Montréal Contre-information
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Juin 242015
 

0620_prison_riotleur media – 21/6/2015

Le président du syndicat qui représente les employés du centre correctionnel, Chris Jackel, a dit, sur Twitter, que 45 détenus avaient été impliqués dans l’émeute. Il fait lui-même partie de l’équipe tactique qui est intervenue.

Chris Jackel raconte que des détenus ont endommagé des portes, arraché des téléphones des murs et tenté de casser une porte entre deux sections de la prison de Penetanguishene. Selon lui, ils ont aussi recouvert le sol de savon, de shampoing et de déchets et ont rempli des chaussettes de matières lourdes pour en faire des armes avant que les gardiens utilisent un gaz poivré pour les contenir.

« (Ils) faisaient des dégâts dans les deux ailes, ils essayaient juste de casser le plus de choses possible », dit-il, ajoutant qu’il a fallu six heures aux gardiens pour reprendre le contrôle de la situation.

 

Juin 242015
 

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Vandalisé à cause du nom de son établissement
Leur media – 11/6/2015

Un restaurant montréalais nommé «La Mâle Bouffe» serait la cible de féministes radicales qui ont fracassé une des vitrines et placardé le quartier Hochelaga d’affiches dénonçant l’arrivée de l’établissement.

C’est le 2 juin dernier, à 10 jours de l’ouverture de son restaurant rue Ontario, que le propriétaire a constaté qu’on avait balancé une grande pierre dans la fenêtre de l’établissement, brisant la vitre.

Affichage

Les vandales avaient également placardé des dizaines d’affiches un peu partout dans le quartier sur lesquelles on voyait le logo du restaurant, un homme moustachu avec des tatouages, modifié en femme anarchiste.

Autour du dessin, on pouvait lire: «Quand gentrification et sexisme font ménage. Contre un quartier clean, cher et machiste et contre l’escalade de violence envers les femmes. Réapproprions-nous nos quartiers et reprenons le contrôle de nos rues».

Ainsi, si le phénomène continue, les nouveaux entrepreneurs auront peur de s’installer dans Hochelaga, croit le trentenaire.

Le vandalisme dans Hochelaga est devenu un véritable fléau alors que plusieurs commerçants de la rue Ontario sont régulièrement la cible de vandales opposés à l’embourgeoisement.

«Cette année, on nous a volé des pots de fleurs sur la terrasse, mais ce n’est que le début de la saison. L’an dernier, des vandales ont lancé une brique par la fenêtre et une autre fois, ils ont peint un symbole anarchiste sur la façade extérieure», dénonce une superviseure du restaurant Le Valois, qui a préféré taire son nom.

Des dizaines

Depuis deux ans, plus d’une dizaine d’actes de vandalisme envers des commerçants ont été répertoriés dans ce secteur du quartier Hochelaga.

Par exemple, les vitrines du bistro Bagatelle et In Vivo ainsi que Le Chasseur, maintenant nommé Blind Pig, ont toutes été défoncées à coup de briques.

Il y a un peu moins de deux ans, la devanture du magasin William J. Walter a même été recouverte de peinture jaune à la suite d’une manifestation anti-capitaliste.

«Quelqu’un a mis de la peinture dans un boyau d’arrosage et a aspergé toute la façade du magasin, c’était vraiment embêtant. Ils ont aussi pété un carreau de fenêtre», raconte le gérant du magasin, Benjamin Fallourd.

Juin 132015
 

Briser le Dominion

De l’Appel de l’Est

Le 15 juin prochain deux évènements se croiseront et par là, révèleront la nature du Dominion (du Kanada) et de ses projets pétroliers. D’un côté, une consultation bidon aura lieu à Québec pour gagner la population à la destruction des mondes et de l’autre, dans les jours entourant le 15, le flux de la ligne 9 sera inversé malgré toutes les oppositions, les doutes des scientifiques et le refus des peuples habitant les terres. Une consultation pour justifier et de l’autre, l’incarnation du grand serpent destructeur.

Les États coloniaux kanadiens et kébécois s’engagent dans ce qui leur est commun : la fortification de leur puissance coloniale, celle d’un Dominion s’incarnant dans l’extraction infinie des ressources.

« He shall have dominion also from sea to sea, and from the river unto the ends of the earth » (Psaumes 72:8)

Voilà l’énoncé de domination devant servir de guide aux politiques de l’économie du pétrole : tout est égal devant elles, tout est juste dans la destruction des mondes puisque tout y est réduit en potentiel financier et énergétique.

Mais les résistances sont vivantes et l’Appel de l’Est souffle sur les cœurs de ceux et celles s’opposant aux ambitions destructrices.

En ce 15 Juin, déclenchons les hostilités, lançons l’Appel par des actions de sensibilisation et de perturbation.

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Mai 252015
 

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L’embourgeoisement à l’origine de vandalisme dans Saint-Henri?

Leur media – 01/25/2015

Une nouvelle vague de vandalisme dans le quartier Saint-Henri force le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à ouvrir une enquête. Les vitrines de boutiques de la rue Notre-Dame Ouest, déjà frappées dans le passé, ont été fracassées au cours du week-end.

Coups de bâtons de baseball, jets de boules de billard… Certains commerces ont été violemment pris pour cibles dans la nuit de samedi à dimanche. Il s’agit pour la plupart de boutiques qui avaient déjà été visées ces derniers mois par des militants dénonçant l’embourgeoisement du quartier.

Le commerce d’en face, le salon de barbier de luxe Notorious, est lui aussi une victime récurrente. « On a cassé deux fois la vitre, une fois la porte, la troisième fois, on a mis de l’acide sur la vitre », racontait le copropriétaire Corey Shapiro, en décembre 2014. « Peut-être une fois par semaine, on retrouve du caca devant la porte. », ajoutait-il.

À l’époque, les attaques avaient été revendiquées sur un blogue anarchiste qui reprochait aux commerçants de contribuer, en participant à la revitalisation du quartier, à chasser les pauvres du quartier au profit de jeunes bobos.

« Les travailleurs-euses précaires, sans emploi ou tout autre marginal de la société se retrouvent toujours perdant-e-s dans ce processus de « revitalisation » » — Extrait d’un message qui revendiquait de précédentes attaques en novembre 2014

Leur media – 01/25/2015

La vague de vandalisme observée récemment dans le quartier Saint-Henri inquiète plusieurs commerçants de l’arrondissement montréalais du Sud-Ouest.

