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Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

Coucou les bobos

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit du 19 mai, nous avons décidé de nous rassembler pour attaquer le restaurent Ludger, le bureau de Projet Montréal et le IGA de Saint-Henri.

Si nous avons attaqué-es le Ludger, ce n’est pas seulement pour dénoncer les plats trop cher qu’on y sert, mais pour s’attaquer au mode de vie des jeunes professionnels yuppis qui viennent envahir les quartiers populaires avec tout leur fric et qui contribue largement à l’exclusion des pauvres dans le quartier.

Si nous avons attaqué le bureau de Projet Montréal ce n’est pas seulement pour leur rôle dans la gentrification du quartier en sortant l’argument de la mixité sociale et en favorisant l’implantation de nouveaux commerces et de nouveaux projets de condos. Nous avons attaqué le bureau, car c’est le monde politique au grand complet qu’on voulait attaquer. Nous refusons d’être représentés et diriger par quelqu’un-e d’autre que ce soit le premier ministre ou un député d’arrondissement. Nous sommes maîtres de notre propre vie.

Si nous avons attaqué le IGA ce n’est pas seulement parce que la bouffe y est trop cher, mais parce que nous croyons que bien manger ne devrait pas être un luxe, mais quelque chose de gratuit et accessible à tous et à toutes. Dans ce quartier, certaines personnes ont faim et nous ne voulons pas être des observateurs désolés de la situation.

Nous sommes très conscient-es qu’en s’attaquant à ces cibles ce ne sont pas les grandes institutions capitalistes qui ont été visées. Il reste que ces commerces sont le reflet, à plus petite échelle, d’un monde qui favorise toujours les plus nantis face aux plus pauvres qui subissent toujours plus la misère. C’est pourquoi nous avons voulu pendant un instant renversé l’ordre des choses et faire comprendre à ces gens qu’ à force de se faire piétiner dessus à chaque jour nous pouvons aussi mordre. Nous voulons une vie riche pas une vie de riche.

Nous avons été réjoui-es le lendemain matin en voyant dans les nouvelles que d’autres commerces avaient été attaqués dans la même nuit à Verdun.

p.s On espère ne pas avoir trop déranger votre petit souper du vendredi.

Des insoumi-ses


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Vandalisme contre la gentrification à St-Henri

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Mar 172017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Le 15 mars 2017, près d’une douzaine de propriétaires de condos ont dû sortir leur char hors des bancs de neige de la plus grosse tempête de l’hiver à Montréal, pour finalement constater que leurs pneus avaient été lacérés durant leur sommeil.

Nous avons fait cette simple action à la veille de la 20e manifestation Contre la Brutalité Policière, qui a eu lieu à Hochelaga. Nous voulions mettre l’emphase sur le fait que la lutte contre la police et celle contre la gentrification sont une seule et même chose: la création d’un monde hostile au contrôle social et à toutes les formes de domination.

Cela n’a requis qu’un minimum de planification et aurait pu être fait à des dizaines d’endroits dans le quartier.

Avec cette action, nous avons réfléchi aux choix tactiques consistant à prendre pour cible des individus yuppies (aléatoirement) et des personnes riches dans le contexte d’activités anti-gentrification. Un moyen souvent mentionné comme tactique désirable est de causer des dommages à des voitures de luxe. Un peu moins de la moitié des voitures garées dans les stationnements des condos que nous avons visité avaient clairement une marque de luxe. Nous avons lacéré les pneus de toutes les voitures. Plusieurs yuppies décident de démontrer leur richesse autrement que par des BMW et des Mercedes. Peu importe leurs choix de consommation, ça vaut le coup de leur procurer un sentiment d’insécurité dans le quartier en endommageant à leur propriété. Et prendre pour cible tous les propriétaires de condos ou les voitures des yuppies pourrait rendre la tâche plus difficile à la police d’attraper les gens qui le font, puisqu’ils tenteront de le faire si ces pratiques se répandent. Ce sera aussi plus dur pour les propriétaires d’assurer la sécurité de leurs véhicules, dans des stationnements intérieurs par exemple. Par contre, il pourrait être avisé de se concentrer sur les voitures de luxe avec d’autres formes de vandalisme qui sont plus visibles pour les passants que des pneus lacérés, afin que les actions puissent être intelligibles aux voisin.es et aux gens sur la rue.

