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Les anarchistes russes sur l’invasion de l’Ukraine

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Fév 282022
 

De CrimethInc.

Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit,les anarchistes continuent de se mobiliser sur tout le territoire russe, aux côtés de milliers d’autres personnes, contre la guerre. Nous publions ici les communiqués de deux organisations anarchistes russes de longue date, qui proposent une analyse de la situation en Russie et de la façon dont l’invasion de l’Ukraine pourrait la modifier.

Plusieurs manifestations sont prévues en Russie pour demain (dimanche 27 février). Nous attendons toujours des nouvelles de nos contacts en Ukraine, que nous publierons dès leur arrivée.

Au cours de l’invasion la Russie est devenue un champ de bataille dans la guerre de l’information. Le gouvernement russe a tenté de bloquer l’accès à Twitter pour que les Russes ne puissent pas voir ce qui se passe en Ukraine, ou dans le reste de la Russie. De l’autre côté des barricades, le site internet du Kremlin a été piraté. Que les Russes soutiennent cette invasion qui leur coûte beaucoup, ou qu’iels s’opposent à Poutine malgré les risques, sera sans doute déterminant pour les événements en Ukraine à long terme.

« La paix est le privilège réservé à ceux qui ont les moyens de ne pas se battre dans les guerres qu’ils créent – aux yeux des fous nous ne sommes que des chiffres sur un graphique, des obstacles sur leur chemin vers la domination du monde. »

-Tragedy, “Eyes of Madness

Des actions de solidarité se poursuivent aujourd’hui en Allemagne, en Suisse et ailleurs dans le monde.

La position du Militant Anarchiste sur l’attaque de la Russie contre l’Ukraine

Le communiqué suivant a été publié hier sur le canal Telegram du *Militant Anarchiste [Боец Анархист], un collectif anarchiste russe dont nous avions précédemment traduit le nom par « Anarchist Fighter ».*

Notre position sur les événements qui se déroulent en Ukraine est clairement indiquée dans nos posts précédents. Cependant, nous il nous apparaît nécessaire de l’exprimer explicitement, pour ne pas laisser de place au non-dit.

Nous, le collectif Militant Anarchiste, ne sommes en aucun cas des soutiens de l’État ukrainien. Nous l’avons critiqué à de nombreuses reprises et avons par le passé soutenu celles et ceux qui s’y sont opposé·es. Nous avons également été la cause d’une opération de police contre l’opérateur téléphonique VirtualSim, menée par les services de sécurité ukrainiens dans l’espoir de nous combattre.1

Et nous reviendrons sans aucun doute à cette politique dans le futur, quand la menace de la conquête russe se sera éloignée. Tous les États sont des camps de concentrations.

Cependant ce qui est en train de se passer en Ukraine dépasse largement cette formule, et le principe selon lequel tout·e anarchiste devrait lutter pour la défaite de son pays.

Car il ne s’agit pas simplement d’une guerre entre puissances relativement égales, portant sur la redistribution des zones d’influence du capital, et dans laquelle nous pourrions appliquer l’axiome d’Eskobar.2

Ce qui se passe actuellement en Ukraine est un acte d’agression impérialiste : une agression qui, si elle réussit, mènera au déclin de la liberté partout – que ça soit en Ukraine, en Russie et peut-être même dans d’autres pays. Elle rend aussi plus importante la probabilité que la guerre se poursuive et que l’on assiste à une escalade vers une guerre mondiale.

De notre point de vue, cette analyse est évidente en ce qui concerne l’Ukraine. Mais en Russie, une petite guerre victorieuse (ainsi que des sanctions extérieures) fournira au régime ce dont il manque actuellement. Elle lui donnera carte blanche du fait de la poussée patriotique qu’elle ne manquera pas de déclencher chez une partie de la population. Et l’État russe pourra également faire reposer tous les problèmes économiques sur le compte des sanctions et de la guerre.

Dans la situation actuelle, la défaite de la Russie augmenterait la probabilité que les gens se soulèvent, comme cela s’est produit en 1905 [quand la défaite militaire de la Russie face au Japon a conduit à un soulèvement en Russie], ou en 1917 [quand les difficultés de la Russie lors de la Première Guerre mondiale ont conduit à la révolution], et ouvrent les yeux sur ce qui est en train de se passer dans le pays.

Quant à l’Ukraine, sa victoire paverait la voie à un renforcement de la démocratie directe, car si elle advient, ça ne peut-être que grâce à l’auto-organisation populaire, l’entraide et la résistance collective. Ce sont les réponses à apporter aux défis que la guerre impose à la société.

En outre, les structures crées pour mettre en place ces formes d’auto-organisations ne disparaîtront pas une fois la guerre terminée.

Bien sûr, la victoire ne réglera pas les problèmes de la société ukrainienne, ils devront être résolus en profitant des opportunités qui s’ouvriront dans l’instabilité que connaîtra nécessairement le régime après de tels bouleversements. Cependant, la défaite ne résoudra pas les problèmes non plus, mais au contraire les exacerbera encore plus.

Bien que toutes ces raisons – que nous appellerons géopolitiques – soient importantes dans notre décision de soutenir l’Ukraine dans ce conflit, ce ne sont pas les raisons principales. Les plus importantes sont des raisons morales internes : la simple vérité est que la Russie est l’agresseur et qu’elle mène une politique ouvertement fasciste. Elle appelle la guerre la paix. La Russie ment et tue.