Bien que les motifs pour lesquels les vandales ont sévi demeurent inconnus, certaines personnes croient que l’embourgeoisement du quartier pourrait être en cause.

Corey Shapiro faisait une fête, vendredi soir dernier, pour célébrer l’ouverture de son nouveau commerce, lorsqu’une bombe fumigène a été lancée dans la foule. Le commerçant a reçu du gaz poivre au visage. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’un tel acte doit être associé à du terrorisme.

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Dans la nuit de samedi à dimanche, quatre commerces d’une même rue ont été vandalisés. Une dizaine d’individus masqués, vêtus de noir, armés de bâtons et de boules de billard, ont fracassé les vitres.

Cinq jours après les faits, les suspects n’ont toujours pas été arrêtés. Difficile pour le moment d’établir un lien entre les deux événements survenus au cours du week-end ou encore ceux perpétrés par le passé. M. Shapiro estime que ces gestes sont liés à l’embourgeoisement du quartier, de même qu’à l’arrivée de nouveaux commerces.

Mai 012015
 

10-18

Leur presse – journal de montreal, 01/05/2015

Le Centre local d’emploi d’Hochelaga-Maisonneuve a été vandalisé, dans la nuit de jeudi à vendredi, à Montréal, alors que de la peinture blanche et rouge a été lancée sur la façade de l’édifice et que des fenêtres ont été brisées.

C’est un passant qui a communiqué avec le 911 vers 5h40 pour signaler les dommages à l’immeuble de la rue De Rouen. Arrivés sur place, les policiers ont également constaté du «saccage» à l’intérieur, a affirmé le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Jean-Pierre Brabant.

Le service d’identité judiciaire du SPVM a été dépêché sur place pour tenter de recueillir des indices permettant de retrouver le ou les coupables. Il semble qu’aucune caméra ne surveillait les lieux.

9-15

Avr 292015
 

1er MAI au 7 JUIN 2014
Le Festival de l’Anarchie prendra place au mois de mai et durant les deux premières semaines de juin, avec des événements reliés à l’anarchisme, dans plusieurs lieux publics de Montréal. Le Festival de l’anarchie, dans le cadre du Salon du livre anarchiste de Montréal (24-25 mai) est l’un des plus importants événements du genre en Amérique du Nord.
HORAIRE D’ÉVÉNEMENTS

Avr 272015
 

De Groupe de soutien

Chèr-e-s ami-e-s,

Nous vous invitons mercredi prochain, à 9h, à une vigile de soutien pour notre ami incarcéré, qui sera à la cour municipale pour un pro-format (https://www.facebook.com/events/1482937385260314/). Vers la fin de la semaine, celui-ci sera devant un juge de la cour supérieure pour contester la décision de refuser sa remise en liberté conditionnelle en attendant son procès.

Mais ce n’est pas tout à fait l’objet de notre texte. En effet, dimanche le 26 avril, Amir Khadir, député de Québec solidaire, Andrés Fontecillas, président de Québec solidaire et Julius Grey, avocat spécialiste en droit constitutionnel, ont fait un point de presse concernant la détention de notre ami, la qualifiant d’injustifiée. Plusieurs grands médias ont relayé leurs propos. De notre côté, nous considérons que certains points mériteraient d’être clarifiés.

De la récupération politique :

Ce n’est pas nouveau que Québec solidaire mette son nez dans les mouvements sociaux, drainant ainsi les forces vives des mouvements et affirmant que la démocratie représentative peut prendre le relais de la démocratie directe et du rapport de force brut contre l’État, ses institutions et le patronat.

Si aujourd’hui les mots d’Amir Khadir peuvent être analysés comme allant dans le même sens que le mouvement, plaidant en faveur de la remise en liberté de notre camarade, on se rappelle bien que l’expérience a été moins heureuse en 2012. Nous croyons que ce n’est qu’une question de timing politique. À la visée électoraliste de 2012 s’est substitué un désir de faire plaisir à une base militante du parti, ‘l’aile gauche’.
Puisque les élections sont encore loin, pourquoi ne pas en profiter pour augmenter son membership en récupérant un mouvement de grève?

Commençons par un bref retour en arrière. En mai 2012, lors du battage médiatique entourant l’arrestation des personnes accusé-e-s d’avoir
lancé des engins fumigènes dans le métro, Amir Khadir, alors en pleine préparation d’une campagne électorale, a pris position d’une toute autre manière qu’aujourd’hui, en se rangeant derrière la condamnation unanime du parlement à l’égard des gestes posés. Il avait alors déclaré aux médias que «les gens stupides existent (…). Les gens malveillants existent.» et appelait à l’arrestation des suspect-e-s le plus rapidement possible, souhaitant ainsi s’attirer les faveurs de l’“opinion publique”

Plus tard, durant l’été 2012, alors que plusieurs de ses militant-e-s actif-ve-s occupaient des postes élus à la Coalition large de l’ASSÉ
(CLASSE) depuis plusieurs mois, Québec solidaire s’était offert comme alternative parlementaire à la contestation dans les rues après le
déclenchement de la campagne électorale. Ses militant-e-s se sont rué-es vers des postes dans les coordination de campagnes, laissant vacants
des postes clés qu’ils et elles s’étaient jalousement arrogé tout au long de la grève et qui auraient pu jouer un rôle important dans la préparation de la reprise des hostilités à l’automne 2012. Prétextant vouloir laisser la chance au coureur, plusieurs votes de grève générale
illimitée n’ont pas été reconduits et certaines associations étudiantes sont même allées jusqu’à voter des mandats en faveur d’une “trêve
électorale”. Troquer son rapport de force contre une représentation parlementaire a été un pari qui a coûté cher au mouvement étudiant. Le
Parti Québécois, qui a été porté au pouvoir, a pu refiler la hausse par la porte de derrière en coupant dans les crédits d’impôt aux
étudiant-e-s et en indexant les frais de scolarité. Pour ce qui est des gains québecsolidariens, pour emprunter une expression lue ailleurs, il y eut une augmentation significative de 2,3% des votes en faveur de ce parti, ce qui nous amène aux abords d’un changement de régime (!).

Cette fois, lors du printemps 2015, nous avons noté une présence beaucoup moins marquée des militant-e-s de QS dans les activités et
actions de la grève. Peut-être se préparent-elles-ils pour l’automne? Quoi qu’il en soit, nous nous questionnons sur la prétention de Khadir
et de Fontecillas de s’arroger la légitimité d’être les porte-parole de la dissidence politique. Prenons garde, il s’agit là de faux alliés.

