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Confinement à double vitesse. L’extractivisme se porte bien

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Avr 202020
 

Du Collectif Emma Goldman

Pendant que près de la moitié de la population mondiale est en confinement volontaire ou forcé, certains projets extractivistes continuent à aller de l’avant. En effet, c’est le cas pour Coastal GasLink, Trans Mountain pipeline et le Keystone XL. Toutefois, ce dernier vient d’être bloqué par une décision d’un juge fédéral américain du tribunal du Montana [1]. Malgré les belles paroles des compagnies sur la sécurité au travail en temps de pandémie, les travailleurs ne respectent pas les règles de distanciation sociale sur les chantiers. La multinationale LNG Canada, derrière le gazoduc Coastal GasLink et le terminal à Kitimat, a bien beau dire qu’elle a diminué le nombre de travailleurs sur ses chantiers, les militant.e.s autochtones qui sillonnent le territoire et les résident.e.s  du village d’Houston (près des chantiers) ont prouvé le contraire. Et même si les travailleurs quittent les campements, ils sont ensuite hébergés dans des motels dans le secteur (comme sur la photo à Houston), restant donc au nord de la Colombie-Britannique, ne réglant pas le problème du risque de contagion que représentent ces ouvriers.

Motel qui héberge des travailleurs à Houston. Le stationnement est bondé.

Devant cette situation très critique qui peut engendrer la mort de plusieurs dizaines voire de centaines de personnes, des représentants de Premières nations demandent l’arrêt des travaux sur le gazoduc de Coastal GasLink et de l’oléoduc Trans Mountain. Ces deux projets mettent en danger les communautés autochtones qui se trouvent le long des trajets prévus. Comme le fait bien comprendre Jennifer Wickham, une représentante du clan Gidimt’en de la nation Wet’suwet’en : « Le problème se résume aux ressources limitées en soins de santé. Dans le nord, nous avons des services médicaux très limités. Donc s’il arrive quelque chose, cela va submerger le peu de services que nous avons. »

Ci-dessous: Chantier du Coastal GasLink

Pour la cheffe Judy Wilson, il s’agit clairement d’un confinement à deux vitesses. Elle demande la fermeture des camps de construction pendant la pandémie : « Si Trudeau dit qu’il faut se mettre en confinement, qu’il est important de le faire, alors pourquoi les campements liés aux ressources industrielles ne tiennent-ils pas compte de ces précautions? » De plus, la majorité des personnes qui viennent travailler pour ces projets extractivistes proviennent d’un peu partout au pays (certains de l’international), augmentant les chances d’amener le virus avec eux dans le nord. Selon LNG Canada, seulement 35% des travailleurs sont de la Colombie-Britannique. Fin mars, un ouvrier de cette compagnie a été testé positif à la Covid-19, mettant en lumière les réels dangers de ne pas arrêter complètement les chantiers. Avec les divers projets extractivistes, des milliers de travailleurs résident de manière temporaire dans le nord de la Colombie-Britannique. Si plusieurs d’entre eux contractent la Covid-19, le système de santé, déjà très fragile, va rapidement être submergé et la population locale ne pourra pas recevoir les soins médicaux nécessaires. Il faut ajouter au nombre des travailleurs, les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui sont là pour protéger les chantiers.

À Burnaby, en Colombie-Britannique, des résidents et résidentes s’inquiètent de voir les travaux se poursuivre. Les mesures sanitaires ne sont pas respectées comme il est possible de le voir sur la photo ci-dessous.

En plus de cela, les travailleurs arrivent ensemble par autobus qui font la navette pour les amener au terminal de Burnaby. Selon le site de la compagnie: « Le terminal Burnaby est le point final du réseau pipelinier Trans Mountain. C’est un point de distribution du pétrole brut et des produits raffinés vers les terminaux locaux – la raffinerie de Parkland et le terminal maritime de Westridge. » Malgré tout, le gouvernement de Trudeau n’exige pas la fermeture de ces chantiers et fait la sourde oreille. Toute cela est encore plus ridicule puisque le prix du pétrole brut albertain est en total chute libre. Le 31 mars dernier, le baril se vendait 5 $ américain.

J’imagine que ça doit être ça la réconciliation à la sauce libérale. Mettre en danger la vie de milliers de personnes tout en violant sans arrêt les droits des Nations autochtones, en envoyant la GRC frapper, humilier et emprisonner les membres des diverses communautés en résistance. Tous ces projets doivent être arrêtés! Solidarité avec les populations qui sont mises en danger au nom de l’économie et de l’argent!

[1] Le juge « a statué que le Corps des ingénieurs de l’armée américaine a enfreint la loi en approuvant le permis national 12 (Nationwide Permit 12), autorisant le pipeline Keystone XL de franchir des cours d’eau. Ce permis est essentiel au projet de l’entreprise albertaine TC Energy Corp. » Source : Radio-Canada. Lien vers le texte complet, ici.

Ontario : Trois sabotages de chemins de fer, en solidarité avec les défenseur.euse.s de la terre

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Mar 092020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Il nous semble intéressant de partager le fait que nous avons réussi à arrêter (ne serait-ce que pour quelques heures) plusieurs lignes de chemin de fer dans le sud de l’Ontario, en utilisant la vieille technique du câble en cuivre. Nous l’avons fait à trois reprises, en ciblant une jonction à Milton, puis sur les lignes qui relient Kitchener-Waterloo à Toronto et à Burlington. En utilisant des cartes pour suivre le trajet des lignes, nous nous sommes amusé.e.s à trouver les endroits où agir avec le plus d’impact. Nous avons appris davantage sur la façon de procéder en suivant certains des autres post d’information et riches en inspiration, ici sur North-Shore.