Fuck la police, vive la dégentrification!

Tant qu’il y aura des caméras il y aura des cibles

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Mar 142017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Les anarchistes détestent les caméras. Mais adorent les jeux. C’est pourquoi avec quelques ami.es du Sud-Ouest on a répondu à l’appel du jeu CAMOVER. Masqué.es de noir (bien sûr), nous avons mis dans des sacs quelques caméras de surveillance indiscrètes et avons couvert d’autres de peinture. Pas d’Face, Pas d’Charges! Props aux potes d’Hochelaga qui niquent le shit. Continuez votre bon travail et à garder les caméras ennemies abattues.

Témoignage d’un.e participant.e :

« CamOVER!? Sans aucune doute. On est descendu.es à quatre dans la rue, deux guetteurs.euses désinvoltes, avec talkie-walkies et des cigarettes, et on a commencé à mettre les caméras dans nos sacs. Des câbles qui serpentent dans les airs et les caméras dégringolent, on s’est fait regarder croche par un citoyen qui passait par là et on a recommencé, genre, « FUCK TOI ET TES CAMÉRAS ». On s’est choop quand les flics sont arrivés, on a caché les caméras dans une ruelle et on les a récupérées le jour suivant ».

<3

Mise en Commun

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Mar 062017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Nous souhaitons initier un dialogue que nous avons jusqu’ici choisi d’éviter.

Des cliques se côtoient, mais peinent parfois à communiquer et souvent ne parlent pas le même langage, ni dans les mots, ni dans les gestes. Il s’agit ici de dégager ce que nous avons en commun et ce qui nous sépare. Certaines tensions non-adressées ont entraîné beaucoup trop de railleries, de ragots, de commentaires de mauvaise foi, de demi-réflexions et de brèches de sécurité. Certain.es voudraient voir dans ces échanges parfois véhéments de simples conflits interpersonnels, mais cette vision évacue tout contenu politique aux critiques émises. Pour éviter que tout ce truc soit réduit à du gossip et des débats de fin de soirée, nous avons voulu identifier les lignes de tensions, nommer politiquement les points de rupture et chercher de quelles façons on pourrait collectivement dégager plus de puissance. Notre intention ce n’est pas ici de « dénoncer » certaines pratiques ou de décourager les ami.es de les reproduire, mais d’éviter de fétichiser le pétage de vitrine et de constamment réfléchir collectivement aux bénéfices et aux coûts de nos actions.

Nous partons du constat que nous nous entendons sur les moyens d’action; nous nous sommes plus que souvent rencontré.es dans la rue, dans nos salons ou au café pour conspirer. Le point d’achoppement, ce n’est pas la légitimité de la violence, de l’action directe ou l’importance de l’opinion public. L’illégalisme permet de rompre avec la figure du citoyen, avec l’État et le capitalisme, d’échapper à leur hégémonie. Nous pensons néanmoins que l’action directe, la destruction ou l’illégalité n’ont pas de portée révolutionnaire en soi. Il n’y a pas de réaction magique qui se produit quand on brise une vitrine, pas de destruction contagieuse qui s’en échappe et qui se propage sans trop qu’on comprenne comment. La propagande par le fait, c’est bien, mais encore faut-il s’assurer qu’elle fonctionne. Pour avoir une résonance, nos actions doivent être communicables, elles doivent faire sens pour autrui, elles doivent être intelligibles. La mystique d’une insurrection qui se répand, on doit la comprendre, la démystifier, l’analyser et la prévoir.