Notre prise de position ici, n’est pas à l’effet que leur sortie pourrait nuire à la cause juridique de notre camarade, comme ça été le
cas en 2012 pour les accusé-e-s des fumigènes par exemple, mais plutôt à l’effet que sur le plan politique, notre camarade ne souhaitait pas
jouer le jeu des grands médias, ni être érigé en martyr de la grève. Alors que les représentant-e-s de Québec Solidaire appellent à une
indignation sur la place publique, nous avons plutôt l’impression qu’ils ne font que le jeter en pâture à nos ennemis.

Nous croyons plutôt que nous gagnons comme mouvement à ne pas personnifier le débat, Il s’agit d’un enjeu politique, grave certes, mais qui n’a pas de visage. De plus, le fait de le centrer sur sa personne au lieu d’en faire un enjeu politique peut contribuer à lui faire porter des stigmas et/ou des conséquences individuelles d’un mouvement collectif.

Réflexion sur le groupe de soutien:

Nous ne posons pas ces questions parce que nous pensons que nous aurions dû être mis au courant ou qu’on aurait dû demander notre permission pour organiser une conférence de presse. Nous ne sommes rien de plus qu’un groupe d’ami-e-s. Nous ne sommes pas un groupe décisionnel. Nous posons ces questions parce que nous voulons nous organiser pour défendre sa volonté et le défendre contre des arrivistes qui voudraient se faire du capital politique sur son dos. Ce n’est pas un jeu.

Cela soulève quand même une question que nous devrons approfondir en tant que mouvement… est-ce que le fait de ne pas occuper le terrain des grands médias laisse toute la place aux agent-e-s récupérateur-rice-s? En même temps, nous, on ne voulait pas l’occuper, et notre ami non plus. Nous ne pensons pas que c’est là que doive se passer la lutte. Faut-il alors investir davantage et créer des liens plus fort avec les médias militants et indépendants?

Quoi qu’il en soit, nous appelons à la solidarité active et à l’organisation de soutien pour nos ami-e-s incarcéré-e-s. Il n‘est pas
le premier et ne sera pas le dernier. Mais celle-ci doit rester une solidarité politique de corps-à-corps, affective, de terrain, combative
et non servir à la politique représentative contre laquelle nous nous battons. Nous ne luttons pas contre le système carcéral pour les points
de capital politique que ces luttes peuvent nous donner, mais parce que nous savons au plus profond de nos trippes que cette lutte est juste et nécessaire. Nécessaire en raison de la simple horreur du système carcéral dans son essence, mais aussi parce que nous savons que les prisons attendent nos camarades en lutte contre l’État et toutes les personnes qui ne contribuent pas au bon avancement du capitalisme.

Se réorienter vers le mouvement et la lutte :

Comme tout-e représentant-e du gouvernement, Amir Khadir prend la perspective de l’État et des droits humains. Il crie qu’il s’inquiète
pour la santé de la démocratie et de la perte de confiance dans le système de justice. Cette position est tout à fait normale lorsqu’on ne
peut faire la différence entre les urnes et la rue et qu’on pose ces deux stratégies comme équivalentes. Il n’est pas surprenant de le voir
s’inquiéter que les institutions ne semblent plus répondre à leur fonction prévue dans un État de droits. C’est une position réformiste
tout à fait cohérente. Nous sommes d’un autre avis.

Nous croyons qu’il est temps de passer de l’indignation à l’organisation de la révolte.

Étant de la perspective du mouvement, nous ne sommes pas surprises ou indigné-e-s de l’incarcération de notre ami. Encore moins sommes nous
prêt-e-s à jouer la carte de la démocratie en déroute ou du droit qui serait à préserver des influences des grands médias. Nous savons que
l’État et la justice sont des outils de la classe dirigeante qui ne joueront jamais en notre faveur. En ce sens, nous ne sommes pas
indigné-e-s que « les bandits à cravates qui ont défilé devant la Commission Charbonneau [aien]t droit à toutes les précautions quant au
respect de leurs droits, mais [que] face aux militants politiques, la justice se fa[ssent] expéditive.» Khadir pleurniche que «ceci ne
fa[ssent] pas honneur à notre démocratie» alors que nous savons que le droit n’est que l’institutionnalisation du rapport de force entre deux
classes antagonistes, rapport de force qui penche toujours en faveur des bourgeois et de leurs alliés. Nous pensons qu’au contraire, il faut
s’organiser contre l’État et que le système judiciaire est une trappe de laquelle il faut faire sortir notre ami. Il n’y a pas de lutte à mener à l’intérieur de celui-ci.

Il ne faut pas se terrer, ni être terrorisé-e-s. Il faut s’organiser, rester solidaires, et contre-attaquer. Notre ami est accusé et détenu
pour avoir fait la grève. Ainsi, il a été arrêté en raison d’un contexte politique. Mais si notre ami était en dedans pour vol à l’étalage ou
s’il s’était agit d’une camarade emprisonnée pour s’être défendue contre un-e partenaire violent-e, nous aurions été là aussi, car nous
comprenons que tout emprisonnement est politique et traversé par des rapports de pouvoir structuraux de classe, de race, de sexe et bien
d’autres. Est-ce que les opportunistes de QS peuvent dire la même chose s’illes utilisent le Droit et la Démocratie comme socle de leur
argumentaire? Et si nous osions poser la question de la Violence… Jusqu’où pourraient-illes aller avant de commencer à se dissocier, à
condamner? Jusqu’où va notre solidarité avec les personnes arrêtées ? Des serpentins, c’est injuste. Bloquer une porte, ça passe. Et qu’en
est-il de bloquer un pont, occuper un édifice ministériel, saboter les propriétés privées de compagnie pétrolières? Nous n’avons pas besoin
de figures paternelles déconnectées du mouvement pour nous indiquer lesquels de nos moyens d’action sont légitimes et lesquels ne le sont
pas. Ce serait comprendre la question à l’envers. Comme Angela Davis, nous pensons que pour résister et combattre des violences systémiques,
la violence est une nécessité. Quand les élites politiques et financières nous attaquent – en privatisant tout, en détruisant les
écosystèmes, ou en nous attaquant dans la rue -, nous n’avons d’autres choix que de nous organiser, nous défendre et riposter.

