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La Meute : membres et manifestant.es

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Août 182017
 

Membres:

Vous pouvez envoyer de l’information au sujet des membres de La Meute à mtlantifa@riseup.net

Aucune publication trouvée.

Manifestations:

Vous pouvez envoyer de l’information à propos des participants aux manifestations de La Meute à mtlantifa@riseup.net. Après vérification, nous l’ajouterons à la description des images correspondantes.

La panique islamophobe du « Safarigate » : un faux scandale monté en épingle par des racistes notoires!

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Juil 062017
 

De Montreal-antifasciste.info

Plusieurs grands médias ont commencé à relayer et commenter une vidéo raciste tournée au Parc Safari (un zoo situé à 45 minutes de Montréal) et postée sur YouTube le 2 juillet dernier[1]. Le sujet de la vidéo, de prime abord tournée par une femme visitant innocemment le zoo ce jour-là, n’est pas particulièrement clair : on y voit une foule de vacanciers flâner sur la pelouse, une femme coiffée d’un hijab traversant la voie pavée, puis l’on y entend un enregistrement difficilement discernable émis par un système de son. Il n’y a rien là qui sorte de l’ordinaire pour quiconque est un tant soit peu familier avec la vie en société dans la plupart des grandes villes d’Amérique du Nord.

Pourtant, cette anodine vidéo de 47 secondes (maintenant relayée par de nombreux médias et sites Internet) a apparemment déclenché une vive controverse, puisqu’il montre des musulmans priant en public, et non seulement ça, mais diffusant la prière à l’aide d’un système de son. L’afflux de plaintes et de demandes d’éclaircissement a poussé l’administration du Parc Safari à publier une réponse officielle[2], laquelle explique que l’Association musulmane du Canada avait organisé une visite de groupe au zoo ce jour-là, qu’elle avait apporté son propre système de son portable et qu’elle avait en tout point respecté les règles du zoo. Comme l’expliquent ses administrateurs, le Parc Safari est « un lieu d’accueil pour tous, peu importe la nationalité, la religion, la culture, la langue et l’orientation sexuelle », et est « désolé que la liberté de religion ait pu offenser des gens ».

Jusque-là, l’affaire paraît plutôt simple, voire d’une banalité déprimante : une journée ordinaire dans cette société islamophobe, une autre affaire insignifiante montée en épingle par les médias pour raviver la polémique artificielle entourant les « accommodements raisonnables ». La seule chose qui sort de l’ordinaire ici est l’agréable surprise que procure l’excellente réponse du zoo.

En grattant un peu la surface, toutefois, d’autres éléments de ce fait divers méritent qu’on y prête attention.

Premièrement, qui a publié cette vidéo? Elle a initialement été versée sur YouTube par l’utilisatrice «guindon87» [3]; ce compte semble se spécialiser dans les vidéos antimusulmanes, comportant des images tournées par des membres des groupes d’extrême droite du Québec. Par exemple, l’une des plus récentes additions est une vidéo tournée par Sylvain Gallant, à Drummondville en 2016[4], où Gallant conduit sa voiture devant une mosquée et demande, « on veut-tu laisser faire ça à Drummondville, une mosquée!? Moé, en tout cas, j’en veux pas icitte! (…) on est en train de se faire envahir avec des ostie de mosquées icitte. On est rendu à trois, là. Moé, ch’t’à boutte en tabarnac! ». Cette vidéo a été introduite en preuve plus tôt cette année dans un procès pour incitation à la haine intenté contre Gallant, à l’issue duquel un juge l’a condamné à 200 heures de travaux communautaires et lui a interdit d’utiliser les médias sociaux pendant trois ans[5]. À l’extrême droite, Gallant est maintenant présenté comme un héros et un champion de la liberté d’expression persécuté pour ses idées. D’autres vidéos publiées par guindon87 défendent la récente parade de la Saint-Jean contre les accusations de racisme formulées à son endroit; deux autres vidéos attaquent spécifiquement un militant montréalais, notamment en proférant des insultes racistes[6]; et dans une autre vidéo on peut entendre la même personne appeler ouvertement au meurtre de militant-e-s antifascistes[7]. Il est impossible de dire si guindon87 est la personne qui a filmé la vidéo au Parc Safari, ou si elle l’a simplement publiée sur YouTube.

Le timing de la publication est également curieux. La veille de la publication de la vidéo, la petite ville d’Hemmingford a été envahie par des membres de l’extrême droite québécoise, alors qu’environ 60 personnes de groupes comme « Les Templiers » (lol) et La Meute ont répondu à l’appel du groupe anti immigration Storm Alliance à se réunir à la frontière pour se porter témoin des passages irréguliers des réfugié-e-s… et intimider ces dernier-e-s par la même occasion. Cette action anti immigration a été neutralisée par une turbulente contremanifestation organisée par Solidarité sans frontières, un groupe de défense des migrant-e-s basé Montréal[8]. Ce face-à-face s’est déroulé à moins de dix minutes du Parc Safari, où Storm Alliance avait en fait stationné ses véhicules. Bref, ce weekend-là en particulier, des militant-e-s d’extrême droite de partout au Québec s’étaient donné rendez-vous dans cette minuscule localité.

Un autre élément à considérer est que, une fois que la vidéo a été affichée sur Facebook par Audrey Tremblay, elle s’est rapidement répandue, de sorte que mercredi, elle avait été partagée 1 500 fois et comptait quelque 500 commentaires. Dans ces commentaires, non seulement peut-on trouver l’expression du racisme le plus abject, mais également des liens vers des groupes d’extrême droite comme La Meute. En fait, la vidéo a été spinnée avec enthousiasme par des membres de La Meute au cours des trois derniers jours. « Sue Elle » (de son vrai nom Sue Charbonneau), une membre de La Meute de Montréal, a partagé la vidéo sur les pages respectives du Mouvement républicain du Québec et du Front patriotique du Québec, avec un modèle de lettre de récrimination à envoyer au zoo, en encourageant les gens à se plaindre qu’on permette à des musulmans de prier en public. En même temps, André Pitre (alias Stu Pitt) s’est servi de sa chaîne YouTube pour faire mousser l’affaire, en établissant un lien sans fondement entre les musulmans qui étaient au zoo ce jour-là et les Frères musulmans, en expliquant qu’ils veulent établir un califat mondial et qu’un élément clé de la « conquête » musulmane consiste à humilier les populations visées. Dans l’esprit enfiévré de Pitre, qui prétend n’être rien de plus qu’un ardent défenseur de la liberté d’expression, c’est ce qui se passe lorsque des personnes de la communauté musulmane amplifient leurs prières à l’aide d’un système de son : ce sont des « envahisseurs » qui humilient leurs « victimes »!

Un groupe de musulmans priant en public ne devrait évidemment pas être un sujet d’inquiétude et d’anxiété, et ne devrait certainement pas faire polémique au point d’attirer l’attention des médias, pas plus que des chrétiens disant la bénédicité au restaurant ou des bouddhistes méditant au parc, ou toute autre manifestation publique de croyances religieuses dans une société multiculturelle. Néanmoins, il semble que nous vivions désormais dans un contexte où des exemples autrefois inoffensifs de groupes minoritaires osant vivre et prendre leur place en public sont devenus des questions controversées galvanisant une opposition raciste de plus en plus décomplexée. De triste mémoire, ce potentiel raciste a été harnaché par des politiciens de droite comme « de gauche » lors des débats entourant les accommodements raisonnables » et la prétendue « Charte des valeurs ».

Depuis le massacre perpétré par un fanatique d’extrême droite dans une mosquée de Québec, plus tôt cette année, un mouvement populiste national s’est mis en branle. Le rassemblement de Storm Alliance et de ses alliés à Hemmingford le 1er juillet n’est que la plus récente d’une série de manifestations publiques contre les immigrant-e-s et les musulman-e-s en particulier. Jusqu’à présent, La Meute (qui était présente en nombre le 1er juillet et fournit la majeure partie des militant-e-s sur le terrain) est clairement au centre de ce déferlement raciste.

Voilà le contexte dans lequel une simple visite au zoo, une histoire banale et sans réel intérêt, peut devenir un motif de discorde artificielle exploité par des démagogues au service d’un programme raciste.

 

[1] https://www.youtube.com/watch?v=AAY9FoHHjYY

[2] https://www.facebook.com/ParcSafari/posts/1555486877824473

[3] https://www.youtube.com/user/guindon87/videos

[4] https://www.youtube.com/watch?v=J_ksRxGtzn0

[5] http://www.journalexpress.ca/faits-divers/justice/2017/6/29/des-videos-hargneuses-contre-l-islam-le-mene-devant-le-tribunal.html

[6] https://www.youtube.com/watch?v=Ar3SiS37iVw

[7] https://www.youtube.com/watch?v=KDbbv9d4FDY

[8]  http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1043061/immigration-hemmingford-manifestation-refugies

ALERTA /// L’extrême droite nationaliste se réunit en banlieue de Montréal le 17 juin prochain

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Juin 132017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

Mise à jour : le colloque du MRQ a été déplacé au Centre équestre l’Intégrité, situé au 3987 chemin Sainte-Angélique, à Saint-Lazare.
Vous pouvez communiquer directement avec la propriétaire, Sophie Robichaud, au 450-510-5354 ou 514-992-2141

Le 17 juin prochain, de nombreux regroupements et individus d’extrême droite devaient se réunir au Collège Maisonneuve à l’occasion d’un colloque organisé par le Mouvement républicain du Québec (MRQ), en collaboration avec La Meute. Suite aux révélations dans les médias et à l’annonce que le Mouvement étudiant révolutionnaire organisait une manifestation pour « bloquer l’extrême droite », le collège a annulé son contrat avec les Éditions Dédicaces (maison d’édition du Guy Boulianne, petit chef du MRQ).

Le colloque doit maintenant avoir lieu près de Vaudreuil-Dorion, toujours avec les mêmes conférenciers et toujours en étroite collaboration avec La Meute.

Les conférenciers

Ce prétendu « Rassemblement pour le bien commun et l’intérêt supérieur du Québec » réunira une série de conférenciers (uniquement des hommes blancs, faut-il le souligner?) issus de l’aile droite du mouvement nationaliste québécois, dont Alexandre Cormier-Denis, ce candidat du Parti indépendantiste qui, après avoir attiré l’attention des médias avec une affiche électorale raciste, n’a réussi qu’à recueillir 81 misérables votes aux dernières élections dans Gouin[1. http://acd2017.quebec/biographie ; http://infoman.radio-canada.ca/article/2017/05/19/avoir-du-front/]. Bien que la plupart des articles récents écrits sur Cormier-Denis découlent de cette grossière intox médiatique, il est mieux connu pour avoir fondé Horizon Québec Actuel, un groupuscule affilié au Front national de Marine Le Pen, en France[2. http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/gravel-le-matin/segments/reportage/22284/horizon-quebec-actuel-parti-front-national ; http://acd2017.quebec/biographie]. Même s’il ne dément pas ses liens avec le Front national et est soutenu par des groupes ouvertement racistes comme la Fédération des Québécois de souche[3. http://quebecoisdesouche.info/entretien-avec-alexandre-cormier-denis-dhorizon-quebec-actuel/ ; “Un patriote dans Gouin?”, Le Harfang Juin/Juillet 2017 http://quebecoisdesouche.info/wp-content/uploads/2017/05/floute_juin_juil_2017-1.pdf], Cormier-Denis reste membre en règle du Parti québécois et collabore à des plateformes nationalistes « politiquement incorrectes », comme les sites Vigile.net et Radio Infocite[4.http://acd2017.quebec/biographie].

