Montréal Contre-information
Montréal Contre-information
Montréal Contre-information

Une installation du Canada150 recouverte de peinture à Montréal… et une proposition

 Commentaires fermés sur Une installation du Canada150 recouverte de peinture à Montréal… et une proposition
Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le vendredi 16 juin, des anarchistes ont vandalisé une installation faisant la promotion du 150e anniversaire du Canada – célébrant l’assassinat de personnes autochtones et le vol de leurs terres (entre autres). Un immense panneau d’affichage “Canada150” se trouvant au-dessus d’un stand d’information de Parcs Canada, a été couvert de peinture noire, alors qu’étaient collés à proximité des posters anti-coloniaux sur une affiche commémorant Sir Wilfred Laurier.

Le lieu choisi se situe près de deux destinations touristiques importantes, le Canal Lachine et le Marché Atwater. Le timing des actions a été prévu afin que les foules du week-end ne ratent pas la redécoration. Samedi après-midi, la peinture n’avait pas été nettoyée.

Nous avons été inspiré.es par les appels ayant largement circulés dans les derniers mois qui invitaient à perturber le Canada150, la célébration du génocide autochtone. En tant que personnes vivant dans des villes canadiennes et désirant saboter la machinerie économique, politique et symbolique de l’état colonial, nous encourageaons une attaque diversifié contre Canada150.

Des actions subversives et hautement visibles contre les installations de Canada150, aussi bien qu’avec les statues et les monuments, peut perturber le narratif officiel soulignant l’unité d’un pays diversifié dont la célébration est méritée. Ici, à Montréal, où le 375e anniversaire de la ville est célébré en tandem avec Canada150, nous pouvons trouver des opportunités de faire une pierre deux coups.

Les cibles sont partout puisque la colonisation mobilise toutes les facettes du capital et du pouvoir de l’État canadien. Vendredi, par exemple, la propriété de Parc Canada – une agence fédérale qui semble innofensive au premier abord – a été endommagée. La plupart des parcs du Canada se trouvent sur des territoires autochtones traditionnels. La conversion de ces territoires en parcs provinciaux et fédéraux est un facteur important l’histoire du génocide des autochtones par le Canada et pour le projet canadien actuel. Ces zones, autrefois des maisons, des territoires de chasse et des territoires de cueillette à partir desquels les gens pouvaient subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leurs familles, ont été transformés en parcs gérés de manière très spécifique par l’état. Ce n’est pas une coïncidence que les premiers parcs nationaux aient été établis lors de la construction du chemin de fer Canadien Pacifique et à la toute fin de la rébellion Métisse.

Des actions directes ciblant des infrastructures difficiles à défendre (même dans et autour de zones urbaines) comme des autoroutes, des chemins de fer et des pipelines, peuvent avoir un impact direct sur les revenus des gouvernements et des profiteurs corporatifs coloniaux. Cela brise le contrôle social dont la gouvernance coloniale dépend. Ces attaques bâtissent des savoir-faires, de la confiance, et une capacité collective qui est inestimable dans les temps où l’action collective est intensifiée.

À travers l’action, nous bâtissons des réseaux de solidarité matérielle effective avec les luttes autochtones qui se trouvent en première ligne. Ceuzes d’entre nous qui sommes dans les villes avons accès à du financement substantiel et à d’autres ressources pouvant aider des personnes autochtones défendant leurs terres à acheter des fournitures vitales, à payer du transport et à assurer les frais légaux. Nous pouvons nous organiser pour nous présenter lorsque nous sommes invité.es par des autochtones à des actions pour protéger la terre, en nombres utiles et avec des contributions pertinentes. Lorsque nous, les colonisateurs.trices, nous engageons à fournir de tels efforts, nous devons aller au-delà d’un cadre d’allié et comprendre les raisons qui nous sont propres et qui nous poussent à participer à des projets anticoloniaux et anticapitalistes, en reconnaissant qu’une lutte anticoloniale est inséparable de la nôtre.

Nous sommes dévoués aux projets qui continueront jusqu’en 2018, pour renforcer la résistance contre le Canada au-delà de ces honteux 12 mois d’auto-promotion coloniale exacerbée.

Fuck le 150e, fuck le Canada!


11 x 17″ | PDF

Fuck le Canada : de la peinture aux couleurs de l’anarchie verte est lancée sur les trains VIA Rail célébrant le génocide colonial

 Commentaires fermés sur Fuck le Canada : de la peinture aux couleurs de l’anarchie verte est lancée sur les trains VIA Rail célébrant le génocide colonial
Juil 102017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

À travers les territoires du soi-disant Canada, l’héritage génocidaire de la civilisation coloniale est célébré par les politiciens, les flics, les capitalistes et les lécheurs de bottes et, ce, pour une année entière remplie de spectacles grotesques. Avec des avions de chasse aux couleurs du drapeau canadien, des concerts et des défilés ainsi que des publicités sur les trains de passagers de VIA Rail, le Canada essaye de blanchir 150 années de violence coloniale.

Pour nous, il n’y a rien à célébrer dans la campagne génocidaire contre les peuples autochtones, dans la dévastation écologique ou dans la mise en place d’un État qui réprime la férocité de nos désirs et nous dérobe de notre capacité à vivre librement. Ce que nous désirons célébrer, c’est plutôt la résistance des peuples autochtones à travers l’île Tortue: des peuples Gitwilgyoots qui résistent à la construction d’un immense terminal de gaz naturel liquéfié sur leur territoires à la résistance des Mi’kmaq contre fracturation sur leurs territoires.

Plus tôt ce matin, nous avons sali la propagande du 150e canadien décorant les flancs d’un train VIA Rail en partance de Tio’Tia:Ke (“Montréal”) vers Gichi Kiiwenging (“Toronto”). Nous désirions célébrer à l’avance un 1er juillet anti-colonial, parce que c’est tous les jours que le colonialisme existe. En novembre dernier, le même chemin de fer avait été bloqué en solidarité avec Standing Rock.

Les infrastructures férroviaires a joué un rôle important dans l’établissement de la société coloniale bâtie sur les corps morts d’autochtones et d’immigrants – l’expansion coloniale était contingente à la construction des chemins de fer pour le transport de trouves et la transformation de “ressources naturelles” en marchandises pour l’exploitation humaine.

À travers les territoires dominés par l’état canadieu, cette infrastructure continue à jouer un rôle de maintien important pour l’économie capitaliste. Lors de l’insurrection d’Oka se sont propagées des actions de solidarité à travers le territoire du soi-disant Canada: barrages de routes et de chemins de fer, et sabotages de chemins de fer et des lignes de transport d’électricité. Ces actions de solidarité on fait véritablement craindre l’économie canadienne et ses politiciens alors qu’ils tentaient d’écraser cette insurgence autochtone.

