Qu’ils mangent de la peinture! : action de dégentrification contre “3734”
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Il y a un peu plus d’un an, une foule de gens masqués a exproprié la marchandise de l’épicerie yuppie attachée au restaurant “3734” sur la rue Notre-Dame et a redistribué la nourriture aux gens du quartier. Voilà une des actions contre la gentrification parmi les dizaines s’étant produites dans les dernières années. L’épicerie a fermé ses portes il y a quelques mois, mais nous avons remarqué que le restaurant 3734 servait encore des lunchs aux gens d’affaires et des soupers onéreux aux yuppies du coin. Alors mercredi dernier, nous leur avons rendu visite, avons brisé une fenêtre et couvert l’intérieur du restaurant de peinture à l’aide d’un extincteur.
« Mais qu’est-ce que le vandalisme accomplit contre des commerces? » Lorsque ces commerces participant à la gentrification ont été pris pour cible, les médias de masse ont affirmé que les vandales étaient à côté de la plaque parce que ces commerces ne jouent qu’un petit rôle dans le processus plus large de la gentrification. Ceuzes d’entre nous opposé.es à la gentrification pouvons tirer la conclusion opposée: ça ne veut pas dire que les cibles sont sans intérêt, mais que nous devons simplement les accompagner de cibles plus diversifiées et que les actions doivent se généraliser! Nous sommes prêt.es à parier que des actes répétés de vandalisme et l’augmentation des primes d’assurance peut faire une différence pour les petits commerces branchés qui ont de la difficulté à garder la tête hors de l’eau, et pour dissuader des investissements futurs qui solidifient la gentrification. Avez-vous entendu? Après des attaques dégentrificatrices, des commerces de St-Henri continuent à fermer : Campanelli, le bar à jus de Shapiro, et l’épicerie du 3734. En voilà trois qui ferment dans la dernière année et demi.
La gentrification est une opération de déplacement, aux côtés de processus sur un temps plus long comme le colonialisme et l’incarcération de masse, que ceux au pouvoir utilisent contre quiconque fait obstacle au développement, au contrôle, et au “progrès”. Nous sabotons les commerces gentrificateurs de nos quartier(s) pour les mêmes raisons qui en poussent d’autres à attaquer la police, à faire du sabotage contre les projets de développements industriels, à rendre les frontières incontrôlables, et à insulter les fascistes.
On nous dit que si on veut changer les choses, on a juste à aller voter, à écrire aux représentants élus, ou à manifester paisiblement, mais tout le monde sait qu’il ne faut pas croire à ce mensonge usé. Nous désirons changer infiniment plus qu’il ne sera jamais possible en performant le rôle du bon citoyen ou en obtenant une bonne couverture médiatique pour une liste de demandes adressée à ceux au pouvoir. Les canaux “légitimes” offerts par cette société peuvent amener des réformes par rapport à certains détails spécifiques reliés aux systèmes d’oppressions, mais elles ne font rien pour démanteler les systèmes d’oppression eux-mêmes, et ces canaux sont souvent conçus pour que nous soyions plus dépendant face à eux. Voilà pourquoi nous refusons le dialogue avec les commerces gentrificateurs, et que nous allons plutôt briser leurs fenêtres et leur marchandise. Des actions qui ont un impact direct sur notre environnement, sans la médiation des politiciens et de leur monde. Dans une société où la valeur de la propriété est plus grande que celle de la vie, nous devons détruire la propriété pour pouvoir vivre.
Tanné.es des réunions inutiles ou de rester assis.es à la maison devant votre mur Facebook? Essayez une balade nocturne avec un.e ami.e, un masque et une massue. C’est possible d’attaquer, peu importe qui vous êtes, et si vous faites attention vous pourriez faire beaucoup sans vous faire prendre – pour lire des conseils, allez regardez cette recette pour des actions nocturnes. Rendons St-Henri hostile aux commerces yuppies, aux développeurs, à la police, et aux riches qu’elle sert!
ALERTA /// L’extrême droite nationaliste se réunit en banlieue de Montréal le 17 juin prochain
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Mise à jour : le colloque du MRQ a été déplacé au Centre équestre l’Intégrité, situé au 3987 chemin Sainte-Angélique, à Saint-Lazare.
Vous pouvez communiquer directement avec la propriétaire, Sophie Robichaud, au 450-510-5354 ou 514-992-2141
Le 17 juin prochain, de nombreux regroupements et individus d’extrême droite devaient se réunir au Collège Maisonneuve à l’occasion d’un colloque organisé par le Mouvement républicain du Québec (MRQ), en collaboration avec La Meute. Suite aux révélations dans les médias et à l’annonce que le Mouvement étudiant révolutionnaire organisait une manifestation pour « bloquer l’extrême droite », le collège a annulé son contrat avec les Éditions Dédicaces (maison d’édition du Guy Boulianne, petit chef du MRQ).
Le colloque doit maintenant avoir lieu près de Vaudreuil-Dorion, toujours avec les mêmes conférenciers et toujours en étroite collaboration avec La Meute.
Les conférenciers
Ce prétendu « Rassemblement pour le bien commun et l’intérêt supérieur du Québec » réunira une série de conférenciers (uniquement des hommes blancs, faut-il le souligner?) issus de l’aile droite du mouvement nationaliste québécois, dont Alexandre Cormier-Denis, ce candidat du Parti indépendantiste qui, après avoir attiré l’attention des médias avec une affiche électorale raciste, n’a réussi qu’à recueillir 81 misérables votes aux dernières élections dans Gouin[1. http://acd2017.quebec/biographie ; http://infoman.radio-canada.ca/article/2017/05/19/avoir-du-front/]. Bien que la plupart des articles récents écrits sur Cormier-Denis découlent de cette grossière intox médiatique, il est mieux connu pour avoir fondé Horizon Québec Actuel, un groupuscule affilié au Front national de Marine Le Pen, en France[2. http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/reportage/22284/horizon-quebec-actuel-parti-front-national ; http://acd2017.quebec/biographie]. Même s’il ne dément pas ses liens avec le Front national et est soutenu par des groupes ouvertement racistes comme la Fédération des Québécois de souche[3. http://quebecoisdesouche.info/entretien-avec-alexandre-cormier-denis-dhorizon-quebec-actuel/ ; “Un patriote dans Gouin?”, Le Harfang Juin/Juillet 2017 http://quebecoisdesouche.info/wp-content/uploads/2017/05/floute_juin_juil_2017-1.pdf], Cormier-Denis reste membre en règle du Parti québécois et collabore à des plateformes nationalistes « politiquement incorrectes », comme les sites Vigile.net et Radio Infocite[4.http://acd2017.quebec/biographie].