Le panel comprend aussi le vlogueur André Pitre (Stu Pitt). Sur Gauchedroitistan et sur sa propre chaîne YouTube, Pitre se vautre depuis des années dans les théories du complot les plus vaseuses, en insistant sur l’influence nocive des Social Justice Warriors, des « mondialistes » et des féministes. En 2017, comblé de joie suite à l’élection de Donald Trump, Pitre s’est servi de sa notoriété naissante sur Internet pour mettre de l’avant des groupes antimusulmans comme La Meute et des populistes de droite comme le MRQ.

Gilles Noël, du Parti d’unité nationale, sera également présent au colloque du 17 juin. Sa participation réfute carrément la prétention des islamophobes à une société laïque, puisque Noël milite depuis longtemps pour l’extrême droite catholique québécoise. En 2002, il était parmi les fondateurs du Parti démocratie chrétienne du Québec, une suite du Centre d’Information National Robert Rumilly (connu dans les années 1980 et 1990 pour ses liens avec des groupes ouvertement fascistes et anti-immigration, comme Cercle Jeune Nation)[5. http://www.wikiactu.com/?page_id=17271; http://quebecoisdesouche.info/achille-larouche-fils-spirituel-de-labbe-groulx/;]. En 2012, le PDCQ a changé son nom pour le Parti d’unité nationale, signalant du coup la transition d’un programme théocratique vers un nationalisme conservateur. Le nouveau PUN reste fermement opposé à l’avortement et à l’érosion du modèle familial traditionnel, mais s’est positionné plus agressivement contre les « accommodements déraisonnables » pour les minorités non chrétiennes, en insistant sur l’identité française et chrétienne de la nation québécoise[6. Adhère à la Charte des droits de la famille adoptée par le Vatican en 1983. Celle-ci prône que « la famille est fondée sur le mariage, cette union intime et complémentaire d’un homme et d’une femme », que « la situation des couples non mariés ne doit pas être placée sur le même plan que le mariage dûment contracté »; et que « Dans les relations internationales, l’aide économique accordée pour le développement des peuples ne doit pas être conditionnée par l’acceptation de programmes de contraception, de stérilisation ou d’avortement », car « L’avortement est une violation directe du droit fondamental à la vie de tout être humain. »« Le divorce porte atteinte à l’institution même du mariage et de la famille. »

En ses propres termes : « La société distincte du Québec est née de notre héritage culturel, de notre patrimoine historique, de nos traditions, de nos fêtes chrétiennes et des institutions fondées par nos ancêtres jusqu’aux années 60 (écoles catholiques et collèges classiques, hôpitaux, universités, hospices, séminaires, etc.). Au Parti unité nationale, c’est tolérance zéro à l’égard du racisme pratiqué par certaines personnes qui viennent dans notre pays avec l’intention de bousculer et de piétiner les droits de la majorité. »
(http://www.partiun.ca/accueil/qui-sommes-nous.html)

Et : « Cette nation parle français avec son accent canayen (sic) dans ce grand territoire de l’Amérique du Nord anglophone. Cette nation tient à protéger sa langue et sa culture canayenne (sic). Ici, ce n’est pas l’espagnol, le libanais, l’arabe, le chinois, le japonais, le russe ou autre langage. Cette Constitution a été construite pour défendre les droits de la majorité et lancer un message clair à ceux et celles qui veulent faire partie de notre société, APPRENEZ NOTRE LANGUE !! … Nous acceptons vos croyances sans vous poser de questions. Tout ce que nous vous demandons, c’est de respecter les nôtres, de vivre pacifiquement et enharmonie avec nous. Ceci est NOTRE PAYS, NOTRE TERRE, et NOTRE STYLE DE VIE et nous vous donnons l’occasion d’en profiter. Mais à partir du moment où vous vous mettez à vous plaindre, à gémir et à ronchonner à propos de notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes ou notre style de vie, nous vous encourageons fortement à profiter d’une autre grande liberté québécoise : « LE DROIT DE PARTIR « . »].

Richard Le Hir, Daniel St-Hilaire et Jean-Jacques Nantel, qui sont tous impliqués depuis longtemps dans le mouvement nationaliste plus traditionnel (PQ, Bloc, Cap sur l’Indépendance, Vigile.net) seront aussi du lot des conférenciers. Ces intervenants « respectables » seront flanqués d’énergumènes un peu moins connus, comme Hans Mercier (dont le Parti 51 propose de séparer le Québec du Canada pour se joindre aux États-Unis comme 51e état!), Jean-Louis Pérez-Martel (un autre complotiste antimondialiste et antimusulmans associé à Vigile.net), et Jérôme Blanchet-Gravel (un doctorant de l’Université d’Ottawa, auteur d’un essai réactionnaire dénonçant les rapports fabulés entre « l’Islam, la gauche et le multiculturalisme »).

La tenue de cette conférence signale une tentative de consolider un courant politique d’extrême droite au Québec en groupant sous un même pavillon de jeunes militants ambitieux, des figures politiques plus établies et des représentants de groupes marginaux minoritaires. C’est d’ailleurs l’objectif déclaré du MRQ, un groupe fondé tout récemment par Guy Boulianne dans l’espoir d’organiser l’aile droite du projet nationaliste. Sous le couvert de la « liberté d’expression », Boulianne n’est en fait qu’un nationaliste xénophobe qui s’occupe à répandre des théories complotistes d’extrême droite. (Pourtant, ce grand défenseur de la liberté d’expression a récemment réclamé l’emprisonnement de la comique américaine Kathy Griffin -sur le show d’André Pitre, qui plus est- après que celle-ci eut simulé la décapitation de Donald Trump[7. https://www.youtube.com/watch?v=SHKwY-QMnEo].

La Meute

Guy Boulianne sert des mains à l’occasion d’un BBQ de La Meute, le 27 mai 2017. En arrière plan, André Pitre.

Derrière les discours d’illuminés prononcés dans un champ vide, le colloque du 17 comporte une autre dimension plus sinistre, qui révèle peut-être le véritable objectif de cette initiative.

Fondée en 2015 par deux vétérans de l’armée, Éric Venne (alias Éric Corvus, qui a quitté le groupe en janvier 2017) et Patrick Beaudry, La Meute est la plus grande organisation d’extrême droite au Québec. Les premiers événements du groupe ont eu lieu à Québec et dans la région du Saguenay. En août 2016, leurs dépliants ont commencé à circuler dans des lieux publics et, quelques semaines plus tard, Venne et d’autres membres ont perturbé un événement d’information organisé par un groupe de volontaires qui prévoyaient accueillir une famille de réfugié-e-s syrien-ne-s[8. https://mtlcontreinfo.org/en/frontlines-in-the-fight-against-islamophobia/].

Bien que La Meute ait condamné l’attentat terroriste contre le Centre culturel islamique de Québec commis par l’extrémiste de droite Alexandre Bissonnette, le 29 janvier 2017, elle a aussi profité de cet événement pour « sortir de l’ombre » et s’affirmer plus agressivement dans l’espace public. Elle a ainsi participé, avec d’autres groupes d’extrême droite, à plusieurs manifestations islamophobes à travers le Québec le 4 mars dernier et à d’autres occasions (les manifestations du 4 mars étaient organisées par le one-man show de Georges Hallak, la « Canadian Coalition of Concerned Citizens », et appuyées par le MRQ de Guy Boulianne)[9. https://mouvement-quebec.com/agenda/manifestation-2017-03-04/].

Bien qu’elle insiste sur le fait qu’elle n’est ni raciste (car « l’islam n’est pas une race ») ni d’extrême droite (car on ne peut parler « d’extrémisme » tant qu’il n’y a pas de « sang dans les rues »), La Meute fait la promotion d’une vision complotiste d’élites globales qui seraient en train de conspirer avec des « islamistes extrémistes » pour imposer la charia aux populations occidentales. En plus du MRQ, elle collaborait jusqu’à récemment avec les Soldats d’Odin, un groupe antimusulmans originellement créé par des néonazis en Finlande[10. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006108/extreme-droite-une-patrouille-avec-le-groupe-des-soldats-dodin]. Ainsi, selon le cofondateur de La Meute, Patrick Beaudry : « Nous sommes ici au Québec le foyer, le nombril, de la civilisation européenne dans toutes les Amériques »[11. http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1004095/43-000-membres-pour-le-groupe-dextreme-droite-la-meute]. Et selon son responsable médias, Sylvain Brouillette (aka Sylvain Maikan) : « Marine Le Pen est beaucoup plus proche de nous que Donald Trump ».[12. http://www.cbc.ca/news/canada/montreal/quebec-far-right-la-meute-1.3876225]

Le 15 mai 2017, à l’émission YouTube d’André Pitre, La Meute a annoncé qu’elle était désormais disponible partout au Québec pour s’opposer aux menaces qui pèseraient sur la liberté d’expression. Pitre et La Meute ont clairement laissé entendre qu’ils faisaient par-là référence à toute intervention d’antifascistes, d’antiracistes ou de féministes visant à perturber des événements racistes, sexistes, homophobes ou transphobes. L’émission de Pitre a également montré que cette annonce découlait de l’invitation de Pitre lui-même à ce que La Meute joue un tel rôle (la déclaration a été filmée dans son salon)[13. https://www.youtube.com/watch?v=2Zpv3F5UlMQ].

C’est dans un tel contexte que le MRQ a publiquement annoncé qu’il s’était arrangé pour que La Meute assure la sécurité lors de l’événement du 17 juin 2017[14. Par exemple : ]. Le MRQ fait la promotion de La Meute sur son site web, où il reprend d’ailleurs sa déclaration[15. https://mouvement-quebec.com/meute/]. Le 5 juin, près de la moitié des billets vendus sur la page EventBrite de l’événement du 17 avaient été achetés par des individus se revendiquant publiquement de La Meute. Parallèlement, Pitre et Bouliane récoltaient des fonds afin de couvrir les frais de La meute lors de l’événement.