L’idée est d’arriver à identifier comment la conjoncture politique et les rapports de force se modifient et d’en dégager des pistes à même de guider judicieusement nos choix dans nos modes d’actions. C’est d’être en constante recherche d’acuité. À notre avis, c’est seulement ainsi que nous réussirons à inspirer, à aspirer à d’autres possibles. Nous ne sommes pas en train d’appeler à la patience et la modération, dans l’attente d’un contexte qui nous serait plus favorable. Au contraire, ça suffit d’être à l’arrache du contexte, à attendre une grève étudiante ou la construction d’un pipeline, de peiner à garder la tête hors de l’eau à chaque vague de répression et de se brûler dans des actions qui ne résonnent pas à l’extérieur de notre clique d’initié.es. Le contexte qui nous favorise, l’arène où l’on se bat, le territoire que l’on habite, c’est à nous de les créer. Il faut les comprendre, les connaître sur le bout de nos doigts, apprendre à en dessiner les contours, à en tracer la direction. Il faut se donner toujours un coup d’avance sur la récupération de nos luttes, sur la répression, être attentif.ves aux modifications sensibles dans le rapport de force qu’on cherche à renverser. Il faut prévoir les conséquences de nos actions, apprendre à reconnaître ce qui nous avantage et ce qui nous nuit, à sortir notre épingle du jeu peu importe la situation – à en modifier les règles pour y arriver. Il faut conspirer, être des stratèges et pas seulement des tacticien.nes. Non pas des stratèges à la tête d’une armée, mais une armée de stratèges.

Certaines discussions, notamment lors de notre rencontre de l’été dernier, nous ont frappé d’un dogmatisme déroutant. Nous ne croyons pas qu’il existe des « pratiques anarchistes » pures ni de luttes anarchistes « en soi » : il y a des perspectives anarchistes sur des luttes. De s’en tenir à la pureté fantasmée de certains types d’action, hors de toute relation avec un contexte ou une lutte, en revient à les ériger en un fétiche dangereux. Très vite, on vient à penser l’action pour l’action, plutôt que pour la puissance qu’on peut en dégager. Une action réussie appelle à l’organisation de la suivante, et puis de la suivante, sans jamais s’ancrer dans une perspective à plus long terme. On s’engage dans une spirale, où toute remise en question ou critique est perçue comme un désengagement face à la lutte et face au groupe affinitaire. On en vient à organiser une balade sans vraiment se demander si c’est une bonne idée de la conclure au milieu d’une fête d’enfant.

Parler d’un acte de guerre en revendiquant le vandalisme de cinq commerces relève autant de ce fétichisme des moyens d’action que d’une terminologie prétentieuse et dangereuse. S’y complaire, c’est accepter la mise en scène de notre puissance, c’est se contenter du spectacle de notre radicalité. Créer un climat d’insécurité dans le quartier en maintenant un niveau de vandalisme constant c’est une chose, revendiquer des actions en grandes pompes et s’arranger pour qu’elles éclatent dans l’espace public en est une autre.

Ce qui nous donne la puissance, ce n’est pas le niveau de préparation d’une clique d’expert.e.s en destruction. La puissance on la trouve dans le commun, dans le partage de notre rapport au monde subversif. Lorsque le projet anarchiste se présente comme une entreprise individuelle, même au sein d’un groupe affinitaire, il demeure tout au plus du libéralisme, fut-il radical. Si l’insurrection n’est pas un concept, ce n’est pas non plus le projet d’individus en lutte. La puissance, c’est la sensation de participer à une force qui nous dépasse, qui nous transcende, qui nous définit autant qu’on la définit. Ce n’est pas dans les mouvements sociaux qu’on la cherche, mais bien dans les moments insurrectionnels. C’est alors qu’on comprend le côté irrémédiablement commun de la lutte, que la volonté de s’attaquer à la police et au capitalisme est partagée par tout ceux et celles qui prennent parti, qu’on se reconnaît entre ami.es. Ainsi se crée le sentiment partagé de participer à la perpétuation d’une culture de résistance face au capitalisme, aux rapports de domination qui en découle, et à tous les autres systèmes d’oppression. Puissance et communauté de lutte s’identifient sans résidu.

