuminés butent des gens devant une école, dans un supermarché, dans une salle de concert ou dans la rédaction d’un journal. C’est important de garder la tête froide face à des situations souvent horribles, et d’anticiper et s’inquiéter de la réponse de l’État, qui nous touchera tous, et particulièrement les réfractaires et tous ceux/celles déjà dans le viseur de la répression.
Un truc tout con, ce certificat sanitaire ça veut dire qu’on ne pourra pas, dans l’Union Européenne, passer une frontière pépère sans montrer patte blanche à un douanier. Et on peut ne pas avoir envie que nos allées et venues soient notées quelque part, et certaines personnes ne peuvent simplement pas se permettre de montrer leur passeport à un douanier. Toutes les personnes vivant illégalement en Europe vont devoir faire comme on faisait avant Schengen (qui occasionnellement est remis en question ou mis entre parenthèse), et comme beaucoup font déjà, se faire déposer à un endroit, traverser à pied, et se faire récupérer de l’autre côté de la frontière. Sauf qu’en hiver, quand c’est des montagnes qu’on doit traverser, ça devient un peu plus difficile voire dangereux. Tandis que les bons citoyens qui n’ont rien à se reprocher pourront traverser les frontières tranquillou dans leur petit confort en avion, en train, en bus ou en voiture, prêts à dégainer le QR code de leur Certificat Sanitaire de leur smartphone dès qu’on le leur demandera. Bénis soient les smartphones qui facilitent tellement ce flicage sanitaire ! Le même outil peut contenir tes papiers, tes billets de transport, et ton certificat de vaccination. Que c’est pratique le progrès !
Mais ce certificat sanitaire ouvre aussi la porte à un flicage sanitaire qui pourrait dépasser largement le cas du Covid. Qu’est-ce qui empêche que ce certificat comprenne un carnet de vaccination qui confirme qu’on est bien à jour de tous les vaccins, ou contienne toutes les infos sur les maladies physiques ou mentales qu’on a ? Qu’est-ce qui empêche que ça permette de stigmatiser et exclure encore plus les personnes séropositives, mais aussi les personnes chez qui un psychiatre aurait diagnostiqué une schizophrénie, ou de la bipolarité, etc. (alors que ce genre de diagnostics varient d’un psychiatre à l’autre) ? Se voir refuser l’accès à un cours ou une activité quelconque, ou un travail, un emprunt, une frontière, etc, parce que le Certificat Sanitaire divulgue des informations sur notre santé, ça pourrait faire partie de la réalité de nombreuses personnes dans les années à venir. Au passage, pour ceux/celles qui l’auraient raté, en février 2020 l’État a autorisé un nouvel outil de fichage, GendNotes, utilisé par la gendarmerie. Parmi les données qui peuvent être collectées sur cette application mobile figurent des informations « relatives à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l’appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle».
Parfois des lois passent et soudainement on se rend compte qu’on est encore plus coincé qu’avant. Et je crains beaucoup qu’après la pandémie on va avoir l’impression d’avoir une grosse gueule de bois en voyant tout ce qui est passé sans qu’on s’en soit trop inquiété. Le réveil va être difficile. Et il n’y aura pas de retour en arrière sur ces nouveaux outils liberticides qui passent.
Y aura toujours une situation d’urgence et donc une nouvelle limite dépassée qui nous poussera à trahir nos propres idées, et toujours des gens qui refuseront et d’autres qui accepteront sans sourciller. Et ça n’est pas une question de force de caractère, c’est simplement une question de sincérité dans ce qu’on pense, de savoir ce qu’on veut, et pourquoi, savoir ce qu’on fout là et les sacrifices qu’on est prêt à faire pour ce qui compte pour nous.