Le panel comprend aussi le vlogueur André Pitre (Stu Pitt). Sur Gauchedroitistan et sur sa propre chaîne YouTube, Pitre se vautre depuis des années dans les théories du complot les plus vaseuses, en insistant sur l’influence nocive des Social Justice Warriors, des « mondialistes » et des féministes. En 2017, comblé de joie suite à l’élection de Donald Trump, Pitre s’est servi de sa notoriété naissante sur Internet pour mettre de l’avant des groupes antimusulmans comme La Meute et des populistes de droite comme le MRQ.
Gilles Noël, du Parti d’unité nationale, sera également présent au colloque du 17 juin. Sa participation réfute carrément la prétention des islamophobes à une société laïque, puisque Noël milite depuis longtemps pour l’extrême droite catholique québécoise. En 2002, il était parmi les fondateurs du Parti démocratie chrétienne du Québec, une suite du Centre d’Information National Robert Rumilly (connu dans les années 1980 et 1990 pour ses liens avec des groupes ouvertement fascistes et anti-immigration, comme Cercle Jeune Nation)[5. http://www.wikiactu.com/?page_id=17271; http://quebecoisdesouche.info/achille-larouche-fils-spirituel-de-labbe-groulx/;]. En 2012, le PDCQ a changé son nom pour le Parti d’unité nationale, signalant du coup la transition d’un programme théocratique vers un nationalisme conservateur. Le nouveau PUN reste fermement opposé à l’avortement et à l’érosion du modèle familial traditionnel, mais s’est positionné plus agressivement contre les « accommodements déraisonnables » pour les minorités non chrétiennes, en insistant sur l’identité française et chrétienne de la nation québécoise[6. Adhère à la Charte des droits de la famille adoptée par le Vatican en 1983. Celle-ci prône que « la famille est fondée sur le mariage, cette union intime et complémentaire d’un homme et d’une femme », que « la situation des couples non mariés ne doit pas être placée sur le même plan que le mariage dûment contracté »; et que « Dans les relations internationales, l’aide économique accordée pour le développement des peuples ne doit pas être conditionnée par l’acceptation de programmes de contraception, de stérilisation ou d’avortement », car « L’avortement est une violation directe du droit fondamental à la vie de tout être humain. »« Le divorce porte atteinte à l’institution même du mariage et de la famille. »
En ses propres termes : « La société distincte du Québec est née de notre héritage culturel, de notre patrimoine historique, de nos traditions, de nos fêtes chrétiennes et des institutions fondées par nos ancêtres jusqu’aux années 60 (écoles catholiques et collèges classiques, hôpitaux, universités, hospices, séminaires, etc.). Au Parti unité nationale, c’est tolérance zéro à l’égard du racisme pratiqué par certaines personnes qui viennent dans notre pays avec l’intention de bousculer et de piétiner les droits de la majorité. »
(http://www.partiun.ca/accueil/qui-sommes-nous.html)
Et : « Cette nation parle français avec son accent canayen (sic) dans ce grand territoire de l’Amérique du Nord anglophone. Cette nation tient à protéger sa langue et sa culture canayenne (sic). Ici, ce n’est pas l’espagnol, le libanais, l’arabe, le chinois, le japonais, le russe ou autre langage. Cette Constitution a été construite pour défendre les droits de la majorité et lancer un message clair à ceux et celles qui veulent faire partie de notre société, APPRENEZ NOTRE LANGUE !! … Nous acceptons vos croyances sans vous poser de questions. Tout ce que nous vous demandons, c’est de respecter les nôtres, de vivre pacifiquement et enharmonie avec nous. Ceci est NOTRE PAYS, NOTRE TERRE, et NOTRE STYLE DE VIE et nous vous donnons l’occasion d’en profiter. Mais à partir du moment où vous vous mettez à vous plaindre, à gémir et à ronchonner à propos de notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes ou notre style de vie, nous vous encourageons fortement à profiter d’une autre grande liberté québécoise : « LE DROIT DE PARTIR « . »].
Richard Le Hir, Daniel St-Hilaire et Jean-Jacques Nantel, qui sont tous impliqués depuis longtemps dans le mouvement nationaliste plus traditionnel (PQ, Bloc, Cap sur l’Indépendance, Vigile.net) seront aussi du lot des conférenciers. Ces intervenants « respectables » seront flanqués d’énergumènes un peu moins connus, comme Hans Mercier (dont le Parti 51 propose de séparer le Québec du Canada pour se joindre aux États-Unis comme 51e état!), Jean-Louis Pérez-Martel (un autre complotiste antimondialiste et antimusulmans associé à Vigile.net), et Jérôme Blanchet-Gravel (un doctorant de l’Université d’Ottawa, auteur d’un essai réactionnaire dénonçant les rapports fabulés entre « l’Islam, la gauche et le multiculturalisme »).
La tenue de cette conférence signale une tentative de consolider un courant politique d’extrême droite au Québec en groupant sous un même pavillon de jeunes militants ambitieux, des figures politiques plus établies et des représentants de groupes marginaux minoritaires. C’est d’ailleurs l’objectif déclaré du MRQ, un groupe fondé tout récemment par Guy Boulianne dans l’espoir d’organiser l’aile droite du projet nationaliste. Sous le couvert de la « liberté d’expression », Boulianne n’est en fait qu’un nationaliste xénophobe qui s’occupe à répandre des théories complotistes d’extrême droite. (Pourtant, ce grand défenseur de la liberté d’expression a récemment réclamé l’emprisonnement de la comique américaine Kathy Griffin -sur le show d’André Pitre, qui plus est- après que celle-ci eut simulé la décapitation de Donald Trump[7. https://www.youtube.com/watch?v=SHKwY-QMnEo].