Pendant ce temps, sur Facebook, en réaction à l’appel du Mouvement étudiant révolutionnaire (MER) à perturber la conférence du 17 juin, des membres de La Meute menaçaient d’avoir recours à la violence[16. Par exemple, en menaçant de battre des antifas « faggits » (sic) : ] [17. Et ensuite, ces crétins expliquent qu’ils sont membres de La Meute : ], tandis que leur organisation déclarait publiquement qu’elle collaborerait avec la police afin de contenir et neutraliser la mobilisation antifasciste. Quant à Pitre, il a cru bon aller baver que « c’est game over pour les antifas », lesquels ont selon lui tous été « élevés en milieu monoparental/drogue/alcool »[18. Cette déclaration a fait des vagues dans leurs réseaux sociaux, et pas seulement en raison des fautes de français… De nombreuses femmes qui avaient l’intention de participer à l’événement du 17 n’ont pas du tout apprécié le fait que Pitre stigmatise de cette manière les mères monoparentales. Pitre a ensuite formulé des excuses bidons, où il ne parvient pas à cacher son antiféminisme grossier : « Hier j’ai blessé des gens en utilisant le mot « monoparental » de façon trop péjorative. Je suis conscient qu’il y a beaucoup de nouveaux sur mon Facebook et ils ne sont pas habitués à la façon dont je m’exprime. Alors à eux, je tiens à m’excuser et je promets de faire très attention à l’avenir aux mots que j’utilise pour être sûr de ne pas blesser personne. C’était absolument pas mon intention de vous comparer aux crisses de folles qui ont des relations sexuelles avant le mariage. (sssshht, c’est un test de QI déguisé) »].

Enfin, l’événement du 17 juin représente aussi une tentative d’établir un nouveau rapport de force entre l’extrême droite et la gauche antifasciste. La décision initiale, de tenir la conférence au Collège Maisonneuve, à Hochelaga, l’une des bases de la gauche montréalaise, apparaît ainsi comme une véritable provocation. Avec l’aide du MRQ, La Meute cherchait une occasion pour fixer les règles du jeu et s’assurer que le travail d’organisation et de propagande islamophobe, raciste, sexiste ou transphobe pourrait se faire à l’avenir sans rencontrer de résistance.

Présentement déplacé dans la banlieue de Vaudreuil, ce colloque reste un moment de consolidation d’une extrême droite dans le mouvement nationaliste, qui se projette dans un rôle offensif contre les musulmans, la gauche, les féministes ainsi que les « mondialistes » et le « cosmopolitisme ».

L’événement du 17 juin n’a rien à voir avec le « bien commun et l’intérêt supérieur du Québec », de même que la participation de La Meute a cet événement n’a rien à voir avec la défense de la « liberté d’expression ». Un colloque auquel tous les participants sont des hommes blancs, dont les opinions vont du nationalisme ethnique à l’ultra-conservatisme catholique, et qui s’organise en collaboration avec La Meute et d’autres groupes d’extrême droite cherchant à en découdre, représente une menace réelle.

Nous appelons tous et toutes à dénoncer ce cirque raciste et sexiste, et à se préparer sérieusement à la lutte contre la montée de courants antimusulmans, complotistes et xénophobes!

Recettes pour des actions directes nocturnes

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Mai 242017
 

Soumission anonyme à MTL Contre-info

[Lire]
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« L’action directe, c’est tout simplement disposer du problème de l’intermédiaire : résoudre les problèmes soi-même plutôt que de faire des demandes aux autorités ou se reposer sur des institutions externes. Toute action qui contourne les régulations et la représentation pour accomplir directement ses objectifs est une action directe – ça inclut tout, du blocage des aéroports à l’aide apportée aux réfugié.es pour s’échapper et être en sécurité jusqu’à l’organisation de programmes pour libérer ta communauté de sa dépendance au capitalisme. »

A Step-by-Step Guide to Direct Action: What It Is, What It’s Good for, How It Works

Nous croyons que les plus grands obstacles sont sociaux lorsqu’il s’agit de la participation à des actions directes : trouver des camarades pour construire des groupes affinitaires requiert du temps, de la patience et de la confiance (voir How to Form an Affinity Group: The Essential Building Block of Anarchist Organization). La recette présentée ici assume que vous avez déjà des gens avec qui vous pouvez préparer des coups.

Avant d’avoir fait une action directe durant la nuit, on hésitait à commencer. Il n’y avait personne pour nous enseigner les éléments de base, et on avait peur de faire des erreurs stupides qui auraient pu être facilement évitées. Pour cette raison, nous désirons partager quelques trucs logistiques qui pourraient s’avérer utiles à la réalisation de ces actions.

Avis de non-responsabilité légale : Toute information contenue dans cette publication est pour fin éducationnelle seulement, et ne condamne ni n’encourage toute activité illégale.

1. Le secret, c’est commencer

D’abord, tu as besoin de choisir la cible de ton action directe et la tactique que tu utiliseras. Pour cette recette, même si les cibles varient beaucoup, nous allons utiliser un exemple classique : éclater les fenêtres d’un commerce gentrificateur dans un quartier urbain.

Pense à ce que l’action communiquera aux gens que tu n’as jamais rencontré – des complices potentiels au citoyen le plus passif. Quelles possibilités cette communication peut-elle ouvrir? Par exemple, dans la dernière année, les nombreuses attaques contre des commerces de luxe dans Hochelaga et St-Henri ont communiqué une résistance à la gentrification, ont diffusé des signaux de désordre (voir Signals of Disorder: Sowing Anarchy in the Metropolis) qui rendent visible la lutte des anarchistes contre le contrôle social, et dans certains cas, ont contribué à la fermeture de ces commerces.

Des introductions à la « culture de sécurité » sont disponibles ailleurs (voir What is Security Culture?), alors nous nous contenterons ici de rappeler de planifier tout le nécessaire en personne, avec des gens de confiance, à l’extérieur de maisons et sans la présence de téléphones (les deux étant vulnérables à la surveillance policière).

Lorsque nous avons commencé à faire des actions nocturnes, nous avons trouvé utile de commencer par des activités moins risquées comme le graffiti ou l’affichage, ce qui nous as tout de même permis de pratiquer le même type d’habitudes de communication que celles qui seraient plus tard appliquées lors des attaques. Ça nous a aidé à mieux connaître et à nous sentir plus confortables avec nos capacités à agir dans des conditions stressantes (rencontres avec la police, fuites, etc.) et dans les relations entre nous.

2. Repérage

Faites du repérage autour de la cible à l’avance. Trouvez les routes d’arrivée et de sortie les plus sûres, priorisez les chemins avec le moins de caméra possible (des ruelles, des boisés, des pistes cyclables, des coins résidentiels). Si vous coupez un trou dans une clôture avec des pinces monseigneur, est-ce que ça ouvrira des possibilités? À travers les différents objectifs de votre rébellion, amusez-vous à subvertir les plans d’aménagement urbain conçus pour le contrôle social.

Soyez discrets. Ne pointez pas du doigt les caméras que vous voulez détruire, ne faites pas des cercles en marchant autour de la cible. Choisissez l’emplacement de ceuzes qui feront le guet (si vous pensez en avoir besoin), par exemple quelqu’un qui fume une cigarette à un arrêt d’autobus et qui n’est pas sur caméra. Comment pourront-illes communiquer avec ceuzes qui font l’action : faire des signes avec les mains, crier des noms aléatoires et subtils pour indiquer différentes situations, utiliser des walkie-talkies, des lampes de poche, des téléphones burner (voir Burner Phone Best Practices)?

Connaître les mouvements de trafic à l’heure de l’action peut aider. Y a-t-il beaucoup de piétons? Où est la station de police la plus proche, et quelles sont les rues où il y a le plus de patrouilles? Faire l’action à 3ham lors d’une nuit pluvieuse signifie qu’il y aura moins de témoins, mais aussi que moins de gens seront présents dans les rues pour vous dissimuler si la police décide de fouiller le secteur, alors parfois c’est plus intéressant d’agir vers minuit. Une fois que vous serez plus confiant.es avec les actions nocturnes, peut-être voudrez-vous expérimenter avec des actions en journée, qui sont plus visibles pour les passant.es et alors plus difficile pour les autorités à invisibiliser, comme l’auto-réduction dans un commerce à St-Henri en mai 2016. Assurez-vous de laisser passer une ou deux semaines entre le repérage de la cible et le moment de l’action puisque c’est la moyenne de temps avant que des données plus récentes n’écrasent les enregistrements des caméras de surveillance.

3. Choix fashion! (et autres préparatifs)

Portez deux couches de vêtements : une couche pour l’action incluant une capuche et un chapeau, et une différente couche en dessous pour ensuite éviter de correspondre à la description des suspects. Fondez-vous dans la faune locale : ça ne fait pas de sens d’être habillé en punk dans un quartier bourgeois, mais ça fait du sens d’être en vêtements de jogging fluo si vous êtes en train de courir sur une piste cyclable. Des vêtements amples aident à dissimuler vos caractéristiques corporelles. Un chapeau et une capuche vous gardent relativement anonymes lorsque vous approchez du point initial – la plupart des caméras point vers le bas, votre face sera donc obscurcie en majorité lorsque vous regardez vers le sol.

Vous pouvez porter un masque complet pour les quelques derniers blocs à parcourir et au cours de l’action elle-même (voir Quick Tip: How to Mask Up). Dépendamment du terrain et de l’emplacement des caméras, vous pourriez vous permettre d’attendre jusqu’à quelques instants avant l’action pour vous masquer pour éviter d’éveiller les soupçons trop tôt.

Assumez que vous serez vu.es sur caméra durant l’action. Ne soyez pas trop paranoïaques à propos des caméras aux alentours – une caméra standard de la ville a une piètre résolution dans l’obscurité, si la police va jusqu’à obtenir les vidéos avant que les enregistrements ne soit écrasés automatiquement par les données plus récentes. Chaque surface de tous les outils qui seront utilisés devrait être nettoyée soigneusement à l’avance avec de l’alcool à friction pour enlever les empreintes digitales, et des gants de coton devraient être utilisés lors de l’action (les gants de cuir et de nylon retiennent les empreintes digitales sur leurs parois intérieures). N’amenez pas votre cellulaire, ou si vous le devez, retirez la batterie puisqu’il continue à géolocaliser même lorsqu’il est éteint.

Établissez à l’avance un plan au cas où un citoyen interviendrait, ou vous suivrait dans le but d’appeler la police. Le poivre de Cayenne a fait des merveilles pour nous, mais si ça vous semble trop intense comme réponse immédiate, la plupart des gens peut être dissuadée en étant verbalement confronté par un groupe masqué.

4. L’heure des sorcières

Une fois que les guetteurs.euses sont en place et qu’illes se sont mis.es d’accord sur un signal de départ, regardez une dernière fois autour de vous, et allez-y! Pour briser les fenêtres d’un commerce gentrificateur, amenez assez de roches pour plusieurs fenêtres, visez les coins au bas des fenêtres, et assurez-vous d’avoir fini d’agir une trentaine de secondes après qu’ait éclaté le premier pan vitré. Si vous désirez aussi mettre de la colle dans les serrures, bombarder leur enseigne de peinture (voir Balles de peinture : des ampoules remplies de peinture), détruire les caméras (voir les conseils dans Camover Montreal), écrire un message en graffiti (en MAJUSCULES carrées pour cacher les particularités du style d’écriture), ou quoi que ce soit d’autre qui est relativement silencieux, faites-le avant de chahuter en brisant les fenêtres, ou planifiez qu’un.e ami.e de plus le fasse simultanément.