C’est avec de la peinture vert et du noir que nous avons couvert le train – les couleurs d’un anarchisme contre la civilisation et la domestication. Nous sommes des anarchistes colonisateurs.trices inspiré.es par les luttes autochtones qui visent à affirmer leur autonomie par tous les moyens nécessaires. Et dans les temps à venir qui seront ceux de la résistance aux pipelines et aux incursions territoriales, nous espérons que nos gestes de solidarité seront ressentis de manière significative et percutante. Affaiblir le pouvoir de l’état Canadien, et le détruire complètement, est un but que nous avons en commun avec bien des luttes autochtones. Si nous désirons être capables de choisir la manière dont on vit, créer les relations sociales qu’on désire, et être libérés des policiers, des patrons, des politiciens et de toute autorité, nous voyons la destruction de l’État, du capitalisme et de la civilisation comme la seule option.

Fuck le Canada! Solidarité avec ceuzes qui résistent et se révoltent!

P.S.: Nous avons utilisé des extincteurs remplis de peinture. Si vous êtes intéressé.es à les essayer vous-mêmes, regardez ce vidéo d’instruction.


11 x 17″ | PDF

Une campagne de graffitis: 375+150 = Bullshit!

 Commentaires fermés sur Une campagne de graffitis: 375+150 = Bullshit!
Juin 302017
 

Montréal est recouvert d’images et de graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et pour la justice migrante

De Le Collectif No Borders

Cette semaine, entre les démonstrations nationalistes du 24 juin (fête du Québec) et du 1er juillet (fête du Canada), un groupe appellé Le Collectif Sans Frontières à Montréal a recouvert diverses parties de la ville avec des images et des graffitis anticoloniaux, anti-nationalistes et de justice pour les migrants.

Voici quelques-uns des messages partagés sur les graffitis et les affiches :
375+150 = Bullshit
Construisons une ville sans frontières
Arrêtez les déportations
Open The Borders
Refugees Welcome
Réfugié-e-s bienvenu-e-s
Ils construisent des murs, nous bâtissons des ponts
Ni Canada, Ni Québec. Fuck le 150e
Ni Québec, ni Canada.
Quebec, Canada … same shit, different piles.
Canada 150: Fake News

Parmi les images, un drapeau canadien en feu.

« of 2 »

Cette action a été prise dans l’esprit de la résistance anticoloniale, le soutien aux luttes antiracistes et antifascistes, ainsi que la solidarité avec la justice pour migrants, ainsi que pour faire de Montréal une ville et société solidaire. Le Collectif Sans Frontières s’engage également à reprendre les espaces de la propagande capitaliste, coloniale et nationaliste.

Différentes peintures et images sont apparues à divers endroits à Montréal, y compris (non exhaustive), dans les quartiers de Côte-des-Neiges, Parc-Extension, Marché Jean-Talon, Villeray, St-Michel, Rosemont, Petite-Patrie, le Mile-End, Plateau Mont-Royal, St-Henri, Pointe-St-Charles et au centre-ville de Montréal.

Nous avons inclus ci-dessous différents liens offrant plus d’informations et qui contextualisent les luttes anticoloniales, antiracistes, antifascistes et de justice pour migrants, mais aucun des groupes affiliés aux liens ci-dessous ne participe directement ou indirectement à cette action. Les liens de photos incluent également les images de peintures d’origine, afin d’encourager d’autres à Montréal, et au-delà, à redécorer les rues et espaces de leurs communautés. Nous encourageons tous vos efforts de redécoration et vous invitons à partager vos photos avec nous.

Au plaisir de vous voir dans les rues !
— Le Collectif No Borders (lecollectifnoborders@gmail.com)

Décoloniser Canada 150

NonAuCanada.Info

Warrior Publications

Canada 150 banners destroyed on Mercier Bridge

Canada150 Installation Defaced in Montreal, and a Proposal

150e, 375e : vive les rebelles!

Fascism & Anti-Fascism: A Decolonial Perspective

Anti-Canada 150 Poster Pack

Déclaration pour une Cité sans frontières

Community Alert: Montreal is NOT a Sanctuary City

 

Qu’est-ce que c’est qu’un Justin Trudeau? Sur le nationalisme canadien et la paix sociale

 Commentaires fermés sur Qu’est-ce que c’est qu’un Justin Trudeau? Sur le nationalisme canadien et la paix sociale
Juin 292017
 

De NonAuCanada.info

Comme la plupart de gens, la politique canadienne ne m’intéresse pas vraiment. Ceci est vrai même pour celleux d’entre nous qui habitent le territoire contrôlé par l’Etat canadien. Surtout de ces jours, avec un clown maléfique à la tête du gouvernement américain, les yeux des gens au Canada sont plus ou moins rivés sur l’autre côté de la frontière. Aux rares moments où on pense un peu au Canada, c’est souvent juste pour faire les louanges d’un icône politique qui suscite la jalousie des progressistes du monde entier – Justin Trudeau.

On prend de petites pauses dans notre fixation sur la comédie Trump pour se sentir vaguement soulagés-es de voir un beau jeune homme marchant dans le défilé de la fierté gay ou de le voir faire des amis avec des réfugiés ou que la moitié de son cabinet sont des femmes.


Mais qu’est-ce que c’est, un Justin Trudeau? Quel est son rôle dans le projet capitaliste et colonial canadien? Quel est son rapport aux dix ans de gouvernement conservateur qui l’ont précédé? Et qu’est-ce que ça veut dire de s’opposer à un état mené par une telle personnalité politique?

Comme je viens de dire, je ne fais pas attention au Canada. Mais de la manière dont je vois les choses, la politique canadienne est définie par trois éléments: la comparaison favorable aux États-Unis, l’extraction de ressources (c’est-à-dire l’expansion coloniale) et les relations fédérales-provinciales. Commençons par jeter un coup d’oeil sur les derniers gouvernements à travers ce prisme.

Les prédécesseurs de Trudeau

Pour un petit survol des deux ou trois derniers gouvernements canadiens, pendant douze ans le parti Libéral de Chrétien/Martin a été construit autour d’accords de libre-échange néolibéraux. Ces accords ont permit une accélération de l’extraction des ressources au Canada pour un marché global et ont déchainé les sociétés extractives canadiennes sur tous les coins du monde. Chrétien et Martin ont équilibré le buget avec moins de compression de programmes que chez le gouvernement Clinton pendant la même période et ont évité la guerre en Iraq: ce qui voulait dire, pour nous autres avec les yeux fixés en permanence sur le spectacle américain, que Chrétien n’était pas si mauvais que ça (alors même que les gens combattaient le Zone de libre-échange des amériques dans les rues de Québec en 2001).