La Meute

Guy Boulianne sert des mains à l’occasion d’un BBQ de La Meute, le 27 mai 2017. En arrière plan, André Pitre.
Derrière les discours d’illuminés prononcés dans un champ vide, le colloque du 17 comporte une autre dimension plus sinistre, qui révèle peut-être le véritable objectif de cette initiative.
Fondée en 2015 par deux vétérans de l’armée, Éric Venne (alias Éric Corvus, qui a quitté le groupe en janvier 2017) et Patrick Beaudry, La Meute est la plus grande organisation d’extrême droite au Québec. Les premiers événements du groupe ont eu lieu à Québec et dans la région du Saguenay. En août 2016, leurs dépliants ont commencé à circuler dans des lieux publics et, quelques semaines plus tard, Venne et d’autres membres ont perturbé un événement d’information organisé par un groupe de volontaires qui prévoyaient accueillir une famille de réfugié-e-s syrien-ne-s[8. https://mtlcontreinfo.org/en/frontlines-in-the-fight-against-islamophobia/].
Bien que La Meute ait condamné l’attentat terroriste contre le Centre culturel islamique de Québec commis par l’extrémiste de droite Alexandre Bissonnette, le 29 janvier 2017, elle a aussi profité de cet événement pour « sortir de l’ombre » et s’affirmer plus agressivement dans l’espace public. Elle a ainsi participé, avec d’autres groupes d’extrême droite, à plusieurs manifestations islamophobes à travers le Québec le 4 mars dernier et à d’autres occasions (les manifestations du 4 mars étaient organisées par le one-man show de Georges Hallak, la « Canadian Coalition of Concerned Citizens », et appuyées par le MRQ de Guy Boulianne)[9. https://mouvement-quebec.com/agenda/manifestation-2017-03-04/].
Bien qu’elle insiste sur le fait qu’elle n’est ni raciste (car « l’islam n’est pas une race ») ni d’extrême droite (car on ne peut parler « d’extrémisme » tant qu’il n’y a pas de « sang dans les rues »), La Meute fait la promotion d’une vision complotiste d’élites globales qui seraient en train de conspirer avec des « islamistes extrémistes » pour imposer la charia aux populations occidentales. En plus du MRQ, elle collaborait jusqu’à récemment avec les Soldats d’Odin, un groupe antimusulmans originellement créé par des néonazis en Finlande[10. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006108/extreme-droite-une-patrouille-avec-le-groupe-des-soldats-dodin]. Ainsi, selon le cofondateur de La Meute, Patrick Beaudry : « Nous sommes ici au Québec le foyer, le nombril, de la civilisation européenne dans toutes les Amériques »[11. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1004095/43-000-membres-pour-le-groupe-dextreme-droite-la-meute]. Et selon son responsable médias, Sylvain Brouillette (aka Sylvain Maikan) : « Marine Le Pen est beaucoup plus proche de nous que Donald Trump ».[12. http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-far-right-la-meute-1.3876225]
Le 15 mai 2017, à l’émission YouTube d’André Pitre, La Meute a annoncé qu’elle était désormais disponible partout au Québec pour s’opposer aux menaces qui pèseraient sur la liberté d’expression. Pitre et La Meute ont clairement laissé entendre qu’ils faisaient par-là référence à toute intervention d’antifascistes, d’antiracistes ou de féministes visant à perturber des événements racistes, sexistes, homophobes ou transphobes. L’émission de Pitre a également montré que cette annonce découlait de l’invitation de Pitre lui-même à ce que La Meute joue un tel rôle (la déclaration a été filmée dans son salon)[13. https://www.youtube.com/watch?v=2Zpv3F5UlMQ].
C’est dans un tel contexte que le MRQ a publiquement annoncé qu’il s’était arrangé pour que La Meute assure la sécurité lors de l’événement du 17 juin 2017[14. Par exemple : ]. Le MRQ fait la promotion de La Meute sur son site web, où il reprend d’ailleurs sa déclaration[15. https://mouvement-quebec.com/meute/]. Le 5 juin, près de la moitié des billets vendus sur la page EventBrite de l’événement du 17 avaient été achetés par des individus se revendiquant publiquement de La Meute. Parallèlement, Pitre et Bouliane récoltaient des fonds afin de couvrir les frais de La meute lors de l’événement.
Pendant ce temps, sur Facebook, en réaction à l’appel du Mouvement étudiant révolutionnaire (MER) à perturber la conférence du 17 juin, des membres de La Meute menaçaient d’avoir recours à la violence[16. Par exemple, en menaçant de battre des antifas « faggits » (sic) : ] [17. Et ensuite, ces crétins expliquent qu’ils sont membres de La Meute :
], tandis que leur organisation déclarait publiquement qu’elle collaborerait avec la police afin de contenir et neutraliser la mobilisation antifasciste. Quant à Pitre, il a cru bon aller baver que « c’est game over pour les antifas », lesquels ont selon lui tous été « élevés en milieu monoparental/drogue/alcool »[18.
Cette déclaration a fait des vagues dans leurs réseaux sociaux, et pas seulement en raison des fautes de français… De nombreuses femmes qui avaient l’intention de participer à l’événement du 17 n’ont pas du tout apprécié le fait que Pitre stigmatise de cette manière les mères monoparentales. Pitre a ensuite formulé des excuses bidons, où il ne parvient pas à cacher son antiféminisme grossier : « Hier j’ai blessé des gens en utilisant le mot « monoparental » de façon trop péjorative. Je suis conscient qu’il y a beaucoup de nouveaux sur mon Facebook et ils ne sont pas habitués à la façon dont je m’exprime. Alors à eux, je tiens à m’excuser et je promets de faire très attention à l’avenir aux mots que j’utilise pour être sûr de ne pas blesser personne. C’était absolument pas mon intention de vous comparer aux crisses de folles qui ont des relations sexuelles avant le mariage. (sssshht, c’est un test de QI déguisé) »].
Enfin, l’événement du 17 juin représente aussi une tentative d’établir un nouveau rapport de force entre l’extrême droite et la gauche antifasciste. La décision initiale, de tenir la conférence au Collège Maisonneuve, à Hochelaga, l’une des bases de la gauche montréalaise, apparaît ainsi comme une véritable provocation. Avec l’aide du MRQ, La Meute cherchait une occasion pour fixer les règles du jeu et s’assurer que le travail d’organisation et de propagande islamophobe, raciste, sexiste ou transphobe pourrait se faire à l’avenir sans rencontrer de résistance.