On ne peut pas se suffire du sentiment de puissance et de la joie qu’on ressent en attaquant un commerce ou en caillassant des flics. Il faut qu’on se donne les moyens de gagner. Que l’on nous comprenne bien, nous n’exigeons rien du Capital ni de l’État. Il ne s’agit pas de demander des logements sociaux et ensuite un quartier autogéré et ensuite une vie sans travail. Gagner veut dire accroître notre puissance collective. Quatre ans après la grève de 2012, on peut affirmer que les amitiés politiques que nous y avons puisées en ont fait une lutte « victorieuse ». Les mois d’avril et de mai de cette année-là ont vu des moments proprement insurrectionnels, non pas seulement dans le sens que ça pétait tous les soirs, mais au sens où nos relations étaient définies en fonction de, par et pour la grève. Certes, il ne faut pas se perdre dans une reproduction de luttes passées, comme autant de recettes à reproduire, et il est nécessaire de cultiver un sentiment de rupture avec le pouvoir. Mais il faut se prendre au sérieux, et être à la hauteur de nos adversaires. Cela veut dire parfois attaquer là où illes ne s’y attendent pas, les surprendre et déjouer l’appareil anti-insurrectionnel qui commence à être sacrément bien rodé. Bon gré, mal gré, il nous faut avouer que s’il y a bien une chose que le pouvoir sait gérer, autant sur le plan du discours que celui de la répression effective, c’est une bande de potes qui s’isole dans l’illégalisme. Il nous faut être talentueux.ses, intelligent.es, parfois intransigeant.es, parfois indulgent.es, mais toujours stratèges. Il faut arrêter de planifier nos actions comme si on les accomplissaient par dépit, à défaut de mieux. Il nous faut arriver à transpercer le spectacle de notre puissance et de nos actions. C’est ainsi que nous nous mettrons à disposition de la joie de résister, c’est-à-dire de vouloir gagner.

Il ne suffit pas de craquer une allumette au hasard au milieu de la nuit, en se demandant si cette fois le brasier va prendre. Pour démarrer un feu, ça prend du combustible et de l’oxygène. Cet incendie que l’on désire allumer, c’est le seul qui est à même d’éclairer les fissures qui lézardent le capitalisme. C’est celui de la révolution. Pas la Révolution du PCR ou du Grand Soir. La révolution c’est la force qui nous anime, qui nous réunit et qui nous meut. C’est celle des réunions, de la conspiration, des caucus, de la planification. C’est celle de la mise en commun, autant des moyens de production ou du vol que du développement de la puissance qui naît de la confiance qu’on se partage. Ce n’est pas un horizon à atteindre, mais un processus en soi, une lutte contre le pouvoir sans cesse renouvelée. Ce n’est surtout pas la cessation de quelques individualités regroupées vis-à-vis du capitalisme. C’est la création d’une culture de lutte à même de continuer à amener du bois au feu, parce qu’un feu se passe bien d’allumette.

Les points, les nœuds, les foyers de résistance sont disséminés avec plus ou moins de densité dans le temps et l’espace, dressant parfois des groupes ou des individus de manière définitive, allumant certains points du corps, certains moments de la vie, certains types de comportement. Des grandes ruptures radicales, des partages binaires et massifs? Parfois. Mais on a affaire le plus souvent à des points de résistance mobiles et transitoires, introduisant dans une société des clivages qui se déplacent, brisant des unités et suscitant des regroupements, sillonnant les individus eux-même, les découpant et les remodelant, traçant en eux, dans leur corps et dans leurs âmes, des régions irréductibles. Tout comme le réseau des relations de pouvoir fini par former un épais tissu, qui traverse les appareils et les institutions sans se localiser exactement en eux, de même l’essaimage des points de résistance traverse les stratifications sociales et les unités individuelles. C’est sans doute le codage stratégique de ces points de résistance qui rend possible une révolution.