Ces mêmes industries extractives libérées par les Libéraux ont apporté les Conservateurs de Harper au pouvoir, surtout l’industrie pétrolière des sables bitumineuses en Alberta, suite à la fusion des deux partis de droite et la victoire dans leur sein des éléments les plus conservateurs. Il a redéfini le rapport entre les provinces et le gouvernement fédéral en réduisant des programmes fédéraux que les provinces ont souvent dû financer. La plupart du règne de Harper a eu lieu pendant les années Obama, ce qui voulait dire qu’il lui manquait la cruciale comparaison favorable avec les ÉU (quoique le Canada ait largement évité la crise économique de 2008, situation pour laquelle le gouvernement Harper s’est attribué le mérite).

Pendant les dix années où régnait Harper, une résistance de plus en plus puissante et bien organisée est sortie contre lui, poussée en avant par les nations autochtones à travers le pays qui ont organisé à une échelle impressionnante. Cette résistance était aussi caractérisée par la multiplication de liens entre les résistants-es autochtones, qui ont développé leurs habilités au cours de plusieurs réclamations de terres et la poursuite d’une autonomie territoriale au fil des décennies précédantes, et des colons anarchistes et d’autres de la gauche anticapitaliste (a preciser).

Notamment, cette résistance a pu empecher que l’huile des sables bitumineuses puissent atteindre un port par oléoduc, ce qui constituait une victoire majeure pour la résistance et un coup grave à la crédibilité du gouvernement Harper. L’identité nationale canadienne comme cela a existé depuis les années soixante-dix s’oppose à la base à la politique antagoniste menée par Harper et ses positions sur les questions sociales ainsi que son militarisme, son nationalisme et sa xénophobie. Des gens étaient prêts à regarder ailleurs pendant un temps au nom de la nécessité économique, mais cela a galvanisé de plus en plus de résistance lorsque Harper cherchait à mettre en oeuvre une politique de conservatisme sociale vers la fin de son mandat. Plusieurs gouvernements provinciaux ont aussi basculé à gauche pendant ces années, notamment la Colombie-Britannique, l’Alberta et (un peu) l’Ontario, en partie en réponse aux coûts associés aux programmes que Harper leur a abandonné, mais également pour récupérer la colère populaire.

Paix sociale, pour l’économie

Un regard sur ces deux gouvernements récents nous permet de mieux comprendre la mission de Trudeau. Le gouvernement Harper n’a pas pu aller aussi loin qu’il aurait voulu avec l’expansion des projets d’extraction de ressources car il n’a pas pu assurer les deux autres jambes du tabouret de la politique canadienne: la pression sur les provinces suite au replie du gouvernement fédéral et l’image de régression sociale par rapport aux É-U ont provoqué trop d’opposition. À la base, le mandat de Trudeau est de produire une paix sociale suffisante pour permettre une expansion infrastructurelle. C’est surtout important pour lui de construire cette paix avec les nations autochtones, où l’opposition tend à être plus engagé, expérimenté et capable d’agir dans des zones critiques loin des villes (car le Canada est hyper grand et moi et la plupart des autres anarchistes habitent une poignée de grandes zones urbanisées tout près de la frontière, loin des industries extractives tout-importantes).

Malgré son geste symbolique de s’excuser pour les écoles résidentielles[1. Les écoles résidentielles étaient établies un peu partout sur le territoire canadien à partir de la fin des années 1800 et le dernier n’a fermé ses portes qu’en 1996. Ces programmes ont vu des enfants de communautés autochtones (qui avaient d’habitude déjà été déposédées de leurs territoires traditionelles et envoyées sur des réserves) enlevés de leurs familles sans leur consentiment et déplacées près des zones urbaines où ils étaient interdits de parler leur langue ou d’engager dans des pratiques culturelles. L’essentiel de leur éducation s’agissaient de produire des travailleurs-euses manuels-lles obédients-es. Le nombre de morts provoquées par par les écoles résidentielles n’est pas connu à cause de la pratique d’enterrrement dans des fossées communes anonymes, mais au plus bas il est évalué à environ 10 000 morts et plusieurs écoles ont maintenu un taux de mortalité de 50% pendant des décénnies. Que les écoles s’engageaient activement à éliminer les cultures autochtones leur ont valu l’étiquette de pratique de génocide culturelle.] et le lancement d’une enquête, Harper a vu paraitre le spectre d’une insurrection autochtone pendant ses années au gouvernement. Cela est peut-être le risque le plus important auquel l’État canadien doit faire face et ça fait que les investissements infrastructurels paraissent moins sûrs, car l’Etat n’est pas en position de faire avancer les projets. Le rôle de Trudeau est avant tout la contre-insurrection – diviser, pacifier et fragiliser la solidarité afin d’isoler les éléments de la résistance qui refuseront tout compromis mais qui pourraient être vaincus.

Difficile d’exagérer le niveau de bonne volonté dont a jouit Trudeau cette dernière année pendant qu’il mettait en oeuvre son programme. Plus haut, j’ai dit que la définition de l’identité canadienne date des années 1970 – en effet, cela est largement dû au père de Justin, Pierre Elliot Trudeau, un des premiers ministres canadiens les plus influents. Justin Trudeau cherche à récréer cette identité culturelle canadienne positive pour, d’un côté, pacifier la résistance aux projets importants et de l’autre d’implanter une certaine forme de politique libérale (Libéral) parmi les habitants du territoire canadien, surtout parmi celleux qui sont arrivés-es plus récemment.

L’invention de l’identité canadienne

Tout nationalisme a pour base des mensonges et des récits imaginaires, mais au Canada, ceci est bien plus évident qu’ailleurs. On peut dire que l’identité canadienne était créée à partir de rien dans les années soixante et soixante-dix. Le Canada n’avait pas de drapeau avant 1965, on chantait « Que Dieu garde la reine / God Save the Queen » au lieu de « Oh Canada » jusqu’en 1980, il n’y avait pas de littérature ou musique canadienne à proprement parler (il existait de formes musicales régionales, mais l’identité littéraire et culturelle était surtout celle du Commonwealth Britannique). Le Canada s’est battu en rang avec l’Angleterre pendant les guerres mondiales mais n’avait pas de politique étrangère indépendante. Et il n’existe pas de cuisine canadienne à part quelques trucs volés des nations autochtones (le sirop d’érable) et quelques plats de pauvreté venus de Québec (la poutine).

Le Canada n’est qu’un vide, un effacement. Tout ce que signifiait le mot « Canada » jusqu’aux années soixante était la lente et méthodique génocide contre les peuples et cultures autochtones et l’exportation de ressources. Le projet de Canada se résumait à ça – et il s’y résume toujours, bien que Pierre Trudeau et son prédécesseur immédiat Lester B Pearson, également du Parti libéral, ont tenté de l’embellir.