Débarrassez-vous de tout, incluant la couche supérieure de vêtements, le plus rapidement possible, à la première place appropriée sur votre voie de sortie – les flics ont des lumières qui révéleront les éclats de verre sur vos vêtements (ce qui est plus un problème si vous utilisez un marteau plutôt que des roches). Trouvez des cachettes créatives à l’avance pour cacher ce que vous ne voulez pas que la police trouve, mais tant qu’il n’y a pas d’empreintes digitales sur votre équipement et vos vêtements, ça ne devrait pas déranger. Les tactiques incendiaires sont l’exception à cela, puisqu’il y a plus de probabilités qu’ils fassent des analyses ADN. Dans ce cas, vous voulez ramener tout avec vous dans un sac à dos et vous assurer d’en disposer plus loin.[1. Notes sur les analyses ADN : un principe de base est de ne jamais toucher (ou contaminer autrement avec des cheveux, de la sueur, des cellules de peau, des pellicules, de la salive, etc.) toute chose qui sera laissée derrière, puisque contrairement au empreintes digitales, l’ADN ne peut être éliminé. Des gants chirurgicaux (vendus dans plusieurs pharmacies) utilisés avec des techniques stériles (apprises sur youtube) peuvent vous permettre de manipuler des matériaux sans les contaminer après qu’ils aient été sortis de leur emballage. Ceci devrait être accompagné du port d’un casque de bain ou d’un chapeau très serré pour les cheveux, d.un masque chirurgical pour prévenir les particules aériennes de salive, et d’un chandail à manches longues que vous n’avez jamais porté auparavant et dont les manches sont recouvertes aux extrémités par les gants (ou peut-être mieux encore, des combinaisons utilisées pour l’élimination des moisissures et de l’amiante). Travaillez sur une surface surélevée pour ne pas avoir à vous pencher sur les matériaux. Soyez accompagné d’une deuxième personne (qui prend les mêmes précautions) qui fera tomber les matériaux en dehors de leur emballage sur le « champ stérile » (vous pouvez utiliser un rideau de douche par exemple), afin qu’une fois stériles vous ne contaminiez pas les gants avec les emballages que vous auriez pu toucher. Pour transporter vos matériaux, scellez-les dans un sac de poubelles.]

Idéalement, même si vous êtes attrapé.es par la police alors que vous fuyez, vous n’aurez rien sur vous qu’ils pourraient utiliser pour vous lier au crime. Connaissez l’histoire qui vous amène dans le quartier, ou soyez certain.es de demeurer silencieux.ses, parce que s’ils trouvent des preuves pour contredire votre histoire, cela peut être utilisé contre vous en cours, alors que votre silence ne peut être retenu contre vous. Lorsque vous vous faites arrêter au Québec, vous n’avez à donner que trois informations à la police : votre nom, votre date de naissance, et votre adresse (ceci pourrait être différent dans d’autres endroits; il peut être utile de connaître les lois locales avant de réaliser toute action illégale).

Une fois arrêté.es, dire quoi que ce soit de plus fera plus de mal que de bien. Après avoir fourni les trois informations ci-dessus, vous pouvez répéter la phrase suivante : « Je n’ai rien de plus à dire. Je veux parler à un avocat. » (Si les choses se passent mal, allez voir How to Survive a Felony Trial: Keeping Your Head up through the Worst of It. À Montréal, contactez le collectif Outrage au Tribunal pour de l’aide avec la représentation juridique.)

Une réponse typique de la police (s’il y en a une – souvent les crimes liés au vandalisme ne sont découverts que le matin suivant) consistera tout d’abord à se rendre sur la scène du crime, peut-être à prendre le temps d’interroger des potentiels témoins pour savoir s’ils ont vu quoi que ce soit, et à ensuite conduire dans les rues autour à la recherche de potentiels suspects. Si vous sortez des environs immédiats aussi rapidement que possible, vous allez éviter tout cela. Se cacher peut être une option viable si quelque chose tourne mal et que quitter les environs comme prévu semble risqué – les cours arrière des maisons, les coins des allées de stationnement, les toits, les buissons, etc. peuvent tous être très utiles pour vous cacher en attendant de pouvoir partir.

5. Faites des beaux rêves!

Considérez utiliser un vélo pour sortir des environs rapidement – vous pouvez le barrer à une petite distance de jogging. Les vélos peuvent être déguisés en changeant de guidons et selles, en mettant du tape électrique noir sur le cadre, en retirant les caractéristiques qui permettraient de l’identifier ou en le peinturant entièrement en noir.

Il est préférable d’éviter l’utilisation de voitures si possible – une plaque d’immatriculation est beaucoup plus facile à identifier qu’un visage caché sous un capuchon sur un vélo. Mais si vous devez utiliser une voiture parce qu’il est trop difficile d’accéder au lieu autrement, soyez prudent.es. Vous pourriez vous stationner à une distance possible à faire en vélo, dans un coin qui n’est pas surveillé par caméras. Soyez habillé.es de manière totalement normale lorsque vous entrerez le véhicule. Prenez des chemins de campagne pour vous rendre et assurez-vous de bien connaître les routes. N’utilisez pas des voitures qui pourraient être déjà connues de la police, au cas où on leur aurait installé un dispositif de surveillance par GPS, et n’utilisez pas une voiture de location (c’est en partie pourquoi Roger Clement s’est fait attraper pour avoir incendié une filière de la RBC contre les Olympiques de Vancouver).

Reposez-vous bien en sachant que vous avez détruit une petite part de ce monde fucked up!

Allez voir Comment soumettre un communiqué de manière sécuritaire si vous voulez revendiquer votre action! Aussi, allez faire un tour sur la page de guides pratiques pour plus de guides sur les actions directes : le blocage de trains, la fermeture d’oléoducs, les manifs, les émeutes, et plus encore!

L’antifascisme l’emporte à Montréal : manger une volée avec votre Joyeux Festin?

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTL Counter-info

Le 25 mars 2017, près de 200 personnes ont répondu à l’appel d’aller confronter des groupes d’extrême-droite qui planifiaient perturber une journée d’ateliers anti-racistes/anti-fascistes à Montréal. L’appel a été lancé après qu’un événement Facebook ait fait surface, appelant à empêcher les « ateliers terroristes ». Cet événement a été créé par la Coalition Canadienne des Citoyens Concernés (CCCC), le même groupe qui avait appelé les rallies du 4 mars dernier qui ont eu lieu à travers le Canada contre les immigrant.es. Ce jour-là, pour la première fois, le groupe fasciste La Meute a été capable de prendre les rues de Montréal.

Vers 9ham, des gens ont commencé à se rassembler sur le campus de Concordia, au centre-ville, devant le pavillon Hall où les ateliers allaient se tenir. La foule était composée d’un mélange d’étudiant.es, d’anti-fascistes et d’anarchistes, dont près de la moitié avait le visage couvert. C’était un matin froid et boire du café sans retirer nos masques s’est avéré plus difficile que d’habitude, mais la menace réelle d’une autre mobilisation de l’extrême-droite, similaire à celle du 4 mars, nous a gardé.es vigilant.es.

Après environ 45 minutes, une mini-van grise s’est arrêtée à côté de la foule. Georges Hallak, le leader et apparemment seul membre du CCCC, est débarqué. Avec un rictus de mange-marde et un drapeau canadien attaché à l’extrémité d’un bâton de hockey (les fuckings canadiens…), il a commencé a marcher vers la foule, arrivant tout juste à faire quelques pas avant de rencontrer un barrage de poings. La police a rapidement tracé son chemin jusqu’à lui, menotté Hallak, et l’a enfourné dans une voiture de patrouille.

La foule a rit et applaudit, autant excitée qu’incrédule face à la scène qui venait de se produire (sérieusement, un drapeau canadien collé à un bâton de hockey… what the fuck?). Pour ajouter du ridicule à la situation, il s’est avéré qu’Hallak était en livestream sur Facebook pendant que ça se passait. Le vidéo de sa disparition éclair vit dans nos coeurs et sur nos disques durs. L’ambiance a ainsi été posée : semblerait-il que la foule soit en mode confrontation.

Dix minutes plus tard, un skinhead solitaire s’est matérialisé de l’autre côté de la rue. Vêtu de pantalons de l’armée, avec des lunettes fumées de mauvais goût, et des « bretelles rouges[1. Dans certains cercles skinhead, les bretelles rouges doivent être méritées, gagnées en commettant un acte violent comme une attaque contre un ennemi perçu de race blanche. Toutefois, quelques skinheads portent du rouge non pas parce qu’ils ont commis un acte de violence mais simplement parce que ça fait partie de leur sous-culture.] », l’homme s’est promené autour, a parlé à la police, et s’est caché derrière une voiture de police, apparemment confus quant à l’endroit où se trouvait le reste de ses amis. Quelques projectiles ont été lancés dans sa direction, mais la foule ne s’est pas occupé de lui plus longtemps. Éventuellement, un petit groupe d’individus masqué s’est approché et l’a poussé au sol (note : les Doc Marten’s ont une adhérence terrible et ne sont pas très performants dans la neige). Après quelques coups de poings, la police a mis fin à la bagarre, ce qui a fait retourner les individus masqués dans la foule.

Au milieu de toute cette excitation, nous avons échouer à remarquer que le conducteur de la mini-van s’était stationné à moins d’un bloc de distance de la manif. Après avoir confirmé que c’était bien le même véhicule, la foule s’est approché pour quelques secondes avant qu’elle ne s’enfuit. Une volée de roches a frappé le véhicule, même si nous n’avons pas été capables de le rattraper.

Dans le livestream d’Hallak, il mentionne s’être coordonné avec les Soldats d’Odin (SDO), un groupe de d’auto-défense anti-immigrants. SDO a été formé en Finlande en 2015 mais a depuis lors établit des chapitres dans des dizaines de villes à travers le Canada. Peu après l’arrestation d’Hallak, près d’une vingtaine de membres de SDO ont été repérés en face d’un McDonald, à un bloc de distance de la manif. Quelques dizaines de personnes vêtues de masques se sont séparées de la foule principale dans un effort pour aller les confronter, mais la police était partout.

Après s’être regroupé, SDO a marché vers la manifestation, ne réussissant à s’approcher qu’à un demi bloc de distance avant d’être accueillis par un groupe de militant.es fâché.es. La police a d’abord prévenu les deux côtés de s’affronter, mais un petit groupe a avantageusement fait usage d’une ruelle pour lancer des œufs sur SDO et des morceaux de glace. SDO a rebroussé chemin vers le McDonald et s’est dispersé.