– Foucault

Plusieurs attaques non-revendiquées contre des commerces bobos à Hochelaga

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Mar 042017
 

Le Lapin blanc

Un restaurant de la rue Sainte-Catherine dans Hochelaga-Maisonneuve, le Lapin blanc, a été la cible de vandalisme dans la nuit de jeudi à vendredi entre le 26 et le 27 janvier

Quelques minutes après la fermeture de l’établissement, une caméra de surveillance a capté un individu cagoulé qui traçait un graffiti peu élogieux.

Pour le propriétaire, Stéphane Allard, il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’un acte anti-gentrification planifié.

« On voit quatre individus passer avec un sac à dos. On voit ensuite une personne masquée faire un graffiti haineux », explique M. Allard, qui estime avoir perdu une journée complète de travail.

Radio-Canada

Anticafé

Un autre commerce a été visé par des vandales, dans Hochelaga-Maisonneuve, qui ont fracassé la vitrine d’un café dans la nuit de samedi à dimanche entre le 11 et le 12 fevrier.

Dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l’Anticafé Hochelaga-Maisonneuve, des gens de cet établissement ont expliqué que ce méfait a été découvert vers 6 heures du matin.

«Ces événements-là, c’est un peu incontrôlable. On comprend pas trop pourquoi. Je pense pas que l’Anticafé soit un commerce qui peut être qualifié d’embourgeoisant», ont-ils dit.

«On ne sait pas si ces événements-là sont reliés à un acte un peu anarchiste ou si c’est simplement un accident. Malgré tout ça, ça coûte des sous aux commerçants», ont-ils ajouté dans la vidéo.

Au moins 25 commerces ont été vandalisés en neuf mois l’an dernier dans Hochelaga-Maisonneuve par des gens qui veulent dénoncer l’embourgeoisement du quartier.

TVA Nouvelles

Mon Gym Privé

Le propriétaire d’un gym d’Hochelaga refuse de se laisser intimider après les 4 actes de vandalisme dont il a été victime en seulement 5 mois.

«Ils auront beau briser ma vitre huit fois, je ne m’en irai pas d’ici, lance Michaël Couture, propriétaire du commerce Mon Gym Privé. Je vais mettre un mur de briques s’il faut à la place de la vitre, mais je ne partirai pas. C’est le quartier que j’ai choisi, je reste.»

Jeudi soir, le 23 février vers minuit, la police a reçu un appel concernant une vitrine fracassée, au coin des rues Sainte-Catherine et Cuvillier. En arrivant sur place, M. Couture a constaté, sans grand étonnement, qu’il s’agissait de la vitrine de son commerce. La réalité se répète pour cet entrepreneur installé depuis cet été dans Hochelaga-Maisonneuve et qui a déjà subi 4 actes de vandalisme depuis l’automne.

En octobre, une affiche de l’«Assemblée de lutte contre l’embourgeoisement d’Hochelaga-Maisonneuve» avait même été collée sur son mur de brique, adjacent à la vitrine taguée.

– Journal de Montreal

Dans la nuit de jeudi à vendredi (le 23 fevrier), trois commerces ont été vandalisés. Le jour suivant, une trentaine de structures de neige du Carnaval Hivernal avaient été détruites. Lundi matin, au moins quatre commerces de la rue Sainte-Catherine Est avaient été tagués.

À quelques pas d’Elektrik Kids ciblé la semaine dernière, on pouvait lire lundi matin, «Asshole» sur le Showroom Montréal,  «Mort aux vaches» sur la porte d’entrée de l’agence immobilière MyRoom Gestion et un symbole de l’anarchisme sur les vitres de LavoieLuminaires.

– Journal de Montreal

Defend the Hood

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Déc 222016
 

De subMedia.tv

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En 2016, de nombreuses attaques directes ont été lancées contre divers symboles de la gentrification dans Hochelaga-Maisonneuve et Saint-Henri. Nous avons voulu donner aux militants l’occasion d’exprimer un point de vue que les grands médias choisissent systématiquement d’ignorer ou de déformer. Submedia.tv a obtenu ces entrevues exclusives avec deux anarchistes impliqués dans ces actions.

Pour protéger l’identité de ces personnes, leur voix a été doublée.