À cause de ses actions agressives, des gens souffrent et meurent dans les deux camps. Et oui, même les soldat·es sont broyé·es par cette machine de guerre (par compte nous ne comptons pas les ordures pour qui « la guerre est naturelle », qu’il est pour nous difficile de continuer à qualifier de « personnes »). Et tout cela continuera jusqu’à ce qu’on y mette fin.

C’est pourquoi nous demandons instamment à toutes celles et ceux qui lisent ces lignes et ne sont pas insensibles, à faire preuve de solidarité avec le peuple ukrainien (et pas avec l’État !!!) et de soutenir leur lutte pour la liberté contre la tyrannie de Poutine.

Il nous faut vivre une époque historique. Faisons en sorte que cette page d’histoire ne soit pas honteuse, mais que nous puissions en être fièr·es.

Liberté pour les peuples du monde ! La paix au peuple d’Ukraine ! Non à l’agression de Poutine ! Non à la guerre !

Des manifestant·es anti-guerre défilent avec une bannière à Moscou. Les anarchistes ont défilé à plusieurs reprises avec cette bannière dans la nuit du 24 février. Selon les informations recueillies, même après que la police ait dispersé la manifestation principale et procédé à de nombreuses arrestations, les anarchistes se sont regroupé·es et ont recommencé à défiler jusqu’à ce que la police les charge et les arrête. Le courage dont ont fait preuve les manifestant·es en Russie est une leçon d’humilité.

But what is happening now in Ukraine goes beyond this simple formula, and the principle that every anarchist should fight for the defeat of their country in war.


Le crépuscule avant l’aube

Le texte suivant a été publié aujourd’hui sous la forme d’un podcast en russe sur le site web d’Action Autonome.

Guerre

Jeudi matin, Poutine a lancé la plus grande guerre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il se cache derrière les prétendus intérêts de la partie séparatiste du Donbass, même si la RPD et la RPL étaient déjà absolument satisfaites de leur reconnaissance en tant qu’États indépendants, de l’entrée officielle de l’armée russe sur le territoire et de la promesse d’un financement à hauteur d’1,5 milliard de roubles. Rappelons également que depuis de nombreux mois, le coût des loyers et le prix des denrées alimentaires augmentent de jour en jour en Russie.

Le Kremlin a formulé des demandes absurdes aux autorités de Kiev, à commencer par la « dénazification ». Il est vrai que, grâce à sa participation active aux manifestations de Maïdan en 2014, l’extrême-droite ukrainienne s’est assurée une position disproportionnée dans les institutions politiques et les forces de l’ordre. Mais dans toutes les élections en Ukraine depuis 2014, ils n’ont pas obtenu plus de quelques pourcentages des voix. Le président de l’Ukraine est juif. Le problème de l’extrême-droite en Ukraine doit être résolu, mais pas par des chars russes. Les autres accusations du Kremlin à l’encontre de l’Ukraine – corruption, fraude électorale et justice aux ordres – seraient bien plus appropriées pour parler du régime de Poutine lui-même. Aujourd’hui, les soldat·es russes sont, au sens premier du terme, des occupant·es d’un pays étranger, même si cela contredit les attentes de toutes celles et ceux qui ont grandi avec les récits de la Grande Guerre patriotique.

La Russie s’est retrouvée isolée au niveau international. [Le président turc Recep Tayyip] Erdoğan, [le secrétaire général du Parti Communiste chinois] Xi Jinping, et même les talibans demandent à Poutine de cesser les hostilités. L’Europe et les États-Unis imposent chaque jour de nouvelles sanctions à la Russie.

Au moment où nous préparons ce texte, le troisième jour de la guerre approche. L’armée russe est nettement supérieure à l’armée ukrainienne, mais la guerre ne semble pas se dérouler exactement selon le plan de Poutine. Ce dernier comptait apparemment sur une victoire en un ou deux jours, avec très peu de résistance, voire aucune, mais de sérieux combats ont eu lieu sur tout le territoire ukrainien.

Les Russes et le monde entier regardent en ce moment-même des vidéos montrant des bombes frappant des immeubles résidentiels, un véhicule blindé écrasant une personne âgée, des cadavres et des fusillades.

Roskomnadzor [le service fédéral du gouvernement russe chargé de la supervision des communications, des technologies de l’information et des médias] tente encore de menacer tout Internet, en exigeant : « N’appelez pas cela une guerre, mais une opération spéciale. » Mais peu de gens le prennent encore au sérieux désormais. Tant qu’Internet n’est pas entièrement coupé en Russie, il y aura suffisamment de sources d’information. Au cas où, nous vous recommandons une fois de plus de configurer à l’avance Tor avec passerelles, un VPN, et Psiphon.

Les effets des sanctions et de la guerre commencent tout juste à se faire sentir en Russie. À Moscou, la plupart des distributeurs de billets étaient à court de billets vendredi. Pourquoi ? Parce que la veille, les gens ont retiré 111 milliards de roubles des banques : en fait, toutes leurs économies. Le marché de l’immobilier s’est effondré alors que la construction de bâtiments résidentiels est la branche la plus importante de l’économie russe. L’industrie automobile étrangère cesse progressivement d’expédier des voitures en Russie. Les taux de change du dollar et de l’euro sont artificiellement maintenus par la Banque Centrale. Les actions de toutes les entreprises russes ont sévèrement chuté. Tout le monde comprend que la situation ne peut que s’empirer.