À un certain point lors de ces premières confrontations, la police a été capable d’isoler un anti-fasciste, de le battre et de l’arrêter. Il s’est fait donné une amende et été relâché plus tard. Durant les heures qui ont suivi, plusieurs des manifestant.es présent.es le matin ont participé aux ateliers du matin sans qu’ils n’aient été perturbés, alors que quelques autres moments hilarants se passaient au dehors.

Deux membres de SDO ont été repérés en train de manger des cheeseburgers dans le McDonald. Un petit groupe d’individus masqué est entré dans l’Arche Dorée et a tenté de les confronter, mais il en a plutôt résulté une conversation incroyablement malaisante entre les deux groupes. Nous nous tenions autour avec gêne alors que des personnes, qu’on présume avoir été là par intérêt pour les nouveaux déjeuners servis toute la journée, se demandaient si on était en file. Les deux hommes sont devenus de plus en plus grincheux, et on a décidé que des renforts pourraient être utiles. Rapidement, un foule d’une vingtaine de personnes est arrivée et a attaqué un des membres de SDO avec des œufs et des coups de poing. Lorsqu’un pickup est arrivé pour les aider à fuir, un autre membre s’est fait tabasser au sol et le véhicule a eu une vitre fracassée grâce à une roche bien lancée.

La mini-van d’Hallak, stationnée devant la station de police puisque son conducteur voulait apparemment s’assurer de son état, a été bien redécorée (juste à temps pour le printemps!). La police a tenté de faire entrer Hallak dans son véhicule mais ont été forcer de le garder dans leur voiture lorsqu’une petite foule prête à la confrontation est arrivée. La mini-van et la voiture de patrouille se sont éloignées, et ont disparu.

Après une heure sans voir les racistes, les manifestant.es se sont dispersé. Le matin a été rempli d’événements et d’activités amusantes, ce qui était bienvenu pour nous remonter le moral après les échecs du 4 mars. Malgré tout cela, nous pensons qu’il est important de relever certains aspects qui méritent d’être améliorés.

Bien que les racistes aient été neutralisés et en sous-nombre comparé aux anti-racistes, ils ont tout de même été capables de se rassembler, même si c’était juste sur le trottoir. Ceci peut être en soi une victoire pour eux. Leur capacité à prendre la rue servira à galvaniser leurs rangs et à leur offrir des opportunités pour rayonner et recruter des membres potentiels. Une approche sans plateforme fonctionne mieux si nous réussissons à rendre totalement impossible pour eux le fait de se présenter en grand nombre.

Les groupes qui se présentent à ces événements (CCCC, les Soldats d’Odin, La Meute) ont une présence très publique sur internet. Une surveillance en ligne peut nous aider à glaner des informations cruciales quant à leurs tactiques et à leurs capacités logistiques. Les visages de ces personnes et leurs noms complets sont sur Facebook.

Ces manifestations peuvent consister en beaucoup de temps mort. Nous attendons parfois plusieurs heures avant que l’ennemi ne fasse signe. Utilisons ce temps pour organiser des assemblées informelles et des conseils de porte-parole lors desquels nous pouvons partager des idées et discuter de stratégies pour se retrouver avec plus de cohésion dans les rues.

Aux premières lignes de la bataille contre l’islamophobie

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Mai 222017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Le 4 mars, un appel a été lancé par un groupe (probablement composé d’une seule personne) connu sous le nom de la Coalition Canadienne des Citoyens Concernés pour une série de manifestations islamophobes à travers le Canada. Les rassemblements étaient organisés contre le projet de loi M-103, une motion parlementaire condamnant l’islamophobie (au lendemain du massacre de la mosquée de Québec plus tôt cette année) décrite par le CCCC comme une attaque contre la liberté d’expression[1. M-103 est une dénonciation standard et peu remarquable par un politicien. C’est une motion non-contraignante qui appelle à la reconnaissance du problème du racisme et de l’islamophobie et à leur destruction, à la réalisation d’études et à la récolte de statistiques, et à la recherche de solutions, mais qui ne suggère rien de bien concret au-delà de ça.]. Le 4 mars, les rassemblements étaient déclarés officiellement « pour la liberté d’expression, contre la charia et contre la globalisation » et les directives internes invitaient tout particulièrement les gens à ne pas amener des signes de la « supremématie blanche » ou ouvertement racistes (ce qui ne les a pas empêchés de nous crier « traîtres à la race » ou de faire des saluts nazis).

L’islamophobe derrière le CCCC basé à Montréal, George Hallak, semble avoir adopté une approche du genre « lance le sur le mur et voit si ça colle », en créant des événements Facebook à travers le Canada et en publiant ensuite une demande sur le mur l’événement pour voir si une personne de la localité pouvait s’en occuper. Non seulement ça a eu du succès dans le Canada anglais – dans plusieurs villes, des racistes de différentes localités ont fait la rencontre les uns des autres et se sont aussi présentés la dite journée (même s’ils ont été généralement beaucoup moins nombreux et submergés par les antiracistes) – mais au Québec, l’effort a été pris en charge par les groupes d’extrême-droite de la province et a, ici, ouvert la possibilité du premier « coming out » coordonné et uni de l’extrême-droite.

Depuis maintenant plus de 20 ans, les forces radicales de Montréal – généralement menées par les anarchistes et les maoïstes – ont empêché chaque rassemblement public de l’extrême droite avec consistance. Une fois de plus, les forces s’étaient préparées à faire la même chose que par le passé. Malgré des températures très froides (-20ºC), un nombre de gens comparable à celui des multiples mobilisations antifascistes de 2016 (quelques centaines) s’est présenté, et certaines personnes étaient préparées à agir. Cependant, à la différence de 2016 où il y avait tout au plus une dizaine de racistes qui se pointait, cette fois, ils étaient plus de 100 avec leur propre corps de sécurité compétent, imposant et coordonné avec la police.

À Montréal, notre côté a eu le dessus de manière superficielle – nous étions plus qu’eux, quelques-un.es des leurs se sont fait frapper, certain de leurs signes et drapeaux ont été pris de force, la police était positionnée pour les « protéger » de nous et lorsque certain.es d’entre nous ont pris le dessus sur la police, les fascistes se sont éloignés pour finalement se disperser – mais ceci n’était en réalité qu’un échec pour nous. Pour se rendre au site du rassemblement, les racistes ont marché à travers le centre-ville. Une fois le contingent raciste arrivé, ils ont été capable de tenir leur position (protégée par la police) pour plus d’une heure en s’affichant de manière impressionnante (gros drapeaux, pancartes, etc.). Lorsque la police a été finalement débordée et que certaines de nos forces ont pu rejoindre les racistes, ces derniers ne se sont pas enfui, mais ont plutôt marché de manière ordonnée sous escorte policière jusqu’à leur point de départ, et de là se sont dispersés.

Ce que nous décrivons plus haut a été l’objectif de l’extrême-droite depuis des années, mais les groupes qui s’y essayaient (pour prendre un exemple récent, PEGIDA Québec l’a tenté à de multiples reprises en 2015 et 2016) étaient incapables de réussir – chaque fois, leurs forces étaient minuscules et ils avaient l’air minables. D’après ce qu’on a vu le 4 mars et d’après de nombreux compte-rendus, ils se sentent aujourd’hui bien loin de ça. Par le passé, pour chaque personne qui se présentait de leur côté il y en avait une dizaine qui affirmait sur les médias sociaux vouloir s’y pointer mais qui ne le faisait pas (par peur d’être grandement submergés et humiliés ou blessés). Pour cette raison, le fait qu’ils aient réussi à manifester pourrait vouloir dire qu’ils feront encore mieux la prochaine fois.

À Québec les choses étaient pires encore – ce qui est obscène, puisque c’est la ville où, il y a cinq semaines, une personne d’extrême-droite a tué six personnes et sérieusement blessé de nombreuses autres en ouvrant le feu dans une mosquée. L’extrême droite a mobilisé plus de 100 personnes, dont la majorité était d’âge mûr ou plus vieux encore, et qui n’était probablement pas du genre à vouloir aller jusqu’à la confrontation physique. Cependant, un plus petit contingent associé avec le groupe fasciste Atalante était aussi présent, et, à un certain moment, a donné l’impression qu’il cherchait la bataille. Étant donné le petit nombre d’antifascistes présent.es le 4, il n’est pas clair qui aurait été chassé de là si la police n’avait pas été présente.

(Afin de mettre en contexte la situation de la ville de Québec, il est à noter que la semaine précédent le 4, une grande manifestation anti-raciste a eu lieu ainsi qu’un festival anti-raciste ayant attiré de nombreuses personnes. La situation n’est donc pas due à l’absence de développement positifs sur le terrain, mais simplement que ces derniers ne se sont pas traduit en un équilibre de forces qui nous était favorable le 4, et ce pour une variété de raisons.)

Au Saguenay, au nord-est de la ville de Québec, il y a eu près de 100 racistes qui ont marché, avec à peu près à moitié moins d’antiracistes. Bien qu’en plus petit nombre, des forces similaires se sont unies dans les villes de Trois-Rivières et Sherbrooke.

Les événements du 4 mars ont été rendus possible à cause du travail organisationnel de l’extrême-droite autant qu’à un environnement social islamophobe malsain.

Les acteurs

La Meute a repris l’appel du CCCC à travers le Québec. Elle est une organisation d’extrême-droite ayant une présence massive sur internet (plus de 43 000 membres sur son groupe Facebook non-sécurisé) et qui attendait le moment où elle pourrait organiser un événement public majeur en dehors de la cyber-réalité.

Fondé en 2015 par deux ex-militaires, Éric Venne (alias Éric Corvus) et Patrick Beaudry, les premiers événements organisés par le groupe se sont tenus dans la région de la ville de Québec et de Saguenay. En août 2016 leurs flyers ont commencé à faire leur apparition sur les places publiques, et quelques semaines plus tard, Venne et d’autres membres ont perturbé un événement d’information organisé par un groupe de volontaires qui planifiait héberger une famille de réfugié.es syrien.nes.

Comme c’est souvent le cas pour de tels groupes, La Meute soutient n’être ni d’extrême-droite ni raciste, seulement contre la « charia » et « l’islam radical ». Plus encore, et procédant toujours dans même logique que plusieurs autres groupes semblables – mais pas tous, ils justifient partiellement leur opposition à l’islam suivant les termes qu’il serait sexiste et homophobe. Venne a même pris la peine de se présenter à la vigile du Village Gai de Montréal ayant suivi le massacre de juin 2016 au club Pulse à Orlando.

L’objectif déclaré de La Meute est de devenir une force politique d’importance au sein du grand public. Il demeure tout de même un groupe d’extrême-droite, même s’il n’aime pas être décrit ainsi. Pour reprendre les propos de Sylvain Brouillette (aka Sylvain Maikan) qui assure leurs relations avec les médias, « Marine Le Pen est beaucoup plus proche de nous que Donald Trump ». Comme ils l’ont montré le 4 mars, La Meute vise à attirer des gens allant de racistes conscients d’extrême-droite à des gens qui ne se considèrent sincèrement pas comme tel, mais qui sont motivés par une combinaison de désinformation et de peur des musulmans.