Présentement déplacé dans la banlieue de Vaudreuil, ce colloque reste un moment de consolidation d’une extrême droite dans le mouvement nationaliste, qui se projette dans un rôle offensif contre les musulmans, la gauche, les féministes ainsi que les « mondialistes » et le « cosmopolitisme ».
L’événement du 17 juin n’a rien à voir avec le « bien commun et l’intérêt supérieur du Québec », de même que la participation de La Meute a cet événement n’a rien à voir avec la défense de la « liberté d’expression ». Un colloque auquel tous les participants sont des hommes blancs, dont les opinions vont du nationalisme ethnique à l’ultra-conservatisme catholique, et qui s’organise en collaboration avec La Meute et d’autres groupes d’extrême droite cherchant à en découdre, représente une menace réelle.
Nous appelons tous et toutes à dénoncer ce cirque raciste et sexiste, et à se préparer sérieusement à la lutte contre la montée de courants antimusulmans, complotistes et xénophobes!
150 ans de colonialisme. Pas de quoi fêter !
Manifestation anticoloniale et anti-impérialiste à Montréal le 1er juillet
De CLAC
Lieu et heure à venir !
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Comme vous le savez, cette année c’est le 150e anniversaire du Canada. Le gouvernement prévoit dépenser 500 millions de dollars en 2017 pour organiser des cérémonies, des parades et des fêtes pour célébrer fièrement le colonialisme, l’impérialisme et le racisme qui marquent l’histoire de ce pays. Nous ne devons jamais oublier que le territoire que l’on appelle Canada a été volé par les colons européens aux autochtones qui vivaient ici depuis des millénaires, dans un désir avide de richesses naturelles pour enrichir les couronnes de France et d’Angleterre. Pourquoi devrions-nous fêter cela ?
Le colonialisme canadien n’est pas une chose du passé, l’oppression et le racisme envers les peuples autochtones existent toujours. Il suffit que l’on pense aux incarcérations massives, aux abus qu’ils et elles subissent de la part des policiers ou aux interventions militaires (Restigouche, 1981, Oka, 1990, Gustafsen Lake 1995, Elsipogtog 2013) pour les « discipliner » lorsqu’ils et elles revendiquent les droits que le Canada leur a garantis dans ses propres traités (qui ont été signés après l’invasion du territoire et la déstabilisation des écosystèmes desquels dépendaient leurs communautés). Encore une fois, comment pouvons-nous vouloir célébrer ?
Même si la grande majorité de la population canadienne est issue de l’immigration, avec la colonisation débutée au 16e siècle, notre gouvernement garde toujours une vision raciste face aux nouveaux et nouvelles immigrantEs. Les nouveaux et nouvelles arrivantEs sont marginaliséEs, privéEs des services essentiels de base pour vivre dans la dignité et trop souvent traitéEs comme des criminelLEs ou même des terroristes. Doit-on être fièrEs de l’accueil que nous réservons aux gens qui doivent immigrer ici parce que la vie dans leur pays est devenue insoutenable, souvent à cause des politiques impérialistes du Canada et des autres pays riches qui n’ont jamais assez de pouvoir et d’argent ?
C’est pourquoi nous dérangerons le plus possible la fête du Canada le 1er juillet, parce qu’il n’y a aucune fierté à habiter un pays construit sur des terres volées et qui accumule depuis tout ce temps des richesses grâce à l’exploitation sauvage des ressources d’ici et de partout dans le monde, ni d’un pays raciste qui marginalise les autochtones et les immigrantEs.
Appel à l’action :
Vous pouvez venir à notre manifestation et vous pouvez en plus faire d’autres actions. Partout autour de nous il y a des symboles du colonialisme canadien : les bâtiments de l’armée canadienne, les canons et autres symboles et des musées militaires, les bureaux du gouvernement, les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson, les prisons, les tribunaux, les parlements, les hôtels de villes, les bureaux du SCRS et de la GRC, etc. Faisons preuve de créativité !
Activité amusante à faire avec vos amiEs pour le 1er juillet : arrachez tous les drapeaux du Canada et du Québec. Il y a plein de choses que vous pouvez faire avec après, comme un feu de camp. Défi supplémentaire : remplacez les drapeaux arrachés par des drapeaux noirs. Des heures de plaisir !
La CLAC – Convergence des luttes anticapitalistes
info@clac-montreal.net – clac-montreal.net
Aussi organisé dans le cadre de l’appel pour une journée nationale d’action le 1er juillet 2017 de IDLE NO MORE & DEFENDERS OF THE LAND.
MTL Contre-info numéro 2
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Sommaire:
La police protège les fascistes
Aux premières lignes de la bataille contre l’islamophobie
Le 15 mars à Montréal : c’est pas la neige qui va nous empêcher, d’attaquer les policiers
Vandalisme contre la gentrification à St-Henri
Mutinerie au centre jeunesse de Val-Du-Lac
La plus faible des têtes de l’Hydre : Enbridge, Ligne 3
L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?
4:20 – Autant contre la légalisation que la criminalisation
Une manifestation d’extrême-droite protégée par la police contre les antifascistes
L’invasion de commerces : une tactique pour combattre la gentrification?
1 er Mai à Montréal : quelques réflexions critiques
Coucou les bobos
Toi aussi tu restes à “Montréal” cet été?
Recettes pour des actions directes nocturnes
Conseils pour les manifestations
11 juin : La communication est une arme
Comment soumettre des communiqués de manière sécuritaire
Vous pouvez obtenir des copies à La Déferle et à l’Insoumise. Si vous désirez faire plus de copies pour les distribuer, contactez-nous! Si vous vivez à l’extérieur de Montréal et n’avez pas accès à des moyens d’impression gratuits (et si vous ne pouvez payer la livraison postale, contactez-nous quand même, on pourra s’arranger ensemble).
L’invasion de commerces : une tactique pour combattre la gentrification?