La police anti-émeute russe arrête une manifestante. On peut lire sur son masque « Non à la guerre ».
Seul Poutine a besoin de ça

La réaction russe à la guerre en Ukraine est complètement différente de ce qui s’était passé en 2014 [quand la Russie s’était emparée de la Crimée après la révolution ukrainienne]. De nombreuses personnes, y compris des personnalités qui travaillaient pour le gouvernement, demandent la fin immédiate de la guerre. Le renvoi d’Ivan Urgant, la principale vedette de la télévision russe, est en ce sens remarquable.

La grande majorité de celles et ceux qui soutiennent encore Poutine est également contre la guerre. Le supporter moyen de Poutine croit maintenant que tout a été calculé, que la guerre ne va pas s’éterniser et que l’économie russe va survivre. Car oui, il n’est pas simple de reconnaître que son pays est dirigé par un dérangé, par un Don Quichotte qui contrôle une armée d’un million de soldat·es, l’une des plus puissantes du monde, un Don Quichotte qui dispose de l’arme nucléaire, capable de détruire l’humanité toute entière. Il est difficile de concevoir qu’un dirigeant, après avoir consulté des politologues et des philosophes de seconde zone, puisse bombarder un pays voisin et fraternel et détruire sa propre économie.

En se délectant d’un pouvoir illimité, Poutine s’est progressivement éloigné de la réalité. On pense aux quarantaines de deux semaines imposées aux simples mortels qui doivent rencontrer le président russe pour une raison ou un autre, ou aux tables gigantesques ou Poutine reçoit à la fois ses ministres et les autres chefs d’État.

Poutine a toujours été un politicien qui cherchait à équilibrer les intérêts des forces de sécurité et des oligarques. Aujourd’hui, le président est sorti de son rôle, et a entrepris un grand voyage dans la mer infinie de la sénilité. Nous sommes prêt·es à parier une bouteille du meilleur whisky que dans un futur proche, monsieur le Président pourrait subir un coup d’État venant de son cercle le plus proche.

La Russie pourrait bien se retrouver en 2023 avec un autre système de pouvoir et autre visage au Kremlin. Lesquels exactement, nous le savons pas. Mais pour l’heure, nous traversons le crépuscule avant l’aube.

Pendant ce temps, des manifestations contre la guerre ont lieu en Russie. Des anarchistes y participent à Moscou, Saint-Pétersbourg, Kazan, Perm, Irkoutsk, Yekaterinburg et dans d’autres villes. En Russie, il est extrêmement difficile d’organiser des manifestations dans les rues ; cela entraîne des poursuites administratives et pénales, ainsi que de la bonne vieille violence policière. Mais les gens sortent tout de même. Des milliers de personnes ont déjà été arrêtées, mais les manifestations continuent. La Russie est contre cette guerre et contre Poutine ! Sortez – quand et où vous le souhaitez ! Faites équipe avec des ami·es et des personnes partageant les mêmes idées. Les réseaux sociaux suggèrent une action de protestation générale ce dimanche à 16 heures. Ce moment n’est pas pire qu’un autre. Vous pouvez télécharger des tracts anti-guerre à distribuer et à afficher sur notre site web et sur les réseaux sociaux !

Des tracts russes s’opposant à l’invasion, sur lesquels on peut lire « Vous payez pour la guerre de Poutine – impôts, frontières fermées, pauvreté, blocage des services, vide informationnel – non à la guerre ! » et « Non à l’invasion militaire de l’Ukraine : paix au peuple, guerre aux dirigeants. »

Pendant ce temps, les anarchistes ukrainiens participent à la défense territoriale de leurs villes. C’est bien plus difficile pour eux que pour les gens en Russie, mais il s’agit d’une seule et même défense. C’est la défense de la liberté contre la dictature, de la volonté contre la servitude, des gens ordinaires contre les présidents dérangés.

À vos moutons

Si, comme par miracle, Poutine revenait à la raison et que la guerre prenait fin, serions-nous prêt·es à « retourner à nos moutons » ? Il est probable que nous serions expulsé·es du Conseil de l’Europe. Les Russes perdraient ainsi la possibilité de s’adresser à la Cour Européenne des droits de l’homme, et bientôt le Kremlin rétablirait la peine de mort.

Pour l’heure, revenons à l’actualité, qui reste conforme à l’esprit de ces dernières années. En ce moment-même, la Douma [organe législatif de l’assemblée au pouvoir en Russie] adopte une loi selon laquelle un conscrit militaire doit se présenter lui-même au bureau d’enrôlement plutôt que d’attendre une convocation. Poutine a également récemment augmenté les salaires de la police. Et le bureau du procureur, dans un appel, a demandé de porter de cinq à neuf ans la peine d’un anarchiste de Kansk, Nikita Uvarov, condamné dans la célèbre « affaire de terrorisme Minecraft ».

Vous savez vous-même quoi faire de tout cela.

Liberté pour les peuples! Mort aux empires !


La police escorte une personne arrêtée tenant une pancarte « Je suis contre la guerre ».
  1. Plus d’informations sur cette affaire ici
  2. Eskobar était le chanteur d’un groupe de rock ukrainien appelé Bredor. Il y a longtemps, dans une interview, il a prononcé une phrase célèbre, qui est devenue un mème : “Шо то хуйня, шо это хуйня” – une façon succincte d’exprimer quelque chose comme « une situation où vous avez le choix entre deux mauvaises options, sans aucune alternative » 

Sur l’attaque du chantier de Coastal GasLink sur le chemin forestier Marten

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Fév 192022
 

De Gord Hill

Ce qui semble être un acte de sabotage très efficace de la part des défenseur.e.s des terres autochtones, et les complotistes se déchaînent…

Et certains ne font même pas des théories, ils l’affirment comme un fait : c’était les flics, c’était CGL… Voici une théorie : l’attaque a été perpétrée par des autochtones qui, dans le froid de la nuit, se sont donnés pour mission de saboter le pipeline de CGL.