Nous refusons de penser que l’arrestation et la détention de notre ami est une bavure d’un système qui marche et qui est là pour durer, au
contraire, il a très bien rempli son rôle. Notre objectif politique ne devrait pas être de demander des corrections aux systèmes
judiciaire/carcéral/capitaliste/parlementaire, mais plutôt de les pousser à leur perte.

À ceux et celles qui s’étonneraient de la mort de la Justice ou de la Démocratie à grand renfort de cris effarouchés, nous vous invitons à
venir rejoindre l’effort de grève – maintenant, tout le temps – , c’est là, dans la rue avec nous, que vous serez plus utiles.

On se voit mercredi, et surtout le 1er mai.

des ami-e-s

Avr 242015
 

à La Déferle

Après-midi de réseautage, d’information et de diffusion anarchiste contre les prisons et en solidarité avec les prisonniers/prisonnières
à partir de 14h

Dans le but de renforcer nos réseaux anarchistes d’opposition aux prisons et de solidarité avec nos camarades incarcéréEs, un après-midi de réseautage, d’information et de diffusion sera organisé.

 

Cinochelaga
Projection du film « Documental Montaje Caso Bombas » suivi d’une discussion
(Espagnol avec sous-titres anglais) (Chili, 2013)
à 19h

Avr 232015
 

De Groupe de soutien

Mercredi dernier, le 15 avril, mon ami s’est fait arrêter à l’UQAM en soirée. Ce sont des gardas qui l’ont suivi dans les couloirs. Illes ont contacté les flics qui sont venus l’arrêter. Il a passé la soirée au Centre opérationnel. Il devait être mis en liberté à la cour municipale, mais la procureure était intraitable, son enquête sur remise a été remise au lendemain. On l’a envoyé passer la nuit à Rivière-des-prairies (RDP), une prison pour hommes au nord de Montréal. Le lendemain, vendredi, nous avons organisé une vigile de soutien devant la cour municipale et avons passé la journée à attendre que vienne son tour. Nous étions une trentaine. Au terme de son enquête sur remise en liberté, le juge s’est opposé à le libérer avant son procès. D’ici là, il devra purger une peine sans procès à RDP. Le juge a invoqué comme argument principal que s’il libérait notre camarade, cela nuirait à l’opinion publique et que la population n’aurait plus foi en notre magnifique système judiciaire. Il a également parlé que la confiance du public en la gestion de la justice qu’il importait de préserver, concernait la “population bien informée”. En cela, il faisait référence à ceux et celles qui lisent les journaux et écoutent la télévision tous les soirs, bref un hymne aux médias de masse. Au contraire de ce que le juge a affirmé, il paie le prix individuellement d’un mouvement collectif déjà fortement réprimé, donc l’emprisonnement de notre camarade n’est rien d’autre que politique.

Avec la violence juridique et politique en cours à l’UQAM dans le contexte de l’injonction, avec le profilage incessant auquel font face les étudiant-e-s et leurs allié-e-s, avec l’état policier touchant tous les aspects de nos vies, nous ne pouvons que nous révolter de cette situation. Il est clair que notre camarade sert présentement de cas exemplaire pour faire régner la peur et taire les voix dissidentes. Nous ne croyons pas au système de justice comme il est, mais il est facile de se sentir seul-e ou impuissant-e face à sa toute puissance hégémonique. Nous reconnaissons que nous sommes dans une guerre où deux gangs aux intérêts divergents et irréconciliables s’affrontent, et donc, nous devons nous organiser et nous protéger davantage.

Sa remise en liberté a été refusée pour cause du maintien de la confiance du public dans l’administration de la justice. C’est un non sens absolu quand on pense qu’à ce moment, aucun média de masse ne parlait de son arrestation. Dans le contexte actuel, garder cette histoire le plus loin possible des médias et préserver son anonymat augmente les possibilités qu’il puisse être remis en liberté et que soit invalidée la cause fallacieuse qui le maintient présentement derrière les barreaux: une frayeur présumée de l’opinion publique. C’est pourquoi nous pensons qu’il est important de ne pas personnaliser le débat, afin de le protéger face au cirque médiatique et possiblement avoir une chance de le faire sortir plus rapidement de prison.

Ce n’est pas un martyr, ce n’est pas un héro, ce n’est pas un leader, ce qui lui arrive aurait pu arriver à n’importe qui d’entre nous.

C’est pourquoi nous appelons à la solidarité active sans dissociation ni condamnation avec toutes les personnes criminalisées par l’État, en tout temps et dans le cadre du mouvement de grève actuel, que ce soit en raison d’actions de perturbation, de manifestations ou dans les situations d’injonction. Cette solidarité s’exprime par une responsabilité collective vis-à-vis du sort de chacune et chacun. Dénoncer la criminalisation par des manifestations ou des vigiles, s’opposer aux arrestations ciblées et à la délation, apporter un soutien légal, financier et moral aux arrêté-es (envoi de lettres, levée de fonds) et exiger l’abolition de leurs chefs d’accusation, surveiller les pratiques de la police, soigner les blessé-es, se serrer les coudes. Tout ceci constitue les bases d’une culture de lutte qu’il faut entretenir et développer. On tente de présenter comme plus légitimes les tendances qui exigent le moins possible, qui sont les moins dangereuses pour le maintien d’un semblant de statu quo afin de diviser le mouvement et d’isoler les tendances plus radicales de celles plus réformistes. Nous croyons qu’au contraire c’est seulement par la continuité du mouvement, l’expansion et l’intensification de celui-ci que nous pourrons aspirer à une société plus juste. La répression policière et ses conséquences à court, moyen et long terme est une attaque sans commune mesure avec les actions qui ont ponctué le mouvement en cours. Ne cédons rien.

Vous pouvez aussi écrire une lettre de soutien à notre ami que vous pouvez déposer soit à l’Insoumise (coin Ontario/St-Laurent), au café Aquin de l’UQAM, au local de l’AFESH ou poster à la Déferle qui le transfèrera à notre ami. Toutes les formes de lettres sont les bienvenues (dessins, poèmes, lettres), mais elles doivent être manuscrites (à la main). Le groupe de soutien peut se charger de mettre un timbre et des enveloppes vides seront à côté des boîtes si vous n’en avez pas.

Vous pouvez aussi contribuer à la levée de fonds, écrivez-nous pour plus d’infos.

Une vigile aura lieu à la cour municipale le 29 avril à 9h30.