Le 4 mars a été un test important pour La Meute. S’ils avaient été battus, ça aurait été un revers majeur. Le groupe a obtenu beaucoup d’attention médiatique à cause de son grand nombre de membres Facebook, mais comme on le sait bien, c’est vide de sens en soi – en d’autres termes, pour eux, cette situation était de l’ordre du « présente-toi ou tais-toi ». Ils ont aussi été rejoints par de plus petits groupes (PEGIDA Québec, Les Soldats d’Odin), des boneheads, et d’autres qui n’arrivent pas à faire quoi que ce soit de public avec nombres réels à Montréal ou choisissent de ne pas le faire. Alors soudainement, tous ces petits milieux, avec une personne ici et là se sont unis en quelque chose que nous n’avons pas pu empêcher, sous la protection de La Meute. Certain.es supposent que beaucoup de gens ont dû se présenter de l’extérieur de Montréal, ce qui peut être vrai, mais ce qui n’est pas vraiment pertinent. En plus, puisqu’il y avait d’autres rassemblement dans d’autres villes, les forces de l’extérieur de Montréal auraient dû avoir moins d’importance que lors des mobilisations précédentes.

Et rappelons-nous : hors de Montréal, en fait, les manifestant.es antifascistes ont été submergé.es par les racistes.

La ville de Québec est la capitale de la province. Elle est plus petite, beaucoup plus blanche, et beaucoup plus conservatrice que Montréal. Plus encore, ça fait des années qu’elle baigne dans la propagande raciste des « radios poubelles », qui pointent les musulmans non-seulement comme une menace contre l’ « Occident », mais contre Québec en particulier, en des termes qui sont souvent impossibles à distinguer de ceux de groupes comme La Meute. Dans un contexte aussi favorable, plusieurs groupes d’extrême-droite ont été capables de se développer.

Outre La Meute, Les Soldats d’Odin est un autre groupe actif à Québec. C’est une organisation internationale née en Finlande et basée en grande partie autour de l’organisation de patrouilles de rue anti-musulmans. En 2016, le groupe a mis en place plusieurs chapitres à travers le Canada, incluant le Québec. En janvier 2017, leur organisation de Québec a été bouleversée par le remplacement de leur leader Dave Tregget par Katy Latulippe, une partisane de la ligne dure (depuis lors, Tregget a débuté un nouveau groupe Storm Alliance). Selon un article de journal récent, Latulippe « a promis de ramener la branche de Québec des Soldats d’Odin à ses racines finlandaises et à démarrer des patrouilles des zones les plus musulmanes de la ville de Québec. L’objectif, dit-elle, n’est pas d’intimider les immigrants musulmans mais plutôt de leur faire prendre conscience des valeurs du Québec. »

Un autre groupe notable – qui était aussi actif à Québec le 4 mars, aux côtés de La Meute, Les Soldats d’Odin et Storm Alliance – ebt Atalante, un groupe de la Troisième Voie comptant plusieurs boneheads et d’anciens boneheads (la promotion du groupe a été faire à des shows du groupe de musique Légitime Violence). Atalante fait partie de la tendance la plus clairement fasciste et consciemment raciste de l’extrême-droite du Québec, aux côtés d’autres groupes comme la Fédération des Québécois de Souche (plus présente dans la région du Saguenay) et La Bannière Noire (basée à Montréal).

Bien que petit, le groupe Atalante a été actif depuis sa fondation ; il a tenu deux manifestations publiques dans la ville de Québec, a organisé une conférence avec l’intellectuel d’extrême-droite italien Gabriele Adinolfi (lui-même un des fondateurs des politiques de Troisième Voie) et une messe catholique publique avec la Société de Saint Pie X (une secte romane catholique dissidente aux liens étroits avec l’extrême-droite internationale). Dans le cadre de son approche de troisième voie, Atalante a organisé des événements pour offrir de la nourriture et de jouets gratuits à des quartiers ouvriers – mais à des « néo-français » seulement.

À Québec, le 4 mars, bien que la masse de la manifestation était composée de La Meute, c’était Atalante qui semblait se positionner pour se battre contre notre côté à un certain moment. Ceci dit, leur relation à la montée anti-musulmans n’est pas sans nuance : dans une déclaration publiée sur leur groupe Facebook après la manif, ils critiquent l’étroitesse du focus sur l’islam, en disant que les ennemis réels sont le multiculturalisme, l’immigration massive et les systèmes « banksters », et condamnant comme inutile toute mobilisation qui s’en éloigne. Dans la même optique, ce jour-là, on pouvait voir écrit sur leur bannière une citation modifiée de Marx « Immigration – Armée de Réserve du Capital ». (Ce n’est pas la première fois qu’Atalante s’est fait un devoir de critiquer des racistes moins idéologiques – récemment, ils ont distribué des tracts à un lancement de livre du journaliste islamophobe populaire Mathieu Bock-Côté, appelant à une approche plus radicale.)

Contexte social

Au-delà de l’implication et du travail organisationnel des groupes d’extrême-droite, il y a des facteurs sociaux plus larges derrière la différence marquée de la manière dont le 4 mars s’est passé au Québec et au Canada anglais. L’islamophobie et la xénophobie sont généralement moins contestées dans la sphère publique au Québec qu’ailleurs au Canada, et la réponse de la gauche au racisme (depuis des générations maintenant) a été bien plus faible et moins cohérente que partout ailleurs en Amérique du Nord. Cela est dû au fait que le problème de l’identité nationale et du nationalisme québécois n’a jamais été neutralisé ni résolu de manière libératrice ici. Alors qu’en de nombreux autres endroits il y a une vaste part de la population n’étant pas de gauche qui est hostile à l’extrême droite parce qu’elle la voit comme étant en quelque sorte extrémiste, non-démocratique ou autrement peu ragoûtante (pour des raisons que nous ne considérerions pas de gauche, mais dont nous bénéficions toutefois passivement), au Québec cette partie de la population est bien plus ambivalente et peut balancer d’un côté ou de l’autre dépendamment de comment les choses sont présentées. Cela offre un plus grand bassin aux racistes organisés dans lequel aller faire du repêchage, et plus d’espace pour opérer au niveau des idées. Par exemple, ils ne sont pas toujours considérés comme « à côté de la plaque ».

Toujours est-il que ça vaut la peine de rappeler aux lecteurs.trices que lors de la période de la Nouvelle Gauche, les soi-disant « long sixties », le Québec était un pôle progressif du Canada, et le mouvement nationaliste du Québec était dominé par des forces progressistes. Bien que ce texte ne soit pas le lieu où se plonger dans une histoire étendue de ce qui s’est mal passé, certaines des racines du problème peuvent être retracées jusqu’à ce « point culminant », où une identification avec les forces anti-coloniales à travers le monde a mené bien des Québécois nationalistes à rejeter la possibilité que leur nation soit un oppresseur, ou que leur propre mouvement soit un véhicule de racisme. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir d’anciens radicaux, des activistes de gauche et même des leaders de cette génération tenir des positions ouvertement racistes et d’extrême-droite. Ce qui diffère peut-être de d’autres contextes en Amérique du Nord c’est que ces individus ne reconnaissent pas toujours le fait qu’ils ont changé de côté.

En plus de ce qui précède, le massacre du 29 janvier, lorsqu’Alexandre Bissonnette (une personne d’extrême droite) a fait une fusillade dans une mosquée de la banlieue Ste-Foy de la ville de Québec, a véritablement encouragé l’extrême-droite. (La mosquée avait été la cible de vandalisme islamophobe à de nombreuses reprises par le passé, dont en juin 2016 lorsqu’une tête de porc avait été laissée sur son porche accompagnée de la note « bon appétit ».)

Alors que des milliers de personnes se sont réuni lors de vigiles après le massacre, et qu’il y a eu beaucoup de couverture médiatique à propos de l’islamophobie pour plusieurs jours, au Québec l’enjeu de l’identité nationale mentionné précédemment a fait en sorte qu’en une semaine, non seulement les néonazis et les fascistes, mais aussi de larges pans de la droite populiste nationaliste ont réinterprété l’événement comme quoi le Québec serait maintenant sous attaque par les « multiculturalistes » et les « islamistes » qui veulent « exploiter » la tuerie pour mettre un frein à la liberté d’expression, pour humilier et calomnier la ville de Québec en tant que raciste, etc. – tout cela parfaitement symbolisé par l’insignifiant projet de loi M-103. Ces personnes ont sincèrement senti qu’il y a beaucoup de racisme du Canada contre le Québec, et que tout discours sur l’ « islamophobie » n’est qu’un écran de fumée – et nous devons souligner que ceci est une position que la gauche n’a jamais neutralisée ici, même au sein de ses propres rangs.

Alors que le massacre du 29 janvier a été condamné par presque toutes les sections de l’extrême-droite, ce n’est pas une exagération d’affirmer que plusieurs voient la nation du Québec comme ayant été la réelle victime. Plus encore, l’attaque a été clairement encouragée et enhardie par d’autres forces de l’extrême-droite et par les racistes ordinaires, pas seulement au Québec mais à travers le Canada anglais aussi. Elle a été suivie par une série d’actes de vandalisme contre des mosquées, une alerte à la bombe contre les musulmans à l’université Concordia à Montréal, et des attaques renouvelées contre les musulmans dans les médias, particulièrement sur les radios poubelles.

C’est dans ce contexte que la manif du 4 mars a eu lieu.

Pas seulement Trump

Le Québec est une nation différente du Canada anglais ou des États-Unis ; alors que l’ « effet Trump » joue un rôle dans les événements ici, le Québec est aussi indépendamment travaillé par des processus internes qui ont mené en ce sens. Effectivement, pointer Trump du doigt, ou les crimes impérialistes du Canada au Moyen-Orient comme principaux facteurs derrière l’islamophobie ici est devenu un argument mobilisé par certaines figures qui cherchent à minimiser ou simplement nier les racines profondes du racisme au Québec. En faisant porter le blâme à des politiques décidées à Ottawa ou à Washington, DC, de tels arguments laissent une fois de plus le Québec comme innocente victime, libre de tout blâme.

Il y a plusieurs exemples de cela, mais le plus outrageux est probablement l’article « The New World Order Hist Quebec City » par Robin Philpot, un anglophone depuis longtemps déjà apologiste du racisme au Québec (déjà en 1991 Philpot écrivait que, dans son conflit avec l’État du Québec, la Mohawk Warrior Society était utilisée par la CIA ou la GRC). Dans son article « New World Order », d’abord publié sur le site web Global Research basé à Montréal et ayant ensuite été republié sur Counterpunch, Philpot soutient essentiellement que le massacre du 29 janvier était le résultat de l’impérialisme global, et pas d’un quelconque problème particulier avec l’islamophobie ici. Effectivement, dans sa couverture de nombreuses mobilisations de masse islamophobes au Québec, Philpot soutient que la province ne peut pas être islamophobe à cause… des grandes manifestations contre la guerre en 2003 ici.