Pour l’anarchie
fin mars 2021
Extraits de journaux parlant du Certificat Sanitaire Européen :
« L’idée d’un « digital green pass » a été présentée par la Commission européenne début mars et a été validée par les 27 Etats membres de l’Union européenne, même si la France paraissait réfractaire. Interrogé dimanche 28 mars 2021 au Grand Jury RTL, Thierry Breton, commissaire européen en charge des vaccins, a apporté des précisions sur ce fameux certificat sanitaire, qui pourrait être disponible sur le site du Ministère de la Santé d’ici deux à trois mois dans toute l’Union européenne. « À partir du moment où nous pourrons être sûr que chaque Européen qui souhaite se faire vacciner aura un accès équitable au vaccin, comme ce sera le cas dans les deux à trois mois qui viennent, il sera bon que l’on puisse avoir un certificat sanitaire qui démontre votre état », a-t-il expliqué. Cet espace digital mentionnera les informations personnelles et certaines données de santé de son détenteur, telles que les tests PCR_récemment réalisés ou les injections de vaccin anti Covid administrées. L’accès à certains pays ou à certains lieux publics (restaurants, lieux culturels…), actuellement fermés à cause de la pandémie de Covid-19 pourrait se faire sur présentation de ce pass sanitaire.
[…]
Les modalités précises de ce nouveau pass n’ont pas encore été confirmées. Néanmoins, il_consisterait en un espace digitalisé personnel, accessible depuis son smartphone,_qui pourrait répertorier certaines informations comme :
• un QR code
• l’Etat de résidence
• les tests PCR négatifs récents
• les attestations de non symptômes
• le cas échéant, les certificats de vaccination de son titulaire._
Il existera également une version papier qui mentionnera :
• votre nom
• votre date de naissance
• le numéro de votre passeport certifié avec le QR code
• le fait_que vous ayez été vacciné ou non,
• le type de vaccin et si vous avez été porteur de la maladie
• « pour ceux qui n’auront eu ni le vaccin, ni la maladie et pour lesquels on demandera un test PCR, on trouvera l’état de votre test PCR », a précise le commissaire européen._
[…]
Une fois coordonné cet outil numérique_pourrait permettre de se déplacer au sein de l’Union européenne, mais pourquoi pas aussi dans d’autres pays du monde. « Nous préparons un instrument à l’échelle européenne, incluant des données très objectives », mais il reviendra aux Etats membres de l’UE de_décider_ »quel usage précis ils en feront », a détaillé le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas.
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Dans un communiqué du 17 février, la compagnie aérienne Air France a annoncé qu’elle allait expérimenter_un pass sanitaire, à compter du 11 mars_sur plusieurs de ses vols,_à destination des Antilles, notamment de_la Guadeloupe (tous les vols Charles-de-Gaulle/Pointe-à-Pitre) et de la Martinique (tous les vols Charles-de-Gaulle/Fort-de-France). Il s’agit d’un système_qui permettra_de vérifier les tests COVID de manière sécurisée et de fluidifier le parcours des clients à l’aéroport. Concrètement, les passagers devront télécharger l’application mobile AOK Pass sur leur smartphone et y enregistrer les résultats de leur test Covid réalisé dans un laboratoire partenaire (liste disponible sur l’application)._L’application valide ensuite que le test présenté est conforme à la réglementation du pays de destination. Une fois à l’aéroport, les passagers présentent leur smartphone. Air France ne rendra pas l’utilisation de cette application obligatoire, il sera toujours possible se rendre au comptoir d’enregistrement avec un résultat de tests PCR imprimé sur papier.
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Un pass sanitaire pour aller au restaurant ?
Ce pass sanitaire pourrait_être demandé à l’entrée des lieux publics comme les restaurants, les bars, ou les musées_afin de « faciliter le système d’alerte », selon Emmanuel Macron, ainsi que_le traçage des cas contacts en cas de contamination à la Covid-19. Ce pass pourrait également permettre d’accéder à des salles de concert ou de spectacle.
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Un QR code
« On y trouvera votre nom, votre date de naissance, le numéro de votre passeport certifié avec le QR code, le fait que vous ayez été vacciné ou non, le type de vaccin et si vous avez été porteur de la maladie », a précisé le commissaire européen, document à la main. Pour les autres, qui n’auraient eu ni le vaccin ni la maladie, un simple test PCR sera demandé par les autorités.
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Si les autorités européennes poussent ce modèle, qui a fait ses preuves en Israël, l’idée du « certificat sanitaire » a encore du mal à faire son chemin chez certains scientifiques. Stéphane Gayet, infectiologue hygiéniste au CHU de Strasbourg, juge que le certificat sanitaire est « une façon détournée de rendre la vaccination obligatoire, et de préparer les esprits à des restrictions en matière de liberté de circulation ».