Pour l’article complet (en anglais) voir ici
Cet hiver, j’ai visité la ville de New York, où j’ai participé à une manifestation vraiment inspirante de Black Lives Matter appelée la People’s Monday March. Illes utilisaient une tactique que j’appellerai l’Invasion de Commerces, qui permet à un petit groupe de gens de faire entendre un message politique de manière à ce qu’il ne puisse être ignoré.
La première moitié de l’article qui suit est tiré d’un compte-rendu que j’ai écris le jour après l’action. La seconde moitié est constituée de réflexions sur la manière dont cette tactique pourrait s’appliquer à Montréal par des anarchistes pour lutter contre la gentrification.
Je suis certain.e que nous pourrions adapter cette tactique, la mettre en pratique différemment que ce je propose ici, alors j’espère que cet article permettra de nourrir un brainstorming.
COMPTE-RENDU DE LA PEOPLE’S MONDAY MARCH – 9 FÉVRIER 2017
J’ai tendance à juger du succès d’une manifestation en fonction du sentiment qu’elle procure aux gens qui y participent. Est-ce qu’on en sort avec l’impression qu’on a fait tout cela symboliquement, pour la forme, ou est-ce qu’on a plutôt l’impression d’en sortir crinqués, prêt.es à se battre contre le pouvoir. Cette manif à NYC appartenait certainement à la seconde catégorie.
La People’s Monday March a lieu depuis plus de deux ans. Elle est organisée par le groupe NYC Shut It Down, un groupe multiracial dirigé par des personnes de couleurs. Depuis deux ans se tient cette marche issue d’un désir de maintenir l’énergie du mouvement de 2014 dont l’agitation a commencé à la suite du meurtre d’Eric Garner par la police. Chaque marche se tient à la mémoire d’une différente victime de meurtre policier. La première a eu lieu le 9 février 2015, et on m’a affirmé que, depuis lors, il y a eu une marche chaque lundi, sans faute, peu importe la température. Au début, chaque People’s Monday March débutait à la station Grand Central, mais au fil du temps elle a été organisée dans différentes parties de la ville. Parfois illes iront à Brooklyn, Harlem, Queens, etc. et alors une manifestation à l’ambiance militante aura lieu dans un quartier où elles se tiennent rarement. Une des réflexions derrière cette pratique est d’amener des gens du quartier à prendre la rue, ce qui semble avoir eu du succès.
J’ai participé à la People’s Monday March le 13 mars. À 7hpm, un groupe d’une trentaine de personnes s’est rassemblé dans le parc Washington Square en plein coeur de Manhattan. La marche n’avait pas de permis et l’itinéraire n’avait pas été annoncé à l’avance, ce qui n’a pas empêché le groupe de prendre immédiatement la rue. À travers la marche, NYC Shut It Down fait preuve de courage et a eu confiance en son propre pouvoir non seulement en désobéissant aux ordres policiers, mais aussi en contrariant la police en l’insultant de très près. Gardez en tête qu’il n’y avait pas une grande foule où se réfugier si un flic se pompait et décidait d’attaquer. Ces gens ont des gonades.
[…] Le groupe a d’abord envahi un bar, puis un restaurant fancy, puis une épicerie biologique Whole Foods où il y avait une longue file aux caisses.
Le but d’aller dans ces endroits est de forcer une audience captive à écouter un message politique. Pour ce faire, illes ont utilisé la tactiques du Mic-Check d’Occupy. Un.e porte-parole parle le plus fort possible puis tout le monde répète ses propos aussi fort que possible.
[…]
Que peut-on apprendre de cela? Soyez audacieux.euses. Soyez provocant.es. Ayez un message spécifique. Parlez fort. Dites ce que vous pensez. Et rendez tout ça social – après les People’s Monday, les camarades se rassemblaient pour socialiser dans un resto de quartier.
[…]
Il y a un élément rituel aux People’s March… ce qui est une bonne chose. Par exemple, chaque marche se termine avec la prière d’Assata. Les participant.es se donnent la main et chantent ensemble : « Notre devoir est de nous battre pour la liberté. C’est notre devoir de gagner. Nous devons nous aimer et nous protéger les un.es les autres. Nous n’avons rien à perdre que nos chaînes. »
Je pense qu’un rituel hebdomadaire pourrait contribuer à construire un mouvement. Des événements publics offrent l’opportunité aux gens de se rencontrer, et nous connaissons la lenteur avec laquelle les activistes accordent leur confiance. Les gens ont besoin de se familiariser aux autres avant de travailler ensemble. Un plus petit groupe permet plus facilement aux gens d’apprendre à se connaître.
[…]
UNE TACTIQUE POUR LUTTER CONTRE LA GENTRIFICATION?
Au début de cet article, j’ai dit que je pensais que cette tactique pourrait être intéressante dans la lutte contre la gentrification à Montréal. Ce que je veux dire, c’est que des anarchistes pourrait prendre l’habitude d’envahir des commerces gentrificateurs dans différents quartiers, comme St-Henri ou Hochelaga. Peut-être que ça pourrait se faire d’abord sur une base hebdomadaire, pour populariser la tactique. Si l’idée est bien reçue, peut-être que ça pourrait se faire à des moments plus impromptus. Par exemple, si une gang d’anarchistes sont au même endroit au même moment, pour un concert, un événement, une manif, etc. une invasion pourrait se produire quasi-spontanément. […]
[…]
Bien sûr, pour avoir du succès, un mouvement doit se doter d’objectifs atteignables. « Lutter contre la gentrification » n’est pas une stratégie. Un mouvement a besoin d’objectifs atteignables – d’objectifs mesurables. Faire fermer un commerce particulier est certainement possible – et honte à vous si vous doutez de moi! Comment allons-nous détruire l’État si nous n’arrivons pas à faire fermer une boutique de bobos?
Pour rendre la victoire imaginable, il n’y a pas de meilleure propagande que la victoire. La petite victoire que représenterait la fermeture d’un bar de hipster, un spa pour chiens, ou une boutique de luxe, donnerait aux participantes de la lutte anti-gentrification un avant-goût de leur propre puissance.