Qu’est-ce que ça implique, pour vous, de lutter contre la gentrification ?

1: Avant tout, on parle juste pour nous deux ici, pas pour les autres gens qui ont participé à l’action. On ne veut pas représenter qui que ce soit d’autre.

2: Je ne veux pas me limiter à lutter contre la gentrification, que je vois comme une intensification de la misère du capitalisme. Et je suis contre le capitalisme sous toutes ses formes. Je lutte contre la gentrification parce qu’elle affecte ma vie et celle de tellement de gens autour, mais aussi parce que c’est un contexte qui permet d’échanger des idées et des pratiques, de nourrir une plus large perspective de lutte anarchiste. J’ai été inspirée par des anarchistes dans d’autres villes, qui ont ancré leur lutte dans l’endroit où elles vivent. Ils ont réussi à rendre certains quartiers dangereux pour les autorités et peu accueillants pour les entreprises capitalistes. J’aimerais que la police ait peur d’être attaquée quand elle patrouille dans Hochelag ; que les petits commerces bourgeois hésitent avant de s’installer ici, parce que leurs primes d’assurances vont être super chères ; que les gens pensent au fait que s’ils parquent leur char de luxe dans le quartier pour la nuit, il risque de se faire trasher ; que dès qu’un graf ou une affiche est enlevée, elle soit aussitôt remplacée.

1: Et si on veut que ces gens là aient peur, c’est parce qu’on veut l’espace pour expérimenter d’autres façons de vivre, et parce que la cohabitation n’est pas possible. Leur monde va toujours vouloir la destruction des autres mondes, ceux de liberté, de partage, de gratuité, de relations en dehors du travail et du loisir, de joie en dehors de la consommation…

2. Je pense que ça vaut la peine d’expliciter comment la lutte contre la gentrification est inévitablement une lutte contre la police. L’outil principal de la municipalité pour mener à bien son projet de nettoyage social, c’est la police et la pacification des habitants. Cette réalité-là est au cœur des réflexions qui orientent nos actions. La pacification prend différentes formes : c’est l’installation des caméras, l’aménagement des parcs et des rues, mais c’est aussi l’imaginaire créé par le discours de bullshit sur  »la mixité sociale ». Les consultations publiques, les études et les projets de logements abordables, c’est juste une façade : pendant ce temps-là, le nettoyage social avance et de plus en plus de gens se font expulser. Si ces moyens de pacification ne fonctionnent pas, la ville a recours à la répression, c’est-à-dire à la police. C’est les policiers qui expulsent les locataires, empêchent l’existence de squats, etc. Toute forme d’organisation offensive, qui refuse les tentatives de médiation avec l’autorité municipale, va un jour faire face à la police. C’est donc aussi important de développer notre capacité à défendre les iniatives contre la répression.

Sans nécessairement délaisser l’action communautaire, de nombreux-euses anarchistes privilégient le mode d’action directe, pourquoi?

1: On n’a pas de revendications. On n’a pas fait cette action pour faire pression sur le pouvoir, pour qu’il nous accorde certaines choses. C’est sûr que les gens devraient avoir accès à du logement, mais je ne pense pas qu’on devrait s’attendre à ce que l’État réponde à des demandes de logements sociaux qui sont faites depuis les années 1980, dans un quartier qui s’embourgeoise. Je suis plus intéressée à voir de quoi ça pourrait avoir l’air si les gens prenaient l’espace et le défendaient, sans demander. Je ne suis pas intéressée à dialoguer avec le pouvoir.

2: Le dialogue avec les autorités municipales c’est, avec la menace de répression policière, la principale méthode de pacification. Pour nous garder dans l’inaction, emprisonnés dans un imaginaire où l’on ne peut rien prendre ou rien empêcher.

1: Ce qui est bien avec l’action directe, c’est que tu te débarrasses finalement du médiateur ultime, l’État, en agissant directement sur une situation. Plutôt que donner du pouvoir à la ville, en lui demandant quelque chose, on veut nous-mêmes agir sur les forces qui gentrifient le quartier. L’État a peur des gens qui refusent son rôle de médiateur.