Ce sont été des moyens rapides, efficaces et joyeux de contribuer aux efforts de la campagne Shut Down Canada. Les sabotages clandestins sont des tactiques importantes à populariser et à rendre courantes, pour de nombreuses raisons :

– la répression prend facilement le dessus sur la protestation publique ;

– il faut très peu de temps pour saboter une ligne avec un câble en cuivre (une fois sur place, peut-être 15 minutes, ou un peu plus si la connexion n’est pas idéale au début) ;

– on peut le faire seul.e ou avec une seule autre personne de confiance. Ce fait à lui seul rend le risque vraiment très faible ;

– les posts sur les réseaux sociaux et le remplissage d’une carte Google maps [des actions] ne sont pas le but final de la solidarité des personnes issues de la colonisation européenne. L’objectif est de s’aligner sur les défenseur.euse.s de la terre, dans des actions stratégiques et qui ramènent la peur dans les cœurs d’industries immensément puissantes auxquelles elles/ils sont confronté.e.s ;

– riposter de cette façon nous fait bien au cœur.

Vers des belles et nombreuses possibilités !

Une action de solidarité avec les protecteurs-trices de la terre Wet’suwet’en a bloqué l’accès au Port de Montréal

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Mar 082020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Un groupe de près de 100 personnes ont bloqué l’accès à l’entrée Viau du Port de Montréal, samedi après-midi à 14h15. Le groupe a occupé l’entrée pour une demi-heure afin d’ériger des barricades et disposer plusieurs bannières devant l’entrée du port, empêchant l’entrée ou la sortie des marchandises. Le protecteurs-trices de l’eau et de la terre ont ensuite manifesté dans les rues d’Hochelaga-Maisonneuve.

Cette action est organisée en solidarité avec les Wet’suwet’en qui luttent contre l’occupation continue de leurs territoires non-cédés par Coastal GasLink et la GRC. L’action succède aux multiples blocages ferroviaires qui ont pris place au soi-disant Montréal dans les dernières semaines.

Nous sommes ici pour afficher notre solidarité avec les populations autochtones partout au « Canada » qui ont bloqué des ports, des édifices gouvernementaux, des routes et des voies ferrées afin de perturber l’économie et forcer la fin de l’occupation des territoires Wet’suwet’en.

Le 2 mars dernier, le checkpoint Gidimt’en sur le territoire Wet’suwet’en a publié une vidéo appelant à la poursuite des actions de solidarité, demandant à leurs allié-es de garder la pression et rappelant qu’aucun accord n’a été conclu au sujet du pipeline de Coastal GasLink.

Nous sommes ici en support aux Wet’suwet’en, inspirés par les gardiens et gardiennes du feu qui ont tenu un blocage ferroviaire pour plus de trois semaines à Kahnawake. Alors que cette barricade a été démantelée volontairement le 5 mars dernier, les gardiens et gardiennes du feu ont déplacé leur feu sacré et affirmé qu’ils et elles étaient prêt.e.s à effectuer de nouvelles actions si nécessaire, compte tenu de l’occupation continue du territoire par CGL et la GRC.

Ceci est un moment crucial pour agir. Nous sommes ici pour envoyer un message clair, soit que les populations partout au « Canada » continuent de garder leurs yeux rivés sur Wet’suwet’en. Nous savons que la tentative d’accord conclue entre le gouvernement et les chefs héréditaires la semaine dernière n’inclut pas le retrait de CGL de leur terroire, leur principale demande. Tyendinaga, Kahnawake, Listuguj ont tenu des blocages pendant de longues semaines. Nous comprenons qu’il s’agit maintenant d’un moment pour reprendre des forces et préparer les luttes à venir. Aux settlers qui vivent à Tiotià:ke ou ailleurs: c’est un moment où notre solidarité est plus que jamais nécessaire.

Alberta : Rapport sur le sabotage de pipelines derrière les lignes ennemies

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Mar 052020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

avant le lever du soleil, au petit matin du 20/02/2020, nous avons effectué une action directe contre l’infrastructure d’un oléoduc à Acheson, Alberta

scandalisés par l’invasion du territoire Wet’suwet’en par les Reactionary Colonial Mounted Pigs (GRC) et en solidarité avec les Secwepemc nous avons mis hors service un tronçon d’oléoduc que l’État klanadien (financeurs de ce projet) avaient laissé vulnérable

la solidarité signifie l’attaque

« souriez pour la caméra, les gars » a crié le garde de sécurité à nos trousses
même si la caméra n’a pas pu le capturer, nous souriions sous nos masques
« La joie s’arme »

nous espérons dissiper une grande partie de la peur qui entoure actuellement la résistance
cela fait maintenant plusieurs semaines que nous avons attaqué directement une grande entreprise
aucun signe de répression policière
il y a beaucoup d’autres personnes vivant dans cette colonie qui sont prêtes et disposées à agir
ni les porcs ni les groupes réactionnaires ne peuvent arrêter le sabotage
n’attendez pas l’autorisation
frappez fort alors que votre ennemi n’est pas préparé
trouvez vos amis et agissez avec joie !
Kenney a dit que nous sommes dans un état d’anarchie, prouvez-lui qu’il a raison!
des guides en ligne enseignent le sabotage

Agissez spontanément, mais faites vos devoirs
nous avons cassé notre mèche de forage en perçant le tube d’acier
ces entreprises publient des rapports d’ingénierie complets que l’on peut trouver
sur leurs propres sites web
étudiez-les et utilisez les matériaux appropriés
il convient de mentionner l’existence d’une technologie de surveillance du périmètre
il y avait un épais câble noir le long du périmètre clôturé
autour du site de stockage des matériaux
il est également possible que ces câbles de détection se trouvent sous la surface du sol ce capteur de périmètre a peut-être renseigné le garde ou il nous a peut-être trouvé en raison du bruit que nous avons fait ou par hasard mais la réponse fut immédiate et impuissante

Cette action a été menée pour soutenir tous les défendeurs et défendeuses des territoires
Les Mohawks qui affirment constamment leur autonomie
les Zapatistes et autres indigènes dans le sud du Mexique
les forces démocratiques du Rojava
les pirates de Somalie
d’innombrables tribus de l’Amazonie
les Mapuche au Chili
la Nation Sioux de Standing Rock
les Quechua, Guarani, Aymara de Bolivie
les Anishinaabe du Minnesota
les féministes au Mexique
les mineurs de charbon redneck des Appalaches
les rebelles d’Haïti
les agriculteurs de la Z(A)D
aux nombreuses nations qui habitent les lieux de rencontre des collines du castor

Beaucoup ont fait des efforts pour se réconcilier avec le klanada
le colonialisme systématique n’a offert en retour qu’un manque de respect,
la réconciliation est désormais morte
pour #shutdowncanada les revendications territoriales coloniales doivent être contestées partout
à côté des luttes actuelles dans la dite C.-B.
la totalité du klanada est illégitime et l’insurrection devrait avoir lieu partout

Un autre monde est possible !