Tous les prisonniers et toutes les prisonnières sont des prisonnièr.es politiques!
À bas toutes les prisons!

des ami.e.s

Avr 212015
 

De Anti-dev

Notre traduction de « A Blast From The Recent Past », une entrevue avec un gréviste anarchiste sur son expérience et sa perception de la grève étudiante de 2012 au Québec, publiée dans le récent numéro de Fire to the Prisons (« Feu aux prisons »). On trouve que l’interview fait un bon retour critique d’ensemble en amenant une perspective historique plus large de la grève éudiante par ici (du moins depuis les derniers 10 ans… ’96 commence à être déjà une autre époque). À la lumière de la tournure plutôt dramatique des événements récents dans le milieu étudiant, on a cru bond de rafraîchir la mémoire de certain-es et éduquer d’autres sur le passé de cette lutte, surtout sur toutes les bonnes réalisations laissées derrière sur le chemin tortueux de la révolte, pouvant être reprises comme tous ces trucs cools et parfaitement réutilisables qu’on trouve souvent sur le bord des routes d’UNE SOCIÉTÉ DE MERDE QUI VEUT SIMPLEMENT PAS S’ARRÊTER… même avec des votes de grève. Surtout pas avec des votes de grève.

(D’autres textes de l’intérieur du Printemps 2015 seront retransmis ici prochainement. Vous êtes aussi invité-es à nous filer vos propres textes si vous avez des réflexions, sentiments, critiques, questionnements à communiquer.)

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En février 2012, lorsque le mouvement Occupy s’atténuait, une grève a éclaté contre les mesures d’austérité dans le système d’enseignement supérieur au Québec. Se voyant mpêché d’occuper des immeubles comme il a fait en 2005, le mouvement étudiant a développé une stratégie d’interruption économique: bloquer les entreprises, interrompre des conférences et des événements touristiques, et propager le chaos dans les rues. À son sommet, il a entraîné un désordre surpassant tout mouvement en Amérique du Nord depuis une génération. Ce qui suit est un interview avec Steve Duhamel, alias « Waldo », un ex-étudiant et Québecois frustré.

Feu aux prisons : Qu’est-ce que c’était le contexte pour les soulèvements, mobilisations et émeutes massives qui ont éclaté à Montréal en 2012 ? Qu’est-ce qui a eu lieu avant ces événements et les a propulsés?

Waldo : Le contexte initial a toujours été la tension croissante entre les étudiants et le gouvernement sur la question de la hausse des frais de scolarité et l’idée plus large de ce que devrait être une éducation publique. C’est assez ennuyeux, mais il s’améliore. Nous avons toutes et tous su, avec deux années d’avance, que cette hausse était prévue, et au fil des mois et années précédents il a eu diverses actions et manifestations pour avertir le gouvernement que ceci ne passerait pas. Ce gouvernement, au pouvoir déjà pendant 9 années, s’en fichait de ces manifs et a décidé avec arrogance de continuer d’avancer ses plans. Ils croyaient qu’aucune opposition  »politique » (au sens de la politique officielle et traditionnelle) pourrait les arrêter, quoi qu’ils faisaient, et que leur grande légitimité leur permettrait de réprimer toute  »politique de la rue » qui ne reconnaîtrait pas son autorité.

Pour offrir un bref survol du contexte, disons que ce qu’on appelle la société est devenue plus polarisé que jamais, parce que les deux partis politiques qui gouvernent le Québec ont un programme néolibéral de droite et qui se faisaient prendre à tour de rôle à faire des réformes de merde pendant 30 ans pour préserver leur maudite croissance économique. Le parti d’opposition du Parti Québecois (PQ) se présentait comme le défenseur des francophones contre l’hégémonie culturelle anglo-saxonne, mais ils avaient perdu quelconque légitimité qu’ils avaient à force de faire la même merde que les fédéralistes du Parti Libéral Québecois (PLQ). Donc les mouvements sociaux se sont peu à peu éloignés du PQ, qui lui-même est né de l’agitation des années 1960 (et sa récupération). Pendant longtemps, ceci a contribué à nuire à tout soulèvement et à justifier ce que certains traitent de collaboration de classe entre les patrons et les pauvres. Mais à présent, la PQ a du malheur à convaincre le public québécois que l’état pourrait bien les servir. Une hausse des frais a la dernière fois mené à une grève étudiante générale en 1996 pendant que la péquiste Pauline Marois (la même qui sera élue suite au mouvement de 2012) était ministre de l’éducation. Qui aurait pu croire en elle quand elle est revenue pour opposer Charest ?

Tandis que le PQ dissimule son agenda sous un mince verni social-démocrate, le très ‘libéral’ PLQ s’en fout des pauvres et ne s’occupe pas de fausses consultations publiques avant de vendre la province aux promoteurs, à les sociétés minières, pour la fracturation, et le reste. Le Parti Libéral du premier ministre Jean Charest est revenu au pouvoir en 2003 et aussi tôt qu’en 2005 une grève étudiante importante a lutté contre son plan de couper une grande partie des programmes de bourse (qui étaient censés être remplacés par des prêts, donc encore de la dette). La grève de 2005 était impressionnante dans ses formes d’action, et son esprit était toujours présent pour les participants à la grève de 2012 (par exemple, la grève de 2005 était beaucoup plus importante que ce qui c’est produit en Californie en 2009, mais les événements au Chili pendant ce temps ont inspiré certains). Dès le début du mouvement, beaucoup d’étudiants se méfiaient des fédérations réformistes et même des plus militantes, comme l’ASSÉ. Grand nombre de gens savaient également que la force de la grève venait de la multiplication incontrôlable de diverses perturbations économiques et institutionnelles. Et les actions et discours significatifs du mouvement ne provenaient pas de l’idéal ultra-démocratique de l’unité. Cela entraîne votre deuxième question.

FP: Quelle était la relation entre les anarchistes et groupes autonomes aux tendances insurrectionnelles et les associations étudiantes ?