1er Mai à Montréal: quelques réflexions critiques
Soumission anonyme à MTL Contre-info
Malgré un nombre appréciable de participant-es en cette journée pluvieuse, le 1er Mai de Montréal a laissé à plusieurs d’entre-nous le sentiment que la police a réussi à garder la célébration docile et ordonnée. La manifestation anticapitaliste avait deux points de départ : un contingent au centre-ville organisé par la CLAC (Convergence des Luttes Anti-Capitalistes), et un contingent antifaciste et contre les frontières qui devait se joindre à celui du centre à partir de l’est. Cela visait entre autres à éviter de s’organiser avec le PCR, des communistes autoritaires avec lesquels la CLAC persiste à s’organiser.
Dans le contingent du centre-ville, il y a eu des affrontements entre le PCR et la police après qu’une banque ait été vandalisée avec des bombes de peinture, menant à l’arrestation d’un de leurs militants. Le contingent de l’est comptait au moins une centaine d’anarchistes portant des masques, certains portant des drapeaux noirs. Les gens semblaient attendre de rejoindre la manif du centre-ville avant de se mettre à faire péter des trucs, mais malheureusement, avant que ça puisse arriver la police a flanqué la manif des deux côtés. Une fois que les manifs se sont rencontrées au centre-ville, la police s’est déployé à un degré jamais vu auparavant à Montréal. Près d’une centaine de flics ont marché de chaque côté de la foule, afin que tout au long de sa marche il y ait toujours au moins un trottoir dominé par les flics.
Jusqu’à la dispersion de la manif quelques heures plus tard, un sentiment de vulnérabilité à ces tactiques policières a prévalu. Sans même que les flics n’aient à activement réprimer la manif, la destruction de propriété et des attaques contre la police ont pu être dissuadées. À tout moment la police était prête à intervenir des deux côtés, et la manif n’avait ni de bannières de côté ni une densité suffisante pour être capable de se défendre contre les attaques de la police qui auraient nécessairement suivi toute action illégale. Au-delà de quelques vitres de voitures de luxe brisées, la tension ne s’est jamais matérialisée en une action collective.
La police se prépare toute l’année (et avec de gros budgets) pour les rituels annuels de révolte que les anarchistes de Montréal ont cultivé, dont le 1er Mai et le 15 mars. La défaite du 1er mai de cette année a réaffirmé que nous aurions intérêt à expérimenter avec les manifs (du moins celles répandues par bouche-à-oreilles ou par les médias sociaux) qui ne donnent pas autant de temps à la police à se préparer. Cependant, on ne veut pas abandonner ces rituels annuels. Tout comme le 6 décembre à Athènes, le 1er Mai de plusieurs villes et le Jour de la jeunesse combattante au Chili, les rituels annuels d’émeutes anarchistes peuvent encore nous servir. Beaucoup de gens ne seront dans la rue avec nous qu’au 1er mai lorsqu’il n’y a pas de mouvement social. D’interagir avec eux-elles et de se préparer pour des moments de rupture sociale généralisée quand nous auront parfois à confronter une force policière hautement préparée et mobilisée, rend ces traditions valables.
Il est impressionnant de voir le nombre d’anarchistes venu en ce 1er Mai pluvieux, apparemment en groupes affinitaires. Nous avons ici deux propositions pour adapter ce potentiel significatif aux récents développements dans les tactiques de flicage:
1. On devrait commencer à agir comme un bloc, et pas seulement porter du noir
En tant qu’anarchistes portant le masque noir, nous avons besoin d’améliorer notre capacité à demeurer ensemble en tant que bloc. Nous avons comme défaut de nous éparpiller à travers la foule en groupes affinitaires, ou même seul-es. Ce phénomène est probablement dû aux barrières sociales qu’il y a entre des gens qui ne se connaissent pas, et qu’on a besoin de commencer à dépasser pour former des black blocs efficaces plutôt que des poches de gens éparpillé-es à travers la manifestation.
On a besoin de nos propres bannières de flanc afin d’aider à délimiter et défendre ce bloc. Sans des bannières de flanc, nous n’avons rien pour prévenir la facilité avec laquelle la police coupe à travers la foule pour faire des arrestations ciblées. Les bannières de flanc aident aussi à obscurcir la vue des flics de ceuzes qui les portent. Elles sont des barricades mobiles, et nous avons besoin de commencer à prioriser ce déploiement.

Au 1er Mai de Berlin cette année, des bannières de flanc ont été utilisées en succession pour défendre la manif contre l’encadrement policier.
Pour ce qui est du positionnement du bloc, nous croyons que le plus sensé serait de prendre exemple sur le «Cortège de tête» de nos camarades de France, qui ont systématiquement positionné la section combative à l’avant de la manif durant les révoltes contre la Loi Travail. Si vous comptez participer au bloc, vous savez que vous pourrez toujours le trouver à l’avant. Quoique par le passé, se tenir à l’arrière a aidé les plus petits groupes à être moins remarqués par la police et à agir plus facilement, maintenant que la police peut encadrer l’intégralité d’une manif, ces petits groupes se retrouvent plutôt isolés.
2. A qui le trottoir?
Refusons de nous laisser encercler d’avance par la police qui nous encadre sur les trottoirs. On peut accomplir cela en bâtissant la culture de prendre les trottoirs avec cohésion chaque fois que nous prenons la rue, avant que la police ne puisse les remplir. Les tentatives passées de visant à le faire sont toujours demeurées petites et la police est toujours parvenue à trancher au travers. C’est là où des bannières renforcées et des porte-bannières combatif.ves pourraient s’avérer utiles. Si la police tente de nous dérober les trottoirs, une équipe ancrée par des bannières pourrait bloquer leur passage et les rendre vulnérables aux projectiles lancés par ceuzes qui se tiennent derrière les trottoir et les bannières de rue.
Bien que beaucoup d’entre nous participions à ces moments sans avoir de relations d’organisation en dehors d’eux, nos rituels pourraient voir leur force rajeunie, si nous faisons des efforts pour nous préparer au sein de groupes affinitaires pour permettre la coordination avec d’autres.
On se voit sur les barricades (mobiles)!
11 juin : La communication est une arme
Chaque année, le 11 juin est la date qu’on choisit pour qu’on se rappeler, avec des mots, des actions et du support matériel, les camarades anarchistes emprisonné.es à long-terme.
De nos jours, parler de l’isolation et du silence que les prisons aspirent à imposer est une platitude. Chaque semaine, un.e de nos ami.es emprisonné.e nous dit que leur courrier est perturbé, que les téléphones dans leur unité sont « brisés », ou que nos publications sont rejetées sans possible recours.