– vos amis en amiskwaciywaskahikan

Hamilton Update : Nouvelles sur les arrestations et conseils pour rester en sécurité lors des prochains blocages

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Mar 032020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

Plusieurs arrestations se sont produites à Hamilton, en Ontario, suivant le blocage de voie ferrée ayant récemment eut lieu en réponse au raid mené par l’OPP à Tyendinaga. La police s’est emparée des gens sur leur lieu de travail ou dans leurs maisons, totalisant cette fois quatre arrestations. Ces gens sont encore en ce moment détenu.es et comparaitront en Cour pour leur remise en liberté conditionnelle dans les deux prochains jours (Ndt : cet article date du 27 février). Bien que malencontreux et enrageant, rien de tout ça n’est surprenant. Au cours du dernier mois, de multiples vagues de blocages et d’actions de solidarité ont balayé le pays, causant d’incalculables dommages économiques et exposant en pleine lumière le Canada et son traitement des communautés autochtones. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’état ne réponde avec force et ne commence à arrêter les personnes impliquées. Considérant la multiplication des arrestations dans différentes villes, cette semaine semble avoir été un moment charnière à cet effet.

Le contrecoup de la résistance est la répression, celle-ci étant une tactique standard utilisée par l’État lorsqu’il se sent menacé. L’histoire des mouvements sociaux et des mouvements de libération est parsemé d’innombrables exemples de ce genre. Les arrestations et le harcèlement policier sont utilisés non seulement pour cibler des individus spécifiques, mais aussi, de manière plus critique, pour insuffler la peur chez les gens de manière plus générale et, ce faisant, étouffer l’action. Il est crucial que nous ne laissions pas cela se produire. La meilleure réponse à la répression étatique est de la rendre, en tant que stratégie, la plus inopérante possible. Ce n’est pas le moment de laisser cette intimidation freiner l’action, il est plutôt temps de nous pousser collectivement à être brave et à continuer d’agir. Certaines personnes décideront peut-être de continuer d’utiliser les mêmes tactiques, d’autres décideront peut-être de changer de cap et d’essayer de nouvelles façons de faire en réponse au contexte changeant. Dans tous les cas, la clé est de continuer d’être en lutte et de ne pas laisser la flame de la rébellion s’éteindre.

En rapport avec le thème de l’action, nous voulions dire quelques mots sur le risque. Bien que le risque soit une réalité omniprésente, il est loin d’être universel et les niveaux de risque sont très différents d’une personne à l’autre. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à des actions à travers le pays et seulement une infime proprotion s’est fait arrêter. Il y a une force dans les nombres, et la portée de cette lutte a créé un context dans lequel il serait difficile (et probablement très défavorable du point de vue de l’opinion publique) de faire des arrestations de masse. Dans le cas de Hamilton, seules des personnes très particulières ont été arrêtées. Elles sont, dans l’ensemble,  »les suspect.es habituel.les » pour la police de la ville. Ces personnes, qui sont très visibles dans leurs politiques et pratiques antagonistes, sont déjà connues (et fréquemment surveillées et harcelées) par la police de Hamilton et font face à d’autres charges criminelles, d’autres conditions et/ou viennent de conclure d’autres dossiers avec la Cour. Tout cela pour dire que, si vous êtes une personne qui auraient participé au blocage et que vous êtes inquiet.ète, l’arrestation de ces personnes n’est présentement pas une indication que la police effectuera une vague d’arrestation à travers la ville. Ceci étant dit, c’est un bon moment pour réfléchir à nos pratiques et à la réduction des risques qui y sont associés.

Nous encourageons fortement les gens, par exemple, à se masquer lorsqu’ils.elles participent à ce genre d’activité. Se masquer et dissimuler le plus possible son identité diminue beaucoup les riques au niveau personnel mais aide aussi à garder les gens autour de nous plus en sécurité. Plus il y a de gens masqués, plus il est difficile d’identifier des individus dans une foule. Et ceci ne se limite pas à la répression étatique. En plus de la police qui prend des photos et des vidéos lors des actions, il n’est pas exceptionnel que des gens de différents groupes de l’extrème droite se déplacent pour tenter de prendre des photos des gens immpliqués. Se faire doxer en ligne, en plus d’être très désagréable, est une menace tout aussi dangereuse que de se faire arrêter. Alors masquez vous! vous vous remercierez plus tard.

Finalement, si d’autres se font cibler ou se font arrêter, sachez qu’on vous soutient. Ne parlez pas à la police sous aucune circonstance, demandez de parler à un avocat, et attendez. Vous ne ferez pas face à la répression seul.e et vous serez supportez à travers le processus. Pour le meilleur ou pour le pire, nous avons accumulé pas mal d’expérience sur la répression, et nous sommes bons.bonnes à la gérer. Nous sommes une grappe résiliente et nous vous aiderons à travers toute période difficile. Il n’y a rien d’amusant dans la répression, mais c’est totalement survivable. C’est quelque chose qui dans le long terme peut nous rendre plus fort.e plutôt que plus faible.

On se voit au prochain blocage ;)

Ressources utiles (en anglais)

Au sujet de se masquer et de dissimuler son identité
https://crimethinc.com/2008/10/11/fashion-tips-for-the-brave

Au sujet de la culture de la sécurité
https://north-shore.info/2019/11/05/confidence-courage-connection-trust-a-proposal-for-security-culture/

Au sujet de beaucoup de choses
https://the-tower.ca/

Blocage des rails du CN à Rosemont

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Mar 012020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

De nouveaux blocages ont surgit au coeur même de Montréal cet après
midi, une fête est organisée pour les supporter au Champ-des-possibles.
Plus d’une centaine de personnes sont actuellement présentes et de plus
en plus de gens s’y joignent. Dans le cadre de la nuit blanche, les
festivités montréalaises sont détournées pour réaffirmer la souveraineté
territoriale wet’suwet’en et dénoncer le projet de pipeline Coastal
Gaslink.