Que de tels arguments ne mènent nulle part peut être démontré par le simple fait qu’ils échouent à prévoir ou à expliquer des événements comme celui du 4 mars.

Afin de comprendre les choses, le Québec a besoin d’être vu comme une nation distincte, mais aussi comme une nation faisant intrinsèquement partie de et qui se voit comme appartenant à l’identité plus large supra-nationale du 21e siècle de « blancheur » et de l’ « Occident » – non seulement en ce qui concerne les crimes blancs de l’Occident à l’étranger, mais aussi en termes de relations sociales « à la maison ». Ceci fait du Québec une nation en un certain sens pareille et en un autre différente des autres sociétés prétendument « blanches » et « Occidentales ». Par exemple, en ce qui a trait aux groupes mentionnés dans ce texte, plusieurs des points de référence intellectuels sont différents (par exemple, plus européens, plus fermement catholique), et même lorsqu’ils sont partagés (par exemple, la Nouvelle Droite européenne a aussi influencé l’alt-right américaine) ils jouent un rôle différent parce qu’ils nous parviennent sans avoir été traduits et à travers des canaux différents.

La « qualité stratégique » d’une percée de l’extrême-droite ici, pour ceuzes d’entre vous qui êtes aux États-Unis, serait difficile à mesurer, et peut s’avérer minime. D’un autre côté, comme les événements récents l’ont montré, tout endroit où ces gens peuvent faire des avancées significatives peut constituer une inspiration ou un point de levier pour les gens de leur espèce ailleurs.

D’une manière ou d’une autre, ce qui est maintenant à l’ordre du jour pour les nôtres au Québec est de déterminer la signification des événements récents. Pour les antifascistes et autres forces progressistes, la priorité est claire : construire à partir de nos positions de force, établir des liens avec de nouveaux.elles allié.es, et s’assurer qu’un moment comme le 4 mars ne se reproduise pas.

Une manifestation d’extrême-droite protégée par la police contre les antifascistes

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Avr 252017
 

De Sub.media

Aujourd’hui, l’extrême droite a été capable de prendre la rue à Montréal, avec l’objectif supposé de protester contre le gouvernement libéral. Ils ont exclu de leur appel leurs différentes affiliations et ont réussi à attirer une foule de bonne taille, qui ne connaissait pas les politiques des organisateurs.

Ils ont aussi laissé leurs drapeaux et leurs signes à la maison, et ont préféré porter des drapeaux du Québec et, dans un étrange cas, une personne a marché avec un drapeau de l’unité autochtone, connu par le public comme le « drapeau warrior ». Inspirés par les événements récents aux États-Unis, les éléments proto-fascistes dans la manifestation étaient prêts à se battre.

Certains portaient des masques, des armures et des casques, et brandissaient même des bâtons. Ceux qui faisaient la sécurité portaient des brassards et il y avait des éclaireurs dans le périmètre de la manif. Les anarchistes et les anti-fascistes étaient bloqués par une présence policière massive ce qui a empêché les camarades de se rendre assez proche des manifestant.es. La police protégeait les manifestants alors qu’ils marchaient librement à travers le centre-ville.

Évaluation et rapport de la contre-manif anti-raciste

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Mar 102017
 

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De Sub.media

Évaluation et rapport de

la contre-manif anti-raciste

Ceci est une rapide évaluation personnelle et un rapport de la contre-manifestation anti-raciste à Montréal aujourd’hui (4 mars 2017) en réaction à une tentative de mobilisation d’islamophobes, racistes et anti-immigrant.e.s. Ceci est un rapport public (Je sais que n’importe qui peut le lire). Je peux partager d’autres infos avec des camarades.

Ceci n’est simplement l’avis que d’un activiste anti-raciste sur ce qui s’est passé plus tôt aujourd’hui à Montréal, influencé par des discussions avec des camarades, avec qui j’ai partagé la plupart de ce que vous allez lire plus bas.

Évaluation

Il est essentiel d’être brutalement honnête: la mobilisation d’aujourd’hui a été un échec tactique par les anti-racistes et les anti-fascistes de Montréal. Il n’était pas assez pour nous d’être dans la rue ni d’être plus nombreuxes que les racistes; nous avions besoin d’empêcher au minimum les racistes islamophobes de marcher et d’arrêter la marche complètement. Pourtant, plus de 100 manifestant.e.s racistes, entouré.e.s de polices, ont réussi à marcher de d’Hôtel de ville au carré Berri et nous avons été incapables de les arrêter. C’est tout simplement inacceptable, c’est un immense échec.

Depuis les deux dernières années, malgré l’augmentation des groupes racistes et anti-immigration, nous avons empêché l’extrême droite de marcher ou de manifester publiquement, ou de les confronter avec du succès (ex: les manifestations de Pégida échouées dans St-Michel et Villeray; les mobilisations et évènements de JDL échouées; nous avons empêché l’anti-immigrant.e.s et raciste « Marche du silence »; nous avons activement confronté la visite de Marine LePen à Montréal). Aujourd’hui, l’extrême droite raciste a réussi à marché dans les rues de Montréal et il n’y a pas de manière d’embellir cette réalité.

En parlant avec des camarades après l’évènement, et après avoir réfléchi personnellement, il y a plusieurs raisons immédiates à notre échec collectif, selon moi:

i) Quand notre contingent de maximum 400 personnes a été séparé de la manifestation raciste et il y a eu une période de 45 minutes où nous étions d’un côté et que leur manif était de l’autre, une grande partie (50-100 personnes) de notre manif aurait dû se déplacer de l’autre côté pour prendre les racistes en sandwich. Il aurait été plus difficile pour les polices de nous tasser pour permettre la marche raciste que pour nous de tasser les anti-émeutes (ce qu’on n’a pas réussi à faire). Pour être juste, certains camarades en ont parlé, et quelques individus se sont déplacés de l’autre côté pour les prendre en sandwich, mais ce n’est jamais arrivé de manière efficace et décisive.

ii) Notre manifestation anti-raciste aurait dû être beaucoup plus importante. Nous étions 400 max. et nous aurions dû être au moins 1000. S’il vous plaît, prenez les appels pour confronter les racistes et les fascistes sérieusement, changez vos plans si nécessaire et présentez-vous (si vous en êtes capables) ou joue le tout aussi important rôle de soutenir les gens qui y sont présents.

iii) Présentez-vous à temps pour confronter des racistes; nous étions 400 personnes max., mais environ 200 à 11h30. Il y avait déjà des racistes présent.e.s et nous aurions peut-être pu coordonner deux groupes anti-racistes pour les prendre en sandwich si plus de gens avaient été présents plus tôt.

iv) Les islamophobes, racistes anti-immigrant.e.s étaient mobilisé.e.s et organisé.e.s. Iels ont réussi à rassembler au moins 100 personnes. La « Canadian Coalition of Concerned Citizens », le groupe islamophobe nébuleux qui a organisé la manifestation à travers le Canada, a été essentiellement pris en charge au Québec par le groupe raciste La Meute, qui organise de façon quasi-militaire. Le temps est passé où les activistes cyniques dé-priorisaient les efforts anti-fascistes comme non centraux puisqu’il n’y avait qu’une poignée de fascistes aux manif qu’iels essayaient d’organiser (nos manifestations faisaient partie de la raison pour laquelle ces fascistes restaient à la taille d’une poignée). L’extrême droite raciste et anti-immigrant.e.s est organisée et mobilisée au Québec, Montréal inclus.

v) Non seulement la manif raciste a réussi à marcher, entourée de polices, de l’hôtel de ville au carré Berri, mais La Meute est arrivée à la manif en marchant du carré Berri à l’hôtel de ville (en coordonnant leurs efforts avec les polices). C’est un échec tactique de ne pas avoir entendu parler de cette marche en avance et de n’avoir rien fait.

vi) Nos communications collectives d’aujourd’hui ont été un échec. La prochaine fois, il faudra communiquer de façon organisée, pas improvisée, coordonnée, fiable, selon un plan collectif d’entourer les racistes, les prendre en sandwich et ensuite, les arrêter complètement.
Un résultat possible de l’échec d’aujourd’hui concernant l’arrêt des racistes est de se montrer moins complaisant.e.s dans notre organisation anti-fasciste, devenir mieux organisé.e.s, voulant dire aussi de ne pas compter sur l’ « antifa » en tant que sous-culture, mais plutôt une priorité centrale dans l’organisation de tous les groupes qui opposent le racisme et le fascisme. Un autre résultat qu’il faudra prendre l’extrême droite anti-immigrant.e.s en hausse au Québec et au Canada au sérieux (au cas où vous ne le faisiez pas déjà). Un autre résultat qui met au défi notre modèle d’organisation existant, surtout le fait de compter (pour quelques-un.e.s) sur de l’improvisation totale pour ce qui est des organisations nécessaires, fiables et de base.

Rapport

Pour celleux qui n’étaient pas là, voici un rapport cru de ce qui s’est passé:

L’appel pour une contre-manifestation anti-fasciste/anti-raciste était prévue pour 11h30 du matin, au moins 30 minutes avant la manif raciste allait commencé en avant de l’hôtel de ville de Montréal. Avant 11h30, environ une douzaine de personne qui avaient l’intention de manifester dans la marche raciste, avec environ 100 activistes anti-racistes et plus qui sont arrivé.e.s dans les 30 minutes d’après. Il y a eu des confrontations verbales et au moins une confrontation physique, entre racistes et anti-racistes. Les polices ont fini par diviser les deux groupes; les racistes déplacé.e.s par la police à l’est de l’hôtel de ville et notre plus grand groupe d’anti-racistes à l’ouest. Une rangée de polices nous a séparé.e.s et ont créé une zone tampon large de la moitié d’un bloc entre les racistes et les anti-racistes.

Pour environ 45 minutes, ou plus, il y a eu des slogans scandés d’un côté à l’autre de notre manif. Pendant ce temps-là, les gens de La Meute sont arrivés et ont joint le petit groupe de racistes. Leur nombre est devenu de 100 et plus, à brandir leurs drapeaux de griffes de loups. Un petit groupe avait des affiches « Pégida Québec » (en référence au groupe d’anti-islam, anti-immigrant.e.s qui a commencé en Allemagne et qui avait jusqu’à maintenant échoué à manifester publiquement à Montréal).

Il est devenu clair que la manif raciste a commencé à marcher sur Notre-Dame vers Berri. La rangée de police reculait et nous les avons suivi.e.s (pourtant, avec du recul, nous aurions dû couper notre manif en deux pour essayer de bloquer la manif raciste). Pendant se déplacement, il y a eu des altercations avec des anti-émeutes. Les polices ont sorti leur poivre de cayenne et quelques camarades ont reçu des coups de matraque (une personne s’est fait explosé les dents avec un coup de bouclier; nous avons pris le numéro de plaque de la police et nous allons faire un suivi pour offrir du soutien constant à la victime).