Waldo: Il n’y avait pas une seule attitude parmi les anarchistes envers les fédérations. Ils-elles se sont tous-tes mises d’accord de critiquer même l’ASSÉ (la fédération la plus militante qui réclame l’éducation gratuite et une sorte d’autogestion) pour ses revendications réformistes, même les insurrectionnelles trouvaient ça cool que l’ASSÉ existait, ou moins la CLASSE (la coalition de l’ASSÉ et divers autres syndicats indépendants) parce que cela rendait plus facile la tâche d’organiser une mobilisation à grande échelle, de créer l’événement qu’on pourrait ensuite dépasser. D’un côté, certains anarchistes croient vraiment que le modèle de la démocratie directe dans les assemblés syndicales des fédérations est valide, qu’il ne faut qu’aller plus loin, et que le problème c’est le manque de conscience ou de perspective radicale de ses adhérents. Ils-elles croient qu’il est question de la radicalisation de ces milieux et de critiquer leurs discours sur la non-violence ; beaucoup d’entre eux souhaitent qu’il n’y eut pas de contradiction entre le black bloc et les fédérations. Il y en a aussi qui rêvent de la démocratie directe, mais qui sachent qu’on ne peut rien attendre aux fédérations à part la trahison, donc nous devrons établir nos propres espaces et assemblés, s’organiser hors les syndicats du genre  »formule Rand » dont on ne peut pas se débarrasser.

Les tentatives d’établir de telles assemblés parallèles ont largement fini en échec, en 2012, à l’exception d’une courte période à la fin de mai et en juin, quand des gens avaient de grandes assemblés de quartier, nés des manifs de casseroles énormes contre  »la loi spéciale ». De l’autre côté, des autres tendances anarchistes ne croient ni que les syndicats pourront être la base d’une société anarchiste à venir ni à toutes ces mythes de la démocratie radicale. Tandis que certains s’impliquent à une perspective nihiliste d’affrontement, contre toute formation et toute revendication possible, d’autres pensent qu’il n’a jamais été question de soutenir ou s’opposer aux syndicats, qu’il ne faut simplement jamais croire en eux et que nulle solution ne proviendra d’eux, ni de l’école en générale. Par contre, ils-elles posent la question de comment s’engager avec eux et voir le potentiel, au delà du moralisme et de la pureté radicale. Comment peut-on se composer avec les fédérations, s’ils existeront en tout cas ? Peut importe, les fédérations doivent être considérées comme des étrangères, avec qui on ne peut pas s’identifier mais où on peut intervenir, se retrouver, et les utiliser d’une manière ou d’une autre.

FP : Avant le début des grandes manifestations de rue, les étudiants-es ont occupé des immeubles. Comment est-ce que ces actions ont pavé le chemin pour la suite ? Est-ce que ces occupations initiales étaient influencées par les occupations étudiantes aux États-Unis et ailleurs ?

Waldo : En effet, je ne dirais pas que 2012 se distinguait par des occupations, à l’exception de la rue elle-même. Quelques actions impliquaient le barrage des écoles ou d’édifices publics, la perturbation des centres de finance et autres, mais aussi bien que je le sache, aucune des écoles en grève n’étaient vraiment occupées. Le premier jour de la grève, des gens se sont emparés du célèbre CEGEP du Vieux-Montréal (un collège pré-universitaire au centre-ville), dont les occupations étaient considérées le bastion du mouvement étudiant dans les grèves étudiantes précédentes. Mais cette fois-ci, des centaines de robo-flics entièrement équipés sont arrivés tout de suite pour rappeler aux jeunes que la révolution, ce n’est pas une partie de plaisir et ils les ont foutus dehors. Environ 45 personnes étaient incarcérés et bannis légalement des manifs pendant plusieurs mois. Les autres se dispersaient à force des grenades assourdissantes et de cayenne. Le collège fut ensuite verrouillé pendant les six mois de grève suivants. *

Ce qui n’est pas à dire que les gens ne voulaient pas occuper ou qu’il ne s’agit pas d’une partie de notre mythologie, mais en fait les gens n’utilisaient même pas les espaces universitaires pour réunir ou organiser le jour. En 2005, plein de gens organisaient des sleep-ins sur les divers campus et de préparer des tonnes de nourriture pour soutenir les occupations et permettre aux gens de faire front commun en première ligne. En 2012, la grève à surtout eu lieu dans les rues, les gens toujours en mouvement, défilant à l’infini ou jusqu’à ce que leurs feux finissent par se consumer – quand ces feux n’arrivaient pas à consumer d’autre chose. Oui, il s’agissait d’une occupation de la rue, mais j’ajouterais que c’était une occupation mobile en deux sens: 1) Il n’y avait que quelques tentatives de s’emparer d’un espace extérieur public et de la garder, et elles ne visaient jamais à durer plus long que quelques heures (j’ai entendu parler d’un camp ‘occupy’ en dehors de l’université de Montréal, mais ça n’a pas marché) et 2) à part cela, on pourrait dire que c’étaient les étudiants-es eux-mêmes qui se trouvaient occupés-es, par Twitter et Facebook et toutes ces conneries. Sans doute, la grève était vraiment ‘occupée’ par tous ces nouveaux outils de ‘communication’, livestream et tout cela.

FP : Les anarchistes et les autonomistes insurrectionnel-les ont avancé leurs idées au moyen de publications et ont vu plusieurs étudiants-es se joindre à eux pendant les manifs annuelles du 15 mars contre la brutalité policière. Peux-tu nous parler de comment les idées anti-autoritaires et insurrectionnelles ont répandu et ont acquéri une nouvelle importance pendant cette période de lutte ? Par exemple, les anarchistes et insurrectionistes ont beaucoup parlé de comment la pratique de porter des cagoules s’est répandue à force que les militants-es les portent au sein des manifs et émeutes et qui ont également expliqué à l’aide de tracts et de conversations pourquoi ils-elles faisaient cela.

Waldo : Moi je dirais, par contre aux mouvements précédents, que cette grève était énormément riche de littérature radicale, surtout pendant les mois avant son début, mais ensuite il n’y avait presque rien de constant produit durant le mouvement. Il semblait que chaque tendance politique ou cercle anarchiste ou quoi (souvent nés du mouvement de 2005) avaient leur propre publication toute prête avant la grève afin de clarifier certaines choses, de partager leurs leçons des autres luttes et d’avancer certaines propositions.

Une fois la grève lancée, peu de textes circulaient, à part certaines opinions sans valeur sur l’internet. Mais quand même, de ce que je me rappelle, à un certain moment (après une manif ou quelques connards sur-excités ont cassé la gueule à deux ou trois potes vêtus-es de noir) il circulait au moins une douzaine de tracts qui critiquaient l’idéologie pacifiste et autoritaire qui sapaient la solidarité parmi les manifestants-es. Portant sur les masques, je crois que c’est la pratique de se masquer plus que la littérature qui a entraîné l’usage répandu des cagoules, ainsi que l’habitude des flics de filmer les manifestants de manière systématique. Même chose pour la manif du 15 mars, je crois qu’elle a grandi à cause du contexte, où plein de gens subissaient la répression quotidienne aux mains de flics énervés et un type a perdu son œil quelques trois jours avant la manif. Même le maire a fait la publicité pour la manif au télé, en faisant l’appel aux gens de ne pas y aller!