Premier ministre de 1968 à 1979, Trudeau le premier a injecté beaucoup d’argent dans les arts et la culture pour produire une génération d’écrivains, de musiciens et d’artistes qui, diffusés par des médias d’Etat élargis, ont créé une idée de ce que ça veut dire d’être canadien. En ceci, il a pu s’appuyer sur des institutions telles que l’Office national de film du Canada (qui a vu largement croître ses opérations à la fin des années 60 pour que la culture officielle parvienne aux périphéries canadiennes) et le Conseil des arts du Canada (qui a géré une augmentation importante de financement destinée aux artistes pour la production de contenu à thème canadien au long des années Trudeau). La production de cette nouvelle identité canadienne était toujours aussi liée aux réssources naturelles (pensons à Gordon Lightfoot et ses chansons nostalgiques sur les paysages sauvages et vides ouverts par la voie ferrée), mais souvent présentée comme une appréciation d’une beauté naturelle vierge (la canonisation du Groupe des sept et d’Emily Carr).

À l’époque, ces investissements culturels avaient comme but de réduire le malaise régional contre une élite anglophone en Ontario qui paraissait souvent déphasée par rapport au reste du pays. La Loi sur les langues officielles de 1969 était la pierre angulaire législative d’une identité nationale fondée sur deux peuples, les français et les anglais, qui cherchait à mieux intégrer les francophones, surtout les québecois, dans l’identité canadienne tandis que la Révolution tranquille atteignait son sommet. C’était ça la carotte, mais Trudeau a également montré qu’il était prêt à se servir du bâton, car l’invocation de la Loi sur les mesures de guerre en 1970 qui ciblaient les nationalistes québecois et les communistes était l’arrestation de masse la plus conséquente de l’histoire canadienne jusqu’au sommet du G20 en 2010. Simultanément, Trudeau le premier voulait encadrer l’identité nationale qu’il s’affairait à produire comme étant en quelque sort « progressiste », ce qu’il a pu faire en s’opposant à la Guerre de Vietnam et en accueillant des milliers d’objecteurs de conscience américains, geste qui se reposait sur le changement d’image éffectué par Pearson (où l’armée canadienne est devenue une force de maintien de la paix) et en faisant évoluer les idées sur la race et l’immigration.

Elles étaient également les années de l’assurance santé universel (programme introduit par Pearson et mis en oeuvre par Trudeau) et l’élargissement massif des programmes de l’assurance emploi et soutien de revenu, tous les trois administrés par les provinces avec des sous du gouvernement fédéral. Les politiques redistributives de ce genre font donc partie intégrante de cette version de l’identité canadienne, ce qui voulait dire que les menaces de Harper contre l’assurance santé universal (en ouvrant la porte aux assureurs privés) et les importantes réductions budgétaires et le sous-financement de la sécurité sociale par les gouvernements Chrétien/Martin et Harper présentent à Justin la possibilité de se faire leur défenseur.

Au Québec, cette époque n’était pas entièrement la même et elle mérite sa propre analyse, ce que je n’essayerai pas ici. La renaissance culturelle francophone de cette époque mettait en avant une identité québecoise distincte, mais elle jouait sur beaucoup des mêmes thématiques et valeurs qu’au Canada anglophone et son rôle, de produire un sentiment d’unité autour des projets d’expansion coloniale, était quasiment le même.

Et l'(im)migration?

En 1971, Pierre Trudeau a également déclaré que le Canada adoptera une politique multiculturelle, ce qui rendait officielle qu’une partie de l’identité canadienne consistait d’accueillir d’autres pratiques cultures sur le territoire sans exiger leur assimilation aux normes dominantes (bien que la Loi sur le multiculturalisme ne soit signé qu’en 1988, grand nombre de ses éléments clés datent de l’époque Trudeau). Le bilinguilisme et la tolérance, les deux codifiés en loi, restent de bases importantes de l’image que souhaite projeter le Canada. Pendant cette période, le Canada a enlevé son interdiction de l’immigration non-européenne (la fin des années soixantes) et a partir de 1971 la majorité des immigrants qui s’installaient au Canada étaient d’origine non-européenne. Cependant, ils n’ont fait que remplacer une politique d’immigration ouvertement raciste par une axée plutôt sur la classe – la grille des points[2. La grille des points est utilisé par l’État pour choisir qui pourrait immigrer au Canada. Elle octroie des points à aux individus largement sur la base de traits fortement liés à sa position de classe, dont la richesse, l’immobilier, le niveau d’études, que leurs abilités soient jugés utiles et qu’ils-elles aient un emploi, et leur capacités linquistiques en anglais ou en français.].

La géographie du Canada lui permet un contrôle unique sur ses frontières et lui permet de sélectionner ses migrants. Le Canada, davantage peut-être que n’importe quel autre pays du monde, courtise les classes supérieures mondiales en les incitant à immigrer (un exemple connu serait les billions de dollars apportés par les immigrants venus de Hong Kong avant la réunification de l’île à la Chine). Des personnes considérées comme moins désirables seraient peut-être admises, mais se voient souvent assigner à une précarité à long terme par moyen de programmes tels que le statut de travailleur-euse étranger-ère temporaire et le système de visa, ainsi que par des purges fréquentes (comme celle qui ciblait la communauté Rom vers 2012). En 1978, le gouvernement Trudeau a formellement inscrit l’accueil des réfugiés dans la politique d’immigration canadienne et l’image du Canada comme réfuge sûr est également un élément important de l’identité canadienne positive de cette époque. Mais cette réputation de sanctuaire est très exagérée – plus de la moitié des migrants admis au Canada le sont pour des raisons économiques et puis encore un quart pour réunification familiale. Il n’y a qu’un part infime de l’immigration au Canada réservé pour les réfugiés, qui sont presque tous sélectionnés soigneusement à l’extérieur du pays.

Cette sélectivité et la politique de multiculturalisme sont souvent crédités pour le rapport moins conflictuel du Canada avec l’immigration, par rapport à des pays comme la France ou les États-Unis. Mais dans un contexte comme celui de Toronto, où plus de la moitié des résidents sont nés à l’extérieur du pays, l’Etat a un intérêt évident à assurer l’intégration dans l’identité canadienne dominante des nouveaux-lles arrivés-es et des communautés qu’ils-elles forment. Ces dix dernières années, les nouveaux-lles immigrants-es, qui viennent souvent d’acheter une maison dans des zones urbaines en pleine expansion, ont souvent voté contre les impôts et pour des politiciens conservateurs, ce qui a contribué à des phénomènes tels que Rob Ford[3. Au cas où vous êtes arrivés-es à l’oublier, Rob Ford est surtout connu pour la révélation qu’il fumait du crack pendant qu’il était maire de Toronto entre 2010 et 2014 et pour avoir agit en permanence comme un espèce de connard sexiste et raciste. Qu’il soit mort en 2016 n’empêche pas qu’il soit toujour objet de ridicule.] ou la victoire du Parti conservateur dans la région torontonienne en 2011. Harper acceptait leur soutien tout en stigmatisant les migrant-es pour gagner également le soutien des réactionnaires.