Éventuellement, il a semblé avoir une stratégie collective et ça a été d’essayer de rattraper la marche raciste en remontant (littéralement en courant à un moment) la rue St-Denis pour rejoindre la rue Berri et confronter les racistes. En revanche, les deux fois (que j’ai notées) où cette stratégie a été utilisée, une rangée de police (à pied et à vélo) nous ont empêché.e.s de rejoindre la manif raciste.

Au moment où nous avons rejoint De Maisonneuve et St-Denis, La Meute était déjà arrivée au carré Berri et était en train de se disperser. Le groupe principal d’anti-racistes est allé au nord pour essayer de trouver une façon de replier la marche au carré Berri. Il restait environ 50-75 membres de La Meute, en train de se disperser, alors nous leur avons crié après à distance. Les polices anti-émeute étaient présent.e.s et ont éventuellement installé une rangée contre notre petit groupe (20 personnes).

Plus tard (environ 10 minutes plus tard), le plus grand groupe anti-racistes nous a rejoint, mais tout était fini. Plusieurs ont pris réconfort en brûlant les affiches que les racistes avaient laissées et en chantant l’Internationale, mais ce n’était certainement pas mon attitude après un tel échec tactique.

Pour les personnes libérales…

Voici un rappel de la raison pourquoi la manif d’aujourd’hui était raciste, islamophobe et anti-immigrant.e.s (et non pas simplement contre M103 et pour la liberté d’expression): Les individu(s) derrière la « Canadian Coalition of Concerned Citizens » ont exprimé publiquement des opinions anti-immigrant.e.s, délibérément exagéré les effets de la motion M103 et d’autres politiques d’une façon islamophobe, ont exprimé ouvertement leur admiration pour Marine Le Pen et Donald Trump, ont partagé des vidéos des groupes d’extrême droite en Europe de l’est avec des slogans comme « Dehors l’Islam » et « Plus de Mosquées » et enfin, ont exprimé des théories conspirationistes anti-sémitiques sur George Soros et l’ordre du monde. Leurs marches basées au Québec ont été ouvertement soutenues et organisées par des groupes de l’extrême droite anti-immigrant.e.s et anti-musulman.e.s comme La Meute et Pégida. Ces groupes réclament être concernés par l’Islam et « l’islamisation » et non pas contre les musulman.e.s, mais quand vous exagéré délibérément et répété des faussetés toxiques sur les musulman.e.s et l’Islam, sans mentionner sur les immigrant.e.s, alors vous êtes islamophobes et racistes. Les individus associés avec ces groupes ont commis des actes violents et ont exprimé de la violence contre des groupes identifiables (ces groupes – musulman.e.s, migrant.e.s, personnes racisées, activistes antifa – n’incluez pas les personnes libérales blanches).

La position des groupes qui se sont mobilisés pour la contre-manifestation anti-raciste est que nous ne fournissons pas d’espace public dans nos rues ni dans nos quartiers pour les racistes. Aujourd’hui n’était pas une journée pour « dialoguer » avec les racistes, mais plutôt de les arrêter. Quelques-un.e.s d’entre nous dialoguons avec eux (plusieurs personnes racisées n’ont pas le choix, ce « dialogue » nous est imposé), mais aujourd’hui était une tentative de shut down. La remise en question libérale de l’efficacité des tactiques anti-fascistes au moment où nous essayons de mettre en oeuvre ces tactiques en face des polices anti-émeutes, du poivre de cayenne et des violent.e.s racistes qui nous ont menacé.e.s, à une manif qui visait clairement à dénoncer et à arrêter les racistes et fascistes est incroyablement contre-productif d’un mouvement anti-raciste efficace. De même pour vos leçons condescendantes sur la « diversité ». Fuck you.

Dans l’espoir que cette évaluation et rapport est utile tant pour les personnes qui étaient là que pour celleux qui n’étaient pas à la manif de Montréal. Plus de discussions, dans nos espaces d’organisations et ailleurs, vont certainement se produire et ceci est une contribution rapide écrite la journée même.

– Jaggi Singh,
membre du Collectif de résistance antiraciste de Montréal (CRAM) et de Solidarité sans frontières.

(Ce rapport est une réflexion personnelle)

Retour sur la manif antifa de samedi le 4 mars

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Mar 072017
 

Soumission anonyme à MTLCounter-info

Personne ne s’y en attendait, mais les groupes d’extrême-droite ont pu défiler à Montréal, il s’agit d’une première fois depuis plusieurs années. On ne croyait pas que les groupes fachos pouvaient mobiliser après les échecs cuisants des manifestations de Pegida en 2015, où l’on pouvait dénombrer 4 ou 5 mononcles et matantes perdues et environ 500 contre manifestant-es.

La journée a commencé à 11ham avec un rassemblement des groupes d’extrême-droite à la place Émilie-Gamelin. Ils et elles ont trouvé comme prétexte la défense de la liberté d’expression afin de pouvoir déverser leur haine envers les musulmans. Le rassemblement était constitué d’environ 150 personnes et on pouvait apercevoir beaucoup de drapeaux de « La Meute » ainsi que des drapeaux du Québec. Un petit groupe de maoïstes a tenté de les bloquer dès le départ, mais les flics se sont interposés pour les repousser et laisser le chemin libre aux fascistes.

La manif de fascistes est arrivée à l’hôtel de ville vers 11h30 et une contre-manifestation d’environ 400 personnes attendait les fachos. Les coups ont commencés à voler de part et d’autre, car la police n’avait pas séparé les deux manifestations. Disons que les membres des groupes d’extême-droite qui s’aventuraient un peu trop loin ont mangé plusieurs coups et se sont fait plaquer au sol. Quelques fumigènes ont été lancés vers les fachos pour tenter de perturber leur rassemblement. Les flics ont ensuite séparé les deux manifestations et c’est à ce moment que les choses se sont cristallisées. L’extrême gauche d’un côté et l’extrême-droite de l’autre. Les insultes étaient lancés d’un côté comme de l’autre, mais sans confrontation.

Malgré cela, une trentaine d’anti-fascistes a spontanément décidé de contourner de façon habile le dispositif policier. Malgré des tentatives pour ramener un plus grand nombre de personnes pour joindre le petit groupe qui se détachait de la manif, la majeure partie de la manifestation anti-raciste est restée figée. Peut-être était-ce une inertie due à l’attente durant 45 minutes dans le froid ou bien le non-vouloir des organisateurs.trices à communiquer cette initiative ou le manque d’une bannière pour entraîner un plus grand mouvement? Il reste que ce n’est qu’une petite portion qui a voulu s’engager dans la tentative de bloquer la route aux fascistes de l’autre côté de la rue. Le petit groupe mobile s’est ensuite retrouvé nez à nez avec le groupe La Meute qui faisait la sécurité pour la manifestation d’extrême-droite. Plusieurs coups de poing sont partis de part et d’autres, c’est alors que des bouteilles de vitre et de gros blocs de glace, ainsi qu’une poubelle sont tombés en pleine gueule des fachos. Le petit groupe d’antifascistes s’est alors mis sur la route des fascistes pour tenter de stopper net leur marche. Les policiers à vélo sont vite venus disperser les antifas qui s’étaient retrouvés de l’autre côté du cordon de flics. L’extrême-droite a ensuite eu le champ libre pour continuer à marcher pendant que la manifestation anti-raciste suivait derrière et étaient repoussée par les assaut des forces de l’ordre. La manif d’extrême-droite a pu ensuite se disperser au parc Émilie-Gamelin.

La journées de hier est une défaite face à l’extrême-droite qui a réussi à marcher à Montréal. La plupart des gens étaient venus avec l’idée que tout serait très tranquille et que ce ne serait qu’une vingtaine de racistes et de nationaleux qui se pointeraient à la manif d’extrême-droite. Disons que la préparation n’était pas au rendez-vous. La menace du fascisme est devenue bien réelle même dans Montréal que l’on croyait immunisée contre des manifestations de l’extrême-droite. La prochaine fois il faudra prendre beaucoup plus au sérieux l’enjeu de l’antifascisme et nous assurer les racistes n’aient plus la liberté de se présenter dans la rue et resteront cachés derrière leurs petites pages facebook miteuses. Une des seules choses que l’on peut se satisfaire de cette journée est que la majorité de la foule semblait supporter les cassages de gueules des racistes et le fait de ne pas les laisser prendre la rue. La culture de lutte à Montréal est assez implantée pour que la violence envers l’extrême-droite soit acceptée et il s’agit de quelque chose que nous devons continuer à garder lorsque nous sortons dans la rue.

Quelques réflexions tactiques pour les prochaines manifestations antifas

  •  Lorsque nous sommes un contingent de 400 personnes, au lieu d’essayer de percer la ligne d’anti-émeute, un groupe de 50 à 100 personnes aurait pu se positionner sur les rues avoisinantes pour empêcher toute personne de rejoindre le rassemblement d’extrême-droite.
  • Il faudrait avoir des projectiles de toutes sortes pour lancer sur les fachos, que ce soit des œufs, des balles de peinture, des roches ou bien des feux d’artifices qui sont lancer en leur direction. Tout peut être utile pour tenter de les forcer à quitter.

Les anarchistes à Montréal ne doivent plus prendre à la légère la question de l’anti-fascisme, car désormais la menace est réelle. Nous devons tous.tes participer activement à ce combat qui commence à gangrainer l’Europe et la soi-disant Amérique du Nord. L’anti-fascisme ne doit plus être quelque chose relié à une contre-culture, mais faire partie d’une lutte efficace pour faire taire le racisme.

Drop de bannière en opposition à la visite de Trudeau à Washington

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Fév 132017
 

De Resist Trump Montreal

Ce lundi 13 février des militant.e.s visant l’ouverture des frontières ont dévoilé une bannière proclamant « Trump fasciste, Trudeau complice » au-dessus d’une autoroute montréalaise. L’action se déroula en face du bureau de circonscription de Trudeau tandis que ce dernier était à Washington, D.C., pour une visite d’état.

Pour en savoir plus lire le communiqué de presse, ou regarder les photos et les commentaires des membres du collectif Ouvrons les frontières sur facebook.

Un mouvement de base qui combinerait anticapitalisme et anticolonialisme en opposition au néolibéralisme, tout en supportant l’autodétermination des peuples autochtones ainsi que la justice migrante est nécessaire pour défaire Trump et l’extrême droite, et les personnes qui le normalisent, » témoigne Grewal.

Arsenault et Grewal renchérissent : « Aujourd’hui nous déployons une bannière sur une autoroute, un geste symbolique de désobéissance ; mais dans les semaines et mois à venir, nous devons nous engager à une désobéissance civile et d’action directe pour ouvrir les frontières et refouler la montée de l’extrême droite. »