Ils ont mené une attaque audacieuse et complexe qui, j’imagine, a commencé par éloigner les agents de sécurité des véhicules et des bâtiments. À un moment donné, après la fuite des agents de sécurité, des barrages et des dispositifs anti-véhicules ont été mis en place sur la seule route menant au site, retardant probablement de plusieurs heures l’intervention de la police. Pendant ce temps, les warriors ont réalisé des millions de dollars de sabotage.

Compte tenu de tout cela, je pense qu’il est important de reconnaître que ce n’est peut-être que ce qu’il semble être : une attaque menée par des warriors autochtones.

J’ai vu des gens parler d’un attentat à la bombe perpétré par la GRC en Alberta dans les années 1990 comme preuve que les policiers commettent de faux attentats. Cet attentat à la bombe faisait partie de l’enquête policière sur Wiebo Ludwig et sa campagne contre l’industrie pétrolière et gazière. L’action était destinée à piéger Ludwig. Avec la coopération de l’entreprise pétrolière, la police a fait exploser un hangar abandonné et inutilisé. Il ne s’agissait en aucun cas d’un acte de sabotage majeur, contrairement à ce que l’on rapporte aujourd’hui sur le territoire Wet’suwet’en. C’était insignifiant comparé au sabotage réel qui se produisait et pour lequel Ludwig était largement soupçonné… et pour lequel il y avait quasiment un black-out médiatique de la part des pétrolières et de la GRC qui ne voulaient pas que la pratique du sabotage se répande.

L’un des problèmes de ce type de complotisme est qu’il sape l’efficacité de cette action. Plus il se répand et s’envenime, plus les gens se demandent s’il s’agissait d’un véritable acte de résistance ou non. Qui cela inspire-t-il ? Dans l’intérêt de qui les actes de résistance autochtone sont-ils diminués plutôt que promus ? Je pense également que ce complotisme démoralise celleux qui ont mené l’action (et qui sont maintenant poursuivi.e.s par la police).

Les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires…

Bref, c’est ma théorie…

Retour sur la contre-manifestation du 12 février 2022, opposée à la manifestation en support aux « convois de la liberté »

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Fév 142022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous étions plus de 150 samedi matin rassemblé-e-s au parc Jarry pour nous opposer à l’extrême droite qui surf actuellement sur la vague d’une écoeurantite des mesures sanitaires pour faire avancer son agenda politique. Parmi les manifestatant-e-s auxquel-le-s nous étions confronté-e-s, si les drapeaux les plus largements brandis étaient ceux du Canada, d’autres levaient bien haut des drapeaux du Front canadien-français, un collectif d’êxtrême droite ultra-nationaliste et d’héritage catholique [On nous avise que le drapeau en question, le Carillon-Sacré-Coeur, n’est pas le drapeau du Front canadien-français. L’origine du drapeau date du début du 20e siècle, dans les cercles ultramontains. Le FCF était un groupuscule créé et dissout dans les dernières années qui s’est approprié ce drapeau comme plusieurs militants nationalistes de droite ; NdMTLCI]. Le populiste d’extrême droite du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, était aussi présent.

L’énergie des contre-manifestant-e-s était très bonne, malgré la tristesse de l’événement. Nous avons scandé haut et fort pendant des heures les « A-Anti-Antifascistes » et « Ni Trudeau ni covidiot, la solution est pas facho ». Notre plus grande victoire a été de priver la manifestation de tous ses camions et automobiles vêtus de drapeaux en bloquant la sortie du stationnement. Même en petit groupe, bien motivé-e-s nous somme réellement capables de courcircuiter les mouvements menés par l’extrême droite.

Or, il ne faut pas se leurrer. Malgré la situation partout au Canada, le financement à coup de millions provenant de sources obscures et l’esprit du mouvement des convois de la liberté inspiré de l’assaut sur le Capitole de l’an dernier, le SPVM a déployé au moins autant de fascistes en habits de police qu’il y avait de contre-manifestant-e-s pour nous encercler et nous bloquer toute tentative de mouvement. En habit d’anti-émeute, ils étaient nombreux à se vêtir fièrement de patches « thin blue line ». Mélangé-e-s de rage et de tristesse, nous avons donc attendu longtemps encerclé-e-s d’antiémeutes une fois la manifestation ayant quittée leur lieu de départ. Il était pitoyable de voir autant d’antiémeutes nous mettre en cage sans s’intéresser aux facho qui se rassemblent dans nos quartiers.

La situation est extrêmement préoccupante. En tant qu’antifascistes, nous ne pouvons permettre la gaine actuellement semée de germer. Nous devons nous organiser et multiplier les contres-manifestations, soyons à l’affut de ce qui se prépare dans nos quartiers. Alors qu’une mobilisation fasciste extrêmement bien financée se concrétise et est protégée par des flics portant des symboles dotés d’un background plus qu’alarmant, mettre de l’avant des perspectives antifascistes dans nos luttes semble plus qu’impératif.