Justin Trudeau a intérêt de remettre en avant cette vision positive et multiculturelle du Canada pour raisons de politique partisane, mais aussi pour atténuer la possibilité de tensions régionales (entre la région torontonienne et le reste du sud d’Ontario; l’équilibre de pouvoir entre le français et l’anglais, et ainsi de suite) et pour éviter un mouvement anti-immigration qui pourrait menacer l’accès aux travailleurs qualifiés et de nouveaux capitaux venus de l’étranger. Pour tout le discours de Pierre Trudeau que « l’uniformité n’est ni possible ni souhaitable », l’identité canadienne multiculturelle est surtout une manière pour permettre à chacun de participer à sa façon à la destruction acharnée menée par le projet capitaliste et colonial connu sous le nom de Canada. Comme le Canada ne représente rien d’autre que le pillage, nulle pratique culturelle à part la révolte anti-autoritaire peut le menacer, alors tous les gouvernements depuis les années 70 ont continué la pratique de Pierre Trudeau de financer et soutenir des événements « culturels » au nom de l’identité canadienne.

Une vague de nostalgie

Une grande partie du charme de Trudeau est grâce à une nostalgie pour le Canada qu’il nous vend: un retour aux opérations de maintien de paix (au lieu des postures belliqueuses des années Harper); un multiculturalisme fier (après les conneries des conservateurs sur « les pratiques culturelles barbares »); socialement progressiste (surtout en comparaison à Trump); et le tout fêté par une industrie culturelle made-in-Canada capable de résister à la machine culturelle américaine. C’est ça l’image du Canada dont une partie majeure de ceux qui ont évolué dans les années 70 ont envie d’être fière.

C’est logique que les gens aiment l’assurance santé, veulent accueillir des immigrants et sont soulagés par des prises de positions progressistes sur des questions sociales. Les désirs qui font qu’on puisse soutenir ces politiques ne sont pas en soi le problème. Le problème c’est que tout ça fait partie intégrante d’un projet nationaliste qui veut nous faire voir l’état et l’économie canadiens comme en quelque sort bienveillants pour qu’on baisse notre garde contre leurs attaques.

Grace à la promotion d’une forme de nationalisme canadien développé par son père, Justin Trudeau espère colmater la nature coloniale du projet canadien et la violence économique quotidienne du capitalisme. Pas moins que Donald Trump (ou que n`importe quel autre chef d’État), Trudeau évoque un passé à moitié inventé, une époque où il y aurait eu moins de conflit social et ou le nationalisme pouvait nous donner bonne conscience. Cette forme de nationalisme est ce qui permet à Trudeau de réunir les trois éléments de la politique canadienne: une réduction de la colère populaire permet a l’extraction de ressources d’avancer; ses positions progressistes sur les questions sociales font qu’on a l’air enviable par rapport aux ÉU; et le réinvestissement dans les programmes sociaux et dans les infrastructures par un gouvernement fédéral moins opposé à l’endettement allègent la charge sur les provinces, ce qui cree moins de conflit et rend plus facile l’implémentation de l’agenda du gouvernement fédéral.

Je ne suis même pas au Canada, mais ça me fout la nausée comment Trudeau est arrivé à faire que c’est de nouveau OK d’être un Canadien fier. Je n’ai pas envie de me sentir bien par rapport au Canada. Je n’ai pas envie d’être un pion dans leur gentil projet colonial ni d’être un exclu, chassé des villes embourgeoisées et des rangs des travailleurs-euses productifs-ves – je veux rendre visible l’immense violence de l’Etat canadien et de son économie. Je ne veux pas remplir le vide nommé Canada par de petits mythes minables sur comment l’assurance santé et le multiculturalisme font qu’on n’a pas raison de se plaindre – je veux porter un regard honnête sur la situation et choisir mon camp dans le conflit. Je n’ai pas envie de la paix sociale offerte par Justin Trudeau, car la paix sociale signifie le statu quo – je veux me battre pour mon autonomie et l’autonomie des autres, avec des terres et de l’eau sains.

Au lieu de se dessiner une feuille d’érable sur la joue pour le 150e anniversaire du Canada, prenons le moment pour regarder la bête d’en face. La fierté que nous offre le nationalisme est fausse et nous empêche de trouver la vraie force qu’on peut construire ensemble lorsqu’on identifie clairement nos ennemis et qu on se prépare a passer à l’offensif.

150 ans de colonialisme. Pas de quoi fêter !

 Commentaires fermés sur 150 ans de colonialisme. Pas de quoi fêter !
Juin 042017
 

Manifestation anticoloniale et anti-impérialiste à Montréal le 1er juillet

De CLAC

Lieu et heure à venir !
Marquez votre agenda !
Tract ici

Comme vous le savez, cette année c’est le 150e anniversaire du Canada. Le gouvernement prévoit dépenser 500 millions de dollars en 2017 pour organiser des cérémonies, des parades et des fêtes pour célébrer fièrement le colonialisme, l’impérialisme et le racisme qui marquent l’histoire de ce pays. Nous ne devons jamais oublier que le territoire que l’on appelle Canada a été volé par les colons européens aux autochtones qui vivaient ici depuis des millénaires, dans un désir avide de richesses naturelles pour enrichir les couronnes de France et d’Angleterre. Pourquoi devrions-nous fêter cela ?

Le colonialisme canadien n’est pas une chose du passé, l’oppression et le racisme envers les peuples autochtones existent toujours. Il suffit que l’on pense aux incarcérations massives, aux abus qu’ils et elles subissent de la part des policiers ou aux interventions militaires (Restigouche, 1981, Oka, 1990, Gustafsen Lake 1995, Elsipogtog 2013) pour les « discipliner » lorsqu’ils et elles revendiquent les droits que le Canada leur a garantis dans ses propres traités (qui ont été signés après l’invasion du territoire et la déstabilisation des écosystèmes desquels dépendaient leurs communautés). Encore une fois, comment pouvons-nous vouloir célébrer ?

Même si la grande majorité de la population canadienne est issue de l’immigration, avec la colonisation débutée au 16e siècle, notre gouvernement garde toujours une vision raciste face aux nouveaux et nouvelles immigrantEs. Les nouveaux et nouvelles arrivantEs sont marginaliséEs, privéEs des services essentiels de base pour vivre dans la dignité et trop souvent traitéEs comme des criminelLEs ou même des terroristes. Doit-on être fièrEs de l’accueil que nous réservons aux gens qui doivent immigrer ici parce que la vie dans leur pays est devenue insoutenable, souvent à cause des politiques impérialistes du Canada et des autres pays riches qui n’ont jamais assez de pouvoir et d’argent ?