En direct de ces festivités ferroviaires, Chantale Simard déclarait :
« La situation est très simple: le Canada retrouvera son calme colonial
quand le gouvernement de Trudeau écoutera les chefs traditionnels et
abandonnera son ridicule projet de pipeline ». S’arrêtant de dancer
quelques instants pour s’exprimer calmement, Juan Tremblay-Cortez
affirmait : « Nous sommes ici en tant que protecteurs et protectrices de
l’eau et de la terre. L’appel a été lancé partout, ceux et celles qui
ont à coeur les territoires et la vie qu’ils rendent possible doivent
agir par tous les moyens et bloquer ponts, ports, routes et rails. À la
télévision ils ont dit : partout, maintenant! »

Mashteuiatsh : Plus de 100 personnes manifestent en appui aux Wet’suwet’en et contre GNL Québec

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Fév 272020
 

Du Collectif Emma Goldman

Plus d’une centaine de personnes, Autochtones et Allochtones ensemble, ont manifesté hier à Mashteuiatsh, avec un fort soutien de la communauté. Ce rassemblement se voulait en appui à la lutte des Wet’suwet’en, qui se battent contre le passage d’un gazoduc (Coastal GasLink) sur leur territoire, mais également en opposition au projet de GNL Québec de faire passer un gazoduc sur les territoires ancestraux de plusieurs peuples Autochtones dont les Innus, les Atikamekws et les Anishnabeg. Selon les organisatrices et l’organisateur de la manifestation, ces luttes ont en commun la défense de la Terre Mère. En entrevue avec Le Quotidien, Paul Basilish, un aîné de la communauté, a affirmé : « Entre autochtones, on doit se tenir ensemble. On ne doit pas sacrifier notre territoire pour créer des jobs pour une génération. Je veux laisser un territoire en bonne santé à mes petits-enfants [1] ». Une dizaine de personnes ont simultanément manifesté à l’Anse-Saint-Jean, répondant à un appel du Collectif Bas-Saguenay pour s’opposer au projet de GNL Québec.

Le projet d’une usine de liquéfaction du gaz naturel à La Baie, d’un immense gazoduc traversant une grande partie du Québec et de transport du gaz par bateaux sur le Fjord du Saguenay, comme les autres grands projets, continue de soulever une vive opposition, malgré l’intense lobbying de ses promoteurs et de leurs allié-e-s. Alors que l’opposition est actuellement accusée de « polariser » le débat avec de maigres moyens de communication et quelques actions de sensibilisation, qui demeurent pour l’instant symboliques et non perturbatrices, les promoteurs bénéficient de l’action audacieuse et très partisane des élites régionales qui tentent de faire avancer le projet et de balayer l’opposition dans un déni de représentativité (une forme de bâillon light). Il est plus que jamais nécessaire de le nommer : la quête de « l’opinion publique » offre un piège clair et net pour les opposants et opposantes aux grands projets. L’exemple de la lutte des Wet’suwet’en est là pour nous éclairer davantage. Notre seule chance de se faire entendre et de faire échouer ceux-ci est de redoubler d’audace dans des actions qui auront un impact direct sur les parties prenantes au dossier ou qui dresseront les projecteurs sur leurs choix ignomieux. Ces actions, sous le prisme déformant des médias de masse et de leurs commères éditorialistes, pourront certes choquer quelques belles mères et mononcles, baignant depuis trop longtemps dans les litanies de la droite ambiante. Elles forceront néanmoins les promoteurs, élu-e-s, actionnaires et compagnies à remettre en question leurs plans, leurs investissements et les possibilités d’entreprendre ces grands projets dans nos milieux de vie. L’action directe peut en définitive nous redonner un contrôle (sans intermédiaire) sur nos vies.

La réconciliation est morte: proposition stratégique

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Fév 252020
 

Soumission anonyme à North Shore Counter-Info

LA RÉCONCILIATION EST MORTE

par tawinikay
(aka Southern Wind Woman)

La réconciliation est morte. Elle est morte depuis un certain temps.

Si une seule chose m’a apporté de la joie ces dernières semaines, c’est ce qui a commencé lorsque les matriarches de Unist’ot’en ont brûlé le drapeau canadien et ont déclaré la réconciliation morte. Comme une traînée de poudre, cette déclaration a traversé le cœur des jeunes aux travers des territoires. De leur bouche, les dents dénudées, ils ont fait écho : « la réconciliation est morte ! la réconciliation est morte ! » Leurs yeux sont plus aiguisés à percevoir une vérité que beaucoup de nos aînés ont été trop timides pour nommer. L’ère Trudeau de la réconciliation a été une farce dès le début. Elle a toujours été plutôt destinée aux colons canadiens qu’aux autochtones.

« La réconciliation est morte » est un cri de guerre.

Cela signifie que la pression pour respecter notre part du marché est terminée. La jeune génération a jeté les menottes au sol. Nous entrons peut-être dans une nouvelle ère, où le militantisme remplace la négociation et la contestation juridique. Une époque où nous commençons à nous soucier moins du jugement juridique et moral du colonisateur et plus de nos responsabilités.

Critiquer la réconciliation, ce n’est pas faire honte aux anciens et aux personnes qui ont participé à la Commission Vérité et Réconciliation, c’est attaquer un gouvernement qui a profité de ce moment de vulnérabilité pour renforcer son image globale. Je l’ai déjà dit et je le répète, je ne blâme pas notre génération âgée d’espérer un avenir plus pacifique. Ceux qui ont vécu l’horreur des pensionnats et le scoop des années 60, les jours d’autorisation de circuler et les abattages de chiens de traîneau ne pouvaient que souhaiter une vie meilleure pour les générations à venir. Il est de la responsabilité de ces jeunes générations de se lever et de dire que ce qui leur est offert n’est pas suffisant. C’est à nous de dire que nous préférons encore cent ans de lutte plutôt que d’accepter la douce assimilation qui nous est offerte. C’est à nous de remercier nos aînés pour leur service et de nous tourner ensuite vers les lignes de front avec nos plumes, nos tambours et nos poings.