Pour nous, un des éléments les plus excitants du 11 juin 2016 aura été la prolifération de mots et d’idées partagés entre et par des prisonnier.ères anarchistes. Tout en propageant une solidarité internationale matérielle et en gardant les noms de nos camarades sur nos lèvres, une de nos plus importantes tâches demeure celle de contribuer à faciliter la communication. Bien que le point de départ de notre projet ait été de supporter Marius Mason et Eric McDavid (le premier étant toujours emprisonné dans une unité extrêmement restrictive, alors que le dernier a été libéré!), la portée de notre projet de solidarité avec les prisonnier.ères anarchistes à long-terme à travers le monde a été élargi grâce à une toile de communications étendue. Cette année nous cherchons à mettre l’emphase sur cette communication.
Le maintient de la communication est une bouée de sauvetage pour ceuzes pris dans les pièges de la répression étatique ou qui sont enfermé.es dans ses donjons. Les prisons servent à isoler ceuzes gardé.es dans ces donjons, à les retirer de la communauté humaine et à briser leur volonté. Pour conserver leur dignité dans des conditions déshumanisantes, il est d’une importance vitale de recevoir des lettres et des publications, d’être capable de connecter avec des individus hors des murs, et d’être capable d’appeler à la solidarité de camarades à l’extérieur. Lorsque Chelsea Manning a tenté de se suicider, la communication a permis pour elle et ses proches de se mobiliser et agir. Pour les prisonnier.ères qui semblent vivre sous un microscope à cause de leurs activités rebelles, un flot constant de lettres montre à leurs tortionnaires qu’illes ont des ami.es à l’extérieur et qu’il y aura des conséquences pour toute action menée contre euxlles. Durant la grève dans les prisons américaines du 9 septembre, ce sont les relations construites au fil des ans qui ont permis d’avoir connaissance des grèves des travailleurs.euses et des rébellions dans des prisons à travers le pays, et de permettre à ceuzes qui voulaient la supporter de s’organiser contre la répression.
Nous ne devons pas, cependant, confondre une réelle communication avec le bavardage creux de la démocratie libérale. Dans les sociétés totalitaires, parler peut être subversif face aux systèmes de pouvoir; dans les démocraties libérales, ça les renforce. Les livres d’histoire nous apprennent à dire la vérité au pouvoir, à offrir au pouvoir une meilleure compréhension de nos frustrations afin qu’il puisse manoeuvrer pour nous affaiblir – soit en régurgitant et défigurant nos critiques comme des appels populaires ou autrement en tentant de nous les revendre à travers des campagnes marketing. Plus nous disons aux pouvoirs ce qui nous fait rager, meilleures sont leurs chances de nous manipuler. s’emporter sur internet peut être vu comme le microcosme de la fonction de soupape visant à neutraliser les troubles sociaux que joue la liberté d’expression. Nous sommes encouragé.es à dire ce que nous voulons, tant et aussi longtemps que nous n’en faisons rien. La liberté d’expression devient un fétiche. Pour les gens qui de toute leur vie n’ont jamais fait l’expérience d’un moment de liberté, la liberté d’expression est vue comme la liberté elle-même.
Lorsque l’action directe se produit véritablement, elle est soit condamnée comme étant le fait de personnes « extérieures » ou présentée pour s’ajuster à la rhétorique démocratique de la liberté d’expression. Après le soulèvement contre la police à Ferguson, Missouri, la citation de Martin Luther King Jr., « une émeute est le langage de celui qui n’est pas entendu », est devenue virale parce qu’elle permet d’interpréter le soulèvement à travers le cadre de la liberté d’expression, comme si la cause des émeutes était le mutisme imposé aux voix des habitant.es de Ferguson, ou que l’amplification de leur voix était le seul objectif de leur émeute.
Nous ne parlons pas de « liberté d’information » lorsque nous parlons de communication – l’attention médiatique et la connaissance généralisée de l’horreur des pratiques et des conditions à l’intérieur des prisons n’ont jamais pour résultat l’outrage public, et les autorités ne sont pas inondées par une vague de honte les affectant au point où elles changeraient ce qu’elles font. Bien que tenter d’amener une attention sur certains enjeux puisse parfois avoir sa place, nous n’attendons rien des autorités (ou du public) et nous savons trop bien que, particulièrement dans les démocraties, l’opinion publique n’affecte que peu les politiques ou les pratiques de l’État. Nous parlons ici de quelque chose de différent, c’est-à-dire qu’il est vital de trouver et parler avec nos camarades pour attaquer le pouvoir et vivre pleinement.
Au sein des démocratiques libérales, la prison sert à isoler ceuzes qui ne se laissent pas avoir par l’illusion démocratique. Nous donnons de l’ampleur aux histoires de ces anarchistes emprisonné.es ayant choisi de se révolter activement contre tout régime de pouvoir plutôt que de jouer le jeu de la démocratie. En février 2017, Éric King a reçu des sanctions – incluant la perte de son téléphone, de ses visites et ses commissaires (achat d’aliments), de même qu’une augmentation du niveau de sécurité et la perte du « bon temps » – parce qu’il a écrit des poèmes et a dessiné des cartoons dépeignant de la violence contre le Bureau des Prisons et le gouvernement en général. Au début de 2017, Sean Swain a réussi à mener une grève de la faim de 50 jours en exigeant qu’on lui redonne accès à des communications par e-mail et par téléphone, qui lui ont été coupées il y a des années à cause d’allégations en rapport avec des menaces d’action directe à l’extérieur contre des agents officiels de la prison. En 2014, Bill Dunne a reçu un « coup » à sa libération conditionnelle, avec la commission de liberté conditionnelle citant son « association continue et son affiliation avec des organisations anarchistes » comme une preuve qu’il « arborait toujours des visions anti-autoritaires qui ne sont pas compatibles avec le bien être de la société ». Marius Mason est présentement détenu dans la prison fédérale intensément restrictive à Carswell, Texas, qui surveille et contrôle ses communications avec le monde extérieur et impose de dures limites à sa capacité à se connecter avec des luttes à l’extérieur. Les camarades arrêté.es en Italie sous l’Opération Scripta Manent ont vu leur courrier restreint, incluant la saisie permanente de tout matériel provenant de la Croce Nera Anarchica [Croix Noire Anarchiste].