C’est pourquoi nous dérangerons le plus possible la fête du Canada le 1er juillet, parce qu’il n’y a aucune fierté à habiter un pays construit sur des terres volées et qui accumule depuis tout ce temps des richesses grâce à l’exploitation sauvage des ressources d’ici et de partout dans le monde, ni d’un pays raciste qui marginalise les autochtones et les immigrantEs.

Appel à l’action :

Vous pouvez venir à notre manifestation et vous pouvez en plus faire d’autres actions. Partout autour de nous il y a des symboles du colonialisme canadien : les bâtiments de l’armée canadienne, les canons et autres symboles et des musées militaires, les bureaux du gouvernement, les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson, les prisons, les tribunaux, les parlements, les hôtels de villes, les bureaux du SCRS et de la GRC, etc. Faisons preuve de créativité !

Activité amusante à faire avec vos amiEs pour le 1er juillet : arrachez tous les drapeaux du Canada et du Québec. Il y a plein de choses que vous pouvez faire avec après, comme un feu de camp. Défi supplémentaire : remplacez les drapeaux arrachés par des drapeaux noirs. Des heures de plaisir !

La CLAC – Convergence des luttes anticapitalistes
info@clac-montreal.net – clac-montreal.net

Aussi organisé dans le cadre de l’appel pour une journée nationale d’action le 1er juillet 2017 de IDLE NO MORE & DEFENDERS OF THE LAND.

Recettes pour des actions directes nocturnes

 Commentaires fermés sur Recettes pour des actions directes nocturnes  Tagged with:
Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

[Lire]
[Imprimer, 11”x17”]

« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

NonAuCanada- A la recherche des contributeurs et des benevoles!

 Commentaires fermés sur NonAuCanada- A la recherche des contributeurs et des benevoles!
Mai 172017
 

Les célébration de la 150eme anniversaire de l’état canadien sont en cours et vont surement intensifier en approchant du 1e juillet. Durant les derniers mois, nous somme quelques unEs à avoir essayer de rassembler une site web/projet multimedia contre le project canada 150 ainsi que de promouvoir des idees contre l’état, la colonization, le capitalisme et tout la misère que « canada » a signifié pour tant de gens.

En ce moment nous vous demandons votre aide pour réaliser ce projet!

L’Idée

NoCanada est un projet collaboratif entre anarchistes et radicaux-ales partout sur l’île de la tortue pour contrer les célébrations du 150eme anniversaire de l’état canadian qui auront lieu en 2017. Au moyen d’un site web, un pamphlet, un mixtape et un campagne promotionnel sur medias sociaux, le projet vise a perturber la minimisation de la violence de l’histoire canadienne et de ses pratiques actuelles.

Voici comment vous pourriez contribuer, si vous y êtes disposéEs:

• Envoyez-nous du contenu original!

Nous voulons des articles, essais, videos, bandes dessinées, oeuvres d’art, chansons, musique
En tant que textes, on cherche:

  1. des essais traitant de l’histoire canadienne et des pratiques actuelles de la colonization, la guerre et l’impérialisme, les oléoducs, les frontières et la migration, les prisons et la police, la déstruction globale de l’environnement
  2. il serait idéale d’avoir au moins quelques articles biligues pour le lancement du site web juste avant le 1e juillet
  3. des histoires de révolte contre le projet d’édification de de l’état canadien ainsi que d’autres résistances anticapitalistes et anticoloniales à célébrer
  4. tout contenu devrait se fonder sur une analyse non-réformiste, anticapitaliste, anticoloniale, et anti-état sans compromis tout en étant accessible et ne devrait pas viser à culpabiliser des gens qui ont identifié avec l’état canadien à un moment donné de leurs vies

• Envoyez-nous des trucs qui ont déjà été publiés!

S’il y a de contenu déjà créé qui fera l’affaire, faites-nous le savoir!

• Aidez-nous à promouvoir le site web!

Une fois le site lancé, il serait génial si des gens pourraient faire tourner le site (restez à l’écoute!), mais d’abord nous recherchons des gens qui pourraient en faire la promotion sur le terrain dans leurs villes (responsabilités minimales).

Nous cherchons en particulier des gens dans les villes suivantes:

London, ON
Windsor, ON
Ottawa, ON
Oshawa, ON
Orillia, ON
Sudbury, ON
Sault St Marie, ON
Brandon, MB
Winnipeg, MB
Saskatoon, SK
Regina, SK
Edmonton, AB
Calgary, AB
Red Deer, AB
Lethbridge, AB
Medicine Hat, AB
Victoria, BC
Kelowna, BC
Kamloops, BC
Prince George, BC
Abbotsford, BC
Quebec City, QC
Sherbrooke, QC
Saguenay, QC
Trois-Rivières, QC
Iqaluit, NU
Yellowknife, NWT
Whitehorse, YT
Charlottetown, PEI
St John’s, NL
Moncton, NB
Saint John, NB
Fredericton, NB
• Donnez-nous votre avis / idées!

Contact: nocanada[at]riseup[dot]net

Perspective anarchiste sur la résistance à LNG sur le territoire Gitwilgyoots

 Commentaires fermés sur Perspective anarchiste sur la résistance à LNG sur le territoire Gitwilgyoots
Mar 142017
 

12647464_1040300375992276_1815238618656321806_n

Résistance à LNG sur le territoire Gitwilgyoots

Vers la fin août, une bande de femmes des lignées Tsimshian, Haida, Nisga et Gitxsan ont initié la défense de Lax U’u’la (Lelu Island) et la Flora Bank[1. Beaucoup de l’attention sur cette lutte a été les zostères et la Flora Bank, et comment cet habitat est essentiel au développement des jeunes saumons qui nagent à travers la Skeena. Bien que nous ne désirions pas diminuer l’importance de cet habitat, nous désirons aussi reconnaître que ces zones cruciales n’existent pas de manière isolée. La Flora Bank ne peut être séparée de l’Agnew Bank, des masses terrestres qui l’entourent, et des courants, des sédiments, et des créatures qui l’entourent et ont un impact sur elle d’encore plus de façons que nous ne pouvons l’imaginer. Nous désirons mettre en garde contre un focus étroit sur la Flora Bank – si l’usine de transformation de LNG est déplacée sur l’île Ridley (une île voisine qui n’est pas entourée par la Flora Bank), ce changement participera quand-même a une société capitaliste et renforcera l’État colonial.] contre la destruction de l’industrie LNG. Le Sm’ogyet Yahaan (chef héréditaire) de la tribu Gitwilgyoots et le Ligitgyet Gwis Hawaal (le leader héréditaire de la maison) et leurs familles ont commencé un camp d’autodéfense sur Lax U’u’la, qui est le territoire traditionnel de chasse et de pêche des Gitwilgyoots. Ils ont aussi été rejoints par une variété d’autres personnes significativement héréditaires des autres tribus Tsimshian, et une bande hétéroclite de sympathisant.es autochtones et non-autochtones venu.es de l’extérieur.