Parce que les idées seules ne changent rien. C’est un mensonge libéral. Il faut que les mots soient supportés par l’action pour faire la différence. Cette action doit être entreprise ensemble. Ni les idées ni la pratique ne sont créées par les individus. Tout ce qui est écrit ici est le résultat de discussions et d’interactions avec d’autres défenseurs des terres, des amoureux, des anarchistes, des mères, des enfants et des résistants. Nous devons être responsables de ce que nous disons tout en reconnaissant que le savoir est créé par les communautés. Il faut toujours voir les choses de cette façon afin de subvertir la hiérarchie, de ne jamais permettre qu’une personne soit élevée au-dessus d’une autre.

Ce qui est écrit ici vous appartient donc à tous. Prenez-le et faites-en ce que vous voulez.
Discutez. Défendez-le. Dénoncez-le. Faites-en votre affaire.

Oubliez les règles.

Le Canada est un État colonial. Il existe pour gouverner un territoire et gérer les ressources de ce territoire. Ce n’est ni plus ni moins que ça. Il a fait un excellent travail afin de convaincre ses citoyens qu’il défend quelque chose, quelque chose de bon. C’est ainsi qu’il maintient sa légitimité. Le mythe national de la politesse et de la civilité gagne le soutien des électeurs. Il a été soigneusement construit au fil du temps et il peut être déconstruit. En fait, les règles du Canada changent tout le temps. J’écrirais bien davantage à ce sujet, mais la vérité est que je ne pourrais pas faire mieux que ce que j’ai récemment découvert en ligne. @Pow_pow_pow_power a récemment écrit ce qui suit :

Les gouvernements des colons ont inventé les règles au fur et à mesure depuis le début de leurs invasions. Alors que chaque génération lutte pour s’éduquer au respect des règles, ils les ignorent et font ce qu’ils veulent quand ils veulent. Cela ne devrait pas être une surprise. Il en a toujours été ainsi parce qu’ils se placent au-dessus de tout – des autres personnes, de nos frères et soeurs animaux, de l’équilibre de la nature et certainement de « ce qui est juste ». Les lois ont toujours été adoptées pour légitimer leurs caprices et leurs intérêts en tant qu’intentions de dirigeants apparemment rationnels, et pour nous garder soumis à leurs besoins.

Nous vivons actuellement à une époque où nos structures impérialistes se sont montrées très soucieuses de paraître ordonnées et civilisées aux yeux des autres régimes de pouvoir afin de cultiver un sentiment de supériorité. C’est pourquoi la violence à laquelle nous nous sommes habitués ne prend plus la forme de massacres, de tortures publiques et d’exils, mais de raids nocturnes et de disparitions, de criminalisations et de l’enfermement dans des systèmes de négligence. Elle est devenue plus dépendante de la violence structurelle et de l’effacement que de la violence directe, et donc plus insidieuse. L’insidieux est plus efficace et plus difficile à identifier comme source d’injustice.

C’est pourquoi, lorsque nous les abordons, dans la légalité, la paix, la rationalité, l’équité et la douceur, avec autant de grâce et de calme que possible, nous sommes facilement rejetés avec des sourires blancs polis de « meilleures intentions », de « regrets les plus profonds » et de « nous faisons de notre mieux », en fait « nous faisons mieux que la plupart ». Et lorsque nous insistons, plus fermement, plus passionnément, plus justement, la réponse des gouvernements des colons est aussi claire que nous le voyons maintenant : « Pourquoi ne pouvez-vous pas simplement obéir ? »

Les Canadiens veulent croire que la violence coloniale est une chose du passé, donc le gouvernement la leur cache. C’est pourquoi la GRC n’autorise pas les journalistes à les filmer alors qu’ils lancent leurs chiens sur les femmes qui défendent leurs terres. C’est pourquoi ils s’en tireront à bon compte.

Le temps est venu d’arrêter de chercher la justice dans le droit des colons.

Pour les peuples autochtones du Canada, il est impossible d’éviter la violence que nous inflige l’État. Lorsque nous levons le poing et que nous ripostons, c’est toujours un acte d’autodéfense. Toujours. S’engager dans la non-violence ou le pacifisme face à un ennemi violent est une chose dangereuse. Pourtant, essayer d’éviter d’utiliser la violence jusqu’à ce que cela soit absolument nécessaire est un principe noble. Un principe qui porte en lui le plus d’espoir pour un nouvel avenir. Mais que signifie la violence pour l’État colonisateur ?

Pour eux, prendre d’assaut un territoire avec des armes à feu et en retirer ses occupants légitimes, ça, ce n’est pas violent. Raser les sommets des montagnes ou les forêts coupées à blanc, ou aspirer le pétrole du sol pour ensuite le brûler dans l’air, ce n’est pas violent. Confiner des poulets, des cochons et des vaches dans de minuscules caisses, sans leur permettre de voir la lumière du soleil, en les utilisant comme des machines à manger, ce n’est pas violent.

Mais briser une fenêtre d’un bureau du gouvernement…
Cela va trop loin.

Il est temps que nous voyions leurs lois pour ce qu’elles sont : imaginaires et hypocrites. Les lois sur les colons existent pour protéger les colons. Nous ne sommes pas des colons. Nous sommes Michif. Nous sommes Anishinaabek. Nous sommes Onkwehón. Nous sommes Nêhiyawak. Nous sommes Omàmiwininì. Nous sommes Inuits. Nous sommes Wet’suwet’en. Alors pourquoi continuons-nous à faire appel à leurs lois pour notre légitimité ?