FP : Comment est-ce que le mouvement étudiant c’est élargi pour occuper le terrain social plus large?

Waldo : Bref, il me semble que dès le début, les étudiants-es jouissaient d’un soutien populaire, rendu visible par les millions de gens qui portaient le carré rouge et par les manifs de 500 000 personnes, comme celle du 26 mars, en majorité non-étudiants-es, qui montraient l’impopularité croissante du gouvernement Charest. Les gens en avaient assez et les étudiants-es étaient les seuls-es capables de se mobiliser à une échelle massive, car les syndicats du travail et les lois qui les gouvernent sont tels qu’il est impossible d’organiser et de gérer une grève générale sur la base des syndicats.

Beaucoup de non-étudiants-es ne voulaient pas trop s’impliquer dans le mouvement, car ils-elles croyaient que ce n’était pas le leur, alors ils-elles sont restés-es dans une position de solidarité. Ce qui a transformé la situation c’était l’attitude arrogante et insolente du premier ministre Charest, ses provocations constants et surtout sa déclaration  »d’une loi spéciale », pendant la nuit du 17 au 18 Mai, qui a rendu illégale les manifs et a imposé de lourdes amendes contre les grèves, les occupations, les barricades et ainsi de suite. Cette loi a également fermé les écoles, ce qui permettait aux entreprises d’embaucher des travailleurs saisonnières pour l’été et de plus elle avait un effet démobilisateur, car il n’y avait plus de cours à bloquer. Le pire, c’était peut-être les élections annoncées pour la première semaine de Septembre. Les semaines qui suivaient l’annonce de la sale loi ont vu une réaction sociale sans précédente : de manifs quotidiennes dans diverses villes et quartiers, avec des milliers de personnes qui défiaient l’État ; on voyait nos voisins-es inconnus-es qui nous souriaient et répétaient le refrain commun :  »La loi spéciale, on s’en câlisse. »

Ensuite, je dirais que dès la semaine du Grand Prix (vers le 10 Juin), des gens commençaient peu à peu à prendre une pause, à partir en vacances jusqu’au commencement anticipé de la vraie guerre. Le gouvernement a exigé que les écoles s’ouvrissent le 13 Août, les CÉGEPs en premier, mais même la motivation des grévistes les plus déterminés-es n’a pas pu éviter que plusieurs assemblés votent, par une légère majorité et avec un sentiment de tristesse, pour ne pas poursuivre la grève. Beaucoup d’étudiants craignaient perdre leur semestre ou trouvaient ça inutile de rester en grève, car l’élection subite a fait qu’il n’y avait plus de gouvernement avec qui négocier. Cela nous a bien foutu. Les gauchistes commençaient à dire qu’il valait mieux se mobiliser pour les élections afin de chasser Charest du pouvoir. Ceci explique une grande partie de la diminution de soutien populaire ; beaucoup de gens pensaient qu’on devait laisser tomber nos briques et nos pierres pour passer aux urnes.

La suite n’a étonné personne. Le PQ a accédé au pouvoir, avec seulement une minorité de l’assemblé, la sotte Marois est devenue la première ministre et elle a proclamé l’abrogation de la loi spéciale et a annulé la hausse des frais de scolarité pour le moment. Mais cela n’était qu’un tas de merde: il lui a fallu quelques semaines avant de dire qu’il faudra bientôt négocier une hausse. Elle n’a pas non plus révoqué toutes les lois municipales mises en effet pendant le mouvement qui criminalisaient, par exemple, l’emploi des cagoules et les manifs sans permission policière. Le plus ridicule de cette histoire c’est que Marois, qui a survécu un attentat la nuit de son élection mené par un cinglé de plouc anglophone enragé, n’a pas pu survivre son geste réactionnaire et populiste l’année après: la tentative d’imposer une  »charte de valeurs » censé protéger la culture québecoise  »séculaire » contre les influences étrangères. Donc le PLQ multi-culturel est retourné au pouvoir moins d’un an et demi après la fin de la grève que nos drôles camarades syndicalistes traitaient de victoire.

FP : Pendant Occupy aux États-Unis, nous avons vu que lorsque l’État a attaqué, le mouvement a succombé rapidement. Cependant, à Montréal, nous avons vu des gens passer à l’offensive. Est-ce parce que les gens ont trouvé qu’ils-elles pouvaient gagner les combats dans les rues? Comme dans les moments célèbres où les porcs prenaient leurs jambes à leurs cous et fuyaient?

Waldo : Ni les Québécois-es ni les Montréalais-es sont plus courageux-euses, ou même plus anarchistes, que les gens ailleurs. La fin du mouvement a fait preuve de cela. L’explication de la situation est dans ses particularités: un gouvernement à la limite de l’arrogance face à un mouvement massif et résolu qui permettait à sa base une grande autonomie, le tout dans une société très soudée que les retentissements traversent rapidement. Ceci explique peut-être pourquoi les campus anglophones n’étaient pas tellement mobilisés, même s’ils l’étaient plus que jamais auparavant. Les gens étaient crinqués par Charest et les flics, qui avaient sous-estimé la détermination des étudiants et leur soutien populaire (la politique, c’est souvent un pari risqué). Ceci a entraîné facilement une escalade, car les gens se voyaient comme forts et ont décidé de casser la gueule à quelques flics.

FP: Peux-tu nous parler de comment la résistance au Plan Nord a réuni les luttes anarchiste, étudiante, et autochtone ? Peux-tu nous expliquer ce que c’est le Plan Nord et pourquoi les gens s’intéressaient à le détruire ?