Ce campement a été installé pour prévenir plus de destruction de leur territoire, alors que Petronas et Pacific North West LNG (PNW LNG) planifient de construire une centrale de gaz naturel liquéfié (LNG) de 11 milliards de dollars sur Lax U’u’la, qui est à l’embouchure de la rivière Skeena près de Prince Rupert en Colombie-Britannique. Depuis 2012, ils conduisent des évaluations environnementales et archéologiques, qui ont résultées en plus d’une centaine de sites de tests de forage et de blocs de coupe, et ont coupé au cours du processus plusieurs arbres culturellement modifiés[2.NDT : se dit des arbres que les autochtones entaillent pour déterminer si leur centre est creux en vue de la construction des canots.] Cette centrale serait nourrie par 3 pipelines, incluant le Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) récemment approuvé par le gouvernement provincial et détenu par Trans Canada, qui traverse de nombreux territoires autochtones, et auquel résistent présentement les gens de la nation Gitxsan au campement Madii Lii. Cette centrale de LNG proposée a rencontré l’opposition non pas uniquement des Sm’ogyet Yahaan, mais a aussi été unanimement refusée par les 9 tribus Tsimshians de Lax Kw’alaams alliées, qui ont refusé une offre de 1.25 milliards de dollars de Petronas à trois rencontres séparées à Lax Kw’alaams, Vancouver et Prince Rupert. Sans prendre en considération le refus du projet et pour préparer la construction de la centrale LNG, Petronas/PNW LNG ont tenté de continuer à conduire des évaluations environnementales et d’ingénierie à Lax U’u’la, qui incluent des tests de forage détruisant activement l’habitat indispensable à tout le saumon vivant à travers le bassin-versant de Skeena.

Une des principales rivières qui coule dans le Skeena est la Wdzin Kwah (soi-disant Morice/Bulkley), qui est la rivière présentement protégée par le Clan Unist’ot’en, des gens du peuple Wet’suwet’en et leurs sympathisants.es. Le campement Unist’ot’en a aussi débuté en résistance à une méga infrastructure pétrolifère (incluant un autre pipeline majeur projeté par la corporation Trans Canada). Unist’ot’en, Madii Lii et Lax U’u’la sont les trois premières frontières audacieuses contre le développement de LNG dans le Bassin-versant de Skeena. Au moment de l’écriture de ce texte, d’autres s’organisent vers l’ouverture de nouveaux fronts d’action dans cette bio-région.

L’importance du saumon n’est ni abstraite ni théorique. En plus des impacts négatifs sur la santé mentale liés à la déconnexion et à la destruction de terres, la plupart des communautés qui vivent au sein du bassin-versant de Skeena reposent sur le saumon, l’oolichan et d’autres fruits de mer pour nourrir leur famille. Même si tu es fauché et que du ne peux t’acheter de la nourriture à l’épicerie, tu peux toujours compter sur la réserve constante de saumon sauvage de la rivière pour nourrir tes enfants et passer l’hiver. La même chose peut être dite de la vie sauvage comme les orignaux, les chevreuils, les castors, les baies, etc. qui pourraient aussi être fortement affecté.es si ces projets se réalisaient. Plusieurs personnes maintiennent aussi un revenu relativement autonome dans la réaliste capitaliste présente en récoltant de manière soutenable cette abondance.

Ceuzes qui dépendent de notre travail et de notre obéissance ont toujours vu comme une menace la capacité des gens à se soutenir eux-mêmes de manière indépendante. L’état de dépendance forcée a été et est toujours un objectif de la colonisation. La dépendance doit être créée pour limiter la mobilité communautaire à des zones bien délimitées (comme des villages, des villes ou des réserves). Ces zones sont facilement contrôlées, et toute résistance ou révolte peut être surveillée et modérée. Ceuzes qui savent comment vivre avec les saisons et de la terre sont une menace puisqu’illes n’ont pas besoin de ce que l’état fournit pour prospérer.

L’État canadien et les corporations internationales investissent dans les projets d’extraction de ressources à travers le soi-disant Canada. L’impact de ces projets d’extraction sur des ressources qui soutiennent la vie comme l’eau propre, le gibier sauvage et les plantes médicinales n’est pas un effet collatéral non-intentionnel du capitalisme. Il fait d’une pierre deux coups. Les oléoducs, les mines, les terres fracturées pour leur gaz et l’expansion des chemins de fer ne sont pas des projets individuels – ils font tous parties du même effort pour maintenir une société et un mode de vie qui est dépendant de ressources naturelles qui s’amenuisent tout en détruisant du même coup le potentiel de toute vie en dehors du contrôle étatique.

Cette lutte est aussi inextricablement liée à la revitalisation des cultures autochtones, à la décolonisation de la terre, de nos esprits et de nos relations sociales, de la lutte contre le patriarcat et d’une réconciliation authentique entre les autochtones et les non-autochtones. Bien sûr, cela veut dire la destruction de l’état et de l’économie capitaliste.

À date, la résistance au projet de Petronas/PNW LNG s’est principalement orientée sur l’eau. Leur projet demeure aux étapes initiales, en ce qu’il reste des évaluations d’ingénierie devant être effectuées avant le début de la construction d’une véritable centrale. En pratique, cela a principalement pris la forme d’essais pour empêcher les travailleur.euses d’effectuer tout travail, et de perturber les évaluations environnementales et d’ingénierie. Cela veut dire escorter les arpenteurs environnementaux hors des rives de Flora et Agnew, prévenir l’entrée et l’ancrage des bateaux foreurs sur les rives, ralentir ou forcer la marche arrière de bateaux amenant des travailleurs.euses sur des barges. Jusqu’à présent, ces efforts ont été limités et n’ont malheureusement que temporairement mis fin aux opérations de forage. Cependant, avec la force grandissante des warriors et une solidarité croissante, il est toujours possible de briser le rêve de Petronas et Christy Clark.

Il y a aussi une forme de résistance dans la réaffirmation de Lax U’u’la comme lieu de guérison et de cérémonie. Des infrastructures sont continuellement construites et il y a d’autres préparations pour défendre l’île elle-même (qui sert aussi à maintenir et à étendre les opérations aquatiques). Plusieurs structures ont été construires et lorsqu’il y aura une confrontation moins constante, l’intention est d’utiliser ces espaces comme espace pour enseigner à la jeunesse les modes de vie liés à la terre ancestrale, et à guérir des traumatismes constants de la colonisation.