À chaque fois, les communautés dépensent des centaines de milliers de dollars pour contester les droits fonciers. La Première nation Chippewa of the Thames a utilisé l’argent gagné dans le cadre d’une revendication territoriale pour lancer une contestation judiciaire contre le Canada disant qu’ils n’ont jamais été consultés de manière appropriée, et qu’ils n’ont pas consenti à ce que le pipeline de la ligne 9 traverse leur territoire. La Cour suprême s’est prononcée contre eux, affirmant que les peuples autochtones n’ont pas le droit de dire non à des projets industriels sur leurs territoires. La ligne 9 est toujours opérationnelle. Les Wet’suwet’en ont sans doute remporté la plus importante contestation judiciaire de l’histoire du Canada. Le verdict Delgamuukw a vu les tribunaux reconnaître que le territoire des We’suwet’en n’est pas cédé, qu’ils détiennent le titre et la juridiction légale, et pourtant, regardez comment le Canada honore cela. Ce n’est pas avec des victoires juridiques que nous gagnerons notre terre et notre dignité. Le Canada se soucie aussi peu du droit canadien que du droit autochtone…

Il en va de même pour les Nations unies et leur précieuse UNDRIP. Nous avons vu que l’État adoptera les principes de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et les interprétera en fonction de leurs besoins. Ce document stipule que les gouvernements et les entreprises doivent obtenir un consentement préalable, libre et éclairé pour s’engager dans des projets sur leurs territoires. La Colombie-Britannique l’a adopté et, pourtant, proclame que cela ne signifie pas qu’ils doivent obtenir le consentement des Wet’suwet’en. Le consentement ne signifiera jamais réellement le droit de dire non. Et l’ONU n’a aucun moyen de le faire respecter.

Le temps est passé pour les contestations judiciaires devant leurs tribunaux qui ne font que drainer nos ressources et nous ralentir. Je rends hommage aux parents et aux ancêtres qui ont tenté de trouver une solution pacifique, qui ont fait confiance aux bonnes intentions des autres humains. Mais les colons ont prouvé que les options pacifiques qu’ils nous ont offertes sont des mensonges. Trompez-nous une fois, honte à vous.

Il ne s’agit plus seulement d’Unist’ot’en.

Il s’agit de nous tous. D’un jour à l’autre, la GRC pourrait tenter d’intervenir et d’expulser le blocus ferroviaire de Tyendinaga. Je suis solidaire avec eux autant qu’avec les Wet’suwet’en. Il ne s’agit pas seulement de faire reculer le gouvernement et ses hommes de main militarisés à Unist’ot’en et Gitdum’ten, il s’agit aussi de les amener à desserrer leur emprise sur nous tous. Il s’agit de proclamer la mort de la réconciliation et de reprendre notre pouvoir.

Cela ne veut pas dire que nous devons oublier Unist’ot’en et les abandonner au moment où ils ont le plus besoin de nous. Il s’agit d’une proposition visant à élargir notre champ d’action afin que nous ne perdions pas notre élan vers l’avant si ce qui se passe à l’Ouest ne répond pas à nos rêves les plus fous. Il s’agit d’élaborer un récit plus fort.

Cela signifie que nous devrions réfléchir avant de prétendre que les Wet’suwet’en ont le droit à leur terre parce qu’elle n’est pas cédée. N’avons-nous pas tous droit à la terre volée à nos ancêtres ? Pour qu’une terre soit non cédée, cela signifie qu’elle n’a jamais été vendue, cédée ou perdue par conquête. La Proclamation royale de 1763 a exhorté le Canada et le Dominion à ne s’approprier des terres que par la conclusion d’un traité. C’est ce que les agents du Canada ont entrepris de faire. Ils ont continué à conclure des traités sur tout le continent, parfois en mentant sur le contenu des traités à des ancêtres qui ne parlaient pas anglais, parfois en trouvant celui qui signerait le traité sans se soucier de savoir si cette personne agissait avec le soutien de la communauté. Après la signature du dernier traité, le Canada a interdit aux Indiens d’engager des avocats pour contester les revendications territoriales. Et ils ont ensuite volé le reste de ce qu’ils voulaient. Ils ont continué à inonder les terres avec des colons jusqu’à ce que les peuples autochtones ne disposent plus que de 0,2 % des terres qu’ils protégeaient et sur lesquelles ils vivaient.

Je n’ai que faire d’en appeler à la légitimité d’un territoire non-cédé. Toutes les terres ont été volées. Le Canada ne possède de juridiction sur aucune de celles-ci, parce que tous les accords conclus pour les acquérir ont depuis été brisés.

On peut adresser la même critique à l’idée que la gouvernance héréditaire est le seul vrai leadership des peuples autochtones. Je ne suis pas pour les conseils de bandes. Mais c’est important de comprendre que plusieurs de nos relations ont perdu le système héréditaire qui nous a jadis aidés à bien vivre. Nous devrons raviver notre gouvernance. Nous pouvons nous inspirer des formes du passé et nous pouvons aussi en inventer de nouvelles. Toutes les formes d’organisation choisies librement sont légitimes. Notre légitimité ne sort pas de la bouche de nos leaders, mais elle réside dans notre connexion au territoire et à l’eau, ainsi que dans notre engagement à nos responsabilités envers toute la vie, celle d’aujourd’hui comme celle des générations à venir.

Tout ceci peut constituer une bonne chose, si nous l’acceptons ainsi. C’est insensé de croire que nous n’avons pas changé et évolué en 300 ans. De toute façon, nos systèmes se seraient transformés. Voilà une opportunité de combiner de nouvelles et belles idées avec les traditions et les cérémonies ancestrales des anciens, des communautés spirituelles où la hiérarchie est subvertie et le genre est libéré!

C’est le moment de tout renverser.

Le Canada a toujours eu peur que prenions notre pouvoir en mains. La réconciliation a été une distraction, une carotte agitée devant notre nez, une ruse pour que nous nous comportions bien. Le moment est venu de leur montrer à quel point nous voyons clair. Être déterminés et assurés ne veut pas dire ne pas avoir peur. Les temps qui arrivent sont dangereux. Dire : « Je n’obéirai pas », c’est dangereux.

La première chose à faire est d’arrêter de nous poignarder dans le dos entre nous. Siégez au conseil de bande si vous le voulez, mais que ça ne vous monte pas à la tête. Ne vous percevez jamais plus qu’un serviteur, un distributeur d’argent et quelqu’un qui fait respecter la loi. Ce n’est pas parce que vous êtes élu que vous avez gagné le respect de votre communauté. Ça ne fait pas de vous un aîné. Laissez-moi prendre le temps de lancer un gigantesque fuck you aux nations Métis qui ont signé les accords de pipeline parce qu’elles étaient si heureuses que le gouvernement les considère autochtones. Les Métis n’ont pas de droits de territoire en Ontario et continuent de signer des accords comme si c’était le cas, en poussant les nations autochtones qui ont réellement un territoire à se jeter sous un train. Laissez-moi étendre ce « fuck you » aux nations autochtones qui ont signé les accords de pipeline et restent en silence alors que leurs relations se font attaquer pour protéger l’eau. Ou encore pire, qui donnent des entrevues avec des lobbyistes pro-pétrole et des médias conservateurs en dénigrant les défenseurs de la terre dans leur entourage. Ne voient-ils pas comment les Canadiens dévorent leurs mots et salivent en constatant notre division, et l’utilisent pour dénigrer notre manière de vivre? Je n’excuse pas les attaques contre nos pairs qui ont perdu le chemin rouge, mais nous devons trouver une façon de les rallier à nous. Tout le monde n’est pas obligé d’être sur la ligne de front dans sa communauté, mais on devrait au moins refuser de coopérer avec le gouvernement colonial et les entreprises à son service.