Photo : André Querry

Ici on sauve des vies, pas au gouvernement!

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Fév 122022
 

Du Collectif Emma Goldman

Chicoutimi sur le Nitassinan, 11 février 2022. Ce matin, des militants et militantes du Collectif anarchiste Emma Goldman ont posé une bannière devant l’Hôpital de Chicoutimi en soutien au personnel hospitalier qui subit de plein fouet le résultat de plusieurs décennies de démantèlement du système de santé public. Le milieu hospitalier ne s’est pas encore remis des mesures d’austérité néo-libérales mise en place par les divers gouvernements qui se sont succédés dans les trente dernières années. L’augmentation des hospitalisations suite à la COVID vient ajouter une pression énorme sur un système déjà en lambeaux. 

Face à l’hécatombe et les cas de maltraitance dans les CHSLD, des professionnels à bout de souffle et un accès aux soins toujours de plus en plus difficile, le gouvernement affairiste de la CAQ nous promet une énième réforme/refondation. On se rappelle de la dernière en date, imposée par baîllon le 7 février 2015 par le gouvernement Couillard (Parti Libéral du Québec) et son ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette. Cette réforme a entrainé une très grande opacité, une gestion centralisée à l’extrême, avec des conseils d’administration nommés par le ministre et un réseau alourdi par une bureaucratie centrale. 

Aujourd’hui, la réelle préoccupation du Premier ministre Legault reste la santé… de l’économie. Au nom de la lutte à la pandémie, il commande à coup de décrets, il renforce son arsenal policier, impose des couvre-feux, confine et tantôt déconfine afin de maintenir les hôpitaux à flot et surtout les gens au boulot. Soudain, l’équilibre budgétaire devient moins une religion d’État et comme les gens d’affaires ne connaissent qu’un langage, celui de l’argent, il distribue les liasses en croyant que tout va s’arranger avant le prochain cycle d’austérité. 

Comme un château de cartes prêt à s’effondrer

Mais, en-dehors du débat vaccinés/non-vaccinés, le problème en ce moment c’est que l’État démontre sa grande incompétence dans la gestion du système de santé public et que la marchandisation de la santé s’avère être un échec pour contrer cette pandémie. Depuis plus de trente ans, la pression du capital a considérablement affaibli la qualité de l’offre de l’État en santé comme en éducation. 

Alors que la majorité des investissements vont dans les hôpitaux, les coupures se font dans les soins de première ligne comme les CLSC, Groupe de médecine familiale (GMF), les soins à domicile ou encore les services d’aide au maintien à domicile. Cette situation fait en sorte qu’il est de plus en plus difficile d’avoir accès à des soins en-dehors de se rendre à l’hôpital. La centralisation des soins vers les hôpitaux à comme résultat que les urgences débordent sans arrêt et les listes d’attente pour des chirurgies s’allongent puisque les médecins et le personnel hospitalier doivent donner des soins à des gens qui auraient pu aller vers la première ligne. Résultat? Congestion dans les hôpitaux et manque de personnel. 

Cependant, il ne s’agit pas d’augmenter encore une fois le rôle de l’État, car la présente crise n’a fait que rendre plus explicite le fait que ce dernier est subordonné au Capital et à sa nécessité de rentabilité. Les gens infectés par la COVID et les personnes sur le bord de craquer mentalement doivent retourner travailler le plus vite possible pour sauver l’économie. 

Les bureaucrates et les politiciens ont assez joué aux apprentis sorciers

Les solutions doivent donc passer par une nécessaire démarchandisation des soins de santé (la gratuité des soins, des médicaments, une recherche médicale indépendante de toute considération de profit, etc.) sans l’intermédiaire de l’État. Il nous faut donc décentraliser le réseau et faire en sorte que le contrôle soit exercé par les communautés locales ainsi que les travailleurs et travailleuses de la santé. Après tout, ils et elles tiennent déjà à bout de bras ce réseau.

Nouvelle action de perturbation, en solidarité avec les Wet’suwet’en, qui s’attaque aux franchises Banques Royale du Canada (encore)

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Fév 102022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Le 6 février 2022, à Montréal (Tio’Tia:Ke), des allié.e.s allochtones ont fait des actions de perturbation en solidarité avec le clan Gidimt’en de la nation Wet’suwet’en sur plusieurs guichets automatiques de différentes succursales de la Banque Royale du Canada dans la région du soi-disant Montréal.

Nous avons utilisé-es différentes tactiques : briser des vitres, mettre de la colle dans des serrures, insérer des cartes dans les insertions des guichets et utiliser des «tags» #FuckRBC à l’intérieur. Maintenant, les clients de la RBC vont être conscient des raisons pour lesquelles leurs banques sont constamment ciblées depuis maintenant 5 mois. Les instigateurs.trices de cette action répondent en effet à l’appel des chefs traditionnels Wet’suwet’en à perturber le Canada (#ShutdownCanada) en réaction à l’invasion de leur territoire, le Yintah, pour la troisième année consécutive par la GRC.

Le peuple Wet’suwet’en s’oppose actuellement à la construction d’un oléoduc par Coastal GasLink, une compagnie de TransCanada Energy – qui est connue ici pour avoir tenté la construction de l’oléoduc Énergie Est -, sur leur territoire traditionnel. Entre autres choses, la construction de l’oléoduc met en danger la rivière Wedzin Kwa, source d’eau et de poisson, et lieu central aux pratiques ancestrales des Wet’suwet’en, sous laquelle il doit passer.