Pourquoi choisir une stratégie d’action directe en dehors d’un contexte propice comme celui d’un mouvement social ?

2: Parce qu’on veut pas attendre  »le bon contexte ». On pense que c’est en intervenant dans des situations fucked up du monde dans lequel on vit qu’on crée des contextes. Le fait que ce monde soit horrible est en soi un  » bon contexte  ». Ça vaut la peine de se révolter tous les jours.

1 : Je pense que c’est important de mettre l’accent sur ça, je ne crois pas qu’il faille qu’on attende les mouvements sociaux pour agir. Les gestes de révolte ont toutes sortes d’impacts, même s’ils ne s’inscrivent pas dans un mouvement social. En plus, quand il va y avoir le prochain grand moment de révolte, on va être davantage préparées pour y participer.

Finalement, que répondez-vous à ceux et celles qui disent que la gentrification est un processus inévitable?

1. La gentrification c’est un processus du capitalisme et du colonialisme comme d’autres. Ça a l’air inévitable, et ça l’est peut-être, mais ça vaut tout de même le coup de lutter contre et de ne pas se laisser faire. Dans le monde insupportable dans lequel on vit, j’ai l’impression que ma vie peut juste trouver un certain sens si je me bats.

2. Au mieux, le processus de gentrification va se déplacer ailleurs, si un quartier résiste. Quand même, lutter contre le capitalisme et l’État, ça ouvre des possibles qui ne peuvent pas exister autrement.

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Plus de caméras, plus de cibles!

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Déc 012016
 

camlolz

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Durant les derniers mois, nous avons joué à CamOver dans Hochelaga. Nous avons détruit une vingtaine de caméras de sécurité. Pour vous (et beaucoup pour notre propre plaisir!), voici une photo où l’on voit un.e ami.e arborant un collier de trophées optiques.

En réponse au récent saccage de commerces gentrificateurs dans le quartier, et dans un contexte ou vingt-deux commerces ont été vandalisés dans la dernière année, la municipalité et la police annoncent publiquement une collaboration renouvelée. Ils tentent désespérément de rétablir le contrôle face à ces gens qui « n’ont pas peur de la police », telle que le montre leur volonté d’installer davantage de caméras. Bien sûr, la police sait qu’il lui est impossible d’être partout en même temps. Il y aura toujours des failles qui permettront à ceux.celles qui sont créatif.ves et bien préparé.es d’attaquer. Voilà pourquoi les caméras se multiplient : pour nous faire sentir impuissant.es et observé.es. Mais nos masques continueront à nous protéger contre toute caméra. No face, no case. D’ailleurs, face à cette augmentation de la présence des caméras dans le quartier, pour garder le moral, on a décidé d’y voir plus d’occasions de jouer à CamOver et de saboter les mécanismes de contrôle que les autorités mettent en place.

Nous avons décidé de jouer, et nous continuerons ce jeu de révolte, à la fois excitant et effrayant, apprenant à surpasser nos peurs, à composer avec le stress, à faire croître nos capacités, puisqu’il s’agit d’une question qui dépasse la gentrification d’un certain quartier. Ce qui se passe dans Hochelaga s’inscrit dans une histoire de luttes contre la domination aussi vieille que la civilisation elle-même : une multiplicité de mondes insoumis et sauvages qui résistent et se dérobent à celui de l’ordre et du ‘progrès’.

Qui est ce ‘nous’? Nous des ami.es qui avons décidé de manière autonome de détruire des caméras. Contrairement à ce que veulent faire croire les élu.es et les médias de masse qui cherchent à savoir qui est le ‘groupe de vandales’, il n’y a pas de réseau s’apparentant à celui de la mafia, qu’il faudrait démanteler. Les anarchistes n’agissent pas au sein d’une chaîné de commande, nous agissons avec nos tripes. Nulle opération policière contre des ‘réseaux’ fictifs ne peut arrêter l’organisation autonome de gens qui décident d’attaquer en portant des masques.

bye


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