Pour des milliers d’années, les communautés se sont soutenues elles-mêmes grâce aux offrandes abondantes de la rivière Skeena et des terres qui l’entourent. Ces projets d’extraction de ressources menacent de détruire la capacité des gens de vivre de la terre, en opposition à l’état. La colonisation européenne a presque mené à l’extinction des bisons des prairies, et si on ne se bat pas, le saumon sauvage du pacifique suivra certainement.

Si nous cherchons à voir la victoire de cette lutte contre les pétro-corporations et l’état canadien, nous devons continuer à apporter un support matériel solide. Nous devons aussi faire proliférer l’agitation sociale et le dérangement de la vie quotidienne de la population dans les centres urbains à travers cette région et ailleurs.

Il y a plusieurs façons de montrer notre solidarité avec cette résistance féroce et toujours plus expansive. Des fonds sont toujours nécessaires pour l’entretien des bateaux et pour de l’essence. Le campement tente spécifiquement de lever des fonds suffisants pour acheter des pièges à crabe, de nouveaux bateaux et des lignes de pêche pour continuer à récolter de la nourriture autour de Lax U’u’la, pour en fournir à leurs aîné.es et leurs communautés. Vous pouvez aussi venir visiter la région par vous-mêmes, avec un.e ami.e ou une bande pour contribuer sur le terrain à ce campement de défense. La lutte est toujours renforcée par une attaque large et décentralisée, la solidarité peut aussi inclure une résistance aux développements dans vos propres régions (Site C Dam, le Trans Mountain et la Ligne 9 n’étant que quelques exemples). Ces projets sont aussi facilités par les bureaucrates qui travaillent pour les gouvernements et les compagnies, et dont les bureaux sont situés dans les centres urbains. Dans le passé, la solidarité a été montrée à travers des manifs de bruit et d’autres actions contre ces bureaux et les infrastructures des compagnies.

Vous pouvez donner au fond de défense de Lax U’u’la à travers leur page GoFundMe : http://www.gofundme.com/lelu_island

Sites web utiles :

www.laxuula.com

Stop Pacific NorthWest LNG/Petronas on Lelu Island

www.madiilii.com

www.facebook.com/unistoten

www.skeenadefense.com

Stantec Montreal Offices:

300-1080 Beaver Hall Hill
Montreal, Quebec H2Z 1S8

600-1060 Robert-Bourassa Boulevard
Montreal, Quebec

Appel pour un 1er juillet anticolonial partout au Canada

 Commentaires fermés sur Appel pour un 1er juillet anticolonial partout au Canada
Mar 102017
 

De CLAC

Nous contactons des groupes et des personnes alliéEs de partout au soit-disant Canada parce que nous voulons organiser un 1er juillet anticolonial 2017 à Montréal, et nous vous proposons de le faire aussi dans votre ville pour qu’il y ait des manifestations, des événements, des perturbations et des actions anticoloniaux à travers le Canada.

Comme vous le savez, cette année c’est le 150e anniversaire du Canada. Le gouvernement prévoit dépenser 500 millions de dollars en 2017 pour organiser des cérémonies, des parades et des fêtes pour célébrer fièrement le colonialisme, l’impérialisme et le racisme qui marquent l’histoire de ce pays. Ces sommes seront investies dans des projets douteux qui favoriseront les entreprises touristiques et qui ne bénéficieront que très peu aux résidentEs du territoire.

Nous ne devons jamais oublier que le territoire que l’on appelle Canada a été volé par les colons européens aux autochtones qui vivaient ici depuis des millénaires, dans un désir avide de richesses naturelles pour enrichir la couronne de France et d’Angleterre. Pourquoi devrions-nous fêter cela ?

Le colonialisme canadien n’est pas une chose du passé, l’oppression et le racisme envers les peuples autochtones existent toujours, que l’on pense aux incarcérations massives, aux abus qu’ils et elles subissent de la part des policiers ou aux interventions militaires (Restigouche, 1981, Oka, 1990, Gustafsen Lake 1995, Elsipogtog 2013) pour les « discipliner » lorsqu’ils et elles revendiquent les droits que le Canada leur a garantis dans ses propres traités (qui ont été signés après l’invasion du territoire et la déstabilisation des écosystèmes desquels dépendaient leurs communautés). Encore une fois, comment pouvons-nous vouloir célébrer ?

Même si la grande majorité de la population canadienne est issue de l’immigration, avec la colonisation débutée au 16e siècle, notre gouvernement garde toujours une vision raciste face aux nouveaux et nouvelles immigrantEs. Les nouveaux et nouvelles arrivantEs sont marginaliséEs, privéEs des services essentiels de base pour vivre dans la dignité et trop souvent traitéEs comme des criminelLEs ou même des terroristes. Doit-on être fiers de l’accueil que nous réservons aux gens qui doivent immigrer ici parce que la vie dans leur pays est devenue insoutenable, souvent à cause des politiques impérialistes du Canada et des autres pays riches qui n’ont jamais assez de pouvoir et d’argent ?

C’est pourquoi nous dérangerons le plus possible la fête du Canada le 1er juillet, parce qu’il n’y a aucune fierté à habiter un pays construit sur des terres volées et qui accumule depuis tout ce temps des richesses grâce à l’exploitation sauvage des ressources d’ici et de partout dans le monde, ni d’un pays raciste qui marginalise les autochtones et les immigrantEs.

Partout autour de nous il y a des symboles du colonialisme canadien : les bâtiments de l’armée canadienne, les canons et autres symboles et musées militaires, les bureaux du gouvernement, les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson (créée pour faire de l’argent avec le commerce des fourrures pour le bénéfice de l’Angleterre), les prisons, les tribunaux, les parlements, les hôtels de villes, les bureaux du SCRS et de la GRC, etc. Faisons preuve de créativité !

Si vous ou votre groupe est intéressé à organiser quelque chose dans votre ville, écrivez-nous à info@clac-montreal.net pour qu’on puisse se coordonner touTEs ensemble pour un 1er juillet inoubliable !

La TD Bank redécorée en solidarité avec Standing Rock

 Commentaires fermés sur La TD Bank redécorée en solidarité avec Standing Rock
Mar 062017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

De sympathiques amiEs ont rendu visite à la succursale de la banque TD située sur Chabanel durant la nuit du 3 mars.

La TD ayant des fonds dans le Dakota Access Pipeline (DAPL), nous jugions pertinent de leur rappeler leur responsabilité pour les expulsions du Campement de Standing Rock ayant eu lieu cette semaine en territoires Sioux. Les banques, par leur financement de projets extractivistes, cautionnent la destruction colonialiste des territoires et la violence envers les peuples autochtones.

Solidarité de Tio’tia:ke
À bas les frontieres!
Leurs pipelines ne passeront pas!