La deuxième chose que nous devons faire, c’est agir. Mais nous ne devons pas nous limiter aux actions qui demandent le retrait policier du territoire Wet’suwet’en. Le gouvernement fédéral mène le bal; pas seulement à Unist’ot’en mais à tous les niveaux où des autochtones sont opprimés à travers le territoire. Toute attaque contre l’État canadien est une action de solidarité. Solidarité encore, toute affirmation de la souveraineté autochtone.

C’est le moment de commencer l’occupation dont vous rêvez.

Un bout de votre territoire a été annexé? Reprenez-le. Un nouveau pipeline doit être construit dans votre cour? Bloquez le chemin. Des propriétaires de chalets souillent le lac près de votre communauté? Donnez-leur un avis d’expulsion et installez un campement. Sabotez les fermes aquacoles qui tuent les saumons. Détruisez le barrage qui bloque la rivière. Jouez avec le feu.

Lorsqu’on canalise tous nos espoirs et nos rêves de lutte vers un même endroit, on va tout droit à l’épuisement avec le cœur brisé. Luttons pour le peuple Wet’suwet’en, oui! Mais honorons leur courage et leurs actes en les laissant nous inspirer à faire de même. Luttons pour eux en luttant pour le manoomin, les milieux humides et les grizzlis.

Choisissez bien vos complices. Les libéraux qui reconnaissent qu’ils sont en terres volées ont souvent trop investi dans ce système pour le voir changer réellement. Les communistes imaginent un système sans un Canada capitaliste, mais ils veulent un État communiste, qui aura inévitablement besoin de contrôler le territoire et de l’exploiter. Construisez des liens de confiance avec des ceux qui veulent la destruction de l’État pour que des communautés autonomes prennent place et pour restaurer l’équilibre entre les humains et toutes nos relations. Choisissez ceux qui écoutent plus qu’ils ne parlent, mais pas ceux qui feront tout ce que vous leur direz sans réfléchir. Ceux-là sont motivés par la culpabilité. Trouvez ceux dont le feu intérieur brûle pour un monde plus sauvage et plus juste. La plupart sont anarchistes, mais pas tous. Et tous les anarchistes n’ont pas un bon esprit.

La création d’un champ de bataille à plusieurs fronts divisera leurs énergies. Les blocages de chemins de fer fonctionnent! Si les sabotages ferroviaires nocturnes, les fils de cuivre et les blocages continuent et se multiplient, cela entraînera l’arrêt de tout le trafic ferroviaire dans cette terrible économie. Plus il y en aura, mieux ce sera. Ne le faites pas que pour les Wet’suwet’en, faites-le pour les rivières et les cours d’eau qui sillonnent sous les rails. Faites-le pour les ancêtres qui ont vu ces chemins de fer envahissants annoncer leur disparition.

Et comme le dit cette critique venant de Montréal : ne vous organisez pas en vue d’une arrestation intentionnelle et symbolique.

S’ils viennent exécuter une injonction, déplacez-vous vers une autre partie du chemin de fer.
S’ils arrivent avec une deuxième injonction, bloquez l’autoroute la plus importante dans les environs.
S’ils arrivent avec une troisième injonction, déplacez-vous vers le port le plus proche.
Restez en liberté et soyez féroce. Les gens d’Unist’ot’en et de Gidum’ten n’ont pas eu cette option, mais vous, vous l’avez. Anticipez leur prochaine intervention et gardez une longueur d’avance.

C’est un moment parmi bien d’autres. Nos ancêtres ont été habiles, parfois dans l’attente silencieuse, parfois en luttant, tout en continuant de transmettre secrètement nos cérémonies et nos histoires. Je les honore autant que je vous honore maintenant. Nous sommes encore ici grâce à eux, et nos enfants et nos petits-enfants seront encore là grâce à nous. N’oublions jamais qui nous sommes. Luttons avec cérémonie.

Je suppose que ceci est une proposition d’adopter une stratégie d’anarchisme autochtone, ici, sur l’Ile de la Tortue. Un rejet des tactiques qui demandent des choses à des gens puissants et un retour à la fabrication d’une multitude de solutions locales et diverses. C’est un rejet du style d’organisation à la Idle No More. Ne reproduisons pas les erreurs du passé (pour une critique détaillée d’INM, voir https://warriorpublications.wordpress.com/2012/12/12/idle-no-more-speak-for-yourself/ , et pendant que vous y êtes, lisez tout le reste). C’est un appel à choisir nos propres leaders et à créer une gouvernance qui refuse la hiérarchie. C’est une demande qu’on rejette la réconciliation et qu’on aille vers une revendication militante. L’idée d’un anarchisme autochtone est encore jeune. Écrivez-moi à ce sujet.

Ceci est un de nos moments. Faisons en sorte que ce ne soit pas qu’une demande de quitter Unist’ot’en, mais une demande de quitter tout le territoire. L’idée n’est pas que CGL cesse de faire de l’argent, mais de dénoncer le rôle même de l’argent. Ce moment parle de la colonisation partout. Ce moment nous concerne tous.

Aux colons qui vont inévitablement lire ce texte.

Ce qui est écrit ici vous concerne aussi. Pas dans le sens de : « Soulevez-vous et reprenez vos terres ». Ça, ça a déjà été fait.