Ce sont des petites actions faciles à reproduire et nous vous encourageons à faire vos propres tests avec des ami.es de confiance afin de trouver différentes façons de lutter contre la RBC.

Plusieurs actions de solidarité ont en effet eu lieu à différents endroits, au Canada, dans les dernières semaines. L’appel à des actions de solidarité est toujours d’actualité: « le Clan Gidimt’en invite à l’organisation de manifestations et d’actions dans votre région. Il appelle également [à] mettre de la pression sur les gouvernements, les banques et les investisseurs […] et à venir au campement.»

Solidarité avec tous les peuples qui résistent! Non à Coastal GasLink! #Fuck RBC!

S’initier à l’action non-pacifique vu depuis l’intérieur

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Jan 252022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Nous sommes un groupe de jeunes militant.es, nous ne militons que depuis quelques années. Ayant participé à différentes organisations écologistes, nous avons, de cette expérience, réalisé les limites de ces organisations dans l’efficacité de nos luttes. Dans les derniers mois, nous avons donc décidé vouloir chercher à affaiblir économiquement les entreprises fossiles par nos actions. Ceci a donc impliqué plus de questionnements, de préparation, de réflexions et d’idées. C’est de ces choses que nous aimerions parler dans ce texte.

Au départ, la plupart d’entre nous sommes arrivé.es à un constat. La lutte écologiste est dans une embûche. Nous répétons des actions d’une même intensité (que l’on soit 20 000 ou 500 000 dans les rues) pour une cause qui devient radicalement plus urgente. Nous nous plaignons du manque d’écoute du gouvernement, mais nous choissisons de rester dans une position passive, toujours dans une position de demande alors que nous avons déjà accumulé toutes les preuves pour déchanter. Souhaitant être lucides tant sur l’efficacité de nos méthodes que sur le peu de marge de manoeuvre qu’il nous reste, nous avons senti la nécessité d’en faire plus et de faire mieux. Ces réflexions ont également émergées à la suite de lectures telles que « Comment saboter un pipeline » d’Andreas Malm; de lectures sur l’historique du mouvement d’Earth First : « À bas l’empire vive le printemps ! » et de lectures sur les réflexions des ZAD ainsi que des groupes écologistes actuels.

Certain.es nous diront que cette réflexion aurait dû nous venir bien avant. Peut-être ont-iels raison. Il en reste qu’il est absurde de demander à un.e militant.e de passer de l’inaction à l’action la plus radicale. Chaque militant.e accumulera ses expériences qui lae mènera à une réflexion sur l’efficacité de ses actions. Chacun.e de nous pourra ensuite évaluer ce qu’iel peut faire en fonction de ses désirs et ses capacités.

Nous avons donc commencé à réfléchir sur ce qui serait à notre portée et aurait une certaine efficacité. La première barrière évidente qui se dresse est celle de la loi. Nous estimons qu’à l’heure actuelle, chacun.e doit réfléchir à sa capacité et à sa volonté à transgresser les lois en vue d’une action impactante. Accepter de prendre des risques légaux demande du temps, c’est un processus psychologique qui n’est pas à négliger, être à l’aise avec les actions qui s’en suivent d’autant plus. Cette prise de risques peut remettre en cause certaines de nos aspirations et nous remettre en face de nos privilèges et de ce que ceux-ci peuvent impliquer comme responsabilités. Nous invitons donc toute personne ayant une volonté d’intensifier son militantisme à réfléchir aux risques légaux qu’elle est prête à prendre. Ultimement, nous y voyons une nécessité afin d’avoir un plus grand impact. Il s’agit de faire un juste équilibre entre le risque pris et l’impact envisagé. Nous ne cherchons toutefois pas à nous faire arrêter « pour se faire arrêter » ou dans une optique de désobéissance civile devant public. Nous ne voulons plus être dans une position de demande aux dirigeant.es, mais dans une optique d’affaiblissement économique direct en vue du forçage d’une prohibition des énergies fossiles.

La deuxième barrière qui se dresse est celle de la préparation. Nous n’avons pas été préparé.es pour faire ce type d’action et l’information reste (avec raison) cachée. Nous avons dû creuser différentes sources par nous-mêmes afin d’apprendre certaines techniques, afin d’avoir une bonne protection légale, afin de communiquer entre nous de manière sécurisée. Toute cette préparation demande plus de temps. Toutefois, si nous souhaitons intensifier notre lutte, il nous faut sortir des sentiers battus et tenter d’apprendre du mieux que nous pouvons par nous-mêmes. Au travers de ce processus, il va y avoir des essais ainsi que des erreurs et nous ne serons pas tous.tes des militant.es parfait.es du jour au lendemain. Ce manque de préparation et de connaissances ne doit pas être un frein à l’intensification de nos actions, il nous demande seulement de nous libérer du temps afin d’apprendre par nous-mêmes et de partager nos connaissances.