Waldo: Le Plan Nord, ce n’est qu’un nom pour une nouvelle étape de la colonisation flagrante dans la partie nord-est du continent revendiquée par les États colonisateurs du Canada et du Québec. Il n’est pas clair à quel point les étudiants-es normales-aux qui manifestaient contre Charest prenaient le Plan Nord au sérieux, et combien parmi ceux et celles qui ont attaqué la conférence du Plan Nord le faisaient à cause de leurs convictions anti-colonialistes ou écologiques ou quoique ce soit. Bien sûr il y avait une sympathie officielle dans le mouvement pour ces luttes, mais la perturbation de la conférence et l’émeute qui s’ensuivit étaient possibles parce que tout le monde savait que ça ferait chier Charest, car il était tellement fier de son précieux Plan Nord, que toute personne décente reconnaissait comme du vol. Je pense toujours que ce genre de bouleversement social révèle combien les luttes qui apparaissent différentes sont liées et influencent les unes les autres. Les étudiants-es s’impliquaient dans la grève et c’est par cette voie qu’ils-elles se sont intéressés-es aux luttes des peuples autochtones et en particulier la bataille contre le Plan Nord.

FP : Quand le gouvernement a interdit les manifestations de plus de cinquante personnes, le mouvement s’accroissait et plus de gens s’impliquaient. Des assemblés populaires et communautaires s’établissaient. Peux-tu nous parler de ces réunions ? À quel point se sont-elles généralisées ?

Waldo : J’en ai déjà parlé, mais disons que ces assemblés se sont produites spontanément dans au moins une dizaine de quartiers à Montréal pendant un mois. Elles se réunissaient environ une fois par semaine, dans un parc ou centre communautaire et, selon le quartier, entre 30 et 300 personnes participaient. Ce nombre diminua au long de l’été et à force -il faut l’admettre- de formaliser et devenir semi-institutionnelles. Ce qui est intéressant c’est combien les questions d’organisations étaient différentes de quartier à quartier. Il y avait des groupes obsédés par la structure et des mécanismes complexes censés prévenir la domination et les habitudes oppressives; d’autres étaient plus détendus, mais pas pour cela plus efficaces; d’autres se concentraient sur des questions communautaires tandis que d’autres restaient en position de solidarité vers le mouvement étudiant.

Ben, c’était trop peu trop tard je suppose. J’imagine que ça aurait pu être différent si les assemblés auraient commencé plus tôt dans l’histoire du mouvement et surtout (avec réalisme) si la grève aurait continué en septembre. Elles auraient totalement changé le caractère du mouvement. Établir des espaces hors des assemblés des associations étudiantes pour discuter et organiser la lutte, ça aurait permis au mouvement de généraliser davantage aux questions et aux lieux non-étudiants. L’élection a vraiment nui à ce potentiel.

FP : Dans un interview avec Submedia, un-e anarchiste participant-e à la grève a discuté de l’emploi des projectiles pour créer et défendre l’espace contre la police et le rôle de l’attaque physique à étendre la grève. Peux-tu parler de ça ?

Waldo : Je ne sais pas trop quoi en dire. Est-ce le développement de la lutte qui permet l’attaque, ou bien est-ce l’inverse? Ou est-ce que l’influence va dans les deux directions? La capacité d’attaquer n’entraîne pas l’impunité. Beaucoup de gens ont été gravement blessés-es sans rien en tirer. Les anarchistes ont beaucoup parlé les quinze derniers années de  »la diversité de tactiques », mais peu de gens ont considéré une diversité de stratégies, ce qui laisse le problème aux chefs syndicaux, les Léninistes, et les social-démocrates. Et aux flics et aux capitalistes. Supposons qu’il y ait un affrontement. Nos actions, créent ou défendent-elles un espace ? Ce n’est pas évident. Je ne m’oppose pas à toute action directe, mais je note parfois une croyance dangereuse que l’action directe est bonne en-soi, mais souvent elle nous affaiblit. À un certain moment, le black bloc était une tactique, mais de nos jours il ressemble souvent à une idéologie, une identité. On ne doit jamais dénoncer les camarades qui s’impliquent dans ce genre d’action et il faut être prêt autant que possible de les protéger des flics et des pacifistes violents-es, mais l’attaque ne peut jamais remplacer la nécessité d’avoir une stratégie. Cela entendu, il ne s’agit pas d’une question d’attaquer ou non, mais de comment attaquer, de lieu et de tempsFIre. Comment peut-on attaquer d’une telle façon à nous renforcer au lieu de nous isoler? Ce sont des questions sérieuses.

Il ne faut pas négliger l’anxiété que provoquent les actions directes parmi les activistes et leurs amis-es, quand ça se fait de façon irréfléchie et est vu comme une vertu radicale. L’attaque toute seule ne rend pas les gens capables ou disposés à attaquer eux-mêmes, mais ce qui le fait c’est la puissance qu’on développe à travers nos divers liens, des expériences et des espaces communs, le partage de matériaux, d’outils, d’histoires, de langages, d’amour et de confiances. Beaucoup de choses entrent en jeu à l’heure du combat et c’est de ça qu’on tire notre force ; on ne peut pas risquer ceci pour une question de pureté ou d’une croyance romantique dans le pouvoir de l’action. Une action ne se révèle pas bonne parce qu’elle vise le bon ennemi ni parce que ces intentions sont bonnes: elle n’est bonne que lorsqu’elle nous rend plus forts-es. N’opposons pas une autre moralité à celle des pacifistes pathologiques.

FP : Qu’est-ce que l’avenir réserve pour ceux et celles à Montréal ? Verrons-nous des perturbations continues dans les universités et ailleurs ?

Waldo : Tout est possible. La hausse des frais de scolarité se fait montrer de nouveau et les assemblés se sont déjà mobilisées. L’expérience de 2012 est toujours proche et beaucoup de gens ne veulent pas perdre ce qu’ils-elles ont appris et créé. La machine de répression est mieux préparée et plus résolue qu’auparavant, et il est difficile de constater si les gens le sont aussi. Il y a des préparations qui se font hors des syndicats et la menace électoral ne devrait pas se présenter cette fois-ci. Il n’est pas clair s’il y aura autant de soutien populaire, mais il est possible que d’autres syndicats du secteur public feront la grève dans les mois qui viennent (même les flics protestent contre le gouvernement ces temps-ci). À mon avis, nous ne devons nous attendre à rien et faire ce qu’il faut faire. D’ailleurs, les choses arrivent toujours, il n’est que question de rester prêts-es.

FttP

* Note (pas des auteur-es): preuve que même quand ça échoue, une occupation peut avoir effet positif considérable du fait de la menace qu’elle peut faire peser sur les bureaucrates de l’établissement, les forçant dans une impasse stratégique. En étant sous verrou, il n’y avait plus besoin de levées de cours, ni d’absurdes votes de reconduction réguliers, et une suspension des activités lucratives pour les profiteurs de CÉGEPs