Mais je lis les messages des récits d’actions et les médias, et je vous vois tomber dans toutes sortes de vieux pièges. Vous n’êtes pas seulement un rouage dans la machine de la solidarité. Vous pouvez aussi entreprendre des luttes dans votre ville. Souvenez-vous du Two Row: vous pouvez mener des batailles parallèles vers les mêmes objectifs.

J’ai entendu plusieurs aînés dire que nous ne gagnerons pas cette bataille seuls, et c’est certainement vrai. Merci pour les façons dont vous avez attaqué l’économie et l’État. Merci d’avoir répondu à l’appel. Maintenant, prenez ces réflexions et faites-en ce qui vous plaira.

Vous aussi devriez chercher des moyens de défendre le territoire et l’eau là où vous vivez. Chercher les manières de miner et d’affaiblir le pouvoir du gouvernement sur ces terres. Ne vous découragez pas si la GRC ne quitte pas Unist’ot’en. Ce n’est qu’une bataille parmi d’autres. Ce n’est qu’un début. Ne tombez pas dans le piège de faire appel aux lois canadiennes ou internationales.

Voyez-vous tels que vous êtes, telle qu’est votre communauté. Agissez de manière à créer un monde où la réconciliation est possible, un monde dans lequel les vôtres redonnent les terres et vous démantelez l’État canadien centralisé. Ne romantisez pas les autochtones avec qui vous vous organisez. Ne croyez pas que vous ne pouvez pas questionner leur jugement, ou choisir de vous organiser avec certains plutôt que d’autres. Trouvez ceux qui gardent une flamme vive dans le cœur, ceux qui préfèrent continuer à lutter plutôt qu’accepter la carotte de la réconciliation. N’agissez jamais par culpabilité et par honte.

Et ne vous laissez pas croire que vous pouvez transcender votre colonialisme en faisant du travail de solidarité. Comprenez que vous pouvez et devez trouver vos propres façons de vous connecter à ce territoire. À partir de vos propres traditions, héritées ou créées par vous-mêmes.

Imprimez ce zine et distribuez-le à vos compagnons autochtones [PDFs ci-dessous].
Prenez des risques. Rêvez grand. Poursuivez l’anarchie. Restez humbles.

CE ZINE A ÉTÉ PUBLIÉ PAR APHIKONA DISTRO
Contactez-les à aphikonadistro@riseup.net

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Pour plus de lectures sur le sujet (principalement pour les colons), voyez les derniers écrits de l’auteure – Autonomously & with Conviction: a Metis Refusal of State-led Reconciliation

Montréal – Une boîte signalétique au bord des rails du CN part en fumée

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Fév 252020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Dans la nuit de dimanche à lundi, une boîte électrique de signalement se trouvant aux abords du chemin de fer du CN dans Pointe-St-Charles, a été cramée. Nous espérons que le trafic soit interrompu à nouveau, et cela, le plus longtemps possible. Nous avons ciblé les rails car, non seulement sont-elles les infrastructures coloniales par excellence, mais une grande partie du transport des ressources naturelles transit par les voies ferrée. Nous saluons chaleureusement celles et ceux qui luttent contre l’extractivisme et la domination ; les mines qui détruisent les territoires (et même les mines de lithium, nécessaire à la conception de batteries de voitures électriques), l’exploitation et le transport du pétrole et du gaz naturel, la dévastation des forêts, d’un bout à l’autre du pays. Nous voulons la liberté, la dignité, l’autodétermination et une vie saine, pour tous et toutes sans concession.

Un mini gazoduc de marde pour un financement de projets de marde

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Fév 232020
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

21 février, Saguenay – Dans la nuit de jeudi à vendredi, des membres de la Cellule des abysses ont installé un mini gazoduc rempli de marde devant les bureaux de Promotion Saguenay en plus d’en asperger la devanture. Cette société de « développement » de Saguenay a choisi son camp. Dernièrement, Promotion Saguenay a donné 33 000 $ sur 4 mois à l’ex-députée néodémocrate Karine Trudel afin de payer son salaire de porte-parole du groupe Je crois en ma région. Ce « regroupement » fait de la propagande pour Arianne Phosphate, Métaux BlackRock et GNL Québec.

Comme si cela n’était pas suffisant, Promotion Saguenay a octroyé la somme de 42 000$ à la firme de relations publiques TACT afin que cette dernière accompagne la société de « développement » à faire accepter socialement les grands projets prévus au soi-disant Saguenay-Lac-Saint-Jean. Cette décision a été voté à l’unanimité par le conseil d’administration de Promotion Saguenay. Le directeur-général, Patrick Bérubé, a défendu cette prise de position en déclarant: « Si les projets sont bons économiquement pour notre ville, c’est en partie notre mandat d’en faire la promotion ». En gros, Promotion Saguenay utilise de l’argent public dans le but de faire de la pub pour des compagnies déjà immensément subventionnées par les divers paliers de gouvernement.

GNL Québec, avec à sa tête le milliardaire américain Jim Breyer, n’a pas besoin de plus de fonds pour faire la promotion de son projet écocide. Ses millions et sa poignée de lobbyistes devraient suffire à payer leur propagande et à acheter tous les politiciens nécessaires, du fédéral au municipal. Un des arguments majeurs de GNL Québec est que le gaz naturel liquéfié servira à remplacer le charbon. Rappelons que Breyer est administrateur et actionnaire de Blackstone Group, un immense fonds d’investissements co-propriétaire d’une des plus grosses centrales au charbon des États-Unis. La femme de Breyer, Angela Chao, est à la tête du Foremost Group, une entreprise qui transporte chaque année des millions de tonnes de charbon (en majorité vers la Chine). Les masques tombent et nous continuons à attaquer nos ennemis. Nous avions promis d’autres actions et nous respectons notre promesse. Après Arianne Phosphate et les bureaux de Métaux BlackRock l’année dernière, c’est autour de Promotion Saguenay, organe de financement des grands projets, d’être attaqué. Cette action directe symbolique et ludique est un petit réchauffement avant le printemps. Espérons qu’elle pue au nez autant que les relations incestueuses entre Port Saguenay et Ville Saguenay (Stéphane Bédard est sur le conseil d’administration de Port Saguenay en plus d’être payé comme consultant externe de la mairesse de Saguenay). D’autres actions suivront. Il fallait bien une petite remise en forme!