La troisième barrière qui se dresse est celle de notre (in)expérience liée à notre âge et notre réseau de connaissances. Nous faisons partie d’une nouvelle génération de militant.es qui, essentiellement, n’a pas connu les grandes dates des luttes militantes du « Québec ». Cette inexpérience nous amène à avoir moins de pratique, mais aussi moins de connaissances sur les structures et les manières de faire militantes (le dit « savoir militant »). Cette inexpérience peut également susciter la méfiance de camarades militant.es plus âgé.es nous percevant comme naïf.ves ou inaptes à militer en vue d’une augmentation des moyens de pression. Cette méfiance a ses raisons d’être, mais il en reste que nous aurions plus à gagner en nous unissant autant que possible et en partageant des savoirs qui ont été effacés avec la dissolution de l’ASSÉ et l’épuisement militant. Nous ne mettons toutefois pas de côté la nécessité de s’organiser en groupe affinitaire pour bâtir la confiance et être plus sécuritaire.

Finalement, la quatrième barrière qui se dresse, que l’on sent à l’intérieur de nous peut-être sans se partager, est une barrière émotionnelle. Abaisser ses craintes face aux actions que l’on fait ; faire face aux confrontations avec la police et aux techniques d’intimidation de celle-ci (nous reconnaissons par le fait même que, pour certaines personnes, confronter la police n’est pas une question de choix); développer le courage nécessaire pour se faire confiance dans les nouveaux chemins que l’on emprunte au-delà de l’approbation sociale : toutes ces choses demandent un travail émotionnel qui prend du temps d’autant plus que l’on peut porter en nous l’image du parfait révolutionnaire qui n’a peur de rien, qui confronte la police sans gêne, peut-être même avec le sourire et que l’on croit que cela n’est qu’une question de nature. Alors que nous, dans nos vies, nous souhaitons prendre soin les uns des autres, favoriser la compréhension des points de vue et faire émerger la bienveillance, notre travail à l’extérieur nous demande de nous raffermir, de faire face à nos peurs, d’exprimer notre colère et de prendre notre place légitime même si cela demande de se confronter à l’ordre du monde. Ce travail sur notre nature et sur nos émotions doit être vu non comme une barrière, mais comme une invitation à développer des cercles de partage pour faire ce travail ensemble plutôt que seul.e. Il faut voir qu’ultimement, le développement de ses qualités va nous permettre de vivre une vie qui se rapproche de nos idéaux et nous permettre d’être plus heureux.ses.

En repoussant le plus possible ces barrières, nous avons donc préparé minutieusement notre action. Celle-ci visait à nuire à des stations à essence en vue de les rendre inopérables pour quelques jours. En cours de chemin, nous avons eu nos difficultés. Un endroit était finalement surveillé et un autre a été fermé quelques semaines avant notre action, rendant celle-ci inutile. Nous avons toutefois acquis une expérience de terrain par laquelle nous avons affronté nos peurs et retenu des leçons de nos erreurs. Il est donc nécessaire de se mettre à l’action, même si nous ne sommes pas des militant.es parfait.es, même si nous ne connaissons pas tout. L’important, c’est de s’organiser du mieux possible, mais surtout, de passer à l’action puisqu’essentiellement, ce qui finit par nous retenir, ce sont nos propres peurs ou notre manque de temps.

En conclusion, nous croyons en la nécessité de faire évoluer la lutte vers une pluralité d’actions directes. Nous voulons, par ce texte, témoigner qu’il n’est pas nécessaire de tout connaitre, qu’il est normal qu’il y ait plusieurs barrières qui se dressent sur ce chemin et que nous pouvons, tous.tes par nous mêmes, acquérir le savoir et les réflexions nécessaires à cette fin. Les luttes écologiques sont à l’agenda pour les prochaines années. Ce sont des luttes que nous n’avons pas le choix de gagner. Nous aimerions que les prochaines personnes qui vont s’organiser dans le contexte de la crise écologique ne prennent pas le cheminement pacifique type. Nous souhaitons également faire un appel aux militant.es de générations précédentes à nous partager leurs savoirs afin d’avancer ensemble. Nous ne mettons toutefois pas de côté l’impact qu’a eu la répression chez certain.es de nos ami.es. Nous reconnaissons le courage des personnes qui participent ou ont participé dans toutes les formes de tâches des luttes passées et présentes.

L’Histoire Nous Regarde

Manifestation du 15 mars 2022 : La police, c’est colon en crisse!

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Jan 122022
 

Du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)

Il est difficile de regarder ce qui se passe présentement dans la Yintah, le territoire Wet’suwet’en, sans réfléchir au rôle qu’exercice la GRC dans la colonie canadienne. Ce qui est éventuellement devenu la GRC a été fondé en 1873, notamment en réaction à la rébellion des Métis de la rivière Rouge de 1869-1870. L’objectif premier de la GRC, dès ses débuts, était donc de maintenir l’hégémonie impériale sur territoire afin de l’ouvrir à l’exploitation capitaliste.

La liste des crimes de la GRC est trop longue pour être entièrement énumérée ici. De la répression de la rébellion du Nord-Ouest de 1885, à l’interdiction des pratiques culturelles autochtones, au blocus des réserves et à la libre circulation des personnes autochtones, à l’assassinat des chiens de traîneaux, et bien sûr, la séparation des enfants de leurs familles pour les envoyer dans les écoles résidentielles. Nous vous invitons à lire l’article « A Condensed History of Canada’s Colonial Cops » dans le journal « The New Inquiry » pour un survol rapide de l’histoire de la GRC, telle que perçue par les autochtones.

Mais est-ce que le gazon est plus vert au Québec ? Le nord du Québec a été sous le contrôle de la GRC jusqu’en 1960. Les écoles résidentielles coloniales ont continué jusque dans les années 1970s, et les abus se sont perpétués durant cette période, avec le plein soutien de la SQ.