Malgré les meilleures tentatives de l’État pour entraver la parole de nos camarades, les prisonnier.ères anarchistes continuent à contribuer aux luttes à l’intérieur et à l’extérieur des prisons. Les fragments de Sean Swain, Final Straw, l’art et la poésie de Marius, les tweets incendiaires de Jeremy Hammond, et les écrits de prison qui traversent les frontières et les continents montrent la quantité innombrable et les formes diverses que prend la communication dans le ventre de la bête.
Ceci dit, nous désirons partager des nouvelles des luttes spécifiques de Marius à l’intérieur. Cette année a été remplie de nouvelles angoisses alors que le Bureau des Prisons a développé de nouveaux moyens pour l’isoler plus encore. Depuis l’été dernier, Marius a commencé à voir d’énormes interruptions dans le courrier qu’il reçoit, allant parfois plusieurs semaines sans recevoir de courrier personnel et les bulletins d’information sur les luttes se faisant de plus en plus rares. Un appel téléphonique avec un ami a révélé que FMC Carswell a coupé toutes les communications concernant la Grève Nationale des Prisons et, alors, que tout courrier personnel mentionnant la grève était détruit.
Même avec ces événements les plus évidents, Marius approche les 10 années d’incarcération, et les amitiés et le support de l’extérieur ont été poussés à leur limite, constamment frustrés dans leur tentatives de faire passer du courrier à travers le complexe de Carswell et ses règles inexpliquées. Au-delà des quelques ami.es proches et de la famille immédiate qu’il lui reste, Marius reçoit peu de courrier. Le courrier est ce qui le relie vitalement au monde extérieur. Il a besoin de gens qui le supportent qui s’engagent à nouveau à lui écrire, et, pour ceuzes d’entre nous qui le connaissaient avant son arrestation (puisque c’est une exigence du Bureau des Prisons), à le visiter. Sachez que des lettres qui mentionnent des actions politiques ne passeront pas à travers les filets étroits de la censure.
À l’extérieur, ont fleuri de nouveaux projets visant à briser les barrières imposées par la prison. Des camarades à travers les États-Unis et ailleurs ont commencé à publier des bulletins d’information sur les prisons, donnant des ailes aux idées de nos camarades emprisonné.es, leur donnant la capacité de semer des graines dans le « monde libre » et dans les cellules des prisons. Des sites web de support individuel, des sites web de contre-information, des zines faisant la collection des écrits de prisonnier.ères, le calendrier Certain Days, le nouveau site web Black Bridge, et d’autres efforts pour garder en lien avec nous nos camarades derrière les barreaux, et nous lier à eux.elles – à travers une expression créative, une contribution mutuelle à la théorie, et l’élaboration de stratégies pour continuer la lutte.
Ceci s’étend aussi au domaine de l’action, avec une solidarité prenant racine dans l’esprit d’une lutte internationaliste combative contre la prison et son monde. Suite à l’arrestation de Pola Roupa et de Konstantina Athanasopoulou et la détention de l’enfant de six ans de Pola, Lambros-Viktoras, des actions diverses et combatives ont eu lieu, résultant dans l’obtention de la garde de son petit-enfant par la grand-mère de Lambros-Viktoras. Les actions ayant eu lieu partout à travers le monde en solidarité avec la grève des prisons aux États-Unis en septembre 2016 offrent une vision claire de comment les mots et les gestes peuvent se mélanger dans le chaudron de la révolte. Nous désirons aussi mentionner la convergence Fight Toxic Prisons qui aura lieu prochainement au Texas, pour tisser des liens importants entre la dévastation écologique et la société-prison, et les ancrer toutes les deux dans une solidarité active avec les camarades emprisonné.es.
Cette année, nous désirons relever le défi d’affiler nos mots et nos gestes l’un à l’autre, pour leur donner des dents. Trouvons les moyens de combattre la censure de ceuzes qui envoient des messages de l’intérieur, et de ceuze qui envoient de la force et du support de l’extérieur. Ne nous satisfaisons pas d’exprimer simplement nos désirs et nos idées à ceuzes qui écoutent, mais vivons les réellement, et développons-les ensemble. L’État désire écraser nos camarades en les séparant de leurs communautés de lutte. Nous ne les laisserons pas réussir!
Recettes pour des actions directes nocturnes
Soumission anonyme à MTL Contre-info
« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »
– A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works
Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.
Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.
Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.
1. Le secret, c’est commencer
D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.
Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.
Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).
Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.
2. Repérage
Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.
Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?
Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.
3. Choix fashion! (et autres préparatifs)
Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.
Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.
Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.
Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.
4. L’heure des sorcières
Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.
Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]
Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).
Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)
Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.
5. Faites des beaux rêves!
Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.
Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).
Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!
Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!
Chaque flic a un secret : attaquer le pouvoir est facile
Partout où il n’y a pas de flic – et ils ne peuvent pas être partout en même temps – il y a des banques, des condos gentrificateurs, des bureaux gouvernementaux, des caméras de surveillance, des murs blancs, et l’infrastructure du capitalisme (les chemins de fer, les autoroutes, les oléoducs, les projets de construction, etc.). Ceuzes qui attaquent ne croient pas que l’histoire ait un seul chemin, celui écrit par les autorités, celui vers une société de plus en plus contrôlée et morte. Autour de nous, la surveillance généralisée nous montre que les autorités ont peur du potentiel de nos actions pour vivre librement. En choisissant de nous révolter contre chaque chose qui nous empêche de vivre véritablement, nous pouvons contribuer à détruire ce monde imposé tout en en créant un autre.
Un monde où les gens sont libres de construire les réseaux et les relations qu’illes désirent pour répondre à leurs besoins, de manière commune et avec les autres, sans la coercition du capital. Où les prisons sont rasées et où le patriarcat, la police, les politiciens et les patrons sont choses du passé. Où les économies du don comme l’entraide et la solidarité dévastent l’esclavage salarié et la marchandisation de nos vies. Un monde où nous sentons que nous faisons partie de la Terre et que nous en dépendons, non pas qu’elle est à exploiter.
Un monde d’anarchie.