Ladite SQ a donc remplacé la GRC, et on peut dire qu’elle a bien rempli et remplit toujours bien son rôle de représentante de l’autorité coloniale auprès des autochtones. Que ce soit à Listuguj (Restigouche) en 1981, à Kitiganik (Barriere Lake) en 1988, à Kanehsatà:ke et Kahnawá:ke en 1990, la réponse de la SQ aux mobilisations autochtones a toujours eu le même mot d’ordre : écraser.

Le rapport final de la commission Viens, déposé le 30 septembre 2019, illustre la place que la police occupe dans l’état colonial canadien. Le rapport écrit explicitement :

« Ces manifestations [des autochtones] sont le produit du non-respect persistant des droits ancestraux des peuples autochtones et de la lenteur des tribunaux à régler les questions territoriales. […] Comparativement à d’autres manifestations, […] la police est utilisée pour intervenir du côté du gouvernement pour écraser ou démanteler la manifestation, en présupposant que les droits revendiqués sont erronés, avant que le tribunal ne se soit prononcé sur la validité inhérente des revendications. »

Dans le rapport de la commission Viens, les polices locales comme le SPVM sont blâmées de la même manière : « Dans la littérature, on relate que les communautés autochtones sont à la fois sur-policées pour les infractions mineures […] et sous-policées, au sens d’une sous-protection face aux violences dont elles sont l’objet. »

Le rôle de la police n’est donc pas de protéger qui que ce soit, mais bien toujours d’écraser tout effort de résistance à l’exploitation du territoire. Ce désir d’exploitation s’est manifesté en 2012 avec le projet de loi omnibus C-45 du gouvernement Harper. Ce projet de loi a changé beaucoup de lois canadiennes, avec le but de rendre plus facile l’accès du territoire aux compagnies extractives. Territoire qui est, évidemment, essentiellement peuplé par des autochtones. Le C-45 a donc mené à la naissance du mouvement « Idle No More ». La réaction du gouvernement canadien alors a été de renforcer l’appareil policier canadien, et la coordination entre les services de police coloniaux. Le résultat, on le connaît, c’est ce que nous voyons maintenant en territoire Wet’suwet’en.

En 150 ans, le rôle de la police au soi-disant Canada n’a donc pas du tout changé. Son rôle est toujours d’ouvrir le territoire à l’exploitation, ce qui implique de chasser les personnes qui y vivent, peu importe le prix.

La police en tant que force d’exploitation coloniale n’est cependant pas unique au Canada. Au Chili, par exemple, l’armée a été déployée pour soutenir la répression policière contre le peuple Mapuche qui revendique la restitution de leurs territoire ancestral des mains de propriétaires terriens et de multinationales forestières. La Colombie bat à chaque année de tristes records d’assassinats de militant·e·s environementaux et défendeur·e·s de la terre, une grande partie d’entre elleux étant autochtones, le tout sous le regard de la police, une situation dénoncée par Amnesty International. Au Mexique, ce sont les Zapatistes de l’EZLN, essentiellement autochtones, qui se font attaquer par des milices armées par l’État. Et au Brésil, c’est la cour suprême qui donne le droit à la police de chasser les autochtones de leur terre pour les donner aux compagnies minières, une situation dénoncée par les Nations Unies.

Face aux violences policières envers les peuples autochtones, que ce soit ici ou ailleurs, on n’arrive tou·te·s au même constat : La police, c’est colon en crisse !

On se voit le mardi 15 mars, 17h30, au métro Lionel-Groulx !

Photo : Amber Bracken

Prendre position : Deux actions de solidarité contre la RBC (Vancouver)

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Jan 072022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

La RBC sur Commercial drive et la 1ère avenue a subi une attaque au cocktail molotov dans la nuit du 15 novembre, 12 baies vitrées d’une autre succursale au coin de Nanaimo et Hastings ont été brisées en solidarité avec le peuple Wet’suwet’en et toutes les peuples autochtones qui résistent au colonialisme et à la suprématie blanche. Ils ignorent les manifestations pacifiques : prenons position.

Les protecteurs de l’eau Wet’suwet’en échappent à la GRC alors que la police se mobilise pour un raid

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Jan 072022
 

Du Point d’accès Gidimt’en

Avec des avions remplis de flics en route, le Coyote Camp a effectué une retraite stratégique pour éviter la violence policière et la criminalisation. Les flics se retrouvent avec un camp vide.

Nous continuerons à lutter contre Coastal GasLink, mais nous ne pouvons pas le faire si tou.tes nos guerrier.ères deviennent des prisonnier.ères politiques.

Nous appelons nos allié.es à continuer à venir à la Yintah et à agir là où iels se trouvent.. Visitez https://yintahaccess.com pour plus d’infos.

Pour plus d’informations sur la retraite stratégique, voir le communiqué de presse de lundi.

Ottawa : une succursale RBC redécorée à l’extincteur en solidarité avec les Wet’suwet’en

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Jan 042022
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un extincteur rempli de peinture blanche a été utilisé sur la façade de la succursale de la RBC située à Ottawa au cours de la semaine dernière.

L’action se voulait une réponse aux appels à la solidarité du clan Gidimt’en qui a repris possession du « Coyote Camp » avec leurs allié-es. Nous agissons en solidarité avec la nation Wet’suwet’en et contre le projet génocidaire du KKKanada.

Fuck CGL, Fuck la GRC, Fuck RBC, Shut down KKKanada et foutez le camp du Yintah.